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République centrafricaine: les membres du Conseil de sécurité veulent une revitalisation de l’accord de paix et envisagent l’augmentation des effectifs de la MINUSCA

Ce matin, le Conseil de sécurité a tenu sa réunion trimestrielle sur la Républicaine centrafricaine (RCA), un pays marqué par une période d’instabilité accrue par les violences entourant l’élection présidentielle et le premier tour des élections législatives, qui ont eu lieu le 27 décembre.  Les appels à revitaliser l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine du 6 février 2019 se sont multipliés, tandis que le rôle et les capacités de la MINUSCA ont été au centre de l’attention.

Dans son exposé, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, s’est inquiété de l’instabilité du pays.  Il a relaté que la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) -une alliance récemment formée de six groupes armés responsables des violences pré et postélectorales- avait coupé la principale route reliant Bangui au Cameroun, la MSR-1, mettant ainsi en péril l’approvisionnement en fournitures vitales et faisant apparaître le spectre d’une crise humanitaire.  Même si des progrès ont été enregistrés dans la lutte contre la CPC, grâce aux efforts remarquables de la MINUSCA et à la contribution de partenaires bilatéraux, plus d’un millier de camions chargés de fournitures vitales sont toujours bloqués à la frontière avec le Cameroun.  De plus, les violences ont entraîné des déplacements internes et la hausse des besoins humanitaires alors que beaucoup de civils ont trouvé refuge dans les pays voisins. 

Malgré cette situation très fragile, le pays est en passe de mener à bien une transition démocratique du pouvoir dans le respect du calendrier constitutionnel, a estimé le Secrétaire général adjoint en y voyant « une réussite majeure ».  Une « étape importante et nécessaire pour consolider la démocratie et la mise en œuvre de l’accord de paix », a renchéri le Commissaire de l’Union africaine (UA) pour la paix et la sécurité, M. Ismail Chergui, tout en déplorant que certaines parties prenantes et groupes armés continuent de faire dérailler ces efforts en alléguant que les élections n’étaient pas inclusives.  Malgré les appels lancés aux parties pour qu’elles règlent leurs différends au sujet des élections, certains ont choisi la voie de la violence en créant la CPC qui est résolue à renverser le Gouvernement, a dénoncé M. Chergui. 

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, ces acquis démocratiques doivent être préservés en achevant le processus électoral et en progressant sur la voie d’un règlement pacifique de la crise, ont recommandé les deux hauts responsables.  Deux ans après sa signature, l’Accord politique reste le seul cadre viable pour aboutir à la paix, a martelé M. Lacroix qui a ensuite plaidé en faveur d’un dialogue « inclusif et significatif », engagé sans délai, pour permettre au pays de commencer à « guérir ».  Il a insisté sur la participation à ce dialogue de l’opposition politique et des groupes armés qui ont renoncé à la violence et sont restés dans l’Accord.

La Directrice générale du Service européen d’action extérieure pour l’Afrique, Mme Rita Laranjinha, a souhaité elle aussi voir toutes les parties se réengager.  Les États-Unis et l’Irlande, comme d’autres, ont insisté sur la participation à ce dialogue des femmes et des jeunes du pays qui, comme l’a assuré Mme Kessy Martine Ekomo-Soignet, représentante de la jeunesse et de la société civile, sont prêts à se relever et à tourner la page des crises répétitives.

Si la France a plaidé pour que ce dialogue se tienne sous l’égide de la région, la Fédération de Russie y a ajouté une condition: toute initiative régionale de médiation doit être mise en œuvre avec le consentement et la participation du Gouvernement centrafricain.  À cet égard, M. Lacroix, comme les membres du Conseil, a salué l’engagement et le leadership des organisations régionales, y compris l’UA et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) en tant que garants, ainsi que la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL). 

L’UA a demandé au Conseil de sécurité, entre autres, de condamner toutes tentatives de prise de pouvoir par les armes, y compris les « actes subversifs perpétrés par l’ancien président François Bozizé », et d’exhorter les groupes rebelles à respecter les dispositions de l’accord de paix, qui prévoit leur dissolution et leur transformation en partis politiques.  Le Commissaire de l’UA, suivi par la France, a également plaidé pour l’imposition de sanctions ciblées à toutes les personnes et entités qui continuent de violer l’accord de paix et le droit international humanitaire.  De son côté, la Fédération de Russie a demandé une adaptation du régime de sanctions afin de permettre à l’État centrafricain de rétablir son contrôle sur l’ensemble du territoire.

M. Lacroix a remercié le Conseil d’avoir accordé une prorogation du renforcement temporaire de la MINUSCA par la coopération intermissions et s’est dit convaincu que ces renforts joueront un rôle crucial, en particulier pour la sécurité des élections.  La Mission risque cependant de voir ses capacités mises à rude épreuve au-delà de cette période, a prévenu le Secrétaire général adjoint, arguant qu’elles sont déjà pleinement utilisées pour répondre aux besoins accrus en matière de sécurité.  Le Secrétaire général, dans son rapport, a d’ailleurs recommandé de renforcer la MINUSCA avec une augmentation de 2 750 militaires et 940 agents de police.  La Mission doit pouvoir protéger les civils, créer les conditions propices au progrès dans le processus politique, sécuriser l’acheminement de l’aide humanitaire, et contribuer à une meilleure protection du personnel et des installations de l’ONU sur place, a plaidé M. Lacroix, en particulier après le meurtre récent de sept Casques bleus. 

La France, qui soutient ces propositions, a annoncé vouloir prochainement présenter une résolution en ce sens au Conseil de sécurité, alors que la Fédération de Russie a jugé plus urgent de renforcer le potentiel des forces armées centrafricaines, ajoutant qu’elle maintiendrait son « appui complet » au pays.  Les États-Unis ont, quant à eux, exprimé leur préoccupation quant aux activités d’instructeurs militaires civils russes et de troupes rwandaises qui opèrent sur une base bilatérale « dans une transparence minimale » avec la MINUSCA et les acteurs humanitaires.

Dans son exposé, M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a souligné que la République centrafricaine (RCA) continue de souffrir de la violence malgré le succès de l’élection présidentielle, bien que dans des circonstances difficiles.  Ces dernières semaines, des progrès importants ont été réalisés contre la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), un groupe armé, notamment grâce aux efforts remarquables de la MINUSCA et à la contribution de partenaires bilatéraux.  Cependant, la situation reste très instable, a concédé M. Lacroix.  Dans plusieurs villes, dont Bossangoa à l’ouest et Bambari au centre, la Mission assure la sécurité de milliers de personnes déplacées qui ont fui la violence.  La MINUSCA continue de soutenir les efforts visant à sauvegarder l’ordre démocratique et à protéger les civils face aux tentatives persistantes de la CPC d’asphyxier le pays en coupant la route MSR-1 reliant Bangui au Cameroun, qui est sa « bouée de sauvetage économique ».

En parallèle, la situation humanitaire reste alarmante, bien qu’il y ait eu un progrès important avec l’arrivée récente des premiers convois d’aide humanitaire à Bangui depuis la flambée des violences.  Mais, en raison de l’insécurité, plus d’un millier de camions sont toujours bloqués à la frontière avec le Cameroun transportant des fournitures vitales et de la nourriture -y compris pour le personnel des Nations Unies- ainsi que des fournitures médicales nécessaires pour lutter contre la pandémie.  Les violences ont entraîné une hausse des déplacements et des besoins humanitaires, et beaucoup de civils ont été poussés à se réfugier à nouveau dans les pays voisins.  La RCA est aujourd’hui le pays le plus dangereux pour les humanitaires, a reconnu M. Lacroix.

Malgré cette situation très fragile, le pays est en passe de mener à bien une transition démocratique du pouvoir dans le respect du calendrier constitutionnel, a souligné M. Lacroix en y voyant « une réussite majeure ».  Il a jugé essentiel que ces acquis démocratiques soient préservés en achevant le processus électoral et en progressant sur la voie d’un règlement pacifique de la crise.  Deux ans après sa signature, l’Accord politique reste le seul cadre viable pour aboutir à la paix, a rappelé le Secrétaire général adjoint.  Pour permettre au pays de tourner la page et de commencer à « guérir », M. Lacroix a plaidé pour un processus de dialogue « inclusif et significatif », engagé sans délai, y compris avec l’opposition politique et avec les groupes armés qui ont renoncé à la violence et sont restés dans l’Accord. 

M. Lacroix a aussi demandé à la communauté internationale de soutenir cet effort en favorisant la coopération et la cohérence dans le cadre du processus de paix.  À cet égard, le haut responsable a salué l’engagement et le leadership des organisations régionales, y compris l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) en tant que garants, ainsi que la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL), qui s’emploient tous à soutenir ce processus de paix.  Il a encouragé la poursuite d’une coordination étroite entre tous les partenaires dans le cadre de l’Accord politique.  Un tel dialogue inclusif sera également essentiel pour créer les conditions propices au prochain tour pacifique des élections législatives prévues le 14 mars.  La MINUSCA continue de fournir un soutien multiforme à ce processus, a précisé M. Lacroix. 

Il a souligné que malgré la détérioration rapide de la situation sécuritaire, la Mission a continué à être le principal garant de la sécurité de la population civile.  Elle a, à plusieurs reprises, déjoué des attaques des groupes armés, y compris dans la capitale, et a également réussi à protéger les prisons à Bangui, empêchant ainsi la fuite de prisonniers de haut profil.  M. Lacroix a tenu à remercier le Conseil pour avoir accordé une prorogation du renforcement temporaire de la MINUSCA par la coopération intermissions.  Il est convaincu que ces renforts continueront de jouer un rôle crucial, en particulier dans le contexte de la sécurité des élections législatives de mars.

Néanmoins, le risque que la Mission voie ses capacités mises à rude épreuve va au-delà de cette période, a prévenu le Secrétaire général adjoint, car elles sont actuellement pleinement engagées pour faire face à la situation de sécurité instable et répondre aux besoins accrus en matière de sécurité et de protection.  C’est dans ce contexte que le Secrétaire général recommande de renforcer la MINUSCA avec une augmentation de 2 750 militaires et 940 agents de police, a-t-il rappelé.  Cela renforcerait la capacité de la MINUSCA à s’acquitter de ses tâches prioritaires, à savoir protéger les civils, créer les conditions propices au progrès dans le processus politique et faciliter l’acheminement en toute sécurité de l’aide humanitaire.  L’augmentation proposée contribuerait également à une meilleure protection du personnel et des installations de l’ONU sur place, a fait valoir M. Lacroix, pour lequel c’est d’autant plus important à la lumière du meurtre de sept Casques bleus depuis le début des violences électorales.  La demande de capacités militaires supplémentaires ne signifie pas pour autant que seule une solution militaire ou sécuritaire permettrait de relever les défis actuels a expliqué M. Lacroix en expliquant qu’elle est le fruit d’une évaluation complète du nouveau contexte et des exigences pour répondre aux besoins accrus.  La proposition du Secrétaire général fera l’objet d’examens réguliers en fonction de l’évolution sur le terrain, a assuré M. Lacroix en disant espérer pouvoir compter sur le soutien du Conseil.

Appelant à renforcer la lutte contre l’impunité en RCA, M. Lacroix a souligné que la période électorale a mis à nu l’important travail qui reste à faire pour garantir que les institutions nationales puissent assumer leurs responsabilités souveraines de protection de la population.  Il sera important, selon lui, de revoir le processus actuel de réforme du secteur de la sécurité, aux côtés des partenaires nationaux et internationaux, et d’ajuster l’approche commune en vue de rétablir la préparation opérationnelle des forces de défense nationale et de sécurité intérieure.  Dans l’intervalle, il est essentiel que les forces de défense nationale et de sécurité intérieure continuent de faire preuve du plus haut niveau de professionnalisme dans le plein respect de l’état de droit et des principes internationaux des droits de l’homme, y compris pendant l’état d’urgence actuellement en vigueur, a exigé le Secrétaire général adjoint.

M. SMAIL CHERGUI, Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine (UA), a indiqué que, malgré les défis posés par la pandémie de COVID-19, l’Union africaine est restée fidèle à son engagement d’aider la RCA à assurer une paix durable.  L’organisation du premier tour des élections présidentielle et législatives a, selon lui, été une « étape importante » nécessaire pour consolider la démocratie et la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation.  Il s’est également réjoui qu’en dépit des difficultés économiques, le deuxième tour des élections législatives soit prévu pour le 14 mars prochain.  Toutefois, a-t-il déploré, certaines parties prenantes et groupes armés continuent de faire dérailler ces efforts en alléguant que les élections n’étaient pas inclusives.  Malgré les appels lancés aux parties pour qu’elles règlent leurs différends au sujet des élections, certains ont choisi la voie de la violence en créant une coalition de six groupes armés connue sous le nom de Coalition des patriotes pour le changement (CPC) et résolue à renverser le Gouvernement, a dénoncé M. Chergui. 

Ces groupes, a-t-il poursuivi, continuent d’attaquer le corridor Bangui-Garoua, une route stratégique d’approvisionnement qui relie la RCA au Cameroun.  Ces attaques affectent la capacité du Gouvernement à fournir les services nécessaires aux « civils innocents » et sapent la capacité des institutions internationales à fournir une aide humanitaire, a-t-il regretté, avant de rappeler que le HCR considère la RCA comme « l’une des situations d’urgence les moins financées au monde » et que des centaines de personnes continuent de manquer de produits de première nécessité.  Il a par ailleurs remercié la MINUSCA, la Fédération de Russie et le Rwanda de fournir une assistance militaire au pays et de contrecarrer les intentions de la CPC de capturer Bangui.  D’après lui, l’offensive militaire actuellement menée par la MINUSCA et ses alliés libérera sans aucun doute les villes sous le contrôle de la CPC ainsi que le couloir principal Bangui-Garoua.

M. Chergui a ensuite demandé au Conseil de lancer un appel pour demander l’arrêt immédiat des violences perpétrées par la CPC, de condamner toutes tentatives de prise de pouvoir par les armes, y compris les « actes subversifs » perpétrés par l’ancien président François Bozizé, et de réaffirmer sa solidarité avec le Gouvernement centrafricain, en exhortant tous les groupes rebelles à respecter les dispositions de l’accord de paix, qui prévoit leur dissolution et leur transformation en partis politiques.  Le Commissaire a souhaité, en outre, que le Conseil exige une mise en œuvre rapide de la feuille de route du dialogue inclusif annoncée par le Président Faustin Archange Touadéra après son élection.  Enfin, il a plaidé pour l’imposition de sanctions ciblées à toutes les personnes et entités qui continuent de violer l’accord de paix et le droit international humanitaire. 

Mme RITA LARANJINHA, Directrice Afrique du Service européen pour l’action extérieure de l’Union européenne (UE), a noté que la République centrafricaine reste dans une situation critique deux mois après l’élection présidentielle du 27 décembre 2020, avec la persistance d’importantes tensions politiques postélectorales et une nouvelle crise sécuritaire qui a aggravé la situation humanitaire.  Face à ce constat, elle a appelé à des efforts collectifs dans trois directions en citant d’abord la restauration de la sécurité dans le pays dans l’optique des élections législatives du 14 mars, puis la restauration d’un dialogue inclusif entre le Gouvernement, l’opposition démocratique et la société civile, et enfin la revitalisation de l’accord de paix, deux ans après sa signature, en travaillant à obtenir un réengagement de toutes les parties.

La restauration de la sécurité dans le pays est une priorité, notamment au vu des étapes restantes du processus électoral, a déclaré Mme Laranjinha en précisant que l’UE, principal donateur du processus, juge cruciale la tenue d’élections libres, équitables et transparentes.  Dans ce contexte, la représentante de l’UE a sévèrement condamné les attaques et actes de déstabilisation lancés par certains groupes armés, pourtant signataires de l’accord de paix de 2019, notamment à l’initiative de la CPC, créée le 17 décembre 2020 et soutenue par François Bozizé. 

Plaidant ensuite pour « un véritable dialogue politique inclusif » pour sortir de la crise, entre le Gouvernement, l’opposition démocratique et la société civile, elle a appelé à renforcer la représentativité des futures institutions et de la gouvernance du pays, grâce à une large participation et à l’inclusion.  Elle a encouragé le Gouvernement, les institutions centrafricaines, les acteurs politiques et les « forces vives » à engager un dialogue constructif dans un esprit ouvert et positif dans l’intérêt du peuple centrafricain.

Elle a aussi appelé à relancer le processus de paix et de réconciliation, dans le seul cadre possible de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation.  Rappelant que seule une solution politique aidera à instaurer une paix, une réconciliation et un développement durables dans le pays, elle a jugé urgent de revitaliser l’accord de paix.  Un réengagement de toutes les parties -Gouvernement et groupes armés désireux de rester ou de revenir dans le processus- et une plus grande inclusion et participation de la société civile et des « forces vives » dans le processus, en particulier les femmes et les jeunes, sont essentiels pour arriver à une paix durable, a-t-elle dit.

« En vue de la mise en place du prochain cycle de partenariat UE-RCA, nous sommes prêts à continuer d’accompagner les citoyens centrafricains et les futures autorités à travers un programme de réformes vers une gouvernance démocratique plus forte », a indiqué en conclusion Mme Laranjinha avant de souligner la nécessité d’un secteur de la sécurité responsable et mieux gouverné; de lutter contre la corruption et l’impunité; de renforcer l’autorité de l’État et des institutions crédibles et responsables; d’accroître les opportunités économiques pour tous; sans oublier les principales réformes sociétales, avec un accent particulier sur l’éducation, la jeunesse et le rôle des femmes. 

Mme KESSY MARTINE EKOMO-SOIGNET, fondatrice et Directrice exécutive de l’ONG URU, a fait part des inquiétudes, des peurs, des espoirs et de la vision des jeunes centrafricains pour l’avenir de leur pays.  Elle a d’abord fait le constat d’une situation complexe, tendue, difficile et marquée par « la peur de perdre nos vies et celles de nos proches » à cause de la violence armée, « la peur d’être physiquement abusé, la peur de ne pas avoir les moyens économiques de notre survie », surtout en cette période de pandémie qui a aggravé les vulnérabilités. 

« Cependant, nos espoirs sont plus forts que nos peurs », a déclaré Mme Ekomo-Soignet estimant qu’il est possible de sortir de cette situation d’instabilité « avec nos partenaires ».  « Nous avons choisi le chemin de la paix et de l’unité face aux tentatives de déstabilisation et de division. »  La représentante de la jeunesse a assuré que les jeunes et les femmes sont prêts à se relever et à tourner la page des crises répétitives, comme lors du Forum de Bangui en 2015 qui a permis au peuple centrafricain de parler de la paix. 

Le contexte actuel rappelle malheureusement aux Centrafricains le traumatisme de la crise de 2013, a-t-elle poursuivi.  « Ce traumatisme est caché sous notre détermination à vivre ensemble, à transformer positivement notre pays et à se relever ensemble comme un seul peuple uni et fort. »  Les violences perpétrées par « la nébuleuse coalition armée » appelée « CPC » a rendu la vie de mon peuple très pénible, a témoigné Mme Ekomo-Soignet.  Elle a aussi parlé des conséquences du couvre-feu et de l’état d’urgence sur la vie socioéconomique d’un pays qui se caractérise par une économie largement informelle et « active de jour comme de nuit ».  Sur le plan social, il y a malheureusement une recrudescence des violences basées sur le genre et des agressions sexuelles au sein des communautés, a-t-elle déploré. 

Au niveau politique, a poursuivi Mme Ekomo-Soignet, la situation actuelle questionne l’avenir du processus de paix, et l’accord de paix.  La société civile, les jeunes et les femmes ont œuvré ces deux dernières années pour que l’accord soit le cadre de référence pour asseoir une paix durable en menant des plaidoyers auprès des décideurs et des groupes armés, a-t-elle indiqué avant d’appeler à redoubler d’efforts pour la revitalisation du processus de paix.  « Nous devons cette paix à la génération présente et aux générations futures. »

Mme Ekomo-Soignet a annoncé les rêves de son peuple: un rêve de paix qui se traduit tout d’abord par la liberté de circulation des biens et des personnes; un rêve de pouvoir rester au pays et d’y réussir; un rêve de voir le pays se développer, atteindre les objectifs de développement durable à l’horizon 2030 et réaliser les aspirations de l’Agenda 2063 de l’Afrique que nous voulons; un rêve de voir la vision du père fondateur de la République centrafricaine, Barthelemy Boganda, formulée au tour du « Zo Kwe Zo » (embrasser la diversité du peuple centrafricain en luttant contre l’impunité et pour le respect des droits et libertés fondamentales) devenir une réalité. 

La représentante de la jeunesse centrafricaine a conclu en réclamant la justice pour les milliers de vies innocentes ôtées, pour les filles et les femmes violées, physiquement abusées, pour les propriétés et autres biens détruits.  Enfin, elle a mis en garde qu’il n’y aura pas de paix durable sans la participation effective des femmes et des jeunes qui représentent plus de 75% de la population.  Ils doivent être appuyés techniquement et financièrement pour amplifier l’impact de leurs actions de consolidation de la paix, a-t-elle recommandé.  L’action ou l’inaction du Conseil peut sauver ou coûter des vies en République centrafricaine, a tranché Mme Ekomo-Soignet. 

La France, faisant valoir que « seule une solution politique permettra de sortir de la crise actuelle » en RCA, a appelé le Gouvernement et tous les acteurs centrafricains à mettre un terme aux hostilités et à emprunter la voie de la réconciliation.  Alors qu’aucune avancée concrète ne se fait jour, malgré les initiatives portées par la CEEAC et la CIRGL, la délégation a exhorté les autorités du pays et l’ensemble des acteurs politiques à engager un dialogue politique inclusif sous l’égide de la région.  La MINUSCA et les partenaires régionaux doivent user de toute leur influence pour appuyer ces efforts, a-t-elle estimé, souhaitant également que les élections législatives et locales soient organisées de manière apaisée.  Quant au processus de paix, la France a plaidé pour l’adoption de sanctions contre ceux qui ont tenté de le faire dérailler. 

La délégation a ensuite salué la réaction de la MINUSCA face à la crise, avant de rendre hommage aux sept Casques bleus tombés depuis décembre.  Elle a dit soutenir la demande du Secrétaire général de renforcer les moyens de la Mission afin de lui permettre de remplir son mandat.  La France présentera prochainement une résolution en ce sens au Conseil de sécurité, a-t-elle indiqué, appelant par ailleurs toutes les parties à respecter leurs obligations au titre du droit international humanitaire.  Le nombre d’attaques contre les personnels humanitaires n’a jamais été aussi élevé, « c’est inacceptable », a-t-elle tonné.  Soucieuse de voir les auteurs de ces crimes répondre de leurs actes devant la justice, elle a demandé aux autorités centrafricaines et à la MINUSCA d’établir les faits sur la reprise de la ville de Bambari et, si des violations ont été commises, d’engager des poursuites. 

La France a rappelé que l’embargo sur les armes n’a pas été créé pour faire obstacle au renforcement des forces armées centrafricaines.  Elle s’est également déclarée favorable à ce que le Conseil de sécurité se réunisse prochainement en présence des représentants de la CEEAC et la CIRGL.  Enfin, tout en se disant prête à des évolutions du régime de sanctions, elle a souhaité que ces dernières s’inscrivent dans une stratégie d’ensemble tenant compte des efforts régionaux, des progrès politiques en RCA et des avancées dans la réalisation des objectifs fixés par le Conseil en matière de contrôle des armements. 

La Norvège, inquiète de la violence persistante en République centrafricaine, a exhorté les parties à mettre fin aux attaques et à déposer les armes.  Elle s’est dite profondément préoccupée par le non-respect du droit international humanitaire et par la forte détérioration de la situation déjà désastreuse des droits de l’homme, citant les récits de violences sexuelles liées aux conflits et les violations des droits humains perpétrées par des groupes armés non étatiques.  Soulignant la nécessité de se concentrer de nouveau sur la réforme du secteur de la sécurité ainsi que sur un contrôle approfondi et une évaluation des risques, elle a salué l’importance de la mission de formation de l’UE pour la réforme du secteur de la sécurité. 

La délégation s’est félicitée de la volonté du Président Touadéra d’engager un dialogue avec l’opposition politique, souhaitant qu’il soit inclusif et se tienne dès que possible en impliquant la voix des femmes, des jeunes et des chefs religieux.  Elle a exhorté l’UA, la CEEAC et la CIRGL à rester impliquées pour soutenir les efforts des autorités centrafricaines.  La Norvège s’est inquiétée de la réalité de la violence électorale en notant que les derniers chiffres du HCR montrent que près d’un tiers de la population est déplacé de force.  En outre, elle a noté un nombre record de 66 incidents contre des travailleurs humanitaires en janvier 2021.  « La République centrafricaine est l’endroit le plus dangereux du monde pour les travailleurs humanitaires », a dit la Norvège avant de condamner les attaques de groupes armés qui empêchent les marchandises d’atteindre la capitale.  C’est pourquoi, la Norvège a appelé à nouveau à un accès humanitaire sûr et sans entrave à toutes les personnes ayant besoin de protection et d’assistance, avant de demander à toutes les parties de se conformer à leurs obligations en droit international humanitaire. 

Le Mexique a exprimé sa profonde préoccupation face aux graves conséquences humanitaires de l’escalade du conflit en République centrafricaine: plus de 200 000 personnes ont récemment quitté leur domicile en raison de la violence.  Il a plaidé pour une réponse urgente de la communauté internationale et une action coordonnée de tous les acteurs humanitaires.  Le Mexique a dénoncé les actes violents de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) qui, en outre, bloque la route reliant Bangui au Cameroun.  Cela affecte directement la vie de la population civile qui dépend des biens essentiels acheminés par cette route, a-t-il relevé avant d’appeler tous les acteurs concernés à ne pas entraver l’accès humanitaire.  Le nombre élevé de désertions enregistrées dans les forces armées et de sécurité est un autre indicateur préoccupant, a estimé la délégation, tout comme la capacité de mobilisation et d’organisation d’attaques asymétriques par des groupes armés depuis décembre dernier alors même que certains sont signataires de l’accord de paix. 

L’ouverture récente de la procédure contre Alfred Yekatomy et Patrice-Edouard Ngaïssona devant la Cour pénale internationale devrait servir de rappel aux acteurs du conflit sur les conséquences en cas de commission de crimes contre des femmes, des enfants et des civils en général, a souligné le Mexique.  Il a félicité la MINUSCA pour le travail « remarquable » accompli pour protéger la population civile et pris note de la demande du Secrétaire général d’augmenter ses effectifs afin de faire face à l’instabilité actuelle.  Cette proposition mérite d’être étudiée en profondeur, a estimé la délégation tout en soulignant que la solution à long terme nécessite l’engagement de l’État centrafricain et l’exercice de leurs responsabilités par les autorités nationales.  Des réformes sont également nécessaires pour améliorer la gouvernance du pays et remédier aux conditions structurelles qui nourrissent le conflit.  Le Mexique a également demandé que les accusations d’abus et d’exploitation sexuels portées sur les effectifs de la MINUSCA fassent l’objet d’enquêtes rigoureuses et transparentes.  La seule réponse acceptable est la tolérance zéro, a-t-il tranché.

En conclusion, la délégation a estimé que la voie la plus viable d’une sortie de la crise actuelle en RCA reste la réactivation d’un processus politique sérieux, crédible et efficace.  Le Mexique a également espéré que le deuxième tour des élections législatives pourra avoir lieu dans les délais prescrits et dans un environnement paisible.  Les négociations politiques ne doivent pas être réservées aux groupes armés uniquement, a estimé la délégation en plaidant pour un dialogue inclusif.

L’Estonie a condamné dans les termes les plus vifs le ciblage et le meurtre de civils, de travailleurs humanitaires, de personnels de sécurité et de Casques bleus par des groupes armés, en particulier la Coalition des patriotes pour le changement (CPC).  Elle a également présenté ses condoléances aux soldats de la paix qui ont péri en protégeant la vie des habitants de RCA.  Saluant la réponse rapide de la MINUSCA pour assurer la protection des civils et l’acheminement de l’aide humanitaire, la délégation a accueilli favorablement la demande d’augmenter le personnel de la Mission afin d’améliorer sa capacité de s’acquitter de son mandat.  Elle a cependant estimé que la responsabilité première de la protection de toutes les populations du pays et de l’avancement de la réconciliation nationale et du dialogue politique incombe aux autorités centrafricaines.

Félicitant ensuite le peuple centrafricain d’avoir eu le « courage » d’aller voter, l’Estonie a souhaité que le verdict des urnes soit accepté et respecté par tous les acteurs politiques et que tout différend électoral soit réglé pacifiquement et légalement.  L’Estonie s’est par ailleurs associée aux appels en faveur d’un cessez-le-feu immédiat et de la revitalisation du dialogue politique et du processus de réconciliation.  « Il n’y a pas de chemin qui conduise à une paix durable par la violence », a-t-elle souligné, avant d’appeler les garants et facilitateurs de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation de continuer à appuyer sa mise en œuvre effective. 

La Chine a plaidé pour que les hostilités et les violences cessent immédiatement en République centrafricaine.  Elle a appelé les parties à mettre fin au conflit.  Le deuxième anniversaire de l’accord de paix est l’occasion de le revitaliser afin de pouvoir maintenir la paix et la stabilité dans le pays, a-t-elle fait remarquer.  Il ne peut pas être abandonné à mi-parcours, a prévenu la Chine qui a exhorté les parties centrafricaines à le mettre en œuvre.  La délégation a demandé l’octroi de ressources adéquates pour la MINUSCA afin qu’elle puisse s’acquitter de son mandat pour la paix et la bonne tenue des élections.  La Chine est d’avis que la République centrafricaine doit compter sur elle-même pour rétablir la paix et la stabilité sur son territoire. 

La Chine a demandé la levée de l’embargo sur les armes frappant la RCA.  Elle a souligné l’importance d’aider les organisations régionales qui ont un rôle à jouer dans le pays.  La Chine a en outre salué les efforts de bons offices des pays de la région.  L’ONU doit renforcer la coordination avec ces organisations régionales afin de créer de la synergie, a suggéré la délégation.  Enfin, rappelant que la pauvreté et le sous-développement sont les causes profondes de la crise, la Chine a encouragé le Gouvernement centrafricain à relever ces défis et appelé la communauté internationale à renforcer son appui à la République centrafricaine et sa coopération avec elle. 

Au nom du Kenya, du Niger, de la Tunisie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines (A3+1), le Niger a félicité la MINUSCA pour les actions vigoureuses qu’elle a menées afin d’aider à contenir les violences liées au processus électoral et qui ont été perpétrées par les groupes armés en RCA.  Les A3+1 ont appelé les autorités de la RCA à tout mettre en œuvre pour traquer les auteurs de ces attaques qui pourraient constituer un crime contre l’humanité, en vue d’engager des poursuites à leur encontre devant les tribunaux nationaux et internationaux.  Ils ont réitéré que les élections restent la seule voix légitime d’accession au pouvoir, et ont salué une fois de plus la détermination du peuple centrafricain à exercer son droit légitime d’élire ses dirigeants malgré le contexte difficile.  Seul le dialogue entre les centrafricains, avec le soutien des pays de la région, de l’UA, de l’ONU et de la communauté internationale, dans son ensemble, reste la clef pour une sortie de crise réussie en RCA, ont-ils ajouté.  Les A3+1 ont appelé tous les acteurs à accepter les résultats des élections telles que validées par la Cour constitutionnelle, et ils ont encouragé le Président Touadéra à tout mettre en œuvre pour initier et promouvoir un dialogue inclusif avec l’opposition, les groupes armés signataires de l’accord de paix du 6 février 2019, la société civile et toutes les parties prenantes, pour apaiser les tensions et relancer le processus de mise en œuvre dudit accord. 

Selon les A3+1, le dialogue ne doit pas entraver la lutte contre l’impunité, et de ce fait, ils ont appelé le Gouvernement centrafricain à renforcer la mise en œuvre des réformes institutionnelles, en particulier la réforme du secteur de la sécurité qui constitue un défi majeur au regard des insuffisances constatées ces dernières semaines.  Ils ont également appelé la communauté internationale, à commencer par l’ONU, à mener des actions coordonnées pour contribuer plus efficacement à soulager les souffrances de la population, surtout en cette période de pandémie, en facilitant l’acheminement de l’assistance humanitaire et en œuvrant à la promotion des droits de l’homme.  Les A3+1 ont marqué leur préoccupation devant la détérioration de la situation humanitaire, avec environ 2,8 millions de personnes dans le besoin d’assistance humanitaire, dont 1,9 million en urgence.  À ces chiffres, ont-ils rappelé, il faut ajouter plus de 1,3 million de déplacés internes ou dans les pays voisins.  Les A3+1 ont donc appelé à un sursaut de la communauté internationale, y compris le HCR, pour leur rapatriement dans le respect du droit international humanitaire. 

Au sujet de l’embargo sur les armes, les A3+1 se sont dits prêts à travailler avec les membres du Conseil sur des mesures concrètes permettant d’aboutir à une solution durable qui prenne en compte toutes les revendications y compris celles du Gouvernement centrafricain.  Les A3+1 ont en outre soutenu la recommandation du Secrétaire général de renforcer les capacités de la MINUSCA, par l’ajustement de ses troupes et des forces de police, de même que par la mise à disposition des matériels adéquats, afin de lui permettre de garantir la sécurité des civils et des soldats de la paix et d’assurer le maintien de l’ordre, conformément à la résolution 2552 (2020).

L’Inde a condamné à les récente attaques perpétrées contre des Casques bleus de l’ONU en RCA et souhaité qu’elles fassent l’objet d’enquêtes afin que les auteurs rendent des comptes.  Ces violences démontrent le rôle essentiel joué par la MINUSCA mais aussi la nécessité urgente de « protéger les protecteurs », a-t-elle estimé.  La délégation a par ailleurs salué le « jalon » que représente le deuxième anniversaire de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, voyant dans cet accord « la seule façon constructive de parvenir à la réconciliation et de garantir la stabilité du pays ».  De l’avis de l’Inde, il incombe aux autorités centrafricaines de redonner un nouveau souffle au processus politique.  Le Gouvernement devrait, selon elle, contacter l’ensemble des signataires de l’accord de paix et lancer un dialogue national.  Elle s’est félicitée à cet égard de l’appel lancé dans ce sens par le Président Touadéra. 

L’Inde a demandé que cessent immédiatement les violences perpétrées par des groupes armés, à commencer par la CPC, rappelant qu’elles ont contraint le Gouvernement à décréter l’état d’urgence.  Condamnant toutes les violences commises contre les civils, elle a jugé que la situation humanitaire critique en RCA démontre l’importance d’une réforme du secteur sécuritaire.  La délégation s’est ensuite félicitée de la tenue d’élections démocratiques en RCA et remercié les partenaires qui ont accompagné cette étape importante.  Alors que le deuxième tour des élections législatives est prévu le 14 mars, elle a invité toutes les parties à appuyer ce processus.  Enfin, déplorant que 100 000 personnes aient dû fuir le pays, ce qui aggrave la situation des pays voisins, elle a jugé essentiel d’empêcher le blocage par des groupes armés de routes stratégiques comme celle reliant Bangui au Cameroun.  À cet égard, a-t-elle conclu, au-delà de la MINUSCA, les efforts de la communauté internationale devraient se concentrer sur le renforcement des capacités des forces armées de la RCA. 

Le Viet Nam a regretté de voir que la RCA, dans un contexte électoral, va maintenir pendant six mois l’état d’urgence en raison d’une insécurité persistante.  Il a condamné les attaques d’éléments armés contre des civils, des soldats de la paix et des travailleurs humanitaires avant d’appeler au respect du droit international, y compris du droit international humanitaire et à la protection de ces personnels qui sont sur le terrain pour sauver des vies et maintenir la paix et la stabilité. 

S’agissant de la situation humanitaire, qui continue de se détériorer en raison de violences liées aux élections, de la situation socioéconomique déjà désastreuse ainsi que des impacts de la COVID-19, le Viet Nam s’est dit troublé que 2,8 millions de personnes, soit environ 58% de la population, aient besoin d’aide humanitaire, et que 2,3 millions (48% de la population) souffrent d’une insécurité alimentaire aiguë.  Le Viet Nam a noté que des centaines de milliers de personnes sont déplacées ou ont fui le pays en raison des nouvelles violences liées aux élections alors qu’ont lieu un nombre croissant d’attaques contre les humanitaires.

Enfin, notant que la situation actuelle ne peut être corrigée sans l’appui de la communauté internationale, le Viet Nam a souligné l’importance des efforts des organisations régionales et sous-régionales -y compris l’UA, la CEEAC et la CIRGL- pour soutenir la République centrafricaine.

L’Irlande a dénoncé l’augmentation de la violence en RCA et les attaques ciblées contre la MINUSCA en soulignant la responsabilité du Conseil de faire en sorte que la Mission dispose des ressources adéquates pour remplir en toute sécurité son mandat.  Elle a ainsi appuyé les recommandations du Secrétaire général visant à augmenter les effectifs de la MINUSCA et demandé au Conseil de faire de même.  Rappelant que l’une des tâches prioritaires de la MINUSCA est la protection des civils, la délégation a fait part de ses préoccupations face aux souffrances des ceux-ci et a exigé que la Mission ait les moyens d’aider à créer des conditions propices à l’avancement du processus politique.  Elle s’est félicitée qu’à l’occasion du deuxième anniversaire de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation au début du mois, le Président Touadéra a réitéré son intention de faciliter le dialogue.  Elle a appelé toutes les parties à s’engager un dialogue constructif et inclusif en vue de progresser sur la voie d’une solution politique, en insistant sur la nécessité d’y associer pleinement les femmes et les jeunes. 

Saluant le premier tour des élections présidentielle et législatives, la délégation a espéré que le second tour des élections législatives se tiendra le 14 mars dans un climat pacifique et inclusif.  Elle a reconnu le rôle essentiel joué à cet égard par les États de la région et les organisations régionales comme l’UA et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, et a demandé au Conseil de sécurité de les soutenir de manière constructive.  La délégation a par ailleurs exigé que la route de l’acheminement des convois humanitaires en provenance du Cameroun soit sécurisée sans tarder.  Avant que la paix et la réconciliation soient possibles, il faut que les auteurs des violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme soient tenus responsables, a-t-elle ajouté en évoquant les audiences dans les affaires supposées de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité à La Haye.  « La justice peut et sera rendue. »  Elle s’est aussi félicitée des nominations des commissaires à la Commission vérité, justice, réparation et de réconciliation.

La Fédération de Russie a constaté que la situation en RCA reste « tendue » et que des combats actifs continuent d’y faire rage.  Les forces gouvernementales, appuyées par la MINUSCA, doivent encore faire face à des tentatives rebelles de s’emparer de nouveaux territoires, d’avancer vers Bangui et de couper des voies d’approvisionnement de la capitale, a-t-elle déploré, se disant préoccupée par les informations faisant état de regroupements de combattants et d’un soutien matériel et financier venant de l’extérieur.  Afin de lutter contre la contrebande d’armes, les pays voisins devraient renforcer le contrôle des frontières, a estimé la délégation, partisane de la poursuite du soutien international aux autorités centrafricaines.  Dans ce contexte, la Fédération de Russie a salué l’implication de la CEEAC et de la CIRGL dans les efforts de stabilisation menés par l’ONU et les partenaires étrangers.  Elle a toutefois souhaité que toute initiative régionale de médiation soit mise en œuvre avec le consentement et la participation du Gouvernement centrafricain.

La délégation russe a, d’autre part, réitéré son appui aux dispositions de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation du 6 février 2019, y voyant la seule possibilité de rétablir la stabilité en RCA.  Jugeant inacceptables les tentatives visant à saper l’application effective de cet accord, elle a souhaité qu’un « message » soit passé aux groupes armés qui s’en écartent.  Il faut qu’ils reviennent au respect de leurs engagements, a martelé la délégation, avant d’appeler à l’achèvement des élections législatives.  Pour cela, a-t-elle affirmé, une assistance en matière de sécurité doit être apportée au Gouvernement afin qu’il garantisse la bonne tenue du vote dans les régions où il n’a pu avoir lieu en décembre dernier, par la faute de la CPC. 

À cet égard, la Fédération de Russie a déclaré appuyer les appels de Bangui en faveur d’un assouplissement de l’embargo sur les armes, qui lui permettrait de lutter plus efficacement contre les groupes armés.  Pour la délégation, le régime de sanctions doit être adapté afin de permettre de rétablir le contrôle de l’État sur l’ensemble du territoire.  Enfin, tout en saluant la volonté affichée par le Gouvernement centrafricain de travailler avec le Secrétariat aux modalités de renforcement des capacités de la MINUSCA, la Fédération de Russie a jugé plus urgent de renforcer le potentiel des forces armées centrafricaines pour « rectifier la situation sur le long terme », ajoutant qu’elle maintiendrait pour sa part un « appui complet » au Gouvernement et à la population du pays. 

Les États-Unis ont regretté que certains cherchent encore à perturber le processus démocratique en République centrafricaine et à priver les citoyens de ce pays du droit de choisir leurs représentants alors que le second tour des élections législatives aura lieu le 14 mars.  Notant que « la crise dans le pays est inextricablement liée à la dynamique dans la région de l’Afrique centrale », les États-Unis ont salué la décision de la CEEAC de nommer un médiateur pour la République centrafricaine, et l’engagement des dirigeants de la CIRGL à promouvoir l’avenir de l’accord de paix de 2019.  Les États-Unis ont exhorté les voisins de la République centrafricaine à honorer leurs engagements au titre de l’accord de paix pour aider à sécuriser les frontières et limiter le flux d’armes et de combattants vers la RCA.  Par ailleurs, les États-Unis ont pris note de la demande du Secrétaire général d’augmenter les effectifs de la MINUSCA de 2 750 militaires et 940 policiers afin de renforcer la capacité de la Mission à s’acquitter des tâches confiées par le Conseil de sécurité. 

Les États-Unis se sont dits préoccupés par la coordination opérationnelle sur le terrain, où les instructeurs militaires civils russes et les troupes rwandaises opèrent sur une base bilatérale avec une transparence minimale envers la MINUSCA et les acteurs humanitaires.  Après avoir salué les efforts déployés par les autorités centrafricaines et la MINUSCA pour mettre en place un mécanisme de coordination, les États-Unis ont prévenu qu’à défaut de coordination, la MINUSCA aurait du mal à s’acquitter de son mandat, ce qui mettrait en danger les soldats de la paix et les acteurs humanitaires.  Les États-Unis ont exhorté l’ONU à veiller à ce que tout renfort soit identifié et déployé conformément aux meilleures pratiques de l’ONU.  « Ce Conseil devrait se méfier de toute proposition de contourner les propres procédures de l’ONU pour la sélection des unités de maintien de la paix », a ajouté la délégation américaine. 

Le Royaume-Uni a salué le courage et le leadership de Mme Ekomo-Soignet, soulignant que son exposé démontre le rôle vital que les jeunes peuvent et doivent jouer dans la consolidation de la paix.  C’est un rappel puissant du devoir de ce Conseil de soutenir les espoirs et les aspirations du peuple centrafricain, en faisant passer ses besoins en premier, a renchéri la délégation.  L’un de ces besoins étant la justice et la responsabilité, le Royaume-Uni a condamné dans les termes les plus fermes les violences perpétrées par les groupes armés et demandé que justice soit faite à l’encontre de ceux qui commettent des atrocités et agissent en violation de l’accord de paix de 2019.  Dans le même temps, elle a marqué sa préoccupation au sujet d’informations faisant état de violations des droits de l’homme commises par des membres des forces armées nationales.  Le Royaume-Uni a exhorté le Gouvernement à enquêter sur toutes les allégations et à prendre des mesures préventives. 

Parvenir à la paix et à la stabilité exige non seulement la responsabilité, mais aussi la réconciliation, a poursuivi la délégation en exhortant les acteurs politiques, y compris le Gouvernement et l’opposition, à engager un dialogue national constructif et inclusif.  Elle les a également appelés à respecter les principes de l’accès humanitaire, y compris la protection des travailleurs humanitaires.  Le Royaume-Uni a conclu en soulignant que le renforcement de la MINUSCA ne saurait remplacer l’exercice de leurs responsabilités par les autorités centrafricaines pour faire progresser un règlement politique, puisque c’est la seule voie vers une paix durable.

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