En cours au Siège de l'ONU

SC/14528

Maintien de la paix : face aux menaces émergentes, le Conseil de sécurité réfléchit aux moyens d’améliorer la sûreté et la sécurité des personnels

Profondément préoccupé par les menaces et attaques dirigées contre les Casques bleus, le Conseil de sécurité a, ce matin, débattu des moyens d’améliorer la sûreté et la sécurité du personnel du maintien de la paix, notamment par le biais de l’initiative « Action pour le maintien de la paix », lancée par le Secrétaire général de l’ONU. 

Une initiative présentée aujourd’hui par le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, qui a expliqué que sa mise en œuvre avait permis de faire baisser le nombre de soldats de la paix tués en raison d’actes malveillants de 59 en 2017 à 13 en 2020.  Ces progrès ont également été salués par le Conseil dans une déclaration lue par la Présidence de cet organe pour le mois de mai, la Chine. 

Alors que l’on compte 4 100 victimes issues de 120 pays parmi les Casques bleus depuis 70 ans, M. Lacroix a dressé une liste de 10 recommandations, dont l’importance d’une formation à l’atténuation des menaces posées par les engins explosifs improvisés (EEI).  M. Lacroix a ainsi expliqué que le taux de détection et de neutralisation des EEI par les convois et les patrouilles de la MINUSMA est passé de 11% en 2014 à près de 50% en 2020. 

Pour poursuivre sur cette lancée, des moyens adéquats doivent être mis à la disposition des missions, a recommandé le haut fonctionnaire, en citant des hélicoptères armés et utilitaires, des moyens d’intervention rapide, des équipes médicales avancées, des véhicules protégés contre les mines, des brouilleurs ainsi que des capacités de renseignement aérien, de surveillance et de reconnaissance. 

De son côté, le Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, M. Atul Khare, a mis l’accent sur les mécanismes d’alerte rapide, dont les systèmes de surveillance, les caméras d’observation, les systèmes de détection d’incendie, qui ont déjà permis de sauver des vies, notamment au Mali et en Somalie, et de localiser l’origine des attaques et de collecter des informations pour déterminer où affecter les ressources existantes. 

Faisant le lien entre sécurité renforcée et meilleure mise en œuvre des mandats, le Secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité, M. Yves Michaud, a indiqué que son Département supervise le système de gestion de la sécurité des Nations Unies, qui rassemble plus de 50 entités onusiennes et non-onusiennes, dans le but de les aider à s’acquitter de leurs mandats dans des environnements à haut risque. 

La Norvège a expliqué que la sûreté et la sécurité des soldats de la paix figurent au cœur de ses préoccupations depuis qu’un soldat norvégien, M. Ole Helge Bakke, est devenu le 13 juillet 1948, à Jérusalem, le premier soldat de la paix à perdre la vie au service de l’ONU.  « Depuis lors, 4 100 femmes et hommes sont morts au service des Nations Unies en tant que soldats de la paix », a rappelé la délégation. 

« La hausse récente du nombre de victimes, qui n’est pas acceptable, ne doit pas faire perdre de vue les efforts collectifs qui ont permis une baisse au cours des dernières années » a cependant observé la France, en se félicitant que la déclaration présidentielle adoptée aujourd’hui prie le Secrétaire général de présenter au Conseil, au plus tard le 15 décembre 2021, un « examen stratégique indépendant des mesures prises par les opérations de maintien de la paix des Nations Unies quant aux engins explosifs improvisés », pour évaluer les capacités et les mesures nécessaires pour mieux atténuer cette menace. 

Dans la déclaration, le Conseil réaffirme qu’il existe une corrélation essentielle entre, d’une part, la sûreté et la sécurité et, d’autre part, la performance du personnel civil et en uniforme du maintien de la paix.  Dès lors, l’institutionnalisation d’une « culture de la performance » dans les opérations de paix des Nations Unies contribuerait à une meilleure exécution des mandats, ainsi qu’à des améliorations quant à la sûreté et à la sécurité des personnels, conclut le Conseil. 

L’Inde a dénoncé la stratégie consistant à « faire plus avec moins », laquelle a conduit selon elle à une crise rendue évidente par la hausse des pertes de ces dernières années.  Les Casques bleus qui opèrent actuellement sont soumis à d’énormes pressions et notre objectif principal est donc de mieux les protéger, a poursuivi la délégation, en suggérant au Conseil de sécurité de cesser de leur demander d’assumer des responsabilités qui incombent au pays hôte ou à d’autres organisations internationales.  « Les opérations de maintien de la paix », a-t-elle ajouté, « ne peuvent être une réponse à long terme à ce qui sont fondamentalement des problèmes politiques ».

Alors que la déclaration présidentielle condamne aussi « les violations des accords sur le statut des forces faites par toute partie à ces accords », les États-Unis se sont dits préoccupés que de telles violations aient été commises en République centrafricaine.  La délégation a donc appelé le Gouvernement de ce pays à respecter ses engagements dans le cadre de l’accord, en veillant à ce que toutes les forces ou éléments qui se trouvent sur son sol fasse de même, en faisant référence à des « instructeurs russes » qui seraient engagés dans la réforme du secteur centrafricain de la sécurité. 

Réagissant à ces propos, la Fédération de Russie a précisé que les soldats en question sont présents en République centrafricaine à l’invitation de son gouvernement centrafricain pour assurer la formation de soldats et de gendarmes centrafricains. 

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité rappelle ses résolutions antérieures et les déclarations de sa présidence sur les questions de maintien de la paix, en particulier sa résolution 2518 (2020) sur la sûreté et la sécurité des forces de maintien de la paix des Nations Unies. 

Le Conseil souligne l’importance du maintien de la paix, qui est l’un des outils les plus efficaces dont dispose l’Organisation des Nations Unies pour promouvoir et maintenir la paix et la sécurité internationales, et réaffirme les principes fondamentaux du maintien de la paix, tels que le consentement des parties, l’impartialité et le non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense et pour la défense du mandat.  

Le Conseil note avec satisfaction les progrès accomplis par le Secrétaire général dans ses efforts visant à mobiliser tous les partenaires et toutes les parties prenantes en faveur du renforcement de l’efficacité du maintien de la paix des Nations Unies par le biais de son initiative « Action pour le maintien de la paix », qui accorde une grande importance à la sûreté et à la sécurité de l’ensemble du personnel de maintien de la paix, entre autres, et de l’accent qui continue à être mis sur l’amélioration de la sûreté et de la sécurité du personnel de maintien de la paix dans le cadre de l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus.  Il rend hommage à tous les membres de ce personnel, policiers et militaires ainsi que civils, qui ont été blessés ou ont perdu la vie au service des Nations Unies.  À cet égard, il rappelle le rapport sur l’amélioration de la sécurité des Casques bleus des Nations Unies et le plan d’action y relatif destiné à assurer la sûreté et la sécurité et prend note de la création du Groupe des amis de la sûreté et de la sécurité des soldats de la paix des Nations Unies.  

Le Conseil exprime sa profonde reconnaissance à tous les membres du personnel des Nations Unies engagés dans les opérations de maintien de la paix, y compris le personnel des pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police, pour les efforts prodigieux qu’ils déploient face à la pandémie de COVID-19 et à ses conséquences, et souligne l’importance de leur santé et de leur bien-être, encourage la vaccination du personnel de maintien de la paix des Nations Unies sur le théâtre des opérations et avant le déploiement avec des vaccins sûrs et efficaces, conformément aux directives et aux meilleures pratiques de l’Organisation et sur la base du principe du consentement éclairé. Il se félicite de l’assistance des États Membres à cet égard. 

Le Conseil se déclare profondément préoccupé par les menaces et les attaques dirigées contre les forces de nombreuses missions de maintien de la paix, qui constituent un grave problème pour ces opérations, et condamne avec la plus grande fermeté les assassinats et tous les actes de violence visant le personnel de maintien de la paix des Nations Unies, qui pourraient constituer des crimes de guerre. Le Conseil engage de nouveau tous les États Membres accueillant des opérations de maintien de la paix à enquêter rapidement sur toutes les attaques visant le personnel des Nations Unies et à en poursuivre activement les auteurs, et à tenir les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police concernés au fait de l’avancement de ces enquêtes et poursuites. 

Le Conseil souligne l’importance qu’il accorde à la sûreté et à la sécurité des soldats de la paix sur le terrain et la nécessité que le Secrétaire général, les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police et les États Membres œuvrer de concert pour faire en sorte que les missions bénéficient des ressources dont elles ont besoin et que tout le personnel de maintien de la paix sur le terrain soit apte et prêt à s’acquitter efficacement de son mandat dans des conditions de sécurité et dispose des moyens nécessaires à cette fin. 

Le Conseil souligne l’importance qu’il accorde à la sûreté et à la sécurité des soldats de la paix sur le terrain et la nécessité pour les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police de veiller, le cas échéant, à ce que tous soient équipés, informés et formés pour atténuer la menace que représentent les mines terrestres, les restes explosifs de guerre et les engins explosifs improvisés. Il prie le Secrétaire général de lui présenter, au plus tard le 15 décembre 2021, un examen stratégique indépendant des mesures prises par les opérations de maintien de la paix des Nations Unies quant aux engins explosifs improvisés, en évaluant les capacités et les mesures nécessaires pour mieux atténuer cette menace.  

Le Conseil prie le Secrétaire général de continuer à prendre toutes les mesures appropriées pour améliorer la sûreté et la sécurité du personnel de maintien de la paix, notamment en renforçant, au besoin, l’appréciation de la situation par les missions de maintien de la paix et leur personnel de première ligne au moyen de mesures visant à améliorer leurs capacités d’acquisition et d’analyse de l’information, y compris leurs moyens de surveillance et d’observation, dans les limites de leur mandat et de leur zone d’opérations et conformément aux directives et règlements des Nations Unies en vigueur.  Il prend note des travaux en cours destinés à mieux intégrer l’utilisation des nouvelles technologies, afin de renforcer la sûreté et la sécurité, de favoriser une meilleure appréciation de la situation, d’améliorer l’appui aux missions et de faciliter une exécution robuste du mandat sur le fond et encourage les pays fournisseurs de contingents et de personnel de police et les missions à appuyer l’emploi de nouvelles technologies axées sur le terrain, fiables et efficientes, qui répondent aux besoins pratiques des utilisateurs sur le terrain et, à cet égard, souligne la nécessité de mener des consultations avec les États Membres et les pays hôtes, selon qu’il convient.  

Le Conseil prie le Secrétaire général d’examiner, d’actualiser et d’harmoniser les normes de l’Organisation des Nations Unies relatives à la formation et à la performance, afin d’améliorer la sûreté et la sécurité du personnel de maintien de la paix et engage les États Membres à prendre des mesures contribuant à améliorer la formation du personnel de maintien de la paix des Nations Unies, notamment, mais sans s’y limiter, dans les domaines de la lutte contre les engins explosifs improvisés, de l’atténuation des menaces associées à ces engins, de la santé et des premiers secours et de l’amélioration de l’appréciation de la situation, avec l’appui du Secrétariat selon qu’il conviendra, et encourage le renforcement des capacités requises, notamment en matière linguistique, et demande aux Nations Unies de poursuivre l’opérationnalisation du mécanisme de coordination souple afin de faciliter et davantage coordonner entre États Membres des activités de meilleure qualité en matière de formation et de renforcement des capacités qui rassemblent les pays fournisseurs de contingents ou de personnel de police, les prestataires de services de formation et de renforcement des capacités et l’Organisation, et encourage les États Membres à utiliser ce mécanisme en vue d’améliorer la formation à la sûreté et à la sécurité. 

Le Conseil réaffirme l’importance de l’appui sanitaire opérationnel et de l’évacuation sanitaire primaire et secondaire, et demande que soient améliorés les systèmes d’évacuation sanitaire primaire du personnel de maintien de la paix et que des installations médicales adéquates et du personnel qualifié soient déployés, de manière à ce que le protocole essentiel « 10-1-2 » relatif aux délais de prise en charge des blessés puisse être respecté à tout moment.  

Le Conseil souligne qu’il incombe au premier chef au pays hôte d’assurer la sûreté et la sécurité du personnel et des biens des Nations Unies.  À cet égard, il condamne les violations des accords sur le statut des forces faites par toute partie à ces accords, reconnaît que de telles violations peuvent mettre gravement en danger la sûreté et la sécurité du personnel de maintien de la paix et affirme que l’entrée de personnel ou de matériel dans le pays et la libre circulation dans le cadre du mandat ne doivent pas être entravées, s’agissant notamment de l’évacuation sanitaire primaire et secondaire.  Il souligne également l’importance des échanges et des communications entre les opérations de maintien de la paix des Nations Unies et les gouvernements hôtes, les autorités locales et les populations afin de renforcer la confiance et la compréhension mutuelle et d’améliorer la sûreté et la sécurité, y compris pour lutter contre la désinformation et la mésinformation. 

Le Conseil réaffirme sa détermination à prendre des mesures concrètes pour resserrer encore les relations entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales dans les domaines de la sûreté et de la sécurité du personnel de maintien de la paix et encourage les partenariats pour soutenir l’Union africaine dans ses efforts visant à poursuivre l’élaboration de directives, d’orientations et de moyens de formation afin d’assurer la sûreté et la sécurité de son personnel de maintien de la paix.  

Le Conseil réaffirme l’importance de la participation pleine et véritable des femmes, sur un pied d’égalité, aux opérations de maintien de la paix à tous les niveaux et dans toutes les fonctions, y compris les postes d’encadrement de haut niveau, et souligne qu’il importe de faire en sorte que les femmes puissent travailler dans des environnements sûrs, qui leur soient favorables et tiennent compte des questions de genre, et d’intervenir lorsqu’elles font face à des menaces ou des violences, et d’intégrer une analyse et des évaluations des questions de genre au moment d’examiner la question de la sûreté et la sécurité du personnel.  Il réaffirme son soutien à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard de toutes les formes de harcèlement sexuel. 

Le Conseil réaffirme qu’il existe une corrélation essentielle entre, d’une part, la sûreté et la sécurité et, d’autre part, la performance du personnel civil et en uniforme du maintien de la paix, et que l’institutionnalisation d’une culture de la performance dans les opérations de maintien de la paix des Nations Unies contribuera à une meilleure exécution des mandats de maintien de la paix, ainsi qu’à des améliorations quant à la sûreté et à la sécurité des soldats de la paix.  À cet égard, il prend note de l’élaboration du cadre intégré de responsabilité et de gestion de la performance dans les missions de maintien de la paix, et souligne l’importance de l’évaluation des performances et de l’application du principe de responsabilité à tous les niveaux. 

Le Conseil demande au Secrétariat de redoubler d’efforts pour mettre en œuvre une approche intégrée visant à améliorer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix, notamment au niveau des quartiers généraux, et invite le Secrétaire général à inclure dans les rapports qu’il lui présente sur chaque opération de maintien de la paix un résumé des mesures prises pour améliorer la sûreté et la sécurité et relever les défis en la matière. 

M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a salué la création récente du Groupe des amis de la sûreté et de la sécurité copréside par le Brésil, l’Indonésie et le Rwanda avant de dire sa détermination de se concentrer sur la mise en œuvre de la résolution 2518 (2020) du Conseil de sécurité des Nations Unies ainsi que sur la poursuite du plan d’action pour l’amélioration de la sécurité des soldats de la paix de l’ONU.  Il a expliqué que la mise en œuvre d’Action pour le maintien de la paix a contribué à une diminution soutenue du nombre de morts parmi les soldats de la paix en raison d’actes malveillants, passé de 59 en 2017 à 13 en 2020.  Après avoir dit les progrès des missions de maintien de la paix pour la protection des camps, M. Lacroix a expliqué que la MINUSMA a centralisé le commandement, le contrôle et la coordination dans ses camps intégrés, pour permettre des réponses plus rapides contre les menaces émergentes.

« Nous avons également fait des progrès notables en améliorant les capacités de nos missions », a dit M. Lacroix, en expliquant que le recours à des unités spécialisées, telles que l’unité de surveillance aérienne tactique sans pilote de la MONUSCO, contribue à améliorer le renseignement de maintien de la paix, la connaissance de la situation et l’alerte rapide.  « Nous avons également révisé les directives, processus et outils existants et en avons développé de nouveaux », a-t-il expliqué avant de préciser que les modifications apportées au manuel sur l’équipement appartenant aux contingents en 2020 ont considérablement simplifié le processus d’évacuation et réduit les retards.  Il a aussi cité la mise en place d’un système de suivi systématique des violations des accords sur le statut des forces pour aider les missions à résoudre ces violations.

Illustrant les conséquences de la mise en place d’une formation sur l’atténuation des menaces liées aux engins explosifs improvisés (EEI), M. Lacroix a expliqué que le taux de détection et de neutralisation des EEI par les soldats de la paix sur les convois et les patrouilles de la MINUSMA est passé de 11% des engins détectés avant l’explosion en 2014 à près de 50% en 2020.  « Lors d’une attaque contre le camp de la MINUSMA à Kidal le 25 avril dernier, des roquettes et des mortiers ont été détectés avant l’impact, permettant au personnel de se réfugier dans des bunkers et de contribuer à sauver des vies », a encore expliqué M. Lacroix avant de saluer aussi la réponse vigoureuse d’un contingent des forces spéciales tchadiennes lors de l’attaque contre le camp d’Aguelhok le 2 avril.

M. Lacroix a aussi cité des progrès dans l’appui aux pays hôtes dans leurs efforts pour traduire en justice les auteurs de crimes contre les soldats de la paix, notamment à la MINUSCA, à la MINUSMA et à la MONUSCO.  « Six personnes ont été condamnées en République centrafricaine début 2020, une au Liban en décembre 2020 et au Mali », a précisé M. Lacroix.  Le Chef des opérations de paix a jugé indispensable de renforcer le maintien de la paix, le renseignement, la connaissance de la situation et l’alerte rapide, alors que les campagnes de désinformation gagnent en importance dans certains théâtres, en exposant les soldats de la paix à un plus grand risque.  « L’impact du COVID-19 sur la sécurité, y compris la santé au travail, continue également d’être une préoccupation majeure », a estimé M. Lacroix avant de citer la révision du plan d’action de l’Action pour le maintien de la paix en février pour mieux nous adapter à des environnements opérationnels de plus en plus volatils, en particulier à la MINUSCA et à la MINUSMA.  « Dans le cadre de l’ Action pour le maintien de la paix Plus, nous concentrons également notre attention sur l’amélioration des communications stratégiques », a dit M. Lacroix avant de mettre l’accent sur la lutte contre la désinformation et les discours de haine, y compris dans le contexte de la pandémie.

Pour mieux combler les lacunes qui persistent sur le terrain, le Chef des opérations de paix a mis l’accent sur 10 propositions.  Parmi ses recommandations, M. Lacroix a exhorté les États Membres à fournir des contingents aux compétences nécessaires avec des commandants ayant une expérience opérationnelle significative pour répondre aux normes les plus strictes des Nations Unies.  « Nous avons également besoin d’un équipement adéquat, en particulier d’hélicoptères armés et utilitaires, de moyens d’intervention rapide, d’équipes médicales avancées, d’équipements de lutte contre les engins explosifs improvisés (EEI), y compris des véhicules protégés contre les mines, des brouilleurs ainsi que des capacités de renseignement aérien, de surveillance et de reconnaissance. »

Par ailleurs, M. Lacroix a aussi dit la nécessité de personnel qualifié du renseignement militaire et du personnel militaire chargé de l’information.  « Le déploiement d’un plus grand nombre de femmes soldats de la paix est également essentiel pour renforcer la performance globale de la mission », a estimé M. Lacroix avant d’appeler à un engagement politique avec les pays hôtes et les parties prenantes pour lutter contre la désinformation et les discours de haine.  « Un appui politique et technique pour garantir la responsabilité des crimes contre les soldats de la paix est également nécessaire pour obtenir justice pour les crimes passés et dissuader les futures attaques contre nos missions », a-t-il encore suggéré avant d’appeler aussi à améliorer les soins en traumatologie et de la santé au travail.  Enfin il a estimé qu’éviter les coupes dans les budgets du Siège et des missions nous aidera à assurer la continuité de nos efforts pour renforcer la sûreté et la sécurité des soldats de la paix de l’ONU.

M. ATUL KHARE, Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, a expliqué que le Département qu’il dirige fait de la sécurité des soldats de la paix dans le monde une priorité absolue du Département de l’appui opérationnel (DOS), qu’il s’agisse de prévenir les accidents ou les actes de malveillance.  Au nombre des activités lancées pour lutter contre ce type d’acte, il a expliqué que le Bureau de l’information, des communications et de la technologie, par exemple, avait récemment lancé Unite Aware au sein de la MINUSCA, une solution d’entreprise destinée à faciliter la connaissance de la situation au sein des opérations de paix des Nations Unies. 

Les technologies de sécurité et d’alerte rapide, a indiqué le haut fonctionnaire, sont facilement disponibles pour les missions de maintien de la paix et peuvent être déployées individuellement ou dans le cadre d’un dispositif.  Il s’agit notamment de systèmes de surveillance, de caméras d’observation de jour et de nuit, de systèmes de détection d’incendie indirects, de la surveillance du périmètre et d’autres capacités spécialisées.  Par exemple, a dit M. Khare, début avril à Aguelhok, 35 projectiles, mortiers et roquettes ont été tirés contre le camp de la MINUSMA et tous ont été détectés.  En Somalie, deux attaques distinctes ont été lancées contre les camps de l’UNSOS avec un total de 11 tirs de mortiers détectés.  « Dans l’ensemble, ces systèmes aident à sauver des vies et permettent de localiser le point d’origine de l’attaque tout en collectant des informations pour déterminer où affecter nos ressources de patrouille et de défense. »  Le Secrétaire général adjoint a indiqué que le Département porte son attention actuellement sur des solutions mobiles pour la protection des convois et des patrouilles, afin d’étendre ces capacités aux situations les plus risquées. 

La prise en charge de l’évacuation sanitaire primaire (EVASAN) reste une autre priorité du Département, a relevé M. Khare, qui a expliqué qu’avec le Département des opérations de paix, un groupe de travail multidisciplinaire intégré avait été créé à cet effet.  « En 2021, nous prévoyons une nouvelle série de tests de stress EVASAN et la mise en place d’un système de traumatologie basé sur des données », a encore noté le haut fonctionnaire, en faisant observer qu’une formation aux premiers secours en mission et un équipement approprié sont également essentiels pour réduire une mortalité évitable.

Le Département continue également à travailler sur la réponse au COVID-19, notamment en définissant les critères pour la reprise partielle en toute sécurité des rotations en uniforme, des rapatriements et des déploiements vers et depuis les opérations de paix de l’ONU, a fait valoir le Secrétaire général adjoint.  Nous avons également mis en place le mécanisme d’évacuation sanitaire à l’échelle du système des Nations Unies, pour veiller à ce que notre personnel, en uniforme et civil, puisse rester et livrer dans certains des lieux d’affectation les plus difficiles au monde.  Et le Département de l’appui opérationnel a récemment convoqué un groupe d’amis sur la vaccination COVID-19 pour le personnel en uniforme. 

L’Assemblée générale a fourni au Secrétariat six façons différentes de déployer les capacités requises pour soutenir la sûreté et la sécurité des soldats de la paix des Nations Unies, qui peuvent également être déployées par les pays fournisseurs de contingents.  En outre, nous sommes prêts à travailler avec les États Membres de manière flexible pour promouvoir des partenariats triangulaires sur la formation ainsi que des codéploiements pour aider les pays fournisseurs de troupes à déployer des unités dotées de capacités renforcées et un équipement approprié.  Nous continuerons également de participer, le cas échéant, au mécanisme de coordination léger axé sur le partage d’informations, la facilitation des partenariats, la formation et le renforcement des capacités.  En conclusion, M. Khare a indiqué qu’il continuerait de développer une capacité de sécurité dans le DOS, et étendre le soutien du Secrétariat à la sécurité et à la santé au travail tout en gardant la responsabilité des contingents eux-mêmes nous aidera à assumer notre responsabilité de fournir aux soldats de la paix une sécurité raisonnable alors qu’ils s’acquittent de leurs tâches importantes.

M. YVES MICHAUD, Secrétaire général adjoint à la sûreté et à la sécurité, s’est dit persuadé que l’amélioration de la sécurité opérationnelle des Casques bleus permettra à l’ONU de mieux s’acquitter de ses mandats.  Il a récapitulé les cadres de sécurité mis en place, en indiquant que son Département à la sûreté et à la sécurité est mandaté par l’Assemblée pour gérer le système de gestion de la sécurité des Nations Unies, qui rassemble plus de 50 entités onusiennes et non-onusiennes.  Ce système de gestion de la sécurité a mis en place un soutien opérationnel pour permettre à l’ONU de s’acquitter de ses mandats dans des environnements à haut risque.

Ce système est robuste et a déjà été mis au défi d’assurer la sécurité des civils et du personnel militaire des missions, a-t-il dit, tout en convenant que les choses peuvent encore être améliorées.  « Ma vision stratégique est de développer un personnel de sécurité plus agile et divers. »  Il a prôné une approche centrée sur l’analyse des risques, la gestion des données sécuritaires, la négociation, l’engagement des acteurs armés non-étatiques et l’acceptation par les communautés hôtes.  M. Michaud a indiqué que le dialogue entre les départements du Secrétariat et les États Membres est essentiel pour renforcer la sécurité des soldats de la paix.  

« Notre objectif collectif est de faire en sorte que les politiques du Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et du Département des opérations de maintien de la paix soient cohérentes avec celles du Département à la sûreté et à la sécurité. »  Il a précisé que des mécanismes de gestion de crise sur le terrain et au Secrétariat permettent une coordination quotidienne.  Il a rappelé que les conseillers à la sécurité de l’ONU qui sont sur le terrain ont un rôle essentiel de coopération avec les pays hôtes sur les questions de sécurité, tout en plaidant pour une meilleure coordination.

M. Michaud a enfin déclaré que la sécurité requiert la mobilisation de ressources.  Pour véritablement améliorer la sécurité des soldats de la paix, les considérations sécuritaires et les ressources afférentes doivent être au cœur des délibérations sur les mandats des missions, a déclaré le Secrétaire général adjoint.  En conclusion, M. Michaud a dit que son Département est pleinement engagé en faveur des efforts d’amélioration de la sécurité des Casques bleus.

La Chine a insisté sur l’importance d’efforts continus pour réduire au minimum les risques sécuritaires pour les Casques bleus.  À cette fin, a ajouté la délégation, l’évaluation des risques fondée sur la situation sur le terrain doit être intégrée à tous les aspects de la prise de décisions concernant les opérations de maintien de la paix, qui doivent bénéficier des équipements nécessaires et d’un personnel de meilleure qualité.  La Chine a noté que la COVID-19 pose un nouveau défi pour la sûreté et la sécurité des soldats de la paix.  Tout le personnel doit être vacciné contre le virus dès que possible.  La délégation a également demandé au Secrétariat de rédiger un rapport sur la réponse à la menace que représentent les groupes armés non-étatiques pour les Casques bleus.  En outre, le Conseil de sécurité doit définir des mandats clairs et réalistes pour éviter des sacrifices inutiles à cause de mandats inappropriés.  La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires doit fournir des ressources financières suffisantes à toutes les missions de maintien de la paix.  À cet égard, la Chine a appelé tous les États Membres à payer leurs contributions aux opérations de maintien de la paix à temps et dans leur intégralité.

La Tunisie, s’associant au Groupe d’amis sur la sûreté et la sécurité des soldats de la paix des Nations Unies, a décrit le maintien de la paix comme la pierre angulaire des travaux de l’Organisation.  Cependant, elle a noté que les opérations de paix opèrent dans des environnements de plus en plus complexes, en grande partie en raison de la montée des groupes terroristes et des réseaux criminels organisés.  Profondément préoccupé par la récente flambée d’attaques contre les soldats de la paix, la Tunisie s’est félicitée de l’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général et souligné l’importance de l’Accord sur le statut des forces, ainsi que la nécessité de collecter et d’analyser des informations sur toutes les menaces potentielles avant la mise en place d’un mandat de maintien de la paix.  La Tunisie a dit l’importance d’une formation préalable au déploiement pour aborder les menaces potentielles et sensibiliser le personnel.  « Les missions doivent être dotées des outils et équipements nécessaires pour faire face aux menaces », a encore dit la Tunisie.  En outre, la délégation s’est déclarée favorable à une coopération plus étroite avec les États hôtes, ainsi qu’à un partenariat et une coopération plus efficace entre l'ONU et les organisations régionales et sous-régionales, en particulier l’Union africaine.

Le Viet Nam a exhorté toutes les parties belligérantes à cesser de prendre pour cible les Casques bleus et à respecter le droit international.  Les soldats de la paix doivent être bien préparés et équipés pour leur propre sécurité.  Il a rappelé qu’une bonne préparation des troupes déployés permet de sauver des vies, exhortant les pays contributeurs de troupes à mieux coopérer à cette fin.  La mission a plaidé aussi pour un meilleur équipement et des ressources adéquates, ainsi que pour une meilleure collecte de renseignements afin d’instaurer la confiance avec les pays hôtes.  La mission a appelé à lutter contre les menaces émergentes telles que la COVID-19 et les engins explosifs improvisés, avant de souligner l’importance que les Casques bleus soient vaccinés, comme le Viet Nam l’a fait avec son personnel déployé dans un hôpital au Soudan du Sud.  Enfin, le Viet Nam a souhaité que les femmes Casques bleus, qui font face à de multiples risques, reçoivent une attention spécifique.

L’Inde a rappelé qu’elle a perdu 175 Casques bleus dans les opérations de paix de l’ONU.  Aujourd’hui même, une brigade indienne de Casques bleus à Goma sauve des vies de civils bloqués à la suite de l’éruption du volcan à Nyiragongo.  En réponse à la COVID-19, l’Inde a indiqué qu’elle avait offert 200 000 doses de vaccins COVID-19 à la MINUSS et la MONUSCO et près de 140 000 membres du personnel sur le terrain ont déjà été vaccinés en utilisant ce vaccin.  La délégation a dénoncé la stratégie « faire plus avec moins  » qui nous met face à une crise potentielle dont les retombées sont évidentes dans la hausse des pertes de ces dernières années.  Les soldats de la paix qui opèrent actuellement dans 13 missions de maintien de la paix sont soumis à d’énormes pressions et notre objectif principal est donc de « protéger les Casques bleus ».  

Pour ce faire, l’Inde a suggéré au Conseil de cesser de demander aux Casques bleus d’assumer des responsabilités qui doivent incomber au pays hôte ou à d’autres organisations internationales.  Et les opérations de maintien de la paix, a-t-il ajouté, ne peuvent pas être une réponse à long terme à ce qui sont fondamentalement des problèmes politiques.  Des efforts doivent être déployés pour moderniser les infrastructures des camps de Casques bleus de l’ONU, a demandé la délégation, y compris une évacuation médicale rapide et fiable à l’aide d’hélicoptères dotés d’une capacité de vol de nuit et d’opérations de récupération nocturne.  Les commandants de la Force devraient avoir le pouvoir direct de commander ces moyens aériens pour intervenir en temps opportun en cas de crise ou d’accident, a exigé l’Inde.  

Laquelle a estimé que l’utilisation de technologies appropriées peut jouer un rôle important dans l’amélioration de la sécurité des soldats de la paix.  L’Inde a annoncé qu’elle compte déployer une plateforme technologique mobile –UNITE AWARE– qui contribuera à accroître la connaissance situationnelle et fournira des informations sur le terrain aux Casques bleus.  Elle a enfin mis l’accent sur l’importance de traduire en justice les auteurs des crimes odieux contre les Casques bleus.

Le Kenya a cité les éléments suivants comme garantissant une plus grande sécurité des Casques bleus: des mandats réalistes, une bonne formation, une bonne intelligence situationnelle, un soutien médical de qualité et la confiance des communautés hôtes.  Á ces fins, il a invité le Conseil à élaborer des mandats clairs et le Secrétariat à coordonner les efforts de mise en œuvre desdits mandats.  Les pays contributeurs de troupes doivent s’assurer que leur personnel est compétent avant leur déploiement, et les partenaires s’acquitter de leurs engagements financiers.  « Les pays hôtes ont le devoir de faciliter les opérations des missions, y compris par une sensibilisation du public et la conduite d’enquête pour chaque attaque contre des Casques bleus. »  La mission du Kenya a plaidé pour l’apport des équipements et des technologies les plus modernes afin d’améliorer l’intelligence situationnelle des opérations onusiennes.  Enfin, le Kenya a réclamé un « engagement constructif » des pays hôtes, s’agissant notamment de l’exécution des obligations découlant des accords sur le statut des forces.

La Fédération de Russie a demandé le retour le plus tôt possible des réunions en présentiel au Conseil.  Elle a ensuite noté les menaces asymétriques pesant sur les Casques bleus, qui s’ajoutent aux nouvelles menaces comme la COVID-19.  La délégation a plaidé pour une formation de qualité au personnel avant leur déploiement et une bonne coopération avec les pays hôtes.  Ces derniers ont la responsabilité d’enquêter sur toute violence commise contre les soldats de la paix.  La mission a souligné l’importance d’un soutien médical, avant d’appeler à une coopération étroite avec les pays contributeurs de troupes.  La Russie continuera ses efforts de formation pour les Casques bleus, a-t-elle dit, ajoutant qu’elle a rejoint le Groupe des amis pour la sûreté et la sécurité des Casques bleus.  Enfin, la mission a indiqué que l’éruption d’un volcan à Goma a montré combien les défis sont imprévisibles.  Des pilotes russes et des Casques bleus indiens continuent d’apporter leur aide dans des conditions difficiles, a fait valoir en conclusion la mission.

Pour l’Irlande, la sécurité des femmes et des hommes déployés en tant que soldats de la paix est au centre de nos préoccupations.  C’est même personnel, a ajouté la délégation qui a demandé à ne ménager aucun effort pour traduire en justice les responsables d’attaques contre les Casques bleus.  Nos réponses aux menaces auxquelles sont confrontés les soldats de la paix sont très variées donc elles doivent aussi évoluer, a ajouté l’Irlande, y compris la réponse à l’impact de la COVID-19.  La délégation a proposé une approche concertée et globale estimant que le nouveau Groupe d’amis sur la sécurité et la sûreté peut jouer un rôle à cet appui.  En outre, le rapport du C-34 formule une série de recommandations, y compris la nécessité d’une formation accrue avant le déploiement, un environnement de travail respectant le genre, le renseignement et une meilleure connaissance de la situation sur le terrain, une coopération accrue et l’utilisation des nouvelles technologies.  Ce qu’il faut maintenant, c’est mettre en œuvre, a rappelé l’Irlande. 

L’initiative Action pour le maintien de la paix du Secrétaire général fournit également un cadre pour créer des opérations de maintien de la paix plus fortes et plus sûres.  Soulignant les menaces des acteurs non étatiques utilisant les technologies émergentes, l’Irlande a voulu que les missions utilisent les innovations technologiques pour répondre à ces menaces.  Le partage de l’information est essentiel, ainsi que la compréhension de la façon dont l’accessibilité de l’information et de la technologie est exploitée.  Il est également crucial d’améliorer la compréhension des environnements opérationnels.  La politique globale de renseignement sur le maintien de la paix, y compris le manuel militaire sur le renseignement de maintien de la paix, contribuera à améliorer la connaissance de la situation dans les missions.  L’Irlande a ensuite indiqué qu’elle avait lancé une série d’événements axés sur la lutte contre les obstacles à la participation des femmes au maintien de la paix dont les résultats et les recommandations seront présentés en temps opportun. 

La Norvège a expliqué que la sûreté et la sécurité des soldats de la paix sont au cœur de ses préoccupations de depuis qu’un soldat norvégien, M. Ole Helge Bakke, est devenu le 13 juillet 1948, à Jérusalem, le premier soldat de la paix à perdre la vie au service de l’ONU.  « Depuis lors, 4 100 femmes et hommes sont morts au service des Nations Unies en tant que soldats de la paix », a rappelé la Norvège avant de mettre l’accent sur trois points pour améliorer la sécurité des Casques bleus: la formation, la technologie et la responsabilité.

La Norvège a d’abord jugé essentielle une formation adéquate pour garantir que les soldats de la paix soient prêts à faire face aux situations opérationnelles complexes auxquelles ils seront confrontés sur le terrain.  Elle a exhorté les autres pays fournisseurs de contingents et de policiers à former et déployer du personnel doté des capacités énoncées dans la politique de maintien de la paix et de renseignement. 

La délégation a ensuite exhorté l’ONU à optimiser l’utilisation de la technologie et des équipements pour maximiser la sûreté et la sécurité de son personnel.  « L’optimisation de l’utilisation de la technologie devrait également inclure la transition vers les énergies renouvelables, chaque fois que cela est possible », a insisté la Norvège en appelant à réduire les besoins en carburant des missions et la fréquence des convois de carburant sur de longues distances – qui sont vulnérables aux attaques et sujets aux accidents.  La délégation a expliqué que la transition vers les énergies renouvelables peut également créer des dividendes socioéconomiques susceptibles de réduire l’animosité contre les soldats de la paix qui existe dans certaines communautés d’accueil.  

Enfin s’agissant de la redevabilité, la Norvège a invité l’ONU à aider les pays hôtes à répondre à leur obligation de traduire en justice ceux qui s’en prennent aux soldats de la paix. 

L’Estonie a déclaré soutenir l’initiative « Action pour le maintien de la paix Plus » et souligné l’importance d’améliorer la performance des opérations onusiennes.  Aux fins d’une plus grande sécurité, la mission a plaidé pour une formation et un équipement adéquats, y compris par l’apport des dernières technologies disponibles comme les véhicules aériens sans pilote.  Elle a souhaité que les violations des accords sur le statut des forces reçoivent une plus grande attention, car elles peuvent poser une menace sérieuse à la sécurité des soldats de la paix.  L’Estonie a demandé une meilleure prévention des attaques contre les Casques bleus, les violences perpétrées contre ces derniers devant faire l’objet d’enquêtes plus approfondies.  La mission a déploré le fait que viser des Casques bleus est devenu une approche de plus en plus privilégiée par ceux qui entendent profiter de l’instabilité.  Tous les responsables d’attaques doivent être traduits en justice, a insisté la délégation, avant de rendre hommage à tous les Casques bleus tombés pour la paix.

La France, après avoir rendu hommage aux Casques bleus qui sont morts ou ont été blessés dans l’exercice de leurs fonctions, a mis l’accent sur les principales priorités de l’initiative Action pour le maintien de la paix Plus, qui sont au service de la sécurité et de la sûreté des Casques bleus.  Des opérations performantes, mobiles et robustes, conduites avec détermination, découragent les attaques et réduisent la liberté d’action des groupes hostiles, a-t-elle fait observer.  La sécurité des Casques bleus  dépend également de leur meilleure connaissance de la situation sur le terrain, grâce à la politique de renseignement du maintien de la paix et à l’usage des moyens technologiques, a ajouté la France.  En outre, a insisté la délégation, l’État hôte a une responsabilité particulière vis-à-vis de la sécurité des Casques bleus.  Elle s’est dite préoccupée vis-à-vis des violations des accords de statut des forces qui se sont multipliées ces derniers mois en République centrafricaine.  Elle a appelé les autorités centrafricaines à tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité des personnels des Nations Unies déployés en soutien au peuple centrafricain.  Il est capital de prévenir les crimes contre les Casques bleus et l’ONU doit soutenir les enquêtes nationales et plus généralement les efforts de lutte contre l’impunité de tels crimes, a-t-elle ajouté.

La France a assuré qu’elle prend une part active au renforcement de la sécurité et la sûreté des Casques bleus par la coopération opérationnelle entre les forces françaises et les opérations de maintien de la paix, comme entre Barkhane et la MINUSMA ou avec la MINUSCA.  Elle contribue également à l’entraînement des Casques bleus, à la fois avant et pendant leur déploiement, et elle s’efforce de répondre aux besoins capacitaires et en particulier de pallier les manques identifiés dans le cadre du mécanisme de coordination légère.  Elle appuie en outre la sécurisation des emprises, par la mise en œuvre de système de haute technologie, notamment pour détecter les tirs indirects et donner l’alerte au personnel des Nations Unies.  Enfin, la délégation a noté que la hausse récente du nombre de victimes ne doit pas faire perdre de vue les efforts collectifs qui ont permis une baisse de leur nombre au cours des dernières années.  À cet égard, la revue stratégique indépendante sur la réponse des opérations de maintien de la paix à la lutte contre les engins explosifs improvisés, qui est prévue par la déclaration de la présidence du Conseil de sécurité adoptée aujourd’hui, offre une opportunité de renouveler ces efforts, a ajouté la délégation.

Le Niger s’est réjoui de tous les efforts mis en œuvre pour améliorer la sureté et la sécurité des Casques bleus, en mettant l’accent sur l’initiative Action pour le maintien de la paix.  Il a particulièrement salué la pertinence des recommandations du Comité spécial pour les opérations de maintien de la paix (C34).  La Niger a indiqué avoir enregistré de nombreuses pertes dans les rangs de la MINUSMA, rappelant que l’attaque contre le camp d’Aguelhok, au Mali, le 2 avril, a montré la nécessité de mieux protéger les Casques bleus.  La délégation a souligné la nécessité d’appliquer la résolution 2518 du Conseil de sécurité, de renforcer la formation en l’adaptant aux réalités de terrain.  Même si la formation relève des pays fournisseurs de troupes, le Niger a jugé essentiel que l’ONU dépêche sur le terrain des experts pour vérifier que ces formations sont conformes aux normes de l’ONU.  « Pour réussir, les opérations de paix ont besoin d’un soutien de tous les acteurs concernés et d’une adaptation de leurs règles d’engagements », a encore plaidé la Niger, avant de mettre l’accent sur des efforts d’adaptation aux nouvelles menaces terroristes et sur celles liées aux engins explosifs improvisés.  

Saint-Vincent-et-les Grenadines a déclaré que les immenses attentes placées dans les missions de paix exigent la pleine coopération de la communauté internationale et un engagement continu du Secrétariat, du Conseil, des pays contributeurs de troupes et des pays hôtes.  Les opérations de paix doivent également recevoir les ressources humaines, techniques et financières adéquates et être dotées de mandats clairs et réalistes.  Face à la pandémie, la mission a demandé que les Casques bleus reçoivent des vaccins efficaces et sûrs.  Elle a souligné l’importance de la question des violences sexuelles qui exige une attention urgente.  Des enquêtes rapides et impartiales doivent être menées chaque fois qu’un incident de ce type se produit, a poursuivi la mission, en demandant que les pays contributeurs de troupes soient immédiatement consultés afin de prendre sans délai des mesures correctrices.  Saint-Vincent-et-les Grenadines a salué l’initiative du Secrétaire général « Action pour le maintien de la paix » qui place la volonté politique au cœur des efforts pour le maintien de la paix, avant d’appuyer les efforts visant à assurer une plus forte participation des femmes dans les opérations de paix, tant celles-ci sont des agents de paix.  Enfin, la mission a rappelé que pour être efficaces les opérations onusiennes doivent strictement respecter la souveraineté et l’indépendance politique des pays hôtes

Le Royaume-Uni a souligné la responsabilité des pays contributeurs de fournir une formation adéquate à leur personnel avant leur déploiement, jugeant essentielle une bonne préparation.  La délégation a dit que son gouvernement apporte ainsi une formation s’agissant de la lutte contre les engins explosifs improvisés, de la collecte de renseignements et de la fourniture des premiers secours, a déclaré la mission.  Elle a cité les 1,4 million de dollars fournis à l’école pour l’appui à la paix de Nairobi, qui forme plus de 600 personnels venant de pays contributeurs de troupes.  La mission a souligné l’importance de la collecte de renseignements pour améliorer l’intelligence situationnelle des missions, comme c’est le cas au Mali.  Lorsque des incidents se produisent, les Casques bleus doivent s’appuyer sur un réseau d’évacuations sûr et recevoir des soins médicaux essentiels.  Le Royaume-Uni a demandé une action unie pour que les auteurs d’attaques contre les Casques bleus rendent des comptes, par le biais de sanctions par ce Conseil et des poursuites judiciaires par les pays hôtes.  Enfin, il a dénoncé les violations des accords sur le statut des forces, comme cela a été observé récemment en République centrafricaine.

Les États-Unis ont commencé par rappeler que l’ONU a déjà perdu plus de soldats de la paix cette année à cause d’actes malveillants que pendant toute l’année dernière.  Et depuis le début de la pandémie, nous avons perdu 30 soldats de la paix à cause de la COVID-19.  Nous devons donc nous concentrer sur des actions concrètes en vue d’améliorer la sécurité des soldats de la paix, le meilleur moyen d’y parvenir étant de veiller à ce que les soldats de la paix aient des mandats réalisables et réalistes, ainsi que les ressources et les compétences dont ils ont besoin pour s’acquitter de ces mandats.  Dans cet esprit, les États-Unis se sont dits fiers d’avoir établi plus de 50 partenariats avec des pays fournisseurs de contingents et de policiers, qui se sont traduits par des résultats positifs. 

Les États-Unis ont aidé les pays partenaires à réduire les obstacles à la participation significative des femmes au maintien de la paix, en construisant des casernes, des toilettes et des douches réservées aux femmes dans les centres de formation.  Enfin, la délégation a souligné l’importance du respect du statut des accords que les gouvernements hôtes signent avec les missions de maintien de la paix de l’ONU.  La coopération du gouvernement hôte avec les missions et la volonté des gouvernements de faire respecter les accord sur le statut des forces sont essentielles pour assurer la sécurité des soldats de la paix : « Nous sommes préoccupés par les violations de l’accord sur le statut des forces en République centrafricaine et appelons le Gouvernement centrafricain à respecter ses engagements dans le cadre de l’accord sur le statut des forces, en veillant à ce que toutes les forces ou éléments en RCA à l’invitation du Gouvernement centrafricain respectent également l’ accord sur le statut des forces », a ajouté la délégation, qui s’est dite particulièrement préoccupée par des informations faisant état d’instructeurs russes engagés dans la réforme du secteur de la sécurité dans ce pays.

Le Mexique a dit que la résolution 2518 (2020) et la déclaration présidentielle qui sera adoptée aujourd’hui sont des outils importants pour faire face aux menaces qui frappent le personnel des missions de maintien de la paix.  Les forces de maintien de la paix doivent être protégées, a rappelé la délégation.  C’est pourquoi, a-t-elle ajouté, il est important que le personnel de maintien de la paix déjà sur le terrain ou qui sera déployé ait accès au vaccin contre la COVID-19.  En outre, pour pouvoir fonctionner de manière sûre, souple et efficace, les opérations de paix doivent disposer de ressources, de capacités et de systèmes adéquats comprenant les normes de déploiement, la formation, les équipements et le soutien médical, les nouvelles technologies et les soins dans les relations entre les missions et les pays où ils déploient leurs opérations, a suggéré le Mexique.

La délégation a aussi dit que des environnements de travail sûrs et reconnaissant l’égalité des sexes doivent être garantis dans tous les domaines du maintien de la paix.  Il faut faire face avec fermeté à toute menace ou acte de violence à l’encontre du personnel féminin, dont la contribution a été essentielle pour maintenir la paix et améliorer l’efficacité des opérations.  Le Mexique a également déclaré qu’il était important d’avoir les apports nécessaires et de connaître les points de vue de ceux qui se trouvent sur le terrain suggérant de tirer profit de l’examen du Comité spécial des opérations de maintien de la paix (C-34), auquel participent les pays contributeurs de troupes et de personnel.  Cet examen fournit des informations pertinentes sur les principaux défis de la protection et de la sécurité du personnel.  

Le Brésil, qui parlait au nom du Groupe des amis de la sécurité et de la sureté des soldats de la paix de l’ONU, a abordé les menaces qui découlent des conflits régionaux, des conflits ethniques, du terrorisme et de l’utilisation d’engins explosifs improvisés (EEI), qui ont été aggravées par la pandémie COVID-19, et qui présentent de plus grands risques pour les Casques bleus déployés dans les 12 opérations de maintien de la paix en cours.  Alors qu’une tendance à la baisse a été observée depuis 2018, le Brésil s’est alarmé de la hausse du nombre de tués parmi les soldats de la paix en 2020 et 2021.  C’est précisément dans ce contexte, que le Brésil, la Chine, l’Indonésie et le Rwanda ont conjointement créé le Groupe d’amis pour la sûreté et la sécurité des soldats de la paix de l’ONU, qui a commencé avec plus de 50 membres représentant chaque groupe géographique. Les membres du nouveau Groupe sont les principaux acteurs du maintien de la paix, y compris des pays contributeurs de troupes et de police, des membres du Conseil de sécurité et du C-34 et d’anciens pays hôtes.  

La grande diversité du Groupe démontre l’attachement à l’inclusivité et à la représentation régionale de ses membres, a fait valoir le Brésil, ajoutant que leur objectif collectif est de construire une plateforme en vue de renforcer le partage d’informations, la coordination des politiques et la consolidation des capacités de manière à soutenir la réalisation de progrès substantiels dans la sûreté et la sécurité des soldats de la paix sur le terrain en se basant sur une approche multidimensionnelle.  Le Groupe a souligné l’importance de la prise en compte d’une perspective de genre dans toutes les étapes du déploiement des soldats de la paix (de la planification, à la formation et à l’évaluation).

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