Conseil de sécurité: Afrique, Moyen-Orient et sécurité alimentaire, points dominants de la présidence américaine pour le mois de mars
Quatre jours seulement après la présentation de ses lettres de créance au Secrétaire général, la Représentante permanente des États-Unis auprès des Nations Unies, Mme Linda Thomas-Greenfield, préside le Conseil de sécurité pour le mois de mars. À cette occasion, a-t-elle indiqué aujourd’hui, lors d’une conférence de presse au Siège de l’ONU, la présidence américaine se concentrera sur l’Afrique et le Moyen-Orient, entre autres dossiers prioritaires, avec en point d’orgue un débat public sur les conflits et la sécurité alimentaire.
Véritable événement phare de la présidence des États-Unis, ce débat de haut niveau aura lieu, virtuellement, le 11 mars au matin, a précisé la représentante. Il s’appuiera tout particulièrement sur la « situation humanitaire intenable » au Yémen, dont une partie de la population risque de basculer dans la famine, mais également dans la région éthiopienne du Tigré, où l’aide d’urgence peine à accéder.
Au cours de ce mois, l’Afrique sera l’objet de toutes les attentions du Conseil. Mme Thomas-Greenfield a ainsi annoncé qu’une séance publique serait consacrée le 3 mars à la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), suivie le 12 mars d’une réunion destinée à en renouveler le mandat. Une séance d’information sur la Mission intégrée d’assistance à la transition des Nations Unies au Soudan (MINUATS) est d’autre part programmée le 9 mars, le Président du Comité des sanctions contre le Soudan (Comité 1591) prévoyant de rendre compte des travaux de son instance le 25 mars.
S’agissant de la République démocratique du Congo (RDC), le Conseil examinera le 30 mars le dernier rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’ONU pour la stabilisation dans ce pays (MONUSCO), a précisé Mme Thomas-Greenfield, non sans renouveler son message de condoléances à l’Italie après la « mort tragique » de son ambassadeur, Luca Attanasio, tué dans l’attaque d’un convoi du Programme alimentaire mondial (PAM), le 22 février en RDC.
Il sera également question de la Libye, avec une séance publique sur la Mission d’appui des Nations Unies (MANUL) fixée au 24 mars, au cours de laquelle sera également examinée la question des sanctions, a poursuivi la diplomate, avant de préciser le programme du Conseil pour le Moyen-Orient: réunion mensuelle sur le Yémen, le 16 mars; débat mensuel sur la question de Palestine, le 25 mars, centré sur la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016); et plusieurs séances d’information sur les volets politique et humanitaire en Syrie, respectivement les 15 et 29 mars. Alors que ce pays entre dans la onzième année d’un « conflit insupportable » et que la situation ne fait qu’empirer, « il est temps de faire montre d’unité et de s’entendre sur de vraies solutions », a plaidé Mme Thomas-Greenfield.
La présidence américaine, qui prévoit d’entendre la Présidente en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), Mme Ann Linde, le 10 mars, tiendra par ailleurs, le 23 mars, un débat trimestriel sur l’Afghanistan et la Mission d’assistance des Nations Unies dans ce pays (MANUA), tout en suivant de près les développements en Éthiopie, en Haïti et au Myanmar. Au sujet de ce dernier pays, où la répression s’intensifie à la suite du coup d’État militaire du 1er février, Mme Thomas-Greenfield a salué le « courage » de son homologue du Myanmar, qui a publiquement rompu avec la junte lors d’une réunion de l’Assemblée générale, et a appelé le Conseil de sécurité à « travailler ensemble » pour contribuer au rétablissement de la démocratie. « Il est clair que nous ne pouvons rester inertes alors que les droits de l’homme sont bafoués », a-t-elle ajouté.
Interrogée par des journalistes sur les négociations voulues par son administration pour relancer le Plan d’action global commun (PAGC) sur le nucléaire iranien, elle s’est déclarée déçue par la décision de Téhéran de se retirer du protocole additionnel du Traité sur la non-prolifération mais a assuré que les États-Unis et leurs partenaires feraient tout pour amener les Iraniens à se conformer à leurs obligations.
Mme Thomas-Grenfield a également fait état d’un projet de réunion en formule Arria visant à mobiliser la communauté internationale sur les questions d’égalité de genre et de responsabilisation face aux cas d’exploitation sexuelle, singulièrement en cette période de pandémie. Il s’agit aussi, selon elle, d’insister sur l’importance d’une participation pleine et entière des femmes dans la vie publique.
Plus largement, après avoir évoqué le « marathon » des derniers jours, qui l’a vu présenter ses lettres de créance au Secrétaire général jeudi dernier puis rencontrer tous les autres membres du Conseil de sécurité, la nouvelle Représentante permanente des États-Unis s’est déclarée « prête à travailler », sur la base des principes édictés par le Président Biden, lequel entend « restaurer les alliances et relancer les partenariats » de son pays, tout en plaçant les intérêts américains « au centre » de son action.
À propos du retour des États-Unis au sein de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), elle a précisé qu’il s’accompagnait d’un engagement de financement, mais aussi d’une exigence de réforme afin de rendre cette organisation « plus dynamique ». Elle a ensuite fait état de contributions de 4 milliards de dollars au Mécanisme COVAX pour lutter contre la COVID-19 dans le monde et s’est déclarée fière de la décision de son pays de réintégrer l’Accord de Paris sur le climat, jugeant que « la seule façon de contrecarrer la crise climatique est d’unir nos forces ».
« L’Amérique est de retour à la table », a souligné Mme Thomas-Greenfield. À ses yeux, ce réengagement américain en faveur du multilatéralisme va aussi dans le sens des intérêts des amis et alliés des États-Unis, et d’autres encore, « parce que la diplomatie n’est pas un jeu à somme nulle ».