ECOSOC/7036

Conseil économique et social: le risque d’un monde post-COVID-19 à plusieurs vitesses au cœur des échanges sur le financement du développement

Les disparités entre les pays riches et le monde en développement, s’agissant de la riposte à la pandémie de COVID-19, et des plans de relance et d’investissements, entre autres, ont dominé, aujourd’hui, les échanges de la deuxième journée du forum sur le financement du développement organisé par le Conseil économique et social (ECOSOC).  Venu présenter le Rapport de 2021 sur le financement du développement, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin, a averti qu’en dépit de l’ampleur de la riposte à la crise actuelle, le risque est grand de voir se développer un monde à plusieurs vitesses. 

Voyant dans ce second rapport publié pendant la pandémie un « appel urgent » à la communauté internationale pour qu’elle se hisse à la hauteur des défis et réponde à cette crise « historique » par des mesures « audacieuses », M. Liu a pointé le fait que 80% des quelque 16 000 milliards de dollars débloqués pour les plans de relance soient allés aux pays développés.  Les autres restent confrontés à des contraintes budgétaires et de trésorerie susceptibles d’affecter leur développement et de rendre les objectifs de développement durable hors de portée, a-t-il souligné. 

Pour aider ces pays à répondre à cette crise, le Secrétaire général adjoint a recommandé une série de mesures, à commencer par une nouvelle émission de droits de tirage spéciaux qui augmenterait les liquidités et viendrait appuyer l’Initiative de suspension du service de la dette du G20.  « Mais il faut en faire plus », a-t-il ajouté, en enjoignant aux pays donateurs de respecter leurs engagements au titre de l’aide publique au développement (APD).  Si l’on veut « reconstruire en mieux », il importe également d’investir dans l’atténuation des risques et dans la résilience ainsi que dans la protection sociale, le capital humain et les infrastructures, a-t-il plaidé. 

La table ronde qui a suivi avait justement pour thème « Accélérer les investissements dans les infrastructures pour une reprise durable et résiliente et le rétablissement du commerce ».  Elle a permis à plusieurs participants de lancer un appel à contribution aux banques de développement et au secteur privé, à l’instar du Ministre des finances du Ghana, selon lequel les recettes nationales ne suffiront pas pour répondre aux besoins en infrastructures du continent.  Une position partagée par le Vice-Ministre et Vice-Président de la Commission de la planification du Pakistan, qui a insisté pour que, d’une manière générale, les créanciers privés soient associés aux initiatives d’allégement de la dette. 

La solution au manque de ressources pour les infrastructures réside bien dans le recours au secteur privé, a acquiescé la Coprésidente de l’Alliance mondiale des investisseurs en faveur du développement durable, tandis que la responsable du Réseau européen sur la dette et le développement (EURODAD) mettait en garde contre les risques potentiels des capitaux privés pour l’environnement et les droits humains, souhaitant que les financements publics continuent de primer en matière d’infrastructures. 

Différentes raisons ont été avancées par le Président de l’ECOSOC, M. Munir Akram, pour expliquer pourquoi les pays en développement n’attirent pas les investissements: faible capacité à négocier des projets complexes, leur pénurie de deniers publics et le coût élevé des capitaux; un pays comme l’Italie pouvant emprunter à 0,05% contre 5% pour le Ghana.  Il a également relevé le peu d’interactions des pays du Sud avec les investisseurs privés et un climat des affaires qui laisse à désirer. 

À la Réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) sur le thème « Des solutions partagées pour financer le développement durable dans un environnement difficile », le Président de l’ECOSOC a réitéré les deux priorités du moment: le relèvement durable post-COVID-19 via la mobilisation de financements mixtes et les solutions à apporter aux questions de la dette et des contraintes budgétaires. 

La Première Ministre de la Barbade, qui préside le Comité du développement, a prôné une meilleure coordination entre les institutions multilatérales et le secteur privé, souhaitant à son tour que celui-ci soit intégré à l’Initiative de suspension du service de la dette du G20.  Elle a également appelé le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale à créer un cadre commun de restructuration de la dette qui inclut des analyses de viabilité. 

La Ministre des finances de la Suède, actuelle Présidente du Comité financier et monétaire du FMI, s’est réjouie de l’allocation « historique » de 650 milliards de dollars à des nouveaux droits de tirage spéciaux.  Toutefois, a souligné le Président de la CNUCED, leur impact ne pourra être garanti que si les droits non utilisés sont répartis, les pays du G7 étant les principaux bénéficiaires, à l’inverse de l’Afrique subsaharienne, qui, elle, n’en perçoit que 4,5%. 

FORUM DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL SUR LE SUIVI DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Présentation du Rapport de 2021 sur le financement du développement durable

M. LIU ZHENMIN, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a souligné le risque d’un monde à plusieurs vitesses nonobstant la riposte sans précédent apportée à la pandémie.  « Sans une action immédiate, nous risquons de perdre une autre décennie de développement, mettant hors de portée les objectifs de développement durable », a-t-il affirmé.  C’est tout simplement le signal d’alarme que lance le Rapport de 2021 sur le financement du développement durable, a souligné le Secrétaire général adjoint.  Ce rapport, qui est le second à être publié pendant la pandémie, est un appel urgent à la communauté internationale pour qu’elle se hisse à la hauteur des défis et réponde à cette crise « historique » par des mesures « audacieuses ».

M. Liu a indiqué que les plans de relance de 16 000 milliards de dollars ont joué un rôle vital pour répondre à la crise sanitaire et éviter une récession économique encore plus grave.  « Mais ces mesures ont été inégales »: les pays développés se sont arrogés 80% de cette somme tandis que les pays en développement continuent de faire face à des contraintes budgétaires et de trésorerie qui peuvent affecter leur développement sur le long et moyen terme et rendre les objectifs de développement durable hors de portée.

Le Secrétaire général adjoint a recommandé trois séries de mesures et d’abord une action immédiate pour aider les pays en développement à répondre à la crise.  Une nouvelle émission de droits de tirage spéciaux augmenterait les liquidités et l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 apporterait un répit.  « Mais il faut en faire plus », dont le respect par les pays donateurs de leurs engagements au titre de l’aide publique au développement (APD).

Deuxièmement, nous devons reconstruire en mieux, et plus durablement, a poursuivi M. Liu, en soulignant la nature « systémique » des risques dans un monde interconnecté.  Il a souligné la nécessité d’investir dans l’atténuation de ces risques et dans la résilience ainsi que dans la protection sociale, le capital humain et les infrastructures.  Il a plaidé pour un accès aux crédits « à très long terme », jusqu’à 50 ans, et à taux fixe.  Il a aussi prôné des rachats et échanges de dettes et un renforcement des banques publiques de développement.  M. Liu a appelé de ses vœux un nouveau modèle économique, qui taxe les externalités telles que les émissions de carbone et oriente les marchés de capitaux vers un développement durable. 

Troisièmement, a-t-il conclu, nous devons remédier aux lacunes de l’architecture institutionnelle et politique mondiale et l’ONU a un rôle unique de plateforme à jouer pour intensifier les efforts collectifs dans ces domaines.

Table ronde 1: Accélérer les investissements dans les infrastructures en vue d’une reprise durable et résiliente et du rétablissement du commerce

Des infrastructures pérennes peuvent contribuer à une croissance résiliente, à la réalisation des objectifs de développement durable et à la lutte contre les changements climatiques, a souligné M. AMAR BHATTACHARYA, de la Brookings Institution.  Il a donc regretté que les investissements ne soient pas à la hauteur, comme en témoigne le peu de projets d’infrastructures de qualité et de grande envergure, attribués à l’absence des fonds privés nécessaires. 

Aujourd’hui, a alerté M. KEN OFORI-ATTA, Ministre des finances du Ghana, l’Afrique accuse un déficit cumulé de 1 200 milliards de dollars, a-t-il souligné.  Or, la Banque africaine de développement (BAD) estime qu’il faut 170 milliards de dollars au continent pour répondre à ses besoins en infrastructures et l’on sait déjà que les recettes nationales ne suffiront pas.  Il est donc urgent, a estimé M. Ofori-Atta, de pouvoir recourir aux banques de développement.  En attendant, le Ghana s’emploie à lancer des obligations vertes et participe à des discussions sur le marché du carbone.  Le Ministre a alerté que les lacunes dans l’adaptation aux changements climatiques ont déjà fait perdre 3% de leur PIB aux économies africaines. 

Le Ministre des finances et de l’économie du Turkménistan, M. MUHAMMETGELDI SERDAROV, a parlé d’une conférence virtuelle que son pays a organisé en mai 2020, avec l’ONU et les institutions financières internationales qui a permis un échange de vues entre les États d’Asie centrale et ceux d’Asie de l’Est sur les questions liées au financement durable.  La priorité, a-t-il estimé, est de se doter de bonnes mesures monétaires pour aider les ménages et les entreprises, et pour assurer la stabilité des marchés financiers. 

Cette stabilité est essentielle parce que même dans un environnement économique normal, les investissements privés dans les pays en développement sont freinés par « les incertitudes », a souligné M. JEHANZEB KHAN, Vice-Ministre et Vice-Président de la Commission de planification du Pakistan, qui a insisté, à son tour, pour que les créanciers privés et les banques de développement soient associés aux initiatives d’allégement de la dette.  Le Vice-Ministre a, comme les autres, plaidé pour la lutte contre le blanchiment d’argent qui fait perdre des milliards de dollars aux pays en développement.  Ces fonds, a-t-il affirmé, représentant 18% des échanges avec les pays développés.  Il a aussi insisté sur la mise en place de nouveaux instruments associant le secteur privé et les banques de développement, sous la forme de financements mixtes.

En effet, la solution au manque de ressources pour investir dans les infrastructures des pays en développement réside dans le recours au secteur privé, a acquiescé Mme LEILA FOURIE, Présidente-Directrice générale de la Bourse de Johannesburg et Coprésidente de l’Alliance mondiale des investisseurs en faveur du développement durable.  Une augmentation de 1% dans l’investissement dans les infrastructures engendre une augmentation de 1% du PIB, a souligné l’oratrice en citant les chiffres de la Banque mondiale.  Elle a vanté les mérites des partenariats public-privé, avant d’en venir aux propositions de la GISD.  Il s’agit, a-t-elle expliqué, de mettre sur pied un fonds mondial pour les infrastructures, basé sur des financements mixtes.  Il s’agit aussi de lancer une plateforme d’investissements pour les objectifs de développement durable.  Ces deux propositions, a-t-elle indiqué, seront explicitées demain à la manifestation parallèle de ce forum. 

Mais pour inciter le secteur privé, il faudra lui donner des informations « transparentes » sur toutes les questions aux objectifs de développement.  Il faudra aussi réformer le cadre réglementaire des partenariats public-privé, sans oublier d’envisager de nouveaux investissements dans les nouvelles technologies. 

La situation est urgente, a pressé Mme STEPHANIE VON FRIEDEBURG, Vice-Présidente chargée des opérations de la Société financière internationale (SFI) du Groupe de la Banque mondiale.  Elle a prévenu que, dans les pays en développement, les investissements dans les infrastructures ont chuté de 45%, l’année dernière.  Le secteur privé doit être mis à contribution, a-t-elle acquiescé, en insistant à son tour sur la transparence et une stricte adéquation entre projets et financements. 

Tous ces projets doivent tenir compte des risques écologiques, a ajouté Mme MARIA BERNICAT, Sous-Secrétaire d’État chargée des océans et des affaires environnementales et scientifiques des États-Unis.  Elle a indiqué que son pays mobilise actuellement les capitaux privés vers les économies émergentes, en mettant l’accent sur la lutte contre la corruption, la croissance économique et l’inclusion.  À son tour, elle a souligné l’importance de la transparence pour attirer les investisseurs.  Cette transparence est particulièrement nécessaire sur la question de la dette.  Un investisseur potentiel doit pouvoir avoir des informations honnêtes sur l’origine de l’endettement.  L’oratrice a aussi souligné l’importance des cadres réglementaires « solides » et d’un contrôle « intelligent » pour éviter les investissements « malveillants ». 

En matière d’infrastructures, les financements publics doivent primer, a contré Mme MARIA JOSÉ ROMERO, du Réseau européen sur la dette et le développement (EURODAD).  Elle a reconnu l’importance des capitaux privés mais elle a tenu à attirer l’attention sur les risques potentiels pour l’environnement et les droits de l’homme.  Il faut, a-t-elle dit, mettre l’accent sur « une transformation structurelle », qui place les infrastructures sous l’angle d’une reprise résiliente.  Toute autre transformation risquerait de saper les politiques publiques et accroître la vulnérabilité des pays en crise.  Il faut, a-t-elle ajouté, repenser le rôle de l’État et nous demander franchement à quelles conditions le secteur privé financerait le développement durable.  « La crise nous met en demeure de nous pencher sur ces points car il n’est pas envisageable de revenir à la même manière de fonctionner. »

Au cours du débat interactif qui a suivi les présentations, les intervenants se sont concentrés sur l’importance des partenariats public-privé, la nécessité d’une coopération à tous les niveaux et celle d’un changement de paradigme en matière d’investissement dans le numérique. 

« Comment accélérer les investissements dans les infrastructures durables pour reconstruire en mieux après la pandémie? » a repris l’Indonésie.  Reconnaissant qu’il est essentiel de renforcer les partenariats public-privé, elle y a vu le meilleur moyen de combler les écarts de financement et de partager les risques.  Elle a dit s’être dotée d’un bureau conjoint dédié à ces partenariats, qui coordonne le soutien du Gouvernement à des projets liés aux énergies renouvelables ou à l’élargissement du réseau ferroviaire.  Elle a dit attendre davantage de partenariats de ce type pour mettre en place un nouveau système de financements mixtes. 

Le Nigéria s’est lui aussi prononcé pour de nouvelles formes de financement du développement.  Il a préconisé des « mesures audacieuses » et ajouté qu’avec l’aide du privé, les pays pourraient consacrer une part constante de leurs ressources au développement durable, surtout dans ce contexte où l’APD ne cesse de chuter.  Il a plaidé pour la réforme de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) afin qu’il recouvre son rôle de « partenaire des pays en développement ». 

Le commerce international est en effet une source importante de financements durables, a acquiescé le Soudan qui a insisté sur l’importance d’un système commercial multilatéral, ouvert, transparent et prévisible.  Il a lui-même pronostiqué que son adhésion à l’OMC lui permettra de surmonter les obstacles au développement durable, diversifier son économie, parvenir à la croissance économique et mener à bien ses réformes. 

Le commerce, oui, mais un des principaux freins au redressement vient de la persistance des inégalités et de la fracture numérique, a fait observer le Guatemala.  Il a déploré que de très nombreux pays en développement n’aient encore qu’un accès limité aux nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC).  Il a donc prôné l’application des recommandations du Secrétaire général sur la coopération numérique et appelé, dans ce cadre, à l’intensification du transfert des technologies, à l’aide au renforcement des capacités et au renforcement de la coopération Sud-Sud, en complément de la coopération Nord-Sud. 

Il faut saisir l’occasion de cette crise pour promouvoir le commerce électronique, a estimé, à son tour, le Bangladesh.  Rien, a poursuivi la représentante du Comité des ONG pour le financement du développement, ne s’est révélé « plus intéressant » pour l’économie mondiale qu’Internet.  L’extension du réseau de câblage sous-marin contribuerait, a-t-elle donné pour exemple, à l’enseignement ou à la médecine à distance.  Comme d’autres orateurs avant elle, elle a vu une opportunité pour les financements mixtes.  L’impact de ces financements est encore « relativement inconnu », a mis en garde le représentant du Groupe Financement pour le développement (FFD).  Ces financements, s’est-il expliqué, restent basés sur la rentabilité maximale.  Il faut se méfier de leurs conséquences pour l’écologie et les droits de l’homme, a-t-il conseillé, se montrant déjà alarmé par « la mise à l’écart » des syndicats dans les projets d’investissement. 

Le secteur privé n’est pas le problème, a rétorqué le Président de la Convention of Independent Financial Advisors (CIFA).  Le vrai problème, c’est la méfiance des entreprises à l’égard du secteur public qui devrait se montrer capable de superviser et de cerner les initiatives à même de transformer le quotidien, tout en préservant les intérêts du secteur privé. 

En tout état de cause, a conclu la Vice-Présidente chargée des opérations de la Société financière internationale (SFI) du Groupe de la Banque mondiale, il nous faut de « nouveaux paradigmes de développement » et le travail de réflexion doit être mené sous la direction de l’ECOSOC et d’autres institutions multilatérales, « sans laisser l’initiative au seul secteur privé ».  Dans ce cadre, il est important d’éviter les erreurs du passé et de prendre à bras-le-corps les questions climatiques dans les projets d’infrastructure, a ajouté la Sous-Secrétaire d’État chargée des océans et des affaires environnementales et scientifiques des États-Unis.  « Il faut être imaginatifs », a-t-elle lancé, et savoir « qu’on ne peut pas faire sans le secteur privé ».  Nous avons d’ailleurs pour objectif de mobiliser notre pouvoir fédérateur et de notre large réseau de directeurs et de patrons, a annoncé la Présidente-Directrice générale de la Bourse de Johannesburg et Coprésidente de l’Alliance mondiale des investisseurs en faveur du développement durable.  Nous, s’est enorgueillie la Vice-Présidente chargée des opérations de la Société financière internationale (SFI) du Groupe de la Banque mondiale, sommes « au cœur des contacts » avec le secteur privé que nous nous employons à mobiliser en faveur de projets bancables.  Notre plateforme, a-t-elle assuré, a permis d’engager dans des marchés émergents 8 milliards de dollars. 

Le Président de l’ECOSOC a tout de même rappelé que les fonds qu’injecte la Banque mondiale dans les infrastructures n’ont cessé de chuter au fil des ans.  Parmi les raisons pour lesquelles les pays en développement n’ont pas pu mobiliser des investissements dans leurs infrastructures, il a cité leur faible capacité à négocier des projets complexes et leur manque de ressources.  À cela s’ajoute le coût élevé des capitaux, un pays comme l’Italie pouvant emprunter à 0,05% contre 5% pour le Ghana.  Mais il a reconnu que les pays en développement peuvent faire mieux et par exemple, améliorer leur climat des affaires par des lois et des réglementations et interagir plus intensément avec les investisseurs privés. 

Si, a aussi rappelé le Président, de nombreux pays ne sont membres ni du G7 ni du G20, ils sont en revanche représentés à l’ONU, laquelle dispose d’une kyrielle d’organisations et de bureaux de pays qui suivent les besoins des pays en développement au quotidien.  Appelant la communauté internationale à exploiter le « potentiel des Nations Unies », il a indiqué qu’il organisera le mois prochain une réunion sur les investissements dans les infrastructures, avec des représentants du secteur privé, des caisses de pensions et des fonds d’investissement « afin de connaître leurs perspectives ».  Quelques jours plus tard, a-t-il dit, l’ECOSOC réunira les pays en développement pour qu’ils expriment leurs besoins en la matière. 

Réunion spéciale de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et la CNUCED

« Des solutions partagées pour financer le développement durable dans un environnement difficile »: c’est le thème de cette réunion spéciale de haut niveau qu’a rappelé M. MUNIR AKRAM, Président du Conseil économique et social (ECOSOC).  Il a attiré l’attention sur deux priorités: le relèvement durable après la pandémie de COVID-19 et la mobilisation des financements auprès des secteurs public et privé pour les secteurs de l’environnement et les infrastructures; et les solutions à apporter aux questions de la dette et des contraintes budgétaires.  Comment passer de la riposte à la COVID-19 au relèvement durable?

Pour un tel relèvement durable, il faut que la riposte à la pandémie tienne compte des vulnérabilités, des fragilités et de l’impact des changements climatiques, a répondu Mme MIA AMOR MOTTLEY, Première Ministre de la Barbade, qui a fait état du rapport de la dernière réunion du Comité du développement que son pays préside.  Aujourd’hui, a-t-elle expliqué, plus de 75% de pauvres dans le monde se trouvent dans des pays où les taux de crédit ne sont pas du tout favorables et ces taux risquent d’augmenter à cause de la crise.  Mme Mottley a prôné une bonne coordination entre les institutions bilatérales et multilatérales avec le secteur privé. 

Ce secteur devrait d’ailleurs être intégré à l’Initiative de suspension du service de la dette du G20, a-t-elle poursuivi.  En attendant, le Comité du développement a appelé le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale à créer un cadre commun de restructuration de la dette qui inclut des analyses sur sa viabilité.  Une attention particulière doit en effet être portée aux dettes non viables, celles liées aux phénomènes climatiques extrêmes.  La même attention est également nécessaire pour régler le problème des flux financiers illicites. 

Le redressement durable exige aussi que les revenus des États soient en priorité affectés à la protection sociale, aux technologies, aux énergies renouvelables, aux petites et moyennes entreprises ou encore à l’attraction des investissements étrangers directs (IED).  Quelque 35% des financements, a précisé l’oratrice, doivent aller à l’action climatique et la transition vers l’énergie verte.  Elle a vu dans la reconstitution du fonds de l’Association internationale de développement (IDA), un excellent moyen d’augmenter ces financements. 

L’allocation d’un montant de 650 milliards de dollars à de nouveau droits de tirage spéciaux est tout simplement « historique », s’est réjouie Mme MAGDALENA ANDERSSON, Ministre des finances de la Suède et Présidente du Comité financier et monétaire du FMI.  Elle a aussi attiré l’attention sur l’idée du FMI d’élargir l’accès aux prêts préférentiels, voyant là sa détermination à jouer « tout son rôle » dans le règlement de la crise actuelle.

Pour assurer l’impact des droits de tirage spéciaux, a prévenu M. FEDERICO VILLEGAS, il faut une répartition des droits non utilisés.  Le Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a en effet souligné que ce sont les pays du G7 qui reçoivent une grande partie de ces droits, l’Afrique subsaharienne, par exemple, n’en recevant que 4,5% .  Il a également dénoncé les agences privées de notation qui veulent jouer un rôle d’arbitre alors qu’elles sont actrices sur les marchés.  M. Villegas a prôné une plus grande transparence dans l’industrie extractive, la taxation des entreprises numériques et un système commercial universel, équitable et transparent.

Dans le dialogue, modéré par M. MASOOD AHMED, Président du « Center for Global Development » (CGD), qui a suivi, le doyen du Conseil des directeurs du Groupe de la Banque mondiale, a prôné « une coordination politique internationale » pour redonner l’espoir aux populations.  Dans ce cadre, il faut améliorer la gouvernance des institutions financières et monétaires, renoncer au protectionnisme, multiplier les financements publics et privés, rechercher le point bascule de 13% dans la collecte d’impôts et investir dans l’écologie et l’économie numérique, a prescrit la Présidente du Comité de liaison du Fonds monétaire international (FMI) avec la Banque mondiale, l’ONU et autres organisations internationales.  Ce qu’il faut surtout, a estimé la Chine, c’est un financement « diversifié et équitable ». 

Aujourd’hui, a alerté le représentant de la Banque mondiale, 54 pays de l’Association internationale de développement (IDA) courent le risque d’un surendettement, y compris de nombreux pays à revenu intermédiaire.  L’allégement de la dette doit donc être vu comme « un ballon d’oxygène » mais cela ne suffira pas tant que les créanciers privés ne feront pas partie de l’effort.  En allégeant ou en suspendant le service de la dette, on ne fait que reporter l’échéance, a prévenu la représentant qui a voulu que la Banque mondiale ait un rôle à jouer dans la proposition du G20 de restructurer la dette des PMA. 

Les pays auront à prendre des « mesures douloureuses », à savoir renforcer l’efficacité des dépenses publiques, en améliorant les politiques d’achat et d’approvisionnement.  Les mesures d’allégement sont louables mais à long terme, il faut favoriser la croissance qui est le vrai moteur du développement durable, a insisté le représentant, soutenu par les États-Unis qui ont encouragé les pays à opérer les changements structurels nécessaires.  En attendant, a tempéré la représentante du FMI, il reste utile de procéder à une réduction « automatique » de la dette des pays vulnérables, en cas de catastrophes naturelles.  Elle n’a pas pour autant oublié d’appeler à « la transparence » de la dette publique.  Commençons déjà par proroger toutes les mesures d’allégement de la dette au-delà de 2021, a argué le Brésil, et par annuler purement et simplement « les dettes illégitimes », a ajouté la représentante d’un groupe de pays membres de la CNUCED.

Pour sortir véritablement de la crise, elle a réclamé un « nouvel accord sur le climat » financé par des droits de tirage spéciaux à hauteur de 3 000 milliards de dollars.  Les 650 milliards dont on parle tant ont été fixés par les États-Unis.  Or seule une somme de 3 000 milliards de dollars nous permettra de gagner le pari d’un véritable redressement post-COVID.  La représentante a aussi réclamé la mise en place d’une fiscalité internationale commune, la lutte contre les déréglementations qui surtout nuisent aux pays en développement et la suspension par l’OMC des règles sur la propriété intellectuelle.  Il faut mettre fin « au monopole des vaccins, c’est ça la vraie solution », a-t-elle martelé.  Le Maroc a d’ailleurs demandé que l’on soutienne les efforts des pays qui sont en cours d’adhésion à l’OMC.  Il faut, a acquiescé la Chine, redonner au commerce son rôle de moteur de la croissance mondiale.

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