En cours au Siège de l'ONU

8907e séance - matin
CS/14705

Somalie: le Représentant Spécial du Secrétaire général appelle à un achèvement rapide du processus électoral afin de répondre aux défis du pays

L’achèvement du processus électoral est « plus important que jamais », afin que tous les efforts puissent revenir aux priorités clefs de la gouvernance, de la sécurité et du développement en Somalie, a expliqué, ce matin, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), M. James Swan, venu présenter le rapport du Secrétaire général.  Son appel a été relayé par la majorité des délégations, qui ont également insisté sur la nécessité d’aller au « plus vite » et de respecter le quota de 30% de femmes élues. 

Par ailleurs, les membres du Conseil ont pu constater le désaccord persistant entre la position de l’Union africaine et celle de la Somalie, quant à la mission qui devrait succéder en 2022 à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM).

Le processus électoral en Somalie, ponctué par « une lenteur profondément préoccupante » et des progrès « lents et inégaux », a vu s’achever seulement la semaine dernière la première étape d’un long cycle entamé le 29 juillet dans tous les États membres de la fédération, avec l’achèvement de l’élection des 54 membres de la Chambre haute du Parlement fédéral, le Sénat.  Quant aux élections à la Chambre du peuple, seuls 2 des 275 sièges ont été pourvus à ce jour et les élections pour 11 sièges supplémentaires doivent commencer cette semaine.  Initialement, le cycle électoral devait s’achever par l’élection, par le Parlement, du Président de la Fédération, le 10 octobre.

Or, ces retards persistants entraînent une augmentation du budget du processus électoral, passé de 18,9 millions de dollars à 27,2 millions après révision par le Cabinet du Premier Ministre et l’Équipe chargée d’organiser les élections au niveau fédéral.  En outre, ils freinent les progrès dans d’autres domaines « critiques ».  Ils entravent notamment la réalisation des autres priorités nationales que sont, par exemple, la réforme de la Constitution et du secteur de la justice ou encore l’avancement du programme de développement et les réformes financières.  De plus, du fait de l’incertitude politique qui continue de planer sur les élections, l’aide budgétaire fournie par les partenaires internationaux reste gelée, explique le rapport du Secrétaire général. 

Dans ce contexte, a plaidé M. Swan, appuyé par de nombreuses délégations, il faut que les dirigeants politiques somaliens qui se sont engagés dans la tenue de ces élections agissent « rapidement » pour conclure celles de la Chambre du peuple afin de garantir que l’ensemble du Parlement soit élu avant la fin de cette année.  Il s’agit là d’un « besoin urgent » qui doit se concrétiser dans les « plus brefs délais », afin de combler le vide institutionnel et répondre aux défis de développement et sécuritaires dans le pays.  Le « plus vite » le scrutin sera achevé, plus tôt les dirigeants politiques seront en mesure de se focaliser à nouveau sur les attentes de la population, a estimé l’Irlande.

Toute impasse politique, report ou retard prolongé dans l’achèvement du processus électoral sapera les progrès réalisés et détournera les ressources et l’attention des priorités nationales.  Ils accroîtront, par ailleurs, l’incertitude politique et créeront un vide dont les Chabab pourraient profiter pour regagner du terrain et renforcer leur influence, ont mis en garde les « A3+1 », mais aussi la France, la Norvège ou encore le Mexique et le Royaume-Uni.   

La tenue des élections contribue au maintien de la stabilité dans le pays, mais également à sa reconstruction, s’est contentée de dire la Chine, tandis que la Fédération de Russie a dit espérer que ledit processus sera achevé conformément au calendrier fixé et aux accords des 17 septembre 2020 et 27 mai 2021.

 Outre leur tenue urgente, ces élections se doivent d’être « claires et transparentes » et pleinement intégrer les femmes en atteignant notamment l’objectif convenu de 30% de femmes élues, ont insisté nombre de délégations, à l’instar des États-Unis, de la France, ou de la Norvège, de même que le Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), M. Francisco Caetano Jose Madeira. 

Tel a toujours été l’engagement du Gouvernement fédéral somalien, a insisté le représentant de la Somalie.  Les élections parlementaires et présidentielle seront libres, justes et crédibles.  De plus, 82 des 275 sièges de la Chambre basse seront réservés à des femmes, conformément à l’accord du 17 septembre 2020, a-t-il assuré, ajoutant que les retards enregistrés n’étaient que le résultat de la nécessité de veiller à ce que toutes les parties prenantes soient non seulement dûment informées du processus, mais qu’elles l’acceptent, ceci afin de garantir la légitimité de l’administration, au lendemain des élections.   Pourtant, en l’absence de mécanisme concret de mise en œuvre, il y a des doutes sur le respect de ce quota alors que les élections au Sénat n’ont désigné que 26% de femmes, a déploré la Directrice de l’ONG « Somali Women’s Leadership Initiative », Mme Asha Siyad. 

À un mois et demi de la fin du mandat de l’AMISOM, plusieurs membres du Conseil se sont inquiétés des désaccords entre la Somalie et l’Union africaine sur la mission appelée à lui succéder.  Le représentant de la Somalie a rappelé l’opposition de son pays à une mission hybride UA-ONU, tout comme la représentante du Royaume-Uni, qui estime que cette idée, appuyée par l’Union africaine, va à l’encontre du projet de transition progressive vers la pleine responsabilité somalienne en matière de sécurité.  Une mission dirigée par l’Union africaine axée sur la lutte contre les Chabab et le transfert de fonctions aux forces de sécurité somaliennes est « la meilleure voie » à suivre, ont ajouté les États-Unis, alors que la Norvège et la France jugeaient urgent de trouver une solution « efficace, collective et durable » en matière de financement, ajoutant que l’Union européenne apportait aujourd’hui une part « particulièrement conséquente » au regard des autres partenaires de la Somalie.  Cette discussion n’est pas « une conversation facile », ont reconnu le Mexique et l’Inde, qui ont rappelé qu’il faudrait parvenir à un consensus.  M. Madeira a lui aussi appelé à des discussions entre les différentes parties concernées.

LA SITUATION EN SOMALIE S/2021/944

Déclarations liminaires

M. JAMES SWAN, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM), a déclaré que, bien que « lents et inégaux », des progrès avaient été réalisés dans le processus électoral en Somalie, notamment avec l’achèvement récent de l’élection de 54 parlementaires siégeant à la Chambre haute du Parlement fédéral, le Sénat.  Sur ce nombre, 14 femmes prendront bientôt leurs fonctions en tant que sénatrices, comptant pour 26% des élus de la Chambre haute.  Il s’agit là d’une augmentation par rapport aux élections précédentes de 2016, mais la proportion reste en deçà de l’objectif de 30%.  Quant aux élections à la Chambre du peuple, elles ont commencé.  À ce jour, deux des 275 sièges ont été pourvus, et les élections pour 11 sièges supplémentaires doivent commencer cette semaine.  Par ailleurs, la tenue d’élections locales directes dans trois districts du Puntland en octobre dernier, a démontré la faisabilité d’élections sur le principe « une personne, une voix » et souligné le désir du peuple somalien d’élire ses représentant sur la base du suffrage universel. 

Tout en reconnaissant ces progrès, M. Swan a rappelé qu’il y a désormais plus d’un an que les dirigeants politiques somaliens ont signé l’Accord électoral du 17 septembre 2020, et près de six mois depuis que les engagements ont été réaffirmés par l’Accord du 27 mai 2021.  Les élections pour la grande majorité des sièges au Parlement fédéral doivent encore commencer, les préparatifs de sécurité électorale doivent être accélérés, de même qu’une liste publiée des 30% des sièges de la Chambre du peuple qui seront réservés aux femmes.  Nous continuons de souligner que la pleine inclusion et représentation des femmes dans la vie politique, et dans tous les secteurs de la vie, est essentielle pour la paix et le développement durables de la Somalie, a insisté M. Swan, avant d’exhorter toutes les parties prenantes à « agir rapidement » pour conclure les élections à la Chambre du peuple dans les États fédérés, afin de garantir que l’ensemble du parlement soit élu avant la fin de cette année. 

Abordant la situation sécuritaire en Somalie, le Représentant spécial a déclaré que « malheureusement », elle continue d’être « instable ».  Et pour cause: les Chabab restent une menace sérieuse pour la sécurité de la Somalie, capable de maintenir un niveau élevé d’activités, notamment grâce à l’utilisation continue d’engins explosifs improvisés et à une augmentation du recours aux kamikazes.  À Mogadiscio, par exemple, la dernière attaque aux engins explosifs improvisés à bord d’un véhicule a eu lieu le 25 septembre, ciblant un poste de contrôle à Villa Somalia, faisant plusieurs morts, dont un haut conseiller gouvernemental.  Rien que pour cette année, la MANUSOM a déjà recensé 964 civils tués ou blessés à la suite d’un conflit armé.  Les Chabab restent les principaux responsables, avec à leur passif près des deux tiers des victimes civiles. 

Malheureusement aussi, les tensions politiques continuent également d’alimenter le conflit en Somalie, a poursuivi le Représentant spécial.  La période du 23 au 26 octobre a vu d’intenses combats dans la ville de Guriel entre Ahlu Sunna Wal Jama et les forces de sécurité de Galmudug appuyées par les forces armées fédérales.  Cet affrontement armé a fait de nombreuses victimes et provoqué des déplacements massifs de population civile et de graves dommages aux installations publiques et aux habitations privées.  Avec leurs partenaires, les Nations Unies ont engagé toutes les parties, avec des appels fermes à la cessation des hostilités et à la poursuite du dialogue pour régler les différends politiques.  

Par ailleurs, la mise en œuvre du Plan de transition en Somalie pour le transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) aux forces de sécurité somaliennes avance mais reste en retard, a expliqué M. Swan. 

Les retards persistants dans le processus électoral continuent de freiner les progrès dans d’autres domaines critiques et d’entraver la réalisation des autres priorités nationales, notamment la réforme de la Constitution et du secteur de la justice, ainsi que l’avancement du programme de développement et les réformes financières.  

Le Représentant spécial a décrit une situation humanitaire toujours « désastreuse », aggravée par les conflits, les déplacements et les épidémies.  La Somalie est également en première ligne des chocs climatiques récurrents, aggravant l’urgence humanitaire.  Les acteurs humanitaires estiment que 7,7 millions de Somaliens auront besoin d’une aide humanitaire en 2022.  Quelque 1,2 million d’enfants de moins de 5 ans risquent de souffrir de malnutrition aiguë en 2022 sans traitement immédiat.  On estime aussi que quelque 2,9 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays, l’un des plus grands nombres de déplacés internes au monde.  Or le Plan de réponse humanitaire 2021 n’est actuellement financé qu’à 51%, a déploré le Représentant spécial, appelant à une « intensification critique » de l’action humanitaire. 

En conclusion, M. Swan a insisté sur le fait que bien que des progrès aient été accomplis, les efforts des dirigeants politiques somaliens devront être redoublés dans les semaines à venir pour mener à bien les élections du Parlement fédéral, afin que l’élection présidentielle puisse ensuite se tenir dès que possible.  L’achèvement de ces élections est « plus important que jamais », afin que tous les efforts puissent revenir aux priorités clefs de la gouvernance, de la sécurité et du développement en Somalie, a-t-il affirmé.  

Intervenant par visioconférence, M. FRANCISCO CAETANO JOSE MADEIRA, Représentant spécial du Président de la Commission de l’Union africaine pour la Somalie et Chef de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) a indiqué que depuis son dernier exposé et la « lenteur profondément préoccupante du processus » politique, la Somalie a tout de même réussi à tenir des élections à la Chambre haute.  Concernant la Chambre basse, il a espéré que les dirigeants politiques du pays respecteront bientôt leurs engagements, conformément aux dispositions de l’Accord de paix entre le Gouvernement fédéral de transition (GFT) et l’Alliance pour la re-libération de la Somalie (ARS).  Saluant la tenue des élections au Somaliland et à Mogadiscio, il a fait remarquer que, malgré les différends persistants, les parties impliquées « ont gardé les bras ouverts » vis-à-vis de leurs opposants.  Le haut fonctionnaire a relevé, en outre, une certaine disposition à l’émergence d’un consensus, progrès qu’il convient d’encourager de façon que le reste du processus électoral puisse avoir effectivement lieu, a-t-il conseillé. 

D’autre part, le quota de 30% de femmes demeure difficile à atteindre, a reconnu M. Madeira, avec seulement 26 représentantes élues alors que les Somaliennes veulent voir leur participation davantage reconnue.  À présent, a-t-il dit, l’accent est mis sur les prochaines élections à la Chambre du peuple (basse).  Le Représentant spécial a insisté sur la nécessité de mettre en place des mécanismes pour que le quota de 30% de femmes soit effectivement atteint. 

M. Madeira s’est félicité toutefois de l’élection libre, transparente et pacifique, avec un grand enthousiasme et une participation massive. 

Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine a demandé à la Mission de fournir une assistance technique à d’autres domaines du processus.  En effet, la Somalie a été le premier État membre de l’Union à bénéficier d’une assistance de l’organisation régionale par le truchement d’une opération de paix, avec un appui technique et juridique en particulier.  Le soutien financier aux États fédérés, l’amélioration au soutien à la participation politique des femmes et la fourniture d’équipements techniques, sont parmi les exemples les plus probants. 

Quant aux unités de police de la Mission, elles sont déployées dans les États du sud-ouest et dans d’autres régions.  La formation de 2 344 agents de sécurité somalienne et des SNL (Somali National League) a dispensé les connaissances nécessaires pour la conduite des opérations avant, pendant et après les élections. 

Cela dit, l’insécurité demeure un sujet de grande préoccupation, les Chabab ayant multiplié des actes de violence, notamment des attentats à la voiture piégée et des assassinats ciblés de hauts fonctionnaires et de représentants et l’État.  Ils visent également les bureaux de vote pour bloquer le processus électoral, s’en prenant également à des bâtiments de la Mission.  Le Représentant spécial s’est aussi inquiété du retour des confrontations armées avec les autorités publiques.  La Mission a donc fait appel aux parties belligérantes pour qu’elles déposent les armes, les hostilités ayant cessé dans certains villages, mais il faut plus d’efforts de négociation, a recommandé M. Madeira. 

La Mission a néanmoins fait échouer des opérations des Chabab dans plusieurs villes et des unités de reconnaissance conjointes patrouillent dans certains secteurs.  Le Représentant spécial a précisé certaines des priorités dans le domaine de la coopération de l’Union africaine avec les autorités somaliennes, comme la préservation et la consolidation de l’indépendance politique et la souveraineté et l’autonomisation des citoyens et des États en vue d’un développement économique, font partie intégrante de l’Agenda de paix de l’Union africaine.  La menace à l’encontre de la Somalie s’étend à la région et au reste du monde, a-t-il prévenu, appelant à circonscrire et éliminer cette menace car la région a besoin de paix et de stabilité. 

Le mandat de l’AMISOM s’achèvera bientôt et il est indispensable qu’elle soit remplacée, a-t-il plaidé.  Il est urgent de conclure de manière exhaustive et détaillée les délibérations sur les enjeux qui préfigureront la prochaine mission: tolérance, responsabilisation, financement, confiance mutuelle et autres enjeux.  Le Représentant spécial a mentionné la résolution 2568 du Conseil de sécurité qui avait demandé de préciser le mandat, les tâches, la durée et le commandement de la Mission.  À la demande de l’Union africaine, le Conseil a repris les discussions avec les différents acteurs, a précisé en conclusion M. Madeira.  

Mme ASHA A. SIYAD, Directrice de l’ONG « Somali Women’s Leadership Initiative », a mis l’accent sur les attentes de la société civile à la suite des élections en cours.  Elle a demandé des mesures concrètes et une obligation redditionnelle pour la mise en œuvre du programme « femmes, paix et sécurité ».  Celle qui s’exprimait aussi au nom du groupe des Ambassadeurs de bonne volonté et du Comité de sensibilisation pour un quota de 30% nommé par le Premier Ministre de la Somalie a regretté que, bien que les femmes aient fait partie intégrante des efforts de redressement et de stabilité du pays, le monde politique somalien continue de les exclure des fonctions de responsabilité et de prise de décision.  Mme Siyad a dénoncé la persistance d’un système politique clanique qui relègue le rôle et la participation des femmes en politique dans des sphères subalternes, limitées et insignifiantes.  

Tout en se félicitant que les élections fédérales de 2016 eurent permis d’obtenir un parlement composé de 24% de femmes, Mme Siyad a souligné la difficulté d’atteindre l’objectif de 30% prévu pour le scrutin de 2021 en s’appuyant sur une formule électorale basée sur l’objectif de 4,5 sièges par clan, lequel est finalement préjudiciable à la lutte des femmes pour l’égalité et la justice.  En l’absence d’un mécanisme concret pour mettre en œuvre le quota de 30%, en 2021, et rappelant que les élections à la Chambre haute n’ont donné que 26% de représentation des femmes, Mme Siyad a dit ses doutes quant à la possibilité d’atteindre l’objectif de 30% dans le cadre des élections indirectes à la Chambre basse.  Elle a regretté que le Conseil consultatif national n’ait pas suivi les recommandations faites pour s’assurer que cet objectif soit atteint et exigé que les organismes en place assument leurs responsabilités.  Elle a jugé indispensable de s’assurer que les sièges réservés aux femmes ne puissent être conquis par des hommes.  

« Si nous croyons vraiment en une politique inclusive avec les gens au centre des intérêts de la fédération somalienne, alors nous devons travailler à la mise en œuvre d’élections sur le principe « une personne, une voix » en 2025/2026, a insisté Mme Siyad avant.  Pour elle, le système de « l’élection indirecte » conservé en 2021 prive du droit de vote la quasi-totalité de la population adulte de la Somalie, affaiblit la nation, et enhardit les élites politiques en contribuant à perpétuer les pratiques politiques d’exclusion. 

Appelant à une gouvernance somalienne inclusive, Mme Siyad a souhaité que la future constitution garantisse une représentation de 30% des femmes au parlement, au gouvernement et dans la fonction publique.  Par ailleurs, elle a jugé urgent l’approbation et la mise en œuvre du projet de loi sur les délits sexuels, avant d’exhorter le nouveau gouvernement et le nouveau parlement à travailler main dans la main pour amender la loi électorale fédérale et les lois sur les partis politiques, pour garantir des dispositions claires en faveur de la pleine participation des femmes.  

Déclarations

Mme BARBARA WOODWARD (Royaume-Uni) a déclaré qu’elle était préoccupée par la lenteur du processus électoral en Somalie, qui devrait s’achever d’ici le 24 décembre.  Les élections ne devraient pas être reportées au-delà de cette date car de nouveaux retards saperont les progrès réalisés dans la mise en place des priorités nationales de la Somalie, accroîtront l’incertitude politique et donneront aux Chabab l’occasion de regagner du terrain et de renforcer leur influence politique, a prévenu la représentante.  

Mme Woodward a ajouté qu’avec l’expiration prochaine du mandat de l’AMISOM, des progrès urgents sont nécessaires en ce qui concerne la transition en matière de sécurité, afin d’assurer la continuité de l’appui international en matière de sécurité à la Somalie d’une manière qui reflète l’évolution de la situation sur le terrain.  Cet appui doit être à la fois réaliste et pratique, et accompagner une transition progressive vers des dispositions de sécurité somaliennes telles qu’énoncées dans le Plan de transition pour la Somalie.  La représentante a estimé que le modèle de mission de stabilisation multidimensionnelle UA-ONU approuvé par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine n’y parviendra pas parce qu’il va l’encontre de l’idée d’une transition progressive vers la pleine responsabilité somalienne en matière de sécurité. 

Pour le Royaume-Uni, il faut parvenir à un accord sur la proposition conjointe ONU-UA en consultations avec le Gouvernement fédéral, ce qui signifie sortir de l’impasse actuelle et trouver un consensus sur la voie à suivre.  Cette proposition conjointe devrait refléter nos objectifs communs de préserver les réalisations durement acquises par l’AMISOM, mais aussi de commencer la transition vers le retrait de l’assistance internationale et le transfert de l’ensemble des responsabilités en matière de sécurité au Gouvernement somalien, conformément à la résolution 2568 (2021).  La représentante a promis d’aider les parties prenantes à parvenir à un consensus. 

Pour M. RAVINDRA RAGUTTAHALLI (Inde), toute transition sécuritaire réussie vers la stabilité en Somalie ne peut être envisagée sans l’appropriation de sa démocratie représentative.  Alors que nous nous rapprochons de la date limite pour finaliser les discussions sur la transition sécuritaire en Somalie, il a donc souligné l’importance de l’achèvement des élections et d’une transition pacifique du pouvoir.  À cette fin, l’Inde a encouragé la MANUSOM à continuer de travailler en étroite collaboration avec le Gouvernement fédéral de la Somalie (FGS) et les États membres fédéraux (FMS) pour fournir le soutien électoral requis.

Constatant que la situation sécuritaire en Somalie reste préoccupante, comme l’indique la moyenne mensuelle de 273 incidents, la plupart perpétrés par les Chabab, l’Inde a condamné ces actes de terrorisme, en exprimant son soutien aux opérations menées par l’Armée nationale somalienne et l’AMISOM.  Au moment où il est question de la transition sécuritaire, le peuple somalien a besoin de l’attention et du soutien continus de la communauté internationale pour faire face aux groupes terroristes comme les Chabab.  L’Inde s’est donc félicitée de la résolution récemment adoptée sur les sanctions contre la Somalie, qui met davantage l’accent sur les sanctions contre les Chabab.  Il est important que nous mobilisions tous notre volonté politique collective pour lutter contre le terrorisme dans la Corne de l’Afrique, a estimé le représentant pour lequel il est crucial d’empêcher les Chabab d’accéder aux ressources financières, tandis que les liens entre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée doivent être reconnus et traités.  Saluant la récente réunion tenue à Mogadiscio entre la Somalie et le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine sur l’avenir de l’AMISOM, il a espéré qu’il y aura une issue positive et un consensus sur la voie à suivre.  Une transition sécuritaire stable en Somalie exige un leadership et une collaboration fermes du Gouvernement somalien et de l’Union africaine, a-t-il souligné.  Pour sa part, l’Inde a dit soutenir un transfert progressif des responsabilités en matière de sécurité aux forces de sécurité somaliennes en vue de leur confier l’entière responsabilité d’ici à 2023.

M. TAREK LADEB (Tunisie), s’exprimant au nom du groupe A3+1, composé de la Tunisie, du Kenya, du Niger et de Saint-Vincent-et-les Grenadines, a salué l’achèvement, samedi dernier, des élections à la Chambre haute, avec les 54 sièges sélectionnés, ainsi que le début des élections à la Chambre du peuple.  Nous soulignons à nouveau l’importance d’achever le processus électoral, y compris l’élection du Président de la Somalie, en temps opportun pour réaliser les aspirations légitimes du peuple somalien à la stabilité de la sécurité, à la démocratie, à la bonne gouvernance et au développement.  Nous réaffirmons une fois de plus qu’un retard prolongé dans l’achèvement du processus électoral pourrait détourner les ressources et l’attention des priorités nationales critiques, a lancé le représentant, ajoutant par ailleurs regretter que l’objectif de 30% de femmes élues à la Chambre haute n’ai pas été atteint.  Le groupe A3+1 réitère en outre son soutien aux élections unipersonnelles à une voix et encourage la poursuite des efforts pour réaliser cet objectif au cours du cycle électoral suivant.  

En ce qui concerne la situation sécuritaire, le représentant a déclaré que la menace majeure pour la paix, la sécurité et la stabilité en Somalie reste posée par le groupe terroriste des Chabab, dont les activités terroristes et autres ont un impact déstabilisateur sur le renforcement de l’État en Somalie.  Pour cette raison, le groupe a réitéré son appel au soutien international continu au Gouvernement somalien dans sa lutte contre les Chabab et d’autres groupes actifs dans le pays pour lui permettre d’assumer l’entière responsabilité de la sécurité, conformément au Plan de transition pour la Somalie.  Il a rendu un hommage au rôle joué à cet égard par la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) au cours des dernières années, jugeant nécessaire de relever en profondeur les défis de financement de tout engagement de l’Union africaine en Somalie après 2021, en fournissant un financement adéquat, durable et prévisible, y compris grâce à l’accès aux contributions fixées par l’ONU.

S’agissant de la situation humanitaire, les membres du groupe A3+1 ont aussi réitéré leur « profonde préoccupation » face à la situation en Somalie, avec environ sept millions de personnes en insécurité alimentaire.  À cet égard, ils ont également renouvelé leur appel à tous les partenaires internationaux pour qu’ils augmentent le financement des plans de réponse humanitaire en Somalie, soulignant toutefois l’importance de tenir dûment compte des besoins, priorités et points de vue du pays hôte dans la définition de la nature et de l’objectif de toute future mission en Somalie.  Il a encouragé toutes les parties concernées à s’engager davantage de manière constructive afin de parvenir à un accord mutuellement acceptable.

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a souligné la nécessité de tenir des élections inclusives et crédibles en Somalie afin de parvenir à une stabilité politique et de progresser dans l’édification de l’État.  Il a donc déploré les retards importants dans la tenue du calendrier électoral, en espérant que les élections à la Chambre basse seront achevées d’ici à la fin de l’année.  Il a souhaité qu’une proportion minimale de 30% de femmes parlementaires soit garantie par les dirigeants somaliens, notamment par la mise sur pied d’un mécanisme. 

Le représentant a déploré que la capacité des Chabab à conduire des attaques dans tout le pays reste inchangée.  La situation sécuritaire ne pourra s’améliorer que si toutes les parties prenantes unissent leurs forces, a-t-il dit, en appelant à une « vision commune » desdites parties prenantes.  Il a assuré de l’appui de l’Union européenne à la Somalie alors que s’ouvre un nouveau chapitre.  « L’Union espère néanmoins que ses préoccupations seront prises en considération », a-t-il ajouté. 

M. Jürgenson a par ailleurs exhorté le Conseil à aider la Somalie à faire face à la menace climatique, y compris par le biais de la MANUSOM.  Il a rappelé que les piliers d’une société somalienne prospère et stable étaient l’état de droit, la démocratie et le respect des droits humains.  L’Estonie espère avoir contribué à renforcer ces fondations, a-t-il conclu.  

Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA (Fédération de Russie) a noté que le Gouvernement fédéral somalien a réalisé de grands progrès dans la création d’un modèle durable d’État fédéral, estimant que l’achèvement des élections au Sénat est un jalon important.  Elle s’est à ce sujet félicitée du fait que 26% des sièges à la Chambre haute ont été pourvus par des femmes.  Elle a indiqué espérer que le processus électoral sera achevé conformément au calendrier fixé et aux accords des 17 septembre 2020 et 27 mai 2021.  Concernant la situation sécuritaire, Mme Evstigneeva a appelé à ne ménager aucun effort contre les Chabab et à accorder une attention importante à la sécurité électorale.  Par ailleurs, la Fédération de Russie a souligné que, au vu de la situation humanitaire complexe en Somalie, elle continue d’apporter son concours au pays et aux réfugiés somaliens grâce à des contributions apportées au Programme alimentaire mondial (PAM), et qu’elle a également l’intention de continuer de former les fonctionnaires somaliens.  

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a déclaré que l’achèvement des élections pour la Chambre haute était bienvenu et donnait un élan pour la prochaine phase électorale, plus complexe, pour la Chambre basse.  Elle a estimé que plus vite le scrutin sera achevé, plus tôt les dirigeants politiques seront en mesure de se focaliser à nouveau sur les attentes de la population.  La représentante a jugé encourageante la récente collaboration entre le Président et le Premier Ministre somaliens et appelé à ce qu’ils persévèrent dans cette voie, afin de parachever le processus électoral, y compris le scrutin présidentiel, d’ici à janvier 2022.  Elle a mis en garde contre tout retard qui risquerait de coûter cher, de favoriser les actions des Chabab et d’affecter le délicat équilibre politique existant.  

Pour toutes ces raisons, Mme Byrne Nason a vivement exhorté le Gouvernement fédéral et les dirigeants des États fédérés à mettre fin à leurs différends et à offrir une chance aux efforts de consolidation.  Reprenant les propos de la Vice-Secrétaire générale, Mme Amina Mohamed, devant le Conseil de sécurité après sa visite à Mogadiscio en septembre, la représentante a insisté sur la participation des femmes, qu’elle a présentée comme une condition préalable à une paix durable.  Elle a insisté pour que les 85 sièges dévolus à des femmes le soient effectivement, pour respecter le quota établi de 30%.  

Il est également du devoir des responsables politiques somaliens de faire résolument face à la menace du terrorisme, au conflit armé et à la violence, a poursuivi la représentante, qui a regretté que les plus vulnérables soient ceux qui en pâtissent le plus, avec chaque fois davantage de violations graves des droits des enfants et des cas de violences sexuelles.  Cela vaut également pour la reddition de comptes des auteurs de ces violations, et les responsables locaux et nationaux doivent faire tout leur possible pour faire cesser cet intolérable fléau, a exigé Mme Byrne Nason. 

La représentante a également souligné qu’il devenait urgent que le Gouvernement somalien, l’Union africaine et les Nations Unies trouvent un accord sur la future configuration de l’AMISOM et la passation du relais aux forces de sécurité somaliennes.  

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) s’est dit préoccupé par la lenteur des progrès du processus électoral en Somalie au cours de l’année écoulée.  Tout en se félicitant de l’achèvement de la sélection des membres de la Chambre haute, le représentant a noté que seuls 2 des 275 sièges avaient été choisis pour la Chambre basse.  « Les dirigeants somaliens doivent respecter leur engagement en faveur d’élections claires et transparentes », a insisté le représentant, avant de souligner l’importance de respecter le quota de 30% de femmes au parlement, prévu dans les accords.

Préoccupé par les récents affrontements violents qui ont causé le déplacement de civils, M. Hunter a noté qu’il n’y avait toujours pas d’accord sur une mission de stabilisation internationale pour l’après 2021, alors que le mandat de l’AMISOM expire le 31 décembre.  Dans ce contexte, il a déclaré qu’une mission dirigée par l’Union africaine axée sur la lutte contre les Chabab et le transfert de fonctions aux forces de sécurité somaliennes était la meilleure voie à suivre.

Mme NGUYEN PHUONG TRA (Viet Nam) a appelé les Nations Unies et la communauté internationale à prioriser d’urgence des ressources pour soutenir la tenue des élections législatives et présidentielle dans un environnement pacifique.  « Une paix durable et la prospérité en Somalie dépendent du succès de ces élections », a-t-elle déclaré.  

Abordant la situation sécuritaire, la représentante, tout en saluant leurs efforts continus pour lutter contre la criminalité, a exhorté le Gouvernement somalien, la Mission d’assistance des Nations Unies en Somalie (MANUSOM) et la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) à renforcer l’application des lois et à assumer leurs responsabilités dans le démantèlement des groupes terroristes.  Elle a également appelé les partenaires internationaux et régionaux à poursuivre leur soutien aux forces de sécurité somaliennes par la formation, la fourniture d’équipements, le renforcement des capacités et la mise en œuvre d’opérations contre les Chabab.  Enfin, Mme Nguyen a appelé les partenaires internationaux à aider le Gouvernement fédéral somalien à atténuer les impacts socioéconomiques causés par ces menaces, déclarant « ce n’est qu’avec une approche globale que le Gouvernement et le peuple somaliens pourront surmonter les défis à long terme et parvenir à une stabilité et un développement durables ».  

Mme MONA JUUL (Norvège) a déclaré que la Somalie est toujours dans une impasse politique, soulignant le risque élevé d’un vide de gouvernance dont les Chabab pourraient profiter, en sapant le processus de paix et d’édification de l’État.  Mme Juul a insisté sur le « besoin urgent » de finaliser le processus électoral et de répondre aux défis de développement et sécuritaires dans le pays.  Elle a souhaité qu’une proportion minimale de 30% de femmes parlementaires soit garantie au sein de la Chambre basse, notamment par la mise sur pied d’un mécanisme dédié.  La déléguée s’est dite déçue que cette proportion n’ait pas été respectée au sein de la Chambre haute, estimant que la demande d’une inclusion des femmes aux processus politiques ne vient pas « de l’étranger » mais des Somaliennes elles-mêmes.  La déléguée a salué le renforcement du mandat de la MANUSOM s’agissant des femmes et de la paix et de la sécurité.

Elle a ensuite exprimé sa vive préoccupation devant le récent retour de Ahlu Sunna Wal Jama’a dans l’État de Galmudug, dont il est avéré que cet individu recrute des enfants.  « Nous exhortons toutes les parties à se conformer à leurs obligations en vertu du droit international », a-t-elle rappelé.  Enfin, la déléguée norvégienne s’est inquiétée du manque de progrès dans les discussions sur la nature de la nouvelle mission de transition de l’Union africaine en Somalie, alors que le calendrier défini par la résolution 2568 (2021) est des plus clairs.  « Il est urgent d’aboutir à des progrès dans le développement de la proposition commune sur les objectifs stratégiques, la taille et la composition d’une mission de l’Union africaine reconfigurée. »

M. DAI BING (Chine) a mis l’accent sur les exigences de la reconstruction de la Somalie et, en particulier, de la transition de sécurité et des élections.  La tenue des élections contribue au maintien de la stabilité dans le pays, mais également à sa reconstruction, a fait valoir le représentant.  À cet égard, la Chine a salué le rapprochement entre les personnalités politiques somaliennes à travers le dialogue et a espéré que l’élan positif des élections qui ont déjà eu lieu se poursuivra et que l’Accord sur les élections sera respecté.  Le représentant a invité la communauté internationale à fournir un soutien aux élections en Somalie et a salué les efforts de la MANUSOM en ce sens.

Sur le plan sécuritaire, M. Dai a appelé à aider les Somaliens à lutter contre le terrorisme.  Pour la Chine, le financement de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) doit être garanti afin d’éviter tout vide sécuritaire, même si elle estime que ce sont les forces somaliennes qui sont, en fin de compte, responsables de la sécurité du pays.  Pour y parvenir, la Somalie doit toutefois pouvoir compter sur le soutien de la communauté internationale.  Dans ce contexte, le représentant a dit espérer que l’embargo sur les armes visant la Somalie sera levé.

Constatant ensuite que la moitié de la population somalienne a besoin d’urgence d’assistance humanitaire et de vaccins, le représentant a appelé la communauté internationale à prendre des mesures pour permettre à la Somalie de réaliser son développement.  Pour sa part, la Chine a d’ores et déjà envoyé des doses de vaccin et continuera à le faire, tout comme elle travaillera avec la communauté internationale pour fournir une assistance pratique pour la paix et la sécurité du pays, a assuré M. Dai.

M. WADID BENAABOU (France) a salué le parachèvement des élections de la Chambre haute et appelé à ce que ces efforts se poursuivent pour que les élections de la Chambre basse et de la présidence puissent avoir lieu dans les plus brefs délais et dans le respect du quota de 30% de femmes prévu par la loi.  « Les Somaliens ont besoin d’un gouvernement pleinement légitime qui puisse répondre aux défis auxquels le pays est confronté », a assuré le représentant, avant de souligner que le premier est la sécurité.  Il a estimé que le renouvellement du régime de sanctions est une étape importante qui permet d’endiguer les flux d’armes et le financement du groupe des Chabab, « porteur d’une menace sur le plan régional », et dont plusieurs responsables sont d’ores et déjà sous sanctions.  Dans le même temps, le délégué a appelé à ne pas perdre de vue le fait que la Somalie doit pouvoir assurer sa propre sécurité.  Pour lui, cela passe par la pleine mise en œuvre du Plan de transition somalien, avec l’appui de l’ensemble des partenaires régionaux et internationaux et, en particulier, d’une mission reconfigurée de l’Union africaine qui devra prendre le relais de l’AMISOM à compter de 2022.

Par ailleurs, M. Benaabou a regretté que le rapport conjoint sur le futur de l’AMISOM n’ait pu être remis dans les délais prévus par la résolution 2568.  Il a également appelé à tirer les leçons du modèle actuel et de ses insuffisances en matière de pilotage stratégique et d’efficacité.  Enfin, il a rappelé qu’il est urgent de trouver une solution efficace, collective et durable en matière de financement, auquel, a-t-il précisé, l’Union européenne apporte aujourd’hui une part particulièrement conséquente au regard des autres partenaires de la Somalie.

M. JUAN RAMÓN DE LA FUENTE RAMÍREZ (Mexique) a reconnu que, malgré les multiples retards et difficultés auxquels le processus électoral a été confronté, les acteurs politiques somaliens sont parvenus à conclure l’élection de la Chambre haute et avancer vers la formation de la Chambre du peuple.  À cet égard, le Mexique se félicite de l’accord intervenu fin octobre entre le Président Farmaajo et le Premier Ministre Roble.  Il se félicite également du fait que les premières élections au scrutin direct se soient tenues dans trois districts du Puntland, prouvant qu’il est possible d’aller vers le suffrage universel, lorsque la volonté politique prévaut.  Il reste cependant essentiel, à ce stade, de prendre des mesures concrètes pour s’assurer que les femmes participent en toute sécurité en tant que candidates et électrices aux élections.  

Le représentant a également jugé « urgent » de conclure les élections afin que les autorités puissent se concentrer sur les réformes en cours.  La mise en œuvre en temps voulu du Plan de transition, y compris la réforme du secteur de la sécurité, l’intégration des forces régionales et la génération de forces, sont essentielles pour transférer pleinement les responsabilités en matière de sécurité aux Somaliens eux-mêmes.  Dans ce domaine, le Mexique appelle les autorités somaliennes, l’Union africaine et les autres acteurs liés à l’opération de l’AMISOM à discuter de la configuration appropriée pour cette mission.  « Ce n’est pas une conversation facile », mais il faut compter sur les différents points de vue pour prendre des décisions qui nous permettront d’arriver à une Somalie apaisée et stable, a indiqué son représentant, qui a espéré que l’examen stratégique de l’AMISOM envisagé dans la résolution 2592 (2021) contribue à établir des objectifs clairs qui faciliteront le transfert de responsabilités au Gouvernement national. 

M. ABUKAR DAHIR OSMAN (Somalie) a déclaré qu’au plan politique, les élections à la Chambre haute s’étaient bien déroulées, avec 26% des sièges désormais pourvus par des femmes qualifiées, et que les élections pour la Chambre basse avaient d’ores et déjà commencé, avec deux parlementaires déjà élus pour le Somaliland, tandis que neuf autres députés seront élus le 22 novembre.  Il a assuré que le quota de 30% réservé aux femmes serait respecté, conformément à l’Accord du 17 septembre 2020, qui prévoit que 82 des 275 sièges de la Chambre basse seront réservés aux Somaliennes.  Il a estimé que cet « excellent départ » des élections pour la Chambre basse encouragerait le reste des États fédérés à démarrer leur scrutin le plus tôt possible pour que tout le processus électoral soit achevé à la fin de l’année.  M. Osman a affirmé que la tenue d’élections parlementaires et présidentielle libres, justes et crédibles avait toujours figuré au cœur de la politique du Gouvernement fédéral et qu’au bout du compte, le retard enregistré n’était que le résultat de la nécessité de veiller à ce que toutes les parties prenantes soient non seulement dûment informées du processus, mais qu’elles l’acceptent, afin de garantir la légitimité de l’administration au lendemain des élections.   

L’Ambassadeur somalien a ensuite expliqué que le Plan de transition restait l’unique base et la seule vision stratégique du Gouvernement fédéral somalien pour une approche progressive, pluriannuelle et sous conditions de l’AMISOM, et la seule approche viable pour contrer l’action des Chabab tout en consolidant les principales fonctions sécuritaires de la Somalie et récupérer durablement des emplacements stratégiques. 

C’est pourquoi, a-t-il ajouté, le Gouvernement fédéral de la Somalie a entrepris des discussions avec la Commission de l’Union africaine et l’AMISOM afin de mettre au point les concepts des opérations, comme demandé par le Conseil de sécurité.  Malheureusement, a ajouté le représentant, ces discussions sont actuellement au point mort.  Il a souhaité qu’elles reprennent « avant la fin de l’année » pour permettre au Gouvernement fédéral de la Somalie et à l’Union africaine de faire des progrès significatifs et d’en informer le Conseil de sécurité avant la fin du mandat de l’AMISOM le 31 décembre.  Il a toutefois ajouté que la Somalie n’accepterait pas de mission hybride.

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