En cours au Siège de l'ONU

SC/14346

Conseil de sécurité: « l’attention, l’espace, l’oxygène », présentés comme les clefs du succès de la police des Nations Unies sur le terrain

Le Conseil de sécurité a tenu ce matin, par visioconférence, sa séance d’information annuelle avec les chefs des composantes Police des opérations de paix en République centrafricaine, au Mali, en Haïti et au Soudan du Sud, qui ont, à la fin de la réunion, répondu à quelques questions.  « L’attention, l’espace, l’oxygène » ont été présentés comme les clefs du succès pour les près de 9 000 officiers de police déployés aujourd’hui dans 12 opérations de l’ONU dans le monde. 

Le Sous-Secrétaire général à l’état de droit et des institutions chargées de la sécurité du Département des opérations de paix a rappelé qu’il y a deux ans et demi, le Secrétaire général de l’ONU a lancé l’initiative « Action pour le maintien de la paix » qui a pour objectif de recentrer les opérations de paix pour les rendre plus réalistes, plus robustes et plus sûres, avec des forces mieux équipées et mieux formées, y compris des forces de police.  Avec cette initiative, a dit M. Alexandre Zouev, nous serons plus à même de relever les défis actuels de la paix et de la sécurité, et au bout du compte, d’améliorer le quotidien de ceux pour lesquels les missions travaillent, a promis le Sous-Secrétaire général.   

Nous savons tous que le renforcement des effectifs féminins au sein de la police des Nations Unies contribue positivement au maintien de la paix.  Pouvez-vous nous donner des exemples concrets du travail des femmes en uniforme? a demandé la Belgique, avant que le Chef de la composante Police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) ne confie les clefs des nombreux succès qu’il a engrangés. 

M. Pascal Champion a expliqué que la police a bénéficié d’espace, d’oxygène, d’autonomie, de visibilité, d’attention, de soutien, et d’un leadership fort notamment de la part du Représentant spécial du Secrétaire général et du Conseiller de police.  Elle a su intégrer les grandes stratégies onusiennes et elle applique au maximum ses capacités le cadre du leadership de l’ONU du 18 Avril 2017, à savoir un leadership respectueux des normes et principes, inclusif, redevable, multidimensionnel, collaboratif, transformationnel, vécu de l’intérieur, concentré sur l’impact de terrain. 

La police, a précisé M. Champion, s’inspire beaucoup des théories du « prix de l’excellence » de Peters et Waterman: avoir le parti pris de l’action, être à l’écoute de ses clients, favoriser l’autonomie chaque fois que possible, gagner la productivité par la motivation du personnel, être souple dans la rigueur.  Elle pousse l’intégration selon les sept clefs de l’organisation de Mac Kinsey, également soutenues par Peters et Waterman.  Enfin, a-t-il dit, la police des Nations Unies n’hésite pas à identifier ses faiblesses pour les gommer.   

Pour améliorer encore la performance et la responsabilité de cette police, il a réclamé « attention, espace et oxygène ».  En procédant ainsi, comme pour la révolution pacifique ouverte dans Bangui PK5 par la police de proximité, les années d’avance sur la parité hommes-femmes, les avancées remarquables en matière de sécurisation des élections, les belles initiatives environnementales ou encore la résilience hors norme face à la COVID-19, « la police des Nations Unies rendra l’oxygène qui lui est donné », a-t-il promis à son tour.    

Mais quelles sont les actions concrètes que vous mettez en œuvre pour appuyer les forces de sécurité intérieures et leur redéploiement sur le territoire ? a demandé la France.  Les élections présidentielle et législatives qui sont prévues le 27 décembre seront un moment politique « capital » pour la consolidation de la démocratie en République centrafricaine.  Comment vous préparez-vous à cette échéance, notamment dans le cadre du plan de sécurisation intégrée des élections qui a été signé le 2 octobre dernier? 

Le Chef de la composante Police du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) s’est aussi targué de quelques succès.  M. Serge Therriault a affirmé avoir inversé les tendances négatives des violentes manifestations, de la criminalité, de la pandémie de COVID-19 et des problèmes de relations de travail de longue date.  La police, s’est-il enorgueilli, a montré « sa réactivité » et son intérêt de devenir une institution résiliente axée sur les résultats, en particulier le renforcement des capacités de la Police nationale haïtienne face, entre autres, au phénomène des gangs.   Justement, s’est interrogé le Secrétaire d’État allemand de l’intérieur, quel impact a la Police de la BINUH sur la lutte contre ces gangs.  Comment assure-t-elle l’accès aux services sociaux de base dans les zones contrôlées par ces criminels?

Au Soudan du Sud, a dit Mme  Unaisi Vuniwaga, Chef de la composante Police de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), les violences politiques ont diminué fortement durant ces deux dernières années grâce au cessez-le-feu et à l’Accord de paix.  La Mission a réduit progressivement le nombre des soldats de la paix et transforme les camps de protection des civils en camps de déplacés, ce qui permet à ses forces et à la police des Nations Unies de renforcer leurs activités de protection des civils en dehors des camps, là où les besoins sont plus importants.   Les effectifs de police ont-ils vraiment la capacité de protéger les civils? S’est inquiétée la Belgique.  Quels sont les critères pour retirer les effectifs de certaines situations délicates, a demandé la Chine.  À quel chaînon le plus faible, il faut accorder la priorité pour renforcer la sécurité  du personnel?  Quel effet la nouvelle désignation des sites de protection des civils a eu sur les ressources de la police des Nations Unies?  Cela a-t-il permis d’en libérer une partie et si oui, comment ont-elles été réaffectées? s’est interrogée l’Estonie. 

Nos efforts pour œuvrer à la paix se manifestent par la volonté d’un recrutement inclusif, avec la mise en place d’un système de quota par région, pour une meilleure représentativité des populations, y compris des femmes, a indiqué le Chef de la composante Police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  M. Issoufou Yacouba a indiqué que ses agents travaillent à la mise en œuvre d’une police de proximité et à l’opérationnalisation des Comités consultatifs de sécurité, qui servent de cadre de concertation entre les représentants de l’État, les services de sécurité et les populations locales.  La police des Nations Unies contribue également au renforcement des capacités de la chaîne pénale pour permettre l’accès de tous à la justice dans le cadre d’une approche commune de l’état de droit.  

Quel autre rôle peuvent jouer la police et la Mission des Nations Unies dans la mise en œuvre de l’ambitieuse charte de la transition, en particulier ce qui concerne la réforme du secteur de la sécurité, l’état de droit et le rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays? a demandé le Secrétaire d’État allemand de l’intérieur.  Peut-on en savoir plus sur les progrès réalisés dans l’intégration des opérations militaires et de police au sein de la Mission? a voulu savoir la France.  Les réformes du secteur de la sécurité ne devant pas être réservées au versant militaire, que fait la Police des Nations Unies? a ajouté la Belgique. 

Comment ce Conseil peut-il vous aider à mieux exécuter vos mandats? a demandé la Tunisie à tous les chefs de la composante Police.  Les opérations de paix sont-elles réellement dotées des ressources nécessaires à l’exécution de leurs tâches? a demandé l’Indonésie.  Comment assurer la présence d’un nombre encore plus grand de femmes dans les effectifs de police? ont demandé les États-Unis.  Insistant sur la performance, les États-Unis ont aussi voulu savoir comment sont utilisées les données des évaluations dans la rotation et le déploiement des effectifs?  La Chine a demandé dans quelles circonstances est-il possible de retirer la police dans certaines situations bien spécifiques sur le terrain, a aussi voulu savoir la Chine avant de demander à quel chaînon le plus faible il faut accorder la priorité pour renforcer la sécurité ? 

M. ALEXANDRE ZOUEV, Sous-Secrétaire général à l’état de droit et des institutions charges de la sécurité, du Département des opérations de paix, a déclaré que cette réunion annuelle est l’occasion de réaffirmer le rôle vital de la police des Nations Unies qu’il s’agisse de la prévention des conflits ou du maintien et de la consolidation de la paix.  La réunion est également un forum pour évoquer les succès et les faiblesses pour faire progresser le rôle de la Police en tant que prestataire de services et point focal de la politique et des questions liées au renforcement de l’état de droit.  

Le Sous-Secrétaire général a rappelé qu’il y a deux ans et demi, le Secrétaire général a lancé l’initiative « Action pour le maintien de la paix (A4P) » qui appelle les parties prenantes à examiner collectivement tous les défis posés au maintien de la paix.  Présentant les priorités de cette initiative, M. Zouev a expliqué qu’elle guide le travail du Département des opérations de la paix, la mise en œuvre des mandats assignés par le Conseil et la riposte à la crise née de la COVID-19.  La police des Nations Unies est une composante clef du maintien de la paix et est pleinement déterminée à faire avancer les priorités de l’Action pour le maintien de la paix.  

Abordant les résultats engrangés, le Sous-Secrétaire général a déclaré que les partenariats avec les organisations régionales et sous-régionales, et avec toutes les entités du système sont essentiels.  Au Darfour, par exemple, la police des Nations Unies a étroitement travaillé avec l’Union africaine pour la réduction de l’Opération hybride Union africaine-Nations Unies au Darfour (MINUAD)avec pour objectif de pérenniser la paix et de prévenir la résurgence du conflit, garantissant les capacités adéquates.  

La police des Nations Unies a également joué un rôle précieux dans tous les aspects de la protection des civils, y compris la protection physique.  En République centrafricaine, elle a contribué à l’instauration d’un climat plus sûr par le renforcement des capacités de la Police nationale, en participant à la formation et au recrutement de 1 000 cadets de la gendarmerie et de la police, avec autant à venir.  La police des Nations Unies a également été instrumentale dans la sensibilisation à la prévention de la COVID-19, distribuant matériels de protection individuelle et produits d’hygiène et médicaux, en particulier aux communautés les plus vulnérables.  

La Police a promu le cadre stratégique d’évaluation de la performance par la mise en œuvre d’indicateurs qui évaluent en profondeur l’impact des officiers déployés et inspirent les mesures correctives.  Le Sous-Secrétaire général a indiqué à ce propos que l’harmonisation de la formation avant déploiement est vitale pour améliorer la performance des officiers de police déployés.  C’est la raison pour laquelle des modules de formation ont été élaborés.  

S’agissant du programme « femmes, paix et sécurité » M. Zouev a indiqué que pour la police des Nations Unies, la parité entre les sexes est une priorité permettant de répondre aux différents besoins sécuritaires de la population.  La police des Nations Unies a continué de travailler avec les pays contributeurs d’unités de police pour dépasser l’objectif intermédiaire fixé pour 2020, y compris au niveau du commandement.  Une participation accrue des femmes à tous les niveaux transmet en effet un message fort aux communautés hôtes, a-t-il souligné, ajoutant que ce message est amplifié lorsque les femmes occupent des postes de leadership et de responsabilité.  À ce jour, trois des composantes de Police sont dirigées par des femmes, s’est-il réjoui.  Parallèlement, la police des Nations Unies s’est efforcée de renforcer la politique de tolérance zéro face aux cas d’exploitation et d’abus sexuels.  Cette question fait d’ailleurs partie de la formation avant déploiement.  

La police de Nations Unies veille aussi à réduire son empreinte écologique et a affiné, pour ce faire, son cadre de gestion de l’environnement.  Elle s’emploie en outre à pallier l’insécurité climatique, mise à nu par la pandémie. Le Sous-Secrétaire général a attiré à cet égard l’attention sur les plans de gestion des risques écologiques des Missions au Mali, en République démocratique du Congo et au Darfour.  Il a espéré que cet aspect du travail sera élargi, dans le cadre de la réalisation des objectifs de développement durable. 

L’ Action pour le maintien de la paix, a-t-il conclu, a pour objectifs de recentrer le maintien de la paix pour le rendre plus réaliste, faire des missions des opérations plus robustes et plus sûres, mobiliser davantage l’appui aux solutions politiques et déployer des forces mieux équipées et mieux formées.  Avec l’Action pour le maintien de la paix, nous serons plus à même de relever les défis actuels à la paix et de la sécurité, et au bout du compte, d’améliorer le quotidien de ceux pour lesquels les missions travaillent, a promis le Sous-Secrétaire général.  

M. SERGE THERRIAULT, Commissaire de Police du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH), a expliqué que le directeur général par intérim de la Police nationale haïtienne avait dirigé l’institution policière durant une année marquée par de violentes manifestations, une forte augmentation de la criminalité, une pandémie mondiale et des problèmes de relations de travail de longue date.  Il a cependant réussi à inverser les tendances négatives.  L’évolution de la présence de l’ONU en Haïti a permis à la Police nationale de montrer sa réactivité et son intérêt de devenir une institution résiliente qui se base sur des résultats, a expliqué M. Therriault. 

Poursuivant son exposé, le Commissaire a expliqué que la dernière transition avait été à l’origine d’importantes réformes en ressources humaines au sein de la Police haïtienne, lorsque des fractures internes étaient apparues pour exiger de meilleures conditions de travail.  Avec les conseils du BINUH, la direction de la Police nationale haïtienne a mis en place une commission de facilitation et de dialogue pour traiter les griefs des policiers et améliorer les relations de travail.  Certaines des recommandations de ladite commission ont déjà été mises en œuvre avec le soutien du Gouvernement, notamment la reconnaissance officielle du droit à la syndicalisation des policiers.  L’amélioration de la couverture santé s’est également avérée efficace pour apaiser les tensions internes. 

Le BINUH continue de travailler avec la Police nationale haïtienne pour parvenir à l’égalité des sexes et améliorer la capacité à prévenir toutes les formes de violences sexuelles et sexistes et à enquêter sur les cas signalés.  Les femmes représentent actuellement près de 11% des 15 000 agents de police haïtiens, s’est-il félicité en ajoutant que les conseillers stratégiques des Nations Unies sont engagés dans des initiatives supplémentaires pour atteindre un taux de 12% d’ici à 2021. 

Le soutien du Conseil de sécurité pour améliorer l’environnement sécuritaire en Haïti reste vital, a estimé M. Therriault, observant que l’insécurité est liée au contexte politique en Haïti.  Les nombreux épisodes de violence des gangs armés l’année dernière et la prédominance de la criminalité, « avec une recrudescence des vols, des enlèvements et des homicides », suscitent de graves préoccupations en matière de droits de l’homme.  L’orateur a estimé urgent que les autorités haïtiennes prennent des mesures concrètes et cohérentes pour que les responsables soient traduits en justice.  Les autorités de l’État doivent s’efforcer d’endiguer le phénomène des gangs et de mobiliser tous les efforts par une approche globale et des solutions à l’échelle nationale, en particulier à l’approche d’une période électorale cruciale, afin de protéger ses citoyens.  

Comme condition préalable au succès de la transition en cours, M. Therriault a recommandé au Gouvernement haïtien d’allouer des ressources financières, opérationnelles et humaines suffisantes et durables à sa police, pour maintenir la confiance de la population dans sa seule institution de sécurité publique. 

Mme  UNAISI VUNIWAGA, Chef de la composante Police de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS) a déclaré que lors de l’irruption de la pandémie, sa Mission a été confrontée à des menaces sanitaires sans précédent.  Mais elle a agi rapidement pour continuer à la fois à exercer son mandat de protection des civils et de son propre personnel, tout en gérant et en préservant sa réputation face à la perception erronée par la population locale qui la soupçonnait d’être le vecteur du virus. 

La Chef de la composante Police a décrit les mesures de protection et de distanciation sociale prises par la Mission et ses efforts pour concilier sa responsabilité s’agissant de la santé du personnel mais surtout des communautés vulnérables, dont les milliers de familles déplacées dans ses sites civils. L’application des mesures de prévention dans des camps pose des risques évidents pour la Mission tout entière.  La Police a donc réduit les contacts mais elle a gardé sa capacité de répondre aux urgences et maintenu des patrouilles à haute visibilité dans les 10 bureaux de la Mission.  

Pendant le pic de l’épidémie au mois de juin, a raconté la Chef de la composante Police, une bagarre a éclaté entre 500 personnes dans un camp.  L’unité de police constituée, qui était dotée d’équipements de protection, a découvert qu’après avoir calmé les choses, ses membres ont été testés positifs et en conséquence mis en quarantaine.  La Police a poursuivi ses ateliers et ses conseils techniques et aidé la Police nationale à décongestionner les lieux de détention pour éviter la propagation du virus.  Elle a lancé des projets à impact rapides visant à rénover ou construire des postes de police lesquels ont été remis à la Police nationale. 

Dans le pays, s’est réjouie la Chef de la composante Police, les violences politiques ont diminué fortement durant ces deux dernières années grâce au cessez-le-feu et à l’Accord de paix.  La Mission a réduit donc progressivement le nombre des soldats de la paix et transforme les camps de protection des civils en camps de déplacés, ce qui permet aux forces et à la Police des Nations Unies de renforcer ses activités de protection en dehors des camps, là où les besoins sont plus importants.  Ces changements ont conduit le Gouvernement du Soudan du Sud à assumer la sécurité des camps de déplacés avec le soutien technique et logistique de la Police des Nations Unies.  Cette Police, a souligné l’oratrice, travaille avec la section de l’état de droit pour gérer les sites de protection des civils et fournir des conseils à la Police nationale, aux autorités carcérales et aux tribunaux. 

M. PASCAL CHAMPION, Chef de la composante Police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) a présenté des pistes pour renforcer la performance et la responsabilité de la Police ONU.  Cette dernière, a-t-il dit, a démontré son fort potentiel lequel peut s’exprimer davantage, pour le bénéfice des populations et de l’ONU, dans le cadre du renouvellement de l’engagement collectif dans les opérations de paix. 

Il a expliqué que la Police de l’ONU a d’ores et déjà identifié de nombreuses pistes, en particulier par « la volonté forte » de se faire prestataire de services de tout le système onusien et au-delà.  Prestataire souvent « discret, inaperçu et donc, parfois oublié », la Police des Nations Unies a engrangé des succès à la MINUSCA, dans l’exécution de son mandat mais pour les principales stratégies des Nations Unies. 

La Police a réussi à s’acquitter de 40 missions différentes en appui à l’Accord politique de paix en République centrafricaine.  Huit policiers ont pu, « sans arme, sans casque et sans escorte » changer radicalement la situation en un an dans PK5, le quartier le plus difficile de Bangui, en police de proximité.  La police a aussi maintenu une coopération continue et sans faille avec tous les acteurs des droits de l’homme.  

Elle a su anticiper, imaginer, faire accepter et mettre en œuvre un modèle intégré de sécurisation des élections, au-delà des seuls experts en uniforme , tout en maintenant son activité face à la COVID-19, qui a fait très peu de malades.  La Police, a poursuivi M. Champion, a fait condamner, en janvier 2020, plusieurs assassins de Casques bleus tués à Bangassou en 2018, et « d’autres suivront ».  

Elle a su prendre plusieurs années d’avance sur le ratio hommes-femmes, et affiche même un taux de femmes supérieur.  Elle mène de front plus de 10 plans d’action sur des thématiques majeures et concilie sécurité et développement dans ses activités.  La Police a permis de doubler l’effectif police-gendarmerie en deux ans et demi avec un taux de 26% de femmes parmi les recrues.  Les humanitaires, quant à eux, ont développé une relation de confiance forte avec elle et demandent son soutien, comme à Batangafo où elle est contrainte de maintenir le fractionnement de l’unité de police constituée rwandaise.  

La Police des Nations Unies est également parvenue, depuis trois ans, à éliminer les cas d’abus ou exploitation sexuels , tandis que ses initiatives environnementales sont régulièrement citées en exemple.  Elle continue en outre de travailler au quotidien avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Union européenne, sa Mission militaire de formation (EUTM) et sa Mission civile (EUAM), sans oublier les autres partenaires bilatéraux. 

Parmi les clefs de ces succès, M Champion a cité le fait que la Police a bénéficié d’espace, d’oxygène, d’autonomie, de visibilité, d’attention, de soutien, et d’un leadership fort notamment de la part du Représentant spécial du Secrétaire général et du Conseiller de Police.  Elle a su intégrer les grandes stratégies onusiennes et applique au maximum de ses capacités le cadre du leadership de l’ONU du 18 Avril 2017, à savoir un leadership respectueux des normes et principes, inclusif, redevable, multidimensionnel, collaboratif, transformationnel, vécu de l’intérieur, concentré sur l’impact terrain. 

La Police, a précisé M. Champion, s’inspire beaucoup des théories du « prix de l’excellence » de Peters et Waterman: avoir le parti pris de l’action, être à l’écoute de ses clients, favoriser l’autonomie chaque fois que possible, gagner la productivité par la motivation du personnel, être souple dans la rigueur.  Elle pousse l’intégration selon les sept clefs de l’organisation de Mac Kinsey, également soutenues par Peters et Waterman.  Enfin, a-t-il dit, la Police des Nations Unies n’hésite pas à identifier ses faiblesses pour les gommer.  

Pour améliorer encore la performance et la responsabilité de cette Police, il convient, a-t-il conclu, de lui donner de l’attention, de l’espace, de l’oxygène.  En procédant ainsi, comme pour la révolution pacifique ouverte dans Bangui PK5 par la police de proximité, les années d’avance sur la parité hommes-femmes, les avancées remarquables en matière de sécurisation des élections, les belles initiatives environnementales ou encore la résilience hors norme face à la COVID-19, « la Police des Nations Unies rendra l’oxygène qui lui est donné ».   

M. ISSOUFOU YACOUBA, Chef de la composante Police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a jugé la coopération avec les partenaires du pays hôte « essentielle ».  Quant à la coopération avec les autres partenaires techniques, elle constitue pour lui un autre « cadre d’harmonisation des conditionnalités d’accès à l’aide aux forces de défense et de sécurité ». 

Les efforts de la police pour œuvrer à la paix se manifestent par la volonté d’un recrutement inclusif, avec la mise en place d’un système de quota par région, pour une meilleure représentativité des populations, y compris des femmes, a indiqué M. Yacouba.  Il a ajouté que la MINUSMA travaille également à la mise en œuvre d’une police de proximité et à l’opérationnalisation des Comités consultatifs pour la sécurité, qui servent de cadre de concertation entre les représentants de l’État, les services de sécurité et les populations locales.  La police des Nations Unies (UNPOL) contribue également au renforcement des capacités de la chaîne pénale pour permettre l’accès de tous à la justice dans le cadre d’une approche commune de l’état de droit. 

Cependant, a poursuivi M. Yacouba, la pandémie de COVID-19 a fortement impacté la mise en œuvre du mandat de la MINUSMA et « la situation a été rendue encore plus difficile avec la crise politique qui a débouché sur la mise en place d’une transition politique ».  D’autre part, si la résolution 2382 (2017) avait souligné le besoin de fournir des ressources suffisantes pour atteindre les objectifs de la Mission, M. Youcouba a rappelé que les ressources humaines, logistiques et financières demeuraient inadéquates. 

M. Youcouba a appelé les autorités du pays hôte à mettre l’accent sur « la gouvernance des institutions de l’état de droit ».  Les Forces de sécurité doivent permettre la création des conditions et la mise en place d’un environnement propice au redéploiement des représentants de l’État, à la restauration de son autorité et à la lutte contre l’impunité, toutes choses devant contribuer au développement social et économique: « la sécurité, la paix et la stabilité en dépendent », a-t-il conclu.  

M. HANS-GEORG ENGELKE, Secrétaire d’État à l’intérieur de l’Allemagne, a rendu hommage aux chefs des composantes police présents, rappelant que 8 890 officiers de police travaillent en ce moment dans 12 opérations de paix dans différentes régions du monde, parmi lesquels des officiers allemands au Kosovo, au Mali, en Somalie et au Soudan du Sud.  

L’Allemagne, a-t-il rappelé, déploie des policiers depuis 1989 et à l’époque, deux contingents étaient déployés au sein du Groupe d’assistance transitionnelle en Namibie, l’un d’Allemagne de l’Ouest et l’autre d’Allemagne de l’Est.  Aujourd’hui, il n’y a plus qu’une seule Allemagne des officiers de la Police fédérale et des policiers de ses différents États. 

Le Secrétaire d’État a rappelé, alors que l’on célèbre les 60 ans de la police des Nations Unies, le nombre de ses membres est passé de 1 700 en 1994 à 15 000 en 2010 puis à 9 000 aujourd’hui.  Ces officiers de police assurent la protection des civils et des groupes les plus vulnérables, offrent des formations et conseillent les autorités des pays, sans oublier la responsabilité de protéger les femmes contre les violences sexuelles et fondées sur le sexe. 

Une paix durable ne peut être atteinte que lorsque l’état de droit et les droits de l’homme sont respectés.  La sécurité et le travail démocratique de la police constituent le service le plus important qu’un État peut offrir à ses citoyens.  Sans sécurité, l’éducation, la participation, le développement et la prospérité sont presque inaccessibles.  La police des Nations Unies joue donc un rôle clef.  Le Secrétaire d’État a ajouté que, face à la complexité croissante des conflits et des mandats, il est essentiel que cette police soit dotée des ressources, des effectifs et de la formation nécessaires à sa mission.  

À cet égard, le Conseil de sécurité a la responsabilité d’adopter des mandats réalistes et de fixer des plafonds suffisants d’officiers de police.  Le Secrétaire d’État a interpelé la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires sur la question des ressources et demandé aux pays contributeurs de troupes et d’effectifs de police de bien former et de bien sélectionner leur contingent.  Quant au Secrétariat de l’ONU, il doit apporter des cadres conceptuels et stratégiques clairs. 

Rappelant l’importance pour ce Secrétariat de garder le contact avec les États Membres, le Secrétaire d’État a confirmé que son pays est prêt à apporter son aide en matière de personnel et de financement.  L’Allemagne, a-t-il dit, soutient la réforme de l’architecture pour la formation de la police des Nations Unies et met d’ailleurs à disposition ses centres de formation.  Il a aussi demandé au Secrétariat et aux opérations de paix de mettre dans les rapports du Secrétaire plus d’information sur le travail des officiers de police.  

Quel autre rôle peuvent jouer la police et la Mission des Nations Unies au Mali dans la mise en œuvre de l’ambitieuse charte de la transition, en particulier ce qui concerne la réforme du secteur de la sécurité, l’état de droit et le rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays?  Quel impact a la Police de la BINUH dans un contexte marqué par les activités des gangs.  Comment assure-t-elle l’accès aux services sociaux de base dans les endroits contrôlés par ces gangs? S’est encore demandé le Secrétaire d’État. 

Au nom de l’Afrique du Sud, du Niger et de Saint-Vincent-et-les Grenadines, la Tunisie a souligné le rôle clef des opérations de police des Nations Unies dans le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde, conformément à la résolution 2518 (2020) du Conseil de sécurité.  La Police des Nations Unies, a-t-elle souligné, aide les forces de sécurité nationales à protéger les civils et contribue au renforcement des capacités des polices nationales, contre criminalité organisée et le terrorisme international, a insisté la Tunisie.  Elle a donc plaidé pour que l’on dote les officiers de police d’une formation et d’un matériel adaptés, sans oublier des mandats « réalistes, réalisables et financés comme il se doit ». 

La Tunisie a aussi loué l’« approche participative » défendue par la police des Nations Unies, laquelle contribue aux solutions politiques et aux stratégies de sortie de crise.  La police des Nations Unies, a estimé la Tunisie, a bien fait de suspendre certaines activités de formation pendant la pandémie de COVID-19. Elle doit rester vigilante maintenant que la deuxième vague pandémique se profile à l’horizon.  La Tunisie a aussi encouragé la police à continuer de promouvoir la parité hommes-femmes aux postes de direction et à renforcer son rôle dans la protection des civils.  Comment ce Conseil peut-il vous aider à mieux exécuter vos mandats, a-t-elle demandé aux chefs de la composante Police des missions.  

Les États-Unis se sont félicités des grands progrès accomplis ces 60 dernières années par la police des Nations Unies laquelle est aujourd’hui à un travail toujours plus complexe et plus dynamique dans les cinq grandes opérations de paix en cours.  Ils ont soutenu la stratégie de parité à tous les niveaux de la police et noté avec satisfaction que les objectifs 2020 pour le programme « femmes, paix et sécurité » ont été atteints au siège comme sur le terrain.   Il faut faire plus, ont encouragé les États-Unis, en voulant voir des femmes aux fonctions les plus élevées pour qu’elles puissent contribuer à la reconstruction des communautés et au rétablissement de la confiance entre les citoyens et les forces de l’ordre nationales, en particulier au Soudan du Sud, en République centrafricaine et au Mali.  

Les États-Unis ont plaidé pour que la police des Nations Unies ait la formation adéquate et soit plus comptable de ses actes, en vertu des règlements de l’ONU.  Ils ont dit espérer des rapports « honnêtes » sur les succès et les lacunes en matière de performance, arguant qu’il y a encore beaucoup à faire pour évaluer comme il se doit le travail des policiers.  Face à la complexité croissante des missions, la police des Nations Unies doit être à tout point « professionnelle », ont tranché les États-Unis.  Comment sont utilisées les données des évaluations dans la rotation et le déploiement des effectifs?  Comment mieux honorer l’engagement à protéger les civils, pendant les périodes de transition?  Comment assurer la présence d’un nombre encore plus grand de femmes dans les effectifs de police? ont encore demandé les États-Unis. 

La France a souligné deux priorités, en premier lieu la nécessité pour la police des Nations Unies d’accompagner la transition entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix, avec la population qui est au cœur de cet objectif.  La confiance entre la population, les autorités publiques et les institutions est une condition indispensable au retour à une paix durable, selon la France.  Cela implique le renforcement de l’état de droit, l’accompagnement des forces de sécurité intérieures nationales, la protection de tous et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, a estimé la délégation.  Du fait de la COVID-19, a-t-elle continué, cette confiance est encore plus difficile à gagner et à entretenir puisque chaque gendarme, chaque policier au contact de la population doit faire preuve d’un respect absolu des règles sanitaires imposées afin de ne pas être perçu comme un vecteur de propagation du virus. 

La deuxième priorité est aux yeux de la France de poursuivre les efforts pour gagner en efficacité.  La mixité des contingents est aussi clef dans le renforcement de l’efficacité de la police.  La France a estimé que le nouveau système de pilotage de la performance des opérations de paix, mis en place par le Secrétariat, est également très utile pour améliorer l’efficacité de la police des Nations Unies, partout où ses unités sont déployées, au bénéfice de la montée en gamme des forces de police locales et de la protection des populations.  

La France a demandé au Chef de la composante police de la MINUSMA de faire part des progrès réalisés dans l’intégration des opérations militaires et de police au sein de la mission pour remplir ces tâches, voulant aussi connaître ses recommandations.  Quelles actions concrètes la police des Nations Unies met-elle en œuvre en République centrafricaine en appui aux Forces de sécurité intérieure et à leur redéploiement sur le territoire? a-t-elle aussi demandé.  Elle a terminé en rappelant que les élections présidentielle et législatives du 27 décembre seront un moment politique capital pour la consolidation de la démocratie en République centrafricaine: comment la police des Nations Unies prépare-t-elle cette échéance, notamment dans le cadre du plan de sécurisation intégrée des élections qui a été signé le 2 octobre dernier?

Le Royaume-Uni a souhaité que le Conseil de sécurité trouve des moyens d’accroître l’efficacité des services de police des Nations Unies par le biais de réformes pratiques.  Il a rappelé que certaines des recommandations de l’examen de la Division de la police de l’ONU en 2016 demeurent en suspens.  Il a suggéré trois mesures pour rendre efficaces les services de police de l’ONU, en premier lieu une intégration des services de police aux processus de planification des missions tout au long de la vie d’une mission, de son élaboration à la transition lorsque son mandat s’achève.  Les missions, a-t-il ajouté, doivent être en mesure d’effectuer une évaluation continue pour s’assurer que les activités policières demeurent adaptées aux besoins sur le terrain. 

Deuxièmement, a ajouté la délégation, les engagements des pays en termes de personnel doivent être adaptés aux besoins des missions et contribuer à la réalisation de la Stratégie de parité entre les sexes du Secrétaire général.  Le recrutement doit être équitable, opportun et fondé sur le mérite, en choisissant les compétences, les capacités et l’expertise dont certaines missions ont besoin.  « La pleine participation, égale et significative des femmes aux services de police des Nations Unies n’est pas seulement un impératif moral, mais aussi une considération opérationnelle essentielle. »  En effet, a expliqué la délégation, la confiance entre les composantes de la police des Nations Unies et les communautés locales s’établit plus facilement si la police reflète ceux qu’elle sert. 

En troisième lieu, le Royaume-Uni a recommandé de donner la priorité au rendement de la police.  Lorsque le personnel est à la hauteur des normes élevées, il est plus en mesure de s’acquitter de ses mandats et d’assurer sa propre sécurité.  La délégation a dit attendre avec intérêt, à cet égard, la mise en œuvre du cadre de résultats et de responsabilisation en matière de maintien de la paix de la police des Nations Unies, tout en soulignant la nécessité urgente de finaliser le Cadre d’orientation stratégique concernant le rôle de la police dans les opérations internationales de maintien de la paix.  L’opérationnalisation de cette orientation conduira à l’élaboration de manuels et d’outils de formation adaptés pour permettre aux contributeurs de police de comprendre les normes que leur personnel doit respecter.  

La Chine a redit l’importance de la résolution 2518 (2020), surtout en ce qui concerne l’aide à la police pour qu’elle soit en mesure de s’acquitter de ses responsabilités par l’amélioration du salaire, l’équipement et la couverture médicale.  Il faut en outre dispenser des formations sur les risques encourus au sein des mission et ce, avant le déploiement, a rappelé la Chine.  La délégation a insisté sur la mise en œuvre de l’initiative Action pour le maintien de la paix et sur l’importance de former le personnel et de le doter des ressources nécessaires.  

Depuis 2015, le Gouvernement chinois a formé plus d’un millier d’agents de police pour le maintien de la paix, a précisé la délégation avant d’appeler le Conseil à élaborer des mandats clairs et à ajuster les mandats et priorités en fonction des situations de terrain.  La Chine a rappelé qu’elle appuie la police de la MINUSMA qui aide le Gouvernement malien à avancer dans sa transition et à appliquer l’Accord de paix.  La Chine a fait état de son engagement croissant, depuis des années, dans les opérations de maintien de la paix, précisant qu’une trentaine d’agents de police chinois sont déployés à Chypre et au Soudan du Sud. Ces agents se sont engagés à apporter de la vitalité aux missions, a assuré la délégation.  

Enfin, la Chine a relevé que la protection des civils requiert des solutions durables et a interrogé M. Zouev sur les moyens de réinstaller les civils quand les sites de protection n’existeront plus.  Dans quelles circonstances est-il possible de retirer la police dans certaines situations bien spécifiques sur le terrain, a aussi voulu savoir la Chine avant de demander à quel chaînon le plus faible il faut accorder la priorité pour renforcer la sécurité ?

L’Indonésie a relevé que le rôle croissant de la police des Nations Unies nécessite une meilleure planification et davantage de coordination ainsi qu’un processus de recrutement et de déploiement plus efficace et un soutien institutionnel plus fort.  La police des Nations Unies doit également être soutenue par des ressources financières adéquates et durables, a demandé la délégation qui a aussi réclamé davantage d’efforts pour assurer la sécurité de son personnel.  Cette dernière exigence étant encore plus importante dans le contexte de la pandémie de COVID-19, l’Indonésie a demandé au Secrétariat de redoubler d’efforts pour améliorer les capacités de protection et les installations médicales dans les missions.  Concernant l’amélioration des performances et du professionnalisme de la police des Nations Unies, la délégation a souligné l’importance de la formation et de la protection des policiers.  Elle a mis l’accent sur les compétences linguistiques, la compréhension de la culture locale et les droits de l’homme. 

S’agissant de la participation des femmes à la police des Nations Unies, l’Indonésie a appelé à poursuivre les efforts collectifs visant à accroître leur participation au maintien de la paix, donnant l’exemple de sons pays qui déploie actuellement 46 femmes policières dans cinq missions de l’ONU.  Pour accroître la participation des femmes dans la police des Nations Unies, l’Indonésie se focalise sur l’investissement dans la formation et le renforcement des capacités, a poursuivi la délégation.  Ainsi, en 2021, l’Indonésie et la Norvège organiseront une formation pour préparer des policières indonésiennes au déploiement.  L’Indonésie accueillera également la Conférence annuelle de formation de l’Association internationale des femmes policières, à Yogyakarta, en septembre 2021.  Avant de terminer, la délégation a demandé aux responsables de la police des Nations Unies leur avis sur ce qui doit être amélioré dans le mandat de cette police.  Elle a aussi voulu savoir s’ils considèrent que les missions de maintien de la paix sont suffisamment soutenues avec les ressources nécessaires et adéquates pour mener à bien leurs tâches.  Quelles sont les mesures prises pour offrir un environnement favorable aux femmes policières ? a également demandé l’Indonésie. 

Le Viet Nam a réitéré son soutien aux opérations de paix et rendu hommage aux femmes et hommes qui y travaillent, prêts au sacrifice ultime.  Il a particulièrement loué leur rôle dans la lutte contre les conséquences de la pandémie, la protection des civils, la formation des polices nationales et les conseils aux États hôtes.  Le rôle accru de la police ne l’épargne pas, a souligné le Viet Nam, du consentement préalable des États et du strict respect du non-recours à la force, sauf en cas de légitime défense.  Soucieux de la parité au sein du personnel de l’ONU, le Viet Nam s’est félicité des avancées, notant que le personnel féminin a le don de susciter la confiance des populations, de tenir un meilleur dialogue avec ces populations et de protéger plus efficacement les femmes  contre la violence.  À son tour, il a encouragé les pays fournisseurs de troupes à améliorer la formation de leurs contingents, avant d’annoncer que son pays déploiera du personnel au sein des opérations de l’ONU en 2021. 

La Fédération de Russie a indiqué que des policiers russes sont déployés actuellement dans les opérations de paix et les missions politiques spéciales, soit un nombre qui ne fait qu’augmenter.  Les policiers de l’ONU ont un rôle important dans le maintien de l’ordre et la réforme des secteurs de la sécurité. Ils luttent de plus en plus contre différents types de criminalité organisée et leurs efforts permet de jeter les bases du rétablissement de l’ordre et même de la réconciliation nationale.  La condition préalable de leur succès repose d’abord et avant tout sur une coopération étroite avec les autorités nationales, d’où l’importance de leur fournir les ressources financières et l’équipement nécessaires à leurs fonctions.  

La Fédération de Russie a jugé « contreproductif » de confier à la police des Nations Unies des fonctions qui ne relèvent pas de son mandat, comme les questions relevant de certains droits de la personne.  Elle a répété que ses officiers de police sont déployés au Soudan du Sud, en Colombie, à Chypre et au Kosovo, les femmes représentant 20% des effectifs alors qu’une attention est accordée à la formation linguistique, en fonction des pays hôtes.  La Fédération de Russie a attiré l’attention sur l’organisation, en novembre 2020, d’un cours de formation aux opérations de l’ONU à l’intention des officiers de police africains.  

La Belgique a insisté sur le rôle majeur de la police des Nations Unies dans la protection des civils, alors qu'il a été sous-estimé et souvent ignoré par le passé, au profit des réponses militaires.  Appelant à préserver les acquis de cette Police, dans le contexte difficile de la pandémie de COVID-19, la Belgique a plaidé pour qu’elle soit pleinement impliquée dans cette protection des civils, particulièrement dans les missions en phase de retrait.  Il faut, a-t-elle conseillé, envisager des partenariats avec les parties prenantes sur le terrain et faire preuve de « souplesse » pour doter la police des capacités nécessaires. 

À la Chef de la composante Police de la Mission au Soudan du Sud, la Belgique a demandé si ses forces ont vraiment la capacité de protéger les civils. Les réformes du secteur de la sécurité ne devant pas être réservées au versant militaire, que faites-vous au Mali? a demandé la Belgique au Chef de la composante police de la MINUSMA.  Nous savons tous que le renforcement des effectifs féminins au sein de la police des Nations Unies contribue positivement au maintien de la paix.  Pouvez-vous nous donner des exemples concrets du travail des femmes en uniforme? a enfin demandé la Belgique au Sous-Secrétaire général.  

La République dominicaine a déclaré que 2020 a été une année de défis majeurs alors même que l’on célèbre le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies.  Il est opportun, a-t-elle jugé, d’examiner les bonnes pratiques de la police des Nations Unies et de son mandat important de la protection des civils. Elle a salué les directives face à la pandémie de COVID-19 en Haïti, en particulier dans un climat de troubles civils.  La République dominicaine s’est d’ailleurs dite « troublée » par la persistance d’une violence généralisée dans le pays et par le petit budget de la Police haïtienne.   

Au Soudan du Sud, où la police des Nations Unies s’emploie particulièrement à prévenir la violence sexiste et fondée sur le sexe, la République dominicaine s’est félicitée de la mise en œuvre en cours du cadre d’amélioration de la performance et de son évaluation trimestrielle pour combler les lacunes.  La situation au Mali, a-t-elle reconnu, est exacerbée par le dernier coup d’état, le terrorisme, l’extrémisme violent et une situation humanitaire alarmante dans certaines parties du nord.  Dans cette phase critique, la présence de la police des Nations Unies est plus que jamais nécessaire, a conclu la République dominicaine 

L’Estonie a salué les efforts visant à renforcer le rôle de la police des Nations unies dans le maintien de la paix et s’est interrogée sur les priorités dans le cadre de la phase 2 de l’initiative « Action pour le maintien de la paix ».  Elle a insisté sur l’importance cruciale des mécanismes visant à améliorer la performance des opérations de paix, avec un accent particulier sur la protection des civils et la promotion des droits de l’homme.  L’impact de la COVID-19 ayant accru à la fois les responsabilités et les risques pour la police des Nations Unies, l’Estonie a voulu en savoir plus sur la manière dont la pandémie a impacté les efforts visant les postes vacants à la police des Nations Unies.  

Elle a également demandé au Chef de la composante Police de la Mission au Soudan du Sud quel effet la nouvelle désignation des sites de protection des civils a eu sur les ressources de la Police des Nations Unies.  Cela a-t-il permis de libérer une partie des ressources?  Si oui, comment ont-elles été réaffectées?  L’Estonie a conclu en rappelant combien la parité hommes-femmes est essentielle à l'efficacité dans le maintien de l’ordre, surtout pour la police de proximité et la lutte contre les violences sexuelles et fondées sur le sexe en période de conflit. 

Le Sous-Secrétaire général à l’état de droit et des institutions chargées de la sécurité, du Département des opérations de paix, a pris note de l’observation de l’Allemagne concernant la productivité de la police des Nations Unies.  En réponse à une question de la Tunisie sur la pandémie de COVID-19 dans les missions, le Sous-Secrétaire général a expliqué que la police des Nations Unies s’était adaptée à cette réalité en élaborant des directives spécifiques pour ce qui est de la fourniture de matériels et d’équipements de protection individuelle aux partenaires et aux fournisseurs.  Interrogé sur ce qu’il attend du Conseil de sécurité dans l’exécution des mandats de la police des Nations Unies, M. Zouev a dit avoir besoin du soutien du Conseil dans le cadre notamment de la transition lors du retrait des Casques bleus et face à moult difficultés sur le terrain.  Il a ajouté le besoin de davantage de personnel de police.  Nous avons aussi besoin de ressources budgétaires, a avoué le haut responsable qui a espéré « obtenir un soutien politique et financier dans ce domaine » de la part des États Membres. 

Répondant à des questions des États-Unis et de la France, M. Zouev a indiqué que la performance est au cœur de l’Action pour le maintien de la paix.  S’agissant de la situation des femmes policières ces cinq dernières années, il a déclaré que des progrès avaient été faits.  Mais, a-t-il nuancé, des efforts restent à consentir notamment en matière de formation et de déploiement des femmes dans les missions.  Prenant note de la préoccupation du Royaume-Uni sur la question de la performance, le Sous-Secrétaire général a rappelé que son département avait élaboré en 2015 un cadre de responsabilisation stratégique, qui prévoit notamment une formation destinée aux policiers et policières devant être déployés dans les missions de maintien de la paix.  Aujourd’hui, a-t-il ajouté, la formation prend en compte les nouvelles réalités du terrain comme la pandémie de COVID-19 ou d’autres situations de sécurité.  Il a insisté sur le besoin en formation linguistique pour les policières. 

En réponse à l’Estonie qui a voulu en savoir plus sur la manière dont la pandémie a impacté les efforts visant à pourvoir les postes vacants à la police des Nations Unies, le Sous-Secrétaire général a informé que celle-ci est touchée de plein fouet par la pandémie avec des policiers qui ont été mis en quarantaine pendant les premiers mois.  On a perdu 15 membres du personnel militaire et civil, a-t-il précisé.  Dans le même temps, les missions ont aidé à fournir des équipements de protection personnel aux communautés qu’elles servent. 

Le Chef de la composante Police de la MINUSCA a répondu à une question sur la parité des sexes en indiquant que la Mission avait obtenu des résultats positifs dans ce domaine après avoir fondamentalement modifié sa stratégie en matière de genre en 2019.  Les femmes policières sont préférées aux hommes dans certains recrutements, a-t-il indiqué.  Faisant part des contextes culturels et d’autres contextes qui se sont parfois difficiles pour les policières, il a assuré que leurs collègues masculins les soutiennent fréquemment.  La Mission apporte également un soutien moral aux policières, a-t-il ajouté. 

S’agissant du soutien au processus électoral en République centrafricaine, M. Champion a déclaré que les policiers de la MINUSCA accomplissent quotidiennement des tâches pour appuyer les préparatifs en vue des prochaines élections, y compris la planification de la mise en place d’une ligne téléphonique disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 pour l’assistance électorale d'urgence.  Cette ligne est réservée particulièrement aux femmes, a-t-il précisé.  La Mission aide aussi les autorités dans la prise de décision concernant le déploiement de policiers et de gendarmes hors de Bangui, a-t-il ajouté. 

Le travail « excellent » des femmes dans les opérations de paix est à saluer, a poursuivi le Chef de la composante Police du BINUH.  Il a déclaré que l’ensemble des Nations Unies doit déployer plus d’efforts pour promouvoir les femmes aux postes de direction. Il a avancé l’idée d’une «  liste de réserve  », de femmes  prêtes à être sélectionnées et déployées.  Il a aussi jugé que les pays fournisseurs de contingents devraient prendre l’engagement de déployer au moins 20% de femmes dans leurs effectifs.  Sur le terrain, la part des femmes dans la composante Police est de 17% en 2017 à 28% aujourd’hui. 

Pour les postes administratifs, la moyenne est de 15 à 24%.  Des commissaires adjointes sont d’ailleurs déployées à la MINUSMA.  S’attardant en particulier sur la Police haïtienne, le Chef de la composante Police du BINUH a indiqué que le conseil doit toujours de se montrer « exemplaire ».  Mais parfois, a-t-il avoué, « nous mordons sur notre chique » et laissons nos homologues haïtiens apprendre de leur expérience, dans des conditions, il est vrai difficiles et parfois violentes.  Le Chef de la composante s’est félicité de ce que les pays contributeurs de troupes puissent se tourner vers un point focal pour s’assurer du développement continu de la police des Nations Unies, « un des aspects clefs de notre action ». 

S’agissant des équipes spécialisées, « essentielles » pour le renforcement des capacités contre les violences sexuelles et fondées sur le sexe, il a indiqué que l’équipe norvégienne et canadienne a travaillé de façon « remarquable » en Haïti, au moment où la présence militaire de l’ONU diminuait.  Un conseiller en question de genre fait partie de l’équipe et chaque policier dispose d’un plan d’action.  

La Chef de la composante Police de la MINUSS a rappelé sa Mission de fournir depuis 2018 une assistance technique à la Police Nationale pour la protection des civils, les aspects législatifs et le maintien de l’ordre.  Elle s’est félicitée d’avoir contribué à la professionnalisation de plusieurs brigades de la Police nationale et noté le travail de formation et de sensibilisation de ces policiers en vue de leur rôle accru après la transformation des sites de protections des civils en camps de déplacés. 

Nous jouons, a-t-elle dit, un rôle de mentors et nous plaidons pour une meilleure politique d’inclusion, tout en renforçant les capacités dans une approche globale de promotion de l’état de droit.   Les victimes de violences sexistes, a-t-elle dit par exemple, doivent pouvoir aller dans un poste de police et avoir confiance dans le système.  Nous entrons, a-t-elle rappelé, dans une phase de transition au Soudan du Sud, « mais nous sommes toujours là !  » .  La coordination des opérations de sécurité va avoir une place centrale dans nos activités.  Outre la protection des civils, des femmes et des filles, il s’agira de soutenir d’autres secteurs afin de renforcer la lutte contre l’impunité.  La Chef de la composante Police n’a pas manqué de plaider pour que les États membres déploient plus de femmes dans les opérations de l’ONU et pour qu’elles soient nommées à des postes élevées.  « Quand on veut, on peut ». 

Le Chef de la composante Police de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a insisté, pour sa part, sur la prise en compte du contexte et des causes profondes du pays où une Mission est déployée.  Au Mali, a-t-il dit, nous avons un problème de mauvaise gouvernance et d’impunité « dans tous les secteurs ».  La refonte des forces nationales de sécurité ne connaît aucun progrès car tout est réservé à l’armée.  La Police nationale est donc confrontée à des enjeux énormes mais la Mission a convaincu les autorités de prendre les décisions qu’il faut, en particulier pour Kidal où, pour l’instant, il n’y a pas de policiers.  Les représentants de l’État ne sont déployés dans aucune zone à problèmes.  Le rétablissement de l’autorité de l’État, a tranché le Chef de la composante Police exige une démarche commune.  En attendant la situation dégénère dans la périphérie de Bamako, ce qui exige une approche holistique pour que la police nationale joue un rôle central dans la protection des civils.  La police de proximité sera vitale dans tout le pays.  Il faut des locaux et des femmes dont une dirige déjà le deuxième commissariat de Gao. 

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