COVID-19: hauts fonctionnaires et membres du Conseil de sécurité font l’inventaire des conséquences de la pandémie sur la paix et la sécurité
Quatre secrétaires généraux adjoints sont intervenus devant le Conseil de sécurité, ce matin, pour dresser le bilan de l’application de la résolution 2532 (2020) qui, le 1er juillet dernier, exigeait « la cessation générale et immédiate des hostilités dans toutes les situations de conflit afin de faire face à la pandémie de COVID-19 ». Mme Rosemary DiCarlo, aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, M. Jean-Pierre Lacroix, aux opérations de paix, M. Atul Khare, à l’appui opérationnel, et M. Mark Lowcock, aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, ont donné leur éclairage respectif par visioconférence, après un premier bilan en septembre dernier.
Plus de deux millions de personnes sont mortes du virus et près de 100 millions, soit plus de 1% de la population mondiale, ont été infectées, a informé Mme DiCarlo en déplorant aussi les 3 000 milliards de dollars de salaires perdus. La pandémie a accentué les inégalités, aggravé la corruption, engendré la désinformation, causé une stigmatisation, provoqué des discours de haine et créé des tensions et des risques d’instabilité, a-t-elle énuméré. Comme ses collègues, elle a attiré l’attention sur les conséquences particulièrement difficiles de la pandémie sur les femmes et les jeunes: violences sexistes et domestiques à la hausse, déscolarisation massive, pertes d’emploi et opportunités économiques qui s’envolent. La COVID-19 ayant exacerbé les fragilités, son impact se fait sentir sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Si Mme DiCarlo a souligné les situations de conflit qui ont bénéficié de l’appel au cessez-le-feu du Secrétaire général et de l’adoption de la résolution 1532 -notamment en Libye, en Afghanistan, au Mozambique et en Ukraine-, M. Lacroix s’est pour sa part attardé sur les tensions qui persistent à Chypre, au Liban, en République centrafricaine ou encore au Soudan du Sud où la pandémie a retardé la mise en œuvre du processus de paix. Les missions de maintien de la paix ne s’en acquittent pas moins de leurs tâches en faisant preuve d’adaptabilité, de résilience et d’innovation, a-t-il témoigné en citant principalement la protection des civils et l’aide apportée aux pays hôtes pour affronter les conséquences de la pandémie.
Dans le même temps, a poursuivi M. Lacroix, les opérations de maintien de la paix mettent l’accent sur la sécurité et la santé de leur personnel civil, militaire et policier. Elles ont mis en œuvre des mesures préventives pour minimiser le risque de transmission de la COVID-19, notamment la distance physique, les restrictions de voyage, le télétravail et les rotations du personnel. Chiffres à l’appui, il a annoncé qu’au 25 janvier, dans toutes les missions sur le terrain, qui comptent plus de 100 000 personnes, on enregistrait 2 486 cas cumulés parmi le personnel de l’ONU et les personnes à charge, avec 2 047 cas de guérisons, 439 cas actifs et 24 décès.
M. Khare a détaillé les moyens mis en œuvre pour garantir la protection du personnel de terrain. Ainsi, ont été fournis plus de 4 millions d’équipements et matériels de protection individuel (EPI), 35 machines de test et 150 000 kits de test d’anticorps. Le Département de l’appui opérationnel a organisé de nombreuses visites virtuelles et effectué 140 évacuations médicales.
Revenant au coût humain de la pandémie, M. Lowcock a attiré l’attention sur les pays confrontés à des crises humanitaires ou de réfugiés, qui hébergent à eux seuls 24 millions des cas confirmés de COVID-19. Il a estimé que 235 millions de personnes auront cette année besoin d’une aide humanitaire et d’une protection, soit 40% de plus que l’année dernière, à cause de la COVID-19.
La pandémie a entraîné « la pire contraction économique mondiale en 90 ans », a déclaré M. Lowcock avant d’appeler à mieux financer le Plan de réponse humanitaire global COVID-19 pour éviter de voir se réaliser certains des pires scénarios qui se profilent à l’horizon. Il a regretté que sur les 110 milliards de dollars promis par les institutions financières internationales depuis mars dernier, 11,7 milliards de dollars, soit 10% seulement, aient été destinés aux pays les moins avancés. « Seulement 7 milliards ont en fait été déboursés, soit l’équivalent d’environ 10 dollars par personne. »
Le vaccin contre la COVID-19, présent dans tous les esprits, a suscité l’espoir de voir « l’engagement collectif » et le multilatéralisme se concrétiser pour fournir ce qui doit être, aux yeux de la France, un « bien public mondial ». Ce sera, selon elle, « le test d’un nouveau multilatéralisme réunissant États et entreprises ». Le Kenya et le Niger ont néanmoins exprimé leurs craintes de voir un « vaccinationalisme » et des « réactions protectionnistes ».
M. Lowcock a demandé que des mesures urgentes soient prises pour garantir que les vaccins soient fournis aux personnes les plus vulnérables dans le monde. Il faut accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT) et au Mécanisme COVAX. Il a invité tous les gouvernements à vacciner les populations à haut risque sur leur territoire, y compris les réfugiés, les déplacés et les personnes vivant dans des zones sous le contrôle de groupes armés non étatiques. Il faut éviter, a-t-il également mis en garde, que le financement des vaccins contre la COVID-19 dans les pays les plus pauvres ne se fasse au détriment d’autres activités vitales comme la vaccination de routine et la lutte contre la faim.
Le rôle crucial de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a été souligné par plusieurs délégations, dont la Norvège et aussi les États-Unis qui ont rappelé l’engagement pris par le Président Jo Biden de réintégrer l’Organisation et de renforcer leur aide économique et sanitaire.
Quant à la résolution 2532, dont la Tunisie et la France étaient à l’origine, la Fédération de Russie a constaté que, « malheureusement » ,plusieurs groupes terroristes cherchent à tirer parti de la situation sur le terrain, et le Viet Nam a suggéré d’adopter une résolution de suivi. Le Royaume-Uni a jugé « mitigé » le bilan de la 2532, avant de proposer d’organiser, lors de sa présidence du Conseil le mois prochain, une réunion sur les obstacles à la vaccination tels que le non-respect des cessez-le-feu, les faiblesses logistiques ou encore l’absence de fonds.
Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a déclaré que depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la résolution 2532 (2020) en septembre dernier, plus de deux millions de personnes sont mortes de la pandémie de COVID-19 et près de 100 millions ou plus de 1% de la population mondiale ont été infectées. Les employés ont perdu plus de 3 000 milliards de dollars de salaires et de nouvelles souches du virus sont sur le point de déclencher des vagues d’infection plus graves encore à un moment où les systèmes de santé et les réseaux de sécurité sociale sont déjà au bord du gouffre. L’impact de la pandémie sur la paix et la sécurité internationales est une véritable source de préoccupation car les tendances constatées depuis le mois de septembre se sont intensifiées.
La pandémie, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe, a exacerbé les inégalités et la corruption, engendré la désinformation, la stigmatisation et les discours de haine et créé des tensions et des risques d’instabilité. L’ONU est particulièrement préoccupée par l’impact de la COVID-19 sur les femmes et les jeunes ainsi que sur les segments de la population qui souffrent de marginalisation, comme ceux qui ont perdu leur emploi et leur revenu et ceux qui subissent l’aggravation de la violence sexiste et domestique. Les jeunes femmes et les jeunes hommes risquent également d’être écartés de l’éducation et des opportunités économiques. Mme DiCarlo a ajouté que la pandémie a entravé l’action diplomatique et compliqué les efforts de rétablissement de la paix. Sans rien changer à la dynamique des conflits armés, la COVID-19 a exacerbé les fragilités et mis en lumière l’importance de la prévention et l’urgence de relever le défi de la paix.
La Secrétaire générale adjointe a noté que l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial a suscité un large soutien et, dans certains cas, donné un nouvel élan aux processus de paix mal en point comme en Libye où les parties ont signé le 23 octobre un accord de cessez-le-feu. Depuis lors, la Commission militaire conjointe 5+5 s’efforce de l’appliquer et a établi un mécanisme de surveillance. Le Forum de dialogue politique représente une occasion cruciale d’avancer vers des négociations politiques inclusives entre les Libyens, maintenant que les élections ont été programmées pour le 24 décembre 2021.
L’Afghanistan se trouve à un tournant historique majeur, a dit la Secrétaire générale adjointe. Les négociations de paix en cours sont l’occasion de mettre fin à des décennies d’instabilité et de conflit. Au Mozambique, malgré les graves obstacles causés par la pandémie, les insurgés ont entamé un processus de désarmement dont 29% a été achevé en 2020. L’annonce d’un cessez-le-feu unilatéral par un groupe dissident de la RENAMO, le 23 décembre, est encourageante et permettra de tenir des négociations sans menace de violence, a-t-elle dit. Dans l’est de l’Ukraine, le cessez-le-feu conclu le 21 juillet tient toujours.
Dans un certain nombre d’autres contextes, l’appel au cessez-le-feu a donné des résultats plus mitigés voire à une escalade dangereuse comme dans le Caucase du Sud où des hostilités à grande échelle dans et autour du Haut-Karabakh ont éclaté en septembre. Saluant le cessez-le-feu du 9 novembre, le Secrétaire général de l’ONU a appelé toutes les parties à coopérer pleinement avec les entités de l’ONU afin d’assurer un accès sans entrave aux zones touchées par le conflit et l’Organisation a pris note de la position unie des coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE en vue d’un règlement global et durable du conflit.
La pandémie, a encore relevé la Secrétaire générale adjointe, a affecté l’appui aux processus politiques et de paix. Les représentants et envoyés spéciaux, ainsi que leurs missions ont dû s’adapter à l’évolution de la situation provoquée par la pandémie, en combinant travail virtuel et en personne, et en prenant des risques calculés pour remplir leurs mandats de faire avancer les processus de paix, de désamorcer les crises et de prévenir les conflits. De nouveaux outils tels que les groupes de discussion numériques ont été élaborés et utilisés pour assurer l’inclusivité. Ils ont été particulièrement utiles pour améliorer « notre rayonnement » auprès des femmes et des jeunes, a estimé Mme DiCarlo.
Au Yémen, « la diplomatie de la navette » en mode virtuel, déployée par l’Envoyé spécial, a abouti au plus grand échange de prisonniers depuis le début du conflit. En Syrie, la cinquième réunion de la Commission constitutionnelle se déroule à Genève, montrant la détermination du peuple syrien à résoudre leur différend.
L’ONU a aussi revu son aide électorale pour répondre aux restrictions liées à la COVID-19 et aux décisions des gouvernements d’organiser ou de reporter des scrutins. Depuis le début de la pandémie, l’ONU a apporté son assistance à 19 élections et à un référendum dans 18 pays. Une assistance électorale a été fournie à huit pays où des élections étaient prévues pour 2020 mais n’ont pas eu lieu. En Bolivie, malgré les tensions liées au report initial, les élections se sont déroulées pacifiquement en octobre avec le soutien de l’ONU et grâce à l’engagement du peuple bolivien.
La Secrétaire générale adjointe a fait remarquer qu’au fur et à mesure que l’impact de la pandémie se renforce, les vulnérabilités croîtront et provoqueront des ressentiments. Les risques de tensions et d’instabilité, a-t-elle estimé, sont exacerbés par les inégalités dans le relèvement et par le fait que les pays riches continuent leurs campagnes de vaccination tandis que les pays en développement, y compris ceux qui sont touchés par les conflits et l’instabilité, sont laissés de côté. Laisser les choses en l’état, c’est risquer « un échec moral énorme » et « un coup dur pour la paix et la sécurité », a averti la Secrétaire générale adjointe.
La pandémie a confirmé que là où il y a une réelle volonté politique de faire et de maintenir la paix, presque aucun obstacle n’est insurmontable, surtout s’il y a un soutien de la communauté internationale. L’engagement collectif et individuel des membres du Conseil restera crucial, en particulier leur soutien à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial, leur engagement avec les parties au conflit et leur appui au respect des cessez-le-feu. La pandémie était impossible à prévoir mais ses conséquences pour la paix et la sécurité le sont. Comme la COVID-19 a frappé très durement les endroits et les personnes les plus vulnérables, le relèvement doit impliquer le renforcement de notre capacité de prévention, grâce à des investissements politique et financier, a plaidé la Secrétaire générale adjointe.
Informant le Conseil de sécurité des mesures prises pour faire face aux retombées de la COVID-19 sur les opérations de paix et les pays où ces missions sont déployées, M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, s’est concentré sur cinq domaines principaux. Premièrement, il a observé que, depuis son dernier exposé en septembre, des situations politiques déjà complexes ont continué de subir la tension de la COVID-19. Au Soudan du Sud, par exemple, la pandémie a encore retardé la mise en œuvre du processus de paix et a parfois entraîné des hostilités entre les parties. À Chypre, les restrictions ont limité les contacts entre les deux parties, tandis qu’au Liban, la pandémie a exacerbé une situation politique et économique déjà difficile.
En République centrafricaine, certains acteurs politiques ont tenté de prendre la pandémie pour retarder l’élection présidentielle et instaurer une transition inconstitutionnelle. La crise de la COVID-19 a également mis en lumière l’importance du leadership des femmes, lesquelles sont en première ligne pour répondre au virus, prévenir les contaminations et aider à atténuer les risques politiques associés à la pandémie, a-t-il noté, avant de saluer les femmes dirigeantes centrafricaines, qui ont appelé les signataires de l’Accord politique à soutenir l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial et qui se sont massivement prononcées en faveur d’élections pacifiques et inclusives.
Cela étant, la pandémie a exacerbé les inégalités entre les sexes, les ressources étant détournées ailleurs, a constaté le Secrétaire général adjoint. Les cas de violence domestique contre les femmes et les filles se sont multipliés, les femmes étant en outre exposées et touchées de manière disproportionnée par la pandémie en raison de leur forte représentation dans le secteur des soins de santé, le secteur informel ou encore celui des services, sans oublier le fait qu’elles prennent soin de leur famille.
Passant à son deuxième message, M. Lacroix a assuré que, malgré ces défis, les missions de maintien de la paix continuent de s’acquitter de leurs tâches. Avec la collaboration des États Membres, des pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police et des États hôtes, elles ont fait preuve d’adaptabilité, de résilience et d’innovation. Au Darfour, par exemple, la MINUAD, qui poursuit son processus de retrait et de liquidation, a fourni un appui technique, consultatif et logistique, y compris par des réunions virtuelles, aux négociations de paix lesquelles ont abouti à la signature de l’Accord de paix de Djouba en octobre dernier.
En République centrafricaine, malgré les tentatives de perturber la tenue des élections, la MINUSCA a soutenu leur organisation, notamment par le biais d'un accord de coopération, tout en veillant à empêcher la propagation du virus. Au Mali, la MINUSMA a continué d’utiliser ses bons offices pour soutenir les efforts de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dans la mise en place de la transition.
Malgré les défis que la pandémie a imposés à l’exécution des mandats, les opérations de maintien de la paix ont également continué de prévenir et de répondre aux menaces qui pèsent sur les civils, car elles n’ont pas été atténuées par la pandémie, a souligné le haut fonctionnaire. Au Mali, en République centrafricaine et en République démocratique du Congo, le rythme opérationnel des opérations de maintien de la paix est ainsi resté élevé, tandis que les opérations et les patrouilles ont été adaptées pour limiter le risque de propagation du virus aux communautés locales. De plus, des visites de prédéploiement à distance ont été effectuées pour valider l ;état de préparation opérationnelle des contingents et des unités éligibles au déploiement et à la rotation.
Dans son troisième message, M. Lacroix a relevé que, tout en s’adaptant à ces défis, les opérations de maintien de la paix n’ont cessé de mettre l’accent sur la sécurité et la santé de leur personnel, qu'il soit militaire, policier ou civil. La mise en œuvre de mesures préventives pour minimiser le risque de transmission de la COVID-19, notamment la distance physique, les restrictions de voyage, le télétravail et les rotations du personnel, est restée la pierre angulaire de notre approche, a-t-il dit.
Au 25 janvier, dans toutes les missions sur le terrain, qui comptent plus de 100 000 personnes, 2 486 cas cumulés parmi le personnel de l'ONU et les personnes à charge ont été enregistrés, avec 2 047 guérisons, 439 cas actifs et malheureusement 24 décès. Rendant hommage aux soldats de la paix décédés à cause de la COVID-19, il a assuré que la santé, la sûreté et la sécurité du personnel de maintien de la paix est et restera la priorité.
À cet égard, le Secrétaire général adjoint s’est dit attaché à la poursuite des rotations du personnel en uniforme de manière sécurisée. À la suite de leur reprise partielle en juillet, les efforts concertés des missions et des pays fournisseurs de contingents et de forces de police ont permis d’augmenter régulièrement le nombre d’unités permutées et d’apporter des solutions aux rotations en attente ou reportées. À la du mois de décembre 2020, 77% des rotations prévues pour le second semestre étaient terminées, 21% en cours, tandis que 2% seulement avaient été reportées. Une formation à la sensibilisation à la COVID-19 avant le déploiement, a également été développée et diffusée pour doter tous les soldats de la paix des connaissances et des compétences nécessaires pour se protéger et protéger leurs collègues.
Dans ce contexte, le partenariat avec les pays fournisseurs de contingents et de policiers est resté crucial, a poursuivi M. Lacroix. Au Secrétariat, dans l’esprit de la réforme, le Groupe d’appui aux missions sur la COVID-19 a continué à aider à coordonner l’appui apporté aux opérations de paix, avec les Départements de l’appui opérationnel et des affaires politiques et de la consolidation de la paix.
En quatrième point, le Secrétaire général adjoint a souligné que, depuis le début de cette pandémie, les opérations de maintien de la paix se sont efforcées d’aider les autorités du pays hôte à contenir la propagation de la COVID-19, aux niveaux national et infranational. Par exemple, la Mission en République démocratique du Congo a aidé les autorités congolaises à élaborer des procédures et des politiques pour gérer la mise en œuvre des mesures de riposte, ainsi que la sécurité et le transport aérien du matériel.
Pour lutter contre la désinformation, les Missions au Mali, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud ont utilisé leurs propres stations de radio et lancé des campagnes de sensibilisation, des partenariats avec des stations communautaires et des programmes d’enseignement à distance. Les missions ont également appuyé les activités d’autonomisation économique et de leadership des femmes. À Abyei, au Kosovo et en République centrafricaine, elles ont soutenu la production des masques par des entreprises dirigées par des femmes. Dans toutes les missions, a-t-il ajouté, la Police des Nations Unies (UNPOL) continue d’appuyer les polices nationales dans la lutte contre la transmission de la COVID-19.
Appelant ensuite le Conseil à porter son attention sur la gestion de l’impact à long terme de la pandémie et sur le rôle que les opérations de paix pourraient jouer, M. Lacroix a expliqué qu’au cours de l’année écoulée, ces dernières ont dû s’adapter, innover et répondre à des conditions en évolution rapide. La pandémie a en effet eu un impact sur des économies déjà faibles et des communautés vulnérables, et a généré des risques politiques et sécuritaires supplémentaires. Les opérations de maintien de la paix s’efforcent d’anticiper ces risques changeants, grâce à une analyse prospective à long terme, en vue de mieux s’y préparer. Il faudra tirer les leçons de cette pandémie et de son impact sur les opérations de paix pour identifier les bonnes pratiques et les dupliquer.
En dépit de ces défis, a encore affirmé le Secrétaire général adjoint, l’initiative Action pour le maintien de la paix (A4P) et sa Déclaration d’engagements communs ont continué de fournir le cadre de notre réponse et une feuille de route pour nos efforts collectifs. La pandémie de COVID-19 est un « test de notre engagement collectif » en faveur de la paix et de la sécurité internationales. Dans ces circonstances, a-t-il conclu, nous sommes reconnaissants du soutien constant du Conseil de sécurité, qui reste indispensable alors que nous continuons de faire face aux défis sans précédent posés par la pandémie.
Le Secrétaire général adjoint à l’appui opérationnel, M. ATUL KHARE, a rappelé que l’objectif de son Département est de donner aux opérations sur le terrain les garanties, les outils et le soutien nécessaires pour continuer à mener à bien leurs mandats. Pour ce faire, le Département a activé ses chaînes d’approvisionnement et pris des mesures proactives pour soutenir le terrain avec des fournitures, des équipements et du matériel de protection individuelle (EPI). Plus de 4 millions d’EPI et d’équipements de soins intensifs ont été achetés et distribués aux missions sur le terrain, ainsi que 35 machines de test et 150 000 kits de test d’anticorps.
Les installations médicales à Djouba et à Goma ont été modernisées, et leurs effectifs ont été étoffés avec 30 membres supplémentaires du personnel médical et des capacités de test PCR et de soins intensifs. Des conseils et du matériel de formation ont été apportés par les collègues de la santé publique, y compris des formations à la COVID-19, avant le déploiement du personnel en uniforme, aux traitements et aux normes de l’OMS relatives à la préparation des hôpitaux, sans oublier l’échange de bonnes pratiques sur la gestion des cas de COVID-19.
Le Département a également organisé des visites virtuelles dans 22 lieux d’affectation, 43 sites de logement des contingents et 83 cliniques et hôpitaux, répartis dans 11 missions et bureaux, notamment celles au Mali, en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, au Soudan du Sud et en Somalie. Pour réduire le risque de propagation, des mesures ont été prises comme l’installation de stations de lavage des mains actionnées par les pieds, des tentes intérieures pour respecter la distanciation sociale, des repas échelonnées pour les soldats et la réaffectation des gymnases et zones de loisirs en centres de quarantaine.
S’appuyant sur l’innovation pour minimiser l’exposition et le contact au virus, le Département a créé une plateforme technologique de gestion des infrastructures à distance sur le terrain (FRIM) qui utilise des capteurs pour gérer à distance l’ingénierie et les installations. Le Groupe de travail sur les évacuations médicales a effectué à ce jour 140 évacuations, dans le cadre d'un effort interinstitutions, à l’échelle du système. Des centres régionaux ont aussi été établis à Nairobi, Accra, au Costa Rica et au Koweït; les installations de Nairobi et d’Accra recevant désormais le plus grand nombre de personnes évacuées.
M. Khare a remercié les pays européens pour les premières évacuations médicales vers l’Autriche, la Belgique, l’Allemagne et la Suisse, ainsi que l’Australie et la Turquie. Des discussions sont en cours avec les gouvernements chinois, cubain, russe et vietnamien qui ont indiqué leur volonté de recevoir des patients, a-t-il indiqué. L’Espagne a également accepté des évacuations médicales et la France a fait part de sa volonté d’accepter des soldats de la paix étrangers, dans leurs hôpitaux militaires, alors que des pays fournisseurs de contingents et d’effectifs de police, comme le Burundi, l’Égypte, l’Inde et le Pérou, ont rapatrié leur personnel. Ce mécanisme est un succès, s’est réjoui le Secrétaire général adjoint. « Il a donné à notre personnel et à nos partenaires la confiance nécessaire pour rester sur place et travailler dans certains lieux d’affectation parmi les plus difficiles au monde. »
De plus, la politique des rotations a permis de détecter rapidement les cas, d’isoler les gens et de les remplacer au plus vite. Les nouveaux accords de frets aériens, introduits en juillet 2020, ont permis de réduire de 15,5% les coûts de déplacement des troupes. Le Département travaille en outre avec d’autres partenaires, y compris l’Union africaine et l’Union européenne, pour prévenir et atténuer la propagation de la COVID-19 dans divers contextes opérationnels et pour échanger les enseignements tirés de l’expérience.
Rappelant que son Département a été chargé par le Secrétaire général de coordonner l’effort de vaccination à l’échelle du système pour tout le personnel des Nations Unies, M. Khare s’est dit encouragé par les réponses positives qu’il a reçues et à demander aux pays hôtes d’inclure le personnel des Nations Unies dans leurs programmes nationaux de vaccination, conformément au cadre de l’OMS. Il a remercié Israël d’être devenu le premier pays à avoir vacciné 7 Casques bleus au Camp Ziouani.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. MARK LOWCOCK, a relevé que sur les 98 millions de cas confirmés de COVID-19 à travers le monde, 24 millions, soit près du quart, vivent dans des pays confrontés à des crises humanitaires ou de réfugiés. De plus, a-t-il ajouté, de nouveaux variants plus infectieux vont aggraver la situation. Rappelant que personne ne sera en sûreté tant que tous ne le sont pas, M. Lowcock a estimé que tout le monde est en péril actuellement car les pays les plus fragiles sont à la fin d’une longue et lente file d’attente pour le vaccin.
Le Coordonnateur des secours d’urgence a affirmé que les conséquences secondaires du virus sont encore plus mortelles que le virus lui-même. En effet, on estime que 235 millions de personnes auront cette année besoin d’une aide humanitaire et d’une protection, soit 40% de plus que l’année dernière, et cela, presque entièrement à cause de la COVID-19. M. Lowcock a parlé de « la pire contraction économique mondiale en 90 ans », ce qui est encore plus grave dans les pays les plus pauvres et les plus fragiles. De ce fait, beaucoup risquent de perdre les fruits d’une décennie de croissance du revenu par habitant, voire plus. Comme autres conséquences, il a cité les défauts de paiement de la dette souveraine qui se profilent, l’extrême pauvreté qui augmente pour la première fois en 20 ans, l’insécurité alimentaire qui augmente rapidement, de multiples famines qui se profilent à l’horizon alors que les services publics disparaissent.
À cet égard, M. Lowcock a relevé que dans plus de 20 pays où le Bureau pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) est présent, les perturbations affectant les campagnes de vaccination de routine rendent des millions d’enfants vulnérables aux maladies mortelles comme la rougeole et le choléra. Les fermetures d’écoles rendent les enfants plus susceptibles d’être mariés ou recrutés par des groupes armés. Le nombre d’enfants non scolarisés devrait augmenter de 24 millions en raison de la pandémie, a ainsi prévenu M. Lowcock en soulignant que les femmes et les filles sont les plus durement touchées par ce problème. Elles sont en effet les premières à manquer de repas et représentent 70% des personnes souffrant de la faim dans le monde. De plus, les violences sexistes se multiplient: « une pandémie de violence meurtrière dans l’ombre » du fait du comportement des hommes, a-t-il fait observer.
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a ensuite expliqué comment le système humanitaire a répondu à la COVID-19: en 2020, les agences humanitaires ont fourni une assistance vitale à près de 100 millions de personnes. Grâce au Plan de réponse humanitaire global COVID-19, 4 milliards de dollars ont été levés grâce aux généreuses contributions de 160 donateurs. L’ONU a ainsi pu transporter plus de 26 000 personnels sanitaires et humanitaires et plus de 118 000 mètres cubes de cargaisons cruciales de matériels pour lutter contre la COVID-19; apporter des fournitures et des services essentiels en eau et assainissement à 74 millions de personnes; fournir des soins de santé essentiels à 75 millions de femmes et d’enfants; et aider plus de 33 millions de réfugiés, de personnes déplacées et de demandeurs d’asile touchés par la pandémie. Mais il est de plus en plus difficile d’atteindre les personnes dans le besoin, a-t-il déploré, avant d’appeler les États Membres à en faire plus pour améliorer l’accès au plus vulnérables et pour assurer la sûreté et la sécurité des travailleurs humanitaires et de la santé.
Alors que la communauté humanitaire est aujourd’hui dépassée par l’ampleur croissante de cette crise, M. Lowcock a demandé l’appui du Conseil de sécurité dans trois domaines. Premièrement, nous avons besoin d’un financement immédiat et généreux du plan humanitaire mondial qu’OCHA a publié le mois dernier, a-t-il dit en rappelant que pour 2021, le système humanitaire coordonné par l’ONU a besoin de 35 milliards de dollars pour aider 160 millions de personnes. Il faut un financement supplémentaire si nous voulons éviter certains des pires scénarios qui se profilent à l’horizon, a-t-il expliqué.
Deuxièmement, il a appelé à renforcer le soutien que les institutions financières internationales apportent à leurs membres les plus vulnérables. Il s’est dit stupéfait de constater que sur les 110 milliards de dollars promis par les institutions financières internationales depuis mars dernier, 11,7 milliards de dollars, soit 10% seulement, étaient destinés aux pays les moins avancés. Et seulement 7 milliards ont en fait été déboursés, soit l’équivalent d’environ 10 dollars par personne.
Troisièmement, le Coordonnateur des secours d’urgence a demandé que des mesures urgentes soient prises pour garantir que les vaccins soient fournis aux personnes les plus vulnérables dans le monde. Il a appelé les pays à intensifier leur soutien au dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT) et au Mécanisme COVAX. Sachant qu’ils ont la responsabilité première de vacciner leur population, il a invité les gouvernements à envisager de canaliser les doses excédentaires via le COVAX. Selon M. Lowcock, il ne s’agit pas de générosité mais de l’intérêt personnel des pays plus riches. Il a évoqué cette analyse mentionnée par le New York Times qui suggère que si les pays riches se vaccinent d’ici le milieu de l’année, mais que cela n’est pas le cas pour les pays pauvres, cela pourrait faire perdre 9 000 milliards de dollars à l’économie mondiale, dont près de la moitié serait subie par les pays riches eux-mêmes. Il a aussi invité les gouvernements à vacciner toutes les populations à haut risque sur leur territoire, y compris les réfugiés, les déplacés et les personnes vivant dans des zones sous le contrôle de groupes armés non étatiques. M. Lowcock a également souhaité que les vaccins contre la COVID-19 ne soient pas financés dans les pays les plus pauvres par des fonds dédiés à d’autres activités vitales comme la vaccination de routine, la lutte contre la faim ou encore d’autres services de santé. Cela conduira sinon à plus de pertes en vies humaines, a-t-il prévenu.
La France a souligné que la cessation des hostilités est une condition indispensable à une lutte efficace contre la pandémie. Elle a noté que la situation reste très instable dans de nombreux pays malgré certains progrès, notamment en Libye avec la conclusion d’un accord de cessez-le-feu, et le soutien par plus de 180 pays à l’appel du Secrétaire général. En Syrie, au Yémen ou encore au Sahel, les populations civiles continuent à payer le prix de l’instabilité, s’est impatientée la France, jugeant qu’il faut plus que jamais soutenir les opérations de paix et leur permettre de mettre pleinement en œuvre leurs mandats, malgré la pandémie. Après avoir parlé de la place des personnels de ces opérations dans les stratégies de vaccination, la France a estimé que le vaccin contre la COVID-19 doit être un « bien public mondial », accessible à tous. Elle a donc dit appuyer le Mécanisme COVAX; l’accès de tous aux vaccins devant être vu comme le test d’un nouveau multilatéralisme réunissant États et entreprises.
Sur le plan humanitaire, la France s’est dit alarmée par les propos du Coordonnateur des secours d’urgence. La pandémie, a-t-elle relevé, a précipité dans la pauvreté 88 millions de personnes et plus de 270 millions de personnes sont désormais en situation d’insécurité alimentaire aigüe. Il est essentiel, a-t-elle dit, d’éviter le retour de la famine, notamment au Yémen, de soutenir la mise en œuvre du Plan global de réponse humanitaire à la COVID-19 et de financer les différents plans de réponse humanitaire.
La France a précisé qu’elle continuera à accroître son aide humanitaire pour atteindre 500 millions d’euros en 2022; l’humanitaire étant l’une des priorités de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, au premier semestre de l’année 2022. La France a indiqué qu’elle organisera au premier de cette année, le Forum Génération Égalité, en partenariat avec le Mexique et ONU-Femmes, pour s’attaquer, entre autres, aux effets négatifs et disproportionnés de la pandémie sur les femmes, les filles, les réfugiés et les déplacés.
La France a jugé indispensable de consolider l’architecture multilatérale de santé, autour de l’OMS, de renforcer le rôle de cette organisation dans la coordination, la préparation et la riposte aux futures crises sanitaires, d’améliorer la gradation du système d’alerte, de renforcer la mise en œuvre du Règlement sanitaire international et de mettre en place un mécanisme d’enquête en cas de crise. La France a appuyé le lancement du Conseil d’experts de haut niveau « Une seule santé » annoncé par les responsables de l’OMS, de l’OIE, de la FAO et du PNUE. Il a espéré que ledit Conseil sera opérationnel avant l’Assemblée mondiale de la santé, en mai 2021.
L’Irlande a estimé que la communauté internationale peut et doit agir sur trois domaines et d’abord la prévention des conflits qui pourraient surgir à cause de l’interaction entre la pandémie et les fragilités préexistantes. En Libye, a-t-elle noté, la cessation de la violence a créé un espace de dialogue et dégager des ressources essentielles pour lutter contre la pandémie. Pour prévenir les crises, la diplomatie préventive est nécessaire et peut permettre de voir comment la COVID-19 exacerbe les tensions et pose les risques d’un conflit. L’Irlande a appelé à une lutte efficace contre la discrimination dans l’accès à la santé, la désinformation, les discours de haine et la stigmatisation, qui visent parfois les agents de santé ou le personnel de l’ONU. L’accès équitable à des vaccins de qualité, sûrs et efficaces sera un pilier important du relèvement et de la stabilisation dans les contextes fragiles, a souligné l’Irlande.
L’Irlande a demandé que les restrictions de mouvement imposées par la COVID-19 n’entravent en rien la faculté des travailleurs humanitaires ou de santé d’atteindre les personnes concernées. Les déplacés, les réfugiés et les migrants, qui étaient déjà vulnérables avant la pandémie, sont aujourd’hui les plus durement touchés. Après avoir appelé à la vigilance face à l’aggravation de la violence fondée sur le sexe, l’Irlande a pointé sur la responsabilité de la communauté internationale d’assurer la vaccination des personnes les plus vulnérables.
Le Kenya a applaudi une nouvelle fois l’adoption de la résolution 2532 (2020) et le lien qu’elle établit entre la pandémie de COVID-19 et la paix et la sécurité internationales. Il a dit prendre activement part à ces efforts grâce à son installation hospitalière à Nairobi, qui accueille les personnels des Nations Unies déployés dans l’ensemble du continent. Pour le Kenya, il est clair que cette pandémie est à l’origine de fortes tensions économiques à l’échelle mondiale, en particulier dans les pays sans espace budgétaire ou monétaire élargi. Il n’est donc pas exagéré, selon lui, de faire valoir que, sans un accès aux vaccins la destruction de l’économies des pays les plus fragiles risque d’entraîner des menaces à la paix et à la sécurité d’une ampleur qui obligerait le Conseil de sécurité à agir.
S’il est compréhensible que les États accordent la priorité à leurs citoyens, il apparaît que les pays qui ont pris la tête de la fabrication des vaccins sont également les plus durement touchés par la pandémie, a observé le Kenya. Mais il a attiré l’attention sur les signaux inquiétants selon lesquels l’absence de vaccination dans des pans entiers du monde peut à terme conduire à des mutations qui nous mettront tous en danger. Le Kenya a donc rejeté le « vaccinationalisme », qui met en danger la paix et la santé mondiales. Il a exhorté les membres du Conseil, qui ont parmi eux des pays dotés de ressources et de capacités industrielles supérieures à la moyenne, à faire preuve de leadership et à garantir la disponibilité et l’accessibilité des vaccins aux pays et régions les plus fragiles.
Des changements climatiques à la dangereuse instabilité politique causée par les inégalités, « nous sommes au bord d’un effondrement rapide de l’ordre mondial », a alerté le Kenya, avant d’avertir que la colère que ressentent des milliards de personnes en raison de la marginalisation perçue et réelle, le déni de leur dignité et le tournant vers l’extrémisme religieux conduisent à la « montée de nouveaux fascismes ». Ces milliards de personnes ont besoin de savoir que l’ONU peut leur tendre la main. La réponse collective à la COVID-19 peut leur faire prouver que « nous, autour de cette table, sommes à la hauteur du moment », a conclu le Kenya.
La Fédération de Russie a souligné qu’elle compte parmi les premiers pays ayant soutenu l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial en 2020 ainsi que la résolution 2532. Toutefois, ce cessez-le-feu ne saurait s’appliquer aux groupes terroristes reconnus à l’échelle internationale, a estimé la délégation constatant « malheureusement » que la mise en œuvre de cette résolution rencontre des difficultés et que plusieurs groupes terroristes ont cherché à tirer parti de la situation sur le terrain.
La Fédération de Russie s’est dit déçue de l’attachement constant d’un groupe d’États à maintenir des « restrictions inhumaines », notamment certaines mesures coercitives unilatérales. Elle a rappelé l’initiative du Président de la Fédération de Russie de créer de « couloirs verts » pour l’acheminement de médicaments et autres matériels sanitaires pour les pays dans le besoin. Elle a salué le rôle joué par les Casques bleus dans la lutte contre la pandémie dans les pays où ils sont déployés, tout en insistant sur le fait que cela doit se faire dans le strict respect des principes humanitaires de l’ONU et sans poser de conditions préalables.
Insistant sur l’importance d’une réaction inclusive et globale à la pandémie avec l’ONU comme chef de file, la Fédération de Russie a fait savoir qu’elle continue de participer aux efforts mondiaux de lutte contre le virus, notamment avec l’OMS et le PAM. Rappelant avoir créé le premier vaccin Spoutnik V, ce qui lui a permis de venir en aide aux pays dans le besoin, la Fédération de Russie a indiqué avoir commencé une campagne de vaccination de masse en décembre. D’ailleurs, a rappelé la délégation, sa proposition de vacciner gratuitement tout le personnel de l’ONU tient toujours.
Le Royaume-Uni a parlé d’un respect « mitigé » de la résolution 2532 (2020) et a ainsi relevé qu’au Yémen, les houthistes n’ont pas répondu par la réciprocité au cessez-le-feu unilatéral décrété en 2020 par la Coalition conduite par l’Arabie saoudite . Les récentes attaques à Aden ont des graves répercussions sur les efforts de paix et la crise humanitaire, « la pire au monde », s’aggrave davantage avec les effets de la COVID-19.
Au Soudan du Sud, des violences soutenues en 2020, combinées à des records d’inondations, ont fait que des régions du pays font face à la famine ou presque. Le Royaume-Uni a invité le Gouvernement à faire face à cette situation, avec le soutien de la communauté internationale. Il a salué la signature de l’Accord de paix à Djouba le 3 octobre 2020, par le Gouvernement du Soudan et des groupes rebelles du Darfour, même si des défis liés à la violence intercommunautaire persistent.
Le Royaume-Uni a en outre déploré le fait que les femmes n’aient pas été assez impliquées dans les processus de paix en 2020. Il a conclu, en soulignant que mettre fin à la pandémie requiert un accès équitable aux vaccins. Au cours de sa présidence du Conseil de sécurité, le Royaume-Uni a dit son intention d’organiser une réunion sur les obstacles à la vaccination tels que le non-respect des cessez-le-feu, les faiblesses logistiques ou encore l’absence de fonds.
La Chine a appuyé l’appel du Secrétaire général à la cessation des hostilités partout dans le monde et a prôné une approche axée sur les populations pour lutter contre la pandémie de COVID-19. La Chine s’est félicitée que 180 pays aient souscrit aux principes de la résolution 2532 du Conseil de sécurité et que des progrès remarquables aient été réalisés au Soudan, en Libye et dans d’autres pays. La délégation a appelé le Conseil de sécurité à tout faire pour accélérer la mise en œuvre de la résolution 2532 afin d’obtenir une cessation des hostilités dans le monde entier. Elle a exhorté les États à coordonner leurs efforts de contrôle avec les organismes de l’ONU présents sur le terrain. La Chine a souligné la nécessité de stabiliser la chaine d’approvisionnement humanitaire et de garantir la protection des acteurs humanitaires et des personnels de l’ONU sur le terrain.
« Il faut renforcer notre appui aux pays qui éprouvent des difficultés à lutter contre la pandémie » a encore dit la Chine, avant de souligner la nécessité de garantir l’accès de tous à des vaccins abordables. La Chine a par ailleurs appelé à mettre un terme aux sanctions unilatérales qui portent atteinte à la souveraineté des États et menacent la vie de civils innocents. Après avoir vanté les mérites du multilatéralisme, la Chine a fustigé les tentatives de politisation de la pandémie. En tant que premier pays producteur de fournitures médicales, elle a indiqué avoir fourni du matériel à 150 pays et 10 organisations internationales. Des groupes d’experts chinois ont été déployés dans 34 pays, a ajouté la Chine en signalant aussi la distribution de 342 milliards de masques et un milliard de kits de dépistage de COVID-19 à travers le monde.
Tous nos efforts devraient se rendre vers la disponibilité universelle de vaccins abordables, a estimé l’Inde. La pandémie a eu un impact dévastateur sur les États fragiles et affectés par les conflits mais elle a aussi mis en lumière la difficulté de combattre « l’infodémie », la manipulation des réseaux, les risques de bioterrorisme ou les cyberattaques contre des infrastructures essentielles. L’Inde a jugé important que l’on réponde effectivement à l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial et a insisté sur un cessez-le-feu global en Afghanistan. Elle s’est aussi réjouie que la résolution 2532 ait reconnu la menace posée par les États parrains du terrorisme.
L’Inde a dit avoir répondu à l’appel du Secrétaire général visant à améliorer ses hôpitaux dans les opérations de paix à Goma en RDC et à Djouba au Soudan du Sud. Elle a dit avoir fourni à plus de 150 pays du matériel sanitaire et médical et avoir promis une enveloppe de 15 millions de dollars à l’Alliance GAVI, sans oublier de rendre opérationnel le Fonds d’urgence pour la COVID-19, en faveur des voisins, avec une contribution initiale de 10 millions de dollars. Dans l’esprit de la coopération Sud-Sud, l’Inde a attiré l’attention sur le travail du Fonds de 150 millions de dollars qu’elle a mis en place, dans le cadre de son partenariat au développement avec l’ONU.
L’Inde a aussi indiqué que sur les trois candidats vaccins qu’elle a développés, deux ont déjà reçu les autorisations nécessaires et feront partie « du plus grand programme de vaccination au monde » qui été lancé le 16 janvier, avec pour objectif de vacciner 300 millions de personnes au premier semestre de cette année. L’Inde a dit avoir envoyé plus de six millions de doses à neuf pays, alors qu’elle signe des contrats avec d’autres. Elle a dit son intention d’alimenter progressivement le Mécanisme COVAX.
Alors que nous envoyons nos vaccins dans plusieurs pays, d’autres y envoient des terroristes et favorisent le terrorisme transfrontière. Alors que nous tirons une certaine fierté d’être « le plus grand fabricant de vaccins au monde », d’autres s’enorgueillissent de leur statut « d’épicentre du terrorisme ». Ces pays, s’est impatientée l’Inde, doivent être dénoncés et répondre de leurs actes devant la communauté. Elle a conclu en plaidant pour un système inclusif qui permette de vacciner rapidement les soldats de la paix, les agents humanitaires et autres personnels à la ligne de front, sans oublier de garantir aux opérations humanitaires un accès sûr et sans entrave.
Alors que le monde fait face aux « heures les plus sombres de la pandémie de COVID-19 », le nombre de décès dépasse désormais les 2 millions de personnes, a observé la Norvège, constatant que le virus a exacerbé les souffrances humaines dans les zones de conflit. Si les progrès en matière de vaccins donnent de l’espoir, il importe aujourd’hui d’atteindre les plus vulnérables. À cette fin, la Norvège s’est dite fière de coprésider avec l’Afrique du Sud le Conseil de facilitation pour l’accélérateur d’outils contre la COVID-19. Pour garantir un accès équitable aux vaccins et atténuer les conséquences négatives de la pandémie, il faut un système multilatéral efficace et efficient, a-t-elle souligné, avant d’inviter le Conseil de sécurité à jouer son rôle et à apporter une réponse unie.
Rappelant qu’elle a fait écho à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial et encouragé les parties au conflit à adhérer à cet appel, la Norvège a regretté que la réponse n’ait pas été suffisante. De surcroît, là où des cessez-le-feu ont été annoncés, la plupart étaient unilatéraux et limités, a-t-elle déploré, tout en préconisant d’appliquer les leçons de cette expérience pour aider les parties à progresser. Selon la Norvège, le leadership et la coordination de l’OMS, de l’OCHA et du PNUD sont essentiels pour garantir des réponses efficaces et immédiates sur les plans sanitaire, humanitaire et socioéconomique.
Elle a aussi félicité le Secrétaire général pour sa réponse rapide lorsqu’il a proposé de créer le Fonds de réponse et de relèvement à la COVID-19 en mars 2020. La pandémie a démontré la nécessité d’une collaboration solide et efficace des Nations Unies au niveau des pays, a-t-elle observé, plaidant pour un renforcement du système des coordonnateurs résidents des Nations Unies et pour la mise sur pied d’un programme mondial de santé qui puisse améliorer la résilience, la prévention, la préparation et la réponse aux menaces sanitaires.
Malgré l’absence d’un cessez-le-feu mondial complet, des résultats importants ont été obtenus, a noté la Norvège. Il importe, selon elle, que les missions de l’ONU poursuivent leurs efforts pour soutenir les autorités nationales, protéger le personnel onusien, atténuer la propagation du virus et aider à la protection des communautés vulnérables, tout en assurant la continuité opérationnelle. En outre, a-t-elle fait valoir, il reste essentiel que les travailleurs humanitaires aient un accès sûr et sans entrave à ceux qui en ont besoin, y compris pour la vaccination. Tout en soutenant l’ONU dans ses efforts pour garantir l’accès humanitaire dans ces circonstances difficiles, la Norvège a dit qu’elle continuera de donner la priorité à la protection des civils, y compris la mise en œuvre de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.
Constatant par ailleurs que la COVID-19 a des impacts différents entre les pays, les communautés et même les sexes, la Norvège s’est prononcée pour une réponse mondiale intégrant une perspective de genre et respectant les droits de l’homme et l’état de droit. La pandémie, a-t-elle poursuivi, a également mis en évidence l’importance du programme « femmes, paix et sécurité » dans tous les aspects de la prévention et de la réponse aux crises. Au niveau communautaire, les femmes et les défenseurs des droits humains se sont retrouvés à l’avant-garde des efforts de prévention et d’intervention. Ils demeurent une composante vitale de la riposte à la pandémie et du relèvement, et sont essentiels au rétablissement de la paix et à la consolidation de la paix, a-t-elle souligné. Face aux diverses crises auxquelles est confronté le monde, a conclu la Norvège, il est de notre devoir, en tant que Conseil de sécurité, de surveiller de près ces « dynamiques changeantes », de coordonner les efforts et de faciliter l’accès humanitaire et le règlement pacifique des conflits lorsque cela est possible.
Les États-Unis se sont engagés d’emblée à collaborer avec d’autres pays pour lutter contre le virus mortel. Comme premier signe de leur engagement renouvelé à soutenir les efforts multilatéraux, ils ont indiqué que, le 20 janvier, le Président Jo Biden a signé une lettre au Secrétaire général pour réintégrer l’OMS. Attirant l’attention sur « la lumière au bout du tunnel », grâce « aux merveilles de la science moderne » qui, en moins d’un an, a permis de développer de nombreux vaccins et des traitements sûrs et efficaces, dans le monde entier, les États-Unis ont assuré qu’ils s’efforcent de garantir l’accès de tous aux vaccins et de renforcer la sécurité sanitaire mondiale, la préparation aux pandémies et les systèmes de santé, et à faire progresser les objectifs de développement durable.
L’OMS, ont souligné les États-Unis, doit jouer un rôle central dans notre réponse combinée à cette pandémie. L’Organisation doit être renforcée et réformée, non seulement pour faire face au défi actuel, mais aussi pour relever efficacement d’autres défis à venir. Mettant l’accent sur la pertinence de la résolution 2532, les États-Unis ont plaidé pour que les responsables de la santé publique aient l’espace et de la sécurité nécessaires pour continuer à lutter contre ce virus. Ils ont réclamé le respect des cessez-le-feu existants et la conclusion d’autres. Nous allons chercher, ont dit les États-Unis, à renforcer l’Alliance Gavi et le Mécanisme COVAX. Ils ont rappelé leur intention de verser une autre somme de plus de 1,6 milliard de dollars à l'aide économique, sanitaire et humanitaire dans le cadre de leur enveloppe d’environ 20,5 milliards de dollars pour la lutte contre la COVID-19 dans le monde.
Le Niger a jugé impératif de veiller à ce que la distribution des vaccins contre la COVID-19 ne donne lieu à des réactions protectionnistes ou ne servent à imposer les visions hégémoniques de certains pays. Aucun pays ne sera en sécurité tant que tous ne le seront pas, « puisque ce virus ne connait pas de frontière ». L’acheminement du vaccin dans les pays les moins avancés et ceux en proie aux conflits, a poursuivi le Niger, ne peut se faire sans un cadre multilatéral adéquat.
La CEDEAO, a-t-il indiqué, a décidé de passer par le Mécanisme COVAX pour se ravitailler, tout en planchant sur le lancement des campagnes de vaccination dans la sous-région, à la moitié du mois de juin. Ces pays insistent également sur la reprise des campagnes de vaccination de routine, dans un contexte de « polypandémie » marqué par une multitude de problèmes qui accompagnent la pandémie de COVID-19. C’est le cas dans le Sahel, a souligné le Niger qui y a noté une montée de l’insécurité alimentaire. Il a en outre réclamé la levée des sanctions unilatérales qui empêchent de secourir les populations les plus vulnérables.
L’Estonie a rappelé qu’en l’espace de 10 mois, la pandémie de COVID-19 a fait 2 millions de morts et contaminé 100 millions de personnes. Elle a appelé les États à être plus coopératifs pour traverser la pandémie avec le moins de dégâts possible. « Pour cela, nous avons besoin de multilatéralisme », a plaidé l’Estonie avant d’exhorter le Conseil de sécurité à se montrer uni face aux implications sécuritaires de la pandémie. L’Estonie a réitéré son soutien à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial.
Néanmoins, a-t-elle estimé, la réponse globale à la pandémie est affaiblie par l'utilisation malveillante de cybermoyens. En effet, selon Europol, la COVID-19 a déclenché une hausse de la cybercriminalité, a noté l’Estonie avant de fustiger les nombreuses attaques dirigées contre les établissements de santé. Face à ce constat, l’Estonie a appelé à condamner les cyberattaques contre les hôpitaux, qui peuvent constituer une menace directe pour les vies humaines. L’Estonie a exhorté les États Membres à prendre des mesures pour renforcer la primauté du droit dans le cyberespace et freiner les activités malveillantes contre le secteur de la santé.
Mettant l’accent sur les incidences négatives de la pandémie de COVID-19 sur les droits de l’homme, la démocratie et l’état de droit, l’Estonie a jugé inacceptable que des pays prennent la pandémie comme prétexte pour restreindre les libertés. Enfin, l’Estonie a réitéré son soutien à la résolution de l’Assemblée générale qui appelle à garantir un accès mondial aux médicaments, aux vaccins et aux équipements nécessaires pour faire face à la COVID-19.
Le Viet Nam a exhorté les États Membres à respecter leurs engagements pour faire face à la double répercussion des conflits et de la pandémie de COVID-19. Il a suggéré l’adoption d’un cadre permettant de superviser la mise en œuvre des cessez-le-feu durant la pandémie. Il a salué les efforts pour adapter les opérations de paix à la réalité de la pandémie, protéger les civils et les personnels de l’ONU et aider les pays post-conflit à relever ce défi sanitaire. Le Viet Nam a voulu que l’on recense les mesures d’adaptation pour affiner les procédures de rotation des contingents.
Le Viet Nam a aussi exhorté les États membres à favoriser l’émergence d’un système sanitaire mondial solide, avec l’OMS comme chef d’orchestre, et à aider les pays le plus démunis à faire face aux conséquences économiques et sociales de la pandémie. Après avoir noté que la résolution 2532 (2020) est la première mesure visant à reconnaître les menaces que fait peser la pandémie de COVID-19 sur la paix et sécurité internationales, le Viet Nam a jugé pertinente l’adoption d’une résolution de suivi.
Le Mexique a tout d’abord félicité la France et la Tunisie pour avoir fait adopter la résolution 2532 (2020) avant de réitérer son soutien sans équivoque à ce texte et à l'appel du Secrétaire général en faveur d’une trêve humanitaire. De l’avis de la délégation, il est nécessaire de renouveler et de renforcer l’attachement du Conseil à cet objectif commun, les menaces à la paix et à la sécurité internationales étant « multidimensionnelles et en constante évolution ».
Pour le Mexique, la COVID-19 a engendré un bouleversement sans précédent, qui s’exacerbe dans les situations de conflit et d’après conflit. La pandémie a gravement endommagé l’économie et les finances, érodé la politique, mis au jour les inégalités inadmissibles qui prévalent, imposé un test sévère aux institutions multilatérales et est « devenue, de facto, un problème de sécurité internationale ». Dans ce contexte, le leadership et l’engagement collectif du Conseil de sécurité sont essentiels pour renforcer l’unité et la coordination des Nations Unies, pour atténuer les ravages liés à la COVID-19 dans les situations de conflit et pour contenir la détérioration croissante qu’elle engendre dans les situations d’instabilité et de violence. Il est nécessaire, a-t-elle insisté, de renforcer les mesures adoptées pour garantir la continuité des travaux des missions de paix et des missions politiques spéciales entreprises par l’ONU. Observant que les effets de la pandémie aggravent encore les défis existants en termes d’insécurité, de violence, d’inégalité, de pauvreté, de chômage, de services de santé, de droits de l’homme et de gouvernance démocratique, elle s’est déclarée convaincue que la résolution 2532 constitue « un pas dans la bonne direction », même s’il aurait dû être fait plus tôt.
Il est maintenant temps de redoubler d’efforts pour continuer à renforcer les actions mondiales en faveur du relèvement post-pandémique, a plaidé le Mexique, estimant que le Conseil de sécurité doit jouer « un rôle plus actif » pour guider la recherche de solutions, notamment avec une approche de prévention prévoyant des mesures inclusives. Dans ce cadre, a souligné la délégation, nous devons mettre les vaccins, les médicaments et toutes les fournitures médicales essentielles à la disposition de tous, sans exception. À cet égard, elle a salué la récente décision des États-Unis de rejoindre le Mécanisme COVAX, effort multilatéral de plus de 170 pays, pour établir une coopération internationale efficace garantissant un accès équitable aux vaccins, conformément à la résolution 74/274 présentée par le Mexique en avril dernier et adoptée par l’Assemblée générale.
Le Mexique s’est également félicité du travail effectué par le Groupe des amis solidaires pour la santé et la sécurité dans le monde, qui œuvre pour sensibiliser aux implications des crises sanitaires sur la sécurité mondiale. Ne pas reconnaître une telle dimension serait une « faute grave » face aux futures pandémies, a-t-il averti, enjoignant le Conseil de sécurité à prendre en compte les risques de telles crises sur la sécurité internationale.
Saint-Vincent-et-les Grenadines a observé que les effets humanitaires de la pandémie, qui se font le plus ressentir dans les pays touchés par un conflit, exigent une plus grande attention et une action urgente de la part de la communauté internationale pour atténuer les souffrances de ceux qui sont les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants, les personnes déplacées et les réfugiés. La délégation a salué les efforts persistants du Secrétaire général, de ses représentants et envoyés spéciaux, et de tous les éléments de l’ONU, tant au Siège que sur le terrain, pour faciliter les pourparlers de paix visant à parvenir à un cessez-le-feu mondial dans le cadre de la réponse à la COVID- 19; fournir un soutien opérationnel aux pays touchés pour le renforcement des secteurs de la santé et de la sécurité; atténuer le risque de transmission du virus parmi le personnel déployé et maintenir l’exécution des mandats malgré les risques immenses posés par la pandémie. Réaffirmant son plein appui à la résolution 2532, la délégation a fait valoir que ce n’est que par une cessation totale des hostilités que les pays touchés par un conflit pourront efficacement gérer la crise sanitaire, d’une part en réparant leur tissu social, et, d’autre part, en faisant avancer les processus de paix.
Pour être en mesure de relever avec succès les défis simultanés de la COVID-19 et des conflits, la délégation a énuméré les conditions nécessaires: une plus grande volonté politique; une intensification de l’aide humanitaire et de l’aide au développement; le plein respect du droit international, y compris du droit international humanitaire; et des efforts sérieux pour poursuivre le dialogue, le compromis et la réconciliation. Alors que des vaccins sont déployés pour lutter contre la maladie, la délégation a appelé à ne ménager aucun effort pour garantir qu’ils soient équitablement accessibles, notamment dans les pays touchés par un conflit et les pays les moins avancés. À cet égard, la délégation a insisté sur l’impératif d’un soutien financier accru au Mécanisme COVAX en vue de pouvoir renforcer la campagne mondiale de vaccination contre la COVID-19. De plus, elle a plaidé en faveur d’un pacte international fondé sur des règles entre tous les pays et les principales sociétés pharmaceutiques pour fournir les vaccins de manière universelle et abordable. À cet égard, Saint-Vincent-et-les Grenadines a réaffirmé son soutien au rôle clef de coordination de l’OMS pour assurer une distribution sûre et efficace des vaccins. La délégation a souligné également le partenariat solide entre l’OMS et les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies, ce qui met en lumière l’importance d’une coopération étroite aux niveaux régional et sous-régional.
La Tunisie a plaidé pour une réponse coordonnée de la communauté internationale face à la pandémie, sous la supervision des Nations Unies. La Tunisie a donc demandé aux membres du Conseil de déployer tous les efforts nécessaires pour mettre en œuvre la résolution 2532 (2020) adoptée sur une initiative franco-tunisienne. La délégation a salué le fait que les missions de maintien de la paix de l’ONU poursuivent leurs efforts en faveur de la paix dans ce contexte de pandémie. Elle a appelé au respect de l’appel au cessez-le-feu lancé par le Secrétaire général de l’ONU.
La production de vaccin est une étape majeure pour endiguer la pandémie, a relevé la Tunisie, plaidant pour une coopération et une solidarité internationales qui permettent d’offrir un accès équitable au vaccin, notamment en faveur des populations des pays les moins avancés et des pays en proie à des confits ou qui en sortent. Le fait de ne pas fournir un accès équitable au vaccin pourrait aggraver le sentiment d’injustice et alimenter les tensions, a prévenu la délégation. Elle a également noté qu’une telle situation irait à l’encontre des concepts de sécurité collective et de destin commun, surtout que « personne ne sera en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas ». Enfin, la Tunisie a souligné la nécessité de vacciner les membres des missions des Nations Unies dans diverses zones de conflit, avant d’appeler à renforcer le rôle central de l’ONU dans la lutte contre la pandémie, tout en soulignant l’importance de la mise en œuvre de la résolution 2532 (2020).