Le Conseil de sécurité examine la situation au Yémen, « un enfer sur terre », avec une dégradation spectaculaire et un risque de famine massive
Face à une « dégradation spectaculaire » de la situation au Yémen -qualifiée d’« enfer sur terre » par les États-Unis– et suite à une nouvelle offensive du mouvement Ansar Allah (les houthistes) à Mareb, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le pays a, ce matin, en visioconférence avec le Conseil de sécurité, jugé « plus urgent que jamais » que les parties s’accordent sur une cessation des combats.
« Un cessez-le-feu à l’échelle nationale, la réouverture de l’aéroport de Sanaa et l’acheminement sans heurts du carburant et autres articles par le port de Hodeïda sont des impératifs humanitaires », a déclaré M. Martin Griffiths. À ces trois impératifs humanitaires, « pour que le Yémen puisse respirer », l’Envoyé a ajouté l’impératif de relancer le processus politique, sans aucune condition préalable, trois mois après l’accord intervenu le 18 décembre 2020 sur un gouvernement d’unité nationale.
« Nous n’avons pas assez d’argent pour arrêter la famine », a alerté à son tour M. Mark Lowcock, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, avant de prévenir que la famine pourrait se généraliser faute de contributions suffisantes. Tout en saluant l’appel de fonds lancé par le Secrétaire général le 1er mars en collaboration avec la Suède et la Suisse, qui a recueilli 1,7 milliard de dollars, le chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a prévenu que ce montant ne représente que la moitié de ce qui est nécessaire pour gérer la crise humanitaire.
Mettant l’accent sur la protection des civils, M. Lowcock s’est inquiété des conséquences de l’offensive d’Ansar Allah sur la ville de Mareb, qui était un lieu sûr au Yémen pour un million de personnes ayant fui les combats dans d’autres régions. Alors que les nouvelles hostilités à Mareb ont déclenché des escalades ailleurs, notamment à Taëz, Hodeïda et Hajjah, le Coordonnateur des secours d’urgence a exhorté les parties à épargner les civils et les infrastructures civiles, y compris celles d’Arabie saoudite.
Face au risque d’effondrement économique, facteur important de risque de famine, M. Lowcock a appelé à faciliter les importations, par tous les ports, qui sont sources de revenus, et de renforcer le rial yéménite par le biais d’injections de devises afin d’éviter une dépréciation, arguant que celle-ci mettrait des millions de personnes supplémentaires dans l’impossibilité d'acheter de la nourriture ou d’autres produits de première nécessité.
Soutenant les recommandations des deux hauts responsables, Mme Nirvana Shawky, Directrice régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de CARE, a exhorté le Conseil à appuyer la reprise des activités économiques pour permettre aux Yéménites d’échapper au cycle de la pauvreté. Elle a également appelé à combler le déficit de financement de l’aide humanitaire de plus de 2 milliards de dollars en rappelant que 16 millions de personnes ont faim et que quatre Yéménites sur cinq vivent sous le seuil de pauvreté.
« Il est aujourd’hui très déconcertant de voir les lueurs d’espoirs enregistrées fin 2020, avec la libération des milliers de détenus, la formation d’un nouveau gouvernement et les prédispositions favorables manifestées par les parties à l’égard des propositions de l’Envoyé Spécial, s’estomper du fait de la reprise de ces hostilités », a de son côté regretté le Niger. Partageant ce constat, l’ensemble des délégations intervenues ont exhorté les parties au conflit à s’accorder sur un cessez-le-feu global à l’échelle nationale et revenir à un processus politique inclusif, en faisant notamment participer les femmes de façon significative.
Notant qu’une catastrophe humanitaire a pu être évitée il y a deux ans à Hodeïda grâce à un engagement rapide de la communauté internationale qui a abouti à la signature de l’Accord de Stockholm, l’Inde a estimé qu’une « poussée diplomatique » similaire est nécessaire aujourd’hui pour arrêter la bataille pour Mareb et les autres conflits à travers le pays.
En écho aux propos encourageants de l’Envoyé spécial sur l’engagement de l’Envoyé des États-Unis, M. Tim Lenderking, la Fédération de Russie a salué les messages encourageants venus des États-Unis dont la décision du nouveau Gouvernement américain de retirer les houthistes de la liste des « organisations terroristes étrangères » et la volonté de travailler avec toutes les parties pour résoudre ce conflit. L’Estonie a également salué l’engagement diplomatique des États-Unis et exhorté toutes les parties à saisir les opportunités de cette nouvelle dynamique pour obtenir un cessez-le-feu sans délai.
Après avoir condamné l’attaque du 30 décembre dernier à Aden, contre le Gouvernement du Yémen, la France a exhorté les houthistes à cesser de refuser la paix, à stopper ses attaques contre le territoire saoudien et à mettre un terme à l’offensive contre Mareb qui peut se transformer en désastre humanitaire et porter un coup brutal au processus politique. Sur le même ton, les États-Unis ont indiqué vouloir demander des comptes aux dirigeants houthistes, en se disant, par ailleurs, choqués par leur manque de coopération pour gérer le problème du pétrolier SAFER qui menace de se transformer en catastrophe écologique. Allant plus loin, le Yémen a accusé les houthistes de se servir de la situation de ce pétrolier comme monnaie d’échange.
Les membres du Conseil ont également déploré le terrible incendie qui s’est déclenché le 7 mars dans un centre de détention de Sanaa et qui a fait des dizaines de victimes, la plupart des migrants éthiopiens. L’Estonie et le Kenya, à l’instar de l’Envoyé spécial, ont demandé une enquête indépendante sur les causes de l’incendie, en mettant l’accent sur la responsabilité des parties de protéger les civils, en toutes circonstances et indépendamment de leur nationalité. M. Lowcock a, lui aussi rappelé, aux autorités yéménites leur responsabilité en la matière, tout en offrant le soutien de l’ONU.
Quant à la responsabilité du Conseil de sécurité sur ce dossier, elle a été appelée par Mme Shawky et par le Yémen. Ce dernier a exhorté le Conseil à prendre ses responsabilités face aux houthistes et au « régime voyou » iranien.
M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a une nouvelle fois fait le constat d’une détérioration de la situation au Yémen. « Cette fois, la dégradation est assez spectaculaire », a-t-il regretté. L’offensive d’Ansar Allah à Mareb se poursuit, les pertes sont lourdes des deux côtés, les enfants sont de plus en plus enrôlés dans l’effort de guerre, tandis que les tirs de missiles et de drones, notamment ceux visant des infrastructures civiles et commerciales en Arabie saoudite, se sont intensifiés. À Hodeïda, la violence se poursuit de manière préoccupante, a-t-il dit, en appelant les parties à coopérer avec la MINUAAH (Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda). M. Griffiths a dénoncé les graves pénuries en carburant à Sanaa notamment, les importations de carburant n’étant pas autorisées à entrer à Hodeïda. « C’est tout simplement inacceptable d’un point de vue humanitaire. » Il a appelé les parties à donner la priorité aux besoins des civils et à cesser de faire de l’économie une arme de guerre, avant d’exhorter le Gouvernement du pays à permettre l’entrée des livraisons à Hodeïda. La situation à Aden et dans les environs demeure difficile, a-t-il aussi constaté.
L’Envoyé spécial a jugé encourageant le fait que le nouveau Gouvernement s’acquitte de ses fonctions depuis le Yémen, ce qui est de bon augure pour les perspectives de paix dans le pays. Mais il est clair que l’amélioration des services essentiels, le paiement des fonctionnaires, le maintien de la sécurité et la stabilisation de l’économie nécessiteront davantage de ressources, a-t-il affirmé, ajoutant que celles-ci sont limitées. « Ce ne sont pas seulement les Yéménites qui souffrent au Yémen », a poursuivi M. Griffiths en rappelant le terrible incendie qui s’est déclenché la semaine dernière dans un centre de détention de Sanaa et qui a fait des dizaines de victimes, la plupart des migrants éthiopiens. Il a demandé une enquête indépendante sur les causes de l’incendie, ainsi que la protection de toutes les personnes au Yémen, indépendamment de leur nationalité.
L’Envoyé spécial a jugé plus urgent que jamais que les parties s’accordent sur une cessation des combats. Un cessez-le-feu à l’échelle nationale, la réouverture de l’aéroport de Sanaa et l’acheminement sans heurts du carburant et autres articles par le port de Hodeïda sont des impératifs humanitaires, a-t-il martelé. « Nous devons tout faire pour que le Yémen puisse respirer. » À ces trois impératifs humanitaires, l’Envoyé a ajouté l’impératif de relancer le processus politique, indiquant que ces quatre questions sont au cœur des efforts de l’ONU. Il a ensuite voulu clarifier l’idée selon laquelle il ne saurait y avoir de conditions préalables pour une reprise du processus politique. Rappelant que la reprise du processus est une obligation incombant aux parties belligérantes, il a appelé ces dernières à travailler avec l’ONU de manière constante et sérieuse pour parvenir à cet objectif. Elles le doivent au peuple du Yémen, a souligné M. Griffiths. « Je suis inquiet de constater que le simple fait de se réunir autour d’une table pour discuter des contours d’un arrêt de la guerre peut être perçu comme une concession plutôt que comme une obligation. »
L’Envoyé spécial a déclaré que ces objectifs ont été poursuivis avec une vigueur renouvelée ces dernières semaines, ajoutant que « nous avons travaillé étroitement avec des États Membres clefs sur ces questions ». Leur engagement nous donne de l’espoir, a-t-il dit, en saluant notamment les efforts de l’Envoyé des États-Unis, M. Tim Lenderking. M. Griffiths a déclaré qu’il aurait aimé être porteur de bonnes nouvelles aujourd’hui mais que ce n’est pas encore possible. Nous savons ce que la communauté internationale veut, ce que les Yéménites veulent, à savoir mettre un terme à cette misère, à toutes ces vies sacrifiées pour des gains militaires illusoires, à la tragédie vécue par les familles yéménites, a conclu M. Griffiths.
M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et des secours d’urgence des Nations Unies (OCHA), a prévenu que le Yémen se dirige vers une famine massive et que la principale raison qui empêche d’éviter cette famine semble en être le coût. Si Plusieurs donateurs, dont le Canada, la France, l’Allemagne et le Japon, se sont engagés plus que jamais, M. Lowcock a indiqué avoir dû débloquer 40 millions de dollars supplémentaires du Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) alors que le Fonds humanitaire pour le Yémen vient d’allouer 73 millions de dollars. Tout en se félicitant que l’événement d’appel de fonds, lancé par le Secrétaire général le 1er mars et coorganisé par la Suède et la Suisse, ait permis de recueillir 1,7 milliard de dollars pour la crise au Yémen, le chef d’OCHA a alerté que ce montant ne représente que la moitié de ce que les humanitaires ont demandé. Parce qu’un bon nombre des plus grands donateurs ont réduit leurs promesses par rapport aux années précédentes, nous n’avons pas assez d’argent pour arrêter la famine, a alerté M. Lowcock.
S’agissant de la protection des civils, le chef des affaires humanitaires des Nations Unies s’est inquiété des conséquences de l'offensive d’Ansar Allah à Mareb, qui était un havre de paix rare au Yémen pour environ un million de personnes ayant fui la guerre dans d’autres régions. Alors que les nouvelles hostilités à Mareb ont déclenché des escalades ailleurs, notamment à Taëz, Hodeïda et Hajjah, le chef des affaires humanitaires a exhorté les parties à veiller constamment à épargner les civils et les infrastructures civiles. M. Lowcock a indiqué que les autorités ont la responsabilité de protéger les civils, dont les réfugiés, les demandeurs d’asile et les migrants, et que les Nations Unies sont désireuses de soutenir les autorités dans ce sens. Face aux obstacles, il a appelé les autorités à garantir la liberté de mouvement et à soutenir les retours volontaires.
S’agissant de l’accès humanitaire, M. Lowcock s’est inquiété des nombreux obstacles, notamment bureaucratiques, qui entravent le travail des agences humanitaires dans le nord. Il a indiqué que les donateurs contacteront Ansar Allah pour faciliter la distribution de l’aide humanitaire. Pour ce qui est du pétrolier SAFER, M. Lowcock a indiqué que l’ONU discute toujours avec Ansar Allah de plusieurs problèmes logistiques qui retardent la mission. Il a regretté le manque de flexibilité du mouvement Ansar Allah qui s’est pourtant engagé, en novembre 2020, à faciliter les préparatifs logistiques de la mission.
Citant le risque d’effondrement économique, qui est l’un des principaux facteurs du risque de famine, le haut responsable a appelé à faciliter les importations, par tous les ports, qui sont sources de revenus et de renforcer le rial yéménite par le biais d’injections de devises. Cela afin d’éviter une dépréciation qui mettrait des millions de personnes de plus dans l’impossibilité d’acheter de la nourriture ou d’autres produits de première nécessité.
Citant les pénuries qui affectent de plus en plus la capacité d’action des agences humanitaires, M. Lowcock a noté que 13 navires de carburant attendent à l’extérieur de Hodeïda, transportant deux mois d’importations. Il a expliqué qu’en moyenne, ces navires attendent plus de 80 jours l’autorisation du Gouvernement.
Pour ce qui est des progrès vers la paix, M. Lowcock a dit que l’engagement renouvelé des États-Unis en faveur d’une solution diplomatique a ouvert une fenêtre pour mettre fin à la guerre - malgré la récente escalade à Mareb et ailleurs. Notant que cette opportunité sera gâchée si le Yémen sombre dans la famine, M. Lowcock a appelé les États Membres à tout mettre en œuvre pour stopper la famine. « Ansar Allah doit arrêter la dangereuse offensive de Mareb, le blocus du carburant sur Hodeïda doit prendre fin et d’autres marchandises commerciales doivent continuer à circuler », a insisté M. Lowcock avant de marteler l’importance d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale doublé d’un retour au processus politique.
Mme NIRVANA SHAWKY, Directrice régionale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord de CARE, a rappelé que 16 millions de personnes au Yémen ont faim et que quatre Yéménites sur cinq vivent sous le seuil de la pauvreté. CARE est au Yémen depuis 1992 et, l’année dernière, l’ONG a pu fournir une aide humanitaire à près de trois millions de personnes dans 14 provinces du pays, a-t-elle fait valoir. CARE emploie plus de 400 personnes, dont la grande majorité sont des Yéménites qui vivent et travaillent près des personnes qu’ils soutiennent, a informé Mme Shawky.
La guerre entre dans une nouvelle année, de nouvelles lignes de front sont ouvertes, et la réalité brutale remplace rapidement tout espoir fugace, a constaté la Directrice régionale. Il est difficile d’imaginer le tribut que cela a sur le bien-être psychologique des gens, a-t-elle ajouté. Alors que nous entrons dans la septième année du conflit, il y a des millions d’enfants et adolescents yéménites qui luttent pour se souvenir de la vie sans insécurité et sans pénurie alimentaire, et des millions de parents qui souffrent constamment de traumatismes psychologiques.
À la violence, a poursuivi Mme Shawky, se sont ajoutées les réductions de financement de la réponse humanitaire. Ces baisses sont profondément troublantes et sources d’anxiété. Les personnels des ONG qui travaillent au Yémen craignent qu’avec d’autres réductions, ils ne pourront subvenir même aux besoins de leur propres familles.
Au cours des dernières semaines, a rapporté la responsable de CARE, alors que les combats se sont intensifiés sur les lignes de front à Mareb, l’accent a été mis à juste titre sur les risques auxquels sont confrontées les personnes déplacées et les colonies dispersées dans tout le pays. Depuis le début du conflit en 2015, un peu moins d’un tiers des ménages déplacés sont dirigés par des femmes ou des filles, a rappelé Mme Shawky en attirant l’attention sur leurs souffrances en termes d’intimité, d’accès aux services de base et de craintes pour leur sécurité.
Racontant l’histoire d’une veuve mère de trois filles âgées de 14, 15 et 16 ans, qui avait fui les combats à Taëz, elle a expliqué que la seule façon pour elle de protéger ses filles était de les marier à des hommes beaucoup plus âgés. Elle a aussi parlé d’Ali Nasser qui, avec sa famille, a fui les frappes aériennes dans le district de Medghal. Sa femme a expliqué son besoin crucial d’aide parce que leur fils est malade mental et diabétique.
Les mécanismes d’adaptation des familles sont devenus de plus en plus désespérés au cours de la dernière année, a constaté Mme Shawky en expliquant que les réductions de financement, le blocus et l’absence de transferts de fonds ont des répercussions sur les prix des denrées alimentaires et la capacité à acheter de la nourriture. Des gens meurent déjà de malnutrition aiguë dans certaines parties du Yémen, a-t-elle annoncé ajoutant que les dernières données montrent que deux millions d’enfants et plus d’un million de femmes enceintes souffrent de malnutrition sévère et risquent de mourir de faim.
Pour la Directrice régionale de CARE, il est impossible d’imaginer un avenir quelconque pour le Yémen sans insister sur la nécessité de soutenir l’économie du pays. L’année dernière, la communauté humanitaire a mis en œuvre des programmes efficaces de prévention de la COVID-19. Mais, a-t-elle nuancé, avec une deuxième vague de la pandémie à l’horizon, les gens craignent que les hôpitaux soient submergés.
Soutenant les recommandations de l’Envoyé spécial Martin Griffiths et du Secrétaire général adjoint Marc Lowcock, Mme Shawky a exhorté le Conseil à s’attaquer à trois priorités urgentes. Tout d’abord, la stabilisation économique et la reprise des activités économiques afin de permettre aux Yéménites d’échapper au cycle de la pauvreté. Puis la réponse humanitaire, qui doit être entièrement financée pour sauver des millions de personnes. « Il faut combler le déficit de financement de plus de 2 milliards de dollars. » Enfin, le Conseil de sécurité devrait exercer sa responsabilité afin de mettre fin une fois pour toutes à ce terrible conflit et de soutenir les Yéménites pour retrouver la paix, la stabilité et la prospérité.
Le Royaume-Uni a estimé que la cessation du conflit au Yémen doit être une priorité pour le monde, ajoutant que « nous avons une réelle chance aujourd’hui de faire avancer la paix. » La délégation a souligné la nécessité d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale et d’un processus politique inclusif. Malgré des efforts diplomatiques renouvelés, les houthistes ont intensifié leurs attaques contre l’Arabie saoudite et à Mareb, a constaté la mission, en condamnant fermement cette escalade. Le Royaume-Uni s’est également dit alarmé par la grave menace posée par le pétrolier SAFER, en exhortant les houthistes à se conformer urgemment aux appels du Conseil et à faciliter une évaluation des réparations par l’ONU. Le Royaume-Uni a aussi demandé que les houthistes garantissent une enquête transparente sur l’incendie d’un centre de rétention de migrants, en réclamant un accès des agences internationales sur le site. La mission a aussi plaidé pour un accès humanitaire sans entraves dans le pays et pour une assistance financière renforcée. Le Royaume-Uni, premier donateur, s’est engagé, dans le cadre de l’appel de l’ONU pour 2021, à donner au moins 120 millions de dollars, a conclu la mission.
La Fédération de Russie s’est inquiétée de « l’escalade dangereuse dont nous sommes témoins au Yémen après six années de conflit sanglant », qui a mis deux tiers de la population dans une situation humanitaire dramatique. La délégation s’est particulièrement inquiétée de la situation dans la région de Mareb où des combats meurtriers ont repris en février 2021. La Fédération de Russie a appelé les parties à cesser les combats et à résoudre leurs différends par des moyens diplomatiques. Elle a exhorté les parties à respecter les dispositions du droit international humanitaire et à s’abstenir de toutes opérations militaires qui menacent des infrastructures civiles.
La Fédération de Russie a appuyé la mise en œuvre des dispositions de l’Accord de Riyad visant à rapprocher le Conseil de transition du Sud et le Gouvernement qui entretiennent des relations difficiles bien qu’ils luttent dans le même camp face aux rebelles houthistes. La Fédération de Russie s’est félicitée de l’accord intervenu le 18 décembre 2020 sur la formation d’un gouvernement de coalition avec l’octroi de nombreux postes de ministres aux séparatistes du sud du pays. La délégation a aussi salué les négociations en cours avec le mouvement Ansar Allah.
La Fédération de Russie a salué les messages encourageants venus des États-Unis dont la décision du nouveau Gouvernement américain de retirer les houthistes de la liste des « organisations terroristes étrangères » et la volonté de travailler avec toutes les parties pour résoudre ce conflit. La Fédération de Russie a estimé que l’aide humanitaire au Yémen doit être la priorité des travaux conjoints des membres du Conseil de sécurité. Elle a noté que la conférence internationale des donateurs du 1er mars a permis de récolter 50% du montant demandé pour faire face à la crise humanitaire au Yémen. Dans ce contexte, la délégation a exhorté les donateurs potentiels à appuyer cet appel et à faciliter la délivrance de l’aide humanitaire à toute la population sans aucune discrimination. Enfin, elle a espéré qu’un compromis sans arrière-pensée politique pourra être trouvé concernant le pétrolier SAFER afin d’empêcher une marée noire.
Le Mexique s’est dit préoccupé par les violences actuelles à Mareb qui entraînent de nouvelles vagues de déplacés. Cette offensive accroît la nécessité de régler la situation, a estimé la délégation qui a condamné les attaques contre les infrastructures civiles y compris les hôpitaux. Elle a demandé des sanctions contre les auteurs de violences et les responsables du dernier incendie à Sanaa. Le Mexique a appelé les houthistes à cesser leur offensive à Mareb et Taëz. La délégation a aussi demandé la cessation des attaques contre l’Arabie saoudite et a exhorté les partenaires régionaux à persuader les responsables d’Ansar Allah et le Gouvernement du Yémen à agir afin d’aboutir à un dialogue en vue d’un cessez-le-feu. Elle a salué les efforts des États-Unis afin de faciliter le dialogue avec Ansar Allah pour l’acheminement de l’aide humanitaire. Elle a également accueilli avec satisfaction les enquêtes sur les violations des droits humains et les disparitions forcées.
Le Mexique a cependant regretté que les travaux du Comité spécial de coordination d’échanges de prisonniers n’aient pas été couronnés de succès. Notant la forte détérioration de la situation humanitaire, en particulier pour les femmes, la délégation a dénoncé les violences sexuelles contre celles-ci et contre les filles. Elle a demandé leur participation au processus politique pour parvenir à une solution durable au conflit. Il faut mener à bien le programme Femmes, paix et sécurité conclu en 2020, a dit le Mexique avant de demander à Ansar Allah l’accès au pétrolier SAFER.
L’Irlande a salué le nouvel élan imprimé aux pourparlers de paix au Yémen, qui sont la seule façon de ramener la paix dans le pays. Elle a réclamé un cessez-le-feu à l’échelle du pays, avant de dénoncer l’escalade militaire à Mareb du fait des houthistes, ainsi que les tirs visant l’Arabie saoudite. Toutes les parties doivent tourner le dos à la violence, a dit la mission, jugeant qu’il est temps qu’elles retournent à la table des négociations. L’Irlande a aussi réclamé une assistance humanitaire d’un niveau suffisant, avant de reconnaître les préoccupations en ce qui concerne son financement. Elle a encouragé les houthistes à faciliter la mission d’inspection du pétrolier SAFER, afin d’éviter une catastrophe humanitaire et environnementale. « Que les houthistes laissent cette catastrophe se produire, en dépit de l’aide proposée, serait impardonnable. » Enfin, l’Irlande a demandé une participation directe et substantielle des femmes à tous les processus de paix sous l’égide de l’ONU.
La Tunisie a dit que la situation restait préoccupante compte tenu de l’escalade des combats, en dépit des efforts diplomatiques récents. Après avoir condamné les attaques contre Mareb, la Tunisie a fait remarquer que la multiplication du nombre des victimes et les destructions d’infrastructures ont sapé les bases des négociations politiques. La délégation tunisienne a appelé les parties à reprendre un dialogue fondé sur la logique de la paix. La Tunisie a appelé au respect du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme. Il faut tout mettre en œuvre pour épargner les civils et les infrastructures civiles, a-t-elle requis. « Il est vital de rouvrir les ports et les aéroports pour que les programmes de secours puissent se poursuivre », a insisté la Tunisie avant d’appuyer l’appel du Secrétaire général en faveur d'un cessez-le-feu.
Saint-Vincent-et-les Grenadines a exprimé sa tristesse, après avoir entendu les exposés d’aujourd’hui sur la situation qui règne au Yémen. Le pays est au bord du précipice d’une autre catastrophe dont il pourrait ne pas pouvoir revenir, a averti la délégation. La faiblesse de l’économie yéménite, les hostilités en cours, y compris les escalades à Mareb et Hodeïda, et la situation humanitaire désastreuse, exacerbée par les pénuries de carburant et la pandémie de COVID-19, se sont conjuguées pour créer des souffrances insupportables, a constaté Saint-Vincent-et-les Grenadines ajoutant que plus de deux millions d’enfants de moins de cinq ans sont confrontés à la malnutrition aiguë et que plus de la moitié de la population yéménite est confrontée à de graves pénuries alimentaires.
Le coût de ce conflit est élevé et ses conséquences se répercuteront pendant des années, a prédit la délégation. Elle a demandé un cessez-le-feu immédiat et sans entrave afin d’atténuer la situation humanitaire, ajoutant que les intervenants humanitaires doivent être équipés des ressources nécessaires. Notant que la conférence des donateurs du 1er mars a été décevante, la délégation a appelé la communauté internationale à accroître son soutien, en fournissant des fonds pour que les programmes humanitaires qui sauvent des vies puissent se poursuivre. Elle a aussi encouragé les parties à poursuivre leurs discussions et à respecter leurs engagements. Elle a demandé de nouvelles mesures pour assurer la parité entre les sexes dans tous les domaines y compris leur participation égale au processus de paix. Elle a terminé en appelant au déploiement d’une mission des Nations Unies au pétrolier SAFER afin d’éviter une catastrophe en mer Rouge.
Le Viet Nam s’est dit gravement préoccupé par l’escalade militaire à Mareb et Taëz, avant de souligner la nécessité pour les parties de répondre aux appels à un cessez-le-feu et de retourner à la table des négociations. Notant les efforts diplomatiques en cours, le Viet Nam a exhorté les parties à saisir cette occasion en vue du retour de la paix et de la stabilité. Il a rappelé que plus de 20 millions de personnes ont besoin d’une assistance humanitaire dans le pays, nombre d’entre elles étant au bord de la famine. Il a indiqué que les engagements pris lors de la conférence tenue le 1er mars sur la situation humanitaire au Yémen sont loin d’atteindre le niveau requis pour faire face à la crise. « La communauté internationale doit agir pour protéger les enfants du Yémen. » Enfin, la mission a demandé la pleine mise en œuvre des Accords de Stockholm et de Riyad, en apportant son soutien à la souveraineté du pays. Le Viet Nam a aussi plaidé pour un bon niveau de participation des femmes au processus politique au Yémen. Ansar Allah doit autoriser l’accès de l’équipe technique de l’ONU au pétrolier SAFER, a conclu le Viet Nam.
L’Inde s’est dite préoccupée par la récente escalade des hostilités dans plusieurs régions du Yémen, en particulier à Mareb qui accueille un grand nombre de déplacés. L’Inde a prévenu que l’escalade actuelle risque en plus de donner des opportunités à des groupes terroristes, tels qu’Al-Qaida et l’État islamique, d’étendre leur présence au Yémen. L’Inde a condamné les attaques de drones et de missiles lancées par le mouvement Ansar Allah. L’Inde a appelé toutes les parties au conflit à éviter la violence et à prendre des mesures significatives pour le dialogue et les négociations.
Notant qu’une catastrophe humanitaire a pu être évitée il y a deux ans à Hodeïda grâce à un engagement rapide de la communauté internationale qui a abouti à la signature de l’Accord de Stockholm, l’Inde a estimé qu’une poussée diplomatique ciblée similaire est nécessaire aujourd’hui, pour arrêter non seulement la bataille pour Mareb, mais aussi les autres conflits ailleurs dans le pays. Face à la situation humanitaire désastreuse au Yémen, l’Inde a salué les efforts d’OCHA, qui sont appuyés par la Suède et la Suisse dans le cadre de l’appel de haut niveau pour la crise humanitaire au Yémen. Néanmoins, l’Inde s’est dit déçue que les récents pourparlers sur l’échange de prisonniers ne se soient pas traduits par un accord. Enfin, L’Inde a salué l’engagement de l’ONU avec Ansar Allah pour régler les problèmes liés au pétrolier SAFER en espérant que l’équipe technique des Nations Unies pourra bientôt inspecter le navire.
Le Kenya a demandé l’ouverture d’une enquête sur l’incendie du centre de migration à Sanaa. La délégation s’est dite préoccupée par la reprise d’hostilités entre des factions qui ont accès à des armes à Mareb et Taëz. Ce que nous observons aujourd’hui est un retour en arrière, a constaté le Kenya dénonçant le blocus sur les carburants qui exacerbe la situation humanitaire. La mission a appelé à la protection des infrastructures civiles ajoutant que tout doit être mis en œuvre pour alléger la souffrance des civils. Elle a demandé aux ONG humanitaires d’être plus créatives et de renforcer la production alimentaire. Le processus de paix ne doit pas donner aux groupes armés l’occasion d’étendre leur influence idéologique, a aussi averti le Kenya qui a demandé un volet désarmement, démobilisation et réintégration dans les accords sur lesquels pourraient aboutir le processus de paix. Il faut aussi tenir compte de l’aspect psychosocial du conflit sur les populations, a-t-il ajouté avant d’appeler à faire participer les femmes, les exclus et les communautés religieuses au processus de paix.
La Norvège s’est dite gravement préoccupée par l’escalade militaire à Mareb du fait des houthistes et par les tirs accrus contre l’Arabie saoudite. La mission a appelé de ses vœux une désescalade, ainsi qu’un assouplissement de l’embargo actuel afin d’assurer des importations suffisantes pour couvrir les besoins, notamment en carburant. Seul un processus politique inclusif permettra de ramener la paix et la stabilité au Yémen, a déclaré la Norvège, en demandant la pleine participation des femmes. L’histoire montre que les processus de paix qui incluent les personnes les plus affectées par le conflit sont les plus durables, a-t-elle fait remarquer. Notant aussi que la récente conférence des donateurs n’a pas produit un résultat satisfaisant, alors que la situation humanitaire est critique, la Norvège a attiré l’attention sur la « triste vérité »: des millions de Yéménites courent un risque de famine. « Nous ne pouvons pas laisser cela se produire. » Enfin, elle a réclamé un accès au pétrolier SAFER, avant de se dire « choquée » par le récent incendie dans un centre de rétention pour migrants à Sanaa.
L’Estonie a jugé extrêmement préoccupante la poursuite de l’escalade militaire au Yémen compte tenu de l’ampleur sans précédent de la crise humanitaire qu’elle provoque. Après avoir dit qu’il ne peut y avoir aucune justification à une telle intensification des hostilités, l’Estonie a réitéré son appel aux houthistes pour qu’ils cessent immédiatement l’attaque contre Mareb, qui met deux millions de civils en danger, ainsi que les attaques sur le territoire de l’Arabie saoudite. L’Estonie a aussi appelé toutes les parties au conflit à respecter leurs obligations au titre du droit international des droits de l’homme et de s’abstenir d’attaques aveugles contre des civils.
L’Estonie a salué l’engagement diplomatique des États-Unis et exhorté toutes les parties à saisir les opportunités de cette nouvelle dynamique pour obtenir un cessez-le-feu sans délai. « L'incendie meurtrier du centre de rétention des migrants surpeuplé de Sanaa qui a fait 8 morts et 170 blessés le 7 mars est un sombre rappel des nombreux dangers auxquels les migrants sont confrontés au Yémen », a dit l’Estonie avant de demander une enquête internationale pour déterminer la cause de l’incident. Enfin, l’Estonie a salué le récent renouvellement du régime de sanctions au Yémen et du mandat du Groupe d’experts.
La Chine a constaté que le Yémen est confronté à des défis humanitaires et sécuritaires sans précédent. Les affrontements militaires et les hostilités doivent cesser immédiatement, a demandé la Chine, car ils sont inacceptables. La délégation s’est dite préoccupée par les attaques visant des civils en Arabie saoudite. Elle a plaidé pour faire avancer le dialogue politique malgré les revers. Les parties yéménites doivent mettre en œuvre les accords passés et continuer d’avancer, a-t-elle recommandé, en participant de bonne foi aux consultations initiées par l’Envoyé spécial.
La Chine a exhorté à tout mettre en œuvre pour sauver des vies au Yémen. La communauté internationale doit répondre au plan de réponse humanitaire pour le Yémen récemment, a prié la délégation qui a salué la création par le Secrétaire général du Groupe spécial de haut niveau sur la prévention de la famine. Les parties yéménites qui contrôlent les infrastructures civiles doivent permettre l’accès humanitaire, a encore plaidé la Chine en exhortant aussi les houthistes à accorder un accès au pétrolier SAFER. Elle a, enfin, demandé à consolider la coopération régionale pour apaiser la tension et a misé sur la plateforme de dialogue multilatérale pour promouvoir le processus de paix régional proposée par la Chine.
Le Niger a appelé les pays donateurs à honorer leurs engagements pris lors de la conférence du 1er mars sur la situation humanitaire au Yémen. « Il est aujourd’hui très déconcertant de voir les lueurs d’espoirs enregistrées fin 2020, avec la libération des milliers de détenus, la formation d’un nouveau Gouvernement et les prédispositions favorables manifestées par les parties, à l’égard des propositions de l’Envoyé Spécial, s’estomper, du fait de la reprise de ces hostilités. » La mission a condamné les récentes attaques et le lancement des roquettes sur des zones habitées par des civils et sur les camps de déplacés qui ont conduit à la mort de plusieurs dizaines de personnes et au déplacement de plus de 150 000 autres. L’utilisation des drones armés par les rebelles houthistes sur les villes et les installations pétrolières du Royaume d’Arabie saoudite est une source de grande préoccupation, a reconnu la délégation. Le Niger a dit que la résolution de la crise passe inévitablement par le dialogue inclusif entre les Yéménites, avec l’appui de la communauté internationale. De toute évidence, la résolution de cette crise, dont l’issue ne pourra être militaire, nécessite un changement d’approche de la part des Nations Unies et des partenaires internationaux du Yémen, a déclaré le Niger. « Cette approche doit allier une pression diplomatique plus accrue sur les parties, au maintien d’un contact régulier avec tous les acteurs concernés par cette crise », a-t-il recommandé.
La France a appelé les houthistes à cesser de refuser la paix et à renoncer immédiatement à l’attaque contre Mareb. « Nous condamnons cette offensive qui serait un désastre humanitaire pour plus d’un million de déplacés et qui pourrait porter un coup brutal au processus politique », a dit la France avant d’appeler aussi à mettre fin à l’escalade à Hodeïda et Taëz. La France a aussi demandé aux houthistes de cesser immédiatement les attaques contre le territoire saoudien et de donner immédiatement et sans préconditions l’accès au pétrolier SAFER pour éviter une catastrophe écologique. Après avoir condamné l’attaque du 30 décembre dernier à Aden, contre le Gouvernement du Yémen, la France a répété qu’il n’y a pas de solution militaire au Yémen. C’est pourquoi, la délégation française a demandé aux parties de s’accorder sur un cessez-le-feu immédiat sur l’ensemble du territoire yéménite, conformément à la proposition de l’Envoyé spécial, à l’appel du Secrétaire général et à la résolution 2532 (2020).
« Les parties doivent aussi mettre en œuvre les conclusions du groupe de travail sur les enfants et les conflits armés », a ajouté la France avant d’appeler les États ayant une influence sur les parties à l’exercer pour qu’elles s’engagent pour la paix sans délai. Sur le plan humanitaire, la France s’est inquiétée du risque de famine à grande échelle qui s’accroît chaque jour. La France a appelé à éviter une telle tragédie en financement pleinement le plan de réponse humanitaire. La France a indiqué avoir augmenté sa contribution par rapport à l’an dernier, et avoir annoncé au moins 11 millions d’euros lors de la récente conférence des donateurs. La France a rappelé que le respect du droit international humanitaire n’est pas négociable et que la protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux, doit rester un impératif absolu.
Les États-Unis ont promis de faire entendre la voix des ONG humanitaires qui travaillent sur le terrain au Yémen, en particulier celles des femmes. Ils ont réitéré l’importance de la diplomatie pour mettre fin à la guerre, citant à cet égard les visites de l’Envoyé spécial américain, M. Timothy A. Lenderking, en Arabie saoudite, à Oman, aux Émirats arabes unis, au Koweït, au Qatar et en Jordanie, ponctuées par des rencontres avec le Ministre des affaires étrangères du Yémen et d’autres parties prenantes, y compris des diplomates européens. Les États-Unis travaillent sans relâche pour créer les conditions d’un cessez-le-feu et pour une fin négociée du conflit qui intègre les perspectives et les expériences du peuple yéménite.
Pour la délégation américaine, les parties à ce conflit doivent cesser de se battre car la paix est la seule voie à suivre. Cela passe par un cessez-le-feu global à l’échelle nationale et des pourparlers politiques. Mais il ne peut y avoir de cessez-le-feu ni de paix au Yémen si les houthistes continuent leurs attaques quotidiennes contre le peuple yéménite, l’Arabie saoudite et d’autres pays de la région, a déclaré la délégation. La mort et la violence doivent cesser, a-t-elle exigé en appelant les houthistes à accepter un cessez-le-feu immédiat, global et national, et à cesser toutes les attaques. Les États-Unis continueront en même temps à demander des comptes aux dirigeants houthistes, a dit la délégation qui s’est aussi désolée qu’en retardant l’évaluation du pétrolier SAFER, les houthistes menacent d’une catastrophe irréversible. Il est grand temps pour les houthistes d’arrêter de faire blocage, a averti la délégation. Elle a donc exhorté les autres pays à faire pression sur les houthistes pour qu’ils permettent à l’évaluation d’avancer immédiatement.
Saluant la décision du Conseil de sécurité d’inscrire M. Sultan Zabin sur sa Liste du régime des sanctions, la délégation a promis de travailler avec le Comité des sanctions sur le Yémen pour identifier les personnes et entités qui répondent aux critères de désignation. Sur le plan humanitaire, les États-Unis ont dit que l’aggravation de la catastrophe humanitaire au Yémen, avec ses 14 millions de personnes en proie à la famine dont plus de 2 millions d’enfants, « c’est comme l’enfer sur terre ». Ils ont donc appelé au financement d’une réponse humanitaire massive en annonçant de leur part plus de 190 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire et un total de 350 millions pour l’aide financière américaine au Yémen. « Nous demandons aux donateurs régionaux de contribuer à un financement supplémentaire. Les États-Unis ne peuvent pas le faire seuls. »
Le Yémen a déclaré que les autorités yéménites veillent à mettre un terme au conflit par le biais d’un processus politique s’appuyant sur les résolutions du Conseil. Il a salué le nouvel élan diplomatique imprimé par les États-Unis, avant de dénoncer l’intransigeance des houthistes. Ces derniers ont choisi l’escalade et refusé l’ouverture diplomatique des États-Unis, a regretté le Yémen, ajoutant qu’ils sont soutenus par l’Iran. Il a accusé les houthistes de commettre des crimes odieux alors que « le sang de leurs crimes antérieurs n’a pas encore séché ». La mission a dénoncé l’incendie qui s’est produit dans un centre de rétention de migrants à Sanaa, ajoutant que ces migrants étaient emprisonnés parce qu’ils refusaient de combattre aux côtés des houthistes. Elle a exhorté le Conseil à prendre ses responsabilités face aux houthistes et au « régime voyou » iranien.
Le Yémen a souligné la nécessité de remédier aux causes profondes de la crise humanitaire, les houthistes ayant détourné l’aide humanitaire et se servant de l’affamement des civils comme arme de guerre. Les houthistes ont aussi provoqué une crise des carburants « artificielle », en prétendant pâtir d’un embargo, ce qui est réfuté par les autorités. Il a demandé un appui aux efforts du Gouvernement visant à soutenir la monnaie nationale, avant de dénoncer les attaques des houthistes contre l’Arabie saoudite. « Le Conseil doit dénoncer ces attaques. » Enfin, le Yémen a indiqué que les discussions concernant le pétrolier SAFER sont dans l’impasse, car les houthistes l’utilisent comme monnaie d’échange vis-à-vis de la communauté internationale.