Yémen : inquiétude au Conseil de sécurité devant la dégradation de la situation humanitaire et frustration face aux blocages politiques
La réunion que le Conseil de sécurité consacre chaque mois à la situation au Yémen a été aujourd’hui l’occasion pour l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Martin Griffiths, d’exprimer sa « profonde frustration au nom du peuple yéménite » devant l’absence d’accord sur un texte final de déclaration conjointe entre les parties. Elle a aussi permis au Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, et au Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), M. David Beasley, d’alerter sur les risques de famine dans le pays.
M. Griffiths a rappelé qu’il était « un médiateur, et non un négociateur » et a cité la maxime selon laquelle les parties impliquées doivent s’approprier la solution à un conflit pour qu’elle soit viable. « Si la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda offre une plateforme de coopération, la situation à Hodeïda exige un véritable cessez-le-feu et un retour aux négociations », a déclaré l’Envoyé spécial, qui a reconnu que les attaques avaient récemment diminué en intensité, mais a déploré celles qui ont été commises récemment à Mareb et Taëz et contre le territoire de l’Arabie saoudite, de même que des fusillades et pilonnages d’écoles, d’hôpitaux et de lieux de culte.
Les deux responsables humanitaires ont quant à eux fait part de leur profonde inquiétude devant la dégradation de la situation économique et alimentaire du pays. M. Lowcock a rappelé que, dans certaines régions, un enfant sur quatre souffrait de malnutrition. Décrivant les conséquences physiques de la malnutrition qui aggravent encore les risques d’épidémies, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a insisté sur le fait que les « Yéménites ne sont pas affamés, on les affame », avant d’exhorter les parties à autoriser un accès humanitaire sûr, rapide et sans entraves. Pour son homologue du PAM, « nous sommes à quelques mois d’une famine dévastatrice au Yémen, frappé aujourd’hui par la combinaison toxique d’une flambée de violence, de l’aggravation de l’effondrement économique et monétaire, et de la COVID-19 ». À la veille d’une conférence de donateurs, il a demandé que soit financé un plan global de 2,6 milliards de dollars pour 2021, faisant notamment état d’un besoin de « 1,9 milliard de dollars, au minimum, pour éviter une famine » l’an prochain.
Un membre de la société civile, M. Omer Badokhon, Fondateur et Directeur exécutif de « Solutions for Sustainable Society », qui s’est concentré sur les effets des changements climatiques sur le Yémen, a déclaré que les infrastructures après cinq années de guerre ne pourraient en relever le défi et a rappelé que, selon les prévisions du Programme des Nations Unies pour le développement, même si la guerre prenait fin en 2022, il ne faudrait pas moins de 26 ans au pays pour commencer à se relever en matière de développement durable.
Les membres du Conseil ont accueilli les derniers développements politiques par des commentaires mitigés. Le Royaume-Uni a noté les progrès accomplis, telle la libération de prisonniers survenue le mois dernier après des négociations menées en Suisse, et s’est réjoui que le dialogue en face à face ait pu déboucher sur des résultats positifs. Cette libération a d’ailleurs été citée par plusieurs délégations comme un exemple de ce qu’un esprit de compromis peut réaliser. D’autres pays, comme l’Afrique du Sud ou la Belgique, ont surtout noté l’absence de progrès depuis la dernière réunion sur le sujet, et l’impasse politique.
Plusieurs délégations ont en outre condamné les attaques menées par les houthistes en Arabie saoudite, y voyant une menace pour la sécurité de ce pays et la stabilité de la région , ce qui a permis à la Fédération de Russie de rappeler la pertinence de son concept de sécurité collective dans le golfe Persique, présenté et débattu le 20 octobre. Certaines, dont la France, ont aussi appelé à la bonne mise en œuvre de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement et le le Conseil de transition du Sud et notamment à la validation des premiers efforts accomplis pour répartir les portefeuilles ministériels.
Sur la situation humanitaire, les États-Unis ont félicité M. Beasley pour avoir énoncé des « vérités dévastatrices » avant d’entamer un réquisitoire virulent sur la responsabilité des houthistes et de leur parrain iranien. Dans des termes approchant ceux du représentant du Gouvernement du Yémen, qui a qualifié l’Iran « d’État voyou », la délégation des États-Unis a dénoncé le rôle de ce pays, accusé d’attiser les flammes, de saper l’action de l’Envoyé spécial et de mener une « politique de terreur » au Yémen.
Les États-Unis n’ont pas manqué non plus de rappeler qu’ils financent 40% du PAM et ont appelé les États Membres à augmenter leur participation à une aide humanitaire « sous-financée ». Plusieurs autres membres du Conseil, comme le Royaume-Uni, la France ou la Chine, ont également rappelé leur contribution humanitaire. Après avoir cité elle aussi sa propre contribution de 370 millions de dollars en 2020 et s’en être prise à l’obstructionnisme des houthistes d’Ansar Allah, l’Allemagne a jugé « particulièrement inacceptable qu’un pays comme l’Arabie saoudite, pourtant impliqué dans ce conflit, n’ait pas participé à l’aide humanitaire au Yémen en 2020 » et a suggéré qu’elle fournisse le même montant d’aide qu’en 2019.
Enfin, tous les membres du Conseils ont fait part de leur inquiétude devant la perspective d’une possible marée noire causée par le pétrolier SAFER, en raison de la lenteur des négociations avec les houthistes pour un accès au navire par les services techniques de l’ONU. Là encore, les États-Unis ont dénoncé des « manœuvres politiques sinistres » des houthistes et l’exploitation d’une menace de catastrophe à des fins politiques .
M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a déclaré que la préparation du texte d’une Déclaration conjointe avait été ardue. Il a fait part de sa profonde frustration au nom du peuple yéménite devant l’absence d’accord sur un texte final. Selon une maxime connue des conflits, les parties impliquées doivent s’approprier la solution pour qu’elle soit viable et pour maintenir la paix, a déclaré M. Griffiths, pour qui le Yémen « ne fait pas exception à cette maxime ».
Le conflit ne peut être réglé que par les parties au conflit et il faut qu’elles prennent l’initiative d’une solution, a précisé M. Griffiths, qui a relevé que les mesures économiques et humanitaires restaient les principaux points d’achoppement pour un accord. « Je suis un médiateur et non un négociateur », a-t-il rappelé. Prenant l’exemple de l’espoir qu’avait pu susciter la libération, le mois dernier, de plus d’un millier de prisonniers au terme de négociations en Suisse, l’Envoyé spécial y a vu un modèle possible pour une déclaration conjointe, pour peu que les parties trouvent un compromis.
M. Griffiths a reconnu que les violences avaient été moins intenses sur les lignes de conflit au cours du dernier mois mais a estimé que ce signe positif n’était en rien suffisant, au vu des attaques récentes à Mareb et Taëz et contre le territoire de l’Arabie saoudite, ou encore des fusillades et pilonnages d’écoles, d’hôpitaux et de lieux de culte. « Malgré le relatif calme constaté par le général Guha, des rumeurs de violences continuent, et si la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda offre une plateforme de coopération, la situation à Hodeïda exige un véritable cessez-le-feu et un retour aux négociations », a-t-il déclaré.
S’agissant du pétrolier SAFER, l’Envoyé spécial a déploré que les Nations Unies, après des mois de négociations pour éviter une marée noire, n’aient à ce jour toujours pas reçu les autorisations nécessaires.
Regrettant en outre la prolongation du conflit dans les gouvernorats méridionaux, M. Griffiths a rappelé les espoirs nés de l’Accord de Riyad d’une coopération entre les signataires. Il a constaté une attention plus grande des parties à la résolution du différend.
L’envoyé spécial a rappelé qu’à l’occasion du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000), le rôle des femmes, leur courage et leur détermination avaient été présentées comme une source d’inspiration, ce dont témoigne la réunion récemment organisée par ONU-Femmes avec 30 femmes yéménites. Il a demandé que les femmes yéménites soient effectivement associées aux négociations dans une proportion d’au moins 30% au sein des délégations.
M. Griffiths a conclu en rappelant que la souffrance du peuple yéménite exigeait un pari audacieux sur la paix et une reprise des négociations politiques.
Pour M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, éviter et prévenir une famine est la priorité majeure au Yémen. Il a précisé que les données publiées la semaine dernière confirmaient, encore une fois, que le risque de famine s’accroissait et que la malnutrition n’avait jamais été aussi grave. À présent, dans certaines régions du Yémen, un enfant sur quatre souffre de malnutrition aigüe, a-t-il précisé.
M. Lowcock a fait remarquer que des expressions telles que « malnutrition aigüe », « insécurité alimentaire » ou « surmortalité » étaient banales et neutres, mais a ajouté que ces expressions techniques voilaient des horreurs infligées par la famine au corps et à l’âme. Il a expliqué que, sans nourriture, le corps se décrépit et le système immunitaire perd sa vitalité ce qui fait qu’à mesure qu’elles sont en proie à la faim, les personnes mal-nourries, les enfants surtout, courent plus de risque de tomber malades et sont plus exposés à des maladies auxquelles elles auraient pu résister. Au Yémen, a-t-il poursuivi, bien des maladies guettent ces systèmes immunitaires affaiblis : choléra, COVID-19, autres infections respiratoires, ainsi que d’autres maladies comme le paludisme, la dengue et la diphtérie.
Quant à ceux qui arrivent à éviter une maladie, mais ne trouvent encore rien à manger, leurs organes vitaux s’affaiblissent et s’effondrent, leurs corps commencent à dévorer leurs propres muscles, notamment le cœur, a poursuivi M. Lowcock. Beaucoup d’entre eux commenceront à avoir des hallucinations et des convulsions avant que le cœur s’arrête. C’est une fin terrible, douloureuse et humiliante, a insisté le Coordonnateur des secours d’urgence, une fin d’autant plus cruelle dans un monde où il y a plus de nourriture qu’il n’en faut pour tout un chacun. Les Yéménites ne souffrent pas de la faim ; on les fait souffrir de la faim, a fait valoir M. Lowcock.
Le temps presse, a affirmé le Secrétaire général adjoint, et toutes les parties au conflit, les membres du Conseil de sécurité, les donateurs, les organisations humanitaires et autres acteurs doivent faire tout leur possible pour arrêter cette tendance. Dans cette optique, M. Lowcock a mis l’accent sur la protection des civils, l’accès humanitaire, le financement des opérations de secours, l’économie et des jalons vers la paix.
C’est dans les zones de conflits que la faim est la plus pressante, a indiqué M. Lowcock, qui a renvoyé à l’appel à un cessez-le-feu mondial lancé par le Secrétaire général au début de la pandémie de COVID-19 et à celui, plus spécifique, lancé à propos du Yémen. Il a, en conséquence, insisté sur un accès humanitaire sûr, rapide et sans entraves, et a énergiquement condamné les attaques contre des travailleurs et des infrastructures humanitaires commises à Aden. Il a ajouté que, dans le nord, la situation était encore plus grave, alors que les contraintes d’ordre administratif bloquent le travail des acteurs humanitaires.
M. Lowcock a aussi dit attendre encore le feu vert pour la mission d’inspection et de réparation du pétrolier SAFER.
Le plan de réponse humanitaire a été financé à hauteur de 1,3 milliard de dollars, soit la moitié de ce qui a été apporté l’an dernier, a ensuite fait observer le Coordonnateur des secours d’urgence, qui a demandé davantage de fonds pour les opérations de secours si on veut être efficace dans l’assistance humanitaire, en plaçant ses espoirs dans la réunion des donateurs qui se tiendra demain en Suède.
Le Secrétaire général adjoint a aussi appelé l’attention du Conseil sur le déclin du rial yéménite, qui enregistre le taux d’échange le plus bas de son histoire. Il a recommandé une résolution du conflit entre le Gouvernement et Ansar Allah sur la question de versement des traitements des revenus des fonctionnaires. La reprise du versement de ces traitements et l’ouverture du port de Sanaa pourraient tout changer, a-t-il déclaré, avouant ne pas comprendre pourquoi cela n’est pas fait.
M. DAVID BEASLEY, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), a averti le Conseil de sécurité que nous étions à quelques mois d’une famine dévastatrice au Yémen, frappé aujourd’hui par la combinaison toxique d’une flambée de violence, de l’aggravation de l’effondrement économique et monétaire, et de la COVID-19. Le Chef du PAM a appelé le monde à ouvrir les yeux sur cette catastrophe humanitaire en rappelant qu’il appelait l’attention du Conseil de sécurité sur cette situation depuis 2018. Depuis lors, la valeur du riyal yéménite est passée de 215 riyals pour un dollar avant la guerre, à 740 en 2018 et 840 en 2020. Il a jugé urgent de stabiliser le riyal yéménite à environ 550 pour un dollar, pour rétablir les prix des denrées alimentaires à un niveau qui les rende abordables.
Alors que 12 millions de personnes étaient menacées par la famine en 2012, M. Beasley a fait valoir que « nous avons réussi à sortir le Yémen du bord du gouffre » parce que les donateurs ont répondu à l’appel des acteurs humanitaires. Citant en outre « une lueur de bonne nouvelle », M. David Beasley a mentionné le début, dimanche dernier, de l’enregistrement biométrique des bénéficiaires dans la ville de Sanaa. Il y a vu une étape importante, attendue depuis deux ans. « Si nous pouvons accroître l’enregistrement biométrique et restaurer la confiance des donateurs, nous pouvons commencer à récupérer de l’argent pour le peuple yéménite » a estimé le chef du PAM, qui a dit espérer distribuer jusqu’à 500 millions de dollars en espèces et en bons sur le marché par l’intermédiaire des bénéficiaires en 2021. « Cela stabiliserait la monnaie et stimulerait l’économie » afin que les produits essentiels puissent atteindre les consommateurs, a-t-il expliqué.
M. Beasley a dit espérer que les autorités d’Ansar Allah continueront à travailler avec le PAM afin que ce dernier puisse recueillir les fonds qui feront la différence entre la vie et la mort pour des millions de personnes. Alors que la guerre fait maintenant rage sur plus de 40 lignes de front, les réserves de devises du Yémen sont presque épuisées et le coût des aliments de base a explosé, a-t-il répété.
Le Directeur exécutif du PAM a précisé l’impact dévastateur de la situation actuelle sur la sécurité alimentaire. Selon une analyse effectuée avant l’épidémie de COVID-19, le nombre de personnes confrontées à une grave insécurité alimentaire devrait dépasser 17 millions de personnes en 2020, a-t-il déclaré, avant de préciser qu’une analyse plus approfondie menée dans les districts du Sud en juillet, donc après le début de la pandémie, avait prévu une forte augmentation de l’insécurité alimentaire aiguë, la proportion de la population affectée passant de 25% à 40% d’ici à la fin de l’année. « Cela fait 3,2 millions de personnes sur les 7,9 millions interrogées » a-t-il fait observer, en notant que la dernière analyse interne du PAM indiquait que la famine était « une possibilité réelle » et dangereuse.
M. Beasley a mis en avant la nécessité d’un plan global et financé pour éviter la famine qui menace, stabiliser l’économie brisée, soutenir le développement à plus long terme et surtout faire pression sur les belligérants pour faire taire les armes et faire la paix. Dans ce contexte, il a exhorté les principaux donateurs à augmenter leurs dons pour éviter « une famine imminente au Yémen ».
« Pour rétablir les rations à tous les bénéficiaires et reprendre d’autres activités tel que le soutien nutritionnel spécialisé aux enfants et aux mères allaitantes, nous avons besoin de 2,6 milliards de dollars pour l’ensemble de 2021 » a insisté M. Beasley, avant de faire état d’un besoin de « 1,9 milliard de dollars, au minimum, pour éviter une famine pour 2021 ». Il a demandé au Conseil de sécurité de saisir le peu de temps qu’il reste pour éviter cette famine qui, a-t-il averti, s’installe déjà dans certaines parties du Yémen.
M. OMER BADOKHON, Fondateur et Directeur exécutif de « Solutions for Sustainable Society », militant dans le domaine de l’environnement et du développement durable, a déclaré « mourir de chagrin » depuis la côte arabique, qui a connu cinq phénomènes tropicaux ces dernières années. Il a axé son intervention sur les effets des changements climatiques au Yémen qui, outre une guerre qui a fait des centaines de milliers de morts, subit maintenant de nouveaux phénomènes climatiques, notamment des inondations, jamais vues auparavant, et qui ont également fait de nombreuses victimes.
Il a signalé que les infrastructures étaient en ruine et ne pourraient relever ce défi. Faisant un tour d’horizon des répercussions des cinq années de guerre sur le développement socioéconomiques du Yémen, M. Badokhon a cité les prévisions du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui a estimé que si la guerre prenait fin en 2022, il faudrait à ce pays pas moins de 26 ans pour commencer à se relever en matière de développement durable.
Toutefois, il a signalé que des efforts inlassables sont déployés par des associations et organisations de la société civile, avec des jeunes à leur tête, qui travaillent en faveur du développement durable et il a proposé de mobiliser les jeunes en faveur d’une économie propre au Yémen. Le Directeur exécutif a ensuite lancé un vibrant appel à toutes les parties au conflit pour qu’elles épargnent les zones agricoles, les sites de biodiversité et l’environnement en général. Il a aussi mis l’accent sur la nécessité de concevoir des projets pour prévenir ou remédier à la sécheresse et permettre la mise en place d’une économie verte. M. Badokhon a également appelé à cesser le braconnage de la chèvre et du léopard qui menace la disparition de ces espèces rares, qui ne sont pas les seules à courir un risque d’extinction.
Le Directeur exécutif de « Solutions for Sustainable Society » a regretté que le prix élevé du gaz contraigne le consommateur à brûler du bois combustible. Il a évoqué l’initiative Biogaz pour tous qui réduira les activités illicites de collecte du bois et favorisera une énergie renouvelable et propre. Il a aussi indiqué que de l’eau de mer avait pénétré dans les salles des machines du pétrolier FSO SAFER, qui constitue à présent une « bombe à retardement » pour le littoral avoisinant.
L’heure est venue de prendre des mesures concrètes pour empêcher la détérioration de l’environnement et exercer des pressions politiques, car il est urgent d’avoir accès au pétrolier SAFER, de le sortir du port, de le réparer et de transformer les déchets en énergie en investissant dans l’énergie solaire, qui a fait ses preuves durant le conflit. Il a invité à agir avec « un sentiment d’urgence » pour mettre un terme, une bonne fois pour toutes, au conflit afin d’épargner des vies humaines et de protéger l’environnement du pays.
Le Royaume-Uni a déclaré que la crise humanitaire ne fait qu’accroître l’urgence d’une solution politique au confit yéménite. Notant les progrès accomplis, notamment la remise en liberté de prisonniers, il s’est réjoui que le dialogue en personne ait pu déboucher sur des résultats positifs. « Seule la fin des violences peut ramener l’espoir », a-t-il répété, en déplorant les attaques récentes des houthistes sur fond d’avancée de l’Arabie saoudite et appelant les premiers à appuyer les efforts de paix et appliquer les accords militaires un an après leur signature à Riyad. Abordant les risques de famine, la délégation a déclaré que cette crise « ne se réduit pas à des chiffres, mais reflète une réalité gravissime », alors que la malnutrition atteint son plus haut niveau dans le sud, que le nombre d’enfants dénutris va augmenter de 10% dans cette région cette année et que 40% des ménages n’ont pas assez pour se nourrir.
« La crise économique suppose des actions urgentes pour garantir l’approvisionnement en vivres et en carburant à des prix abordables, a-t-il constaté, au moment où le rial yéménite est au plus bas, et ou les réserves des banques sont épuisées. Le Royaume-Uni a déploré le sous-financement de l’aide au Yémen, dont les ressources disponibles représentent seulement 33% des fonds promis alors que 12 programmes d’assistance internationale ont dû fermer. La délégation britannique a appelé les bailleurs de fonds à agir dès 2021, en précisant que son pays avait décaissé 80% de son engagement de 200 millions de livres d’aide au Yémen. Elle a aussi déploré les difficultés d’accès des personnels humanitaires et les deux incidents à Aden contre des travailleurs humanitaires et espéré que la conférence des donateurs coorganisée par le Royaume-Uni et la Suède débouche sur des engagements supplémentaires. S’agissant de la situation du pétrolier SAFER, il a noté l’accord des houthistes sur une mission d’évaluation sur place et exhorté ce derniers à honorer les accords de paix.
L’Estonie a notamment exhorté les autorités houthistes à libérer « sans condition » les quatre journalistes encore arbitrairement détenus et qui risquent la peine de mort. Dans ce contexte, la délégation a rappelé à toutes les parties qu’elles avaient la responsabilité de se conformer à leurs obligations en vertu du droit international relatif aux droits de l’homme et du droit humanitaire; et d’assurer la responsabilité de toutes les violations et abus. L’Estonie salue l’échange de prisonniers, « une mesure humanitaire importante, qui, nous l’espérons, contribuera à renforcer la confiance entre les parties afin de parvenir enfin à un accord sur la Déclaration commune ».
Réitérant ensuite son appel aux parties en faveur d’un cessez-le-feu national immédiat et d’un accord découlant de la proposition de l’ONU pour permettre une reprise significative des pourparlers de paix, la délégation de l’Estonie a demandé au Gouvernement et au Conseil de transition du Sud qu’ils mettent en œuvre les éléments restants de l’Accord de Ryad, « qui est également une étape essentielle sur la voie de la paix ».
Concernant la fourniture de l’aide humanitaire, l’Estonie note que le financement des programmes s’est légèrement amélioré, « bien que des lacunes importantes subsistent ». La délégation a rappelé que l’Estonie avait contribué au Programme alimentaire mondial afin d’aider à atténuer les souffrances des populations. Toutefois, pour empêcher la famine, il est nécessaire de renforcer l’économie yéménite et de trouver une solution à long terme pour assurer l’importation de carburant et d’articles commerciaux dans les ports, a-t-elle conclu.
Le Viet Nam s’est inquiété de la continuelle détérioration de la situation au Yémen, regrettant qu’aucune évolution n’ait été observée trois mois après les derniers exposés au Conseil de sécurité de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Martin Griffiths et du Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Mark Lowcock. Il a rappelé que 20 millions de Yéménites souffrent toujours de la faim. Face à cette situation, la délégation a jugé prioritaire de parvenir à un cessez-le-feu généralisé tel que préconisé par le Secrétaire général et son Envoyé spécial. Elle a ensuite exhorté tous les donateurs internationaux à respecter leurs engagements en mettant l’accent sur la nécessité de mettre fin à la malnutrition infantile. Le Viet Nam a demandé à toutes les parties de coopérer avec l’ONU afin d’assurer le déroulement des opérations humanitaires. Dans ce contexte, il a aussi appelé toutes les parties au Yémen, les agences des Nations Unies et notamment l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à n’épargner aucun effort pour faire face à la pandémie de COVID-19. Enfin, la délégation a jugé essentiel que toutes les parties concernées s’engagent à mettre en œuvre l’Accord de Stockholm et l’Accord de Riyad sous la médiation des Nations Unies.
La Chine s’est fait l’écho des appels d’urgence, soulignant que « la force ne peut résoudre aucun problème » au Yémen. Se félicitant de nouveaux signes de stabilité dans le sud, la délégation s’est néanmoins inquiétée des récentes attaques de drones contre l’Arabie saoudite et de la montée des tensions dans le nord du pays. Les parties doivent répondre aux ambitions du peuple en matière de paix en accélérant les négociations, en respectant leurs engagements dans le cadre de l’Accord de Stockholm, de l’Accord de Riyad et des résolutions pertinentes du Conseil, a estimé la délégation.
Exprimant l’espoir qu’un nouveau gouvernement serait bientôt formé et que le processus politique s’accélèrerait, la Chine a appelé au respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Yémen et a plaidé en faveur de la création d’une plateforme de dialogue régional visant à résoudre les problèmes des « points chauds » et à s’attaquer aux causes profondes des conflits.
Pour la Chine, les donateurs devraient augmenter considérablement leur financement pour aider le peuple yéménite à éviter la famine et à combattre la pandémie de COVID-19. Dans cette optique, la Chine continue de fournir de l’aide humanitaire au Yémen sous la forme d’articles comme des trousses et équipements de protection individuelle. Par ailleurs, la délégation a exhorté toutes les parties à s’entendre afin de permettre aux experts internationaux d’avoir accès au pétrolier SAFER.
L’Indonésie a souligné que la première étape devant ouvrir la voie au règlement politique de la crise au Yémen est l’instauration d’u un cessez-le-feu à l’échelle nationale, accompagné de mesures pour restaurer l’économie. De ce règlement politique, elle a ajouté que la communauté internationale était consciente qu’il prendrait du temps mais que « plus le conflit durera, plus il infligera de dommages et plus la souffrance du peuple yéménite sera grande ». L’Indonésie a réitéré à nouveau l’importance pour tous de s’entendre rapidement sur la Déclaration commune et de reprendre le dialogue sur un règlement politique global, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a-t-elle poursuivi, soulignant l’importance d’une mise en œuvre intégrale de l’Accord de Riyad. Sur ce dernier point, elle a salué les efforts continus déployés par l’Arabie saoudite, qui assure la médiation du processus. L’Indonésie a ensuite exhorté « à nouveau » les houthistes à cesser de cibler les populations et les infrastructures civiles, cela « pour laisser sa chance à la paix ». Par ailleurs, elle a condamné les restrictions imposées aux travailleurs humanitaires dans le contexte de ce qui doit être considéré comme la plus grande et difficile opération humanitaire au monde. Les agences humanitaires doivent être autorisées à fournir l’aide aux personnes dans le besoin rapidement, et ce, en toute sécurité, a-t-elle martelé. Après avoir regretté que l’équipe de réparation de l’ONU se voit toujours refuser l’accès du pétrolier SAFER, l’Indonésie a exhorté les parties à prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher la famine et mettre fin aux souffrances « de nos frères et sœurs yéménites ».
L’Allemagne a exprimé sa frustration devant l’absence de progrès au Yémen alors que la déclaration conjointe n’a toujours pas été adoptée et que se poursuivent des combats violents. Elle s’est dite alarmée de la situation humanitaire décrite par MM. Lowcock et Beasley et de la menace d’une famine imminente à travers le pays. Il a félicité le Programme alimentaire mondial (PAM) pour avoir réussi à mettre en place son projet biométrique à Sanaa après deux ans de tentatives répétées. La délégation a jugé inacceptable les obstacles bureaucratiques imposés aux activités humanitaires par Ansar Allah, avant de préciser que son gouvernement avait contribué à l’assistance à hauteur de 370 millions de dollars en 2020. La délégation a jugé particulièrement inacceptable qu’un pays comme l’Arabie saoudite, pourtant impliqué dans ce conflit, n’ait pas participé à l’aide humanitaire au Yémen en 2020. C’est pourquoi il a suggéré aux acteurs humanitaires de demander à ce pays de contribuer à hauteur de ce qu’il avait versé en 2019. L’Allemagne a, en outre, tenu à saluer l’action des enseignants qui continuent de donner des cours aux enfants bien qu’ils ne soient plus payés depuis des mois, voire des années.
L’Afrique du Sud déplore une impasse politique au Yémen, qui accroît la crise humanitaire et a des effets dévastateurs pour les populations et les personnes déplacées. La violence aggrave une crise alimentaire créée par l’homme qui touche deux tiers de la population et particulièrement les enfants dans le Sud, a poursuivi la délégation, qui a estimé que la population était à la limite de ce qu’elle pouvait supporter. L’Afrique du Sud appelle les parties à atténuer les souffrances de la population en se conformant aux obligations du droit humanitaire et des droits de l’homme et en mettant fins aux attaques contre les civils.
Rappelant que le choix de solutions militaires plutôt que de compromis pacifiques représentait un danger, la délégation a déploré la reprise des combats à Hodeïda et exhorté les parties à ne pas camper sur des positions préétablies, rappelant l’exemple des Accords de Stockholm et de Riyad ainsi que le signal positif qu’a constitué la libération, le mois dernier, d’un millier de prisonniers. L’Afrique du Sud appelle également les parties à faire preuve de bonne volonté pour atténuer le danger que constitue le pétrolier SAFER et estime que la participation politique des femmes à tous les niveaux représente une clef pour une solution inclusive.
La Belgique a estimé que, depuis un mois et la tenue de la dernière réunion du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen, pratiquement aucun progrès n’avait été réalisé. S’il n’y a pas eu d’escalade des violences, des combats se poursuivent et les souffrances du peuple yéménite sont quotidiennes, a ajouté la délégation. Pour la Belgique, alors que la finalisation de la Déclaration commune n’est pas d’actualité, seul le dialogue peut mettre fin à la guerre et résoudre les profondes divergences au Yémen. Ainsi a-t-elle exhorté les parties à s’engager « à nouveau » dans les pourparlers de paix sous les auspices de l’ONU. La Belgique, « il va sans dire », appuie pleinement les efforts en ce sens de l’Envoyé spécial.
Des années de conflit, la famine et la COVID-19 font du Yémen l’un des pires endroits où vivre sur la planète, a estimé la délégation, pour qui des fonds supplémentaires sont indispensables pour empêcher de toute urgence une aggravation de la situation humanitaire. À cet égard, la Belgique a, cette année, contribué à hauteur de 30 millions de dollars au Programme alimentaire mondial. Toutefois, la délégation a répété que la condition d’une amélioration du sort des populations était la cessation immédiate des hostilités, les parties devant « enfin » déposer les armes et faire passer le peuple yéménite avant leurs propres intérêts.
Les États-Unis ont félicité le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), M. David Beasley, pour les « vérités dévastatrices » contenues dans son exposé sur la question humanitaire au Yémen et ont ajouté qu’il fallait tout faire pour aider le peuple yéménite.
Rappelant que le Conseil de sécurité dispose d’un véritable impact dans l’action en faveur d’une solution politique, la délégation l’a appelé à condamner les attaques des houthistes contre l’Arabie saoudite et à exposer le danger qu’elles font courir à des millions de civils et à nombre de citoyens américains.
La délégation a ironisé sur un récent tweet du « Ministre des affaires étrangères » houthistes qualifiant l’Iran de démocratie, « alors que ce pays attise les flammes du conflit et sape les travaux de l’Envoyé spécial ». Elle a exigé que Téhéran cesse « ses actions de terreur » au Yémen.
Les États-Unis saluent les efforts du Programme alimentaire mondial et rappellent qu’ils fournissent 40% de son budget, tout en demandant aux États Membres de contribuer davantage au plan de réponse humanitaire « actuellement sous-financé ». Les États-Unis exigent aussi des parties qu’elles cessent d’entraver les approvisionnements humanitaires et l’enregistrement biométrique des populations lancé par le PAM.
La délégation a regretté vivement que l’insécurité ait augmenté entre mai et septembre au Yémen et que la malnutrition ait atteint un niveau sans précédent pour les enfants de moins de 5 ans. Elle a appelé les houthistes à cesser leurs « manœuvres politiques sinistres », à libérer les prisonniers et à cesser d’opprimer la population juive du Yémen. Les États-Unis demandent par ailleurs aux houthistes de « cesser d’exploiter la menace de la catastrophe environnementale potentielle » due au pétrolier SAFER pour faire avancer leurs projets politiques et les exhortent à prendre leurs responsabilités.
La délégation a conclu en s’adressant au Conseil de sécurité: « un dur hiver approche, a-t-elle déclaré; et l’hiver vous demandera bientôt; qu’avez-vous fait tout l’été ? ».
La République dominicaine s’est félicitée de l’échange de prisonniers, des nouvelles sur la composition d’un nouveau gouvernement yéménite et du lancement du registre biométrique des bénéficiaires de l’assistance humanitaire, qui sont « une lueur au bout du tunnel » de ces dernières années si sombres pour le Yémen, où la situation demeure toutefois très critique. Il a également salué l’analyse FAO-PAM de l’alerte précoce sur les points chauds de l’insécurité alimentaire aigüe, dans le cas du Yémen, brosse un tableau inquiétant de l’aggravation du conflit, de l’accès à l’assistance humanitaire, la détérioration de la crise économique et de la hausse des prix des denrées alimentaires, autant de facteurs qui risquent d’exacerber une situation de sécurité alimentaire d’ores et déjà critique, en particulier dans les provinces de Jaouf, Mareb, Amran et Mahouit où une population importante dépend exclusivement de l’assistance humanitaire pour leur survie.
La République dominicaine a également déploré que les taux de malnutrition aigüe chez les enfants de moins de 5 ans au Yémen soient les plus élevés jamais enregistrés dans certaines parties de ce pays. Elle a dès lors insisté sur la « responsabilité partagée d’agir » de la communauté internationale. La République dominicaine a aussi alerté sur le risque que plusieurs programmes des Nations Unies cessent leurs opérations dès janvier prochain faute de financement, et exhorté les bailleurs de fonds qui ne l’ont pas fait à s’acquitter de leur engagement au plus tôt.
À cet égard, elle a également demandé une hausse du financement humanitaire flexible et pluriannuel et l’appui aux programmes de redressement précoce. La République dominicaine a aussi mis en garde contre la deuxième vague de COVID-19 au Yémen où le système de santé est au bord du précipice. En conséquence, elle a recommandé un ensemble de mesures de secours économique, la création de canaux de transfert et la réduction des commissions bancaires ainsi que la signature d’un accord à long terme sur l’importation des combustibles et des biens commerciaux, ainsi que la négociation d’un accord entre toutes les parties en vue d’un plan d’administration de la Banque centrale du Yémen pour traiter des politiques monétaires et fiscales contradictoires
Pour la Fédération de Russie, le conflit politique interne violent qui frappe le Yémen depuis six ans et la crise humanitaire sans précédent qui en découle nécessitent l’intervention de la communauté internationale. La délégation s’est particulièrement inquiétée que des organismes humanitaires aient dû cesser certaines activités en raison d’un manque de fonds. C’est pourquoi elle a exhorté les donateurs, notamment ceux de la région, à redoubler d’effort pour augmenter leur soutien.
Notant qu’il ressort clairement qu’il sera impossible d’améliorer la situation humanitaire sans parvenir à un règlement politique du conflit, la Fédération de Russie appelle à la mise en œuvre des Accords de Stockholm et de Riyad. « Nous attendons toujours des progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de Riyad qui doit relancer les pourparlers entre les parties yéménites » a insisté la délégation, avant de noter que l’échange récent de prisonniers sous l’égide du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) démontrait qu’il est possible de faire des progrès par le compromis.
La Fédération de Russie exhorte toutes les parties à s’associer aux efforts de médiations conduites par l’Envoyé spécial du Secrétaire général. La délégation a en outre attiré l’attention sur la pertinence du concept russe de sécurité collective dans le golfe Persique, objet d’un débat du Conseil début octobre, et qui vise à désamorcer l’escalade des tensions qui agitent la région.
La Tunisie a déploré que l’escalade militaire exacerbe la situation au Yémen, freine l’aboutissement des pourparlers entre les parties au conflit et aggrave les conséquences économiques et sur l’infrastructure du Yémen. La délégation a prié les parties de renouveler leur engagement concret en faveur d’un règlement politique durable sous l’égide des Nations Unies et sur la base de l’initiative du Conseil de coopération du Golfe et de son mécanisme de mise en œuvre, du dialogue national global et des résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2216 (2015), le tout dans le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du pays.
Pour la Tunisie, il importe en premier de respecter tous les points de l’Accord de Stockholm pour préserver le partenariat. La Tunisie appuie les efforts de l’Envoyé spécial pour parvenir à un règlement politique, ainsi que le respect du cessez-le-feu et la poursuite de négociations politiques directes. Les pourparlers doivent être généralisés, participatifs et inclusifs. La délégation a attiré l’attention sur le fait que le conflit avait contribué à la propagation de la pandémie et à une aggravation de la malnutrition chronique. Elle a exhorté à « éloigner le spectre de la famine », parlant à cet égard de devoir moral.
La Tunisie appelle les houthistes à répondre positivement à la communauté internationale pour l’inspection du pétrolier SAFER. La communauté internationale se doit de tout faire pour amener les parties au conflit à poursuivre le dialogue, à accepter les concessions et à mettre l’intérêt du Yémen au-dessus de tout, a-t-elle conclu.
Le Niger s’est félicité des progrès accomplis dans le processus engagé pour le règlement politique du conflit au Yémen et a encouragé les parties à maintenir cet élan positif pour franchir l’étape supplémentaire devant conduire à la signature de la déclaration conjointe pour un cessez-le-feu national. Pour ce pays, il est important que les parties maintiennent cette confiance qu’elles ont bâtie entre elles et, au-delà, qu’elles honorent leurs engagements pris ultérieurement. C’est, du reste, une condition essentielle pour la poursuite des négociations et la relance du processus politique, enlisé depuis plusieurs années, a ajouté le Niger. Appelant les parties à mettre un terme aux hostilités en cours dans le pays et à renouer définitivement avec le dialogue, « seule option noble pour le règlement de leur différend », la délégation a invité la communauté internationale, les acteurs régionaux et les membres du Conseil, « ayant une influence sur les parties en conflit », à œuvrer au rapprochement des parties en vue de finaliser la déclaration commune de cessez-le-feu national, « qui permettra d’arrêter l’effusion de sang au Yémen ».
Sur le plan humanitaire, le Niger a noté qu’à mesure que les combats se prolongent, la situation n’a cessé de se détériorer, prenant des proportions insoutenables pour les populations, notamment avec l’effet combiné de l’obstruction de l’aide humanitaire, de la déliquescence du système de santé détruit par de longues années de guerres, la pandémie de COVID-19, l’insécurité alimentaire, la crise du carburant, les inondations, la forte dépréciation du rial, l’épuisement des réserves nationales et le déficit de l’aide internationale. Sur ce dernier point, sa délégation reste préoccupée par la réduction des services dans plusieurs centres de santé ainsi que la suspension de certains programmes d’assistance des Nations Unies qui assurent la survie de plusieurs millions de personnes au Yémen. Le Niger a lancé un appel à une plus grande générosité internationale « à l’endroit de la population yéménite tant éprouvée ». « Nous invitons les pays ayant annoncé leurs contributions, y compris ceux de la région, à honorer leurs engagements afin d’assurer la continuité des programmes d’assistance et éviter que de nouvelles pertes en vies humaines ne soient encore enregistrées », a-t-il dit.
Pour la France, « il est temps de mettre en place concrètement la solution politique pour le Yémen », ce qui exige une cessation immédiate des hostilités et la formation d’un nouveau gouvernement. Au Nord, le niveau de tensions autour de Mareb et la résurgence de tensions à Hodeïda sont préoccupants, les parties yéménites devant cesser leurs affrontements et renoncer à toute solution militaire dans le Nord tout comme dans l’ensemble du pays. À Hodeïda, la France appelle les parties yéménites à se réunir à nouveau dans le cadre du comité de coordination du redéploiement de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda, afin de mettre en œuvre l’Accord de Stockholm et faire baisser les tensions.
La France condamne les attaques lancées par les houthistes contre le territoire saoudien, lesquelles « menacent la sécurité du Royaume et la stabilité de la région ». Elle estime que, pour former un gouvernement yéménite, les forces politiques du pays impliquées ne doivent pas reculer dans la mise en œuvre de l’Accord de Riyad et doivent valider les premiers efforts accomplis pour répartir les portefeuilles ministériels. La France n’a pas manqué de saluer les efforts menés par l’Arabie saoudite pour faciliter la conclusion de cet accord et sa mise en œuvre.
Abordant la situation humanitaire, qui ne cesse de se détériorer, la délégation de la France a notamment averti que le spectre de la famine se profilait de nouveau et que seule une action collective permettrait d’éviter une telle catastrophe. Votre combat contre la faim dans le monde est crucial et vous pouvez compter sur le soutien continu et déterminé de la France, a-t-elle ensuite dit à l’endroit du PAM, très actif dans le pays. La France ne cessera de le répéter: toutes les parties ont l’obligation de garantir un accès sûr et sans entrave à l’ensemble des personnes dans le besoin. La France entend accorder une attention particulière à cette question à l’occasion de la réunion des bailleurs de fonds demain 12 novembre, sous coprésidence européenne et suédoise.
Après avoir rappelé que la protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux, ainsi que des infrastructures civiles, devait également rester une priorité absolue, la délégation a jugé essentiel de permettre à la mission d’inspection mandatée par les Nations Unies l’accès immédiat au pétrolier SAFER, « qui représente une menace environnementale pour le Yémen et plus largement pour toute la région ».
Saint-Vincent-et-les Grenadines a souligné que le peuple yéménite a désespérément besoin d’une aide de la communauté internationale pour mettre fin au conflit et faire face à des conséquences humanitaires catastrophiques. « L’aide humanitaire est essentielle, mais elle n’est pas une solution permanente », a insisté la délégation. Appelant les donateurs à verser d’urgence les fonds promis au Yémen, elle a appelé les parties à permettre l’acheminement de l’aide. « La menace de famine est réelle, mais elle n’est pas nécessairement inévitable », a-t-elle déclaré. Faisant écho aux remarques des intervenants ayant présenté des exposés, la délégation a déclaré que le financement et le soutien à l’économie yéménites sont parmi les mesures essentielles qui doivent être prises pour éviter une catastrophe humanitaire. Dans ce contexte, elle a exhorté les parties au conflit à coopérer avec l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour ouvrir des voies à la paix. Elle a aussi rappelé l’urgence pour les parties de s’accorder sur des mesures concrètes pour éviter une catastrophe environnementale résultant de la situation du pétrolier SAFER.
Le Yémen a affirmé que le gouvernement, sous la présidence de M. Hadi, ne ménageait aucun effort pour mettre fin à la guerre « provoquée par les houthistes » et qui a empêché les Yéménites de construire leur propre État, fondé sur la démocratie. Par cette guerre, les milices houthistes ont fait entrer le racisme et bafoué aussi bien le droit international que le droit international humanitaire et celui relatif aux droits de l’homme, a accusé la délégation.
La délégation a opposé au comportement des houthistes l’attitude du gouvernement qui, lui, a fait des concessions et absolument tout mis en œuvre en faveur du dialogue et de l’entente, notamment avec l’appui de M. Griffiths. Le Gouvernement a œuvré à l’application de tous les accords et toutes les initiatives régionales et internationales mais les houthistes continuent d’imposer des conditions intransigeantes, a-t-elle ajouté.
D’autre part, le Gouvernement yéménite a demandé la libération de toutes les personnes détenues de manière arbitraire ou en résidence surveillée et a appelé à faire toute la lumière sur le sort des personnes disparues. Avec l’appui de l’Arabie saoudite, il s’efforce en outre d’appliquer l’Accord de Ryad, que la délégation a présenté comme un accord critique en cette période et qui exige un gouvernement unifié sous l’égide du Président, tout en offrant dignité et services aux Yéménites pour enfin soulager leurs souffrances. La délégation a réitéré sa confiance en l’Arabie saoudite.
La délégation yéménite a en revanche dénoncé le « régime iranien voyou », qui continue à sévir au Yémen et utilise toutes ses capacités et ses armes pour attaquer également l’Arabie saoudite. L’Iran est même allé jusqu’à envoyer un ambassadeur auprès des houthistes, a déploré la délégation, qui a exigé la condamnation de ces « actes irresponsables » par la communauté internationale.
D’autre part, et en dépit des efforts du gouvernement, les houthistes imposent une taxe de 20% et détournent les recettes des pétroliers d’Hodeïda, a encore accusé la délégation. Celle-ci a également accusé les houthistes d’avoir violé l’accord conclu sous l’égide de l’Envoyé spécial, d’avoir détourné plus de 50 millions de dollars qui devaient servir aux salaires des fonctionnaires. Elle a enfin dénoncé l’acheminement illégal de pétrole dans les régions sous contrôle des houthistes.
L’accès des inspecteurs au pétrolier SAFER est aussi vital, a poursuivi la délégation du Yémen, qui a regretté que les milices « cherchent à détruire le Yémen » en s’opposant à cette inspection qui pourrait prévenir une catastrophe écologique « imminente ». Le Yémen exhorte donc la communauté internationale, et le Conseil de sécurité en particulier, à exercer des pressions pour résoudre toutes les difficultés dans les plus brefs délais. Il demande une mobilisation internationale pour permettre au gouvernement d’appliquer ses plans tendant à soulager les souffrances des Yéménites et à régler définitivement le conflit.