En cours au Siège de l'ONU

SOC/4891

Les appels à la solidarité internationale pour faire face à la COVID-19 dominent les travaux de la Commission du développement social

La Commission du développement social a poursuivi aujourd’hui les travaux de sa cinquante-neuvième session, consacrée au rôle décisif de la technologie numérique dans un relèvement post-COVID-19 plus inclusif, en entendant de vibrants plaidoyers en faveur de la solidarité internationale, seul moyen de surmonter le défi sans précédent que constitue la pandémie.

« Nous sommes tous dans le même bateau, parce que la COVID-19 ne s’arrête pas aux frontières et cela vaut également pour le relèvement post-COVID-19 », a notamment déclaré la Secrétaire d’État au Ministère fédéral des affaires familiales, des personnes âgées, de la femme et de la jeunesse de l’Allemagne, résumant le sentiment général des délégations.

Ces appels à la solidarité internationale, que ce soit pour faire du vaccin un bien public mondial, combler le fossé numérique entre les pays ou bien éliminer la pauvreté, ont dominé tant le forum ministériel du matin, marqué par les interventions de ministres et d’une secrétaire d’État de l’Allemagne, de l’Argentine, de l’Azerbaïdjan et de la Mongolie, que le débat général de l’après-midi, au cours duquel une vingtaine de délégations ont pris la parole.

Lors de ce forum, consacré à la promotion du multilatéralisme pour un relèvement inclusif après la COVID-19, la Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie, Mme Ariunzaya Ayush, a constaté que l’humanité est confrontée à un nouveau type de crise.  La situation socioéconomique difficile provoquée par les confinements nous oblige à prendre des mesures plus coordonnées pour relancer l’économie, a-t-elle analysé.

À l’heure de la numérisation mondiale, a ajouté Mme Ayush, le Gouvernement de la Mongolie ambitionne de trouver un équilibre entre le travail, une économie fondée sur les compétences, la création d’emplois pour tous, la réforme du système d’assurance sociale et l’optimisation du bien-être social. 

Même son de cloche du côté de Mme Juliane Seifert, la Secrétaire d’État allemande, qui a défendu l’idée que cette crise ne pourra être surmontée que par la solidarité internationale entre les États et la solidarité avec ceux qui sont les plus touchés.  « Même si le virus de la COVID-19 est le même partout dans le monde, ses effets diffèrent grandement selon l’endroit où l’on vit, et en particulier l’accès à un système de santé stable, à des logements et des infrastructures publiques qui permettent la distanciation sociale ou encore l’accès aux vaccins », a-t-elle déclaré

Or, à ce stade, a-t-elle rappelé, les pays en développement n’ont reçu qu’une fraction des doses de vaccin utilisées dans le monde.  C’est la raison pour laquelle l’Union européenne contribue à hauteur de 500 millions d’euros au Mécanisme COVAX et que l’Allemagne s’est engagée à lui verser 100 millions d’euros supplémentaires. 

La question de l’accès aux vaccins a animé le débat interactif qui s’est ensuivi, la Chine comme Cuba pointant les écarts entre le Nord et le Sud.  « Nous voulons que le vaccin chinois soit un bien public mondial », a déclaré la Chine, jugeant que l’avenir de l’humanité est en jeu.  « Le vaccin doit devenir un bien public mondial, accessible à tous, partout », a tranché la mission éthiopienne.

De son côté, le Ministre du développement social de l’Argentine a plaidé pour la création « d’un bloc de droits sociaux » intangibles, qui serait la base d’un renouvellement du contrat social que la pandémie semble rendre possible.  Le relèvement économique doit aller de pair avec l’inclusion sociale, a-t-il insisté.  L’importance de créer un espace de dialogue international pour un relèvement efficace à l’échelle mondiale a été appuyée par la République dominicaine qui a souhaité que les jeunes y soient étroitement associés.  Le Malawi a appelé à l’inclusion numérique des personnes se trouvant en milieu rural, tandis que le Burundi a plaidé pour la création d’un fonds mondial pour combler le fossé numérique entre les pays mais aussi en leur sein.

Dans l’après-midi, les problèmes liés à la fracture numérique et l’inclusion numérique des groupes marginalisés ont largement dominé le débat général qui a été l’occasion pour les groupes de pays, les États Membres mais aussi les représentants ou amis des personnes âgées, de la jeunesse et des LGBTI de mettre en avant leurs priorités et attentes au sujet du rôle du numérique dans la transition vers le développement durable et la justice sociale.

Conscient du potentiel des technologies numériques pour éradiquer la pauvreté, promouvoir le plein emploi productif et favoriser l’inclusion sociale, le Groupe des États d’Afrique s’est notamment préoccupé du fait que dans les pays les moins avancés, plus de 4 personnes sur 5 n’ont pas accès à Internet.  Face aux défis persistants de la pandémie, il est impératif de réduire de toute urgence la fracture numérique, ce qui suppose, selon le Groupe, une approche multidimensionnelle qui inclut le renforcement des capacités numériques des pays en développement, et une assistance technique en vue d’assurer un accès abordable aux technologies numériques pour tous, y compris les personnes handicapées, les réfugiés et les personnes déplacées. 

Les préoccupations étaient les mêmes pour la Communauté des Caraïbes (CARICOM) qui a relevé que même si les confinements qui se succèdent depuis près d’un an, en raison de la pandémie de COVID-19, ont provoqué une augmentation significative de l’utilisation des technologies numériques, la fracture numérique n’avait contribué qu’à creuser les inégalités.  Face à ce constat, le Ministre du développement social de l’Argentine, M. Daniel Arroyo, a appelé à tenir compte de l’accès à la connectivité dans les nouvelles méthodes de mesure de la pauvreté.

La Commission du développement social poursuivra ses travaux demain, mercredi 10 février, à partir de 10 heures.

FORUM MINISTÉRIEL SUR LE THÈME: « PROMOUVOIR LE MULTILATÉRALISME POUR PERMETTRE LE RELÈVEMENT INCLUSIF, RÉSILIENT ET DURABLE APRÈS LA COVID-19 DANS LE CONTEXTE DE LA DÉCENNIE D’ACTION EN FAVEUR DES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE SA DIMENSION SOCIALE »

Panélistes

M. DANIEL ARROYO, Ministre du développement social de l’Argentine, a souligné que l’inclusion numérique est une priorité de son pays et passé en revue les trois politiques mises en place à cette fin dans le contexte de pandémie.  La première concerne l’inclusion numérique des enfants dont les familles n’ont qu’un téléphone portable pour tous leurs membres ou qui n’ont pas accès à Internet quand leurs parents vont travailler.  Un million de ces jeunes sont concernés, a dit le Ministre.  La seconde politique est l’urbanisation, qui consiste notamment à améliorer les capacités de logements et l’inclusion numérique.  M. Arroyo a mentionné la création d’un mécanisme afin que tous les quartiers déshérités aient accès à Internet.  Il a ajouté que la transformation des quartiers passe par la dotation en infrastructures mais aussi par l’amélioration des conditions sanitaires.  Cette amélioration est permise notamment par un accès à Internet dans les quartiers qui n’en avaient pas. 

Enfin, le Ministre a détaillé la troisième politique, la politique alimentaire.  Avant la pandémie, nous avons lancé les programmes « Argentine contre la faim » et « Panier alimentaire » qui permettent à des familles vulnérables et à des mères d’enfants de moins de 6 ans, un accès garanti à des achats alimentaires.  Nous avons ainsi créé une application qui permet à des petits producteurs de vendre directement à la population, a-t-il dit, en citant parmi ces petits producteurs ceux qui ont commencé la cultivation de petits jardins légumiers.  M. Arroyo a proposé que l’inclusion numérique fasse partie des critères permettant de mesurer la pauvreté.  L’une des principales dimensions de la pauvreté est l’accès à Internet, a-t-il dit.  Le Ministre a affirmé que l’inclusion numérique sera un axe majeur de l’année de reconstruction qui se profile en Argentine.

Mme ARIUNZAYA AYUSH, Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie, a constaté qu’avec la pandémie de COVID-19, l’humanité est confrontée à un nouveau type de crise qui met au défi la population mondiale.  La situation socioéconomique difficile provoquée par les confinements nous oblige à prendre des mesures plus coordonnées pour relancer l’économie, a-t-elle analysé, précisant que son gouvernement a pris des mesures urgentes pour préserver les emplois, les salaires et les revenus, soutenir les moyens de subsistance des ménages et fournir une protection sociale.  Dans ce même cadre, a-t-elle indiqué, le Parlement a adopté une loi sur l’exonération des cotisations d’assurance sociale et le soutien de la caisse d’assurance chômage.  Selon la Ministre, la mise en œuvre de cette loi a permis d’éviter une pression financière supplémentaire sur les activités des entités économiques, des organisations et des particuliers.  Les prestations en espèces pour les pensions sociales et les allocations familiales ont été augmentées et un programme de soutien nutritionnel est en cours de mise en œuvre.  Ces actions, a-t-elle relevé, ont contribué à soutenir les revenus réels des personnes ayant besoin de soins sociaux.  De plus, un guichet unique pour les victimes de violence domestique a été créé avec le soutien du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) en réponse à l’augmentation de la violence domestique contre les enfants. 

Dans le même temps, a poursuivi Mme Ayush, le Gouvernement accorde aux petites entreprises des prêts concessionnels d’une durée maximale de 24 mois dans le cadre du projet de promotion de l’emploi de la Banque mondiale.  Parallèlement, des activités d’apprentissage à tous les niveaux, y compris les cours universitaires, les formations professionnelles et l’enseignement secondaire et préscolaire, sont proposées par le biais de l’apprentissage en ligne et à distance.  Cette expérience, s’est-elle enorgueillie, a été reconnue comme l’une des meilleures pratiques lors du webinaire organisé conjointement par l’UNICEF, l’UNESCO et la Banque mondiale sur les approches d’apprentissage hybride. 

En outre, le programme de développement à long terme « Vision 2050 », qui a été approuvé par le Parlement en 2020, envisage une gouvernance « intelligente et durable » dans le but de créer une fonction publique bien organisée et des services publics basés sur la technologie numérique et centrés sur les citoyens.  L’objectif est d’assurer le développement de tous les Mongols et d’élargir le partenariat public-privé dans le plein respect des droits de l’homme, a-t-elle assuré. 

À l’heure de la numérisation mondiale, a ajouté Mme Ayush, le Gouvernement de la Mongolie ambitionne de trouver un équilibre entre le travail, une économie fondée sur les compétences, la création d’emplois pour tous, la réforme du système d’assurance sociale et l’optimisation du bien-être social.  À cette fin, le Gouvernement révise actuellement le Code du travail et les lois sur la promotion de l’emploi, mais aussi la sécurité sociale et l’assurance sociale.  Il s’emploie à rendre les avantages technologiques accessibles à tous, à fournir des services publics sans discrimination, à numériser l’ensemble du secteur du travail et de la protection sociale, et à rendre les services transparents, rapides et abordables.  Il travaille également à la mise en œuvre d’une administration en ligne à tous les niveaux et à l’intégration progressive de tous les services publics dans le programme « e-Mongolie ».  Avec la pandémie, la transition en cours vers les services virtuels dans tous les secteurs est une des raisons pour lesquelles nous devons accélérer notre transformation numérique, a conclu la Ministre. 

Mme JULIANE SEIFERT, Secrétaire d’État au Ministère fédéral des affaires familiales, des personnes âgées, de la femme et de la jeunesse de l’Allemagne, a appelé à promouvoir les échanges d’exemples de bonnes pratiques nationales et régionales pour se relever de la COVID-19 en mettant l’accent sur la protection contre les pertes d’emplois et de revenus et le maintien des moyens de subsistance, mais également sur la solidarité internationale et la coopération multilatérale.  Elle a défendu l’idée que cette crise ne pourra être surmontée que par la solidarité internationale entre les États et la solidarité avec ceux qui sont les plus touchés.  À cet égard, Mme Seifert a cité en exemple le Mécanisme COVAX et l’adoption du budget pour la relance le plus important de l’Union européenne (UE).  « Nous sommes tous dans le même bateau, parce que la COVID-19 ne s’arrête pas aux frontières et cela vaut également pour la relève post-COVID-19 », a-t-elle affirmé

Même si le virus de la COVID-19 est le même partout dans le monde, ses effets diffèrent grandement selon l’endroit où l’on vit, et en particulier l’accès à un système de santé stable, à des logements et des infrastructures publiques qui permettent la distanciation sociale ou encore l’accès aux vaccins.  Or, à ce stade, a-t-elle rappelé, les pays en développement n’ont reçu qu’une fraction des doses de vaccin utilisées dans le monde.  C’est la raison pour laquelle l’UE contribue à hauteur de 500 millions d’euros au Mécanisme COVAX et que l’Allemagne s’est engagée à lui verser 100 millions d’euros supplémentaires. 

L’Allemagne a également jeté les bases d’une relève économique et sociale durable lors de sa présidence du Conseil de l’Europe pendant la deuxième moitié de 2020, a enchaîné la panéliste.  Sous son leadership, un soutien budgétaire à long terme a été adopté pour venir en aide aux États membres le plus durement touchés par la pandémie, a-t-elle précisé.  Avec une enveloppe budgétaire de 1,8 milliard d’euros, c’est le plus grand plan de relance jamais financé par le budget de l’UE, et il permettra de faire face aux impacts à court terme de la pandémie, mais également de reconstruire une Europe post-COVID plus verte, plus numérique, plus résiliente et plus sociale. 

Citant le cas de l’Allemagne, elle a expliqué que d’importantes mesures fiscales ont été prises pour stabiliser l’économie et garantir l’emploi.  Pour protéger les gens contre les pertes d’emplois et éviter une hausse massive du chômage, l’Allemagne a facilité l’accès à l’allocation chômage partiel à plus de deux millions de personnes.  Le chômage n’a pas encore augmenté de manière significative et l’objectif de conserver le plus d’emplois possible semble toujours possible, a indiqué Mme Seifert.  De son côté, l’Union européenne a misé sur un dispositif pour le chômage partiel, l’instrument SURE, et mobilisé 100 milliards d’euros pour aider les travailleurs à conserver leurs revenus et à faire fonctionner les entreprises.  C’est un exemple de solidarité européenne en action, et c’est de cela dont on a besoin aujourd’hui partout dans le monde, a-t-elle souligné. 

La panéliste s’est ensuite penchée sur les besoins des groupes les plus vulnérables, notamment les familles à faible revenu, les personnes âgées et les enfants, indiquant qu’un quart des enfants de l’UE risquent de sombrer dans la pauvreté ou l’exclusion sociale.  Elle a insisté sur l’impératif de la protection des enfants à l’échelon national et mondial.  Elle s’est également préoccupée du sort des personnes âgées en période de confinement, insistant sur l’importance de les intégrer au monde numérique.  Pendant la présidence allemande du Conseil de l’UE, l’accent a d’ailleurs été mis sur la réduction de la fracture numérique entre les générations âgées et plus jeunes. 

M. ANAR KARIMOV, Vice-Ministre du travail et de la protection de l’Azerbaïdjan, a d’emblée préconisé les échanges de meilleurs pratiques, de savoir-faire sociaux, d’idées et de plans pour des actions communes afin de parvenir à la justice sociale.  Il a indiqué que les politiques sociales adoptées en 2019 avaient fourni un appui critique à la population en 2020 face à la COVID-19.  Pour éliminer les conséquences négatives de la pandémie, des programmes spéciaux ont également été adoptés en avril 2020 amenant ainsi la crise à un niveau gérable.  Le programme social contre la pandémie prévoit quatre domaines d’appui à l’emploi et au bien-être social de la population au nombre de cinq millions de personnes, a indiqué M. Karimov

Le programme vise notamment à préserver l’emploi de 900 000 fonctionnaires et à protéger les emplois du secteur privé en priant les employeurs d’adhérer aux principes de solidarité sociale dans le contexte de la riposte à la COVID-19.  En conséquence, le nombre de contrats de travail dans le secteur privé a augmenté de 24%, ou 155 000, par rapport à 2020.  Le programme appuie également la protection sociale des sans-emploi et leur entrée sur le marché du travail grâce à la création de quelque 40 000 emplois publics.  Six cent milles chômeurs ont reçu un versement en liquide de 110 dollars chacun, ce qui a coûté 265 millions de dollars à l’État.  Un système a également été mis sur pied pour renforcer la protection sociale des travailleurs.

La protection sociale des groupes les plus vulnérables de la population est également prévue, a poursuivi le panéliste.  Des services sociaux sont fournis aux personnes âgées de plus 65 ans qui encourent un risque plus important d’infection.  En collaboration avec les partenaires sociaux du secteur privé, le Gouvernement a fourni des colis alimentaires à 110 000 familles vulnérables.  Vingt-quatre millions de dollars ont été alloués pour couvrir les frais de scolarité des étudiants des groupes sociaux vulnérables et 6 millions de dollars ont servi à payer les factures d’électricité des familles.  Au total, a informé le Vice-Ministre, 360 millions de dollars ont été investis pour l’emploi et l’appui au bien-être social. 

Dialogue interactif

Les délégations ont profité du dialogue interactif pour passer en revue les grands axes d’un relèvement inclusif face à la pandémie.

Sur le plan sanitaire tout d’abord, la Chine a pointé les écarts entre le Nord et le Sud s’agissant de l’accès aux vaccins, en indiquant que de nombreux pays les moins avancés (PMA) n’en ont pas encore reçu.  « Nous voulons que le vaccin chinois soit un bien public mondial. »  L’avenir de l’humanité est en jeu et la Chine est prête à apporter sa contribution, a assuré la délégation.  Cuba a également dénoncé la course aux vaccins qui a laissé sur le bord de la route nombre de pays en développement.  La délégation a indiqué que quatre vaccins sont en développement à Cuba, tandis que les Philippines ont souligné l’importance du Mécanisme COVAX.  Il s’agit d’une coopération novatrice, qui pourrait servir de modèle à l’avenir, a réagi la Secrétaire d’État au Ministère fédéral des affaires familiales, des personnes âgées, de la femme et de la jeunesse de l’Allemagne.  L’Argentine a, de son côté, souligné l’importance de la coopération triangulaire et Sud-Sud dans la riposte sanitaire à la pandémie.  Le Burundi a, lui, insisté sur le rôle des technologies du numérique pour lutter contre la COVID-19, notamment dans le traçage des malades.  L’Éthiopie a souligné le rôle central que doit jouer l’ONU et demandé que le vaccin contre le virus devienne un bien public mondial, « accessible à tous, partout ».

Sur le plan socioéconomique, alors que l’économie mondiale s’est contractée de 4,3% en 2020, l’Union européenne a insisté sur l’importance de combler les inégalités entre pays, afin d’atteindre les objectifs de développement durable.  Dans ce droit fil, le Ministre du développement social de l’Argentine a plaidé pour la création « d’un bloc de droits sociaux » intangibles, qui serait la base d’un renouvellement du contrat social que la pandémie semble rendre possible.  Le relèvement économique doit aller de pair avec l’inclusion sociale, a-t-il insisté.  La pandémie nous permet de prendre du recul et de réfléchir à des politiques de développement plus efficaces, a réagi la Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie.  Relevant que la pandémie a creusé le fossé numérique entre les pays mais aussi au sein des pays, le Burundi a plaidé pour la création d’un fonds mondial pour le numérique afin de les combler. 

Au cours de ce dialogue, Cuba a également dénoncé les sanctions contre certains pays qui sapent leur réponse à la pandémie, dénonçant notamment le caractère inhumain du blocus à son encontre qui s’est de surcroît durci pendant la pandémie.  À l’instar de l’Éthiopie, le Maroc s’est lancé dans un vibrant plaidoyer en faveur du multilatéralisme et de l’inclusion des femmes et des jeunes.  Il est crucial que ces derniers puissent avoir accès à des sources de financement pour créer leurs propres entreprises, a déclaré la mission marocaine.  « Donnons la chance aux jeunes », a déclaré le Ministre du développement social de l’Argentine.  Interrogée sur les moyens d’une meilleure association du secteur privé aux stratégies de relèvement, la Ministre du travail et de la protection sociale de la Mongolie a plaidé pour « une ouverture d’esprit » étant donné que le secteur privé ne peut être contraint à y participer. 

L’importance de créer un espace de dialogue international pour un relèvement efficace à l’échelle mondiale a été appuyé par la République dominicaine qui a souhaité que les jeunes soient étroitement associés à la création d’un tel espace.  Le Malawi a appelé à l’inclusion numérique des personnes se trouvant en milieu rural, notamment celle des femmes qu’il a jugée « fondamentale ».  Le Ministre du développement social de l’Argentine a, lui aussi, dans ses commentaires, insisté sur l’importance de l’inclusion numérique en milieu rural pour une sortie de la pauvreté.  « Nous devons nous concentrer sur le bien-être des groupes les plus vulnérables, notamment les femmes », a commenté le Vice-Ministre du travail et de la protection de l’Azerbaïdjan.

Enfin, sur un plan plus sociétal, la Secrétaire d’État au Ministère fédéral des affaires familiales, des personnes âgées, de la femme et de la jeunesse de l’Allemagne a attiré l’attention sur l’augmentation des violences domestiques dans le contexte de la pandémie, y compris en Allemagne.  Face à ce fléau, nous avons fait imprimer sur des tickets de caisse de supermarché des numéros de téléphone utiles pour toutes les personnes qui ne se sentiraient plus en sécurité dans leurs foyers, a-t-elle dit.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2021/2)

Débat général

Le débat général a été l’occasion pour les groupes de pays, les États Membres mais aussi les représentants ou amis des personnes âgées, de la jeunesse et des LGBTI de mettre en avant leurs priorités et attentes au sujet du rôle du numérique dans la transition vers le développement durable et la justice sociale.  Les délégations ont toutes reconnu que les retombées économiques et sociales de la pandémie de COVID-19 aggravent les niveaux élevés d’inégalité à travers le monde et risquent d’annuler des décennies entières de progrès dans la lutte contre la pauvreté.  Dès lors, les intervenants ont souligné avec urgence que la relève ne peut se faire que collectivement et solidairement.

Plantant le décor, la Ministre du travail, de la solidarité et de la sécurité sociale du Portugal, Mme ANA MENDES GONDINHO, qui parlait au nom de l’Union européenne (UE), a noté que la COVID-19 a mis en péril les gains mondiaux en matière de développement social, la crise sanitaire ayant déclenché une crise sociale et économique, avec en corollaire une augmentation de la pauvreté mondiale pour la première fois en plus de 20 ans.  Au lieu de « reconstruire en mieux », nous risquons de « reculer davantage », a-t-elle averti.  C’est pourquoi, l’Union européenne a mis en œuvre le paquet « Team Europe », qui vise à soutenir les pays partenaires dans la lutte contre la pandémie et à atténuer les effets sociaux et économiques de la crise. 

Mme Mendes Gondinho a souhaité que les transitions vers la neutralité climatique et la numérisation soient socialement équitables, inclusives et accessibles, insistant sur la nécessité d’y intégrer des systèmes de protection sociale adéquats.  Si les technologies numériques transforment structurellement nos économies et nos sociétés « à une vitesse sans précédent », la COVID-19 a encore accéléré ce processus tout en ajoutant des défis nouveaux pour ceux qui ne peuvent pas accéder aux moyens numériques, a-t-elle souligné, jugeant urgent de lutter contre la fracture numérique pour promouvoir le développement social et économique.

En effet, les problèmes liés à la fracture numérique et l’inclusion numérique des groupes marginalisés ont largement dominé le débat.  Conscient du potentiel des technologies numériques pour éradiquer la pauvreté, promouvoir le plein emploi productif et favoriser l’inclusion sociale, le Groupe des États d’Afrique s’est préoccupé du fait que dans les pays les moins avancés, plus de 4 personnes sur 5 n’ont pas accès à Internet.  Face aux défis persistants de la pandémie, il est impératif de réduire de toute urgence la fracture numérique, ce qui suppose, selon le Groupe, une approche multidimensionnelle qui inclut le renforcement des capacités numériques des pays en développement, et une assistance technique en vue d’assurer un accès abordable aux technologies numériques pour tous, y compris les personnes handicapées, les réfugiés et les personnes déplacées.

Même son de cloche du côté de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) qui a fait remarquer que les confinements qui se succèdent depuis près d’un an, en raison de la pandémie de COVID-19, ont provoqué une augmentation significative de l’utilisation des technologies numériques, « d’où l’importance d’être connecté ».  Or, compte tenu de la fracture numérique, les inégalités ne font que se creuser alors même qu’en cette décennie d’action en faveur des objectifs de développement durable, le « relèvement transformateur » doit passer par l’exploitation de ces technologies.  Cette crise n’a fait qu’exacerber les inégalités préexistantes et risque de mettre en danger la réalisation des objectifs de développement durable, a alerté pour sa part la Ministre de la solidarité sociale de l’Égypte, Mme NIVINE EL-KABBAG.

Cette crise a cependant aussi accéléré le rythme de la transformation numérique partout dans le monde.  Le Ministre des services publics, du travail et du bien-être social du Zimbabwe, M. PAUL MAVIMA, a concédé que le confinement actuel a poussé son gouvernement à rapidement mettre en place des services publics en ligne et à miser sur la téléphonie mobile pour faire des transferts de fonds aux groupes et ménages dans le besoin.  Le Kenya aussi a d’ores et déjà intégré les technologies numériques comme un outil « utile et nécessaire » pour la prestation de services pendant cette période de la COVID-19.  Cela a permis de renforcer la capacité, l’efficacité et la productivité des services de l’État qu’il s’agisse du système d’information consolidé de gestion des programmes de transfert de fonds pour les personnes âgées, les orphelins et enfants vulnérables et les personnes gravement handicapées, ou de la gestion numérique du registre foncier et des services transactionnels, a indiqué la délégation.  La Ministre égyptienne a elle aussi reconnu que les technologies numériques ont permis de réduire les coûts administratifs et l’efficacité de la fourniture des prestations sociales.  L’Union européenne a elle aussi indiqué avoir pris des mesures pour adapter l’éducation et la formation tout au long de la vie à l’ère numérique, notamment par le biais de la stratégie européenne pour les compétences et du plan d’action pour l’éducation numérique.  Les nouvelles méthodes de mesure de la pauvreté doivent prendre en compte l’accès à la connectivité, a estimé pour sa part le Ministre du développement social de l’Argentine, M. DANIEL ARROYO. 

Les pays en développement ont, pour la plupart, insisté sur l’importance de la coopération internationale et des partenariats pour les aider à faire face aux effets à court terme de la pandémie et à d’autres menaces contemporaines, ainsi que pour combler la fracture numérique grâce à des cadres d’infrastructure technologique.  Comme l’a rappelé à juste titre la Ministre du développement et de l’inclusion sociale du Pérou, Mme SILVANA VARGAS WINSTANLEY, l’inclusion sociale couvre plusieurs objectifs de développement durable, notamment l’éradication de la pauvreté, la lutte contre la faim et les inégalités, et les partenariats.  L’objectif collectif qui se profile à l’horizon 2030 reste d’inscrire l’économie du bien-être dans la durée, a-t-elle insisté.

Pour le Groupe des 77 et de la Chine, cela doit commencer par un accès universel et accessible aux vaccins contre la COVID-19.  Le Groupe a plaidé pour une revitalisation de la coopération internationale, pour plus d’aide publique au développement et un multilatéralisme renouvelé afin d’appuyer les efforts nationaux de lutte contre les effets de la pandémie, la pauvreté et les inégalités.  Sans cela, le développement durable harmonieux et inclusif restera illusoire d’ici à 2030, a prévenu la délégation.

Le Groupe des Amis des personnes âgées, par la voix du Chili, s’est alarmé de l’impact dévastateur de la pandémie sur les personnes âgées, sujettes à un risque disproportionné de mortalité et de maladie grave, mais aussi à la pauvreté, à la discrimination, à la stigmatisation et à l’isolement.  Face à la pandémie, il est fondamental de renforcer la capacité des États à collecter plus efficacement des statistiques et des informations qualitatives, ventilées par sexe, âge et autres facteurs pertinents, afin de mieux évaluer la situation des personnes âgées, a-t-il plaidé.

De son côté, le représentant de la jeunesse des pays nordiques a braqué les projecteurs sur la mise à nu de la vulnérabilité des jeunes et des générations à venir pendant la pandémie.  L’enseignement à distance est le privilège d’une poignée d’étudiants et de nombreux ménages n’ont qu’un seul appareil connecté alors que les jeunes sont des « natifs » d’Internet, a-t-il constaté.  Notant que l’environnement numérique n’est que le prolongement du monde réel, il a appelé à adopter des politiques qui tiennent compte de la vulnérabilité des jeunes, y compris des allocations chômage pour les jeunes et un droit à l’accès à Internet et aux technologies numériques pour tous sans crainte de violence et de harcèlement. 

La question du respect du droit à la vie privée à l’ère du numérique a été soulevé par Malte qui, au nom du Groupe restreint LGBTI, s’est souciée de l’impact négatif que l’intelligence artificielle ou les technologies d’apprentissage automatique peuvent avoir, en particulier lorsqu’elles sont utilisées pour l’identification, le suivi, le profilage, la reconnaissance faciale, la classification et la prédiction comportementale sans garanties juridiques et éthiques appropriées, ni de politiques de transparence et de cadres de protection des données.  Par conséquent, le Groupe a appelé à promouvoir l’utilisation des technologies numériques en tant qu’outil de protection des droits humains des personnes vulnérables, telles que les personnes LGBTI.  Il a aussi encouragé leur utilisation pour lutter contre les formes multiples et croisées de violence et de discrimination auxquelles elles sont confrontées, y compris les discours de haine, la cyberintimidation, le cyberharcèlement et la violence en ligne.

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