En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/20853

Après l’offensive des Taliban, « nous devons parler d’une seule voix pour défendre les droits humains en Afghanistan », exhorte le Secrétaire général

On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcée lors de la séance du Conseil de sécurité consacrée à l’Afghanistan, à New York, aujourd’hui:

Le monde suit les événements en Afghanistan le cœur lourd et vivement préoccupé face à l’avenir.  Nous avons tous vu les images en temps réel, le chaos, les troubles, l’incertitude et la peur.  Il y a tant en jeu: les progrès, l’espoir, les rêves d’une génération de jeunes Afghans, femmes et filles, garçons et hommes.  En cette heure grave, j’exhorte toutes les parties, en particulier les Taliban, à faire preuve de la plus grande retenue pour protéger des vies et faire en sorte que les besoins humanitaires puissent être satisfaits.

Le conflit a jeté sur les routes des centaines de milliers de personnes.  La capitale a connu un afflux considérable de personnes déplacées venant de provinces du pays où elles ne se sentaient pas en sécurité ou avaient dû fuir les combats.  Je rappelle à toutes les parties leur obligation de protéger les civils et leur demande d’accorder aux travailleurs humanitaires un accès sans entrave pour qu’ils puissent fournir en temps voulu les services et l’aide nécessaires afin de sauver des vies.  J’exhorte également tous les pays à accepter d’accueillir des réfugiés afghans et à s’abstenir de les déporter.

L’heure est venue de travailler à l’unisson.  La communauté internationale doit être unie et utiliser tous les outils disponibles pour garantir les éléments suivants.

Premièrement, nous devons parler d’une seule voix pour défendre les droits de l’homme en Afghanistan.  J’appelle les Taliban et toutes les parties à respecter et à protéger le droit international humanitaire et les droits et libertés de toutes les personnes.  Nous recevons des informations glaçantes faisant état de restrictions graves des droits de l’homme dans tout le pays, et je suis particulièrement préoccupé par les signalements de violations croissantes des droits de la personne visant les femmes et les filles afghanes, qui craignent un retour aux heures les plus sombres.  Il est essentiel que les droits acquis de haute lutte par les femmes et les filles afghanes soient protégés.  Elles comptent sur l’aide de la communauté internationale, cette même communauté internationale qui les avait assurées qu’elles auraient des possibilités élargies, que leur éducation serait garantie, que leurs libertés seraient plus grandes et que leurs droits seraient protégés.

Deuxièmement, la communauté internationale doit s’unir pour faire en sorte que l’Afghanistan ne soit plus jamais utilisé comme plateforme ou refuge pour les organisations terroristes.  J’engage le Conseil de sécurité et la communauté internationale dans son ensemble à faire front, à travailler ensemble, à agir ensemble et à utiliser tous les outils à leur disposition pour supprimer la menace terroriste mondiale en Afghanistan et pour garantir le respect des droits fondamentaux de la personne.  Peu importe qui détient le pouvoir, ces deux principes fondamentaux, qui sont d’un intérêt si profond et si constant pour notre monde, doivent être défendus.

L’ONU est déterminée à appuyer les Afghans.  Nous continuons à avoir du personnel et des bureaux dans les zones qui sont passées sous le contrôle des Taliban.  Je suis soulagé d’annoncer que, dans une grande mesure, notre personnel et nos locaux ont été respectés.  Nous exhortons les Taliban à continuer à le faire et à respecter l’intégrité et l’inviolabilité des envoyés et des locaux diplomatiques.

La crise humanitaire en Afghanistan touche 18 millions de personnes, soit la moitié de la population du pays.  Il est vital que les services de base continuent d’être fournis.  Dans une déclaration publiée hier, les Taliban ont indiqué qu’ils travailleraient avec les institutions existantes.  Il est essentiel que les salaires des fonctionnaires continuent d’être versés, que les infrastructures soient entretenues, que les aéroports soient rouverts et que les services de santé et d’éducation se poursuivent.  La présence de l’ONU s’adaptera à la situation en matière de sécurité.

Mais plus que tout, nous resterons sur place pour épauler le peuple afghan et répondre à ses besoins en cette heure difficile.  J’appelle à la fin immédiate de la violence, je demande que les droits de tous les Afghans soient respectés et j’engage l’Afghanistan à honorer tous les accords internationaux auxquels il est partie.

Les Afghans sont un peuple fier, doté d’un riche patrimoine culturel.  Ils subissent la guerre et les difficultés depuis des générations.  Ils méritent tout notre appui.  Les jours qui viennent vont être déterminants.  Le monde est aux aguets.  Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas abandonner le peuple afghan.

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