L’Assemblée générale fait du 15 mars la Journée internationale de lutte contre l’islamophobie et appelle à lutter contre les discriminations subies par les veuves
Ce matin, l’Assemblée générale a adopté sans vote quatre résolutions pour faire du 15 mars la Journée internationale de la lutte contre l’islamophobie, proclamer 2026 Année internationale du pastoralisme et des pâturages, demander de s’attaquer d’urgence aux discrimination que subissent les veuves, et inviter à « intégrer la bicyclette dans les transports publics, dans les zones urbaines et dans les zones rurales ». Elle a aussi procédé à des élections pour pourvoir des postes vacants dans des organes subsidiaires.
La Journée dédiée à la lutte contre l’islamophobie a pour but de favoriser un dialogue à l’échelle mondiale sur la promotion à tous les niveaux d’une culture de tolérance et de paix fondée sur le respect des droits humains et de la diversité des religions et des convictions. Ce texte était d’ailleurs présenté au titre du point de l’ordre du jour intitulé « Culture de paix ».
Pour le Pakistan, qui a présenté la résolution au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), l’islamophobie est une violation des droits humains et des libertés de religion et de conviction des musulmans. Elle est une source d’anxiété dans le monde musulman surtout depuis le 11 septembre 2001 où les attaques, les soupçons et la peur des musulmans ont pris des proportions « épidémiques ». L’islamophobie est amplifiée par certains discours politiques et de nouvelles lois et restrictions de visas, a relevé le délégué en notant aussi qu’elle est visible dans certains médias et dans les discours d’extrême droite qui exploitent la peur de l’islam à des fins électorales.
L’Indonésie -le plus grand pays musulman au monde- a salué un texte promouvant la tolérance et l’harmonie interconfessionnelle, les droits humains et les libertés fondamentales des musulmans. L’Assemblée envoie un message de pluralisme et de tolérance, a estimé la délégation. L’Arabie saoudite, se prévalant de sa place de « berceau de l’islam », a espéré que ce texte mette fin à la confusion entre islam et terrorisme.
Malgré le consensus atteint sur cette résolution, plusieurs délégations ont exprimé des critiques. Le terme d’« islamophobie » ne fait l’objet d’aucune définition agréée en droit international, a ainsi objecté la France. Cette formule laisse penser que c’est la religion qui est protégée en tant que telle, et non les croyants, or, c’est bien la liberté de croire, de ne pas croire ou le droit de changer de religion que nous devons promouvoir, a expliqué le représentant. La France a aussi relevé que cette résolution ne répond pas à la préoccupation de lutter contre toutes les formes de discrimination, car elle segmente la lutte contre l’intolérance religieuse, en ne sélectionnant qu’une religion à l’exclusion des autres, et en ne faisant pas de référence à la liberté de croire ou de ne pas croire.
En mettant en avant l’islamophobie, l’OCI a mis l’accent sur la protection de la foi islamique et non sur les droits et libertés des hommes et femmes dans leur croyance, a renchéri l’Union européenne. L’Inde, pour sa part, a dénoncé une résolution qui risque d’encourager l’intolérance contre les religions non abrahamiques, y compris l’hindouisme et le sikhisme, arguant qu’il ne faut pas minimiser la peur que connaissent plus d’un milliard de pratiquants de ces autres religions. Ce texte fait fi de l’inclusion et du pluralisme, a tranché la délégation indienne.
Dans sa résolution sur « la situation des veuves », fruit des travaux de sa Troisième Commission, l’Assemblée générale demande de s’attaquer d’urgence à toutes les formes de discrimination, de violence, de marginalisation, de stigmatisation et d’exclusion que subissent les veuves de tous âges. Ce texte vient « réaffirmer nos valeurs partagées et contribuera à rendre le monde plus juste pour les hommes et les femmes », a dit la Sierra Leone où un conflit de 20 ans et les épidémies d’Ebola et de COVID-19 ont fait de nombreuses veuves.
Au titre de son point « Harmonie avec la nature », l’Assemblée a adopté une résolution promouvant une « intégration de la pratique courante de la bicyclette dans les systèmes de transports publics au service du développement durable », qui s’adresse tant aux pays en développement qu’aux pays développés. Elle les engage notamment à renforcer la sécurité routière et à promouvoir l’utilisation de la bicyclette par les particuliers et les entreprises, car plus les déplacements à bicyclette augmentent, plus ont réduit les émissions de gaz à effet de serre. Le monde compte plus d’un milliard de bicyclettes et 50% de la population mondiale sait utiliser le vélo, a argué le Turkménistan.
Enfin, en proclamant l’année 2026 Année internationale du pastoralisme et des pâturages, l’Assemblée générale invite tous les États Membres, les organismes des Nations Unies, les autres organisations internationales et régionales et les autres parties prenantes, à valoriser et à mettre en relief l’importance de la gestion durable des pâturages et du pastoralisme et leur contribution à la réalisation du développement durable.
En clôture, l’Assemblée générale a élu 34 membres de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI), nommé quatre membres du Corps commun d’inspection (CCI) et six pays au Conseil du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables. Plusieurs États Membres ont réagi à l’élection du Bélarus au CCI, l’Ukraine en tête, pour se plaindre d’un pays « qui a joué un rôle actif dans l’agression que subit l’Ukraine en ce moment ».
La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.
Organisation des travaux, adoption de l’ordre du jour et répartition des questions inscrites à l’ordre du jour; Promotion des femmes
Adoption de la résolution (A/76/L.40) sur la « situation des veuves »
Présentant le projet de résolution A/76/L.40 sur « la situation des veuves », adoptée sans vote, le représentant du Nigéria, au nom du Groupe des États d’Afrique, a souligné la complexité des pratiques néfastes qui soumettent les veuves et les cantonnent à un statut de dépendant. La résolution, a-t-il expliqué, rappelle l’obligation pour les États Membres de lutter contre ces pratiques, en particulier dans le cadre du relèvement après la COVID-19. Elle rappelle aussi la nécessité de s’efforcer d’intégrer la question des veuves dans les travaux des Nations Unies, les veuves devant recevoir l’attention qu’elles méritent de la communauté internationale.
Par ce texte de 16 paragraphes, l’Assemblée générale demande aux États Membres, aux organismes des Nations Unies et aux autres organisations internationales et régionales de reconnaître la situation des veuves, de s’attaquer d’urgence à toutes les formes de discrimination, de violence, de marginalisation, de stigmatisation et d’exclusion que subissent les veuves de tous âges dans certaines régions du monde. Le texte leur demande aussi de s’employer à éliminer toutes les formes de discrimination à l’égard des veuves et à mettre fin aux pratiques néfastes.
Le texte prévoit notamment de renforcer le leadership et la participation pleine et effective des femmes, d’abolir les lois et politiques discriminatoires qui interdisent ou entravent l’accès des veuves au capital et à un travail décent, ou encore d’introduire des instruments financiers tels pour aider les veuves à devenir économiquement indépendantes.
Après l’adoption de ce texte, le représentant de la République islamique d’Iran a fait valoir qu’au cours de la pandémie de COVID-19, son pays a renforcé son assistance aux femmes vulnérables, notamment par le biais de transferts de fonds directement aux femmes cheffes de familles. De même, des prêts à taux concurrentiel ont été accordés aux femmes dirigeantes d’entreprises. Le représentant a ensuite dit se désolidariser des portions du texte de la résolution « qui ne cadrent pas avec sa législation nationale ou avec les préceptes de l’Islam ».
Le représentant de la Sierra Leone a dit soutenir ce texte, expliquant que le conflit de 20 ans que le pays a connu, ainsi que les pandémies d’Ébola et de COVID-19 ont fait de nombreuses veuves. Ce texte, a-t-il estimé, vient « réaffirmer nos valeurs partagées ». Il a espéré qu’il contribuera à rendre le monde plus juste pour les hommes et les femmes.
De son côté, l’observateur du Saint-Siège a également salué ce texte qui revêt de nombreux aspects positifs selon lui. Il a néanmoins rappelé ses réserves au sujet de l’expression « santé sexuelle et procréative », se disant opposé notamment à l’avortement et rappelant que le Vatican considère que le terme « genre » renvoie à l’identité sexuelle mâle et femelle.
Application et suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes
Adoption de la résolution A/76/L.36 intitulée « 2026, Année internationale du pastoralisme et des pâturages »
La résolution intitulée « 2026, Année internationale du pastoralisme et des pâturages » a été adoptée sans vote, pour proclamer cette année internationale.
En présentant le texte, le représentant de la Mongolie a souligné que plus de la moitié de la surface terrestre émergée est classée dans la catégorie des pâturages et que le rôle des pâturages est vital dans le pastoralisme. Comme le dit la résolution, des pâturages en bonne santé apportent une contribution vitale à la croissance économique, à la résilience des moyens de subsistance et au développement durable du pastoralisme. En même temps, le texte fait remarquer que ces régions sont touchées par un important phénomène de désertification, notamment dans les pays comportant de vastes zones arides.
Le délégué de la Mongolie a saisi cette occasion pour parler de sa politique nationale qui a pour objectif notamment de préserver l’héritage nomadique traditionnel, comme prévu dans sa « Vision 2050 » qui constitue son cadre de développement sur le long terme.
L’Assemblée, en adoptant ce texte décide ainsi de proclamer l’année 2026 Année internationale du pastoralisme et des pâturages. Elle invite tous les États Membres, les organismes des Nations Unies, les autres organisations internationales et régionales et les autres parties prenantes, dont la société civile, le secteur privé et les milieux universitaires, à la célébrer en menant des activités visant à faire mieux connaître, à valoriser et à mettre en relief l’importance de la gestion durable des pâturages et du pastoralisme et leur contribution à la réalisation du développement durable.
Le texte s’adresse en particulier à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO): il en lui demande de faciliter la célébration de l’Année internationale et de lui présenter, à sa quatre-vingt-deuxième session, des informations concernant l’application de la présente résolution.
Toutes les activités qui découleront de l’application de la présente résolution devront être financées au moyen de contributions volontaires, provenant notamment du secteur privé, précise le texte.
Culture de paix
Adoption de la résolution A/76/L.41 intitulée « Journée internationale de lutte contre l’islamophobie »
L’Assemblée générale a adopté sans vote la résolution qui proclame le 15 mars Journée internationale de la lutte contre l’islamophobie.
En présentant le texte, le représentant du Pakistan, au nom de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a fait observer que l’islamophobie se décline notamment en discours de haine contre les musulmans. C’est une violation des droits humains et des libertés de religion et de conviction de musulmans, a-t-il dit. Il a attiré l’attention sur le fait que l’islamophobie est une source d’anxiété dans le monde musulman surtout depuis le 11 septembre 2001 où les attaques, les soupçons et la peur des musulmans ont pris des proportions épidémiques. Les musulmans sont victimes de préjugés et de honte par une minorité d’islamophobes, a-t-il déploré. Le représentant a déploré la propagation de l’islamophobie, qui est frappante cette année qui a pris une nouvelle forme dans le racisme, les crimes de haine en ligne et hors ligne, les discriminations en matière de santé d’éducation et d’emploi.
L’islamophobie est amplifiée par certains discours politiques s’exprimant par des nouvelles lois et des restrictions de visas, a poursuivi le délégué en notant aussi qu’elle est visible dans certains médias et dans les discours d’extrême droite qui exploitent la peur de l’islam à des fins électorales. La discrimination contre les réfugiés musulmans est devenue une source d’islamophobie, a-t-il aussi constaté. Le délégué a souhaité un débat pour une meilleure compréhension du sujet qui est un droit humain. L’objectif de la résolution est de sensibiliser sur la haine anti musulmane et elle envoie un message que le monde s’oppose à toute forme de discrimination et de haine. Elle promeut un message de tolérance et d’œcuménisme. Elle fait montre de solidarité et de respect pour la dignité humaine des musulmans. L’objectif est d’unir et non de diviser, a expliqué le délégué.
Le représentant a ensuite présenté un amendement oral au paragraphe 3 de la nouvelle résolution qui « invite tous les États Membres, les entités compétentes du système des Nations Unies, les autres organisations internationales et régionales, ainsi que la société civile, le secteur privé et les organisations d’inspiration religieuse à commémorer la Journée internationale de manière appropriée ».
Dans une déclaration après l’adoption, le représentant de l’Inde a dénoncé une résolution qui risque d’encourager l’intolérance contre les religions non-abrahamiques, y compris l’hindouisme et le sikhisme, au motif qu’elle pourrait minimiser la peur de plus d’un milliard de pratiquants de ces autres religions. Le représentant a regretté l’absence du mot « pluralisme » dans la résolution et dénoncé le manque d’inclusion du texte.
Le représentant de la France a réaffirmé lutter de façon indiscutable contre toutes les formes de discrimination. Il a relevé que le terme d’islamophobie ne fait l’objet d’aucune définition agréée en droit international, contrairement à la liberté de religion ou de conviction. Or c’est cette liberté que défend la France, au même titre que toutes les libertés publiques, par exemple la liberté d’expression ou la liberté de conviction. Cette formule laisse également penser que c’est la religion qui est protégée en tant que telle, et non les croyants, or, c’est bien la liberté de croire, de ne pas croire ou le droit de changer de religion que nous devons promouvoir, a expliqué le représentant. Par ailleurs, a-t-il expliqué, en créant une Journée internationale pour combattre l’islamophobie, la résolution ne répond pas à la préoccupation, que nous partageons tous, de lutter contre toutes les formes de discrimination, car elle segmente la lutte contre l’intolérance religieuse, en ne sélectionnant qu’une religion à l’exclusion des autres, sans référence à la liberté de croire ou de ne pas croire. Doit-on donc s’attendre à la création de journées dédiées à chaque religion, à chaque degré de croyance ou de non-croyance? s’est-il interrogé, faisant remarquer que « le calendrier risque de n’y pas suffire », alors que nous avons adopté il y a quelques mois une résolution à la mémoire des victimes de discriminations fondées sur la religion ou la conviction.
Le représentant a indiqué qu’avec l’Union européenne, la France a proposé de rendre le texte plus universel en le recentrant sur la liberté de religion ou de conviction et sur la lutte contre les discriminations affectant les individus. Il a regretté qu’aucune de ses propositions pourtant constructives n’ait été prise en compte. Toutefois, parce qu’elle espère pouvoir revenir à une discussion apaisée sur ces sujets importants et bien que la résolution soit insatisfaisante en l’état, la France a choisi de ne pas s’opposer à son adoption, a-t-il expliqué.
Pour le délégué de l’Union européenne (UE), le texte adopté n’aurait pas dû s’appesantir sur une seule religion et il aurait dû avoir une approche plus universelle. En mettant en avant l’islamophobie, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a mis l’accent sur la protection de la foi islamique et non sur les droits et libertés des hommes et femmes dans leur croyance, a-t-il argué. Pour le délégué, l’ONU devrait s’opposer à toutes les formes de discrimination et c’est pour cela que l’Assemblée générale avait justement adopté une résolution en ce sens afin de commémorer les victimes de violence en rapport avec leur croyance, a-t-il rappelé. Le texte soumis à l’Assemblée générale aurait donc dû être plus inclusif et universel, a dit le délégué qui aurait souhaité par exemple une journée internationale contre toute forme d’intolérance ou de discrimination, incluant ainsi toutes les formes de croyances, y compris la liberté de ne pas croire ou de changer de religion. Il a regretté que toutes ses légitimes préoccupations n’aient pas été prises en compte au cours de discussions, mais a dit que l’UE a choisi de se ranger au consensus.
Le représentant de la Turquie a dénoncé toute discrimination sur la base de la religion ou de la croyance. « Cette résolution ne vise pas à diviser mais à nous unir. » L’islamophobie est une menace en plein essor, qui prend plusieurs formes, dont l’une est l’islamophobie d’État, a dit le délégué. Il a appelé à combattre la haine et à défendre la dignité humaine. Cette résolution montre que le monde est uni face à la haine, a conclu le délégué de la Turquie.
Le représentant de l’Indonésie qui a salué l’adoption de la résolution, a déclaré qu’elle aide à lutter contre l’islamophobie en promouvant la tolérance et l’harmonie interconfessionnelle, les droits humains et les libertés fondamentales des musulmans. C’est un message de pluralisme et de tolérance. La résolution promeut le dialogue entre les personnes de différentes confessions et de cultures et aide à construire un discours positif sur l’islam, a-t-il apprécié.
Le représentant de la République islamique d’Iran a relevé que la tendance croissante à l’intolérance et aux préjugés contre l’islam et les musulmans dans le monde entier représente un défi de taille. Au cours des dernières décennies, des stéréotypes et préjugés concernant les musulmans et l’islam étaient courants et ont été renforcés par les grands médias, les politiciens de haut rang, les influenceurs de la culture populaire et des discours en milieu académique, a-t-il noté. Il a aussi relevé que, parallèlement, de nombreuses pratiques discriminatoires ont été mises en œuvre dans diverses parties du monde, notamment en entravant la capacité des musulmans à vivre selon leur système de croyance ou encore en restreignant leur accès à la citoyenneté. Il a en outre déploré leur exclusion socioéconomique et la stigmatisation des communautés musulmanes.
Pour le représentant iranien, il est essentiel que l’ONU reste unie pour lutter contre l’islamophobie, y compris en condamnant des mesures comme l’interdiction de voyager des musulmans, l’interdiction des symboles musulmans et l’utilisation odieuse de termes ignorants comme « terrorisme islamique ». Le délégué a affirmé que le terrorisme, sous toutes ses formes et ses manifestations, ne peut et ne doit être associé à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique. Il a estimé que le texte adopté ce jour témoigne de notre volonté d’agir efficacement et d’aborder de manière constructive l’islamophobie comme l’un des principaux défis auxquels est confrontée la communauté internationale.
Le représentant de Guyana a dénoncé toutes les discriminations sur la base de la religion, qui constituent des violations de la Charte. Elle a souligné la montée de l’intolérance dans le monde, avant d’insister sur le caractère multiconfessionnel du Guyana. Cette résolution est un pas important dans la lutte contre la haine, a dit la déléguée. Elle a fustigé les représentations négatives de l’islam qui ont conduit à des actes haineux et à des discriminations visant les musulmans. Nous avons le devoir d’œuvrer de manière plus systématique pour éradiquer toute intolérance religieuse, dont l’islamophobie, a conclu la déléguée du Guyana.
Le représentant de l’Algérie a dit que la lutte contre l’islamophobie est un objectif commun des membres de l’OCI. Cette résolution aide à la réalisation des mandats d’autres résolutions comme celles qui luttent contre l’intolérance et contre la violence sur la base de la religion ou de la croyance, a-t-il fait observer. Il a appelé la communauté internationale à lutter contre l’islamophobie qui mine nos sociétés. L’islamophobie est une source d’inquiétude pour les musulmans, a-t-il expliqué en plaidant pour que cet acte contre les communautés musulmanes ne reste plus sous silence.
Le représentant de la Malaisie a rappelé que l’islamophobie n’est pas un phénomène nouveau. Les musulmans du monde entier sont en effet confrontés depuis de nombreuses années au racisme, à la discrimination religieuse, à la xénophobie et ont été la cible de discours de haine, a-t-il rappelé. Cela s’est intensifié à la suite des attentats terroristes du 11 septembre, a-t-il dit, notant que la pandémie de COVID-19 a amplifié les choses. Pour le délégué, l’islamophobie est une perversion de la vérité et une manifestation d’intolérance qui nourrit l’extrémisme. Il a exhorté tous les pays à s’abstenir de toute politique, déclaration et pratique associant l’islam au terrorisme, à l’extrémisme ou aux dangers menaçant la société.
Le représentant s’est dit en désaccord avec l’idée selon laquelle la diffamation de la religion n’est pas une violation des droits de l’homme. Selon lui, la diffamation de la religion est intimement liée à l’incitation à la haine raciale et religieuse. Ces droits ne doivent donc pas être en concurrence les uns avec les autres, et il ne faut non plus considérer un droit comme supérieur à un autre, a-t-il tranché. Selon lui, l’adoption de cette importante résolution ne marque pas la fin des efforts pour contrer l’islamophobie. Pour le délégué en effet, ce n’est que le début, et les États se doivent de protéger les droits inaliénables et les libertés fondamentales de tous les peuples.
Le représentant de la Jordanie a déclaré que les discriminations et les attaques contre les musulmans ne peuvent être tolérées. La communauté internationale doit présenter un front uni contre l’islamophobie qui est en plein essor, a-t-il recommandé. Il a indiqué que la liberté d’expression doit être respectée, comme la liberté de religion. « Ces deux libertés ne s’excluent pas mutuellement. » Il a déclaré que le terme d’islamophobie est bien établi et espéré que cette résolution permettra de contribuer à l’édification d’un monde plus tolérant.
Le représentant du Qatar a salué l’adoption d’une résolution qui continue de promouvoir la culture de paix. Le Qatar a créé à Doha le Centre international pour le dialogue interreligieux qui organise une conférence annuelle au cours de laquelle sont examinées toutes les questions émergeantes, a-t-il fait savoir avant de signaler que son pays accueillera cette année la quatorzième conférence internationale interreligieuse. La résolution adoptée aujourd’hui renforcera le dialogue international sur la tolérance à tous les niveaux, a estimé le représentant.
Le représentant du Maroc a salué l’adoption de cette résolution qui montre l’attachement de la communauté internationale à la promotion d’une culture de paix. Il a appelé à promouvoir la tolérance et l’acceptation de l’autre, sur la base des droits humains. Il est de notre devoir de lutter contre toutes les formes de haine, y compris l’antisémitisme et la « christianophobie », a conclu le délégué du Maroc.
Le représentant de l’Iraq a salué l’adoption consensuelle de ce texte, avant de dénoncer l’augmentation du nombre de messages haineux contre l’islam. La coexistence entre religions est cruciale, a-t-il dit, en appelant à préserver la paix mondiale. Il a ensuite mentionné les efforts de son pays pour lutter contre les attaques visant toutes les religions et rappelé la récente visite effectuée par le pape François en Iraq.
Le représentant de l’Égypte s’est dit préoccupé par l’essor de l’islamophobie qui fait souffrir beaucoup de musulmans. L’islamophobie est un acte contre la liberté de religion, a dénoncé le représentant pour qui la résolution reflète l’attention de la communauté internationale contre ce phénomène. Il a exhorté les États Membres et les organismes des Nations Unies à la mettre en œuvre.
Le représentant de l’Arabie saoudite a rappelé que l’islam est une religion de paix et de coopération. Il a appelé à mettre fin à la confusion faite entre islam et terrorisme. Le délégué a rappelé que son pays est le berceau de l’islam et qu’il s’oppose à toutes formes de discrimination. L’Arabie saoudite, qui a pris part aux négociations sur le texte, a tout fait pour proposer un libellé consensuel, a-t-il dit.
Le représentant d’Oman a déclaré que l’islamophobie est un phénomène réel, qui ne fait que s’aggraver. « L’islamophobie est inacceptable », a dit le délégué, en mettant en garde contre les attaques islamophobes sous couvert de liberté d’expression. Il a aussi appelé à lutter contre toutes les formes de discrimination et appelé à ne pas attaquer les symboles des religions, quelles qu’elles soient. « Le respect est une obligation, la coexistence, une nécessité. »
Harmonie avec la nature
Adoption de la résolution A/76/L.35 sur l’« Intégration de la pratique courante de la bicyclette dans les systèmes de transports publics au service du développement durable »
La représentante du Turkménistan, qui parlait au nom également de Bahreïn, a présenté le texte de la résolution qui a été adoptée sans vote. Elle a informé que le monde compte plus d’un milliard de vélos et que 50% de la population mondiale sait utiliser le vélo. La bicyclette peut contribuer à atteindre le Programme 2030, a estimé la représentante ajoutant que c’est une pratique durable importante pour l’humanité. Elle est pratique et accessible à tous. Les usagers du vélo représentent un grand nombre de passagers utilisant les transports urbains, a-t-elle ajouté en faisant remarquer que la bicyclette n’est pas uniquement un sport: c’est un moyen de transport qui répond à une forte demande des populations. Après la pandémie de COVID-19, des États ont revu leur politique de transport et routière, a-t-elle relevé en remarquant que cette nouvelle situation montre la nécessité d’investir dans les pistes cyclables, d’intégrer le vélo dans le système de transport urbain et rural. La bicyclette améliore la sécurité routière, a aussi fait valoir la représentante. Et elle contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, a-t-elle ajouté.
En adoptant cette résolution, l’Assemblée générale invite tous les États Membres à intégrer la bicyclette dans les transports publics, dans les zones urbaines et dans les zones rurales, dans les pays en développement comme dans les pays développés, à renforcer la sécurité routière et à promouvoir l’utilisation de la bicyclette par les particuliers et les entreprises afin d’accroître les déplacements à bicyclette, et ainsi contribuer à la réalisation du développement durable, notamment à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Élection de membres de la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international
L’Assemblée générale a procédé à des élections à la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international (CNUDCI), pour remplacer les 30 États sortants et pour en élire 5 de plus sur les 10 membres supplémentaires. Le Président de l’Assemblée générale a en effet rappelé la résolution 76/109 du 9 décembre 2021 qui a décidé d’augmenter le nombre d’États membres de la CNUDCI en les faisant passer de 60 à 70, dont 5 éligibles dès cette année.
Elle a donc élu pour un mandat de six ans commençant le 27 juin 2022, les 34 pays suivants: Afghanistan, Arabie saoudite, Argentine, Arménie, Australie, Autriche, Bélarus, Brésil, Bulgarie, Chili, Colombie, Espagne, États-Unis, Inde, Iraq, Iran, Israël, Italie, Kenya, Koweït, Malawi, Maurice, Maroc, Nigéria, Ouganda, Panama, Pologne, République démocratique du Congo, République tchèque, Somalie, Thaïlande, Turkménistan, Turquie et Venezuela.
Les cinq autres membres supplémentaires seront élus au cours de la soixante-dix-neuvième session de l’Assemblée générale.
Nomination de membres du Corps commun d’inspection
L’Assemblée générale a nommé pour un mandat de cinq ans au Corps commun d’inspection, prenant effet le 1er janvier 2023 et terminant le 31 décembre 2027, M. Conrod C. Hunte (Antigua-et-Barbuda), M. Gaeimelwe Goitsemang (Botswana), M. Mohanad Ali Omran Al-Musawi (Iraq) et M. Pavel Chernikov (Fédération de Russie).
Après l’élection des nouveaux membres de la CNUDCI, le représentant de l’Ukraine a pris la parole pour dénoncer l’élection du Bélarus, pays qui a joué un rôle actif dans l’agression que subit l’Ukraine en ce moment. Sa délégation s’est donc dissociée du consensus sur l’élection des membres de la CNUDCI. Un avis partagé par son homologue de la France qui s’exprimait au nom de l’Union européenne. Même son de cloche pour le délégué des États-Unis qui a dénoncé le rôle joué par le Bélarus dans l’agression de l’Ukraine. Le même argument a ensuite été mis en avant par le représentant de l’Australie, au nom du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, qui a rappelé son appui à la souveraineté de l’Ukraine. Pour sa part, le délégué du Royaume-Uni a dit que les membres de l’ONU ont l’obligation de défendre la Charte des Nations Unies, ce que n’a pas fait le Bélarus en violant le droit international par son soutien à l’agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine. Le représentant du Japon a dit partager cette position en rappelant que le Bélarus a permis aux troupes russes de passer par son territoire.
Réagissant aux propos de ces délégations, le représentant du Bélarus a appelé à éviter toute politisation de la question en discussion. La délégation a dénoncé une approche biaisée de la part des Occidentaux et a rappelé son attachement au doit international. Le représentant de la Fédération de Russie a également dénoncé une politisation des travaux de l’Assemblée générale, rappelant que les élections aux organes subsidiaires se tiennent en vertu du règlement intérieur de cet organe onusien. « Des insinuations et accusations politiques n’ont pas leur place ici », a objecté la délégation.
Pour sa part, le représentant de la République islamique d’Iran a dit se dissocier du consensus en ce qui concerne l’élection d’Israël.
Nomination de membres du Conseil du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables
L’Assemblée générale a nommé le Costa Rica, la Croatie, Maurice, le Sénégal, la Suède et les États-Unis au Conseil du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables pour un mandat commençant le 15 mars 2022 et se terminant le 14 mars 2024.