En cours au Siège de l'ONU

SC/14406

Conseil de sécurité: entre consolidation de démocratie et insécurité persistante, le Chef de l’UNOWAS dresse un tableau contrasté de la situation en Afrique de l’Ouest et au Sahel

Le Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), M. Mohamed Ibn Chambas, a dressé, ce matin devant le Conseil de sécurité, un tableau contrasté de la situation dans la région.  S’il a salué la bonne tenue des élections présidentielles dans cinq pays et l’efficacité de la réponse apportée à la pandémie de COVID-19, il a en revanche indiqué que l’insécurité continue de régner et même de s’étendre dans la région.  La situation au Mali et les enjeux sécuritaires ont d’ailleurs dominé les interventions des délégations.

M. Chambas, qui est également Représentant spécial du Secrétaire général, a tenu, à l’entame de son propos, à décerner un satisfecit à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et ses États membres pour la façon dont ils ont fait face à la pandémie de COVID-19.  Ils en ont, « avec succès », atténué les conséquences économiques, a-t-il dit, en jugeant plus importante que jamais la coopération à face la seconde vague et en se déclarant soulagé par la distribution des vaccins.

Le Représentant spécial a rappelé que cinq élections présidentielles, trois élections législatives et deux élections locales viennent de se tenir en Afrique de l’Ouest.  Les commissions électorales ont respecté le calendrier des élections et ont fait montre d’une grande capacité d’organisation et logistique.  Malgré les contestations et des niveaux de violence « inacceptables » en Guinée et en Côte d’Ivoire, les scrutins se sont correctement déroulés, s’est réjoui M. Chambas. 

Le Chef de l’UNOWAS a noté que les candidats perdants au Burkina Faso ont félicité le Président Roch Marc Christian Kaboré pour son second mandat et a salué la tenue pacifique des élections de novembre au Niger, ouvrant ainsi la voie à la toute première transition démocratique d’un chef d’État élu à un autre.  Il a espéré que le peuple nigérien fera preuve de la même « maturité démocratique », au second tour, le 21 février.  Au Ghana, les élections se sont déroulées sans heurt; les contentieux ayant été portés devant les tribunaux. 

S’agissant de la Gambie, M. Chambas a indiqué que des consultations entre les partis politiques se déroulent actuellement en vue d’une possible révision du projet de constitution.  M. Chambas a ensuite exhorté les Guinéens à s’engager dans la voie du dialogue, les élections n’ayant fait que creuser les divisions.  Il a aussi exhorté les acteurs politiques au Bénin à œuvrer pour que les élections présidentielles en avril soient plus inclusives que les élections législatives de 2019 qui avaient été entachées de violence.

En Côte d’Ivoire, le Représentant spécial s’est dit encouragé par l’entame d’un processus de dialogue national afin de restaurer la cohésion, mise à mal après un processus électoral houleux.  En Guinée-Bissau, il a estimé que la fermeture du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) est l’occasion pour les citoyens du pays de s’accorder sur une nouvelle constitution plus adaptée à leurs spécificités et de briser ainsi le cycle de la violence.

Le Représentant spécial s’est en revanche montré inquiet sur le plan sécuritaire.  Après la fin de la saison des pluies, des militants ont de nouveau perpétré des attaques meurtrières, notamment au Niger, où plus de 100 personnes ont trouvé la mort, il y a neuf jours.  Malgré les importants succès engrangés, l’insécurité gagne des zones autrefois sûres, telles que le nord-ouest du Nigéria.  Face à ce défi, M. Chambas a indiqué que son Bureau travaille étroitement avec le G5 Sahel pour renforcer la coopération sécuritaire régionale. 

Dans leurs interventions, les délégations ont rendu hommage aux victimes de l’attaque perpétrée au Niger, ainsi qu’aux cinq soldats français tués, au début du mois de janvier, au Mali, dans le cadre de l’opération Barkhane.  Le Niger a rappelé que l’attaque du 2 janvier à sa frontière avec le Mali visait à empêcher les populations de collaborer avec les autorités dans la lutte contre le terrorisme.  Ces autorités, a-t-il indiqué, ont décidé de renforcer la présence militaire à la frontière avec le Mali et d’organiser un forum national dans les semaines à venir pour prévenir les tensions intercommunautaires. 

De son côté, le Kenya, au nom du groupe « A3+1 » (Niger, Tunisie, Kenya et Saint-Vincent-et-les Grenadines), a demandé d’accorder l’attention requise à la question de la violence intercommunautaire, par un partenariat plus fort entre le G5 Sahel, l’ONU, la Banque mondiale et l’Union européenne.  Tout en rendant hommage à ses soldats, la France a voulu que l’on n’oublie pas les succès de l’opération Barkhane et du G5 Sahel.  « Si les terroristes poursuivent des actions de harcèlement, ils sont acculés », a fait remarquer la délégation, en assurant que les opérations conjointes de la France et de ses partenaires vont se poursuivre. 

La France a néanmoins regretté l’insuffisance de la mobilisation face à l’ampleur des défis du Sahel et a préconisé une conjugaison entre l’appui sécuritaire et le soutien à la gouvernance, aux droits de l’homme et au développement.  La délégation a notamment plaidé pour un soutien renforcé à la Force conjointe du G5 Sahel, y compris de la part des Nations Unies.  Tout en exhortant le Conseil à appuyer cette force, l’Inde a pointé les limites d’une dépendance aux solutions militaires.  La pleine mise en œuvre des Accords d’Alger de 2015 est fondamentale pour le retour de la paix et de la stabilité au Mali, a-t-elle déclaré.

Même son de cloche du côté des États-Unis qui ont estimé que les forces de sécurité internationales ne sont pas à elles seules la solution au terrorisme.  La stabilité ne peut venir que de l’intérieur du Mali, grâce à des réformes démocratiques, à une plus grande présence de l’État dans le Nord et à un meilleur accès aux services publics.  Dans ce droit fil, les délégations, dont celle du Royaume-Uni, ont salué la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel en vue de répondre aux causes profondes de l’instabilité.  Le Plan d’appui à cette stratégie commence à devenir opérationnel, a précisé le Représentant spécial.

M. MOHAMED IBN CHAMBAS, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS), a tenu à saluer la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et ses États membres pour la façon dont ils ont fait face à la pandémie de COVID-19.  Ils en ont, « avec succès », atténué les conséquences économiques.  Maintenant que nous faisons face à une seconde vague et que nous sommes soulagés de voir les vaccins distribués, il est plus important que jamais que nous coopérions pour appliquer les multiples leçons que nous avons apprises en vue d’améliorer la gouvernance et d’assurer l’accès aux services essentiels pour qu’émergent des sociétés plus agiles, plus sûres et plus résilientes, a déclaré M. Chambas.  Cette résilience est plus que jamais mise au défi au Sahel, qui a été frappé par des inondations massives, touchant plus de 1,7 millions de personnes, a-t-il alerté.

Le 11 décembre, a poursuivi M. Chambas, des militants qui seraient affiliés à Boko Haram ont attaqué une école secondaire dans le nord-est du Nigéria, prenant 300 garçons en otage.  Le Représentant spécial a salué les efforts des autorités nigérianes pour les libérer.  Il a également salué la Force conjointe du G5 Sahel pour ses efforts contre les extrémistes, avec l’appui de ses partenaires, dont l’opération française Barkhane.  L’insécurité continue de régner dans la région, a-t-il reconnu.  Après la fin de la saison des pluies, des militants ont de nouveau perpétré des attaques meurtrières, notamment au Niger, où plus de 100 personnes ont trouvé la mort, il y a neuf jours.  Malgré les importants succès engrangés, l’insécurité gagne des zones considérées auparavant comme sûres, telles que le nord-ouest du Nigéria, où militants et réseaux criminels joignent leurs forces.  M. Chambas a précisé que 90% des actes de piraterie dans le monde ont lieu dans le golfe de Guinée où la situation humanitaire a continué de se détériorer, conduisant à de nouveaux déplacements forcés.  Aujourd’hui, cinq millions de personnes au total sont déplacées, soit 1,4 million de plus qu’en 2019.

M. Chambas a rappelé que, depuis sa dernière intervention devant le Conseil, cinq élections présidentielles, trois élections législatives et deux élections locales se sont tenues en Afrique de l’Ouest.  Les commissions électorales sont parvenues à faire en sorte que les calendriers électoraux soient respectés, tout en faisant montre d’une grande capacité d’organisation et logistique.  Ces élections sont de plus en plus financées par les budgets nationaux et malgré les contestations et des niveaux de violence « inacceptables » en Guinée et en Côte d’Ivoire, les scrutins se sont correctement déroulés, s’est-il réjoui.

Le Chef de l’UNOWAS a précisé qu’au Burkina Faso, le dialogue politique a permis d’aboutir à un résultat satisfaisant pour les parties.  Les candidats perdants ont ainsi félicité le Président Roch Marc Christian Kaboré pour son second mandat.  M. Chambas a aussi salué la tenue pacifique des élections de novembre au Niger, ouvrant ainsi la voie à la toute première transition démocratique d’un chef d’État élu à un autre.  « Lors de ma récente visite dans le pays, j’ai exhorté les Nigériens à faire montre de la même maturité démocratique au second tour de l’élection présidentielle prévu le 21 février prochain », a dit M. Chambas.  Au Ghana, qui a une tradition de transitions pacifiques, les élections se sont déroulées sans heurt; les contentieux ayant été portés devant les tribunaux.  L’UNOWAS a contribué à la bonne tenue de tous ces processus électoraux.

S’agissant de la Gambie, M. Chambas a indiqué que des consultations entre les partis politiques se déroulent actuellement en vue d’une possible révision du projet de constitution, après le rejet en septembre dudit projet par le Parlement.  En Côte d’Ivoire, le Représentant spécial s’est dit encouragé par la nomination d’un ministre de la réconciliation nationale et par l’entame d’un processus de dialogue national afin de restaurer la cohésion, mise à mal après un processus électoral houleux.  Il a salué l’annonce faite par le Front populaire ivoirien de se présenter aux prochaines élections législatives.  Alors que ces élections doivent se tenir le 6 mars, M. Chambas a exhorté tous les acteurs politiques du pays à faire fi de leurs griefs personnels et à œuvrer à une véritable réconciliation pour « oublier les fantômes du passé » et tourner une nouvelle page.  Au Bénin, où une élection présidentielle est prévue en avril, le Chef de l’UNOWAS a exhorté les autorités nationales et les dirigeants politiques à trouver un terrain d’entente pour que cette élection soit plus inclusive que les élections législatives de 2019 qui avaient été entachées de violence.

M. Chambas a ensuite regretté les incidents meurtriers de violence politique et intercommunautaire en Guinée, les élections n’ayant fait que creuser les divisions.  Il a exhorté les Guinéens à s’engager sur la voie du dialogue.  En Guinée-Bissau, le Représentant spécial a estimé que la fermeture du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) le 31 décembre dernier est l’occasion pour les citoyens du pays de s’accorder sur une nouvelle constitution plus adaptée à leurs spécificités et de briser ainsi les cycles de violence politique.  L’ONU a mis en place des mécanismes de collaboration pour accompagner le pays.

Alors que le Sahel fait face à des défis multidimensionnels, M. Chambas a indiqué que son Bureau travaille étroitement avec le G5 Sahel pour appuyer la mise en œuvre du Programme d’investissements prioritaires et renforcer la coopération régionale sur les questions sécuritaires.  Le Plan d’appui à la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel commence par ailleurs à devenir opérationnel, a-t-il précisé.  S’agissant du programme « femmes, paix et sécurité », le Représentant spécial a indiqué avec satisfaction que des plans d’action ont été mis en place dans 14 des 16 pays de la région.  En conclusion, il a souligné la nécessité de remédier aux causes bien connues de l’exclusion, de renforcer la gouvernance démocratique et de donner un nouvel élan à la lutte contre l’insécurité dans la région.

Au nom du groupe « A3+1 » (Niger, Tunisie, Kenya et Saint-Vincent-et-les Grenadines), le Kenya a d’emblée présenté ses condoléances au Niger après les pertes en vies humaines lors des attaques « gratuites » contre des civils innocents le 2 janvier dans le Sud-Ouest.  Cet acte odieux démontre non seulement la volatilité, mais aussi la nature transfrontière des menaces à la sécurité régionale.  La diplomatie préventive doit continuer d’être une tâche prioritaire du Bureau des Nations Unies, a souligné le Kenya.

Il s’est félicité des développements positifs dans la région, y compris la bonne tenue des élections au Burkina Faso, à Cabo Verde, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée, au Libéria et au Niger.  Il a aussi salué le fait que le Bureau de l’ONU ait ajouté l’impact des changements climatiques sur la sécurité à la liste des menaces régionales.  C’est la reconnaissance « pragmatique » du lien « clair » entre climat et sécurité dans toute la région, s’est réjoui le Kenya.  Il est temps, a-t-il pressé, que l’ONU et le Conseil de sécurité s’engagent dans des actions concrètes pour répondre aux menaces climatiques et sécuritaires, y compris sur la proposition de nommer un envoyé spécial du Secrétaire général pour le climat et la sécurité.  Il faut, a insisté le Kenya, une approche holistique impliquant des interventions politiques, sécuritaires et socioéconomiques qui conduiront à une paix et une stabilité durables dans la région.

La violence intercommunautaire, a-t-il aussi alerté, est exploitée par les terroristes et les groupes armés pour recruter.  Il faut, a-t-il insisté, accorder l’attention requise à cette question, par un partenariat plus fort entre le G5 Sahel, l’ONU et les partenaires au développement tels que la Banque mondiale et l’Union européenne.  Face à aux défis transfrontières, le Kenya a exhorté le Bureau régional, la Commission de consolidation de la paix et tous les partenaires à soutenir les initiatives régionales telles que le nouveau projet pilote de coopération transfrontalière entre les communes des régions du Sahel au Burkina Faso, de Tombouctou au Mali et de Tillabéri au Niger, et leurs 5,5 millions d’habitants.  Prévu pour un an, ce projet, a rappelé le Kenya, est financé à hauteur de 1,8 million de dollars par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). 

Le Kenya a également encouragé une coopération renforcée entre le Bureau de l’ONU, l’Union africaine et d’autres organisations sous-régionales, pour rechercher des solutions pratiques, notamment en améliorant la mise en œuvre régionale des objectifs de développement durable.  Face à la poursuite des attaques terroristes, le Kenya a insisté sur l’alerte précoce, appelant le Bureau de l’ONU à reprendre son soutien au Centre sahélien d’analyse des menaces et d’alerte précoce (CSAMAP).  Il a conclu en se disant encouragé par le Plan d’appui à la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel et en appelant le Bureau de l’ONU à aider les différentes parties prenantes de la région à promouvoir les femmes et les jeunes.  La solution durable à la situation en Afrique de l’Ouest et au Sahel réside dans des stratégies globales qui s’attaquent aux causes profondes de l’insécurité et de l’instabilité, a souligné le Kenya.

L’Irlande a souligné l’importance du pouvoir transformateur de l’éducation pour stimuler le développement et libérer le potentiel des individus et des sociétés, en particulier les filles.  Condamnant les attaques de ces derniers mois, contre les écoles, l’Irlande a demandé que les investissements dans l’éducation fassent partie des priorités régionales tout comme la protection des établissements scolaires.  Plaidant pour que les partenaires internationaux veillent à ce que l’Afrique ait un accès juste et équitable aux vaccins contre la COVID-19, l’Irlande a admis que la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest est « complexe ». 

Elle a appelé le Conseil à soutenir les capacités nationales et régionales, dont la Force conjointe du G5 Sahel et de la Force multinationale mixte.  Elle a insisté sur le fait que la promotion de la bonne gouvernance, de l’état de droit, des droits de l’homme, des institutions démocratiques et d’un développement durable et inclusif doit être au cœur des efforts nationaux, régionaux et internationaux.  Elle a aussi insisté pour que tous les acteurs concernés intègrent les menaces climatiques dans les efforts de prévention des conflits. 

La persévérance des électeurs d’Afrique de l’Ouest dans des circonstances difficiles est un signe clair de leur engagement en faveur de la démocratie, a noté l’Irlande qui a jugé qu’il reste encore beaucoup à faire pour assurer la pleine, égale et significative participation des femmes aux processus électoraux.  Aucun effort ne doit être épargné pour faire en sorte que les femmes non seulement votent, mais apparaissent également dans les bulletins de vote.  L’Irlande a qualifié d’« inacceptables » les violences électorales en Côte d’Ivoire et en Guinée, en disant attendre cette année des élections pacifiques, démocratiques et pleinement inclusives.  Elle a appelé le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest à continuer d’user de ses bons offices et à tenir le Conseil de sécurité informé de l’évolution de la situation en Guinée-Bissau. 

Pour le Mexique, l’atmosphère de tension dans laquelle les processus électoraux se sont déroulés ces derniers mois dans la région, notamment en Côte d’Ivoire et en Guinée, et les événements au Mali, montrent qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour consolider les institutions étatiques.  Ces antécédents montrent la nécessité de renforcer la stratégie de diplomatie préventive, en étroite coordination avec l’Union africaine et la CEDEAO, en vue des prochaines élections, notamment au Mali, où un travail de réforme institutionnelle sera essentiel pour réaliser une transition pacifique.  Néanmoins, pour le Mexique, le succès du premier tour des élections organisées par le Niger, le 27 décembre, est un exemple de ce qui peut être réalisé lorsque la volonté politique des gouvernements nationaux et la coopération internationale sont mobilisées en faveur du même objectif.  « Le transfert pacifique du pouvoir au Niger représente une avancée historique pour le pays et un exemple pour toute la région. »

Le Mexique a exhorté la communauté internationale à soutenir le plan humanitaire pour le Sahel et à permettre aux pays de la région d’avoir accès aux vaccins et aux traitements contre la COVID-19.  « La coopération internationale dans ce domaine doit aider à faire face à la deuxième vague de l’épidémie, à renforcer les bons résultats que la région a enregistrés jusqu’à présent. »  Rappelant que l’éducation est le meilleur instrument contre les idéologies extrémistes, le Mexique s’est particulièrement inquiété que la pandémie ait laissé plus de 12 millions de filles et de garçons sans accès à l’éducation au cours de ces mois dans les pays du centre du Sahel.  Il a souligné l’importance de l’étude sur les risques climatiques menée par l’UNOWAS en collaboration avec les équipes de pays de la région, pour renforcer le travail de prévention des conflits dans la zone.  En outre, le Mexique s’est inquiété du danger pour la population civile des activités des organisations terroristes qui sont aussi une source d’instabilité dans toute l’Afrique de l’Ouest.  Il a salué le travail des forces nationales et étrangères pour neutraliser cette menace, tout en insistant pour que ce combat s’inscrive dans le cadre des obligations internationales dans le domaine des droits de l’homme et du droit international humanitaire.

La Fédération de Russie s’est montrée préoccupée par les activités terroristes croissantes, les tensions interethniques et la criminalité organisée en Afrique de l’Ouest.  Estimant que la pandémie de COVID-19 a ajouté à l’insécurité et à l’instabilité, elle a salué le fait que la plus grande partie des pays de la région semblent avoir réussi à contenir l’épidémie.  Toutefois, a-t-elle mis en garde, les impacts économiques et sociaux se font toujours ressentir.  La Fédération de Russie a espéré que les élections prévues dans certains pays de la région en 2021 pourront se dérouler de manière pacifique, « sans ingérence étrangère ».  L’efficacité de l’UNOWAS dépend, a-t-elle souligné, du niveau de coopération avec les organisations régionales, dont l’Union africaine.  Rappelant qu’avec la fermeture du Bureau des Nations Unies en Guinée-Bissau, l’UNOWAS est désormais le seul acteur de l’ONU sur le terrain, elle a estimé que le maintien des sanctions contre la Guinée-Bissau est « absurde » et demandé leur levée graduelle. 

La Norvège a vu la récente tragédie de Tillabéri comme un autre exemple où des civils ont été victimes de violences dans les régions du Sahel et du lac Tchad.  Elle a appelé à leur protection renforcée, y compris par la mise en œuvre de la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  En outre, elle a noté que la pandémie de COVID-19 avait eu une influence croissante sur les conflits et les déplacements, les femmes et les filles étant de plus en plus exposées aux risques de violence sexuelle et sexiste.  Elle a demandé à l’UNOWAS de donner une plus grande priorité à ces questions.  Pour mettre fin aux attaques contre des civils dans la région, elle a plaidé pour des efforts locaux, régionaux et internationaux bien coordonnés, y compris entre la MINUSMA et la Force conjointe du G5 Sahel.  Le droit international humanitaire et les droits de l’homme doivent aussi être pleinement respectés, les droits des victimes garantis et les auteurs tenus responsables par des mécanismes crédibles de justice pénale nationale ou internationale, a ajouté la Norvège qui a plaidé pour que cesse l’impunité. 

Inquiète que les récentes élections dans la région aient été entachées par l’exclusion, la violence électorale et la mort de civils, elle a appelé les parties prenantes à veiller à ce que les prochaines élections soient inclusives, crédibles et pacifiques.  Pour la délégation, les élections sont des occasions de renouveler le contrat social entre le gouvernement et le peuple, et de renforcer la gouvernance démocratique et l’inclusion des groupes marginalisés.  À cette fin, elle a plaidé pour la participation pleine, égale et significative des femmes à tous les niveaux de la prise de décisions.  Les rapports relatifs au genre de l’UNOWAS révèlent des progrès mitigés, mais ils mettent également en évidence des exemples positifs de volonté d’inclusion des sexes et de réformes du droit, a rappelé la Norvège.  Enfin, notant que les différends sur la terre, l’eau et l’alimentation sont des terreaux pour la violence et le terrorisme, la Norvège a appelé le Conseil à résoudre les risques pour la sécurité liés au climat.  Elle a aussi appelé la communauté internationale à soutenir la mise en œuvre de la stratégie de l’UNOWAS et insisté sur le caractère essentiel de la coopération régionale.

L’Inde a estimé que les élections présidentielles qui se sont tenues en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, au Ghana et au Niger ont permis de consolider davantage encore la démocratie en Afrique de l’Ouest.  Bien que ces processus électoraux aient été émaillés de tensions politiques et de violences, les parties prenantes ont fait appel aux mécanismes juridiques prévus pour régler les différends.  Il s’agit là d’un signe encourageant d’une confiance grandissante dans les organes constitutionnels, a déclaré la mission.  En tant que plus grande démocratie au monde, l’Inde est convaincue que des structures de gouvernance robustes et efficaces contribueront à la paix et protégeront les droits fondamentaux et l’état de droit. 

S’agissant du Mali, l’Inde a plaidé pour une approche inclusive en vue d’instaurer la paix, en pointant les limites de la dépendance aux solutions militaires.  La mission a déclaré que la pleine mise en œuvre des Accords d’Alger de 2015 est fondamentale pour le retour de la paix et de la stabilité au Mali.  L’Inde a ensuite félicité les pays de la région pour l’efficacité de leur réponse à la pandémie de COVID-19.  Elle s’est dite préoccupée par la situation sécuritaire au Sahel et dans le bassin du lac Tchad, avant de souligner la nécessité d’une approche intégrée pour y remédier.  Nous avons besoin d’une coopération antiterroriste resserrée dans la région et sa périphérie, a déclaré la mission, en insistant sur le rôle central de la CEDEAO.  L’Inde a appelé le Conseil et la communauté internationale à appuyer activement la Force conjointe du G5 Sahel et la Force multinationale mixte.  Enfin, elle a rappelé qu’elle a fourni des médicaments à 12 pays d’Afrique de l’Ouest pour faire face à la pandémie.

L’Estonie a déploré le fait que les tendances négatives de la situation en matière de sécurité continuent de caractériser les développements en Afrique de l’Ouest et dans la région du Sahel.  Les attaques contre les civils, comme celle du 2 janvier dans la région de Tillabéri au Niger, doivent être condamnées dans les termes les plus forts.  Toutes les mesures doivent être prises pour lutter contre la menace terroriste et l’empêcher de se propager.  L’Estonie a salué les efforts déployés par les États de la région dans le cadre de la Force conjointe du G5 Sahel et la Force multinationale mixte pour lutter contre la menace transnationale du terrorisme.  Elle les a aussi encouragés à renforcer davantage la coopération entre eux ainsi qu’avec la communauté internationale.  Elle a promis qu’elle continuera de contribuer à la lutte contre le terrorisme à travers l’opération Barkhane et le groupe de travail Takuba.

Alors qu’un certain nombre d’élections se sont déroulées dans un climat relativement pacifique, la délégation a salué le fait que le Togo ait nommé sa toute première femme Premier Ministre, avant d’encourager tous les pays de la région à prendre de nouvelles mesures pour inclure pleinement, de manière égale et significative, les femmes et les jeunes à toutes les étapes et aspects des processus politiques.

Une approche qui se limite à la sécurité n’apportera pas une paix durable, a poursuivi l’Estonie qui s’est prononcée pour une approche sécurité-développement-humanitaire.  L’un des principaux aspects à considérer concerne les changements climatiques qui, dans de nombreux cas, exacerbent encore les griefs communautaires.  Un autre aspect clef du rapprochement des sociétés est la réconciliation et la restauration de la présence de l’État.  L’Estonie a aussi plaidé pour que tous les auteurs d’abus et de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire soient tenus pour responsables, quel que soit leur statut.  Dans le contexte de la pandémie de la COVID-19, la délégation a appelé toutes les parties à faciliter l’accès humanitaire. 

La France a estimé que les élections récentes dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest sont le signe d’une consolidation des institutions démocratiques dans la région, tout en notant les défis qu’elles ont posés: certaines ont été marquées par de fortes tensions et des entraves aux libertés publiques; des violences ont fait plusieurs morts en marge de certains scrutins.  En Guinée, elle a encouragé l’ensemble des acteurs à la responsabilité et à la plus grande retenue, et appelé les autorités à poser des actes concrets en matière de dialogue et d’ouverture vis-à-vis de l’opposition.  En Côte d’Ivoire, l’objectif de tous les acteurs ivoiriens doit à présent être l’apaisement, a-t-elle poursuivi en prenant note que le Président Ouattara a annoncé de nouveaux gestes lors de son discours d’investiture, notamment la nomination d’un ministre de la réconciliation nationale et la réforme de la Commission électorale indépendante.  La France a appelé à prendre d’autres mesures pour contribuer à l’apaisement et au processus de réconciliation, en particulier la tenue des élections législatives.  Pour ce qui est du Ghana, elle a salué les élections qui se sont tenues dans des conditions exemplaires.

S’agissant de la situation au Sahel, la France a constaté que malgré des défis immenses, les élections au Burkina Faso et le premier tour de l’élection présidentielle au Niger se sont déroulés sans événement sécuritaire majeur et dans un climat serein.  Au Burkina Faso, l’ensemble de la classe politique a fait preuve d’esprit de consensus.  Au Niger, la décision du Président Issoufou de ne pas se représenter pour un troisième mandat a constitué un facteur d’apaisement, selon la France qui, en tant que partenaire de premier plan du Niger, va continuer de suivre avec attention la préparation et la tenue du second tour de l’élection présidentielle.  La délégation a toutefois déploré les attaques du 2 janvier, qui ont coûté la vie à plusieurs civils. 

Pour la France, la situation sécuritaire reste l’enjeu principal au Sahel.  Elle a salué la mémoire des soldats qui ont récemment perdu la vie, dont cinq Français, mais a invité à ne pas oublier pour autant les succès de l’opération Barkhane et du G5 Sahel.  Si les terroristes poursuivent des actions de harcèlement, ils sont acculés, a fait remarquer la délégation, en assurant que les opérations conjointes de la France et de ses partenaires vont se poursuivre.  Elle a regretté l’insuffisance de la mobilisation face à l’ampleur des défis du Sahel en appelant à combiner l’appui sécuritaire au soutien en matière de gouvernance, de droits de l’homme et de développement.  La France a dit avoir encouragé les autorités nationales des pays du Sahel à renforcer la présence de l’État dans les zones périphériques.  Au niveau international, elle a plaidé pour un soutien renforcé à la Force conjointe du G5 Sahel, y compris de la part des Nations Unies.  Enfin, la France a appelé à une mise en œuvre plus pragmatique et concrète de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel, afin qu’elle produise rapidement les résultats attendus par les populations.

La Chine a fait observer que la situation en Afrique de l’Ouest et au Sahel montre que les pays de la région continuent de lutter contre la pandémie la COVID-19 tout en allant au bout d’échéances politiques importantes.  La délégation a plaidé en faveur de la poursuite de l’aide à ces pays qui se battent contre la pandémie.  Il ne faut pas baisser la garde sur ce front, a exhorté la Chine, préconisant le partage d’informations en matière de prévention et de détection.  Elle a témoigné de ce que fait son pays en ce sens: des experts chinois sont envoyés en Côte d’Ivoire et en Guinée dans le cadre de la lutte contre la pandémie; des aides médicales sont proposées par la Chine aux pays touchés; des échanges entre les hôpitaux chinois et africains sont encouragés. 

Estimant que les dernières élections dans la région ont contribué à la stabilité, la Chine a appelé à travailler ensemble pour pérenniser celle-ci.  S’agissant des élections à venir dans la région, la délégation a appelé les parties au dialogue et à des élections pacifiques.  Pour y parvenir, il faut aider les organisations régionales à trouver des solutions africaines aux problèmes africains, a conseillé la Chine.  Elle a rappelé que les activités de Boko Haram dans la région contribuent à l’insécurité régionale.  Elle a demandé à l’UNOWAS et à la communauté internationale d’aider les pays de la région à prendre des mesures holistiques afin de renforcer les capacités de gouvernance, de lutter contre la pauvreté, d’assurer les services essentiels et de créer des synergies pour promouvoir la paix.  La Chine a encouragé la poursuite de l’intégration économique régionale afin d’assurer la stabilité macroéconomique.  La Chine continuera d’aider la région par des projets d’infrastructures, a-t-elle dit avant de rappeler avoir appuyé l’initiative de suspension des dettes du G20 et les mesures pour le relèvement économique.

Le Royaume-Uni a dit vouloir continuer de travailler avec l’UNOWAS et les pays de la région pour trouver une réponse bien calibrée et holistique à ses problèmes, dont les problèmes sécuritaires.  Il s’est félicité de la forte participation aux élections au Burkina Faso, au Niger et au Ghana, tout en notant la violence et les tensions, dans certaines situations électorales.  Concernant le Mali, le Royaume-Uni a estimé que la période de transition est l’occasion non seulement de se préparer à des élections libres mais aussi de progresser sur des questions clefs telles que le processus de paix et la lutte contre la corruption.  Il a salué la reprise des réunions régulières du Comité de suivi de l’Accord et la toute première participation des femmes.

Le Royaume-Uni a rappelé qu’il a versé une autre enveloppe de 21 millions de dollars pour financer l’action humanitaire au Sahel, ce qui porte à plus de 200 millions de dollars les sommes débloquées depuis 2019.  Il a exhorté toutes les parties à garantir un accès humanitaire sans entrave.  Il a aussi appelé à la responsabilisation des gouvernements et au respect des normes internationales relatives aux droits de l’homme.  Le Royaume-Uni a salué la mise en œuvre de la Stratégie intégrée pour le Sahel et le travail étroit de l’UNOWAS avec la région et les organisations régionales.  Il est essentiel que les gouvernements de la région dirigent les efforts visant à briser le cercle vicieux de la violence et de l’instabilité, a souligné le Royaume-Uni, en indiquant que ces efforts seront soutenus par le système des Nations Unies et les partenaires internationaux.  Il a insisté sur une coopération renforcée entre les autorités de la région et les acteurs humanitaires.

Le Viet Nam a salué les efforts en cours pour promouvoir la participation et la représentation des femmes dans les processus politiques et de paix dans plusieurs des pays de la région.  Au Togo, a-t-il noté, des portefeuilles ont à leur tête des femmes.  En Guinée, au Libéria, en Mauritanie et au Nigéria, des femmes ont été nommées, alors qu’au Burkina Faso, en Guinée et au Niger, des femmes ont participé plus activement aux élections.  Nous avons hâte de voir les femmes et les jeunes jouer un rôle plus important dans la prévention et le règlement des conflits, la consolidation de la paix et la reconstruction postconflit de la région en 2021, a dit la délégation.

Le Viet Nam a fermement condamné les actes terroristes, insistant pour que leurs auteurs soient traduits en justice.  Il a exhorté toutes les parties concernées à accélérer leur coopération dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, les appelant aussi à honorer leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et des droits de l’homme.  Le Viet Nam a également appelé les donateurs internationaux à se montrer plus généreux pour que les programmes humanitaires puissent être mis en œuvre pleinement et efficacement en 2021.  Il a dit appuyer l’appel à l’action contre la COVID-19 du Secrétaire général de l’ONU et à un accès équitable aux vaccins.  À son tour, le Viet Nam a jugé important d’intégrer les menaces climatiques dans tous les efforts de prévention des conflits.

Les États-Unis ont salué le rôle essentiel de l’UNOWAS dans le soutien aux élections libres et équitables qui viennent de se tenir dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest.  Ils ont invité les Nations Unies et l’UNOWAS à faire preuve de vigilance et à rester engagés dans la promotion de la stabilité politique en Guinée-Bissau.  Après avoir condamné les attaques du 2 janvier au Niger, les États-Unis ont jugé essentiel, pour stabiliser le Sahel, que les gouvernements de la région renforcent les institutions, assurent la bonne gouvernance et offrent aux organisations humanitaires un accès sans entrave.  Les gouvernements sapent leur propre crédibilité quand des représentants de l’État, en particulier les forces de sécurité, violent les droits de l’homme et échouent à protéger leurs citoyens, a dit la délégation américaine.  Ils ont appelé les parties au strict respect du droit international humanitaire.

S’agissant du Mali, les États-Unis ont présenté leurs condoléances aux familles des cinq soldats français de l’opération Barkhane qui viennent d’être tués.  Ils ont estimé que les forces de sécurité internationales ne sont pas à elles seules la solution au terrorisme.  La stabilité ne peut venir que de l’intérieur du pays, grâce à des réformes démocratiques, à une plus grande présence de l’État dans le Nord et à un meilleur accès aux services publics.  Les États-Unis ont félicité les parties signataires de l’Accord d’Alger pour avoir publié une feuille de route révisée.  Nous espérons que le Conseil continuera d’exhorter les signataires à avancer sur cette voie et d’aider le Gouvernement de transition à honorer son engagement déclaré en faveur de réformes « critiques », ont conclu les États-Unis. 

Le Niger a tenu à remercier les membres du Conseil de sécurité pour « leurs mots aimables » après l’attaque de 2 janvier à la frontière avec le Mali qui visait cette fois à empêcher les populations de collaborer avec les autorités dans la lutte contre le terrorisme.  L’attaque a fait une centaine de morts dont une majorité de femmes et d’enfants, a souligné le Niger.  Les autorités nationales, a-t-il indiqué, ont pris deux décisions et d’abord le renforcement de la présence militaire à la frontière avec le Mali.  La deuxième décision est l’organisation d’un forum national dans les semaines à venir pour prévenir les tensions intercommunautaires.  Le Niger a remercié tous ceux qui concourent à la stabilité et à la bonne gouvernance, en particulier M. Chambas et l’UNOWAS.  Il a assuré les membres du Conseil de sécurité de sa détermination à réaliser la première alternance politique pacifique cette année, et a dit compter sur le retour de M. Chambas à Niamey pour aider les autorités nationales à cette fin. 

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