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COVID-19: préoccupé par l’accès limité de l’Afrique aux vaccins, le Conseil de sécurité exhorte à combler le fossé sanitaire

Réuni pour un débat ministériel sur l’élimination des causes profondes des conflits et le relèvement après la pandémie en Afrique, le Conseil de sécurité a, ce matin, exhorté à combler le fossé sanitaire qui persiste sur le continent, préoccupé de l’accès limité aux vaccins de ses populations. 

En effet, sur les 1,4 milliard de doses injectées dans le monde à ce jour, à peine 24 millions l’ont été en Afrique, soit moins de 2%, s’est alarmé le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, en plaidant pour un déploiement des vaccins dans le monde entier, la voie la plus sûre, selon lui, vers une relèvement rapide et équitable de la communauté des nations. 

Un constat reflété par une déclaration lue par la présidence du Conseil de sécurité pour le mois de mai au nom de ses autres membres, à savoir la Chine, représentée par son Ministre des affaires étrangères, M. Wang Yi.  Ce texte invite les pays développés « et tous ceux qui peuvent le faire » à accélérer le don de doses de vaccins aux pays africains, notamment dans le cadre du Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 et du Mécanisme COVAX. 

Conscient que des discussions sont en cours au sujet des efforts tendant à lever la propriété intellectuelle pour les vaccins, le Conseil souligne en outre qu’il faut « améliorer la disponibilité des matières premières et faciliter le transfert volontaire de technologie et de savoir-faire » de façon à accroître les capacités de production. 

Il faut mettre fin au protectionnisme en matière de vaccins, a exhorté le Président de la Commission de l’Union africaine (UA), M. Moussa Faki Mahamat, en indiquant que l’organisation régionale a créé un Fonds de riposte à la COVID-19 pour financer le redressement du continent et les programmes de vaccination africains.  Il appartient maintenant à la communauté internationale d’appuyer ce Fonds et d’introduire « une plus grande souplesse » dans le financement des programmes de relance socioéconomique, a ajouté le haut fonctionnaire. 

En effet, a-t-il poursuivi, le plus grand défi aujourd’hui, c’est l’accès aux vaccins et ce serait une grave erreur de penser que le monde peut être en sécurité si l’Afrique n’est pas vaccinée.  Le Secrétaire général a lui-même exhorté de son côté à partager les doses, à  lever les restrictions à l’exportation, à augmenter la production locale et  à  financer pleinement l’Accélérateur ACT et le mécanisme COVAX.  

Un appel entendu par l’ensemble des membres du Conseil de sécurité, à l’instar de la France, pour qui le vaccin doit être un « bien public mondial » et la Chine, qui a souligné « l’urgence de  bâtir  en Afrique un rempart sanitaire contre le virus ».  Au-delà  du  vaccin, « nous devons nous atteler à raviver les économies africaines », a exigé le Niger. 

Pour l’Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la voie à suivre passe par le contrôle de la pandémie, la reconstruction en mieux d’une économie verte et enfin le soutien aux capacités des États en matière de bonne gouvernance.  

Dès lors, il s’agit d’identifier les moyens à même d’aider les nations africaines à se relever rapidement et à promouvoir leur développement durable.  Le PNUD, a indiqué M. Steiner, est d’ores et déjà à pied d’œuvre dans 26 pays du continent, à travers des cadres de financement nationaux intégrés, en coopération avec l’Union européenne, le FMI et d’autres agences du système des Nations Unies. 

Le Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, M. Jean-Yves Le Drian, a évoqué le Sommet sur le financement des économies africaines qui s’est tenu hier à Paris, et au cours duquel a été débloqué un paquet financier d’urgence sans précédent, qui repose notamment sur l’émission de 650 milliardsde dollars de droits de tirages spéciaux, dont 34 milliards devraient bénéficier directement aux finances publiques africaines. 

Abordant l’impact des changements climatiques, « autre vulnérabilité partagée par le monde entier », surtout en Afrique, créant des conditions que les groupes armés peuvent facilement exploiter, le Ministre des affaires étrangères et de la défense de l’Irlande, M.  Simon Conveney, a suggéré de conduire une réflexion sur les risques sécuritaires posés par le climat.  En effet, a renchéri le Kenya, les causes profondes des conflits en Afrique sont liées aux inégalités dans la répartition des ressources, situation que n’a fait qu’aggraver la COVID-19. 

Au cours des derniers mois, les groupes extrémistes violents en Afrique occidentale et centrale et au Mozambique, y compris ceux qui sont associés à Al-Qaida et à l’État islamique, ont poursuivi et même intensifié leurs attaques contre des civils, créant ainsi de nouveaux défis majeurs pour les sociétés et les gouvernements, a relevé le Secrétaire général. 

L’occasion pour certains membres, dont la Fédération de Russie et le Niger, d’y voir un « héritage » du passé colonial du continent.  Le Ministre du développement international de la Norvège, M. Dag-Inge Ulstein, a d’ailleurs défendu l’importance du travail « normatif » de l’Union africaine pour promouvoir la démocratie, la bonne gouvernance et les droits de l’homme. 

Si la Chine s’est fermement opposée à toute ingérence extérieure dans les affaires des pays africains en vue de prévenir de nouvelles tensions et conflits, les États-Unis en revanche ont revendiqué d’appuyer partout en Afrique la démocratie et ses valeurs en demandant des comptes aux gouvernements.  Au-delà de ses graves conséquences, la pandémie de COVID-19 offre une opportunité unique d’insuffler un souffle nouveau au multilatéralisme et de donner à l’Afrique, « une fois pour toute », les instruments politiques, sécuritaires, et économiques pour relever les défis auxquels elle est confrontée, a résumé le Niger. 

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il tient de la Charte des Nations Unies la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et qu’il entend œuvrer à l’instauration d’une paix durable pour toutes les situations dont il est saisi.

Le Conseil exprime sa profonde inquiétude devant les effets dévastateurs de la pandémie de maladie à coronavirus 2019 (COVID-19), qui a eu de graves conséquences socioéconomiques, politiques et humanitaires et incidences sur la sécurité, et a aggravé encore les facteurs de conflit existants en Afrique.

Le Conseil souligne que pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et s’en relever durablement, il faut renforcer la coopération et la solidarité nationales, régionales et internationales, et mener une action internationale coordonnée, inclusive, globale et mondiale, l’Organisation des Nations Unies jouant à cet égard un rôle de coordination essentiel.

Le Conseil salue les efforts déployés par les États Membres pour lutter contre la pandémie et félicite l’Union africaine pour le rôle moteur qu’elle a joué jusqu’à présent dans la riposte à la pandémie en Afrique. Il souligne qu’il faut appuyer davantage les pays africains, en particulier ceux qui sont touchés par un conflit, ainsi que les organisations régionales et sous-régionales, pour permettre à ces pays de se relever de la pandémie et de reconstruire en mieux de façon à créer des conditions plus justes, plus égales, plus équitables et plus inclusives, notamment en leur fournissant les fournitures médicales nécessaires, dont des tests de dépistage, des traitements et des vaccins sûrs et efficaces, et en les aidant à renforcer leurs systèmes de santé.

Le Conseil trouve préoccupant que l’Afrique n’ait reçu que 2 % de tous les vaccins administrés à l’échelle mondiale et réaffirme qu’il faut offrir à toutes et tous, y compris aux plus vulnérables, un accès équitable à des outils diagnostics, des traitements, des médicaments et des vaccins de qualité, sûrs, efficaces et d’un coût abordable pour lutter contre la COVID-19, tout en aidant à renforcer les systèmes de santé de façon à assurer un déploiement efficace, invite les pays développés et tous ceux qui peuvent le faire à accélérer le don de doses de vaccins sûrs et efficaces aux pays africains qui en ont besoin, notamment dans le cadre du Dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 et du Mécanisme COVAX, et d’autres initiatives d’aide et de fourniture de matériel, selon qu’il convient, et salue les efforts déployés par les États Membres à cet égard.

Le Conseil sait que des discussions sont en cours au sujet des efforts tendant à lever les protections de la propriété intellectuelle pour les vaccins contre la COVID‑19 dans le cadre applicable de l’OMC et à faciliter les échanges internationaux afin que tous ceux qui en ont besoin, notamment les pays africains, puissent avoir accès aux vaccins, et souligne qu’il faut améliorer la disponibilité des matières premières et faciliter le transfert volontaire de technologie et de savoir-faire à des conditions arrêtées d’un commun accord de façon à accroître les capacités de production.

Le Conseil souligne qu’il importe de s’attaquer aux causes profondes et aux facteurs des conflits en Afrique et appelle toutes les parties prenantes à intensifier leurs efforts pour réaliser les objectifs énoncés dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine: L’Afrique que nous voulons et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l’Organisation des Nations Unies.

Le Conseil se félicite de la détermination de l’Union africaine à libérer l’Afrique de tout conflit et à créer des conditions favorables à la croissance, au développement et à l’intégration du continent, dont témoigne son objectif consistant à faire taire les armes en Afrique.

Le Conseil de sécurité réaffirme que, pour aider un pays à sortir durablement d’un conflit armé, il faut suivre une approche globale et intégrée qui exploite et renforce la cohérence entre les activités touchant à la politique, à la sécurité, au développement, aux droits humains et à l’état de droit et qui traite les causes profondes de chaque conflit, notamment par le renforcement de l’état de droit à l’échelle nationale et internationale, la promotion d’une croissance économique et d’un développement durables, l’élimination de la pauvreté, la tolérance politique, religieuse et culturelle, la liberté d’opinion et d’expression, la cohésion et l’intégration sociales, la réconciliation nationale, la bonne gouvernance, la démocratie, l’égalité des genres, le respect et la protection des droits humains et la facilitation de la réintégration et de la réadaptation.

Le Conseil réaffirme qu’il est résolu à collaborer avec le Secrétaire général pour chercher par tous les moyens à prévenir et à faire cesser les conflits armés en Afrique, notamment en s’attaquant à leurs causes profondes d’une manière inclusive, intégrée et durable, et en favorisant le dialogue, la médiation, les consultations, les négociations politiques et d’autres moyens pacifiques tout en intensifiant l’action menée dans les domaines de l’aide humanitaire, du développement et de la consolidation de la paix.

Le Conseil rappelle qu’il est nécessaire de mettre en place des processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration qui soient inclusifs et efficaces, notamment en ce qui concerne la libération et la réintégration des enfants qui ont été associés à des forces armées ou à des groupes armés, avec la participation des personnes touchées et des populations locales, sans méconnaître l’impératif de lutter contre l’impunité, et préconise de redoubler d’efforts aux niveaux national et local pour réintégrer ces enfants de façon durable, rapide et appropriée en tenant compte des questions de genre.

Le Conseil souligne que la réforme du secteur de la sécurité au lendemain des conflits est cruciale du point de vue de la consolidation de la paix et de la stabilité, de la réduction de la pauvreté, de la promotion de l’état de droit et de la bonne gouvernance, de l’extension de l’autorité légitime de l’État et de la prévention de la reprise des conflits et souligne également à cet égard que des institutions de sécurité qui soient professionnelles, efficaces et responsables et des institutions chargées de faire respecter la loi et de rendre la justice qui soient accessibles et impartiales sont tout aussi nécessaires pour jeter les bases de la paix et du développement durable.

Le Conseil réaffirme sa résolution 2532 (2020) et exige de nouveau la cessation générale et immédiate des hostilités et une pause humanitaire durable dans toutes les situations dont il est saisi, y compris en Afrique.

Le Conseil souligne qu’il importe de créer un climat propice à la réconciliation nationale, à la justice transitionnelle et au redressement social et économique dans les pays africains sortant d’un conflit et demande aux entités des Nations Unies, à la communauté internationale et à tous les partenaires d’appuyer les efforts que font les pays d’Afrique pour favoriser l’inclusion politique, sociale et économique.

Le Conseil considère qu’il ne peut y avoir de développement durable sans paix ni de paix sans développement durable, et que les activités que mènent les entités du système des Nations Unies pour le développement dans le cadre de leurs mandats à la demande des pays en proie à un conflit ou sortant d’un conflit, y compris en Afrique, notamment lorsqu’elles réduisent les besoins des populations, préviennent les risques pour les programmes de développement et favorisent la résilience dans le respect des priorités et plans nationaux et du principe de l’appropriation des activités par le pays, contribuent à la consolidation et à la pérennisation de la paix en Afrique en concourant à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le Conseil souligne que le développement socioéconomique est indispensable à la pérennisation de la paix en Afrique, et qu’il passe par des activités de développement économique, notamment le développement des infrastructures transnationales et transrégionales, l’industrialisation, l’élimination de la pauvreté, la création d’emplois, la modernisation de l’agriculture et la promotion de l’esprit d’entreprise, et souligne qu’il faut continuer d’aider les pays africains compte tenu de leurs priorités et besoins.  À cet égard, il souligne également qu’il importe de garantir l’état de droit pour appuyer le développement socioéconomique. Il relève en outre que, dans son Cadre politique de reconstruction post-conflit en Afrique, l’Union africaine souligne qu’il est impératif de renforcer les institutions à tous les niveaux afin d’améliorer la gouvernance économique, notamment par les mesures suivantes: l’assainissement des institutions chargées de la gestion fiscale et financière, qui collecteront ainsi plus efficacement les recettes; la mise en place de mécanismes de suivi et d’évaluation; la création de structures de lutte contre la corruption pour garantir le respect du principe de responsabilité et la transparence.

Le Conseil est conscient des effets néfastes que les changements climatiques, les bouleversements écologiques et les catastrophes naturelles, entre autres facteurs, ont sur la stabilité d’un certain nombre d’États africains, notamment la sécheresse, la désertification, la dégradation des sols et l’insécurité alimentaire, et souligne que, face à ces facteurs, il importe que les gouvernements respectifs et les entités des Nations Unies adoptent des stratégies appropriées d’évaluation et de gestion des risques.

Le Conseil rappelle le lien entre les conflits armés et la violence et l’insécurité alimentaire provoquée par les conflits et le risque de famine, demande à toutes les parties à des conflits armés de s’acquitter des obligations que leur impose le droit international humanitaire et les prie instamment de protéger les infrastructures civiles et de garantir le bon fonctionnement des marchés et systèmes alimentaires, et demande aux entités des Nations Unies et à toutes les parties prenantes concernées d’œuvrer de concert pour aider les pays en situation de conflit armé à renforcer la sécurité alimentaire de façon à jeter les bases de la pérennisation de la paix en tenant compte des priorités de ces pays.

Le Conseil prend note des efforts déployés par les pays africains pour promouvoir et protéger les droits humains pour tous tout en agissant pour faire face à la pandémie et s’en relever.

Le Conseil note avec satisfaction que les pays africains restent résolus à pleinement mettre en œuvre le programme pour les femmes et la paix et la sécurité et les priorités qui y sont fixées en assurant et en facilitant la participation pleine et véritable des femmes, sur un pied d’égalité, à toutes les étapes des processus de prise de décision concernant la paix, la sécurité et le développement, notamment en prenant systématiquement en considération les questions de genre, et en continuant de s’employer à augmenter le nombre de femmes parmi le personnel civil et en uniforme des missions de maintien de la paix à tous les niveaux et dans toutes les fonctions, y compris aux postes d’encadrement de haut niveau.  Il demande également d’accélérer l’application intégrale et effective de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.

Le Conseil considère que les jeunes devraient prendre une part active à l’instauration d’une paix durable et œuvrer à la justice et à la réconciliation, et réaffirme leur droit à l’éducation et sa contribution à la paix et à la sécurité.

Le Conseil de sécurité prend acte du rôle crucial que peuvent jouer les organisations de la société civile dans la promotion de la paix et de la sécurité en Afrique, ainsi que dans la riposte à la COVID-19 et le relèvement.

Le Conseil souligne la contribution importante des soldats de la paix et des missions de maintien de la paix au maintien de la paix et de la sécurité en Afrique.  Il souligne combien il importe d’assurer la continuité des opérations et de faire en sorte que les opérations de maintien de la paix et les missions politiques spéciales puissent continuer de s’acquitter des tâches prioritaires qui leur incombent.  Il salue les efforts que déploient le Secrétariat, les pays fournisseurs de contingents et les pays hôtes à cet égard.  Il souligne que les opérations de maintien de la paix des Nations Unies pourraient contribuer au relèvement après la pandémie en Afrique, dans les situations qui s’y prêtent, dans le cadre de leurs mandats et en fonction de leurs capacités, et se déclare gravement préoccupé à cet égard par les menaces et les attaques dirigées contre les soldats de la paix des Nations Unies, et souligne l’importance de la sûreté et des soldats de la paix.

Le Conseil note que, pour mener à bien les multiples activités que peut prévoir le mandat d’une opération de maintien de la paix dans des domaines comme la réforme du dispositif de sécurité, le désarmement, la démobilisation et la réintégration, l’état de droit, la justice transitionnelle ou les droits humains, il est indispensable d’adopter une perspective tenant compte de l’étroite corrélation qui existe entre sécurité et développement. Dans ce contexte, il prend note avec satisfaction de la contribution que les soldats de la paix et les missions de maintien de la paix apportent aux premières phases de consolidation de la paix, notamment en créant un environnement propice à la reprise économique et à la prestation des services de base.

Le Conseil salue le rôle important que joue la Commission de consolidation de la paix et souligne qu’il est nécessaire d’intégrer la consolidation et la pérennisation de la paix dans l’action menée pour reconstruire en mieux en Afrique.

Le Conseil réaffirme qu’il importe de s’attaquer aux conditions sous-jacentes favorisant la propagation du terrorisme et de l’extrémisme violent pouvant conduire au terrorisme en Afrique, notamment en assurant le relèvement et la reconstruction au niveau national, en améliorant la gouvernance et en facilitant le développement socioéconomique de l’Afrique, y compris en créant des emplois et en promouvant l’entrepreneuriat, et en fournissant des services d’éducation et de santé pour favoriser le bien-être des populations qui y vivent.

Le Conseil apprécie le rôle des organisations régionales et sous-régionales s’agissant de comprendre les causes profondes de nombreux conflits se déroulant dans leur zone géographique et de favoriser leur prévention ou leur règlement, compte tenu de leur connaissance de la région, et encourage l’Organisation des Nations Unies à collaborer étroitement avec ces organisations, en particulier l’Union africaine, notamment pour coordonner l’action internationale visant à aider les pays africains à s’attaquer aux causes profondes des conflits et à promouvoir l’inclusion dans le cadre du relèvement après la pandémie.

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a déclaré qu’au cours des derniers mois, les groupes extrémistes violents en Afrique occidentale et centrale et au Mozambique, y compris ceux qui sont associés à Al-Qaida et à l’État islamique, ont poursuivi et même intensifié leurs attaques odieuses contre des civils, créant ainsi de nouveaux défis majeurs pour les sociétés et les gouvernements.  Les récentes attaques commises à Cabo Delgado et l’insécurité croissante causée par les Forces démocratiques alliées dans l’est de la République démocratique du Congo sont, pour M. Guterres, des rappels tragiques de cette grave menace. 

Depuis le début de la pandémie, mes représentants spéciaux et mes envoyés à travers le continent ont intensifié leurs efforts pour renforcer la prévention des conflits et faire progresser les négociations de paix, a indiqué le Chef de l’Organisation, citant à titre d’exemple la mission, le mois dernier, de son Représentant spécial pour l’Afrique centrale, M.  François Louceny Fall, qui s’est rendu à N’Djamena pour rencontrer les principales parties prenantes tchadiennes et régionales afin de promouvoir des processus pacifiques, inclusifs et consensuels pour un retour à l’ordre constitutionnel après le décès du Président Déby Itno. 

En Libye, la sensibilisation de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), par le biais de réunions virtuelles avec des femmes, des jeunes et des leaders civiques, a été essentielle pour le soutien au dialogue politique en cours.  Tout au long de l’année dernière, la Commission de consolidation de la paix a travaillé en étroite collaboration avec l’Union africaine et les communautés économiques régionales pour créer un espace permettant aux dirigeants nationaux et régionaux de partager leurs expériences et de rechercher un soutien pour mieux se relever de la pandémie.  Le Secrétaire général est également revenu sur le Fonds pour la consolidation de la paix, qui a ajusté son action en riposte à la pandémie, pour soutenir les efforts nationaux de gestion de crise, la cohésion sociale, les dialogues et les approches inclusives, et pour contrer les discours de haine et la désinformation. 

Un an après le début de la pandémie de COVID-19, alors que nous sommes confrontés à la possibilité d’une reprise inégale, il est clair que la crise alimente nombre de ces moteurs de conflit et d’instabilité, a poursuivi M. Guterres.  De fait, a-t-il poursuivi, chiffres à l’appui, les graves retombées économiques de la pandémie aggravent déjà les tensions.  À l’échelle mondiale, la crise a plongé environ 114 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté et la croissance économique du continent africain s’est ralentie, estimée à 3,4% en 2021, contre 6% sur le plan mondial. 

Simultanément, la pandémie continue de creuser les inégalités entre les sexes, la COVID-19 menace les acquis durement obtenus en matière de participation pleine, égale et significative des femmes dans tous les domaines de la vie sociale, économique et politique, y compris les processus de paix.  C’est pourquoi le Secrétaire général a exhorté les États Membres à se montrer proactifs pour inclure les femmes et les jeunes dans l’élaboration de la reprise après la pandémie.  Garantir l’égalité des chances, la protection sociale, l’accès aux ressources et aux services et la participation inclusive et significative de tous aux processus de prise de décisions est une condition nécessaire pour que les pays sortent du piège des conflits et s’engagent résolument sur la voie de la paix et du développement durable.  La sortie de la pandémie offre donc l’occasion de s’attaquer aux causes profondes des conflits, de placer la prévention au premier plan de nos efforts et de mettre en œuvre le Programme à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Les gouvernements africains eux-mêmes ont fait preuve d’un grand engagement dans la lutte contre la pandémie en créant une Taskforce Afrique pour une approche unifiée à l’échelle du continent, s’est félicité M. Guterres. 

Cependant, l’approvisionnement et l’accès limités aux vaccins et le soutien insuffisant à la riposte à la pandémie entravent et retardent aujourd’hui la reprise, a-t-il relevé.  En effet, sur les 1,4 milliard de doses administrées dans le monde aujourd’hui, seules 24 millions ont atteint l’Afrique, soit moins de 2%.  Un déploiement équitable et durable des vaccins dans le monde entier est la voie la plus rapide vers une reprise rapide et équitable, a martelé le Secrétaire général, exhortant à partager les doses, à lever les restrictions à l’exportation, augmenter la production locale et à financer pleinement l’Accélérateur ACT et le Mécanisme COVAX. 

L’ONU plaide partout pour des mesures visant à alléger le fardeau de la dette qui menace de paralyser la reprise dans de nombreux pays en développement à revenu faible ou intermédiaire.  Mais d’ores et déjà, il s’est félicité de l’affection record récente de droits de tirage spéciaux (DTS) par le Fonds monétaire international, de même que de l’extension de l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 et du Cadre commun pour le traitement de la dette au-delà de l’Initiative de suspension du service de la dette.  Cependant, a-t-il préconisé, l’admissibilité doit être étendue à tous les pays en développement vulnérables, y compris les pays à revenu intermédiaire, qui empruntent encore à des taux élevés et risquent de se surendetter. 

Sur tout le continent africain et dans le reste du monde, la campagne « Verified » fournit des récits fondés sur la science pour aider les gens à rester en sécurité, à garder espoir et à s’entraider.  Cette pandémie a montré que « nous sommes aussi forts que notre maillon le plus faible et que nous ne pourrons nous rétablir que dans la solidarité », a fait observer M. Guterres.  Le sentiment de vulnérabilité partagée doit se traduire par un objectif commun, alors que nous nous efforçons de surmonter la fragmentation et le nationalisme, de nous attaquer aux racines, aux moteurs et aux sources des conflits et des crises, de façonner une reprise solide et de construire un avenir meilleur pour tous, a dit le Secrétaire général. 

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Président de la Commission de l’Union africaine, a prévenu que la pandémie continuera à avoir des retombées sur le développement socioéconomique de l’Afrique.  Les tendances continuent à montrer une tendance des cas et des morts.  Au début de la pandémie, l’Afrique avait adopté sa propre stratégie, en synchronisant les actions, ce qui a permis de sauver des millions de vies.  Mais aujourd’hui le plus grand défi, c’est l’accès aux vaccins et ce serait une grave erreur de penser que le monde peut être en sécurité même si l’Afrique n’est pas vaccinée. 

Sur le front politique, a poursuivi le Président, des efforts ont été déployés pour éviter l’effondrement de plusieurs pays africains.  À cet égard, il a exhorté le Conseil de sécurité à continuer de promouvoir les processus politiques et de paix au Soudan, au Mali et en Libye.  La chute des revenus commerciaux, la hausse de la dette et d’autres facteurs auront des retombées économiques, a-t-il dit craindre, en affirmant que 20 pays africains sont déjà confrontés au risque d’un effondrement économique, en raison du fardeau de la dette.  Il faudra donc de nouvelles initiatives qui mettent l’accent sur l’allègement de la dette plutôt que sur les mesures d’austérité. 

Le Président a rappelé qu’un Sommet sur le financement du redressement de l’Afrique s’est tenu hier à Paris et les conclusions sont très encourageantes s’agissant de la vaccination et de la fabrication de vaccins en Afrique, des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI) et d’un plus large soutien de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD).  La communauté internationale doit être plus audacieuse, a-t-il martelé, et trouver des solutions innovantes à la crise qui touche le continent africain.  Le Conseil de sécurité doit aussi se mobiliser puisque la sécurité et le développement sont plus interconnectés que jamais. 

Sur le plan social, la situation est urgente, a avoué le Président.  La fermeture des frontières et l’interdiction de voyager ont provoqué une détérioration des moyens de subsistance et une hausse du chômage, nourrissant le mécontentement social.  Le secteur informel, les pays en conflit et ceux en transition subiront de graves conséquences de la pandémie qu’il s’agisse du secteur de la santé publique, de l’éducation ou de l’emploi.  À très court terme, il faut, a souligné le Président, des consultations plus abouties sur la distribution et la fabrication des vaccins et l’ONU et l’UA peuvent prêter main forte aux gouvernements, à cet égard.  Il faut mettre fin au protectionnisme, en matière de vaccins et à cet égard, l’UA a créé un Fonds de riposte à la COVID-19 pour financer le redressement du continent et les programmes de vaccination africain.  Il est important, a plaidé le Président, que la communauté internationale à appuyer ce Fonds et introduise « une plus grande souplesse » dans le financement des programmes de relance socioéconomique.  Le redressement post-COVID passe par la création d’emplois, l’accès aux crédits des petites et moyennes entreprises (PME) et l’aide aux moyens de subsistance.  Le Président a voulu que l’on exploite au mieux les partenariats stratégiques entre l’ONU et l’UA, en renforçant notamment la collaboration avec la Commission de consolidation de la paix (CCP). 

À moyen et long termes il faut, a-t-il conclu, ne pas laisser s’essouffler la dynamique du lien entre paix, sécurité et développement.  Tous les dirigeants doivent entendre l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial pour permettre le redressement et le Conseil de sécurité doit réfléchir à des programmes innovants d’instaurer la paix en Afrique. 

M. ACHIM STEINER, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a décrit l’Afrique comme un continent aux « promesses incomparables », qui détient un tiers des réserves minérales mondiales, deux tiers des terres arables et la deuxième plus grande forêt tropicale de la planète, le bassin du Congo.  « Quarante pour cent du potentiel énergétique solaire mondial, qui sera fondamental pour la transition énergétique et verte, se trouve en Afrique laquelle est en outre « le continent des jeunes ».  Dans de nombreux pays africains, 70% de la population a moins de 30 ans.  C’est donc une main-d’œuvre dynamique qui a le potentiel d’améliorer les résultats du développement dans les décennies à venir. 

Toutefois, a tempéré l’Administrateur, la majeure partie de cet « immense potentiel » doit encore être valorisée dans un continent où la paix, la sécurité et le développement sont « intimement liés ».  Il faudra en effet surmonter des problèmes complexes pour atteindre les objectifs de développement durable et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Au-delà de l’instabilité politique, de la faiblesse des institutions de gouvernance, des inégalités croissantes, du recul des droits de l’homme, l’Afrique est aussi confrontée aux « deux des plus grands défis de notre génération »: l’urgence climatique et la pandémie sans précédent de COVID-19. 

Pour mieux avancer, l’Administrateur a mis l’accent sur le triptyque paix-humanitaire-développement, exhortant les acteurs concernés à travailler dans une bonne coordination.  Il a cité trois priorités et d’abord la nécessité de contrôler la pandémie, puis celle de reconstruire en mieux autour d’une économie verte et enfin celle de soutenir les capacités des États en matière de bonne gouvernance, à savoir panser les plaies et assurer un avenir inclusif, en particulier pour les femmes et les filles. 

Avec la pandémie, a-t-il alerté, l’Afrique risque de compter plus de la moitié des pauvres du monde.  Si 40 millions d’Africains sont tombés dans l’extrême pauvreté, les analyses montrent qu’un investissement « judicieux » dans la gouvernance, la protection sociale, la numérisation et l’économie verte pourrait sortir des millions d’Africains de la pauvreté d’ici à 2030.  M. Steiner a jugé urgent d’appuyer les campagnes de vaccination.  Il a salué la pertinence de la Conférence sur l’allégement de la dette, organisée au Soudan cette semaine, d’autant plus, a-t-il prévenu, que la pandémie a provoqué une fuite des capitaux estimée à 5 milliards de dollars et creusé le déficit budgétaire du continent à 345 milliards de dollars.  Or, une baisse de 1% du service de la dette en 2021 couvrirait le coût d’un milliard de doses de vaccin dans le cadre du Mécanisme COVAX. 

Le PNUD, a poursuivi M. Steiner, aide 26 pays africains à élaborer des cadres de financement nationaux intégrés (INFFs), en coopération avec l’Union européenne, le FMI et d’autres parties du système des Nations Unies, pour garantir la conformité du financement de la reprise post-COVID avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat.  Nous aidons aussi 39 pays africains à élaborer des contributions déterminées au niveau national plus ambitieuses, conformément aux efforts de redressement vert.  En Afrique, la reprise durable doit être alimentée par l’énergie durable. 

Trois quarts des 800 millions de personnes qui vivent sans électricité sont en Afrique subsaharienne, a-t-il souligné, et 100 millions autres Africains ne peuvent plus se permettre des options énergétiques durables, en raison de la pandémie.  Le Dialogue de haut niveau sur l’énergie, prévu au mois de septembre et la COP26, au mois de novembre à Glasgow offriront l’occasion d’avancer vers l’objectif d’une énergie propre et abordable pour tous d’ici à 2030 et à la neutralité carbone d’ici à 2050.  La bonne gouvernance, a conclu le Chef du PNUD, est un « élément constitutif » d’un contrat social juste et équitable.  Il a cité des exemples d’interventions du PNUD qui prouvent cette assertion.  

M. WANG YI, Conseiller d’État et Ministre des affaires étrangères de la République populaire de Chine, a d’entrée suggéré une proposition en quatre points pour aider l’Afrique.  Il s’agit, en premier lieu, d’aider le continent à combler le fossé sanitaire dans la lutte contre la COVID-19.  En effet, a poursuivi M. Wang Yi, dont le pays préside le Conseil au mois de mai, l’Afrique est un maillon important de la riposte sanitaire mondiale.  L’urgence pour l’heure est de bâtir en Afrique un rempart sanitaire contre le virus.  Pour ce faire, il a invité la communauté internationale à accroître ses aides en matériel sanitaire, médicaments, techniques et financements et à garantir en particulier l’accessibilité et de manière abordable des vaccins en Afrique, et ce, par divers moyens.  À cet effet, le Chef de la diplomatie chinoise a appelé les pays dont la capacité le permet à fournir d’urgence à l’Afrique des doses de vaccin contre la COVID-19. 

Deuxièmement, a-t-il poursuivi, il faut aider l’Afrique à remédier au « déficit de paix ».  En effet, la COVID-19 aggrave les conflits et l’instabilité dans certains pays africains, ce qui en retour compromet les acquis obtenus dans la riposte sanitaire de la région.  À cet égard, l’ONU et l’Union africaine (UA) doivent travailler étroitement pour faire avancer en même temps l’appel à un cessez-le-feu mondial et l’initiative Faire taire les armes en Afrique.  

« Il nous faut continuer à soutenir les efforts des pays africains pour promouvoir les solutions africaines aux problèmes africains et encourager les organisations régionales et sous-régionales africaines à jouer davantage leur rôle central dans la promotion du règlement politique et des processus de paix et de réconciliation », a souligné le Ministre.  Il faut, également, a-t-il préconisé, apporter un soutien financier actif à l’Afrique pour les opérations de maintien de la paix, appuyer les opérations de paix de l’UA et accompagner ce continent dans ses capacités de maintien de la paix et de la stabilité et de la lutte contre le terrorisme.  Il s’agit également de s’attaquer aux causes profondes des instabilités.  Nous devons nous opposer fermement aux ingérences injustifiées des forces extérieures dans les affaires des pays africains en vue de prévenir de nouvelles tensions et conflits.  L’occasion pour M. Wang Yi d’appeler les pays concernés à lever rapidement les sanctions unilatérales imposées au Zimbabwe, au Soudan et d’autres pays africains.  Poursuivant, il a exhorté à aider l’Afrique à combler les écarts de développement. 

Le Ministre a également demandé aux pays développés de prendre des mesures concrètes en matière d’allégement de la dette et de transfert de technologie, et les partenaires de développement de faire preuve de créativité et de pragmatisme pour soutenir l’accélération de l’industrialisation et de la modernisation de l’Afrique.  Dans ce contexte, l’ONU et l’UA sont invitées à renforcer la coordination dans la mise en synergie du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 pour créer un effet multiplicateur.  Pour finir, il a souligné que la Chine en tant que « bon frère, bon partenaire et bon ami » des pays africains a soutenu toute initiative dans l’intérêt de l’Afrique et s’est engagée en faveur de toute action qui favorise le bien-être de ses peuples. 

M. OTHMAN JERANDI, Ministre des affaires étrangères, de la migration et des Tunisiens de l’étranger, a estimé que le fait que la COVID-19 ait aggravé les conflits et crises existants est « l’un des plus grands problèmes » que doivent résoudre l’ONU et le Conseil de sécurité.  La phase à venir, a-t-il prévenu, sera encore plus compliquée, compte tenu des conséquences socioéconomiques de la pandémie, en particulier dans les pays en développement et vulnérables.  Le redressement des pays en développement, a-t-il aussi prévenu, sera difficile si l’on ne leur apporte pas l’aide nécessaire, y compris dans le domaine de la sécurité.  Il faut agir à deux niveaux et d’abord le niveau économique avec des mesures pour assurer la viabilité de la dette et les flux de liquidités.  Les institutions financières internationales et les bailleurs de fonds doivent « changer de modèle », a estimé le Ministre, en demandant d’emblée au FMI de suspendre le service de la dette. 

Le deuxième niveau, a-t-il poursuivi, est sanitaire parce sans accès équitable aux vaccins, il n’y aura pas de redressement.  Aujourd’hui, a relevé le Ministre, 75% des vaccins se trouvent dans à peine 10 pays au monde et moins de 2% de la population africaine est vaccinée à ce jour.  Le Ministre s’est indigné de cette « fracture vaccinale », soulignant que personne n’est en sécurité tant que tout le monde ne l’est pas.  Il a donc plaidé pour un appui fort au Mécanisme COVAX et la levée des brevets sur les vaccins pour qu’ils puissent être produits le plus largement possible.  Face aux nombreuses crises en Afrique, M. Jerandi a salué le rôle de l’UA et des organisations infrarégionales, et en particulier l’initiative « Faire taire les armes en Afrique ».  Il a plaidé pour une meilleure intégration des efforts internationaux et régionaux, sans oublier de lancer un vibrant appel à la « solidarité humaine », en ces temps de pandémie. 

M. JEAN-YVES LE DRIAN, Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de la France, a dit qu’il revient à la communauté internationale d’accompagner les États les plus fragiles pour les aider à répondre aux causes profondes des crises qu’ils traversent et pour construire, avec eux, la voie d’une relance durable et inclusive.  « Notre priorité est de garantir un accès équitable et universel aux vaccins contre la COVID-19 pour tous les Africains », a insisté M. Le Drian, avant de dire qu’ils devaient devenir un bien public mondial.  « Dans le cadre de l’initiative ACT-A, la facilité COVAX, financée pour plus de 2,4 milliards d’euros par l’Union européenne et ses États membres, a déjà permis de distribuer près de 19 millions de doses de vaccin à 42 États africains », s’est félicité le Ministre des affaires étrangères avant d’ajouter que la France est fière d’avoir été le premier pays à apporter à COVAX non seulement un soutien financier, mais aussi à lui verser des doses réparties selon le cadre vertueux défini par l’OMS.  Dans le cadre de l’initiative ACT-A, une charte a été adoptée dès le mois de novembre à l’initiative de la France pour souligner l’importance d’un accès équitable au vaccin, a ajouté M. Le Drian. 

« Notre deuxième priorité doit être de soutenir les initiatives africaines en matière de paix et de sécurité », a déclaré M. Le Drian, avant de mettre l’accent sur la lutte contre l’impunité, la bonne gouvernance et le respect des droits humains, qui sont les conditions de la stabilité et de la prospérité auxquelles aspirent légitimement les populations d’Afrique et du monde entier.  Il a ajouté que la transition démocratique engagée au Soudan, avec un soutien international que la conférence organisée ce lundi à Paris est venue confirmer, montre que de vrais progrès sont possibles. 

« Enfin, nous devons rester pleinement mobilisés pour soutenir l’Afrique sur la voie du développement durable », a encore dit M. Le Drian.  Il a précisé que le Sommet sur le financement des économies africaines qui s’est tenu hier à Paris a permis à la communauté internationale de fournir des réponses pragmatiques aux besoins de financement des États africains et au sous-investissement structurel qui affecte le secteur privé du continent, afin de briser le cycle de surendettement qui constitue un frein pour le continent tout entier et de préparer une reprise économique de qualité en Afrique.  « Lors de ce Sommet, il a aussi été décidé qu’un paquet financier d’urgence sans précédent sera débloqué, qui repose notamment sur l’émission de 650 milliards de dollars de droits de tirages spéciaux, dont 34 milliards devraient bénéficier directement aux finances publiques africaines », a précisé le Chef de la diplomatie française.  Le développement durable en Afrique passe également par des projets emblématiques comme celui de la Grande Muraille verte pour le Sahara et le Sahel, auquel le « One Planet Summit » de janvier dernier a donné un nouvel élan, a encore souligné M. Le Drian. 

M. SUBRAHMANYAM JAISHANKAR, Ministre des affaires étrangères de l’Inde, a commencé par souligner la solidarité forte et profonde qui prévaut entre l’Inde et l’Afrique, laquelle reflète les liens qui unissent les pays du Sud.  Solidarité qui s’exprime à travers le sommet du Forum Inde-Afrique, ainsi qu’au sein du G77 et du Mouvement des pays non alignés, a précisé M. Jaishankar.  Il a, cependant, regretté que la voix de l’Afrique ne soit pas entendue comme il se doit.  Notre soutien à la position africaine commune, telle qu’elle est énoncée dans le consensus Ezulwini et la Déclaration de Syrte, est « sincère et sans ambiguïté », a assuré le Chef de la diplomatie indienne.  C’est pourquoi, il convient, à ses yeux, d’accorder la plus grande priorité à la question du « multilatéralisme réformé ». 

Le monde doit soutenir l’Afrique face à la pandémie.  Pour sa part, l’Inde l’a fait, en fournissant des médicaments, des vaccins et des équipements sanitaires et en travaillant en partenariat avec l’Afrique du Sud pour relever les défis de l’accessibilité des vaccins à un prix abordable.  

L’approche de l’Inde a été précisée par les principes de Kampala énoncés par le Premier Ministre Modi en 2018, dans le respect des priorités africaines.  Respect qui est visible dans « nos 189 projets » pour 41 pays africains, sous la forme de prêts concessionnels, s’est enorgueilli le Ministre.  Ce respect s’exprime, en outre, à travers la fourniture de médicaments, d’équipements de santé, d’ambulances, de livres, de véhicules et de céréales alimentaires.  Ou encore dans les centres de formation professionnelle et d’informatique mis en place en Afrique, dans les 43 000 créneaux d’enseignement et de formation créés au cours des cinq dernières années, ou dans les programmes d’éducation et de santé numériques menés avec 17 partenaires africains. 

Comme le reste du monde, l’Afrique est également confrontée aux défis du terrorisme et de l’instabilité, a rappelé M. Jaishankar.  De fait, a-t-il continué, le soutien de l’Inde à l’Afrique s’exprime par notre présence de maintien de la paix au Soudan du Sud, en Somalie, à Abyei, au Sahara occidental et en République démocratique du Congo (RDC).  À cet égard, son pays souscrit à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un mandat au titre du Chapitre VII pour soutenir les opérations africaines de lutte contre le terrorisme par un financement durable, y compris par des contributions obligatoires.  Pour finir, le Ministre a réaffirmé le soutien de l’Inde à la paix et la sécurité et la volonté de son pays à aider à traiter les causes profondes des conflits en tant que partenaire fiable dans la lutte contre la pandémie. 

M. BUI THANH SON, Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, a fait porter son intervention sur les trois domaines critiques que sont la paix, la lutte contre la pauvreté et les partenariats entre l’ONU et les organisations africaines.  « Premièrement, la paix, la stabilité et la sécurité sont les conditions préalables pour relever les défis actuels posés par la pandémie de COVID-19 et parvenir au développement durable en Afrique », a insisté la délégation, avant d’appuyer la pertinence des résolutions 2352 et 2565 du Conseil, et l’initiative africaine Faire taire les armes.  « Deuxièmement, pour que la paix soit durable, il faut réduire la pauvreté et les inégalités, lutter contre le sous-développement et l’injustice sociale », a ajouté M. Bui Thanh Son avant de mettre l’accent sur la confiance et la réconciliation entre les communautés, la participation des femmes et des jeunes aux processus de paix, à la consolidation de la paix après les conflits et au relèvement après la pandémie.  Troisièmement, le Ministre vietnamien a souligné l’importance d’un partenariat étroit entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales en Afrique, en particulier l'Union africaine, pour fournir une assistance financière, humanitaire et technique aux pays africains touchés par des conflits.  Le Chef de la diplomatie vietnamienne a également expliqué que son pays a toujours été aux côtés de l’Afrique pour y promouvoir une paix et un développement durables.  « Les soldats de la paix vietnamiens sont présents dans les zones de conflit en République centrafricaine et au Soudan du Sud », a indiqué le Ministre avant de s’enorgueillir d’années de coopération bilatérale et tripartite dans le domaine du développement avec les pays africains. 

Mme EVA-MARIA LIIMETS, Ministre des affaires étrangères de l’Estonie, a voulu que l’on continue de travailler collectivement contre la pandémie, sans pour autant oublier les causes profondes des conflits.  Nous ne cesserons jamais de souligner l’importance de la bonne gouvernance, de la responsabilité, de la conformité au droit international humanitaire, de la protection des droits de l’homme et du respect de l’état de droit, a-t-elle asséné.  Que faire pour aider l’Afrique à reconstruire en mieux?  D’abord, a-t-elle répondu, l’aider à combattre la COVID-19.  La Ministre a mis en exergue l’action de l’Union européenne qui a joué un rôle de premier plan dans la mise en place du Mécanisme COVAX, grâce auquel près de 65 millions de doses ont été exportées.  L’UE et ses États membres ont jusqu’à présent versé plus de 2,47 milliards d’euros au Mécanisme, a-t-elle rappelé. 

Principale exportatrice de vaccins, l’Europe a envoyé dans le monde plus de 200 millions de doses.  Nous exportons presque autant de vaccins que nous en livrons à nos propres citoyens, a souligné la Ministre.  Nous explorons les moyens de soutenir la fabrication locale de vaccins, de médicaments et de produits de santé, tout en tenant compte des impacts à moyen et à long termes de la pandémie sur la paix e la stabilité. 

En Estonie a indiqué la Ministre, nous venons d’adopter notre première Stratégie globale pour l’Afrique pour la période 2020-2030.  La transformation numérique, l’e-gouvernance, l’innovation et la transition verte y figurent en bonne place.  L’intérêt pour l’e-gouvernance et les e-services n’a cessé de croître en Afrique, s’est réjouie la Ministre, y voyant « un moment idéal pour agir ».  La dépendance croissante aux technologies va malheureusement de pair avec les actes malveillants et c’est pourquoi nous travaillons activement avec nos partenaires pour promouvoir « la cyberrésilience ».  Membre fondatrice du « Digital for Development hub », l’Estonie, s’est enorgueillie la Ministre, est donc à l’avant-garde de la promotion de la transformation numérique en Afrique.  La Ministre a également rappelé l’organisation avec l’Union africaine du « hackathon » intitulé sur « le parcours de l’Afrique après la crise » dont l’objectif était de trouver des solutions numériques innovantes aux défis socioéconomiques mais aussi de renforcer l’écosystème entrepreneurial pour les jeunes du continent.  L’un des résultats les plus notables, s’est-elle réjouie, a été l’implication des femmes entrepreneurs et le fait que les projets gagnants étaient axés sur la santé des femmes. 

Le Chef de cabinet pour la santé du Kenya, M. MUTAHI KAGWE, a souligné d’emblée que les défis de la paix et de la sécurité en Afrique sont devenus considérablement plus complexes ces dernières années, et par conséquent plus difficiles à gérer, en raison de l’émergence de nouvelles menaces telles que les changements climatiques, la migration, le terrorisme et l’extrémisme violent.  Même si l’Afrique n’a pas connu de taux de contamination important par le coronavirus, la pandémie a mis en exergue l’urgence qu’il y a à renforcer les institutions et capacités des pays africains en vue de pouvoir y répondre.  Il faut également investir dans la santé et l’éducation, a indiqué le Chef de cabinet.  La COVID-19 a démontré que l’Afrique a des besoins spécifiques et qu’il faut donc l’intégrer différemment dans l’économie mondiale en mettant l’accent sur la valeur ajoutée et la fabrication.  Le plan de relèvement postpandémique de l’Afrique ne doit pas maintenir le statu quo, il doit tenir compte des défis uniques du continent, a soutenu M. Kagwe.  

Pour lui, les causes profondes des conflits en Afrique sont liées à la pauvreté et aux inégalités dans la répartition des ressources.  La COVID-19 n’a fait qu’aggraver cette crise et intensifier la concurrence pour des ressources rares, contribuant à l’exacerbation des conflits et de l’insécurité.  Pour le Kenya, il faut donc investir dans les personnes.  L’Afrique doit se concentrer sur la création d’emplois pour ses jeunes parce que le chômage les prédispose à des activités qui ont un impact sur la paix et la sécurité.  Il faut également se concentrer sur le renforcement des capacités des États africains à atteindre et administrer des espaces non gouvernés, construire la cohésion entre leurs peuples et promouvoir l’inclusion et l’autonomisation dans toutes les sphères.

Par conséquent, le Conseil de sécurité devrait accorder plus d’attention et soutenir le relèvement postpandémique de l’Afrique et, à cet égard, le Kenya a plaidé pour un renforcement du Mécanisme COVAX et un accès plus facile aux vaccins pour tous les pays africains.  Il a demandé un allègement et une restructuration de la dette pour permettre aux pays de faire face aux conséquences de la pandémie.  Il faut également des investissements dans les infrastructures de transport et d’énergie tant sur le plan national que régional, pour stimuler l’activité économique, améliorer l’accès aux marchés et créer des opportunités d’emploi.  De plus, le continent doit s’adapter aux changements climatiques en misant sur des programmes qui favorisent la sécurité alimentaire et la protection de l’environnement.  En dernier lieu, M. Kagwe a appelé à soutenir le développement des infrastructures sociales de l’Afrique, ce qui réduira la pauvreté, minimisera les inégalités, améliorera la protection sociale et renforcera la participation des femmes et des jeunes dans tous les domaines de la vie socioéconomique.

Les membres du Conseil les mieux dotés en ressources devraient faire preuve de leadership en contribuant au Fonds de consolidation de la paix, a estimé M. Kagwe.  En outre, il a appelé à parler et agir à l’unisson dans la lutte contre le terrorisme.  Les terroristes doivent être obligés de faire face à la force des instruments internationaux applicables, et, dans cet esprit, le Kenya a demandé à nouveau l’inscription du groupe Al-Shabaab sous le régime de sanctions 1267.

Le Ministre des affaires étrangères et de la défense de l’Irlande, M. SIMON CONVENEY, a expliqué que la paix et la sécurité en Afrique sont au cœur du partenariat de son pays avec le continent, depuis le déploiement de Casques bleus irlandais au Congo en 1960.  L'Afrique reste un axe important du programme national de développement international et nous continuerons, a promis le Ministre, d’élargir notre engagement dans les années à venir.  Face à la pandémie, il a reconnu que les efforts collectifs pour y répondre avec cohérence ont été insuffisants.  Il a fermement appuyé les efforts déployés par le système des Nations Unies pour un accès équitable, transparent et efficace aux vaccins, soulignant que sur les 100 millions d’euros fournis, cette année, par son pays pour soutenir la santé publique mondiale, une partie est allée au Mécanisme COVAX.  Nous soutenons également ce dernier, en tant que membre de l’Union européenne, qui à ce jour a déboursé 860 millions d'euros et exporté plus de 200 millions de doses de vaccins. 

Venant à l’impact des changements climatiques, « autre vulnérabilité partagée par le monde entier », surtout en Afrique, créant des conditions que les groupes armés peuvent facilement exploiter.  Au cours de notre mandat au Conseil, et en tant que Coprésident du Groupe informel d'experts sur le climat et la sécurité, nous voulons, a dit le Ministre, enclencher une réflexion sur les risques du climat pour la sécurité, qui ne seront que plus pressants.  Il plaidé pour une gestion plus durable et plus transparente des ressources naturelles dont l’exploitation illégale est un facteur important des conflits en Afrique.  La coopération et l’intégration économiques peuvent inverser cette dynamique, a estimé le Ministre, en promettant de soutenir la mise en place de la zone de libre-échange africaine et son « énorme » potentiel pour stimuler le développement économique. 

En attendant, a poursuivi le Ministre, il faut lutter contre l’impunité des parties aux conflits.  Il a en effet insisté sur la protection des droits de l'homme, l’égalité des sexes et la primauté du droit qui doivent être véritablement intégrées dans les stratégies de relèvement post-COVID.  Faire progresser l'égalité entre les sexes et garantir un engagement significatif des jeunes peut faire émerger un relèvement « transformateur » et accélérer les progrès en matière de paix, de sécurité et de développement, a-t-il soutenu, avant d’insister sur la bonne gouvernance.  Lorsque le départ des Casques bleus sonne, il faut être pleinement préparé à la transition des pays concernés.  Nous devons faire mieux pour lier maintien et consolidation de la paix. 

M. DAG-INGE ULSTEIN, Ministre du développement international de la Norvège, a déclaré que la pandémie de COVID-19 exacerbe l’impact des conflits et des changements climatiques en Afrique, en creusant le fossé de la pauvreté et sapant les gains de développement.  Il a par ailleurs regretté que, dans certains pays, la riposte à la pandémie ait été utilisée comme prétexte pour limiter les libertés civiles et le respect des droits de l’homme.  Le Ministre a redit l’importance des partenariats pour s’attaquer aux causes des conflits, en citant l’exemple de la collaboration entre l’Union africaine et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) au Mali. 

Par ailleurs, M. Ulstein a estimé que les tentatives de limiter la propagation du virus sont entravées lorsque les autorités de l’État sont absentes ou trop faibles, rendant « extrêmement difficile » les campagnes de vaccination.  Aussi a-t-il plaidé pour une approche à long terme, dynamique, juste et inclusive en vue de s’attaquer aux causes de la violence.  Il a souligné l’importance du travail normatif de l’Union africaine pour promouvoir la démocratie, la bonne gouvernance, les droits de l’homme et l’état de droit.  Le Ministre norvégien a encouragé l’Organisation à prendre de nouvelles mesures pour résoudre le conflit au Tigré, en Éthiopie, en souhaitant que les « voix nationales et locales » soient entendues, en particulier celles des femmes.  Estimant que la reprise postpandémique ne peut attendre, il a exhorté les États à s’attaquer dès maintenant aux causes des conflits, par le biais des partenariats et en recourant à la diplomatie préventive. 

Aujourd’hui, comme le reste du monde, l’Afrique est confrontée à plusieurs crises mondiales, y compris la COVID-19 et les changements climatiques, a affirmé Mme LINDA THOMAS-GREENFIELD (États-Unis).  Elle a considéré que ce ne sont pas seulement des défis qui nous relient, mais également des possibilités qui s’offrent à nous.  Certes, a-t-elle reconnu, la voie pour le relèvement post-COVID-19 sera longue et difficile, mais cela montre également pourquoi les meilleurs partenariats sont basés sur un socle de confiance et de transparence mutuelles, de reddition de comptes et d’intérêts partagés.  Les mesures décisives qu’ont prises de nombreux dirigeants africains pour surmonter cette épreuve ont sauvé d’innombrables vies.  Sans leur leadership et celui des centres de contrôle et de prévention des maladies de l’Afrique, les répercussions auraient été pires.  

« Nous sommes fiers de notre rôle pour appuyer ces efforts », a relevé Mme Thomas-Greenfield, qui a rappelé que son pays avait œuvré de pair avec les CDC africains créés en 2016.  Ensemble, nous avons consacré d’importantes ressources afin de prévenir et répondre à des maladies infectieuses, en mettant en place des centres opérationnels et formé des épidémiologistes.  Ce partenariat fait suite à 20 ans d’investissement et de renforcement des capacités dans les domaines de la santé et de la sécurité en Afrique.  De fait, s’est-elle réjouie, il n’y a plus d’Ébola aujourd’hui dans le continent et certains pays sont proches de maîtriser la pandémie de VIH/sida. 

Face à la pandémie actuelle, les États-Unis ont fourni plus de 570 millions de dollars d’aide économique, humanitaire et sanitaire.  L’occasion pour elle de rappeler l’annonce faite lundi dernier par le Président Biden, selon laquelle les États-Unis comptent fournir « 80 millions de vaccins » contre la COVID-19 d’ici à la fin juin.  Washington compte également œuvrer avec l’initiative COVAX et leurs partenaires pour garantir que leur distribution soit équitable.  Ces vaccins « iront là où l’on en a le plus besoin  et sans aucune condition », a promis la représentante. 

Face aux changements climatiques également, les États-Unis assument leur rôle pour fixer les objectifs ambitieux pour lutter contre ce phénomène, une source d’instabilité et d’insécurité alimentaire dans d’innombrables lieux du continent, a-t-elle poursuivi.  Avant la COVID-19, les économies africaines connaissaient une des croissances les plus rapides du monde, a-t-elle dit, avant de lancer un appel pour reconstruire en mieux avec des pratiques de marchés transparentes mettant l’accent sur un avenir propice au climat. À cet égard, la délégation américaine a dit que son gouvernement appuie l’initiative de suspension de la dette du G20 et du Club de Paris ainsi que le cadre commun pour le traitement de la dette.  Il soutient aussi directement l’élaboration d’un plan à hauteur de 650 milliards de dollars de droit de tirages spéciaux (DTS) du FMI.  Ces investissements revitaliseront de très nombreuses économies africaines prêtes au progrès.  Pour finir, Mme Thomas-Greenfield a souligné que les États-Unis continuent de considérer que la démocratie est la meilleure manière de prévenir toutes les formes de conflit.  Si la population a une voix, elle a moins de chance de recourir à la violence ; c’est pourquoi partout en Afrique nous appuyons la démocratie et ses valeurs et demandons des comptes aux gouvernements, a-t-elle ajouté en conclusion. 

M. JAMES DUDDRIDGE, Ministre pour lAfrique, le Commonwealth et le développement du Royaume-Uni, a estimé que les défis de la reprise post-COVID étant nombreux et interdépendants, il faut travailler ensemble avec une approche globale des droits de l’homme, de la paix et de la sécurité et du développement.  Nous avons travaillé avec nos partenaires, a dit à son tour le Ministre, pour un accès équitable aux vaccins.  Sous notre Présidence, le G7 a doublé ses contributions à l’Accélérateur ACT-A et au Mécanisme COVAX.  Nous sommes fiers, a avoué le Ministre, d’être l’un des plus grands donateurs bilatéraux.  Il n’en reste pas moins, a-t-il aussi avoué, que plus de 160 millions de personnes risquent d’être exclues des campagnes de vaccination, en raison de l’instabilité et des conflits.  Il faut donc, a-t-il pressé, une approche multilatérale et au-delà de la COVID-19, réfléchir aux moyens de faire en sorte que tout le monde, en particulier les femmes, les filles, les jeunes et les exclus, puissent réaliser leur potentiel.  Cela nécessite, a prescrit le Ministre, un accès élargi à la santé et à une éducation de qualité.  C’est la raison, a-t-il expliqué, que nous sommes le plus grand donateur du Partenariat mondial pour l’éducation, qui a touché depuis 2015 24 millions d’enfants, majoritairement africains. 

Nous devons également nous attaquer aux liens indéniables entre pauvreté et conflits, a poursuivi M. Duddridge qui a indiqué que son pays a déjà promis plus de 15 milliards de dollars pour l’action climatique, au cours des cinq prochaines années.  En Afrique, a-t-il dit, nous devons libérer le potentiel des femmes et des jeunes, et insister sur le fait que la paix dépend d’institutions fortes, de l’état de droit et de sociétés ouvertes et inclusives.  Les premières interventions politiques, y compris par l’UA, doivent être associées à des programmes d’engagement et de développement à long terme de l’ONU et de ses partenaires, a estimé le Ministre.  Il s’est dit fier de soutenir la Commission et le Fonds pour la consolidation de la paix, pour lequel son pays a été l’un des principaux donateurs, avec une enveloppe de 220 millions de livres sterling depuis sa création. 

Notant les nombreux défis à relever pour parvenir à une paix durable en Afrique, le Mexique a exhorté la communauté internationale à se concentrer sur l’amélioration de la bonne gouvernance et des institutions ainsi que sur la promotion de l’état de droit.  Il a aussi jugé déterminant de lutter contre le trafic illicite des armes légères et de petit calibre et l’exploitation illégale des ressources naturelles.  Il a souligné la nécessité de promouvoir la participation active de tous les membres de la société, en particulier les filles et les jeunes femmes, à toutes les étapes du relèvement post-COVID pour garantir un processus efficace et inclusif.  Après avoir cité des données de la Banque mondiale qui montrent que la pandémie a poussé 40 millions de personnes en Afrique dans une pauvreté abjecte, le représentant a appelé le Conseil de sécurité à garantir à tous les pays du continent l’accès aux vaccins.  Il s’est inquiété des risques que les tensions politiques et les conflits ne s’aggravent si la vaccination se poursuit avec la lenteur actuelle. 

Le Niger a commencé par soutenir « l’Initiative sur le Partenariat pour le Développement de l’Afrique » et encouragé sa mise en œuvre, en vue de la réalisation du Programme à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine.  Alors que les questions africaines représentent plus de 50% des sujets à l’ordre du jour du Conseil de sécurité et 70% des mission onusiennes relevant du Chapitre VII de la Charte, le Niger a souligné que cet état de fait est fonction des facteurs aggravant comme le sous-développement et ses corolaires structurels comme le déficit de gouvernance, la faiblesse de l’économie, le poids de la dette, l’introduction illégale et la prolifération d’armes en Afrique.  Les frontières et institutions africaines, leg du système colonial, continueront à être une source d’instabilité pour le continent tant que ces institutions ne seront pas restructurées de manière à refléter les réalités locales, de même qu’à affronter les nouveaux défis que sont le dérèglement climatique, les catastrophes humanitaires et les pandémies.   La pandémie de COVID-19, au-delà de ses graves conséquences, offre cependant une opportunité unique d’insuffler un souffle nouveau au multilatéralisme et de donner à l’Afrique, une fois pour toute, les instruments politiques, sécuritaires, et économiques pour faire face aux défis contemporains auxquels elle est confrontée, a soutenu la délégation.  

Il s’agit  tout d’abord  de  lever les protections sur les brevets et autres propriétés intellectuelles pour les vaccins  de la  COVID-19,  d’assouplir les règles du commerce mondial, mais aussi et surtout de rendre plus disponibles les matières premières, la technologie et le savoir-faire afin d’augmenter la capacité de production locale du vaccin.   La délégation est ensuite revenue sur la stigmatisation culturelle des veuves, notamment au Niger, et appelé à s’assurer que les efforts  de développement et  de la réduction de la pauvreté les incluent pour empêcher l’expansion de l’inégalité qui rend les enfants  et orphelins des veuves plus susceptibles d’être recrutés par les extrémistes et, au mieux, génère la déperdition scolaire  qui augmente le nombre d’exclus.  

Au-delà  du vaccin, nous devons nous atteler à raviver les économies africaines, a exigé le Niger.  Bien que l’Afrique  ait  été épargnée quant au taux d’infection et de mortalité, son économie  n’en n’a  pas moins souffert, à  causes des restrictions  rendues nécessaires, annihilant  ainsi les progrès durement  réalisés  en matière de développement, sur tout le continent.   Il est donc impératif que les pays africains reçoivent un soutien financier conséquent, notamment auprès des institutions financières multilatérales et régionales ainsi que des agences de développement.   Ce soutien devrait se manifester  à  travers  un allègement substantiel  de la dette, mais aussi les droits de tirages spéciaux et autres instruments financiers  à  même de garantir les conditions propices à la relance de leurs économies, a préconisé le Niger en conclusion. 

Pour Saint-Vincent-et-les Grenadines, les défis complexes et conséquents du XXIe siècle exigent, plus que jamais, un multilatéralisme efficace et coordonné qui renforce l’appropriation nationale, améliore les vies et les moyens de subsistance, et assure la paix, la sécurité et le développement pour tous. 

Cette priorité est ressentie avec acuité sur tout le continent africain, où des solutions globales de développement et de réparation sont requises de toute urgence pour s’attaquer aux causes profondes de la fragilité et de l’insécurité, y compris celles qui trouvent leur origine dans les injustices historiques commises à l’encontre de « notre civilisation africaine globale ». 

Dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les risques sécuritaires se sont accentués, les contrats sociaux affaiblis, les liens de confiance de l’opinion publique desserrés et les divisions ethniques, intercommunautaires et politiques aggravées.  Les pays africains assument une part « disproportionnée » de ces fardeaux sociétaux, a poursuivi Saint-Vincent, citant le cas du Sahel, où 29 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire.  En République démocratique du Congo (RDC), près de 22 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë et des millions d’autres sont toujours déplacées sur le continent.  Le Soudan, le Sud-Soudan, la Somalie et la RDC comptent pour une part importante de la population déplacée au monde. 

Le coût humains des conflits, des changements climatiques, de la COVID-19 et d’autres défis contemporains, tels que le terrorisme, continuant de s’aggraver, le soutien et la solidarité de la communauté internationale envers les gouvernements et les populations touchées sont une condition préalable essentielle à un avenir meilleur.  Membre des A3+1 (Niger, Kenya et Tunisie), nous réaffirmons, a dit la représentante, notre ferme conviction que si l’on veut qu’elles durent, les solutions ne devraient jamais être imposées.  La voie la plus sûre vers la paix et la sécurité en Afrique passe par des solutions locales telles que définies par l’Union africaine, y compris dans l’« Agenda 2063: L’Afrique que nous voulons » et les initiatives « Faire taire les armes ».  Pour conclure, la représentante a soutenu une approche globale « de l’ensemble du système des Nations Unies » pour la prévention et le règlement des conflits en Afrique.  Il est essentiel que tous les fonds et programmes, tous les organes des Nations Unies, les institutions financières internationales (IFI) et les autres acteurs du système multilatéral travaillent en étroite collaboration avec l’Union africaine et ses États membres pour créer les conditions propices à la reprise économique, à la croissance et à la stabilité. 

La Fédération de Russie a souligné toute la pertinence du débat d’aujourd’hui en rappelant que le Conseil consacre 70% de ses débats aux crises africaines.  La délégation a rappelé que les pays africains étaient, plus que les autres, confrontés à des menaces telles que le terrorisme international, la criminalité organisée, le trafic illicite d’armes et de stupéfiants sans oublier l’exploitation des ressources naturelles.  S’agissant des débats sur les liens entre développement et sécurité, le Fédération de Russie a souhaité que « interdépendance théorique de divers processus » soit laissée à l’appréciation de la communauté universitaire et scientifique.  « Les entités des Nations Unies devraient plutôt concentrer leurs efforts sur la recherche de solutions pratiques aux problèmes existants relevant de leur mandat », a estimé la délégation russe.  Elle a également considéré que les causes profondes des conflits en Afrique sont les conséquences du passé colonial du continent alors que le colonialisme prend de nouvelles formes contemporaines.  Il a estimé que ces formes se traduisent par la mise en place de politiques commerciales injustes, un accès limité aux marchés, et une ingérence active dans les affaires des États.  « Si l’ingérence n’atteint pas l’objectif visé », alors « l’épée de Damoclès » des mesures coercitives unilatérales empêche une reprise économique rapide et une véritable indépendance, a dit la Russie.  Malgré ces difficultés, la Fédération de Russie a jugé encourageant que les pays africains, guidés par le principe des « solutions africaines aux problèmes africains », ouvrent une voie indépendante à un nouveau redressement.

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