En Libye, on entend maintenant davantage le langage de la paix que le langage de la guerre, explique la Chef de la MANUL au Conseil de sécurité
Les membres du Conseil de sécurité ont pu, ce matin, se féliciter de la présentation faite par la Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général pour la Libye et Chef de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), Mme Stéphanie Williams, qui leur a rendu compte des derniers développements, positifs, de la situation dans le pays, marquée par la signature le 23 octobre d’un cessez-le-feu national et la tenue, du 9 au 15 novembre, du Forum de dialogue organisé à Tunis, qui a permis de fixer au 24 décembre 2021 la date d’élections présidentielle et parlementaires.
La trêve d’octobre continue de tenir, a expliqué Mme Williams, qui a rappelé qu’elle prévoyait notamment le retrait de toutes les unités militaires et des groupes armés des lignes de front et le départ de tous les mercenaires et combattants étrangers de l’ensemble du territoire libyen dans un délai de 90 jours. Mme Williams a estimé que le haut niveau de professionnalisme et de responsabilité affiché par la Commission militaire mixte et les progrès réalisés sur la voie de la sécurité avaient ouvert la voie à la reprise du processus politique, concrétisée par la première session en personne du Forum de dialogue politique libyen à Tunis, lors de laquelle 75 participants, représentant les principales circonscriptions géographiques, sociales et politiques libyennes, ont adopté une « feuille de route » politique qui fixe notamment la date des élections générales.
Mme Williams a estimé que les 75 membres du Forum s’étaient réunis « dans un effort de bonne foi pour commencer le processus de guérison des blessures de leur nation, s’étaient assis et avaient parlé, tendu leurs mains, sinon leur cœur, les uns aux autres ». On entend maintenant davantage le langage de la paix que le langage de la guerre, s’est-elle félicitée, se voulant optimiste quant à la voie à suivre, même si la Libye n’a pas encore les yeux clairs sur les nombreux défis qui l’attendent.
Les membres du Conseil se sont félicités de ces développements et ont rendu un hommage appuyé à Mme Williams, tout en mettant en valeur le travail de la Mission, à l’image de l’Allemagne, qui y a vu la preuve que les Nations Unies sont indispensables au processus.
Optimiste, la Représentante spéciale a toutefois averti que la situation en Libye demeurait fragile. Si le cessez-le-feu tient, les deux parties n’ont pas encore commencé à retirer leurs forces militaires et des vols militaires de fret ont été observés sur plusieurs aéroports. Sur le plan économique, la négociation d’un accord économique durable pour une distribution transparente des recettes pétrolières reste tributaire des avancées faites sur la voie politique. En outre, elle a vu dans l’assassinat de Mme Hanan al-Barassi, avocate et critique virulente de la corruption, de l’abus de pouvoir et des violations des droits de l’homme, l’illustration des menaces auxquelles sont confrontées les femmes libyennes qui s’expriment et des risques qu’elles prennent. Nombre de délégations ont condamné ce meurtre, comme la Belgique, qui a demandé qu’une enquête indépendante, impartiale et efficace soit menée sur cet assassinat.
Mme Williams a également exhorté la communauté internationale à respecter le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de la Libye et la mise en œuvre de l’embargo de l’ONU sur les armes. Ce Conseil dispose d’outils pour empêcher les obstructionnistes de mettre en péril cette rare occasion de rétablir la paix en Libye, a-t-elle plaidé.
Les membres du Conseil ont abondé dans son sens. Le Niger a demandé le départ des forces étrangères et l’arrêt des ingérences extérieures dans ce pays. La Chine a plaidé pour arrêter le flux de combattants terroristes étrangers. La Libye a d’ailleurs demandé au Conseil d’adopter une résolution « contraignante » pour permettre à la MANUL d’appuyer ces élections sous l’égide d’une commission électorale nationale aux fins de « mettre à mal tous ceux qui voudront les saboter » .
De nombreux membres du Conseil se sont en tout cas félicités que les Libyens reprennent en main leur destin. « Le règlement du conflit libyen revient aux Libyens eux-mêmes », a déclaré la Fédération de Russie. « C’est aux Libyens et à eux-seuls de décider de l’avenir politique de leur pays », a approuvé la France, qui a réclamé un mécanisme de surveillance crédible et efficace des élections, ajoutant que le Secrétariat de l’ONU devrait proposer sur ce point des options réalistes et ambitieuses le plus rapidement possible.
Deux ombres sont venues perturber l’apparente unanimité au sein du Conseil. L’Allemagne, qui préside le Comité des sanctions concernant la Libye -le « Comité 1970 »- a jugé « malheureux et décevant » d’être pas en mesure de prononcer un exposé au nom de celui-ci, « en raison de l’opposition d’un de ses membres » à un « récit des événements survenus depuis septembre ». En outre, tout en saluant le travail de Mme Williams, de nombreux membres du Conseil ont demandé que le Secrétaire général nomme au plus vite son Envoyé spécial chargé de succéder à Ghassan Salamé, qui a démissionné début mars. Une nomination que la République dominicaine a jugé « si cruciale » dans la période d’élan actuel en faveur d’une solution politique et qui, pour la Fédération de Russie, a « connu un retard injustifié ». Les États-Unis ont ouvertement cité leur « bon choix » en la personne de M. Nickolay Mladenov, l’actuel Coordonnateur pour le Moyen-Orient.
Mme STEPHANIE WILLIAMS, Représentante spéciale par intérim du Secrétaire général pour la Libye, a déclaré que, depuis le 2 septembre, des progrès substantiels dans la recherche de la paix et de la stabilité en Libye avaient été réalisés. Les Libyens se sont réunis pour tracer une vision libyenne de la voie à suivre et se sont offert la possibilité de préserver l’unité du pays et de réaffirmer sa souveraineté, a-telle estimé. La trêve continue de tenir, et la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) a facilité le dialogue ouvert pour renforcer la stabilité, la sécurité et l’unité nationale entre les parties libyennes.
Ces efforts ont abouti à la signature d’un accord de cessez-le-feu permanent à Genève le 23 octobre avec effet immédiat, a rappelé Mme Williams. Dix officiers militaires de la Commission militaire mixte 5+5 ont répondu à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial. Cet accord historique prévoit le retrait de toutes les unités militaires et des groupes armés des lignes de front, le départ de tous les mercenaires et combattants étrangers de l’ensemble du territoire libyen dans un délai de 90 jours, a détaillé Mme Williams. Cette décision a été suivie de deux séries de discussions ultérieures, qui ont eu lieu sur le sol libyen pour accélérer l’opérationnalisation de l’accord, a-t-elle ajouté.
Dans la ville de Ghadamès, a continué la Représentante spéciale, du 2 au 4 novembre, deux délégations se sont réunies pour élaborer les termes d’un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu dirigé par la Libye et soutenu par l’ONU qui sera initialement établi dans une zone allant de Sawknah à Abu Grein et Bin Jawad, dans le centre de la Libye. À Syrte, du 10 au 13 novembre, la Commission qui a établi son siège au Centre de conférences de Ouagadougou, a décidé la réouverture de la route côtière entre Misrata et Syrte, appuyée par le déploiement d’une force de sécurité conjointe ainsi que par le retrait des forces étrangères et des mercenaires de la région.
Mme Williams a aussi annoncé que des progrès tangibles avaient été réalisés dans le cadre du paquet de mesures de confiance convenues à Genève: les vols entre Benghazi et Tripoli ainsi que Sebha, Ghat et Ubari ont déjà repris et elle a dit espérer une réouverture rapide des vols vers Ghadamès. Par ailleurs, l’échange de détenus se poursuit. La forte diminution du nombre de victimes civiles par rapport au deuxième trimestre de 2020 est un autre rappel brutal que lorsque les armes à feu sont silencieuses, les civils sont protégés. Mme Williams a aussi fait état d’une reprise de la production de pétrole, qui atteint 1,2 million de barils par jour.
Mme Williams a estimé que le haut niveau de professionnalisme et de responsabilité affiché par la Commission militaire mixte et les progrès réalisés sur la voie de la sécurité avaient ouvert la voie à la reprise du processus politique. À partir du 9 novembre, la première session en personne du Forum du dialogue politique libyen a été convoquée à Tunis sur la base des conclusions de la Conférence de Berlin approuvées par la résolution 2510 (2020). Parmi les 75 participants représentant les principales circonscriptions géographiques, sociales et politiques libyennes, 26 ont été élus par la Chambre des représentants et le Haut Conseil d’État et 49 dont 16 femmes ont été sélectionnés par la MANUL.
Le 15 novembre, une feuille de route politique a été adoptée pour les élections présidentielle et législatives, qui se tiendront le 24 décembre 2021. La feuille de route intitulée « Phase préparatoire pour une solution globale », complète l’Accord politique libyen et fixe des principes et des objectifs généraux guidant la période de transition sous le nom d’institutions reconstituées et unifiées, ainsi que les principaux délais pour l’approbation d’une nouvelle autorité exécutive par la Chambre des représentants, ainsi que les jalons des arrangements constitutionnels et des élections, a expliqué Mme Williams. Cette feuille de route fixe des échéances claires pour lesquelles les institutions compétentes doivent prendre des mesures sur la nomination des postes souverains, et l’approbation de la nouvelle autorité exécutive. En cas d’échec, le Forum de dialogue se réunira de nouveau et prendra des décisions. Mme Williams a précisé que la question des droits de l’homme avait émergé des consultations avec les acteurs de la société civile, y compris les militantes des droits des femmes.
La priorité des Libyens est claire : l’organisation d’élections présidentielle et parlementaires, a réitéré Mme Williams. Le Président de la Haute Commission électorale nationale, M. Emad Sayeh, a confirmé que cette institution souveraine avait la capacité technique de mettre en œuvre des élections dans un environnement politique et sécuritaire favorable, un cadre législatif réalisable et un budget suffisant. Le Premier Ministre, M. Sarraj, a promis le 16 novembre, que le Gouvernement allouerait des fonds et des ressources à la Haute Commission électorale.
Si cette déclaration se traduit dans les faits, avec l’accord du Forum de dialogue d’organiser des élections le 24 décembre 2021, il existe maintenant un environnement plus propice à la tenue d’élections inclusives et crédible, a estimé Mme Williams, qui a exhorté la communauté internationale à respecter le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures de la Libye et la mise en œuvre de l’embargo de l’ONU sur les armes. Ce Conseil dispose d’outils, notamment pour empêcher les obstructionnistes de mettre en péril cette rare occasion de rétablir la paix en Libye, a estimé la Représentante spéciale.
Mme Williams a toutefois averti que la situation en Libye demeurait fragile. Alors que la Commission militaire mixte cherche à mettre en œuvre l’accord de cessez-le-feu, les deux parties n’ont pas encore commencé à retirer leurs forces et des vols militaires de fret ont été observés sur plusieurs aéroports. Sur le plan économique, la négociation d’un accord économique durable pour une distribution transparente des recettes pétrolières reste tributaire des avancées faites sur la voie politique. La négociation d’un tel arrangement reste difficile compte tenu de la polarisation entre les deux exécutifs.
Abordant les droits de l’homme et l’assassinat de Mme Hanan al-Barassi, avocate et critique virulente de la corruption, de l’abus de pouvoir et des violations des droits de l’homme, Mme Williams a estimé qu’il devrait amener tous les Libyens à mettre leurs différends de côté et à forger rapidement une solution inclusive à la crise prolongée pour rétablir la justice et rendre des comptes et mettre fin au climat d’impunité. Cet assassinat brutal illustre les menaces auxquelles sont confrontées les femmes libyennes qui s’expriment et les risques qu’elles prennent. Par ailleurs, de nombreuses personnes restent détenues arbitrairement en Libye.
Mme Williams a ajouté que les besoins humanitaires sont encore aggravés par l’impact croissant de la COVID-19. On estime que, pour le début de 2021, 1,3 million de personnes auront besoin d’une forme ou d’une autre d’aide humanitaire, soit une augmentation de 40% par rapport à l’année dernière, a-t-elle précisé. En outre, si, après la suspension des hostilités, le nombre de personnes déplacées en Libye est passé de 426 000 personnes en juin à 392 000 personnes, les risques que constituent les pièges, y compris les engins piégés, les mines terrestres et les restes explosifs de guerre continueront d’entraver les retours sûrs et dignes jusqu’à ce que toutes les zones contaminées soient défrichées.
Cette année, a informé la Représentante spéciale, plus de 11 000 migrants et réfugiés qui tentaient d’atteindre l’Europe ont été interceptés en mer et renvoyés en Libye dont 900 noyés, ou présumés noyés, en Méditerranée en 2020. Le 12 novembre, trois naufrages meurtriers, enregistrés en une journée, ont fait plus de 100 morts. Les migrants et les réfugiés qui restent en Libye sont confrontés à une recrudescence des graves risques des violations de leurs droits humains. Au 8 novembre, plus de 2 000 migrants et réfugiés se trouvent dans des centres de détention officiels en Libye.
Mme Williams a fait observer que le nombre de cas et de décès dû à la COVID-19 continuait d’augmenter d’un mois à l’autre, avec 74 324 cas confirmés et 1 025 décès au 15 novembre. L’ONU et ses partenaires sont à l’avant-garde pour soutenir les autorités nationales dans leur intervention contre la COVID-19, en fournissant des fournitures de santé et du matériel de protection personnelle, ainsi que pour renforcer les capacités des agents de santé, a assuré Mme Williams.
La Représentante spéciale s’est dite optimiste quant à la voie à suivre, même si la Libye n’a pas encore les yeux clairs sur les nombreux défis qui l’attendent. On entend maintenant davantage le langage de la paix que le langage de la guerre, s’est-elle félicitée. Expliquant que, pour le bien de la Libye, 75 Libyens s’étaient réunis à Tunis la semaine dernière dans un effort de bonne foi pour commencer le processus de guérison des blessures de leur nation, qu’ils s’étaient assis et avaient parlé, tendu leurs mains, sinon leur cœur, les uns aux autres », la Représente spéciale par intérim a dit avoir été « témoin au cours des derniers mois de la possibilité d’un changement de paradigme dans la façon dont les militaires, les politiques et les dirigeants libyens perçoivent leur rôle dans la tracé de la voie à suivre pour le pays, qui est passé d’un accord de partage du pouvoir transactionnel dans lequel les richesses sont divisées entre les quelques privilégiés à un partage des responsabilités afin de sauver le pays d’une nouvelle destruction ».
Pour Mme Williams, seule la responsabilité partagée, nourrie par le patriotisme et l’amour du pays, peut conduire à la sécurité et à la prospérité partagées dont tant de Libyens aspirent. Les Libyens méritent, sinon le soutien, du moins la non-ingérence des principaux acteurs internationaux qui cherchent à forger une voie politique souveraine pour les générations libyennes futures, a-t-elle conclu.
Le Royaume-Uni s’est félicité du courage des parties libyennes pour l’application du cessez-le-feu et la mise en œuvre de l’accord. Mais il reste beaucoup à faire, a-t-il ajouté, en faisant observer que l’accord prévoit un départ des mercenaires du pays dans un délai de trois mois et la suspension des activités de formation des militaires. La délégation a souhaité que tous les membres du Conseil rejettent les violations de l’embargo sur les armes en recourant au régime de sanctions et que les forces étrangères cessent leur ingérence, avant d’appeler le Conseil à réagir rapidement contre ceux qui s’opposent à la résolution politique du conflit. Il faut aider la MANUL à engager un processus politique pour trouver un nouvel accord intérimaire et une base constitutionnelle à ce dernier, a préconisé le Royaume-Uni, qui s’est ensuite félicité du compromis ayant abouti à la reprise de l’exploitation du pétrole. Il a encouragé le soutien à la Mission pour que les recettes soient réparties de manière équitable et transparente pour la population.
Le Royaume-Uni s’est dit aussi préoccupé par la détérioration de la situation des droits de l’homme en Libye. « Chaque semaine nous découvrons des charniers et le nombre des morts en mer ne cesse d’augmenter », a-t-il déploré en appelant le Gouvernement en Libye à coopérer avec la commission d’établissement des faits . Selon lui, le cessez-le-feu récent, les progrès politiques favorisés par l’ONU sont réellement importants. « Les parties libyennes ont prouvé qu’elles pouvaient aller de l’avant. Malgré les défis, elles ont montré dans quelle direction elles veulent aller avec une feuille de route, un calendrier électoral et la fin des ingérences étrangères », a constaté la délégation britannique. Le temps est venu pour la communauté internationale de respecter ses engagements, et « pour certains, il est temps de quitter la Libye », a-t-elle affirmé en conclusion.
Pour l’Allemagne, les percées politiques récentes indiquent que nous sommes proches d’une solution pour la Libye après la résolution 2510(2020) et la Conférence de Berlin. La délégation s’est félicitée du cessez-le-feu, qui rappelle que la communauté internationale doit respecter les aspirations du peuple libyen. Le Forum politique libyen est lui aussi un pas dans la bonne direction, a estimé la délégation, qui a félicité les participants pour leur engagement et les a appelés à continuer de dialoguer pour former un nouveau gouvernement, en rappelant que ceux qui veulent nuire à ce dialogue en subiront les conséquences. Elle a aussi salué le rôle positif joué par la MANUL, y voyant la preuve que les Nations Unies sont indispensables au processus. Elle a par ailleurs demandé que soit rapidement nommé l’Envoyé spécial du Secrétaire général appelé à succéder à M. Ghassan Salamé, tout en saluant le travail exercé par intérim par Mme Williams...
L’Allemagne a aussi abordé la question des droits de l’homme et des souffrances endurées par le peuple libyen, en demandant que les auteurs de violations soient poursuivis devant les tribunaux. La délégation a rappelé l’importance de l’état de droit et de la lutte contre l’impunité pour assurer un processus de réconciliation.
La délégation a rappelé que l’accord politique impliquait un respect de l’embargo sur les armes et le retrait des mercenaires, qui doivent effectivement quitter la Libye. En ce sens, elle a exhorté les participants à la Conférence de Berlin à respecter leurs engagements. Il a rappelé le rôle excellent du Groupe d’experts et le rôle de l’Union européenne dans le maintien du respect de l’embargo par l’opération IRINI.
La délégation a achevé son intervention en regrettant vivement de ne pas être en mesure de prononcer un exposé au nom du Comité 1970 « en raison de l’opposition d’un de ses membres » à un « récit des événements survenus depuis septembre ». L’Allemagne, qui préside ce comité, a jugé « malheureux et décevant » ce fait, étant donné l’importance du comité pour une résolution politique en Libye. Elle a parlé d’une évolution regrettable qui « vient s’ajouter à notre échec dans la publication d’un rapport à mi-parcours du comité d’experts » l’été dernier. Les pays qui s’opposent à ces mesures en portent toute la responsabilité , a déclaré la délégation.
L’Indonésie, qui s’exprimait également au nom du Viet Nam, a salué les jalons posés dans les domaines politique et sécuritaire en Libye, avec l’accord d’un cessez-le-feu « complet et permanent » du 23 octobre; l’intensification des interactions « face-à-face » en vue de sa mise en œuvre; et la facilitation par la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) des réunions de la Commission militaire mixte et ses efforts visant à la mise en place d’un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu. La délégation a exhorté toutes les parties à pleinement respecter cet accord et à appuyer sa mise en œuvre en se pliant à l’embargo sur les armes, conformément aux résolutions du Conseil sur la Libye.
Elle s’est également félicitée de la tenue, en Tunisie, du Forum de dialogue politique libyen, et par l’accord des parties libyennes pour avancer dans l’organisation des élections présidentielle et parlementaires en 2021. Tous ces évènements montrent clairement que le processus politique dirigé par les Libyens est la seule solution en vue d’une paix durable dans le pays, a estimé l’Indonésie, en appelant à maintenir cet élan positif, notamment par un soutien actif à la MANUL et la nomination d’un nouvel envoyé spécial pour la Libye, qui tarde à venir.
L’Indonésie et le Viet Nam ont également appuyé le rôle des pays voisins et des organisations régionales dans la promotion d’un dialogue pacifique en Libye. En tant que pays du sud-est asiatique, ils sont pleinement conscients de l’efficacité de la coopération régionale. Partant, les deux délégations ont reconnu et loué les pays voisins de la Libye –Tunisie, Maroc et Égypte– pour avoir accueilli les dialogues libyens et reconnu également les efforts de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes en vue d’une résolution de la crise libyenne.
Ils ont en outre souligné qu’avec la pandémie de COVID-19, la situation humanitaire doit demeurer prioritaire, exhortant toutes les parties libyennes concernées à pleinement respecter le droit international humanitaire, à cesser immédiatement de cibler les civils et infrastructures civiles, à veiller à la sûreté des travailleurs de santé, et à accorder un accès humanitaire sans entraves. L’Indonésie et le Viet Nam ont appelé tous les partenaires internationaux à continuer à fournir une assistance technique et financière aux pays de la région par le truchement de cadres bilatéraux et multilatéraux. Ils ont ensuite appuyé les efforts de la MANUL et le Service de la lutte antimines de l’ONU visant à relever les défis humanitaires en Libye.
La Belgique a constaté aussi plusieurs développements positifs, qui témoignent du courage et de la détermination du peuple libyen, dans la recherche d’une Libye unie, stable et sûre, sous l’égide des Nations-Unies. Après la signature de l’accord de cessez-le-feu, à Genève le 23 octobre dernier, il est maintenant essentiel de mettre pleinement et immédiatement en œuvre cet accord. Elle a appelé tous les acteurs, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, à jouer un rôle constructif. Tous les mercenaires et combattants étrangers doivent à présent quitter le territoire libyen, a exhorté la délégation. L’embargo sur les armes doit être respecté et la communauté internationale a la responsabilité de s’opposer à toute tentative de revenir sur les progrès réalisés, y compris par le recours à des sanctions. Pour M. Kridelka, les pourparlers récents du Comité militaire mixte visant à rendre l’accord de cessez-le-feu opérationnel constituent des avancées positives, de même que la reprise de la production pétrolière.
Sur le plan politique, la Belgique a appelé à poursuivre les efforts pour qu’un gouvernement d’union nationale soit rapidement formé. Il est essentiel de prendre en compte les femmes et les droits de celles-ci dans les processus politiques afin de parvenir à une paix durable et inclusive, a-t-elle suggéré. S’agissant de la sécurité et des droits de l’homme, la délégation a condamné l’assassinat de l’avocate Hanan al-Barassi perpétré le 10 novembre dernier. Cela démontre qu’en Libye, des forces hostiles continuent à œuvrer contre la paix et la stabilité. La Belgique a demandé qu’une enquête indépendante, impartiale et efficace soit menée sur cet assassinat. La Cour pénale internationale et la Mission indépendante d’établissement des faits chargée d’enquêter sur les violations des droits de humains en Libye joueront un rôle important dans la lutte contre l’impunité en Libye, fondement d’un processus de réconciliation nationale dans le pays, a assuré la Belgique en conclusion.
La Tunisie a déclaré avoir suivi avec « un vif intérêt » les discussions du Forum de dialogue politique libyen, qu’elle a accueilli du 9 au 15 novembre à Tunis, sous les auspices de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL). Elle s’est réjouie du climat positif qui y a régné et de l’esprit de partage et d’échange qui a prévalu à cette occasion tant les participants étaient conscients de l’importance d’aboutir à des conclusions positives pour faire cesser les souffrances de la population et à une solution permanente.
La Tunisie s’est notamment félicitée des conclusions de cette première partie du Forum, avec une entente autour d’une feuille de route, dont l’un des principaux éléments est la décision de tenir le 24 décembre 2021 des élections présidentielle et législatives. La délégation a particulièrement relevé la participation active des femmes libyennes et formé l’espoir que ce soit le cas pour toutes les prochaines phases des négociations.
La Tunisie réaffirme qu’elle est prête à appuyer le travail de la MANUL et à abriter d’autres réunions libyennes, tant elle se soucie qu’un point final soit mis au conflit. Pour y parvenir, la Tunisie demande à toutes les parties de veiller au plein respect du cessez-le-feu qui a suivi l’accord du 23 octobre et de prendre en compte les propositions du Secrétaire général relatives à la mise en place de mécanismes de surveillance et de suivi. Il faut aussi que les parties s’attèlent au départ effectif des combattants étrangers et mercenaires du territoire libyen car ils constituent une menace permanente pour la paix et la sécurité en Libye et dans toute la région, et que l’embargo sur les armes soit pleinement respecté par tous les acteurs.
La Tunisie a également appelé de ses vœux la nomination rapide de l’Envoyé spécial du Secrétaire général en Libye, dont le rôle est critique en cette période cruciale.
La Chine s’est félicitée de l’accord de cessez-le-feu du 23 octobre, un résultat positif pour l’initiative du Secrétaire général d’un cessez-le-feu mondial et une bonne nouvelle pour la région. Seule sa mise en œuvre permettra de consolider la paix, a rappelé la délégation, appelant à la création d’un mécanisme de suivi accepté par les deux parties et au soutien de l’ONU pour conserver l’élan actuel. La Chine, au nom de la poursuite du dialogue politique, a loué les efforts de l’Égypte, du Maroc et de la Tunisie, le travail du Forum politique libyen et demandé à la communauté internationale de respecter l’intégrité territoriale, l’indépendance de la Libye tout en favorisant un processus dirigé par les Libyens eux-mêmes et pour les Libyens, sous l’égide des Nations Unies. Leurs intérêts doivent être pris en compte par les parties, qui doivent promouvoir la confiance et respecter l’accord de cessez-le-feu, un gage de stabilité régionale.
La délégation a ajouté que le développement doit aussi être intégré au processus politique, insistant sur la lutte antiterroriste, qui constitue une menace dans la région et exige la coopération internationale, notamment pour arrêter le flux de combattants terroristes étrangers. Pour la Chine, si les sanctions devaient être maintenues et respectées, elles ne sauraient constituer une fin en soi, alors qu’elles sont avant tout un instrument de règlement politique. « Nous vivons cette crise depuis plus de 10 ans et nous entrevoyons une lueur d’espoir », a reconnu la Chine, pour qui cependant « ce processus politique est encore fragile et doit être soutenu par la communauté internationale en vue de favoriser une stabilité et une prospérité durables en Libye ».
La France a souligné les efforts de la Représentante spéciale par intérim, qui ont permis d’accomplir de réels progrès sur la voie d’un règlement politique de la crise libyenne. C’est la seule possible, a estimé la délégation qui, sur le volet sécuritaire, a salué la signature par les parties libyennes d’un accord de cessez-le-feu permanent sur l’ensemble du territoire libyen, le 23 octobre dernier.
Pour la France, la réouverture des routes côtières, puis des routes de la région centrale du pays, pourrait permettre de franchir une nouvelle étape. Elle devra s’accompagner d’un retrait effectif des forces des zones de front ainsi que d’autres mesures de confiance dont un processus global de désarmement, démobilisation et réintégration des milices. La délégation a appelé les forces étrangères et les mercenaires présents en Libye à s’en retirer dans le délai de 90 jours prévu par l’accord. L’embargo sur les armes doit également être pleinement respecté, a-t-elle ajouté.
La délégation a rappelé que les parties libyennes avaient demandé au Conseil de sécurité d’adopter une résolution pour garantir la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu. Pour la France, le Conseil doit exercer sa responsabilité en autorisant le déploiement, sous l’égide des Nations Unies et notamment de la MANUL, d’un mécanisme de surveillance crédible et efficace, y compris en appui aux efforts des parties libyennes elles-mêmes. C’est pourquoi ce Conseil a besoin que le Secrétariat propose sur ce point des options réalistes et ambitieuses le plus rapidement possible.
En ce qui concerne le processus politique, la France a prévenu que les progrès accomplis devaient être pérennisés. C’est aux Libyens et à eux-seuls de décider de l’avenir politique de leur pays. Rappelant la tenue du Forum de dialogue politique à Tunis, l’adoption d’une feuille de route et l’accord sur la date du 24 décembre 2021 pour la tenue des élections, la délégation y a vu des étape importantes, ajoutant que les participants au Forum de dialogue devaient désormais s’accorder sur la formation d’un nouvel exécutif chargé d’organiser des élections.
Pour la France, personne ne doit entraver ce processus de règlement politique. Les éventuels fauteurs de trouble seront passibles de sanctions. La France condamne les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire en Libye et notamment celles commises à grande échelle contre les migrants et les réfugiés. Nous devons sanctionner les responsables, a déclaré la délégation. C’est pourquoi la France a pris avec l’Allemagne l’initiative de demander la désignation par le Comité des sanctions d’un trafiquant de migrants. La France a également condamné l'assassinat à Benghazi de l’avocate et militante des droits de l’Homme Hanan al-Barassi. Les responsables devront répondre de leur acte devant la justice libyenne ; il ne doit pas y avoir d’impunité pour de tels crimes, a ajouté la délégation, qui a rappelé que le Conseil avait saisi la Cour pénale internationale de la situation en Libye.
L’Afrique du Sud a remercié Mme Williams pour ses efforts sans relâche et sa « navette diplomatique entre les parties libyennes ». Pour la délégation, cela prouve bien que, lorsque l’occasion leur est offerte, les femmes sont des leaders. « Vous êtes la fierté de millions de femmes dans le monde », a-t-elle ajouté à l’intention de la Chef par intérim de la MANUL, avant d’estimer que, désormais, la Libye était sur une « trajectoire positive ».
La délégation a ensuite évoqué l’évolution de la situation militaire, le volet politique et la situation économique. Elle s’est dite encouragée par le climat amical des négociations, qui a facilité la confiance dans le processus et qu’il importe de préserver à l’avenir. Pour l’Afrique du Sud, ce conflit n’a rien apporté d’autre au peuple libyen que souffrances et destructions. Un processus politique dirigé et pris en main par les Libyens est essentiel pour parvenir à une solution permanente, ainsi que la réforme des institutions, notamment de la justice. Le dialogue politique à travers le Forum a posé un autre jalon car il a mené à un accord sur des décisions essentielles : la tenue d’élections le 24 décembre 2021, qui coïncide avec l’indépendance de la Libye, la reprise des vols intérieurs, l’ouverture des ports et les discussions autour de la production pétrolière. La délégation a considéré que les efforts en vue de l’organisation d’une conférence interlibyenne à Addis-Abeba constituaient aussi une autre pièce importante pour parvenir à l’objectif commun de la fin du conflit.
L’Afrique du Sud a mis en garde contre la poursuite des hostilités et s’est félicitée de la reprise de la production pétrolière, passée à un million de barils par jour, ce qui augmentera les recettes et permettra aux Libyens d’en tirer les dividendes. La délégation a appelé à la « fin immédiate » de toute ingérence étrangère en Libye et à unifier l’autorité de l’État. Il importe de mettre en place un mécanisme de surveillance et de suivi du cessez-le-feu, et de rapatrier tous les combattants étrangers, sans oublier l’élimination de toutes les mines, surtout celles placées autour des infrastructures clefs. Elle a appelé tous les partenaires, y compris l’Union africaine, à retrousser leurs manches. Enfin, l’Afrique du Sud appelle le Secrétaire général à nommer sans tarder un Envoyé spécial qui poursuivra tous ces efforts.
La Fédération de Russie a rappelé qu’elle avait toujours préconisé une résolution pacifique, politique et diplomatique à la crise libyenne. Le règlement du conflit libyen revient aux Libyens eux-mêmes. La délégation a salué le fait que la situation en Libye était passée de la confrontation armée et des luttes fratricides à des négociations fraternelles. La Fédération de Russie insiste sur la nécessité d’une prise de décisions par les Libyens eux-mêmes sans inférence extérieure. Quand cette condition est respectée, les chances de parvenir à un consensus politique augmentent nettement, a ajouté la délégation, qui a salué la signature de l’accord de cessez-le-feu et les mesures de cessation des hostilités.
Saluant en outre les mesures prises pour débloquer le trafic routier et pour reprendre le transport aérien entre les différentes régions du pays, la Fédération de Russie estime que ces décisions contribueront à normaliser la vie des Libyens ordinaires et à fournir l’aide humanitaire. La délégation a également souligné l’importance de la création d’une force de sécurité unifiée et l’accord sur le fonctionnement stable du secteur pétrolier libyen.
La Fédération de Russie est toutefois préoccupée par les informations faisant état de violations de l’embargo sur les armes contre la Libye. Cette situation peut faire dérailler le processus, a estimé la délégation, qui a demandé aux États qui ont de l’influence sur les parties libyennes de les encourager à la désescalade. Notant les progrès de la première session du Forum de dialogue, elle a souligné la nécessité d’un suivi étroit des mesures prises, notamment les discussions sur la formation des institutions nationales. Pour la Fédération de Russie, le Forum de dialogue devrait aussi s’ouvrir à un éventail de Libyens le plus large possible, meilleur moyen de garantir l’acceptation par tous des accords. La Fédération de Russie est en effet préoccupée par la corruption parmi les 75 délégués présents au Forum, qui porte selon la délégation un coup sérieux à sa crédibilité. La Fédération de Russie demande donc une enquête et la prise de mesures.
Enfin, la Fédération de Russie a demandé au Secrétaire général de nommer dès que possible le nouvel envoyé spécial en Libye, le processus ayant « connu un retard injustifié ».
La République dominicaine a qualifié l’accord de cessez-le-feu signé le 23 octobre 2020 à Genève par la Commission militaire mixte libyenne sous les auspices de l’ONU de « lueur au bout du tunnel », qu’elle a souhaitée devenir « permanente ». Elle a mis tous ses espoirs dans les négociations en cours sur les aspects politique, économique, de sécurité et des droits de l’homme pour que le peuple libyen puisse jouir une fois pour toutes d’une paix et d’une stabilité durables à l’issue d’une décennie de souffrances et de conflit armé. La République dominicaine a chaleureusement applaudi le travail inlassable de Mme Williams et de toute l’équipe de la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL), en particulier durant la première session « physique » du Forum de dialogue politique libyen à Tunis, et pour son appel tendant à éviter un « vide de pouvoir » en cette période critique.
La délégation s’est particulièrement félicitée de la grande participation des femmes à ce Forum, car elles jouent un rôle crucial à la table des négociations et promeuvent la paix, la réconciliation nationale, la justice et l’égalité des sexes. La République dominicaine reste cependant préoccupée par le fait que le nouvel envoyé spécial, successeur de M. Ghassan Salamé, n’a pas encore été nommé, en dépit de l’élan actuel « si crucial » et de la fixation de la date des prochaines élections présidentielle et parlementaires par le Forum de dialogue politique.
Alors que la pandémie de COVID-19 fait rage, la délégation a invité les pays donateurs à accroître leur appui en matière d’aide publique au développement et aux programmes financiers et d’allègement de la dette des pays les plus affectés par la pandémie et par ses conséquences dévastatrices. La République dominicaine a aussi saisi l’occasion pour réitérer son appel pour que le futur vaccin et les autres technologies médicales nécessaires pour lutter contre le nouveau coronavirus soient « accessibles de façon équitable » et que leur distribution soit garantie à tous les êtres humains de la planète.
La République dominicaine a conclu en estimant que la nation libyenne semblait « plus déterminée que jamais » à recourir au dialogue comme « principale arme » dans la recherche d’une paix durable.
Les États-Unis ont salué le travail de la Représentante spéciale par intérim pour son « travail exceptionnel » dans la direction du processus politique des Nations Unies en Libye et se sont félicités des progrès « considérables » obtenus depuis la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la question, en octobre, citant la signature d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale et le premier cycle du Forum de dialogue politique libyen, facilité par l’ONU. La délégation a salué l’accord obtenu sur la tenue d’élections nationales le 24 décembre 2021, qui permettra à tous les Libyens de choisir le leadership et la direction de leur pays. La délégation a vu dans ces développements « un large consensus parmi les Libyens sur le fait qu’une solution politique inclusive et négociée est le seul moyen de mettre fin au conflit » et la validation du processus politique de l’ONU comme le seul moyen viable de parvenir à la paix et à la réconciliation nationale.
Les États-Unis ont remercié la Tunisie d’avoir facilité la tenue du Forum. Ils ont ensuite appelé tous les membres du Conseil de sécurité à respecter leurs engagements dans le cadre du processus de Berlin et à soutenir véritablement et activement le processus politique des Nations Unies. La délégation a rappelé que la mise en œuvre réussie du cessez-le-feu dépendait de chaque membre du Conseil. « Il nous incombe d’appuyer la décision des Libyens d’arrêter les combats et de le faire selon leurs propres conditions », a précisé la délégation, pour qui une « alternative imposée de l’extérieur qui vise à partitionner la Libye et à établir une présence militaire étrangère à long terme est absolument inacceptable ». Les États-Unis ont notamment demandé que la communauté internationale honore la partie de l’accord prévoyant le départ du pays sous 90 jours de tous les mercenaires et combattants étrangers.
La délégation a souhaité un « message fort » de la communauté internationale sur les mesures à prendre pour mettre fin à la culture d’impunité en Libye et rappelé que les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l'Estonie avaient signalé au Comité des sanctions certains des auteurs de violations des droits de l’homme les plus flagrants en Libye, notamment Mohammed al-Kani et la milice Kaniyat. Elle a demandé une « justice significative » et des « mécanismes appropriés », en se félicitant de la création d’une mission internationale d’enquête pour documenter les atrocités et autres violations des droits de l’homme en Libye.
Les États-Unis entendent également soutenir la compagnie pétrolière nationale pour la relance de la production et salue les efforts entrepris pour garantir la transparence totale de tous les revenus perçus. Nous devons veiller à ce qu’aucun fonds ne soit détourné pendant cette période très critique », a ajouté la délégation.
Enfin, les États-Unis jugent essentiel de pourvoir rapidement le poste d'Envoyé spécial de l’ONU. La délégation considère que M. Nickolay Mladenov est « le bon choix » et continuera de Mme Williams en attendant.
Pour l’Estonie, le processus politique mené sous l’égide de l’ONU et le processus de Berlin forment le seul cadre international acceptable pour appuyer les Libyens dans leur quête d’une paix durable. La délégation a félicité les parties libyennes de s’être réunies et s’est réjouie de la signature de l’accord de cessez-le-feu permanent par la Commission militaire 5+5, le 23 octobre dernier. Le processus qui s’est ensuivi, avec les trois dialogues en bonne voie -militaire, politique et économique- est encourageant, a-t-elle appuyé, appelant toutes les parties à maintenir ce cap pour pleinement appliquer l’accord de cessez-le-feu et honorer tous les engagements politiques et économiques.
Jugeant que le soutien de la communauté internationale était tout aussi important, l’Estonie a exhorté à mettre fin à toute ingérence extérieure ainsi qu’aux violations du régime de sanctions. Dans ce contexte, l’opération IRINI de l’Union européenne contribue grandement à ces efforts, a estimé la délégation. Il faut également veiller au départ de tous les combattants étrangers et des mercenaires présents sur le territoire libyen, condition énoncée dans l’accord de cessez-le-feu. Pour l’Estonie, « la seule voie envisageable réside dans la mise en œuvre d’un processus politique dirigé par et pour les Libyens ».
D’autre part, l’Estonie demeure préoccupée par la situation humanitaire dans le pays. Les migrants et réfugiés sont souvent assujettis à la violence, notamment sexuelle et sexiste; l’accès aux structures de soins de santé, en particulier dans le contexte de la pandémie de COVID-19, reste très limité. La délégation a appelé les autorités à prendre des mesures concrètes pour que l’assistance parvienne aux plus vulnérables. Elle a enfin souligné la nécessité d’enquêter sur toutes les violations du droit international humanitaire et du droit relatif aux droits de l’homme, et d’établir les responsabilités de leurs auteurs.
Le Niger a noté les évolutions positives sur les plans politique et sécuritaire en Libye ces derniers temps, en particulier la signature de l’accord de cessez-le-feu intervenu le 23 octobre. Cela illustre la volonté des Libyens d’aller de l’avant, a déclaré la délégation, qui s’est dite encouragée par les efforts et la volonté des Libyens durant les récentes consultations du Comité militaire mixte 5+5 à Ghadamès, pour mettre en œuvre cet accord. Elle a en outre demandé le départ des forces étrangères et l’arrêt des ingérences extérieures dans ce pays. Le Niger a aussi appelé la communauté internationale et les Nations Unies en particulier, à prendre des mesures d’appui au processus électoral, qui constituera « sans nul doute », un jalon important sur la voie de la normalisation de la situation en Libye. À l’endroit des belligérants, il a déclaré que la vraie légitimé s’obtient par la voie des urnes et non par celle des alliances extérieures qui ne sauraient remplacer le dialogue entre filles et fils de la Libye. Sur le plan économique, la délégation a salué le fait qu’aujourd’hui, toutes les installations pétrolières sont désormais ouvertes, tout comme la hausse de la production journalière, qui est maintenant d’un million de barils, selon la National Oil Corporation. Elle a espéré que cette reprise de production pétrolière servira à couvrir les besoins urgents des Libyens. S’agissant de la situation humanitaire, le Niger s’est dit préoccupé par les ravages de la pandémie de COVID-19 dans ce pays où les violences n’ont même pas épargné les infrastructures sanitaires. « Nous sommes d’autant plus inquiets qu’il est actuellement enregistré plus de 70 885 cas confirmés, dont 970 personnes décédées ». La délégation a demandé qu’une attention particulière soit accordée à la situation des migrants africains se trouvant dans des camps de détention, et qui sont souvent utilisés comme des combattants ou des boucliers humains par les différents groupes armés dans ce pays.
Saint-Vincent-et-les Grenadines s’est elle aussi félicitée du cessez-le-feu du 23 octobre, affirmant que le dialogue et la diplomatie sont des facteurs de stabilité et de progrès pour tous les Libyens. « Les progrès sont dus à la volonté des Libyens et de la communauté internationale, autant qu’au plan en trois points de l’ONU qui relève les défis tout en respectant la souveraineté du pays. » Ajoutant qu’il serait regrettable de perdre cette dynamique positive, Saint-Vincent-et-les Grenadines a appelé les parties libyennes à respecter le droit international et l’embargo sur les armes. La délégation a ensuite appelé les pays concernés à agir de « manière responsable et à éviter de saper le processus politique ». « L’impunité n’a pas sa place en Libye pour les atrocités commises au fil des ans », a-t-elle déclaré, en réaffirmant son appui à la mission d’établissement des faits en Libye et à la reddition de comptes. Elle a exhorté les autorités libyennes à garantir l’accès aux réfugiés et aux centres de détention, ajoutant que ce pays, vu comme peu sûr pour un retour des réfugiés, doit s’efforcer de garantir leur sécurité et leur dignité à tous les points de débarquement et de secours. « L’heure n’a jamais été aussi difficile », a déclaré la délégation, « mais les Libyens nous rendent optimistes et nous les appelons à ne pas relâcher leurs efforts ». Les difficultés sont immenses mais ne sont pas insurmontables, a ajouté Saint-Vincent-et-les Grenadines. Avec l’appui des pays voisins, de l’OUA, de L’ONU et de l’Union européenne, le pays dispose du soutien nécessaire pour surmonter les obstacles pour le bien de son peuple.
La Libye a souhaité plein succès à Mme Williams dans ses efforts pour aider à concrétiser les récentes décisions prises à différents niveaux grâce au dialogue. Elle s’est réjouie de l’accord en date du 23 octobre 2020 grâce à la Commission militaire mixte, qui a ouvert la voie d’un dialogue susceptible de se traduire en actions: en particulier pour garantir le départ des combattants étrangers et des mercenaires alors même que des armes affluent encore sur le territoire. La Libye a demandé de faire tout ce qui est possible pour empêcher que cela continue.
Après la levée de l’embargo sur les ports et les champs pétroliers, il n’est plus acceptable de gaspiller les ressources du peuple libyen, a-t-elle encore déclaré, exigeant des pays qui s’ingèrent dans les affaires libyennes de tirer des enseignements des avancées dans les pourparlers et de s’abstenir de s’immiscer davantage. Cette récente évolution est positive et a été saluée par le peuple libyen qui a applaudi le silence des armes, a relevé la délégation, en soulignant que si les parties s’étaient sincèrement réunies il y a une année déjà, bien des souffrances auraient été épargnées. Nous devons faire prévaloir les intérêts de notre nation car toutes les ingérences étrangères se poursuivront tant que « quelqu’un y prêtera l’oreille », a-t-elle mis en garde. Elle a exhorté à ne pas craindre le Forum de dialogue politique ni à douter des parties nationales, en dépit des difficultés qui ont ponctué ce dialogue.
La Libye a ensuite salué la décision d’organiser les élections présidentielle et parlementaires, le 24 décembre 2021, en espérant également qu’un accord pourra rapidement être trouvé pour ces scrutins afin d’adopter une nouvelle constitution et ne pas « réutiliser, encore et encore, les mêmes personnes au pouvoir ». Dans cette optique, la Libye a prié le Conseil de sécurité d’adopter une résolution « contraignante » pour permettre à la MANUL d’appuyer ces élections sous l’égide d’une Commission électorale nationale aux fins de « mettre à mal tous ceux qui voudront les saboter ». Il faut également garantir la crédibilité des institutions étatiques, démanteler les milices, où qu’elles se trouvent, et en finir avec la corruption. La délégation a prié l’Union africaine d’organiser une conférence régionale afin « d’écrire une nouvelle page en Libye » et de rétablir la confiance entre les parties libyennes, rapatrier les Libyens et veiller à empêcher l’impunité car, à ce jour on dénombre encore des mines posées par des milices du général Haftar, des enlèvements et des assassinats, et des charniers sont découverts chaque jour à Tahouna. Il ne suffit plus de simplement de « condamner ou regretter » mais bien de tenir pour responsables de leurs actes les auteurs de tous ces crimes. L’ingérence étrangère est une cause principale du conflit en Libye, a-t-elle dénoncé, en demandant à la communauté internationale de maintenir son appui. « Nous souffrons actuellement, mais nous vaincrons grâce à un peuple fier épris de paix », a-t-elle conclu en prévenant que l’ingérence étrangère ne sera plus tolérée.