Conseil de sécurité : en septembre, la présidence irlandaise suivra l’évolution de la situation afghane tout en se penchant sur le maintien de la paix, le climat et la non-prolifération des armes de destruction massive
Outre la situation en Afghanistan, sujet de toutes les attentions depuis le retrait des troupes américaines, le maintien de la paix, les effets des changements climatiques sur la sécurité et la non-prolifération des armes de destruction massive seront les thèmes clefs du programme de travail du Conseil de sécurité en septembre, a indiqué la Représentante permanente de l’Irlande et Présidente du Conseil pour ce mois, Mme Geraldine Byrne Nason, lors d’une conférence de presse au Siège des Nations Unies à New York.
« Nous surveillerons l’horizon et espérons être un président indépendant et constructif, en qui les gens peuvent avoir confiance », a souligné Mme Byrne Nason, en qualifiant de « mémorable pour l’Irlande » cette première journée aux commandes du Conseil.
S’agissant de l’Afghanistan, désormais sous le contrôle des Taliban, l’ambassadrice a souhaité que soient abordées les questions relatives aux droits de l’homme dans ce pays, « et en particulier les droits des femmes et des filles ». Elle a assuré que, sous la présidence de l’Irlande, le Conseil prendra la mesure de ce que prévoient les Taliban à l’aune de cette priorité. « Nous les tiendrons absolument responsables de cela », a-t-elle martelé, y voyant une « ligne rouge » à ne pas franchir.
Mme Byrne Nason a précisé que le Conseil se réunira le 9 septembre pour le débat trimestriel sur la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et le 17 pour le renouvellement du mandat de la MANUA. À ce sujet, la Représentante permanente a laissé entendre que cette reconduction tiendra compte des capacités de la Mission, du détail de son mandat et des perspectives de collaboration avec le nouveau pouvoir, qui n’a toujours pas constitué un gouvernement. « Nous devons savoir à quel régime nous avons affaire », a-t-elle relevé.
De même, elle a jugé prématuré d’évoquer à ce stade des sanctions particulières, ces dernières n’étant pas, selon elle, « une fin en soi ». « Compte tenu des pressions exercées sur la société afghane, il faut être très prudent et trouver les meilleurs instruments », a commenté l’ambassadrice. Elle a d’autre part estimé que, lors de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale, le pays devrait être représenté par son ambassadeur accrédité, lequel n’a pas été contesté à cette heure.
Mme Byrne Nason a par ailleurs fait état de quatre événements phares programmés pour ce mois, le premier prenant la forme, le 7 septembre, d’une séance d’information du Conseil des sages sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Les membres du Conseil de sécurité entendront à cette occasion les interventions de Mme Mary Robinson, ancienne Présidente de l’Irlande et Présidente du Conseil des sages, et de M. Lakhdar Brahimi, ancien Envoyé spécial des Nations Unies et sage émérite.
Dès le lendemain, a ajouté la Représentante permanente, se tiendra un débat public au niveau ministériel sur les transitions liées au maintien de la paix. Si le protocole lié à la pandémie de COVID-19 le permet, la séance devrait être présidée par le Ministre irlandais des affaires étrangères et de la défense, M. Simon Coveney, avec comme intervenants attendus le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, l’ancienne Présidente du Libéria, Mme Ellen Johnson Sirleaf, et un représentant de la société civile. Mme Byrne Nason a indiqué que son pays entend appuyer l’élaboration d’une résolution dans le prolongement de cette réunion.
L’Irlande prévoit d’autre part de convoquer, le 23 septembre, un débat ouvert sur le thème « maintien de la paix et de la sécurité internationales: climat et sécurité », présidé cette fois par le Chef du Gouvernement irlandais, M. Micheál Martin. Cet autre événement emblématique, qui vise avant tout à « faire passer un message politique », devrait être marqué par des exposés du Secrétaire général et d’un représentant de la société civile.
Quatrième moment fort de ce mois, une réunion d’information sur la non-prolifération des armes de destruction massive sera organisée le 27 septembre à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). En marge de cette actualité, Mme Byrne Nason a appelé de ses vœux la reprise des discussions de Vienne pour remettre l’accord sur le nucléaire iranien « sur des rails ». À ses yeux, les semaines à venir seront « cruciales » car il s’agit non seulement d’une question de non-prolifération mais aussi de sécurité régionale.
Les 15 tiendront par ailleurs leurs réunions mensuelles sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie ainsi que sur la situation humanitaire et politique de ce pays, respectivement les 2, 15 et 28 septembre. Les autres questions relatives au Moyen-Orient au programme de travail de ce mois porteront sur le Yémen, le 10, l’Iraq et le renouvellement du mandat de l’équipe d’enquête chargée de promouvoir la responsabilité pour les crimes commis par Daech (UNITAD), le 17, et la question palestinienne, le 29.
L’Afrique ne sera pas oubliée puisque le Conseil tiendra des réunions sur la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) et le Comité des sanctions 1970, les 10 et 14 septembre, avant d’examiner, ce même jour, le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du mandat de la Mission intégrée d’assistance à la transition des Nations Unies au Soudan (MINUATS) et le compte rendu du Président du Comité des sanctions 1591. Une réunion sur le rapport du Secrétaire général relatif à la mise en œuvre du mandat de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) est également au programme du Conseil, le 15.
Enfin, le Conseil continuera de suivre de près les développements au Myanmar, en Haïti et dans la région éthiopienne du Tigré. Sur ce dernier point, Mme Byrne Nason a assuré que le Conseil resterait en éveil, alors que la situation humanitaire se détériore, que les violences se poursuivent et qu’une famine menace. Elle a aussi mis en garde contre le risque d’une propagation du conflit dans la région.