En cours au Siège de l'ONU

SC/14499

Conseil de sécurité: le Chef de la Mission de l’ONU en Colombie appelle à mettre en œuvre l’Accord de paix et à remédier à la violence visant les anciens combattant

Cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial et Chef de la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie, M. Carlos Ruiz Massieu, a exhorté les parties colombiennes à continuer la mise en œuvre de l’Accord final de paix, qui a mis fin à cinquante ans de conflit en Colombie. M. Massieu s’est inquiété de la violence persistante qui vise les anciens combattants des FARC: « La protection de la vie est le but premier de tout processus de paix ».  La Ministre colombienne des relations extérieures, Mme Claudia Blum de Barberi, a réaffirmé à cette occasion l’attachement de la Colombie à la promotion de la paix. 

Le Représentant spécial a appelé les parties signataires de l’Accord à continuer de s’acquitter de leurs engagements et à en fournir des « preuves concrètes ».  Il a salué à cet égard la récente rencontre entre le Président Duque et M. Rodrigo Londoño du Parti des Communs, en ajoutant qu’une telle rencontre peut jeter les bases d’une coopération future.  « Des positions politiques divergentes ne doivent pas nuire à la réalisation de l’Accord final », a ajouté le haut fonctionnaire, en appelant au règlement des défis structurels, y compris ceux posés par la pandémie. 

M. Massieu s’est inquiété de la violence subie par les leaders sociaux, les défenseurs des droits humains, les populations autochtones et afro-colombiennes, ainsi que par les ex-combattants des FARC.  Deux cent soixante-six anciens combattants ont ainsi été tués depuis la signature de l’Accord, a-t-il déploré. Pour y remédier, il a demandé que le plan de sécurité stratégique soit déployé dans les 25 municipalités où se concentre la violence.  Le Représentant spécial a en revanche fait état d’avancées notables dans la réintégration des anciens combattants, notamment en ce qui concerne l’acquisition des terres par ces derniers. 

Le Représentant spécial a donné pour exemple la cession de terres à 50 anciens combattants par un Colombien, dont le père avait été enlevé par des groupes armés illégaux.  Environ la moitié des ex-combattants participent à des projets collectifs et individuels de réintégration, a-t-il poursuivi. Enfin, M. Massieu a souligné les progrès accomplis par le processus de justice transitionnelle mis en place par l’Accord final, soulignant le travail abattu par la Juridiction spéciale pour la paix, l’Unité de recherche des personnes portées disparues et la Commission vérité. 

Les délégations ont eu des appréciations diverses du processus de paix en Colombie.  Saint-Vincent-et-les Grenadines a ainsi pris acte des « développements positifs » dudit processus, en saluant la récente rencontre entre le Président Duque et le Chef du Parti des Communs, M. Londoño.  Elle a toutefois fermement condamné la « violence incessante » qui cible les groupes les plus vulnérables, y compris les anciens combattants des FARC.  « La récurrence des actes de violence montre combien sont profondes les causes du conflit », s’est alarmé la délégation. 

Condamnant également le « massacre » d’anciens combattants des FARC, les États-Unis ont exhorté le Gouvernement à poursuivre la feuille de route de mise en œuvre de l’Accord de paix et à mettre en place des garanties de sécurité pour les protéger.  La délégation américaine a néanmoins félicité la Colombie pour avoir suivi la voie de la paix malgré les défis posés par la pandémie de COVID-19 et l’instabilité au Venezuela voisin.  La France a en revanche estimé que la mise en œuvre de plusieurs dispositions de l’Accord final demeure insuffisante. 

La délégation française a ainsi réclamé le renforcement de la présence de l’État dans les zones les plus reculées, tandis que le Mexique a estimé que la prévention de la violence contre les défenseures des droits humains nécessite un financement adéquat.  Mais c’est bien la Fédération de Russie qui s’est montrée la plus critique, en déplorant notamment l’absence d’enquête sur les crimes commis contre les ex-combattants et la nette insuffisance des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord final.  « Le processus de paix en Colombie est fragile et loin d’être irréversible », a averti la Russie. 

La Ministre colombienne s’est attachée à dissiper ces inquiétudes.  « Le monde a vu les progrès de la Colombie depuis le début de ce siècle, en matière de sécurité, de renforcement institutionnel, dans le domaine socioéconomique », a déclaré la Ministre.  Elle a néanmoins convenu que la mise en œuvre de l’Accord de paix est ardue et ne sera pas suffisante pour parvenir à une « paix stable et durable » immédiate et absolue: « la sécurité demeure le plus grand défi qui se pose à son gouvernement. »

Mme Blum a ensuite détaillé les mesures adoptées visant à renforcer la sécurité des ex-combattants et à encourager l’ouverture d’enquêtes sur les crimes commis contre eux.  « En 2020, les homicides ont diminué de 10,8% par rapport à 2019, et en 2021, leur nombre a chuté de 51% par rapport à la même période l’an dernier », a insisté Mme Blum. Même si le processus de paix est complexe, le Gouvernement s’est engagé en faveur desa réalisation, a conclu la Cheffe de la diplomatie colombienne, en assurant qu’il avait élaboré un plan de 15 ans pour parvenir à de « réels changements irréversibles ».

M. CARLOS RUIZ MASSIEU, Représentant du Secrétaire général et Chef de la Mission de vérification en Colombie, a déclaré que les victimes sont au cœur de l’Accord final de paix en Colombie signé par l’État colombien et les Forces armées révolutionnaires colombiennes (FARC-EP).  Les parties signataires doivent continuer à s’acquitter de leurs engagements en faveur des victimes en garantissant la justice, la vérité et la réparation.  Il a appelé les acteurs colombiens à donner des preuves concrètes de leurs engagements, avant de saluer la récente rencontre entre le Président Duque et M. Rodrigo Londoño, du Parti des Communs.  Une telle rencontre peut jeter les bases d’une coopération à l’avenir, a déclaré le Représentant spécial, en ajoutant que des positions politiques divergentes ne doivent pas nuire à la réalisation de l’Accord final.  Cinq ans après la signature dudit Accord final, les parties doivent avancer dans le règlement des défis structurels, y compris ceux posés par la pandémie, a déclaré le Représentant spécial. 

« La protection de la vie est le but premier de tout processus de paix. »  Dans le cas de la Colombie, M. Ruiz Massieu a souligné l’importance de mener des actions efficaces pour y parvenir, en notant la violence subie par les leaders sociaux, les défenseurs des droits de l’homme et les ex-combattants.  Ce sont ainsi 266 anciens combattants qui ont été tués depuis la signature de l’Accord, a observé le haut fonctionnaire, qui a déclaré que les efforts de lutte contre l’impunité doivent s’accompagner des ressources nécessaires et demandé que le plan de sécurité stratégique soit déployé dans les 25 municipalités où se concentre la violence.  Il a espéré que la tendance à la violence s’inverserait.   

Selon l’Accord, une paix stable suppose la réintégration des anciens combattants, a poursuivi le Représentant spécial, en louant les avancées notables en la matière, s’agissant notamment de l’acquisition des terres par ces derniers.  Il a donné un exemple de réconciliation en mentionnant les terres données à Quibdo à 50 anciens combattants par M. Alvaro Zora, dont le père avait été enlevé par des groupes armés illégaux.  Le Représentant spécial a noté que deux autres projets collectifs ont été récemment approuvés par le Conseil national de réincorporation, portant leur nombre total à 90.  Environ 50% des ex-combattants participent à des projets collectifs et individuels de réintégration, a salué le Représentant spécial.  Il a souligné la nécessité que le Programme national intégral de substitution des cultures illicites donne lieu à des progrès. 

Le Représentant spécial a loué les efforts des autorités colombiennes contre la pandémie et pour le retour de la normalité.  M. Ruiz Massieu a ajouté que la mise en œuvre de l’Accord final ne pourra qu’aider le pays à aller dans cette direction.  La Mission est progressivement revenue à son fonctionnement normal, y compris à ses activités de terrain.  M. Ruiz Massieu a indiqué qu’il s’est rendu dans le département Valle del Cauca pour y rencontrer des responsables politiques, des dignitaires religieux et des anciens combattants.  Ils ont évoqué les souffrances endurées par des milliers de civils, en particulier d’origine afro-colombienne, en raison des affrontements, de l’économie illicite et des possibilités économiques limitées.  Dans ce contexte, et afin de promouvoir les efforts de relèvement, M. Ruiz Massieu a réitéré les appels du Secrétaire général et du Conseil pour une cessation immédiate des hostilités. 

Le Représentant spécial a en outre salué les progrès accomplis par les trois composantes du processus de justice transitionnelle créé par l’Accord final.  La Juridiction spéciale pour la paix enregistre des progrès s’agissant des crimes commis pendant cette période, tandis que l’Unité de recherche des personnes portées disparues poursuit son travail.  Enfin, la Commission Vérité a continué d’œuvrer à la réconciliation dans le pays, a conclu M. Ruiz Massieu. 

Le Royaume-Uni s’est félicité de la réunion facilitée le mois dernier par le Représentant spécial entre le Président Duque et Rodrigo Londoño.  « Alors que nous approchons du cinquième anniversaire de l’accord de paix », la délégation a jugé « positif » que les deux parties se soient engagées à améliorer sa mise en œuvre globale et à renforcer les garanties de sécurité pour les anciens combattants.  Elle s’est dite profondément préoccupée que les dirigeants sociaux, les défenseurs des droits de l’homme et les anciens combattants continuent d’être confrontés à des violences meurtrières de la part de groupes armés et d'organisations criminelles.  À cet égard, la délégation a noté les progrès accomplis par l’Unité de protection nationale pour pourvoir ses vacances de poste et éliminer l’arriéré de plus de 1 000 demandes de protection.  Le Royaume-Uni a ensuite exhorté le Gouvernement à améliorer la présence et la sécurité de l’État pour stabiliser les zones touchées par le conflit.  Il s’est dit extrêmement préoccupé par le recrutement continu de mineurs par des groupes armés illégaux en Colombie, appelant ces derniers à les remettre immédiatement en liberté.  

En ce qui concerne le processus de réintégration, la délégation britannique a salué la première session du Conseil national de réintégration, et les progrès réalisés dans les achats de terres.  Estimant que le système de justice transitionnelle est une pierre angulaire de l’accord de paix, le Royaume-Uni s’est félicité du premier acte d’accusation émis par la Juridiction spéciale pour la paix contre six anciens membres des FARC-EP pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.  « Reconnaître la responsabilité des crimes et des injustices ouvrira la voie à la réconciliation et à une paix durable », a estimé la délégation, avant d’appuyer la possibilité de voir la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie aider cette juridiction à vérifier le respect des peines. 

La Chine a demandé à toutes les parties en Colombie d’améliorer la situation sécuritaire, en particulier dans les zones à haut risque, où il est devenu nécessaire de mieux lutter contre le trafic de drogue et de protéger les anciens combattants.  Elle a encouragé le Gouvernement à continuer la réforme rurale et à réduire les écarts de développement entre les zones rurales et urbaines.  La délégation a salué la rencontre entre le Gouvernement et le Parti des Communs, qui doivent maintenant tirer parti des mécanismes existants pour appliquer l’Accord de paix.  S’agissant de l’élargissement du mandat de la Mission, la Chine s’y est dite favorable, sur la base des ajustements suggérés par le Secrétariat.  Enfin, la délégation a salué les efforts du Gouvernement dans la lutte contre la pandémie de COVID-19.  

Saint-Vincent-et-les Grenadines, au nom du Kenya, du Niger et de la Tunisie (A3+1), a noté les développements positifs dans le processus de paix en Colombie, en saluant la récente rencontre entre le Président Iván Duque et le Chef du Parti des Communs, M. Rodrigo Londoño: « Cela atteste de la détermination des signataires et démontre qu’ils sont unis dans l’exécution de leurs obligations. »  La mission a noté la proposition d’un plan stratégique de protection et salué l’approbation des lignes directrices politiques en ce qui concerne le démantèlement des groupes armés illégaux.  Elle a plaidé pour une approche intégrée visant à remédier aux défis sécuritaires qui subsistent en particulier dans les zones de conflit et marginalisées telles que Cauca, Nariño, Antioquia, Caquetá, Norte de Santander et Catatumbo.  Nous exhortons les autorités à renforcer la présence de l’État en déployant des forces de sécurité dans ces zones, a déclaré la délégation.  Elle a fermement condamné la violence incessante qui cible les groupes les plus vulnérables, notamment les anciens combattants des FARC-EP, les jeunes, les populations autochtones et afro-colombiennes, ainsi que les défenseurs des droits de l’homme: « La récurrence des actes de violence montre combien les causes du conflit sont profondément enracinées. » 

Saint-Vincent-et-les Grenadines a rappelé que la réintégration des anciens combattants exige un accès à un logement, à des services de base, au foncier et à des activités économiques.  Elle a noté les développements en ce qui concerne l’accès à la terre des anciens combattants.  Enfin, elle a noté l’importance du processus de justice transitionnelle et apporté son soutien aux efforts de l’Unité de recherche des personnes portées disparues, de la Commission Vérité et de la Juridiction spéciale pour la paix. 

Le Mexique s’est félicité de la récente rencontre entre le Président colombien Iván Duque et le Président du parti des Communs, Rodrigo Londoño, facilitée par le Représentant spécial du Secrétaire général, ainsi que de l’engagement à œuvrer ensemble à une feuille de route pour poursuivre la mise en œuvre de l’Accord de paix et la protection des ex-combattants.  La délégation a ensuite salué les progrès accomplis dans les affaires examinées par la Juridiction spéciale pour la paix, qui est au cœur de la justice transitionnelle, car elle place les victimes au premier plan, pour garantir leurs droits, offrir des réparations et garantir la non-répétition.  Le Mexique a également salué la demande du Gouvernement colombien et du parti des Communs pour que la Mission de vérification des Nations Unies accompagne ce processus en vérifiant les peines. 

La délégation s’est inquiétée des seuils de violence qui persistent dans certaines régions du pays et de leurs implications pour les femmes, principalement les Afro-Colombiennes, les femmes autochtones et leurs communautés, qui ont été touchées de manière disproportionnée.  La délégation a estimé que la prévention de la violence contre les défenseures des droits humains nécessite un financement adéquat de la part des autorités compétentes.  « L’insécurité et l'insuffisance des ressources doivent être combattues afin de permettre aux femmes afro-descendantes et autochtones, souvent des victimes, d’accéder au système de justice transitionnelle », a plaidé le Mexique.  Notant que le Comité international de la Croix-Rouge a enregistré 389 victimes de restes explosifs en 2020, le nombre le plus élevé des quatre dernières années, la délégation a plaidé en faveur de la mise en place d'un cadre plus rigoureux de gestion des armes légères et de petit calibre afin de prévenir leur trafic. 

L’Inde a noté les progrès réalisés au cours des trois derniers mois vers la mise en œuvre de l’Accord final.  Les parties signataires sont restées fidèles à l’Accord.  Le Président de la Colombie et le Président du Parti des Communs ont convenu de travailler conjointement à la mise en œuvre de la feuille de route en renforçant la réintégration et les garanties de sécurité pour les anciens combattants.  Le Gouvernement a également tenu la première des sept sessions territoriales du Conseil national de réintégration, comme convenu avec les FARC.  L’année 2021 est cruciale, a estimé l’Inde.  La mise en œuvre des cinq priorités proposées par le Secrétaire général pour renforcer la mise en œuvre de l’Accord en 2021 sera importante, a dit l’Inde qui a indiqué que la présence intégrée et renforcée des autorités de l’État dans tout le pays est essentielle à une paix durable.  En outre, la mise en œuvre rapide des réformes rurales, la réintégration des ex-combattants, y compris les non-FARC, la fourniture de terres et la mise en œuvre efficace du Programme national intégral de substitution des cultures illicites sont essentielles pour réduire la violence, a préconisé la délégation.  Il est important de veiller à ce que la grande majorité des anciens combattants participent à des activités génératrices de revenus, a-t-elle ajouté. 

Le renforcement de la protection et de la sécurité des anciens combattants est un élément important du processus de paix.  Un dialogue régulier entre les anciens combattants et les forces de sécurité publique, y compris dans le cadre du Mécanisme tripartite de sécurité et de protection, pourrait contribuer à apporter des réponses opportunes et plus efficaces au problème, a suggéré l’Inde.  Selon elle, le renforcement des capacités judiciaires, en particulier dans les régions les plus touchées par la violence, est également de la plus haute importance.  Enfin, soutenant l’élargissement du mandat de la Mission, l’Inde a mis en avant la relation spéciale entre l’Inde et la Colombie établie depuis 60 ans. 

La Fédération de Russie a noté l’insuffisance des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord final.  Cela est d’autant plus préoccupant qu’un nouveau cycle électoral s’ouvre en Colombie, a poursuivi la mission.  Elle a salué la rencontre entre le Président colombien et le Chef du Parti des Communs.  La mission a appelé les parties colombiennes à poursuivre leurs efforts dans le respect de l’esprit et de la lettre de l’Accord final, en mettant en garde contre toute mesure unilatérale.  Insistant encore sur l’insuffisance des progrès, la Fédération de Russie a appelé Bogota à rectifier cette situation et à s’acquitter de ses engagements.  Elle a souligné l’importance vitale que revêt la question de la sécurité de la population civile.  La délégation a déploré l’absence d’enquête sur les crimes commis contre les ex-combattants et rappelé que 13 500 personnes ont été déplacées depuis janvier en Colombie.  Elle a également déploré la lenteur des progrès s’agissant de la répartition des terres et du programme de substitution des cultures illicites.  La mission s’est étonnée que le rapport du Secrétaire général parle des difficultés de la communauté LGBT en ne voyant pas le lien avec l’application de l’Accord final.  Le processus de paix en Colombie est fragile et loin d’être irréversible, a conclu la mission, en appelant à des efforts renforcés de mise en œuvre d’un Accord final « historique ». 

L’Estonie a salué des avancées du système de justice transitionnelle qui assure la vérité, la justice et la réconciliation pour les victimes.  Elle a noté que le premier acte d’accusation par la Juridiction spéciale pour la paix contre huit anciens membres des FARC-EP pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité est un pas en avant important qui ouvre la voie à la fin de l’impunité.  L’Estonie s’est félicitée aussi de l’engagement continu des deux parties –le Gouvernement et les FARC– dans la mise en œuvre de l’accord de paix.  « La rencontre constructive qui s’est tenue entre le Président Duque et le Président de la Force alternative révolutionnaire (Partido Comunes), Rodrigo Londoño, le 10 mars en est un signe remarquable », a estimé la délégation. 

Néanmoins, l’Estonie s’est inquiétée de la persistance de graves violences qui menacent le succès de la mise en œuvre de l’Accord de paix.  « Au premier trimestre 2021, la situation sécuritaire s’est considérablement détériorée dans plusieurs régions clefs du pays, y compris la région du Pacifique », a noté l’Estonie, avant de dénoncer les meurtres d’anciens combattants, de dirigeants sociaux et autochtones et de défenseurs des droits humains qui se sont poursuivis.  Après avoir appelé à réduire de toute urgence le nombre alarmant de meurtres en rétablissant la confiance et l’autorité de l’État, l’Estonie a condamné toutes les violences sexuelles et sexistes et souligné l’importance de l’accès à des services complets par tous les survivants, sans discrimination. 

L’Irlande s’est dite préoccupée par la violence en cours dans certaines régions du pays.  Elle a exhorté le Gouvernement colombien à travailler dans les principales municipalités touchées afin d’établir sa présence et d’inspirer la confiance aux communautés locales.  Les rapports faisant état de recrutements de mineurs par des organisations illégales et d’enfants tués dans des échanges de tirs sont également très préoccupants, a ajouté la délégation.  Il est essentiel d’établir les responsabilités dans les violences pour établir la confiance et maintenir la paix.  L’Irlande a estimé qu’il reste encore du travail à faire pour assurer la pleine mise en œuvre des dispositions relatives au genre et à l’origine ethnique dans tous les chapitres de l’Accord de paix. 

La délégation, qui a souligné le rôle crucial du dialogue dans le renforcement de la confiance, a encouragé le Gouvernement et le Parti des Communs à continuer de travailler ensemble sur la mise en œuvre de la feuille de route.  Avant de terminer, l’Irlande a déclaré que l’année 2021 serait une année décisive tant pour le système de justice transitionnelle de Colombie que pour la Commission vérité, coexistence et non-répétition.  Il est crucial que les anciens combattants, les membres des forces de sécurité publique et des parties tiers au conflit fournissent des comptes rendus exhaustifs et véridiques des crimes commis, et qu’ils reconnaissent leurs responsabilités et contribuent aux réparations.  Tous ceux qui s’engagent avec le système doivent être protégés, a plaidé l’Irlande, favorable à l’élargissement du mandat de la Mission. 

Les États-Unis ont félicité la Colombie pour avoir suivi la voie de la paix malgré les défis posés par la pandémie du COVID-19 et l’instabilité au Venezuela voisin.  Cette année sera décisive pour la Juridiction spéciale de paix, a souligné la délégation, ajoutant que les anciens combattants, les membres des forces de sécurité et les tiers doivent rendre des comptes pour les crimes commis et reconnaître leur rôle dans de tels actes.  La délégation américaine s’est dite préoccupée par la violence continue des groupes armés non étatiques contre les populations vulnérables.  Devant la poursuite du massacre d’anciens combattants des FARC, elle a exhorté le Gouvernement à poursuivre la feuille de route de mise en œuvre de l’Accord de paix et à mettre en place des garanties de sécurité pour protéger les ex-combattants et garantir qu’ils puissent purger les peines imposées par la Juridiction spéciale pour la paix.  Les États-Unis ont exhorté le Gouvernement à continuer d’étendre sa présence policière et judiciaire dans les zones rurales, l’encourageant à accélérer les dispositions de réforme rurale de l’Accord de paix.  La délégation américaine a aussi invité le Gouvernement à adopter une approche holistique des efforts de sécurité, de développement et de lutte contre les stupéfiants, y compris un programme solide de substitution des cultures basé sur l’infrastructure communautaire au lieu de paiements en espèces.  La délégation a en conclusion considéré que les progrès observés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix reflétaient la volonté du peuple colombien de mettre plus d’un demi-siècle de conflit derrière lui. 

La France a estimé que la mise en œuvre de plusieurs dispositions de l’Accord de paix final en Colombie demeure insuffisante plus de quatre ans après sa signature, comme l’illustrent à ses yeux quatre aspects précis.  « Premièrement, nous regrettons la poursuite des violences en Colombie », a dit la France en appelant à y mettre un terme et à faire traduire les responsables en justice.  À cet égard, la présence de l’État dans les zones les plus reculées doit être renforcée et le démantèlement des groupes armés finalisé.  Deuxièmement, la France a appelé à poursuivre les efforts de réintégration des anciens combattants en mettant l’accent sur ceux qui résident en dehors des anciennes zones territoriales de formation et de réintégration.  Troisièmement, la délégation a dit l’importance de mettre en œuvre la réforme rurale intégrale en poursuivant les achats de terre parce que « gagner la paix, c’est aussi fournir des opportunités socioéconomiques viables et justes ». Dans ce contexte, la France a appelé à en finir avec l’emprise du narcotrafic grâce à la consolidation du Programme national intégral de substitution des cultures illicites.  S’agissant du quatrième point, la France a salué les progrès constants du système global pour la vérité, la justice, les réparations et la non-répétition en notant que la Juridiction spéciale pour la paix avait publié son premier acte d’accusation dans l’affaire numéro 1.  Enfin, la délégation a souhaité que le Conseil soit en mesure d’adopter rapidement la résolution qui étendra le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies sur la base des recommandations du Secrétaire général. 

La Norvège a exhorté les parties colombiennes à mieux utiliser les espaces formels et informels établis par l’Accord et à tenir des réunions du Système national de réintégration.  La délégation a regretté que 265 ex-combattants signataires de l’Accord de paix aient été tués depuis l’entrée en vigueur de l’Accord et 24 défenseurs des droits humains et dirigeants sociaux assassinés en trois mois.  Dans certaines régions du pays, les communautés souffrent de déplacements forcés, de déploiement de mines antipersonnel et d’un recrutement accru d’enfants par des groupes armés.  Pour la Norvège, la présence de l’État dans toutes les régions du pays et la mise en œuvre de l’Accord sont essentielles pour surmonter les conditions qui favorisent la violence. 

La délégation a souligné l’urgence de mettre en œuvre le Système général de sécurité pour l’exercice de la politique, y compris le décret 660 sur la protection de la communauté, et d’apporter un soutien à la Cellule spéciale d’enquête du Bureau de la Procureure générale.  La violence sexiste continue également d’entraver la réintégration des ex-combattantes et perturbe le travail des dirigeantes et des défenseurs des droits humains, a dénoncé la Norvège.  Pour garantir leur sécurité et leur participation, il est crucial que les dispositions de l’Accord relatives à l’égalité entre les sexes soient pleinement mises en œuvre, ainsi que le Programme complet de garanties pour les femmes leaders et les défenseuses des droits humains.  La Norvège a demandé que soient prises au sérieux les informations selon lesquelles les victimes ne pensent pas pouvoir contribuer au Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition sans risquer leur vie.  Cela est préoccupant et peut compromettre l’accès des victimes à la vérité et à la réparation. 

Le Viet Nam a déclaré que la paix est fragile et que la réintégration est confrontée à de nombreux défis.  Le Viet Nam a salué la rencontre constructive entre le Président Duque et M. Londoño, avant de souligner l’engagement du Gouvernement en faveur du processus de réintégration.  La délégation a appelé toutes les parties à poursuivre le dialogue aux niveaux politique et technique.  Le Viet Nam a exhorté l’ONU et la communauté internationale à soutenir la préparation des élections de 2022 en respectant la souveraineté et l’indépendance territoriale de la Colombie.  Notant que le rapport du Secrétaire général donnait des informations inquiétantes sur la violence incessante avec les groupes armés illégaux, les organisations criminelles et leurs réseaux de soutien profitant des conflits économiques illicites, le Viet Nam a exhorté tous les groupes concernés à mettre immédiatement fin à ces actes effroyables.  « La Commission nationale des garanties de sécurité doit prendre des mesures concrètes pour démanteler les organisations et renforcer l’enquête et l’application de la justice, en redoublant d’efforts pour assurer la sécurité et favoriser le développement des communautés touchées par le conflit », a insisté la délégation.  Citant les efforts de réintégration du gouvernement dans les domaines socioéconomique et politique, en particulier dans le contexte de la pandémie de COVID-19, le Viet Nam a ajouté qu’il s’agissait d’un processus à long terme nécessitant de la patience, une volonté politique et des mesures pratiques. 

Paraphrasant le Président de Colombie, M. Iván Duque, Mme CLAUDIA BLUM DE BARBERI, Ministre des affaires étrangères de Colombie, a dit que la paix découle de la décision d’une société de construire un avenir digne fondé sur la vérité, la solidarité, l’attachement à la légalité et le rejet de toutes les formes de violence.  Les Colombiens et le monde en général n’ont pas oublié les violences des années 1980 et 1990, a-t-elle souligné.  Mais le monde a vu les progrès de la Colombie depuis le début de ce siècle, en matière de sécurité, de renforcement institutionnel, dans le domaine socioéconomique, a ajouté la Ministre. 

Elle a indiqué que la mise en œuvre de l’Accord de paix de 2016 est ardue.  La criminalité a été réduite, l’état de droit est garanti, les droits humains et l’intégrité physique des personnes de plus en plus protégés.  Mme Blum a déclaré que l’Accord de 2016 a été signé sachant que les anciens guérilleros des FARC n’étaient pas le seul moteur de violence dans le pays.  Sa mise en œuvre ne serait pas suffisante pour parvenir à une « paix stable et durable » immédiate et absolue. Depuis la seconde moitié du siècle dernier, a continué la Ministre, il existe dans certaines régions du pays des groupes qui posent des défis à la stabilisation et la consolidation de la paix dans le pays.  Ces groupes qui se livrent à la criminalité transnationale organisée sont les ennemis de tous les Colombiens et nourrissent la violence dans le pays, a-t-elle accusé.  Les agissements des groupes dissidents des FARC doivent être considérés comme une violation de l’Accord de paix, a indiqué Mme Blum, car ils sont responsables de 80% des meurtres d’ex-combattants. 

Pour elle, la sécurité demeure le plus grand défi qui se pose au Gouvernement, qui a adopté en 2020 des mesures visant à renforcer la sécurité des ex-combattants et à encourager les enquêtes sur les crimes commis contre eux.  En 2020, les homicides ont diminué de 10,8% par rapport à 2019.  En 2021, le total des assassinats a chuté de 51% par rapport à la même période l’an dernier, a informé Mme Blum.  Sur le plan économique, 100% des projets individuels d’ex-combattants ont été approuvés par le Gouvernement.  Ils ont accès aux services de base et à la sécurité sociale.  Le Gouvernement a reversé 90% du salaire minimum aux ex-combattants, pour un montant total de 67,7 millions de dollars en 2019.  Cette mesure a été prolongée de 10 ans, a-t-elle ajouté.  Le Gouvernement a aussi pris des mesures concernant l’octroi de terres pour la réintégration des 2 974 ex-combattants, a précisé Mme Blum, qui a indiqué que cette disposition ne figurait pas dans l’Accord, a précisé la Ministre. 

Elle a indiqué que les priorités du Président Duque condensées dans le Plan national de développement intitulé « la paix par le droit » visent la réintégration effective des ex-combattants, les réparations dues aux plus de neuf millions de victimes de violence, l’attention portée aux quelque 100 000 familles qui ont suivi des programmes de substitution des cultures illicites, la mise en œuvre de programmes de développement à l’approche territoriale et la réforme du monde rural.  S’agissant de la coopération avec la Mission de vérification de l’ONU, le Gouvernement lui transmet une information complète et à jour sur les deux éléments de son mandat et les résultats de la mise en œuvre complète de l’Accord, a assuré la Ministre.  Il garantit aussi l’indépendance du Système intégré pour la vérité, la justice, la réparation et la non-répétition.  La Cheffe de la diplomatie colombienne a ajouté que la mise en œuvre des principes de la résolution 1325 (2000) du Conseil est également une priorité pour son pays, les femmes étant des actrices clefs de paix.  Même si le processus de paix est complexe, le Gouvernement s’est engagé à sa réalisation, a réaffirmé Mme Blum, en assurant qu’il avait élaboré un plan de 15 ans pour parvenir à de réels changements irréversibles. 

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