En cours au Siège de l'ONU

8792e séance – matin
CS/14547

Conseil de sécurité: le Haut-Représentant de l’UE plaide pour un multilatéralisme respectueux des « règles » pour relever des défis complexes

« Nous avons besoin d’une coopération mondiale fondée sur des règles », a déclaré ce matin, au Conseil de sécurité, le Haut-Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, M. Josep Borrell, pour qui que le multilatéralisme reste l’outil le plus efficace pour relever des défis mondiaux de plus en plus graves et complexes. 

Lors de cette réunion consacrée à la coopération entre l’ONU et l’Union européenne (UE), le haut fonctionnaire a mis en garde contre le « coût de l’absence d’action multilatérale », en rappelant que l’alternative est la « loi de la jungle ».  À titre d’exemples, il a cité la réduction de l’accès aux vaccins, l’insuffisance de l’action climatique, et l’envenimement des crises sécuritaires. 

Face au risque d’érosion de la confiance, le chef de la diplomatie européenne a appelé à « combler le déficit de multilatéralisme », à en repousser les approches sélectives et intéressées, pour au contraire le protéger, le réformer et l’étendre. 

Après avoir rappelé la participation de l’UE à 17 opérations et missions sous mandat onusien, M. Borrell a attiré l’attention sur deux sommets majeurs de l’ONU qui se tiendront cette année à Kunming et à Glasgow et doivent aboutir à une action décisive en matière de lutte contre les changements climatiques et la perte de biodiversité.  Considérant que ces sommets seront des « tests du système multilatéral », le Haut-Représentant a invité le Conseil à adopter une résolution sur les liens entre climat, santé, paix et sécurité pour leur donner l’impulsion nécessaire. 

M. Borrell s’est dit conscient que « si nous sommes tous d’accord sur la nécessité de revitaliser le système multilatéral », il se trouve que « nous ne sommes pas toujours d’accords sur la manière de procéder ».  Ainsi, à sa suite, les représentants de la France, de l’Irlande et du Royaume-Uni ont soutenu que le système multilatéral est défini par le droit, des normes et des accords internationaux, là où la Chine et la Fédération de Russie ont regretté des interprétations qui en sont données. 

Alors que le haut fonctionnaire européen déclarait que le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État « n’est pas un permis de mépriser les droits de l’homme », la Chine a rétorqué en affirmant que l’UE devait s’abstenir de pratiquer le deux poids, deux mesures et s’abstenir de se mêler de la situation à Hong Kong, « Région administrative spéciale » de la Chine. 

De son côté, la Fédération de Russie a dénoncé l’introduction de concepts douteux tels que celui d’un « ordre mondial régi par des règles » ou des ingérences décomplexées, comme celle qui vise, selon elle, le Bélarus.  La délégation a accusé les pays européens de privilégier des « approches destructives » à la recherche du compromis, dénonçant l’imposition de sanctions qui relèvent du « néocolonialisme » et détériorent le niveau de vie des pays visés. 

Saluant pour sa part le rôle essentiel que joue l’UE pour tenir la Russie « responsable de ses violations du droit international », les États-Unis ont qualifié de « menace à la sécurité européenne » les actions de Moscou en Ukraine.  La délégation américaine a assuré que le soutien de Washington et de l’UE à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de la Géorgie restait « indéfectible », appelant la Russie à cesser de déstabiliser ses voisins. 

La délégation russe a fustigé le « ton agressif et guerrier » américain, exhortant les délégations européennes à ne pas suivre aveuglément leur partenaire transatlantique, à garder à l’esprit les intérêts communs des nations européennes et à respecter leur souveraineté avec davantage d’impartialité vis-à-vis de situations complexes. 

Réagissant à cette intervention, M. Borrell et la délégation américaine ont rappelé que le partenariat États-Unis-UE repose sur des valeurs partagées et une vision commune qui comprend un engagement envers la démocratie et l’état de droit, le respect des droits de l’homme, la promotion des opportunités économiques et la poursuite de la prospérité et de la sécurité transatlantiques. 

Dans ce contexte, ils ont annoncé que le Président américain, Joe Biden, rencontrera les dirigeants des institutions européennes, M. Michel et Mme von der Leyen, le 15 juin, pour discuter d’un programme commun en vue d’assurer la sécurité sanitaire mondiale et la reprise économique durable, de lutter contre les changements climatiques, d’améliorer le commerce international et la coopération numérique, de combattre les comportements malveillants et de relever les défis mondiaux. 

La plupart des délégations ont salué la contribution au maintien de la paix de l’UE, qui a déployé 5 000 personnels de la Corne de l’Afrique au Sahel, en passant par la Libye.  De son côté, la France a tenu à rappeler que la facilité COVAX, financée à hauteur de 2,4 milliards d’euros par l’UE et ses États membres, avait réussi à distribuer 20 millions de doses de vaccins contre la COVID-19 à 43 États africains. 

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Déclarations

« Nous avons besoin d’une coopération mondiale fondée sur des règles », a déclaré M. JOSEP BORRELL, Haut-Représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, avant de prévenir que l’alternative est la « loi de la jungle ».  « Nous constatons chaque jour le coût de l’absence d’action multilatérale », a-t-il dit avant de faire la liste de ses conséquences, comme l’accès réduit aux vaccins, une action climatique insuffisante, et des crises de paix et de sécurité qui s’enveniment.  Face au risque d’érosion de la confiance, il a appelé à combler ce déficit de multilatéralisme et repousser les approches sélectives et intéressées du multilatéralisme. 

Par ailleurs, il a précisé que l’UE est un ardent promoteur du multilatéralisme vaccinal, en contribuant à hauteur de plus de 2,8 milliards d’euros à la lutte contre la pandémie.  « Nous avons exporté plus de 240 millions de doses de vaccins dans 90 pays, plus que toute autre région », a-t-il indiqué avant d’annoncer un don d’au moins 100 millions de doses aux pays à revenu faible et intermédiaire avant la fin de l’année.  Regrettant que l’Afrique importe 99% de ses vaccins, M. Borrell a dit que l’UE s’associe à l’Afrique et à l’industrie, soutenue par un financement initial d’un milliard d’euros, pour renforcer les capacités de fabrication du continent de vaccins, de médicaments et de technologies de la santé. 

En outre, il a attiré l’attention sur deux sommets majeurs de l’ONU qui se tiendront cette année, à Kunming et à Glasgow, lesquels doivent aboutir à une action décisive en matière de lutte contre les changements climatiques et la perte de biodiversité.  Il a qualifié ces sommets de « tests du système multilatéral » pour produire des résultats concrets, conformes à l’ampleur et à l’urgence du problème.  Rappelant que le Conseil de sécurité a un rôle important à jouer sur le climat, la santé et leurs liens avec la paix et la sécurité, M. Borell a souhaité qu’il adopte une résolution sur le lien entre changements climatiques et sécurité pour donner une impulsion au succès de ces deux sommets. 

Alors que nous voyons de nouveaux conflits éclater, comme au Tigré; que d’anciens ont repris au Myanmar, au Nagorno-Karabakh, en Israël-Palestine; et que des violences chroniques se poursuivent en RDC, au Yémen, et ailleurs, M. Borrell a réitéré l’utilité d’un Conseil de sécurité capable de prendre les décisions nécessaires et non d’un « Conseil paralysé par les veto et les querelles politiques internes ».  « Nous avons 17 opérations et missions, contribuant aux objectifs de l’ONU avec des mandats de l’ONU dont 13 opèrent aux côtés des Missions de l’ONU », s’est-il enorgueilli, avant de préciser que l’UE définit actuellement sa prochaine série de priorités conjointes UE-ONU sur les opérations de paix et la gestion des crises, afin de maximiser l’impact de cette coopération. 

Convaincus que la sécurité réelle dépend de la jouissance des droits et libertés des personnes, le représentant de l’UE a précisé que les sanctions imposées par l’UE aux pays ne respectant pas les droits fondamentaux des personnes ne sont jamais une fin en soi mais un outil pour pousser au respect des droits universels.  Il a assuré que les sanctions ciblées n’entravent pas l’acheminement de l’aide humanitaire.  M. Borell a aussi cité la contribution de l’UE en Israël-Palestine, en Libye et en Syrie.  Il a dit la volonté de l’UE d’appuyer le cessez-le-feu pour reprendre les négociations en vue d’une solution des deux États, avant de prévenir que « la sécurité n’est pas synonyme de paix ».  Alors que nous marquons le dixième anniversaire de la guerre en Syrie, il a jugé essentiel que le mécanisme transfrontalier reste ouvert et que les membres du Conseil de sécurité le renouvelle en juillet.  En ce qui concerne la Libye, il a cité un cessez-le-feu fragile qui doit être soutenu par un mécanisme de surveillance robuste, afin que les élections puissent se dérouler dans des conditions optimales en décembre. 

Jugeant que le Sahel et la Corne de l’Afrique sont deux régions clefs de la sécurité africaine, M. Borrell a cité une stratégie révisée de l’UE qui s’articule autour de la nécessité d’obtenir davantage de résultats et une plus grande responsabilité gouvernementale.  « Nous devons poursuivre notre engagement mais aussi prendre des mesures fermes contre ceux qui font obstacle à un processus de transition pacifique et inclusif », a-t-il insisté.  Il a aussi cité la contribution de l’UE sur le dossier iranien pour relancer le plan d’action conjoint sous tous ses aspects, dont la levée des sanctions.  Il a particulièrement condamné le recours par le régime de Biélorussie au scandaleux atterrissage forcé d’un avion civil circulant entre deux capitales de l’UE, pour arrêter un journaliste.  « Il s’agit d’une attaque majeure contre la sécurité aérienne et la réponse de l’UE a été ferme et fondée sur des principes », a-t-il dit avant de préciser que l’UE, qui a fermé son espace aérien aux avions des compagnies aériennes biélorusses, est en train d’adopter un nouveau train de sanctions.  Il a aussi cité un paquet de soutien économique de 3 milliards d’euros qui serait disponible pour une « Biélorussie démocratique ».   

En ce qui concerne l’Ukraine, M. Borrell a regretté que la situation dans le pays tende à être instrumentalisée à des fins politiques ici au Conseil de sécurité et que peu ait été fait six ans après les accords de Minsk.  C’est pourquoi il a appelé la Russie, qui est partie à ces accords, à prendre des initiatives. 

Évoquant la situation dans les Balkans occidentaux, M. Borrell a souligné à nouveau l’objectif d’intégrer tous les États de la région au sein de l’UE pour soutenir la réconciliation comme le meilleur antidote à la rhétorique nationaliste.  « Nous ne cherchons pas à encourager la compétition géostratégique mais à promouvoir un espace de bon voisinage stable préservé de tout conflit », a dit M. M. Borrell, avant de préciser que l’UE accueillerait la prochaine édition du dialogue Belgrade-Pristina dans les prochains jours. 

Dans ses remarques de clôture, M. Borrell a déclaré que le multilatéralisme est l’outil le plus efficace pour relever les défis mondiaux les plus graves et les plus complexes.  « Si nous sommes tous d’accord sur la nécessité de revitaliser et de réformer le système du multilatéralisme, nous ne sommes pas toujours d’accord sur la manière de la faire » a dit M. Borrell avant de préciser que le système multilatéral est défini par le droit, des normes et des accords internationaux.  M. Borrell a enfin appelé à ne pas politiser les questions humanitaires en Syrie, en Éthiopie, au Myanmar ou ailleurs, avant de rappeler que le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures « n’est pas un permis de mépriser les droits de l’homme ».

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a indiqué qu’une coopération efficace UE-ONU est de nature à contribuer au maintien de la paix, avant d’appeler l’UE à approfondir sa coopération avec l’Union africaine (UA).  Il a salué l’efficacité de la coopération trilatérale UA-UE-ONU pour répondre à certaines situations en Afrique, en citant notamment le déploiement par l’UE d’une dizaine de missions sur le continent, autorisées par le Conseil.  Rappelant le financement par l’UE de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), il a appelé l’ONU à faire en sorte que le soutien européen à la mission soit augmenté, y compris par le biais d’un financement pérenne et adéquat.  Le délégué a également exhorté l’UE à poursuivre son appui diplomatique, technique et financier aux efforts de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en vue notamment de la mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud. 

M. Kimani a proposé des pistes pour un renforcement de la coopération UE-UA, qu’il a vue comme un tremplin pour une coopération UE-UA-ONU plus large.  Il a ainsi plaidé pour un renforcement du dialogue entre le Conseil de paix et de sécurité de l’UA et le Comité politique et de sécurité de l’UE.  L’Afrique devrait avoir la possibilité d’offrir des solutions aux défis africains, avec l’appui de ses partenaires internationaux.  Enfin, le représentant du Kenya a exhorté l’UE à appuyer la riposte de l’Afrique à la pandémie de COVID-19, en particulier en ce qui concerne l’accès aux vaccins. 

M. JAMES PAUL ROSCOE (Royaume-Uni) a salué le soutien « significatif » apporté par l’UE au lancement de l’Accélérateur ACT et ses contributions financières au Mécanisme COVAX.  Il a indiqué que son pays accueillera, en fin de semaine, la réunion des dirigeants du G7 qui sera l’occasion de promouvoir les objectifs mondiaux en matière de santé et soutenir les plus pauvres du monde.   Il a espéré que la tenue de la COP26 à Glasgow sera l’occasion d´inverser «  enfin » la crise climatique et a demandé le soutien de l’UE pour parvenir à un résultat ambitieux et un avenir plus propre et plus vert pour tous. 

Le représentant a ensuite indiqué que le Royaume-Uni s’est joint à l’UE pour appeler la Russie de cesser son action déstabilisatrice en Ukraine.   Il s’est également inquiété des actions des autorités biélorusses, notamment l’atterrissage forcé du vol FR4978 et l’arrestation du journaliste Roman Protasevich.   En ce qui concerne les Balkans occidentaux, le Royaume-Uni soutient le dialogue facilité par l’UE pour normaliser les relations entre la Serbie et le Kosovo et continue d’encourager une collaboration rapprochée entre l’UE et l’OTAN pour faciliter les progrès vers l’intégration européenne et euro-atlantique. 

M. Roscoe a par ailleurs salué le rôle joué par l’UE pour revitaliser le Plan d’action global commun, ainsi que l’attention qu’elle continue d’accorder à l’Afrique.  Il a fait part de l’appui du Royaume-Uni aux efforts visant à parvenir à une résolution pacifique du conflit dans le Tigré et à un cessez-le-feu humanitaire urgent.   Il a également espéré que l’UE continuera d’apporter un appui financier essentiel pour appuyer la sécurité en Somalie. 

M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a relevé que les importantes contributions financières et humaines de l’UE restent « vitales » pour la promotion de la paix et de la sécurité internationales.  Il a salué la collaboration continue entre les missions de maintien de la paix de l’ONU et de l’UE pour renforcer la sécurité et faire progresser les solutions politiques dans les zones de conflit, notamment par la mise en œuvre du partenariat ONU-UE sur les opérations de paix et la gestion des crises pour la période 2019-2021.  Il a encouragé une coopération encore plus étroite entre les deux organisations à l’avenir, par exemple dans les domaines de la médiation, de l’instauration de la confiance et de la promotion du multilatéralisme. 

En Asie du Sud-Est, a poursuivi le délégué, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a joué un rôle constructif dans le renforcement de la solidarité et la construction d’une région de paix, de stabilité et de développement.  À cette fin, l’ASEAN entend entretenir une coopération étroite avec ses partenaires extérieurs, y compris l’UE, a-t-il indiqué, rappelant qu’en décembre dernier, les relations entre les deux organisations régionales ont été élevées au rang de partenariat stratégique.  Selon lui, la coopération entre l’ONU et les organisations régionales peut également bénéficier d’un partenariat renforcé et d’un partage d’expériences entre les organisations régionales elles-mêmes ou dans le cadre de « modalités plurilatérales innovantes ». 

Pour M. T. S. TIRUMURTI (Inde), l’UE est aujourd’hui un partenaire naturel de l’ONU autant pour relever les défis mondiaux en matière de paix et de sécurité que pour faire avancer les efforts de développement.  Cette coopération entre l’ONU et l’UE dépasse les frontières européennes, a noté le représentant, comme en témoigne le rôle clef joué par l’UE en tant que membre du Quatuor pour le Moyen-Orient et pour préserver le PAGC avec l’Iran, mais aussi en Afrique.  À cet égard, le représentant a évoqué les « efforts complémentaires » de l’UE pour résoudre les conflits et relever les défis de sécurité en Afrique, y compris le terrorisme, son soutien aux initiatives bilatérales et régionales, notamment au G5 Sahel et à la mission d’entraînement militaire en RCA et au Mali, et à l’opération IRINI.  L’UE devrait continuer à accroître les efforts nationaux pour relever les défis sécuritaires et maintenir un équilibre dans les priorités dans le contexte du relèvement et de la consolidation de la paix en Afrique, a estimé le représentant, en insistant quant au fait que le partenariat UE-UA devrait se concentrer sur la recherche de solutions africaines aux problèmes africains.  Pour l’Inde, il ne fait aucun doute que l’UE a un rôle important à jouer pour relever les défis mondiaux, et qu’elle devrait fermement soutenir les efforts de réforme en cours à l’ONU. 

Dans le contexte actuel de pandémie, les mécanismes multilatéraux doivent travailler avec les organisations régionales pour garantir des chaînes d’approvisionnement médicales résilientes, des vaccins et ingrédients et excipients pharmaceutiques actifs, a souligné l’Inde, en exhortant l’UE à devenir un acteur important dans cette direction et à contribuer à la reprise mondiale.  En termes de lutte antiterroriste, l’Inde a invité l’UE à prendre en considération le plan d’action en huit points proposé par le Ministre indien des affaires étrangères le 11 janvier, lors de son allocution devant le Conseil de sécurité. 

Le représentant a ensuite évoqué le partenariat stratégique Inde-UE, « guidé par les intérêts, principes et valeurs communs de démocratie, de pluralisme, de liberté et de respect de l’état de droit et des droits de l’homme.  L’Inde et l’UE ont un intérêt commun à assurer la sécurité, la prospérité et le développement durable dans un monde multipolaire ».  Le représentant a assuré que l’Inde et l’UE ont une perspective commune sur de nombreuses questions régionales et internationales, pour promouvoir un ordre international fondé sur des règles et sur un multilatéralisme réformé et efficace.  Le désir de l’Inde de travailler de manière constructive avec l’UE se reflète dans les dialogues nouvellement institués sur la sécurité maritime et les changements climatiques, a précisé la délégation, avant de saluer la nouvelle stratégie de l’UE pour la coopération dans l’Indo-Pacifique. 

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a estimé qu’en tant que premier bailleur de fonds pour le développement au monde et partenaire clef de l’ONU pour la gestion des crises, l’UE a démontré à quel point elle est complémentaire de l’ONU.  Elle a précisé que l’UE a renforcé sa capacité à prévenir les conflits, à préserver la paix et à renforcer la stabilité et la sécurité internationales, évoquant notamment la création de l’Instrument de voisinage, de coopération au développement et de coopération internationale et la mise en place de la facilité européenne pour la paix.  Elle a également relevé que certaines des missions de l’UE jouent un rôle central dans la réponse aux menaces à la paix, comme l’opération Atalante, qui lutte contre la piraterie au large des côtes somaliennes et la mission de formation au Mali qui complète la MINUSMA. 

Mme Nason a précisé que l’UE travaille en étroite collaboration avec de nombreux partenaires « autour de cette table » en tant que membre du Quatuor pour le Moyen-Orient; facilitateur du dialogue Belgrade-Pristina et coordonnateur du Plan d’action global commun.  « L’Irlande, en tant que facilitatrice de la résolution 2231, aidera ce Conseil à faire respecter cet accord clef », a-t-elle insisté avant d’exhorter le Conseil de sécurité à saisir toutes les opportunités de la coopération entre l’ONU et l’UE.

Après avoir salué la coopération trilatérale entre l’ONU, l’UA et l’UE, la représentante a exhorté à ce que l’agenda femmes, paix et sécurité demeure l’une des priorités des opérations de paix de l’UE et de l’ONU.  Elle a également appelé à renforcer la coopération afin d’améliorer la transition des missions.  La représentante a en outre évoqué la position de l’UE concernant les mesures d’allégement de la dette, l’accès équitable aux vaccins contre la COVID-19, le financement durable et un relèvement vert. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) s’est dit favorable à la coopération UE-ONU sur la base du Chapitre VIII de la Charte, en ajoutant que celle-ci doit viser au renforcement du multilatéralisme plutôt qu’à son érosion.  L’introduction de concepts douteux tels qu’un ordre mondial régi par des règles ou bien l’érection de son expérience particulière comme étalon-or des relations internationales ne sont pas de nature à renforcer le multilatéralisme et encouragent plutôt des ingérences décomplexées, a déclaré le délégué, en citant la situation au Bélarus.  Il a accusé les pays européens de préférer des approches destructives à la recherche du compromis, dénonçant notamment l’imposition par l’UE de sanctions, le Conseil se voyant contourné.  Ces sanctions, qui relèvent du néocolonialisme, entraînent une détérioration du niveau de vie des pays visés et poussent ces derniers à s’unir pour protéger leurs intérêts.  Même en temps de pandémie, l’UE n’a pas écouté l’appel du Secrétaire général en vue de la levée des sanctions, a déploré le délégué.  « Cette indifférence aux souffrances humaines ne fait pas honneur à l’UE. »

Le représentant a rappelé que les efforts de l’UE doivent respecter les mandats conférés par ce Conseil, en disant sa préoccupation devant l’opération IRINI de l’UE chargée de faire respecter l’embargo sur les armes en Libye.  Il a affirmé que ce pays et la région se relèvent encore de la destruction de l’État libyen il y a 10 ans, à laquelle des pays européens ont participé.  Il a aussi déploré l’absence de progrès dans le dialogue entre Pristina et Belgrade et exhorté l’UE à faire preuve d’impartialité dans ce dossier. 

Poursuivant, M. Polyanskiy a accusé les pays de l’UE d’essayer d’imposer leurs concepts dans les domaines du genre, des droits humains ou bien encore du climat en prétendant que ceux-ci sont universels.  Nous préférons vous mettre en garde, nous allons renforcer notre lutte contre la volonté de l’UE de remplacer le droit international par un soi-disant ordre mondial régi par des règles, a déclaré le délégué russe.  Jugeant que l’hégémonie et la domination n’ont plus leur place dans le monde actuel, il a dénoncé les approches non constructives adoptées vis-à-vis de la Russie, en mentionnant la situation en Ukraine.  Il s’est ainsi inquiété de la montée dans ce pays « de la russophobie, de l’antisémitisme et du néonazisme ».  La Russie a toujours été prête à nouer une coopération équilibrée avec l’UE, a conclu le représentant. 

M. TAREK LADEB (Tunisie) a salué les efforts déployés par l’UE dans la lutte contre la pandémie de COVID-19, notamment à travers le Mécanisme COVAX et le lancement de l’accélérateur ACT.  En Afrique, le représentant a noté la contribution financière consentie par l’UE, notamment en République centrafricaine et au Mali.  Il s’est aussi félicité du rôle joué par l’opération EUNAVFOR MED IRINI pour faire respecter l’embargo sur les armes en Libye.  La Tunisie a ensuite souligné l’importance des efforts déployés par l’UE au Moyen-Orient pour la reprise de la solution des deux États ainsi que son soutien au Plan d’action global commun.  Puis, le délégué a mis l’accent sur le rôle de l’organisation régionale pour accompagner les efforts de développement, de protection des droits humains, des femmes et des enfants victimes des conflits et des abus sexuels.  Après avoir appuyé le soutien apporté par l’UE dans la promotion de la participation des femmes à la résolution des conflits, le représentant tunisien a jugé essentiel de resserrer la coopération pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur le climat.  M. Ladeb a terminé en insistant sur l’investissement commun dans la jeunesse qui permettra de forger une paix et un avenir pérennes en Afrique.  

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a noté que le partenariat entre son pays et l’Union européenne (UE) repose sur une vision commune qui comprend un engagement envers la démocratie et l’état de droit, le respect des droits de l’homme, la promotion des opportunités économiques et la poursuite de la prospérité et de la sécurité transatlantiques.  L’UE reste un « partenaire indispensable » des États-Unis dans ses efforts en faveur de la sécurité et de la prospérité mondiales, a souligné le représentant, assurant que « la sécurité et le succès de l’Europe sont inextricablement liés aux nôtres ».  À cet égard, il a indiqué que le Président Biden rencontrera les Présidents Michel et Von der Leyen le 15 juin pour discuter d’un programme commun visant à assurer la sécurité sanitaire mondiale, construire une reprise économique durable, lutter contre les changements climatiques, améliorer le commerce et la coopération numériques, lutter contre les comportements malveillants et relever les défis mondiaux. 

Ensemble, a-t-il rappelé, les États-Unis et l’UE se sont engagés à financer les efforts de distribution du vaccin contre la COVID-19 et la réponse sanitaire et humanitaire.  Nous travaillons à reconstruire nos communautés et nos économies, à renforcer nos réseaux commerciaux et à revenir encore plus forts, a-t-il affirmé, avant de saluer les contributions de l’UE à travers le monde, y compris sa coopération avec l’ONU.  En Afrique, a relevé le représentant, l’UE a joué un rôle clef dans la lutte contre le terrorisme, la prévention des conflits, l’aide à la sécurité et la consolidation de la paix.  Les États-Unis, a-t-il ajouté, sont reconnaissants du soutien important que l’UE apporte à la Mission de l’Union africaine en Somalie, à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) et à la Force conjointe du G5 Sahel.  M. Hunter a également estimé que l’opération IRINI de l’UE et son assistance dans la mise en œuvre de l’embargo sur les armes contribuent à la paix et à la sécurité en Libye. 

Le représentant a par ailleurs partagé la préoccupation de l’UE concernant les violations des droits de l’homme et les atrocités au Tigré, notamment le manque d’accès des acteurs humanitaires aux populations au bord de la famine.  Il a ajouté que Washington continuera à travailler en étroite collaboration avec l’UE pour faire face aux crises dans le monde entier, notamment en Birmanie, en Syrie et au Venezuela.  « Ce Conseil peut et doit également faire mieux pour répondre », a-t-il observé.  Disant son appréciation du rôle essentiel que joue l’UE pour tenir la Russie « responsable de ses violations du droit international », il a jugé que les actions de Moscou en Ukraine restent une menace pour la sécurité européenne.  Il a assuré que le soutien des États-Unis et de l’UE à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et de la Géorgie est « indéfectible ».  Nous continuerons de nous tenir aux côtés de nos alliés et partenaires pour appeler la Russie à cesser immédiatement ses efforts militaires, économiques, diplomatiques et de désinformation « en constante évolution » pour déstabiliser l’Ukraine et la Géorgie, a-t-il martelé. 

De même, M. Hunter a remercié l’UE pour son « action décisive » concernant le détournement d’un vol entre deux États membres de l’UE et l’arrestation qui a suivi du journaliste Raman Pratasevich à Minsk.  Nous redoublerons d’efforts, notamment en coordonnant nos politiques de sanctions, pour garantir que les autorités du Bélarus soient tenues pour responsables de leurs actes, a-t-il indiqué, s’engageant à assurer une coordination étroite avec l’UE pour promouvoir la transparence et la responsabilité s’agissant de la « situation désastreuse » des droits de l’homme dans ce pays.  Enfin, il a réaffirmé « sans équivoque » le rôle de l’UE en tant que partenaire essentiel de l’ONU, et en particulier du Conseil de sécurité, dans le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde. 

Il ne fait pas de doute pour Mme DIANI JIMESHA ARIANNE PRINCE (Saint-Vincent-et-les Grenadines), la coopération entre les Nations Unies et l’Union européenne (UE) renforce les deux organisations et permet une approche plus coordonnée des problèmes clefs affectant l’Europe, ses voisins et la communauté mondiale.  Les organisations régionales et sous-régionaux ont un rôle essentiel à jouer alors que les problèmes contemporains de paix et de sécurité se mondialisent.  Ce n’est que grâce à une approche multipartite qu’il sera possible de relever les défis de longue date tels que le climat et la sécurité, la prolifération du terrorisme et la pandémie actuelle de COVID-19, a estimé la représentante.  Elle a salué la contribution de l’UE au mécanisme COVAX alors que la communauté internationale s’efforce d’assurer une distribution équitable des vaccins.  L’ONU et l’UE continuent de travailler en étroite collaboration sur plusieurs questions inscrites à l’ordre du jour du Conseil, a encore relevé la représentante, notamment à travers l’accord-cadre pour la fourniture d’un soutien mutuel dans le cadre de leurs missions et opérations respectives sur le terrain, « un cadre qui souligne l’intérêt de renforcer la complémentarité entre les deux organisations ». 

En tant que membre de la CARICOM, Saint-Vincent-et-les Grenadines ont reconnu le rôle vital des organisations régionales et sous-régionales dans la promotion de l’intégration économique et du développement social.  Des organisations telles que l’Union européenne, la CARICOM, l’Union africaine et l’ASEAN utilisent des partenariats clefs avec les gouvernements nationaux et d’autres acteurs locaux pour mieux relever les défis de la paix et de la sécurité, a remarqué Mme Prince.  Elle a également souligné la présence significative au Conseil de sécurité de l’UE, par l’intermédiaire de ses États membres.  Saluant la coopération de l’UE sur les questions affectant les conflits en Afrique, où le Conseil recherche des solutions africaines aux problèmes africains, Saint-Vincent-et-les Grenadines ont appelé à « écouter l’Afrique lorsqu’elle parle ».  À l’avenir, la délégation a espéré des progrès concrets avec ses partenaires de l’UE sur des questions telles que les mesures coercitives unilatérales qui font souvent beaucoup plus de mal que de bien, ainsi que l’annulation des pratiques injustes de mise sur liste noire financière qui nuisent aux économies en développement. 

M. ABDOU ABARRY (Niger) a dit que le partenariat entre l’ONU et l’Union européenne se manifeste en Afrique dans le domaine de la résolution des conflits, ainsi que par le soutien politique, technique, financier aux pays en situation fragile.  Il a cité les missions d’appui en conseil stratégique, de formation et d’équipement des forces de défense et de sécurité dispensées à travers la Mission de l’Union européenne au Niger et au Mali.  « En Libye, l’Union européenne travaille en étroite collaboration avec l’ONU, la Ligue arabe et l’Union africaine pour aider les acteurs libyens à réaliser de réels progrès sur la voie de la réconciliation par le dialogue national et les élections », s’est-il félicité avant de souhaiter que la nouvelle opération navale européenne IRINI puisse contribuer, encore davantage, à la lutte contre les violations de l’embargo sur les armes à destination de la Libye et à la lutte contre le trafic de migrants en mer Méditerranée. 

En outre, le représentant du Niger a estimé que la lutte contre les changements climatiques est une sphère où l’ONU et l’UE, grâce à des projets pilotes, mettent au point des outils de lutte contre les risques liés à la fragilité du climat.  L’Union collabore aussi avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) dans la gestion des déplacements climatiques. 

Par ailleurs, s’agissant de la riposte mondiale contre la pandémie de la COVID-19, il a noté que l’UE et ses États membres ont permis de mobiliser 38,5 milliards d’euros pour faire face aux conséquences humanitaires, sanitaires, sociales et économiques de la crise sanitaire.  Il a estimé que l’ONU et l’UE mutualisent leurs efforts pour renforcer la coopération en faveur du développement, de la protection et la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  Après avoir salué l’appui de l’UE à la mise en œuvre de l’appel à l’action du Secrétaire général de l’ONU visant à faire progresser les droits de l’homme de tous, le Niger a cité en exemple le Cadre de conformité aux droits de l’homme signé avec les pays du G5 Sahel. 

M. SHUANG GENG (Chine) a encouragé la coopération entre l’ONU et l’UE dans le respect du multilatéralisme et sur la base du Chapitre VIII de la Charte.  Il a encouragé l’UE à prôner, dans les affaires internationales, un traitement sur un pied d’égalité, à s’abstenir de toute politique de deux poids, deux mesures et à éviter la confrontation.  Réagissant aux propos de M. Borrell et du délégué britannique qui ont cité la situation à Hong Kong dans leur intervention, il a rappelé qu’Hong Kong est une région administrative spéciale de la Chine et que toute question s’y rapportant relève de ses affaires intérieures.  Le délégué a exhorté l’UE à prôner la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et à jouer un rôle plus constructif dans les relations internationales.  Il a ensuite salué les efforts de l’Union européenne s’agissant du Plan d’action global commun et de la résolution de la question du programme nucléaire iranien.  Il a aussi rappelé l’assistance de longue date apportée par l’UE dans les territoires occupés palestiniens.  Enfin, le délégué a exhorté l’UE à respecter la souveraineté des pays, à prendre en compte leur réalité spécifique et à en faire davantage pour le relèvement des pays émergeants d’un conflit. 

Mme TRINE SKARBOEVIK HEIMERBACK (Norvège) a souligné l’alignement de la politique étrangère norvégienne sur celle de l’Europe.  La représentante a salué le rôle que l’UE assure en Afrique comme en Libye à travers l’opération IRINI, en Somalie sur la protection des navires du Programme alimentaire mondial.  L’UE a également apporté un soutien financier et technique important aux initiatives de sécurité menées par l’Afrique, a noté Mme Heimerback, en faisant observer que l’organisation assumait une grande partie du soutien financier à la Force conjointe du G5 Sahel.  

La Norvège et l’UE partagent une vision commune d’une Europe libre et démocratique, a assuré la représentante, qui s’est dite profondément préoccupée face au rétrécissement de l’espace démocratique et à la détérioration de la situation des droits humains au Bélarus.  La sécurité européenne et le droit international sont également minés par le conflit en Ukraine, a-t-elle estimé. Elle a souligné l’importance pour l’UE et l’ONU d’unir leurs forces pour répondre aux défis mondiaux comme la COVID-19, avant de saluer le rôle de premier plan joué par l’UE dans la lutte contre les changements climatiques, le plan d’action de l’UE sur les femmes, la paix et la sécurité, l’accent mis sur l’égalité entre les sexes, les droits de la personne, et la paix et la sécurité, à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières de l’Europe. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a vanté la valeur ajoutée de l’Union européenne pour apporter des solutions concrètes et efficaces aux menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Illustrant son propos, il a mis l’accent sur quatre aspects en citant la contribution de l’Union européenne à la lutte contre la pandémie de COVID-19, celle aux opérations de maintien de la paix, son rôle de médiation dans les crises européennes, en Biélorussie, Ukraine et dans les Balkans et enfin la promotion des droits de l’homme. 

S’agissant de la pandémie de COVID-19, le représentant de la France a rappelé que l’UE a été à l’initiative du lancement de l’Accélérateur ACT en avril 2020 avec l’OMS.  « À l’OMS, l’Union a été à l’initiative de deux résolutions en lien avec la COVID-19 et les urgences sanitaires, adoptées par consensus en mai 2020 et mai 2021 et qui ouvrent la voie à un renforcement de l’OMS et de l’architecture multilatérale de santé », a ajouté M. de Rivière.  Il a rappelé que la facilité COVAX, financée à hauteur de plus de 2,4 milliards d’euros par l’UE et ses États membres, a déjà permis de distribuer près de 20 millions de doses de vaccin contre la COVID-19 à 43 États africains, notamment grâce à la mobilisation de la France.  « L’UE, très engagée sur les questions de renforcement de production des produits de santé COVID-19 au niveau mondial, a prévu de partager au moins 100 millions de doses de vaccin cette année et la France est le premier pays à avoir mis en œuvre, dès avril, des dons de doses à COVAX », a-t-il insisté. 

Par ailleurs, il a noté que les États membres de l’UE déploient collectivement plus de 5 000 personnels dans les opérations de maintien de la paix.  Il a mis l’accent sur le Sahel, où l’UE apporte un soutien précieux à la Force conjointe du G5 Sahel, notamment en termes d’équipement et par le financement du mécanisme d’appui via la MINUSMA.  « En Syrie, l’UE et ses États membres sont les premiers contributeurs à l’aide humanitaire avec plus de 24 milliards d’euros engagés depuis 2011 », a-t-il indiqué, en précisant que l’UE pourra contribuer au financement de la reconstruction uniquement lorsqu’une solution politique crédible fondée sur la base de la résolution 2254 du Conseil de sécurité sera fermement enclenchée. 

« Sur le dossier nucléaire iranien », M. de Rivière a précisé que le coordonnateur européen et les autres participants au PAGC sont engagés depuis plus de deux mois dans des discussions à Vienne afin de permettre le retour des États-Unis et de l’Iran dans le pleine respect de l’accord nucléaire iranien.  « Au Proche-Orient, l’UE s’est mobilisée pour permettre une cessation des hostilités lors de la dernière escalade de violences à Gaza », a-t-il dit avant de souligner la nécessité de créer les conditions pour faciliter la reprise du processus politique et en mettant en œuvre la solution des deux États.  En Libye, il a expliqué que l’Union est pleinement engagée pour mettre fin à la crise et mettre en œuvre la résolution 2570 (2021) et 2578 (2021) et qu’elle y déploie l’opération EUNAVFOR MED IRINI, qui a pour priorité la mise en œuvre de l’embargo des Nations Unies sur les armes à destination de la Libye à l’aide de moyens aériens, satellitaires et navals.  Il a aussi rappelé que l’Union européenne est le premier bailleur pour soutenir la stabilité et préserver les avancées en Afghanistan. 

Pour ce qui est du rôle de médiation de l’UE sur le continent européen, le représentant de la France a rappelé que le détournement d’un vol Athènes-Vilnius le 23 mai par les autorités biélorusses a constitué un rappel flagrant que les violations répétées des droits de l’homme ont aussi des conséquences directes pour la sécurité en Europe.  Il a aussi dit que l’Union européenne s’est mobilisée pour répondre au regain de tension à la frontière de l’Ukraine et en Crimée en mars-avril derniers et joué un rôle clef de médiation et de stabilisation dans les Balkans occidentaux, notamment dans le dialogue entre la Serbie et le Kosovo. 

Mme ALICIA GUADALUPE BUENROSTRO MASSIEU (Mexique) a estimé que la situation complexe actuelle ouvre de « grandes possibilités » pour générer des schémas de coopération collective.  Saluant le partenariat stratégique entre l’Union européenne (UE) et l’ONU, elle s’est félicitée de l’accord conclu en septembre dernier entre les deux organisations, qui vise à promouvoir la coopération et à renforcer les réponses coordonnées dans les opérations de paix.  À cet égard, la représentante a souligné le travail efficace et coordonné de l’UE avec l’ONU dans ses 18 missions civiles et opérations militaires en Europe, en Afrique et en Asie est essentiel.  À titre d’exemples, elle a cité « l’excellente coopération » des opérations EUFOR/Althea, EULEX, EU NAVFOR Atalante et IRINI. 

Déplorant ensuite l’enracinement des conflits, elle a noté le rôle crucial que joue l’UE dans le traitement des situations, notamment dans la stabilisation du Sahel où elle a déployé une mission de formation technique au Mali.  L’UE apporte ainsi une assistance aux forces armées maliennes en matière de respect des droits de l’homme et de protection des civils, tout en participant à l’Alliance pour le Sahel, qui aborde les questions de développement et de gouvernance. S’agissant par ailleurs du Moyen-Orient, la représentante a salué le travail de l’UE dans le cadre du Quatuor pour la paix, non sans espérer sa « prompte réactivation » en vue de parvenir à la solution des deux États, Israël et Palestine. 

Mme Buenrostro Massieu a également dit suivre de près les efforts de l’UE dans la gestion des conflits en Europe, en particulier en Ukraine, en Bosnie-Herzégovine et dans les régions du Kosovo et du Haut-Karabakh.  Elle a souhaité que les efforts soient redoublés pour promouvoir la coopération entre l’UE et d’autres mécanismes régionaux et sous-régionaux, en particulier l’Union africaine, la Ligue des États arabes et l’ASEAN.  « Ce n’est que grâce à un réseau interconnecté et efficace que nous verrons des résultats en faveur d’une paix durable et d’un multilatéralisme efficace », a-t-elle conclu. 

M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a d’emblée souligné que l’Union européenne (UE) et les Nations Unies partagent les mêmes valeurs et intérêts, en affirmant que l’UE est attachée au multilatéralisme avec l’ONU en son cœur.  En tant que Président pour le mois de juin du Conseil de sécurité et représentant d’un État membre de l’UE, il s’est dit fier de pouvoir dire qu’une UE forte équivaut à une ONU plus forte, et vice-versa.  Soulignant que les deux organisations mettent l’accent et défendent le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, l’Estonie a appelé à ne pas rester silencieux lorsque ceux-ci sont bafoués.  Elle a condamné les tentatives « flagrantes » des autorités biélorusses de museler toutes les voix de l’opposition, citant le détournement récent d’un avion de ligne, et exigeant la remise en liberté immédiate de tous les prisonniers politiques. 

En tant que fervents défenseurs d’un ordre international fondé sur des règles et du droit international, l’UE et ses États membres, dont l’Estonie, ont condamné l’agression de la Russie contre l’Ukraine dans le Donbass, l’annexion illégale de la Crimée et l’occupation des territoires en Géorgie, a rappelé M. Jürgenson.  Il a ensuite mis en exergue le rôle assumé par l’ONU dans la promotion d’un comportement responsable des États dans le cyberespace.  De leur côté, l’UE et ses États membres s’engagent à promouvoir un cyberespace mondial, libre, ouvert, stable et sûr, fondé sur le droit international existant, a rappelé l’Estonie. 

Rappelant que l’UE avait activement contribué à la paix et à la sécurité au-delà de la région et sur tous les continents, M. Jürgenson a notamment salué les efforts de l’opération IRINI de l’UE pour soutenir la mise en œuvre de l’embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité à la Libye.  Concernant le conflit israélo-palestinien, il a soutenu que l’UE et l’ONU ont un rôle central à jouer pour créer les conditions d’une reprise des négociations directes entre les parties, notamment à travers le Quatuor du Moyen-Orient, ajoutant que la poursuite des efforts d’aide humanitaire dans le territoire palestinien occupé est également vitale.  En ce qui concerne le Yémen, l’Estonie s’est dite d’avis qu’il faut poursuivre les efforts concertés de l’UE et de l’ONU en faveur du cessez-le-feu et des pourparlers politiques, et soutenir le développement, la réponse aux crises et l’aide humanitaire dans le pays.  Dans la région du Sahel, l’UE, y compris l’Estonie, offre un soutien important aux efforts antiterroristes de la Force conjointe du G5 Sahel, a rappelé M. Jürgenson. 

Saluant le fait que la coopération entre l’ONU et l’UE se soit renforcée dans les opérations sur le terrain, le représentant a remarqué qu’elle s’était également renforcée aux niveaux politique et stratégique en citant le cas de l’Afghanistan et des efforts communs visant à y promouvoir l’état de droit.  Partageant le point de vue de M. Borell de l’UE, pour lequel les sanctions ne sont jamais une fin en soi mais un outil pour pousser au respect des droits universels, l’Estonie a tenu à souligner que les sanctions de l’UE et de l’ONU sont ciblées et n’entravent en aucune façon la lutte contre la pandémie ou l’acheminement de l’aide humanitaire. 

Reprenant la parole, la Fédération de Russie, par la voix de Mme ANNA M. EVSTIGNEEVA, a dénoncé le ton « guerrier » et « agressif » de son homologue des États-Unis.  C’est peut-être parce que ce pays se préoccupe peu de ce qui se passe en Europe, a-t-elle dit, en soulignant la dangerosité de ce type de discours.  Elle a invité les pays de l’UE à cesser de suivre leur partenaire transatlantique et à s’abstenir de toute ingérence dans les affaires de pays voisins, en faisant référence à la situation en Ukraine.  Cela n’est malheureusement pas la voie dans laquelle l’UE s’est engagée, a regretté la déléguée. 

À son tour, le Haut-Représentant de l’Union européenne a déclaré qu'il sortait de la réunion plus encouragé que lorsqu’elle avait commencé.  Il a assuré que l’UE est disposée à travailler d’arrache-pied avec les membres du Conseil pour contribuer à la sécurité et à la prospérité mondiales, ajoutant qu'il était reconnaissant que tant d’orateurs aient reconnu les contributions du bloc à un monde plus sûr et plus juste.  « Nous vivons à un moment dangereux de l’histoire du monde » et pour survivre et prospérer, les États doivent reconnaître leurs intérêts et objectifs communs, a-t-il estimé. 

Passant aux questions spécifiques soulevées par les intervenants, il a affirmé que les sanctions imposées par l’UE sont conformes au droit international, et sont des outils essentiels pour lutter contre les violations du droit international, la prolifération des armes dans les zones de conflit ainsi que pour cibler ceux qui cherchent à saper les processus de paix.  Le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un pays n’autorise pas à ignorer les préoccupations relatives aux droits humains, a-t-il souligné.  Et les sanctions imposées par l’UE, qui sont proportionnelles et réversibles, visent à limiter autant que possible l’impact humanitaire ou les conséquences imprévues sur les civils. 

Concernant la Libye, M. Borrell a espéré que la prochaine réunion de Berlin insufflera un nouvel élan à un règlement politique.  Espérons que ceux qui entretiennent des doutes feront preuve d’un zèle égal dans la mise en œuvre effective de l’embargo sur les armes, a-t-il indiqué.  Il s’est accordé avec le point de vue exprimé par la Chine au sujet de l’importance du multilatéralisme.  Il a relevé que la formule « un pays, deux systèmes » qui est appliqué à Hong Kong découle d’un accord international et a indiqué que l’UE est très préoccupée par les récents changements dans la Région administrative spéciale. 

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