La première session du Comité préparatoire de la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés ouvre ses travaux sous des appels à l’ambition
Le message est très simple, « c’est un appel à l’ambition », a lancé, ce matin, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina Mohammed, lors de l’ouverture de la première session du Comité préparatoire intergouvernemental de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA).
Le Comité préparatoire a pour mandat de convenir des éléments du nouveau programme d’action pour les PMA qui prendra la suite du Programme d’action d’Istanbul et qui doit être adopté lors de la conférence de Doha, prévue du 23 au 27 janvier 2022, au Qatar. Cette Conférence doit déboucher sur l’adoption d’un nouveau programme d’action décennal qui va remplacer le Programme d’action d’Istanbul qui date de 2011. Ce moment est critique puisqu’il interviendra en pleine Décennie d’action pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD) et dans un contexte marqué par les répercussions de la pandémie de COVID-19, ont souligné plusieurs délégations qui ont pris la parole au cours du débat général tenu ce matin.
« Le nouveau programme d’action doit catalyser une action ambitieuse tout au long de la Décennie d’action pour atteindre les ODD et ne laisser aucune nation de côté », a déclaré Mme Mohammed qui a exhorté les États Membres à faire preuve d’ambition pour terminer le travail inachevé du Programme d’action d’Istanbul et à « récupérer le terrain perdu à cause de la pandémie ».
Elle a également appelé à proroger jusqu’en 2022 l’initiative de suspension du service de la dette du G20 et à la mettre à la disposition de tous les pays très endettés. Il ne faut pas que les pays les plus vulnérables soient pénalisés par la baisse de leur note de crédit, a-t-elle souligné.
De son côté, la Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement, Mme Fekitamoeloa Katoa ‘Utoikamanu, a annoncé que son Bureau prépare la conférence de Doha, dont elle est la Secrétaire générale, avec un nouveau rapport qui examine la situation des PMA plus d’un an après le début de la pandémie et formule des recommandations concrètes sur la manière d’en surmonter les défis. La mise en œuvre de ces recommandations irait bien au-delà de la reprise post-COVID-19 et permettrait également aux PMA de renforcer leur résilience aux chocs futurs et accélérer la réalisation de leurs objectifs de développement, a—t-elle expliqué.
Relevant que la pandémie a affecté davantage les femmes, la Coprésidente du Comité préparatoire, Mme Rabab Fatima, a souhaité que le prochain programme d’action adopte une approche genre pour ce qui est de la lutte contre la pauvreté, importante priorité pour les PMA dont plus de 35% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté. Les effets des changements climatiques et de la fracture numérique représentent également d’importants défis, alors que de nombreuses priorités du Programme d’action d’Istanbul ont connu peu d’avancées positives, a renchérit son homologue, M. Robert Rae.
Le Président de l’Assemblée générale, M. Volkan Bozkir, a vu dans le relèvement de la COVID-19 l’occasion d’appuyer les PMA en créant un système de dette et financier plus résilient et plus durable, tandis que le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Munir Akram, a appelé à mettre à disposition des PMA une boîte à outils financiers complète incluant le respect des engagements d’aide publique au développement (APD), la restructuration et l’annulation complète de la dette, et le soutien renforcé des guichets de financement concessionnel du FMI et de la Banque mondiale.
Il est alarmant qu’en 2020, le financement des PMA ait considérablement diminué en raison de la baisse des envois de fonds, des exportations de marchandises des PMA et des enregistrements d’investissement étranger direct, respectivement de 7%, 10,7% et 40%, a déploré le Président du Malawi qui intervenait en sa capacité de Président du Groupe des pays les moins avancés. « La demande de financement a augmenté de façon exponentielle, au point qu’il n’est pas possible de répondre aux demandes de tous », a également réagi la Présidente du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Mme Susanna Moorehead a jugé que les financements mixtes sont un outil à développer pour aider les PMA.
De l’avis du Groupe des 77 et la Chine, l’APD reste malgré tout fondamentale, même si d’autres mesures d’aide d’urgence doivent être envisagées. Le succès de la conférence de Doha dépendra du niveau de l’aide au développement dont bénéficieront les PMA, a averti la délégation, appelant de ses vœux un document final qui souligne cette priorité et tienne par ailleurs compte du fait que la moitié du Groupe des PMA devrait changer de catégorie.
« Les PMA sont le champ de bataille sur lequel le Programme 2030 sera gagné ou perdu », a déclaré le Népal qui a lui aussi appelé à définir, dans le nouveau programme d’action, des actions pour une reprise résiliente et une meilleure reconstruction dans le contexte de la COVID-19.
Les délégations se sont de nouveau réunies dans l’après-midi pour participer à une table ronde intitulée « Investir dans les populations des PMA: éliminer la pauvreté et renforcer les capacités pour ne laisser personne de côté ». Ces échanges n’ont cependant pas pu être suivis en raison d’une série de problèmes techniques qui ont entravé l’interprétation en français durant toute la séance.
La catégorie des PMA a été officiellement créée en 1971 par l’Assemblée générale en vue d’attirer un soutien international spécial pour les membres les plus vulnérables et défavorisés de la famille des Nations Unies. La liste actuelle des PMA comprend 47 pays qui représentent environ 12% de la population mondiale, mais contribuent pour moins de 2% du produit intérieur brut (PIB) mondial et environ 1% du commerce mondial des marchandises.
Le Comité préparatoire, qui a adopté le programme provisoire* de ses travaux, en début de séance, se réunira à nouveau demain, mardi 25 mai, dès 10 heures.
COMITÉ PRÉPARATOIRE DE LA CINQUIÈME CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES PAYS LES MOINS AVANCÉS
Déclarations liminaires
Mme RABAB FATIMA (Bangladesh), Coprésidente du Comité préparatoire, a rappelé que des rencontres avec plusieurs parties prenantes ont eu lieu avant cette réunion, y compris la consultation de la société civile le 20 mai dernier. Selon elle, la grande priorité des PMA aujourd’hui est la vaccination de leur population contre la COVID-19. Elle a souligné que depuis la Conférence d’Istanbul en 2011, 4 PMA ont été reclassés, tandis que 16 autres se trouvent à divers niveaux du processus. Avec la pandémie de COVID-19, il est impératif de reporter le reclassement de ces pays, a-t-elle demandé.
Pour Mme Fatima, l’une des priorités des PMA est la lutte contre la pauvreté, avec plus de 35% de leur population qui vit désormais sous le seuil de pauvreté. La pandémie a d’ailleurs affecté davantage les femmes, d’où la nécessité d’adopter, dans le prochain programme d’action, une approche genre dans la lutte contre la pauvreté. La Coprésidente a aussi insisté sur le renforcement des infrastructures commerciales des PMA. Ensuite, il est crucial, a-t-elle dit, de trouver des solutions de long terme sur la question de la dette. En plus des changements climatiques qui les affectent de manière acerbe, Mme Fatima a aussi évoqué le coût des transferts des fonds des migrants originaires des PMA vers leur pays d’origine, avant de conclure en demandant des stratégies pour tirer parti du dynamisme des jeunes dont regorgent les PMA.
M. ROBERT RAE (Canada), Coprésident du Comité préparatoire, a déclaré qu’il n’y aura pas de sujet plus important que ces délibérations sur le soutien aux PMA. La pandémie de COVID-19 leur a non seulement fait du mal, mais a également révélé les lacunes de la solidarité multilatérale. Les effets des changements climatiques et de la fracture numérique représentent également d’importants défis, alors que de nombreuses priorités du Programme d’action d’Istanbul ont connu peu d’avancées positives. En ce qui concerne certains problèmes, les choses ont même empiré, a-t-il noté. Il s’est aussi demandé si les conditions d’accompagnement des PMA en route vers le reclassement étaient appropriées, avant d’inviter les participants à cette réunion préparatoire à apporter des éléments de réponse à ces diverses questions, afin de préparer Doha.
Dans un message vidéo, M. VOLKAN BOZKIR, Président de l’Assemblée générale, a déclaré que le nouveau programme d’action pour les PMA doit se fonder sur les réussites du Programme d’action d’Istanbul et terminer le travail inachevé. Il a notamment appelé à mettre l’accent sur les accélérateurs des objectifs de développement durable (ODD) qui offrent un meilleur retour sur investissement; à alléger le fardeau financier et la dette des PMA; et à prioriser la résilience. Il a également appelé à combler la fracture numérique, « le nouveau visage de l’inégalité », sans quoi, a-t-il affirmé, il n’y aura pas de développement durable. Il en va de même pour l’accès à l’énergie, auquel la connectivité numérique est intrinsèquement liée. Il a relevé que l’intensification des efforts visant à élargir l’accès à l’énergie aura d’immenses avantages dans les PMA, notamment pour les jeunes qui peinent à accéder à un travail décent et qui sont souvent poussés à migrer, dans des conditions dangereuses.
Notant que de nombreux PMA affrontent actuellement leur pire crise économique depuis la Grande Dépression, il a appelé la communauté internationale à alléger le fardeau de leur dette et à résoudre les défectuosités de l’architecture du commerce et de la dette. Le relèvement de la COVID-19 est l’occasion d’appuyer les PMA en créant un système de dette et financier plus résilient et plus durable, a-t-il affirmé. M. Bozkir a également voulu que chaque décision et recommandation politique soit prise à travers le prisme de la résilience climatique en raison des risques considérables que représentent les changements climatiques pour les PMA.
Le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. MUNIR AKRAM (Pakistan), a rappelé que le 23 avril de cette année, l’ECOSOC a organisé une manifestation spéciale de haut niveau sur le « financement d’une reprise résiliente suite à la COVID-19 ». Il a souhaité que les recommandations concrètes qui en ont émané contribueront au succès de la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés. Il a annoncé que le Président de l’Assemblée générale et lui-même organiseront également une manifestation thématique conjointe le 18 juin en préparation de la Conférence.
Le Président de l’ECOSOC a relevé que les PMA ont été les plus durement touchés par la COVID-19 et que l’impact durera plus longtemps dans ces pays, alertant du risque d’une décennie de développement perdue. Les PMA qui sont reclassés continueront d’avoir besoin d’aide, a-t-il ajouté. Pour l’avenir, il a fait six propositions majeures. D’abord, les PMA ont besoin de 1,3 milliard de doses de vaccin. Leur taux de vaccination actuel est inférieur à 2%. La production et l’approvisionnement en vaccins doivent être accélérés de toute urgence, et les excédents de vaccins doivent être redistribués aux PMA et aux autres pays en développement. M. Akram a ensuite rappelé que même avant la pandémie, les PMA étaient déjà en retard dans la réalisation de la plupart des ODD. Avec les ravages de la pandémie, de nombreux gains durement acquis dans le domaine des ODD ont été anéantis. Des mesures ciblées sont donc nécessaires pour aider ceux qui sont retombés dans la pauvreté, a-t-il indiqué en deuxième point.
Troisièmement, la finance étant la clef, une boîte à outils financière complète doit être mise à la disposition des PMA. Cela devrait inclure le respect des engagements d’APD; la restructuration et l’annulation complète de la dette; et le soutien renforcé des guichets de financement concessionnel du FMI et de la Banque mondiale. Il a également réclamé des dépenses supplémentaires sur les 650 milliards de dollars prévus en nouveaux droits de tirage spéciaux (DTS) dont une part importante devrait être réaffectée à une reprise résiliente dans les PMA et d’autres pays en développement.
Quatrièmement, le Président de l’ECOSOC a dit que mieux reconstruire après la crise doit inclure des investissements accrus et accélérés dans les infrastructures durables - énergie, transports, agriculture, industrie – des PMA, afin de créer des emplois et jeter les bases de la croissance future. De même, les 100 milliards de dollars de financement climatique promis par les pays développés doivent être mobilisés et une part substantielle peut être déployée pour financer des infrastructures durables dans les PMA.
Cinquièmement, l’application de technologies de pointe devra être un élément majeur d’une reprise résiliente dans les PMA, afin de leur permettre de faire le bond vers les modèles économiques du futur. De même, réduire la fracture numérique est indispensable pour permettre aux PMA d’être compétitifs dans l’économie numérique mondiale émergente. Le sixième point évoqué par M. Akram est l’élaboration d’une stratégie pour les PMA visant à éliminer les obstacles structurels à un développement équitable et inclusif. Il a expliqué que ni une reprise résiliente ni un développement soutenu et durable ne sont possibles tant que nous ne pouvons pas construire une architecture financière plus démocratique et plus inclusive. Il a également appelé à élaborer un régime commercial mondial axé sur le développement et un système fiscal international équitable; à mettre fin aux flux financiers illicites, et créer un espace mondial ouvert, inclusif et coopératif pour la croissance de la science, de la technologie et de l’innovation.
M. LAZARUS McCARTHY CHAKWERA, Président et Ministre de la défense du Malawi et Président du Groupe des pays les moins avancés (PMA), s’est dit convaincu qu’après deux années de perturbations dues à la pandémie de COVID-19, la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés permettra de propulser les PMA dans leur quête de développement durable. Pour ce faire, a-t-il dit, la première priorité est d’aborder l’extrême pauvreté, en tant que défi pour les PMA, grâce à l’innovation et à une action vigoureuse. La deuxième priorité réside, selon lui, dans la nécessité de combler les graves déficits de financement dans les PMA en répondant aux besoins de financement de diverses manières, notamment par le biais de la durabilité de la dette, de l’envoi de fonds, de l’investissement étranger direct (IED) et de l’aide publique au développement (APD). Pour M. McCarthy, il est en effet alarmant qu’en 2020, le financement ait considérablement diminué en raison de la baisse des envois de fonds, des exportations de marchandises des PMA et des enregistrements d’IED, respectivement de 7%, 10,7% et 40%. Ces tendances doivent être inversées, a-t-il affirmé. Nous devons respecter nos engagements et utiliser des outils de financement pour garantir que les PMA aient accès à des financement à des conditions abordables.
En troisième lieu, a poursuivi le Président du Groupe des PMA, nous devons tirer parti de la science, de la technologie et de l’innovation pour opérer un changement transformateur dans les PMA. Le fossé numérique et technologique que la pandémie a révélé doit être comblé par le transfert de technologies afin d’accroître la capacité des PMA à faire face aux défis systémiques et à être compétitifs à l’échelle mondiale, a-t-il plaidé, avant d’en appeler à la mobilisation des populations jeunes des PMA en tant que partenaires et ressources essentielles pour la réalisation des objectifs du prochain Programme d’action. Étant donné que de nombreux jeunes des PMA sont employés dans le secteur informel et dans le secteur des microentreprises et petites et moyennes entreprises, il importe d’intégrer les innovations axées sur les jeunes comme moteurs du développement durable, a-t-il soutenu.
Cinquièmement, nous devons faire face aux risques liés aux changements climatiques et autres crises telles que la pandémie de COVID-19. Le développement doit prendre en compte la résilience aux crises à des fins transformatrices, a souligné M. McCarthy. De plus, a-t-il ajouté, nous devons continuer à renforcer et à renouveler les partenariats et la coopération pour des solutions durables aux défis structurels complexes auxquels sont confrontés les PMA. Enfin, donnant rendez-vous à la conférence de Doha, en janvier prochain, il a jugé que cette réunion préparatoire est cruciale pour garantir que le prochain Programme d’action reflète les aspirations de développement des PMA.
Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Qatar, M. SHEIKH MOHAMMED BIN ABDULRAHMAN BIN JASSIM AL-THANI, a rappelé que l’Émir du Qatar avait annoncé en septembre 2019 que son pays entendait fournir 100 millions de dollars pour soutenir les efforts des PMA et des petits États insulaires en développement (PEID) pour faire face aux changements climatiques. Le pays, qui accueillera la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, du 23 au 27 janvier 2022, a commencé les préparatifs à cet effet, a dit le Ministre. Il a dit que le Qatar ne ménagera aucun effort pour que la conférence crée une différence pour répondre aux ambitions de millions de personnes vivant dans les pays les plus vulnérables. Il a relevé que le programme d’action de Doha pour les 10 prochaines années, qui sera adopté en janvier prochain, sera le premier programme à s’attaquer aux répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les PMA tout en proposant des mesures pour que ces pays puissent réaliser les ODD.
Mme SUSANNA MOOREHEAD, Présidente du Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a noté que les PMA ont les niveaux de pauvreté les plus élevés et des poches d’inégalités très profondes. La pandémie de COVID-19 a bien sûr aggravé leur situation, ce qui nécessite un regain de solidarité internationale. À cet égard, a-t-elle relevé, les partenariats mondiaux sont plus importants que jamais. Dans ce cadre, le Comité d’aide au développement de l’OCDE joue son rôle en aidant les pays les plus pauvres à se relever, a souligné Mme Moorehead, indiquant à titre d’exemple que le financement du Mécanisme COVAX provient en grande partie des membres de ce comité. Toutefois, a-t-elle souligné, la vaccination n’est que la toute première étape d’une reprise à plus long terme: un financement suffisant sera au cœur des efforts de relèvement des pays en développement et singulièrement des PMA.
Dans ce contexte, Mme Moorehead s’est félicitée que l’APD ait progressé en 2020, les ressources allouées aux PMA s’étant élevées à environ 34 milliards de dollars. Cependant, a-t-elle nuancé, la demande de financement a augmenté de façon exponentielle, au point qu’il n’est pas possible de répondre aux demandes de tous. La crise a par conséquent accentué la nécessité de mobiliser d’autres sources de financement afin d’aider les PMA à atteindre leurs ODD. Pour y parvenir, a-t-elle poursuivi, nous devons tous repenser notre appétit pour le risque pendant cette pandémie, ce qui implique d’investir dans les PMA. À ses yeux, le financement mixte est un outil à développer pour aider les pays pauvres. Développé au sein du Comité d’aide au développement de l’OCDE, il consiste à utiliser de petits montants d’APD et de financement concessionnel en les mélangeant avec des financements du secteur privé afin de réduire une partie du risque. Il faut montrer aux investisseurs potentiels que le risque perçu est en fait bien inférieur au risque réel, a-t-elle expliqué.
De l’avis de Mme Moorehead, le recours à l’APD et à l’assistance technique pour améliorer l’environnement national des investisseurs peut contribuer grandement à encourager les investissements étrangers. L’APD peut être utilisée pour renforcer les capacités, monter des projets et renforcer l’environnement d’investissement global, a-t-elle fait valoir. Le potentiel des PMA est énorme. Le défi est de savoir comment faire correspondre ces opportunités avec l’investissement grâce à la gestion des risques. C’est la tâche qui attend la communauté internationale si elle veut reconstruire en mieux et en plus vert.
La Haute-Représentante pour les pays les moins avancés, les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement et Secrétaire générale de la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, Mme FEKITAMOELOA KATOA ‘UTOIKAMANU, a rappelé que les PMA ont procédé à des examens nationaux et que 28 d’entre eux ont soumis leurs rapports nationaux. De ce fait, un rapport de synthèse a été établi sur les enseignements tirés et les meilleures pratiques dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul. Parmi ces enseignements, elle a évoqué l’importance croissante du secteur des services, l’amélioration de l’accès au haut débit mobile et aux technologies de l’information et de la communication (TIC), ainsi que l’amélioration des inscriptions dans les écoles primaires et secondaires. Elle a aussi relevé l’importance du renforcement de la résilience face aux changements climatiques et de la productivité agricole grâce à l’agro-industrie et la réforme agraire. À ce propos, la réunion d’examen de la région africaine, tenue en février, a adopté une déclaration politique négociée par les PMA africains et Haïti, laquelle décrit les éléments d’un partenariat renouvelé pour le développement durable entre les PMA et leurs partenaires de développement, afin de s’attaquer aux obstacles structurels des PMA.
La Haute-Représentante a indiqué que plusieurs entités de l’ONU ont également publié des évaluations approfondies dans leurs domaines de compétence. En outre, un nouveau rapport phare de son Bureau examine la situation des PMA plus d’un an après le début de la pandémie et formule des actions concrètes sur la manière de les surmonter. La mise en œuvre de ces recommandations irait bien au-delà de la reprise post-COVID-19 et permettrait également aux PMA de renforcer leur résilience aux chocs futurs et accélérer la réalisation de leurs objectifs de développement, a—t-elle expliqué. Elle a également annoncé la tenue d’un forum sur l’avenir des PMA, à Helsinki à la fin du mois d’août, pour approfondir certaines questions cruciales et proposer des suggestions novatrices sur la manière de faire progresser le programme de développement durable des PMA. Pour terminer, elle a rappelé aux participants de cette rencontre préparatoire que « c’est maintenant que nous devons travailler de manière proactive à la réalisation de résultats concrets à lancer à Doha ».
Déclarations
Au nom du G77 et la Chine, le représentant de la Guinée a commencé par adresser ses condoléances aux peuples en proie à une nouvelle vague de la pandémie de COVID-19. Il a ensuite souligné que les PMA se heurtent à des problèmes structurels auxquels il importe de répondre en ne laissant personne de côté. À ses yeux, le Programme d’action d’Istanbul a enregistré d’importants progrès mais reste insuffisant à ce jour. Nous devons mettre en œuvre un programme d’action rénové et relever de nouveaux défis, a-t-il plaidé, estimant que la priorité doit être donnée à la résilience des PMA. La pandémie a en effet perturbé l’économie et anéanti des gains en développement considérables, tout en détournant des ressources qui auraient pu être utilisées à d’autres fins. Il convient aussi d’aider les PMA à répondre aux effets des changement climatiques, qui représentent pour eux une menace existentielle. Il faut pour cela mobiliser 100 milliards de dollars par an et les répartir de manière égale entre l’atténuation et l’adaptation. Pour le représentant, il importe en outre de garantir le financement de ces efforts afin de permettre la mise en œuvre effective du Programme 2030. À cette fin, a-t-il dit, l’APD reste fondamentale, mais d’autre mesures d’aide d’urgence doivent être envisagées. Le représentant a également rappelé que la moitié du Groupe des PMA devrait changer de catégorie, même si cela n’est pas encore à l’ordre du jour. Le nouveau programme d’action doit en tenir compte, notamment en renforçant les partenariats et la coopération en faveur des PMA. Le succès de la conférence de Doha dépendra du niveau de l’aide au développement dont bénéficieront les PMA, a-t-il conclu, appelant de ses vœux un document final qui souligne cette priorité.
Le délégué de l’Union européenne – UE, a déploré le fait qu’une ONG d’un État membre de l’UE a été omise de la liste finale de participation et a demandé que toutes les informations requises sur cette omission soient rendues publiques.
Il a insisté sur l’accès aux vaccins contre la COVID-19, soulignant que c’est la condition préalable à une solution à la crise actuelle, et que « personne ne sera en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas ». Il a relevé que le Mécanisme COVAX mène des efforts pour assurer un accès juste et équitable aux vaccins et est le meilleur véhicule pour délivrer, à l’échelle internationale, la solidarité vaccinale. Pour sa part, l’UE a déboursé 2,47 milliards d’euros pour sécuriser au moins 1,3 milliard de doses pour 92 pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure d’ici à la fin de l’année. Mais au-delà des vaccins, la crise a clairement révélé la nécessité d’intensifier les efforts de préparation afin d’être prêt à faire face à des menaces futures similaires de manière plus efficace et ordonnée, a argué le représentant qui a précisé que cet effort de préparation doit être mondial afin de ne pas être dénué de sens.
Le représentant de l’Australie, qui s’exprimait également au nom du Canada et de la Nouvelle Zélande, a rappelé que la pandémie de COVID-19 a exacerbé la vulnérabilité des PMA et mis à l’épreuve le système multilatéral, comme l’illustrent les efforts actuels de vaccination et de réponse aux problèmes de liquidités. Dans ce contexte, a-t-il estimé, nous avons la responsabilité d’élaborer un nouveau programme d’action qui s’inscrive dans la durée et tienne compte des effets durables qu’aura cette crise sur les PMA. Notant d’autre part que ce nouveau plan d’action coïncide avec le Programme 2030 de bien des façons, le représentant a assuré que la communauté internationale dispose de ce fait d’une feuille de route pour édifier des sociétés plus prospères, plus pacifiques et plus respectueuses de l’environnement. À cette aune, il a jugé que le nouveau programme d’action doit être ciblé et percutant pour mobiliser le soutien des partenaires de développement et des ministres des finances des pays développés. Il a souhaité que le débat sur ces questions débute avant la soixante-seizième session pour éviter d’être négocié dans le cadre des commissions de l’Assemblée générale. Il a également souhaité que ne soient pas écartées les questions relatives aux conflits, à la participation des femmes, à la connectivité numérique et aux droits de la personne. Ce ne sont pas des questions isolées, comme en attestent les effets néfastes des conflits sur le développement, a-t-il fait valoir avant d’en appeler à la finalisation du processus de reclassement. Selon lui, il est urgent de revoir les différents échéanciers afin de renforcer les efforts des PMA et aider en particulier ceux qui souffrent du réchauffement climatique.
La représentante du Timor-Leste a indiqué que la sortie de la catégorie des PMA est une étape importante dans le développement d’un pays. Elle a reconnu que le retrait du Timor-Leste de la catégorie des PMA n’aura lieu que lorsque les efforts, les initiatives et les réformes du pays aboutiront, garantissant ainsi une croissance économique durable qui mène à un avenir résilient. Elle a fait savoir que la pandémie a entraîné une crise économique et sociale difficile pour le Timor-Leste, sans oublier les problèmes liés aux changements climatiques et aux catastrophes liées au climat, telles que les inondations et les glissements de terrain qui ont eu un impact considérable sur la production agricole. Par conséquent, la cinquième Conférence des Nations Unies sur les PMA en 2022 doit inclure dans sa discussion les obstacles qui entravent la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul et la réalisation des ODD. Le Timor-Leste a en outre demandé des mesures de soutien aux PMA, en particulier dans la préparation d’une stratégie de transition harmonieuse en vue d’une sortie sans heurt de la catégorie des PMA.
« Les PMA sont le champ de bataille sur lequel le Programme 2030 sera gagné ou perdu », a déclaré le représentant du Népal. Il a souhaité que le prochain programme d’action se base sur le travail inachevé du Programme d’action d’Istanbul, notant l’importance d’augmenter la capacité de production et d’opérer des changements structurels dans les domaines de l’infrastructure, l’énergie, l’agriculture, la manufacture et les services. Le nouveau document doit également définir des actions pour une reprise résiliente et une meilleure reconstruction dans le contexte de la COVID-19.
Relevant que la pandémie risque de mettre en péril le plan de reclassement des PMA, il a appelé à accorder des mesures de soutien spécifiques aux pays en phase de reclassement et à ceux qui l’ont récemment été. Une refonte des mesures de soutien internationales dans les domaines du financement du développement, du commerce, de la technologie et de l’assistance technique, est également nécessaire. Il a également appelé au plein respect des engagements pris par les partenaires de développement en matière d’APD et à une nouvelle allocation des droits de tirage spéciaux du FMI. La création d’un cadre intégré renforcé pour permettre aux PMA de tirer parti du commerce international serait, elle aussi, utile.
Le représentant a par ailleurs réclamé l’annulation totale de toutes les dettes multilatérales, bilatérales et commerciales ainsi qu’un financement climatique adéquat pour permettre aux PMA de s’adapter aux changements climatiques et passer à des voies de développement sobres en carbone.
La représentante de l’Érythrée a appelé à élaborer un programme d’action concis, tourné vers l’action et établissant des objectifs clairs pour veiller au respect des engagements pris envers les PMA. Il faut également tenir compte du fait que les défis qu’affrontent les PMA diffèrent selon les continents, les régions et les pays; ainsi que des besoins préexistants et de ceux qui ont vu le jour suite à la pandémie. Il est essentiel que la Conférence sur les pays les moins avancés fournisse aux PMA les outils leur permettant de sortir de cette catégorie.
Elle a relevé que le « rétrécissement » des engagements a entravé la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul et a insisté sur l’importance de la coopération et des partenariats.
Le représentant du Japon a insisté sur l’importance d’appuyer la couverture sanitaire universelle. Il a également appelé les créanciers à faire preuve de plus de transparence en ce qui concerne la dette des PMA et appuyé l’utilisation des technologies. Il a souhaité que le prochain programme d’action en faveur des PMA permette de promouvoir la mise en place du Programme 2030 et aller plus loin dans sa mise en œuvre. Ce document doit également être l’occasion de faire le point sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre des programmes passés, être axé sur l’action et être concis. Le représentant a ensuite évoqué la tenue, en décembre, d’un sommet consacré à la question de la nutrition, pierre angulaire de la couverture sanitaire universelle.
Le représentant de l’Afghanistan a souhaité que cette réunion préparatoire permette de dégager un consensus sur le programme d’action à venir. Compte tenu des effets dévastateurs de la pandémie de COVID-19 sur ces pays, notamment l’Afghanistan, il a demandé à la communauté internationale de se montrer ambitieuse et solidaire. Pour cela, des mesures concrètes sont nécessaires pour rebâtir en mieux, a-t-il souligné, estimant qu’on ne peut en rester aux cadres établis. Il faut, a-t-il insisté, imaginer une nouvelle façon de contribuer au développement. Si le Programme d’action d’Istanbul a été source de progrès, ces derniers restent inégaux, a constaté le représentant. À ses yeux, il importe aujourd’hui de permettre aux PMA de répondre aux défis liés aux changements climatiques, à l’élimination de la pauvreté et l’établissement de partenariats durables, et ce, en plaçant la dimension régionale au cœur du programme d’action. Celui-ci doit en outre tenir compte de la fracture numérique et envisager des transferts de technologie. Alors que les PMA restent en marge de ces progrès, il est urgent de mobiliser la science et la technologie pour leur permettre de réaliser les ODD, a-t-il souligné, jugeant que les banques technologiques devraient jouer un rôle plus important à cet égard. Enfin, le délégué a souhaité que la communauté internationale investisse davantage dans le capital humain des PMA et garantisse la construction dans ces pays de sociétés autonomes capables de résister aux chocs externes.
Estimant que le processus préparatoire à la conférence de janvier est entré dans une nouvelle phase, le représentant de la Chine a appelé la communauté internationale à promouvoir le multilatéralisme et à aider les PMA à réaliser leur redressement économique et social. Il a indiqué à cet égard que son pays coopère activement avec les PMA au niveau bilatéral et dans le cadre de la coopération Sud-Sud. La Chine, a-t-il précisé, a livré des fournitures médicales et des vaccins contre la COVID-19 à 40 PMA dans le monde. Le représentant a ajouté qu’en tant que membre du G20, la Chine soutient l’initiative de suspension du service de la dette décidée par le Groupe des 20.
Le représentant du Cambodge a appelé à faire des vaccins un bien public pour tous en accordant une attention spéciale aux PMA, non seulement pour sauver des vies mais pour relancer le secteur économique. La communauté internationale doit renforcer son appui au Mécanisme COVAX. Relevant que la pandémie a creusé les écarts de financement dans les PMA, il a appelé la communauté internationale et les institutions financières internationales à prendre des mesures collectives en matière d’allégement de la dette, de technologies numériques et d’investissements durables afin de stimuler la croissance.
Le représentant a également estimé que les traitements préférentiels commerciaux tels que la franchise de contingents et de droits, ainsi que des règles d’origine simples sont fondamentaux pour le développement social et économique des PMA. Il a appelé les pays développés à continuer d’améliorer leurs schémas de préférences commerciales au profit des PMA. Les mesures commerciales coercitives imposées aux PMA doivent également être levées dès que possible, et il convient par ailleurs de prolonger de six à sept ans la période de transition des PMA en voie de reclassement afin de leur permettre de continuer de recevoir un appui technique et financier.
La représentante de l’Afrique du Sud a noté que les PMA ont été particulièrement frappés par la pandémie de COVID-19, ces pays devant par ailleurs répondre aux effets des changements climatiques, une crise à laquelle ils sont confrontés alors même qu’ils ne l’ont pas provoquée. Face à ces défis d’ampleur, la solution ne réside pas dans une approche habituelle, a-t-elle souligné, avant de se féliciter de l’appui des banques publiques de développement et de la suspension temporaire du service de la dette des pays les plus pauvres décidée par le G20. Cette mesure a allégé considérablement les difficultés des PMA, a assuré la représentante en appelant à son maintien. Elle a d’autre part estimé que la crise actuelle devrait être l’occasion de rebâtir en mieux en ciblant les infrastructures, la technologie et les politiques favorisant le développement. Cela nécessite, selon elle, une approche englobant les femmes et les jeunes, mais aussi des financement prévisibles et prolongés, une APD renforcée et davantage de transferts de technologie. Enfin, la représentante a souhaité que cette assistance continue en faveur des PMA se poursuive au-delà des périodes de transition, après le reclassement de certains de ces pays.
La représentante de la Fédération de Russie a souhaité que le prochain programme d’action en faveur des PMA prenne en compte les nouveaux défis et menaces pour le développement de ce groupe d’États. Pour la représentante, l’assistance aux PMA doit viser le développement de ressources de production. L’initiative Aide pour le commerce pour la facilitation commerciale en faveur des PMA reste un bon outil, a estimé la représentante qui a également relevé que la lutte contre les changements climatiques ne doit pas être un fardeau pour ces pays.
La représentante a ensuite affirmé qu’en cas de pandémie, la communauté internationale doit veiller à ce que tous les groupes de population des PMA aient accès aux vaccins. Elle a par ailleurs déploré le fait que l’APD n’a pas augmenté depuis plusieurs années, ce qui rend la situation dans les PMA critique, les envois de fonds des migrants ayant diminué en raison de la pandémie. Elle a terminé en évoquant l’implication de la Russie dans le cadre de l’aide au développement international, sur le plan bilatéral et par le biais des agences onusiennes.
Le représentant des États-Unis a rappelé qu’en mars dernier, les États-Unis ont versé un montant initial de 2 milliards de dollars à Gavi, l’Alliance du vaccin qui soutient l’achat et la livraison des vaccins contre la COVID-19 à 92 économies à revenu faible et intermédiaire via le Mécanisme COVAX. Le pays entend apporter 2 milliards de dollars supplémentaires jusqu’en 2022. De même, après avoir tenu sa promesse de ramener les États-Unis dans l’Accord de Paris, le Président Biden a convoqué 40 dirigeants mondiaux lors d’un sommet virtuel sur le climat en avril 2021 pour rallier le monde à la lutte contre la crise climatique. Les États-Unis ont dit travailler avec le G7 et ses partenaires pour promouvoir une plus grande ambition mondiale afin de parvenir à zéro émissions nettes d’ici à 2050 ou avant, et d’aider les pays vulnérables à renforcer leur résilience. Le nouveau plan de financement climatique des États-Unis, a-t-il précisé, entend doubler l’aide climatique en faveur des pays en développement et tripler notamment le montant consacré à l’adaptation aux changements climatiques.
La pandémie de COVID-19 ayant également révélé la fragilité des systèmes alimentaires, les États-Unis entendent apporter une aide aux plus vulnérables dans le domaine alimentaire. En outre, compte tenu du rôle important que jouent les technologies numériques dans la gestion de nombreux défis liés à la pandémie, les États-Unis sont également déterminés à travailler pour surmonter la fracture numérique, notamment par le biais de programmes en faveur des pays en développement dans des domaines tels que la connectivité numérique et la cybersécurité.
La représentante du Maroc a réaffirmé le soutien de longue date de son pays aux PMA. Elle a rappelé que le Royaume a noué avec nombre de ces pays une étroite collaboration sur la base de la solidarité. Ces échanges sont au cœur de notre stratégie de coopération Sud-Sud, a-t-elle souligné, citant en exemple les mesures prises par le Maroc pour aider les PMA à surmonter la crise occasionnée par la pandémie de COVID-19. Une aide urgente a ainsi été envoyée à la Commission de l’Union africaine pour soutenir les PMA du continent africain. Dans ce contexte, la représentante a dit attendre de cette session un document final à la fois ambitieux et substantiel. Si des progrès ont été enregistrés ces dernières années, la crise actuelle a aggravé les défis, a-t-elle constaté, jugeant essentiel qu’il soit tenu compte des répercussions des changements climatiques et des difficultés liées au vaccin contre la COVID-19. Enfin, elle souhaité que la cinquième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés permette de dresser le bilan du Programme d’action d’Istanbul et de s’engager à mobiliser le soutien international pour répondre aux besoins de ces pays dans tous les secteurs.
Le représentant du Portugal a insisté sur l’importance d’investir dans les PMA. C’est dans cet esprit que la présidence portugaise du Conseil de l’Union européenne a organisé, en avril, un forum UE-Afrique sur l’investissement vert, précédé par la tenue quasi quotidienne, un mois durant, de « discussions vertes » dans plusieurs capitales de l’UE et de l’Afrique. Le représentant a par ailleurs relevé que l’objectif fixé à Istanbul pour le déclassement des PMA n’a pas été atteint et qu’il importe à présent de s’accorder sur un nouvel objectif et les moyens de l’atteindre. La cinquième Conférence sur les pays les moins avancés doit être l’occasion d’examiner un nouveau mécanisme d’appui renforcé pour le déclassement afin d’aider les pays durant leur période de transition et de mieux gérer le processus.
La représentante de la République de Corée a appelé à placer les personnes les plus vulnérables au centre des efforts de soutien aux PMA dans le cadre de la reconstruction en mieux après la pandémie. C’est d’ailleurs ce que la République de Corée a fait dans son soutien aux PMA, y compris dans le cadre de l’accès aux vaccins. La représentante a estimé que la conférence de Doha doit être l’occasion d’un nouvel élan pour améliorer la résilience des PMA face aux changements climatiques. Pour sa part, la République de Corée a contribué aux efforts du Fonds pour un partenariat mondial en faveur du climat et de l’Institut mondial de la croissance verte, afin d’accompagner la transition énergétique durable et sobre en carbone des PMA.
Enfin, il est crucial de se demander comment nous pouvons mieux soutenir collectivement des réponses intégrées dans les PMA, a indiqué la représentante, soulignant un besoin urgent de données et de renforcement des capacités statistiques dans ces pays, ce qui aidera considérablement les PMA à mieux planifier à plus long terme, mieux gérer les ressources et concevoir des politiques et programmes appropriés. Ces efforts devraient être encore renforcés dans le prochain programme d’action en faveur des PMA, a souhaité la déléguée.
Le représentant du Royaume-Uni a souhaité que ces discussions tiennent compte de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les PMA. Il a appelé à une coopération renforcée pour consolider les systèmes de santé de ces pays, les préparer à d’autres pandémies et garantir un relèvement plus résilient. Le représentant a assuré que son pays est également prêt à aider les PMA les plus touchés par les changements climatiques. Nous devons atteindre l’objectif de 1,5 degré maximum et honorer notre engagement de 100 milliards de dollars par an pour répondre à la crise climatique, a-t-il affirmé. Reconnaissant par ailleurs l’importance d’un programme d’action soucieux d’éviter tout laissé pour compte, il a plaidé pour des mesures concrètes en faveur de la participation des femmes et l’accès des filles à l’éducation. Il a également appelé à une aide accrue dans le domaine technologique et à une mise en œuvre effective du Programme d’action d’Istanbul en ce qui concerne l’atténuation des risques. Enfin, il a souhaité une plus grande mobilisation internationale des ressources afin d’aider les PMA à faire face à la baisse des envois de fonds et au fardeau de leur dette. Saluant la suspension temporaire du service de la dette de ces pays décidée par le G20, ainsi que les différentes aides débloquées par le FMI, il a également demandé aux autres pays développés de maintenir et renforcer leur APD. À cet égard, a-t-il dit en conclusion, le Royaume-Uni est un des rares pays à avoir dépassé ses objectifs en matière d’APD.
Le représentant de la Belgique a souligné l’action continue de son pays en faveur des pays les plus laissés pour compte. Il a indiqué que la Belgique a le projet d’augmenter son APD en faveur des PMA afin qu’elle représente plus de 50% de l’ensemble de son APD. Il a ajouté que son pays contribuera à hauteur de 25 millions d’euros aux différents fonds pour les PMA d’ici à 2023. Le représentant s’est réjoui à cet égard des discussions des prochaines tables rondes, notant qu’elles évoqueront des questions soulevées par le Groupe des amis des pays les moins avancés. Parmi les questions prioritaires, il a cité la reconstruction, les échanges commerciaux et les inégalités hommes-femmes. Dans le cadre du Groupe, a-t-il ajouté, nous discutons aussi de la nécessité d’éliminer la pauvreté, d’édifier des sociétés plus résilientes, d’accroître l’accès aux services de santé et d’aider les jeunes à trouver un emploi de qualité. Rappelant par ailleurs que plus de la moitié de la population mondiale n’a pas de filet de sécurité sociale, il a appelé à la promotion d’un fonds mondial pour la protection sociale. Sur la base de l’expériences tirée des Programmes d’action de Bruxelles et d’Istanbul ainsi que du Programme 2030, nous savons qu’il faut agir davantage, plus rapidement et plus efficacement, a-t-il conclu.
La représentante du Bhoutan a insisté sur les mesures d’accompagnement dont doivent bénéficier les PMA en voie de reclassement. Ces mesures de soutien doivent tenir compte des vulnérabilités des pays concernés, et il faut donc des stratégies de transition qui tienne compte de la diminution progressive des mesures de soutien aux PMA. Elle a rappelé la vulnérabilité de ces pays qui peuvent tout perdre du jour au lendemain, notamment quand ils font face aux aléas climatiques.
Elle a par ailleurs indiqué que dans le cadre de la pandémie, plus de 95% de la population du Bhoutan a reçu la première dose de vaccin contre la COVID-19, mais le pays est inquiet de l’impact des variantes. Au sujet de son reclassement, la Bhoutan a dit espérer une transition au plus tard en 2023.
Le représentant du Yémen a souhaité que le prochain programme d’action en faveur des PMA tienne compte de la situation particulière de ces pays en conflit ou qui en sortent. Il a relevé que le produit intérieur brut (PIB) du Yémen a baissé de 50% à cause du conflit dû aux milices houthistes. Il faut donc que le futur programme d’action prévoie une stratégie de sortie de crise, et que la conférence Doha de fasse également un examen critique de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul.
Le représentant de Chypre a indiqué qu’une ONG basée à Chypre avait été exclue de la liste finale, publiée le 19 mai 2021, des organisations de la société civile devant participer à la cinquième Conférence sur les pays les moins avancés, et ce sans la moindre explication. Le Bureau du Président de l’Assemblée générale nous a ensuite informé qu’une délégation se serait opposé à la participation de cette ONG, a-t-il indiqué. Nous n’avons pas été informés de la délégation qui a objectée, ni de la justification qu’elle aurait fournie pour s’opposer à une organisation locale active dans le domaine de l’innovation sociale et économique. Il a jugé inacceptable qu’une délégation puisse exclure une organisation de la société civile sans aucune raison de le faire, décriant en outre l’opacité d’un processus ayant permis une exclusion arbitraire. Il a souhaité être informé sans plus tarder de la source et des motifs de l’objection.
Le représentant du Brésil a indiqué que son pays contribue au développement des PMA par le biais notamment de la coopération Sud-Sud. Dans le cadre des ODD, cette aide se concentre en particulier sur le renforcement des capacités dans des domaines comme l’éducation, la santé et les opérations techniques. Le Brésil est ainsi actif en Afrique, en Asie et dans les Caraïbes, a souligné le représentant. À ses yeux, les progrès réalisés ces dernières années par la communauté internationale sont appréciables mais insuffisants. Nous devons faire fond sur le Programme d’action d’Istanbul et prendre de nouvelles mesures, a-t-il affirmé, appelant à recenser les besoins des PMA, qui représentent 14% de la population mondiale, pour les aider à réaliser le Programme 2030.
Pour le représentant, les efforts doivent se concentrer en priorité sur les capacités de production, l’agriculture, le commerce international et les moyens de mise en œuvre, y compris les financements et les partenariats. Pour ce qui est de la production, les capacités des PMA doivent être accrues grâce à une meilleure connectivité. S’agissant de l’agriculture, elle représente plus de 20% du PIB de ces pays et absorbe plus de la moitié de leur force de travail. La transformation agricole est donc une nécessité pour ouvrir la voie à l’élimination de la pauvreté et permettre un développement inclusif. De même, a-t-il poursuivi, le renforcement des infrastructures de transport des PMA est essentiel pour leur permettre de participer aux échanges commerciaux. Enfin, le délégué du Brésil a plaidé pour une stratégie de reclassement durable afin que la transition se fasse sans heurt.
Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale, a souligné les effets considérables de la COVID-19 sur le développement des PMA. La pandémie limite aujourd’hui leurs ressources immédiates pour reconstruire en mieux et, pour certains, il faudra cinq ans voire davantage pour retrouver le PIB d’avant-crise. Dans ce contexte, elle s’est félicitée des avancées vaccinales permises dans ces pays par le Mécanisme COVAX. Elle a aussi salué les progrès réalisés en matière d’allègement de leur dette. Mme Mohammed a rappelé à ce sujet que, lors de la récente réunion sur cette question coprésidée par le Canada et la Jamaïque, le Secrétaire général a été clair: l’initiative de suspension du service de la dette du G20 doit être prorogée jusqu’en 2022 et mise à la disposition de tous les pays très endettés. Il ne faut pas que les pays les plus vulnérables soient pénalisés par la baisse de leur note de crédit, a-t-elle affirmé. Jugeant que les émissions supplémentaires de droits de tirage spéciaux vont dans la bonne direction, elle a souhaité que le secteur privé soit davantage associé à ces efforts en faveur des PMA.
La Vice-Secrétaire générale a d’autre part insisté sur le lien entre les changements climatiques et le développement durable, en particulier en matière d’adaptation. La COP26 devra contribuer au renforcement de ces efforts, a-t-elle soutenu, voyant dans la période actuelle l’occasion de lancer de nouveaux partenariats avec les PMA. Le message est très simple, a-t-elle déclaré. C’est un appel à l’ambition. En effet, le nouveau programme d’action doit catalyser une action ambitieuse tout au long de la Décennie d’action pour atteindre les ODD et ne laisser aucune nation de côté. Nous devons récupérer le terrain perdu à cause de la pandémie. Et nous avons besoin d’ambition pour achever les travaux inachevés du programme actuel, notamment l’élimination de l’extrême pauvreté, la lutte contre l’insécurité alimentaire et la faim, le renforcement des capacités de production, la promotion de la diversification des exportations et la promotion des chaînes de valeurs mondiales. Il faut aussi relever les défis nouveaux et émergents tels que les changements climatiques, la crise de la dette, le soutien à la graduation, l’accès aux technologies numériques et le renforcement de la résilience.