SC/14475

Libye: satisfaction au Conseil de sécurité après l’investiture du Gouvernement d’entente nationale dans un pays qui sait désormais « où il veut aller »

Pour sa première intervention devant le Conseil de sécurité, le nouvel Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Libye, M. Jàn Kubiš, a salué les progrès considérables accomplis en Libye avec l’investiture du nouveau Gouvernement d’entente nationale de transition, chargé de gouverner le pays jusqu’aux élections nationales du 24 décembre 2021.  « Les divisions longtemps jugées indépassables ont été surmontées », a-t-il dit, avant que les membres du Conseil ne saluent ce « moment charnière » dans un pays « qui sait désormais où il veut aller », selon l’expression du Niger.  Ils n’ont pas pour autant oublié de soulever la question des forces étrangères dans le pays.

L’Envoyé spécial, qui est aussi le Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a qualifié de « jalon historique après de années de paralysie », le fait que la Chambre des représentants ait approuvé, le 10 mars dernier, le nouveau Gouvernement d’entente nationale, dirigé par le Premier Ministre Abdelhamid Al Dabaida.  Cette volonté politique émergente est avant tout la résultante du dialogue libyen et de la volonté de mettre fin aux divisions, a déclaré M. Kubiš.  « Cet élan doit être préservé. »

La Mission, a-t-il assuré, est prête à appuyer les priorités du Premier Ministre, parmi lesquelles la réunification du pays, la pleine mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu et la bonne tenue des élections de décembre prochain.  M. Kubiš a insisté sur la responsabilité du Gouvernement dans l’instauration d’un environnement politique et sécuritaire propice à la tenue de ces élections.  

L’Envoyé spécial a précisé qu’une équipe préparatoire de l’ONU s’est rendue le 3 mars en Libye pour évaluer un possible soutien à un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu.  L’équipe finalise son évaluation, mais certaines conditions devront être remplies, a dit M. Kubiš, parmi lesquelles l’apport de ressources supplémentaires, tant humaines que financières.  Enfin, l’Envoyé spécial n’a pas fait mystère des obstacles qui continueront de se dresser sur la route des élections de décembre, avant de se féliciter du retour de la MANUL dans le pays.

Les délégations ont été unanimes à saluer ces avancées, à l’instar de la Chine ou de la Norvège qui a jugé ces progrès « encourageants ».  Ce n’est qu’une première étape, a tempéré la Norvège, tandis que les États-Unis ont appelé à ne « pas nous reposer sur nos lauriers. »  « La situation en Libye après des années de piétinement est entrée dans une nouvelle ère », s’est réjoui le Niger, pour qui la Libye sait qu’elle doit organiser des élections « libres et crédibles ».  Le Niger a, en revanche, exprimé sa « crainte » que les mercenaires et combattants étrangers ne se disséminent à travers les frontières poreuses des pays limitrophes de la Libye.

« Les acteurs étrangers doivent cesser leurs activités militaires, respecter le cessez-le-feu et se retirer de la Libye », ont martelé les États-Unis, rappelant que cette demande avait été faite lors de l’adoption de l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020.  Pour cette délégation, il ne saurait y avoir d’exception à la règle, la présence de forces étrangères ne devant pas servir d’excuse à la présence d’une autre force étrangère.  Alors que les Libyens avaient fixé un délai de 90 jours pour un tel retrait, la France a fait observer que « nous sommes aujourd’hui plus de 150 jours après cette requête ».

Le retrait du groupe russe Wagner, a été spécifiquement demandé par le Royaume-Uni qui a dénoncé les violations flagrantes de l’embargo sur les armes commises par « un membre permanent de ce Conseil ».  « Il n’y a pas de militaires russes en Libye », a rétorqué la Fédération de Russie et si des Russes s’y trouvent, « ils ne représentent en aucun cas notre Gouvernement ».  Elle a plutôt rappelé aux « pays occidentaux » que ce mois de mars marque le dixième anniversaire de la crise libyenne et de la décision de l’OTAN de bombarder la Libye, provoquant la faillite de l’État, la guerre civile, l’apparition des groupes terroristes, la déstabilisation du Mali et du Sahel et les mouvements migratoires.  Pour prétendument résoudre ce conflit, certains États ont choisi d’envoyer armes et mercenaires en Libye, a encore accusé la Fédération de Russie. 

La majorité des délégations s’est prononcée en faveur d’un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu sous les auspices de la MANUL, à l’instar de la Tunisie, dont le Président s’est récemment rendu en Libye, pour la première visite d’un chef d’État étranger depuis des années.  Le Niger a souhaité que la MANUL soit dotée d’un mandat et de moyens adéquats pour garantir le déploiement d’observateurs sur toute l’étendue du territoire libyen.  Les détails doivent encore être affinés, a déclaré la Chine, tandis que l’Estonie a souhaité que ce mécanisme soit « réaliste et efficace. »  « Tous ceux qui cherchent à gâcher les progrès actuels doivent être frappés de sanctions », a exigé la Libye qui s’est félicitée de ce que le ton des délégations ait changé aujourd’hui, avec le transfert pacifique du pouvoir politique chez elle. 

M. JÁN KUBIŠ a rappelé, pour sa première intervention devant le Conseil de sécurité en tant qu’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Libye, que le Forum de dialogue politique libyen (LPDF) a, le 5 février, choisi la nouvelle autorité exécutive intérimaire pour gouverner la Libye jusqu’aux élections nationales du 24 décembre 2021.  La 10 mars, la Chambre des représentants a approuvé le nouveau Gouvernement d’entente nationale proposé par le Premier Ministre Abdelhamid Al-Dabaiba.  Plus de 130 représentants se sont réunis à Syrte pour une session de la Chambre, ce qui est en soi un jalon historique après des années de divisions et de paralysie, a déclaré M. Kubiš.  Il a ajouté que le nouveau Gouvernement représente les composantes de la société, même si la proportion de femmes n’est que de 15%.  Le Premier Ministre s’est engagé à nommer plus de femmes afin d’arriver à la cible de 30% conformément à la Feuille de route du Forum.

L’Envoyé spécial a indiqué que cette volonté politique émergente après des années de conflit est avant tout la résultante du dialogue libyen et de la volonté de mettre fin aux divisions et de voir le pays recouvrer sa souveraineté.  Il a aussi mentionné la visite en Libye du Président tunisien le 17 mars, soit la première d’un Chef d’État étranger depuis de longues années.  « Cet élan doit être préservé. »  Il a exhorté les dirigeants libyens à honorer leurs engagements en vertu de la Feuille de route du Forum politique, ajoutant qu’ils continueront d’avoir besoin de la communauté internationale.  La Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) se tient prête à appuyer les priorités du Premier Ministre, parmi lesquelles la réunification du pays, la promotion d’une pleine mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu, la réforme du secteur de la sécurité, la riposte à la pandémie, la réconciliation nationale, l’autonomisation des femmes et la bonne tenue des élections de décembre prochain.

M. Kubiš a mentionné le large soutien qui existe dans le pays pour la tenue de ces élections, laquelle doit être la priorité des institutions du pays.  Il a souligné la nécessité de disposer d’un cadre constitutionnel « clair ».  Le Comité constitutionnel mis en place par la Chambre des représentants et le Haut Conseil d’État est parvenu à un accord, le 12 février, sur les élections.  Cet accord prévoit un référendum sur la proposition constitutionnelle adoptée en 2017.  Si un référendum sur le projet de constitution permanente n’est pas possible, les élections législatives et présidentielle se tiendront sur la base d’un amendement à la déclaration constitutionnelle, émanant du rapport du Comité dit de février de 2014. 

Selon ce dernier projet, l’élection à la Chambre des représentants et l’élection du Chef d’État se feraient au scrutin universel, libre et direct, et à la majorité absolue, le même jour, selon une loi électorale agréée par la Chambre des représentants et le Haut Conseil d’État.  Cet accord a été adopté par le Haut Conseil d’État mais pas par la Chambre, ce qui est urgemment requis, a insisté l’Envoyé spécial, en appelant à l’élaboration de la loi électorale sans délai.

M. Kubiš a insisté sur la responsabilité particulière du Gouvernement d’entente nationale dans l’instauration d’un environnement politique et sécuritaire propice à la tenue de ces élections.  Il a salué les efforts pour la tenue des élections municipales, six nouveaux conseils municipaux ayant commencé à siéger dans l’ouest du pays, y compris à Tripoli.  La tenue de la session de la Chambre des représentants à Syrte a été l’élément catalyseur d’un repositionnement des combattants étrangers et des mercenaires dans et autour de Syrte, permettant la réouverture de l’aéroport d’Al Ghardabiya pour l’arrivée des parlementaires. Notant que ces combattants et mercenaires sont encore présents, l’Envoyé spécial a rappelé que les Libyens de toute obédience, ainsi que les autorités du pays, demandent avec force leur départ.  La réouverture de la route côtière est cruciale pour une mise en œuvre graduelle de l’accord de cessez-le-feu et le 15 mars la Commission militaire mixte 5+5 s’est mise d’accord pour rouvrir cette route dans les deux semaines.

M. Kubiš a indiqué qu’une équipe préparatoire de l’ONU s’est rendue le 3 mars en Libye pour évaluer un possible soutien à un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu dirigé par la Libye.  L’équipe est en train de finaliser son évaluation, mais certaines conditions devront être remplies, a dit M. Kubiš.  Il a notamment mentionné une appropriation nationale de la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020, la préservation de l’élan enregistré sur le plan sécuritaire conjugué à des progrès sur les plans politique, économique et humanitaire, ainsi que l’apport de ressources supplémentaires tant humaines que financières pour appuyer le déploiement des inspecteurs de l’ONU.

Il a indiqué que Daech et les autres éléments terroristes continuent d’opérer dans le pays et a exhorté les autorités à remédier à cette situation.  Si le cessez-le-feu s’est traduit par une large réduction des pertes civiles, la MANUL continue de constater des assassinats, des disparitions forcées et des actes de violence sexuelle, tandis que la liberté d’expression est sapée.  Différents groupes armés continuent d’opérer en toute impunité, a-t-il alerté, en soulignant la nécessité d’un retour sûr des déplacés.  L’Envoyé spécial a mentionné la découverte d’une fosse commune à Tarhuna au début de l’année et la recrudescence des tensions qui en a découlé.  Le Conseil de l’Union européenne a, le 22 mars, imposé des sanctions contre la milice Kaniyat, a rappelé l’Envoyé spécial avant d’indiquer que 8 850 personnes sont arbitrairement détenues dans les prisons du Gouvernement et 10 000 autres dans des centres contrôlés par les milices et les groupes armés.

S’agissant de la pandémie de la COVID-19, il a indiqué que 150 300 cas d’infection et 2  487 décès ont été recensés, ajoutant que le plan de vaccination national vient d’être élaboré avec l’appui de l’ONU.  Alors que 5% seulement du Plan de réponse humanitaire de 189 millions de dollars est financé, l’Envoyé spécial a appelé les États membres à y remédier pour que près de 450 000 personnes vulnérables puissent recevoir une aide.  Il a aussi exprimé sa préoccupation face aux violations graves des droits des migrants et des réfugiés en Libye, 3 858 étant détenus sans accès humanitaire.  Entre le 20 et le 28 février, 56 personnes auraient trouvé la mort en voulant traverser la Méditerranée.

« Depuis ma prise de fonctions mi-février, la série d’avancées de la part des parties libyennes montre que les divisions, perçues autrefois comme insurmontables, peuvent effectivement être surmontées grâce à une forte volonté politique et la prise en compte des revendications et aspirations des Libyens. »  L’Envoyé spécial a néanmoins mis en garde contre les obstacles qui continueront de se dresser sur la route des élections de décembre.  Enfin, il s’est félicité du retour de la MANUL dans le pays, la présence de l’ONU ayant doublé ces deux derniers mois.

Le Royaume-Uni s’est félicité de l'approbation du nouveau Gouvernement d’entente nationale de transition et du Conseil de la présidence par la Chambre des représentants.  Le Royaume-Uni a salué la nomination de cinq femmes ministres, dont la première femme ministre des affaires étrangères, avant d’exhorter le nouveau Gouvernement à faciliter la participation des femmes au processus politique, y compris aux élections de cette année.  Mettant l’accent sur les priorités du nouveau Gouvernement énoncées dans la feuille de route du dialogue politique libyen, le Royaume-Uni a cité l’organisation des élections présidentielle et parlementaires libres et équitables en décembre 2021, la réponse aux besoins fondamentaux du peuple libyen, l’entame d’un processus de réconciliation nationale, et la pleine application de l'accord de cessez-le-feu du 23 octobre. 

Parmi les mesures positives, le Royaume-Uni a salué l’annonce récente par le Comité militaire mixte de l’ouverture de la route côtière.  Le Royaume-Uni a appelé au retrait complet et irréversible des forces étrangères et des mercenaires de Libye, dont ceux du groupe russe Wagner et les mercenaires syriens combattant des deux côtés.  Pour les étapes à venir, le Royaume-Uni a salué la contribution de l'équipe des Nations Unies chargée de surveiller le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu.  « Nous attendons avec intérêt les discussions du Conseil sur les recommandations contenues dans le rapport de cette équipe et espérons entamer prochainement des discussions sur la modification du mandat de la MANUL en conséquence », a dit le Royaume-Uni avant de saluer le travail du Groupe d’experts des Nations Unies qui fournit des preuves flagrantes des violations de l’embargo sur les armes, « y compris par un membre permanent de ce Conseil ». 

Le Viet Nam s’est dit encouragé par les progrès importants sur les fronts politique et sécuritaire depuis le début de l’année.  Il a soutenu le processus politique inclusif dirigé et contrôlé par les Libyens.  Il est important, a-t-il estimé, de maintenir l’élan positif actuel et a appelé le Gouvernement libyen à faciliter la période de transition et les préparatifs électoraux, conformément à la feuille de route agrée.  Il a demandé aux parties libyennes de continuer de faire preuve de compréhension et de confiance mutuelles.  Les parties, a-t-il insisté, doivent respecter et mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu et l’embargo sur les armes afin de maintenir un environnement sûr, apaisé et propice à la période de transition.  Saluant l’appui de la MANUL au mécanisme de surveillance du cessez-le-feu dirigé et contrôlé par les Libyens, le Viet Nam a jugé que les défis économiques et humanitaires méritent l’attention et nécessitent des efforts particuliers, étant donné que plus d’un million de personnes ont besoin d’une aide humanitaire à cause du conflit et de la pandémie de COVID-19.  Il a appelé les partenaires internationaux à offrir un appui technique et financier à la Libye et aux pays de la région.

L’Irlande a estimé que le nouveau Gouvernement libyen doit accorder une attention particulière à la préparation d’élections présidentielle et législatives libres et crédibles.  Avec ses partenaires de l’Union européenne, elle s’est dit prête à aider la Libye autant que possible.  Elle a conseillé au Gouvernement d’améliorer les services de base, comme la santé et l’électricité, pour montrer au peuple libyen qu’il bénéficiera directement du changement politique.  Saluant la nomination de femmes à des postes ministériels, l’Irlande a rappelé  la cible de 30% de femmes au Forum de dialogue politique interlibyen.  Elle a exhorté le Gouvernement à restructurer et à relancer l’instance d'appui aux femmes et de promotion de leur autonomisation et l’a encouragé à créer un environnement sûr pour que la société civile puisse travailler librement et efficacement.  

Il faut, a poursuivi l’Irlande, des mesures de confiance, dont la réouverture de la route côtière de Syrte et la création de conditions pour un déploiement sûr et effectif du mécanisme de surveillance autour de Syrte.  Ce mécanisme doit intégrer la perspective genre et encourager le dialogue avec les organisations féminines.  L’Irlande a aussi souligné la nécessité d’un retrait immédiat des mercenaires et des combattants étrangers et d’un respect strict de l’embargo sur les armes.  Sur le front des droits de l’homme, elle a demandé au Conseil de sécurité de condamner les menaces, les attaques et les meurtres des militants des droits humains.  Préoccupée également par le sort des migrants, elle a réclamé l’accès aux centres de détention informels et  demandé aux autorités libyennes de mettre en place des mesures de protection et d’aide en faveur des détenus.  Le Conseil, a conclu l’Irlande, doit aussi exhorter les autorités libyennes à adopter des lois sur contre la traite des personnes pour faire en sorte que la justice puisse se saisir des cas de violence sexuelle.

La France a salué les progrès importants accomplis ces derniers mois en Libye grâce au rôle central joué par la médiation onusienne.  « Ce Conseil a récemment salué le vote de confiance du Parlement permettant la mise en place du Gouvernement d’entente nationale de transition qui aura la charge de mener le pays vers les élections du 24 décembre 2021 », a dit la France en souhaitant que cette échéance soit tenue.  Mettant l’accent sur l’assistance que doit apporter l’ONU au bon déroulement de ces élections, la France a souhaité qu’un accord soit trouvé pour fournir une base légale aux élections. 

Par ailleurs, la France a jugé essentiel que le cessez-le-feu soit garanti dans la durée afin de permettre aux Libyennes et aux Libyens de choisir librement leurs représentants.  Sur ce volet sécuritaire, la France a mis l’accent sur quatre points.  Tout d’abord, la délégation a invité le Conseil à répondre à la demande des Libyens en adoptant sans plus tarder une résolution pour autoriser la MANUL à déployer un mécanisme efficace et crédible de surveillance de l’accord de cessez-le-feu.  Ensuite la France a dit que les forces et mercenaires étrangers présents en Libye doivent respecter la souveraineté libyenne et se retirer sans plus de délais, conformément aux demandes des parties libyennes.  Alors que les Libyens avaient fixé un délai de 90 jours, pour ce faire, la France a noté que nous sommes aujourd’hui plus de 150 jours après cette requête.  En outre, la France a jugé indispensable que les flux d’armes entrant en Libye cessent et que l’embargo sur les armes soit pleinement respecté.  À cet égard, la France a salué la contribution de l’Union européenne à la stabilité de la Libye, avec le déploiement de l’opération EUNAVFOR MED IRINI, qui agit de manière impartiale et dans le respect des résolutions du Conseil de sécurité.  Enfin, la France a demandé que les milices soient désarmées dans le cadre d’un processus de démobilisation, de désarmement et de réintégration au sein d’une armée libyenne unifiée.  L’accord du 23 octobre trace des perspectives importantes à cet égard, a-t-elle noté. 

Par ailleurs, la France a jugé essentiel qu’un accord soit trouvé sur les postes clefs, en vue de l’unification des institutions libyennes.  Elle a appelé à lutter contre l’impunité et à sanctionner les responsables de violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire.  S’agissant de la lutte contre le trafic d’êtres humains, la France a indiqué qu’en commun avec l’Allemagne, la France a proposé la mise sous sanctions du trafiquant de Zawiya, Ibrahim Osama Al Kuni, et suggéré la mise sous sanctions de tous les individus ou entités coupables d’un tel trafic.

L’Estonie a estimé que la formation des nouvelles autorités intérimaires est une étape vers la stabilité en ce qu’elle aide à préparer les élections de décembre.  Elle a jugé important d’assurer un processus inclusif qui tienne compte de toutes les voix, en particulier celles des femmes et des jeunes, saluant au passage la nomination de cinq femmes ministres.  L’Estonie a souligné l’importance de la mise en œuvre du cessez-le-feu y compris la cessation de toutes les interférences extérieures, le retrait des combattants étrangers et l’ouverture de la route côtière.  La délégation a appelé à la fin immédiate des violations du régime de sanctions concernant la Libye, ainsi qu’au retrait des combattants et mercenaires étrangers de Libye.  « Toutes les violations de l’embargo sur les armes doivent stopper immédiatement. »  L’Estonie a apporté son appui à la création d’un mécanisme de surveillance crédible, réaliste et efficace du cessez-le-feu sous les auspices de l’ONU.  

L’Estonie a plaidé pour que des étapes concrètes soient prises pour rétablir la confiance entre les parties libyennes et au sein de la société, notamment des enquêtes sur les violations présumées des droits de l’homme, les crimes de masse, les tortures, les disparitions forcées et la reddition de la justice aux victimes.  « Il est crucial de déraciner la culture de l’impunité et de se focaliser sur la reddition de compte. »  Ce sont des étapes essentielles pour parvenir à la paix durable, la sécurité et la réconciliation, a fait valoir la délégation avant d’exprimer ses préoccupations en ce qui concerne la situation humanitaire sur le terrain, la perturbation de l’alimentation en eau et électricité ainsi que la situation extrême des migrants et des demandeurs d’asile.  Elle a appelé les autorités à s’occuper de ces questions et à prendre les mesures nécessaires pour alléger la souffrance de la population.

La Chine a salué les progrès politiques accomplis en Libye, en appelant à la préservation de l’élan enregistré en vue de l’instauration d’une paix pérenne.  Le processus politique doit être renforcé, tandis que le nouveau Gouvernement d’entente nationale de transition doit remédier à la fragmentation du pays, a recommandé la Chine.  De son côté, la MANUL doit renforcer sa coopération avec les parties et apporter un soutien ciblé en appui de la transition, a dit la Chine avant de souligner la nécessité de préserver le cessez-le-feu.  Elle a demandé à cet égard le déploiement au plus vite d’un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, avec l’appui de l’ONU.  La Chine a noté que l’équipe préparatoire recommande que la MANUL assume certaines responsabilités, même si tout cela doit encore être affiné. Enfin, rappelant que les sanctions sont un moyen, pas une fin en soi, la Chine a demandé le respect de l’embargo, tout en appelant à veiller à l’atténuation de ses conséquences pour la population.  Les préoccupations exprimées sur le gel des avoirs doivent être prises en compte, a conclu la Chine.

Le Mexique a salué la mise en place du Gouvernement d’entente nationale de transition qui aura la charge de mener le pays vers les élections du 24 décembre 2021.  Le Mexique a invité le nouveau Gouvernement à faciliter la participation des femmes au processus politique, y compris aux élections de cette année.  Le Mexique a jugé indispensable le respect d’un cessez-le-feu et de l’embargo sur les armes.  En outre, le Mexique a jugé essentiel que les efforts visant à encourager le départ des mercenaires étrangers soient coordonnés avec les pays voisins de la Libye d’où proviennent de nombreux combattants.  Une telle coordination est indispensable pour éviter que ce départ de combattants génère un nouveau flux d’armes et de combattants dans une région et des pays voisins déjà fragilisés, a expliqué la délégation.   

Par ailleurs, le Mexique a exhorté le nouveau Gouvernement à répondre aux besoins des populations les plus vulnérables, dont 350 000 migrants et réfugiés, en permettant le déploiement de l’aide humanitaire.  Le Mexique a aussi demandé au nouveau Gouvernement de fermer tous les centres de détention illégaux et de sanctionner tous les abus dont sont victimes les migrants. 

Le Kenya a dit que les jalons célébrés aujourd’hui n’auraient pas pu être atteints sans la résilience et la forte pression exercée par le peuple libyen.  Le nouveau Gouvernement a la responsabilité de s’attaquer à la préparation des élections nationales du 24 décembre, au rétablissement des services de base dans toutes les parties de la Libye, au départ des combattants étrangers et des mercenaires, à la relance de l’économie et à la réconciliation nationale, a souligné le Kenya.  Il a estimé que le Conseil de sécurité devrait envoyer un message clair aux parties prenantes pour qu’elles gardent le cap d’un processus de paix dirigé et contrôlé par les Libyens. 

S’avouant préoccupé par la présence de combattants étrangers et des mercenaires, le Kenya a réclamé leur départ conformément à l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020.  Il a insisté sur la nécessité d’un programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration lequel devrait être mené en coopération et en coordination avec les États voisins et l’Union africaine.  Le Kenya a aussi insisté sur la nécessité de respecter l’embargo sur les armes et de faire rendre des comptes à tous les contrevenants.  Il a souligné l’importance pour les Nations Unies de soutenir le mécanisme libyen de surveillance du cessez-le-feu.  Le Kenya a conclu en appuyant l’élargissement du mandat de la MANUL à un volet de surveillance du cessez-le-feu, y compris la demande de la Commission militaire conjointe 5+5  de déployer des observateurs internationaux civils et non armés, sous les auspices des Nations Unies.  La réconciliation nationale doit être la priorité pour garantir les dividendes de la paix, a asséné le Kenya. 

« La situation en Libye après des années de piétinement est entrée dans une nouvelle ère », a déclaré le Niger.  Les progrès dans le processus de sortie de crise sont la juste récompense des engagements de plusieurs acteurs, au premier rang desquels, les Libyens eux-mêmes.  Le Niger a emprunté la célèbre citation du philosophe espagnol Sénèque: « il n’est pas de vent favorable, pour celui qui ne sait pas où il va ».  La Libye sait aujourd’hui où elle veut aller, s’est-il réjoui.  « Elle sait qu’elle doit organiser des élections libres et crédibles d’ici á la fin de cette année; elle sait que ces élections ne pourront pas se tenir, sans la paix et la réconciliation entre tous les Libyens sans exclusive; elle sait aussi que la solution la plus durable à la grave crise que leur pays a traversée, ne pourra provenir que des Libyens mêmes, de leur sens du compromis et de leur attachement à la stabilité et à l’unité de leur pays. »

Le Niger a soutenu l’appel du Secrétaire Général consistant à donner à la MANUL, le mandat et les moyens adéquats pour garantir le déploiement des observateurs censés assurer le respect du cessez-le-feu, sur toute l’étendue du territoire libyen.  « Nous saluons le déploiement de l’équipe avancée, qui permettra de jeter les bases d’une composante évolutive de surveillance dudit cessez-le-feu par la MANUL. », a dit le Niger qui s’est enfin dit gravement préoccupé par la présence de mercenaires et autres combattants étrangers ainsi que par le non-respect, jusque-là, de l’embargo sur les armes. 

Le Niger a avoué nourrir la crainte de voir se disséminer ces mercenaires et combattants étrangers, à travers les frontières poreuses des pays limitrophes de la Libye, si le mécanisme de contrôle de leur retrait n’était pas mis en place avec la plus grande attention.  Il a donc jugé primordial que des mesures soient prises pour éviter un « bis repetita » de ce qui a largement contribué à l’insécurité à laquelle ont été confrontés les pays du Sahel, au début du conflit libyen en 2011.

La Tunisie s’est faite l’écho des expressions de satisfaction concernant les récents progrès politiques réalisés en Libye, en rappelant que son Président, M. Kais Saied, s’est rendu dans le pays le 17 mars dernier.  Les parties doivent maintenant s’engager à aller au-delà de la phase de transition, tandis que les acteurs régionaux et internationaux doivent apporter le soutien nécessaire à l’organisation d’élections libres et équitables dans les délais.  La Tunisie a aussi jugé urgent de retirer tous les combattants et mercenaires étrangers, de mettre pleinement en œuvre l’embargo sur les armes et d’obtenir que tous les acteurs s’engagent à respecter le principe de non-ingérence dans les affaires de la Libye.  La Tunisie a ajouté sa voix aux appels en faveur du déploiement d'un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu sous les auspices de la MANUL, appelant tous les acteurs à soutenir ce processus.  Le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme en Libye est également crucial, tout comme les efforts visant à renforcer la responsabilité pour les crimes graves, a conclu la Tunisie.  

La Fédération de Russie a rappelé que ce mois de mars marque le dixième anniversaire de la crise libyenne et la décision de l’OTAN de bombarder la Libye, provoquant la faillite de l’État libyen, la guerre civile, l’apparition des groupes terroristes, la déstabilisation du Mali et du Sahel et les mouvements migratoires.  Pour prétendument résoudre ce conflit, certains États ont choisi d’envoyer armes et mercenaires en Libye, a accusé la Fédération de Russie.  Les pays occidentaux, a-t-elle dit, ne devraient pas oublier ces faits.  Ils doivent cesser de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Libye.  Rappelant les avancées de ces deux dernières semaines, la Fédération de Russie s’est réjouie que les Libyens aient ainsi démontré leur unité.

Toutefois, a-t-elle reconnu, la tâche des autorités libyennes n’est pas facile: elles doivent préparer les élections présidentielle et législatives, créer une force armée nationale et relever l’économie.  Mais le plus important, a estimé la Fédération de Russie, est de surmonter la méfiance née du conflit.  Elle a insisté sur la réconciliation nationale, y compris avec les représentants de la Jamahiriya arabe libyenne.  Elle a aussi insisté sur le respect de l’embargo sur les armes et prié la communauté internationale de s’appuyer sur des solutions agrées par les Libyens eux-mêmes. Le dialogue est nécessaire pour le bon fonctionnement du secteur pétrolier libyen, a estimé la Fédération de Russie qui s’est dit préoccupée par le nombre de demandes adressées au Conseil de sécurité pour accéder aux avoirs libyens frappés par le gel.  Les entreprises occidentales ne sauraient s’enrichir aux dépens des Libyens, a prévenu la Fédération de Russie qui a une nouvelle fois affirmé qu’il n’y a pas de militaires russes en Libye.  Si des Russes s’y trouvent, ils ne représentent en aucun cas notre Gouvernement, a-t-elle asséné. 

La Norvège a salué les progrès encourageants enregistrés sur le plan politique, avec la formation d’un gouvernement d’entente nationale de transition.  Ce n’est qu’une première étape, a dit la mission.  Elle a demandé que les efforts se tournent désormais vers la bonne tenue des élections de décembre prochain. Notant que le cessez-le-feu est respecté mais que la situation militaire actuelle n’est pas tenable, la Norvège a demandé la réouverture de la route côtière et le retrait des forces étrangères.  Elle a regretté les violations grossières de l’embargo sur les armes, avant de se prononcer en faveur d’un mécanisme de surveillance de cessez-le-feu dirigé par les Libyens.  La Norvège a aussi demandé la pleine exécution des mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale.  Le Conseil doit envoyer un signal fort de soutien au processus politique libyen, a recommandé la délégation, ajoutant que des obstacles vont se dresser sur la route des élections.  « Le soutien du Conseil ne doit faire aucun doute. »

L’Inde a souhaité que le rythme actuel de mise en œuvre de la feuille de route du Forum de dialogue politique interlibyen se poursuive sans entrave.  L’Inde a exhorté la communauté internationale à tout mettre en œuvre afin que les élections se déroulent sans heurts, dans un cadre juste et transparent d’ici á décembre 2021.  Elle a appelé à sauvegarder la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de la Libye.  Appuyant un processus de paix dirigé par les Libyens et sans ingérence extérieure, l’Inde a exhorté la communauté internationale et le Conseil de sécurité à assurer la pleine mise en œuvre de l’Accord de cessez-le-feu du 23 octobre.  La délégation a salué au passage le rôle des Nations Unies dans la mise en œuvre de la surveillance du cessez-le-feu en Libye, comme demandé par les parties libyennes. 

L’Inde s’est dite très préoccupée de voir que des combattants étrangers et des mercenaires sont toujours présents sur le territoire libyen en dépit des dispositions de l’Accord de cessez-le-feu et des appels répétés de ce Conseil.  Elle a particulièrement fustigé les pays étrangers qui interfèrent ainsi dans les affaires libyennes par le biais de mercenaires et combattants étrangers entravant ainsi les progrès vers la paix et la stabilité dans le pays.  La délégation indienne a exprimé ses vives préoccupations concernant les articles de presse et les spéculations dans les médias reflétant certains des contenus du rapport final du Groupe d’experts sur la Libye, qui compromettent la crédibilité du régime de sanctions.  L’Inde a aussi appelé à régler la question des fonds gelés et à gérer les risques que font courir les organisations terroristes présentes en Libye sur les autres pays de la région. 

Saint-Vincent-et-les Grenadines a noté que la Libye a fait des progrès vers la restauration de la paix et de la stabilité.  Il a réaffirmé son appui au processus mené par l’ONU et salué les initiatives des pays voisins.  Il a réitéré son soutien à la Conférence de Berlin et exigé le respect de l’intégrité et de la souveraineté de la Libye.  Estimant que la voie à suivre est difficile, la délégation a réitéré la responsabilité du Premier Ministre d’unir le pays, d’assurer la stabilité et l’ordre, la réconciliation nationale et de préparer les élections dans un pays qui n’a jamais organisé une élection présidentielle.  Elle a donc encouragé les parties prenantes libyennes à consolider l’élan actuel et à terminer tous les préparatifs. 

Saint-Vincent-et-les Grenadines s’est dit préoccupé par la présence des combattants étrangers et des mercenaires et a demandé leur retrait immédiat.  Il a dit attendre avec impatience le déclenchement d’un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu dirigé et contrôlé par les Libyens.  Il a, à son tour, exhorté les parties à respecter leurs obligations internationales concernant l’embargo sur les armes.  Le Gouvernement libyen, a-t-il estimé,  doit se laisser guider par la Feuille de route agrée pour édifier une société démocratique et harmonieuse et réunifier toutes les institutions du pays.  Saint-Vincent-et les-Grenadines a plaidé pour une lutte sans merci contre l’impunité afin de rendre justice aux victimes.  Il a réclamé la fermeture des centres de détention non-réglementaires, l’accès aux réfugiés et aux migrants et une riposte efficace à la pandémie de COVID-19. 

Les États-Unis ont salué les progrès du processus politique en Libye, avec notamment l’investiture du Gouvernement d’entente nationale de transition en amont des élections de décembre prochain.  « C’est un moment charnière. »  Nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers, a aussitôt ajouté la délégation.  Elle a insisté sur trois éléments clefs: l’unité, la transparence et la bonne tenue des élections.  Si le pays a avancé sur le plan économique, la délégation s’est dite préoccupée par l’absence, pour l’heure, d’un budget unifié, qui est nécessaire pour répondre aux besoins de Libyens.  Elle a ensuite rappelé que la confiance est le socle des institutions démocratiques et exhorté le Gouvernement d’entente nationale à promouvoir la transparence et à éradiquer la corruption.  

S’agissant des élections qu’elle a souhaité justes et libres, la délégation des États-Unis a demandé le respect du calendrier établi.  Ce qui veut dire que tous les acteurs étrangers doivent cesser leurs activités militaires, respecter le cessez-le-feu et se retirer de la Libye, a-t-elle martelé.  Les États-Unis ont rappelé que les Libyens ont demandé le retrait de ces forces en agréant l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020.  Pour les États-Unis, il ne saurait y avoir d’exception à la règle, la présence de forces étrangères ne devant pas servir d’excuse pour la présence d’une autre force étrangère.  Il convient de mettre un terme à ce cercle vicieux et de cesser le financement de mercenaires, a déclaré la mission, en appelant les membres du Conseil à respecter l’embargo sur les armes. Enfin, la mission s’est prononcée en faveur d’un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu avec un appui onusien.

La Libye a fait remarquer qu’il s’adresse aujourd’hui au Conseil de sécurité entant que « pays unifié ».  Le ton des délégations a d’ailleurs changé aujourd’hui parce que « Nous avons atteint une nouvelle phase cruciale », s’est réjouie la Libye, ajoutant que son pays a décidé qu’un transfert pacifique du pouvoir politique est la seule solution viable.  Elle a tout de même reconnu « beaucoup reste à faire ».  Parmi les défis, la Libye a cité la nécessité d’accélérer la fourniture des services de base, de lutter contre le terrorisme, de lancer un programme de réconciliation nationale et de préparer les élections de décembre.  Dans ce contexte, elle a exhorté la communauté internationale à l’aider, en évitant « les erreurs du passé », comme l’ingérence étrangère.  

« Tous ceux qui cherchent à gâcher les progrès actuels doivent être frappés de sanctions », a exigé la Libye.  Elle a souligné que le succès du Forum de dialogue politique libyen dépend de celui de la Commission militaire mixte.  Elle a demandé aux États de soutenir ces processus et de retirer tous les combattants étrangers et les mercenaires.  Compte tenu de l’absence d’une représentation officielle, a conclu la Libye, nous n’étions pas présents dans les réunions internationales.  Ce n’est plus le cas aujourd’hui et il faut que tous nos partenaires et autres parties prenantes reconnaissent les délégués libyens à toutes les conférences à venir, a plaidé la Libye.

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