Conseil de sécurité: la pandémie aggrave l’insécurité alimentaire dans les zones de conflit, « comme toujours » aux dépens des plus vulnérables
À l’occasion d’un débat public, mais toujours réalisé en visioconférence pour cause de COVID-19, consacré à la mise en œuvre de la résolution 2417 (2018) sur la relation entre les conflits armés et la violence et l’insécurité alimentaire, plusieurs hauts responsables des Nations Unies sont venus, cet après-midi, tirer la sonnette d’alarme devant le Conseil de sécurité face à l’aggravation de la situation alimentaire dans les zones de conflit, du fait de la pandémie.
Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire aiguë dans le monde pourrait presque doubler en 2020 et « comme toujours, les plus vulnérables paient le prix le plus élevé », a déploré M. Mark Lowcock, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence.
Le 24 mai 2018, le Conseil de sécurité adoptait à l’unanimité la résolution 2417 (2018), un texte considéré comme historique par lequel il condamnait fermement l’utilisation de la famine comme méthode de guerre ainsi que les refus illicites d’accès humanitaire et la privation des civils de biens indispensables à leur survie, établissant ainsi, pour la première fois de son histoire, le lien entre les conflits, l’insécurité alimentaire et de la famine.
« Ces liens sont clairs », a poursuivi M. Lowcock. Durant un conflit, a-t-il expliqué, les civils sont souvent chassés de leur maison, perdant ainsi leurs terres et moyens de subsistance. De plus, la destruction des fermes, des sources d’approvisionnement alimentaire, du bétail, des infrastructures et des services publics dans les combats contribue à l’augmentation du prix de la nourriture et d’autres produits de première nécessité, comme l’eau et le carburant. Lors du débat, les membres du Conseil ont illustré ces propos en énumérant les zones en situation de conflit les plus touchées par le phénomène: Soudan du Sud, Yémen, République démocratique du Congo, nord-est du Nigeria ou encore Sahel.
Or, la pandémie de COVID-19 est en train d’aggraver la situation, a averti M. Lowcock. M. Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et M. David Beasley, Directeur exécutif du PAM, se sont ralliés au cri d’alarme du Coordonnateur des secours d’urgence, en présentant des projections pour le moins inquiétantes.
Ainsi, selon le PAM, le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë devrait passer de 135 à 270 millions de personnes cette année. M. Beasley a précisé que les confinements s’étaient traduits par la perte de 400 millions d’emplois à temps plein dans le monde et l’effondrement des envois de fonds, frappant aussi durement les deux milliards de personnes qui travaillent dans l’économie informelle, principalement dans des pays à revenu intermédiaire et faible
Toutefois, a rappelé la République dominicaine, si la faim semble être une menace récurrente et persistante pour les pays touchés par les conflits, « nous sommes une fois de plus, comme en 2018 et à plusieurs reprises auparavant, en train d’essayer de résoudre un problème qui aurait pu être évité ». Pour ce pays, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence la nécessité de renforcer les capacités locales pour créer de la résilience et de briser la dépendance à l’aide humanitaire. Saint-Vincent-et-les Grenadines a demandé à la communauté des donateurs, y compris les institutions financières internationales, d’intensifier leur assistance aux pays affectés. La France a ajouté à cette liste le secteur privé, qui doit lui aussi être mobilisé pour faire reculer le risque de famine.
Plusieurs pays ont en outre appelé le Conseil et les États Membres à soutenir l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial et une pause humanitaire permettant d’acheminer l’aide partout où elle est nécessaire. La France a réclamé un respect absolu du droit international humanitaire et rappelé que l’utilisation de la famine comme méthode de guerre était un crime de guerre en vertu du droit international.
La Fédération de Russie a toutefois estimé que le soi-disant « lien entre l’humanitaire et le développement », repris par de nombreux orateurs, restait un terme sans définition claire et a ajouté que les conflits armés n’étaient pas la seule source de l’augmentation du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire. Pour elle, il y a le nouveau défi majeur présenté par la COVID-19, mais aussi la volatilité des prix alimentaires sur le marché mondial, la stagnation économique, le manque d’investissements et de progrès dans l’agriculture, la dégradation de l’environnement, ainsi que les mesures économiques unilatérales qui sapent le droit développement des pays et leurs capacités, ce dernier point étant également souligné par l’Afrique du Sud. Pour la Fédération de Russie, ces aspects impliquent que la solution au problème de la faim induite par les conflits ne doit pas être recherchée uniquement dans le domaine politique, mais aussi dans le développement.
Tout en mettant l’accent sur le rôle du Conseil de sécurité pour « trouver une solution aux problèmes et briser le cercle vicieux des conflits, de la violence et de l’insécurité alimentaire », la Chine a rappelé que la sécurité alimentaire et le développement durable étaient des conditions nécessaires au règlement des conflits et s’est présentée en modèle de la priorité accordée à la sécurité alimentaire dans la gouvernance, citant sa campagne nationale en cours contre le gaspillage alimentaire.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a constaté que depuis la fin du XXe siècle, les famines étaient de moins en moins fréquentes et meurtrières. Il a cité trois principaux facteurs à l’origine de cette évolution: l’augmentation de la production et de la productivité agricoles, qui a permis de nourrir des millions de personnes supplémentaires à des prix abordables; la forte diminution de l’extrême pauvreté, dont le taux est passé de près de 36% de la population mondiale en 1990 à 10% en 2015; et le partage des connaissances et ressources entre pays et organisations pour prévenir les crises au moyen d’actions décisives.
Avant la pandémie de COVID-19, le monde en était venu à une situation où les risques de famine étaient confinés aux zones de conflit, a poursuivi M. Lowcock. Dans ce contexte, le Secrétaire général adjoint a estimé que la résolution 2417 (2018), adoptée par le Conseil de sécurité le 24 mai 2018, revêtait une importance capitale, dans la mesure où elle reconnaît explicitement le lien entre les conflits armés, l’insécurité alimentaire et le risque de famine.
« Ces liens sont clairs », a insisté le Coordonnateur des secours d’urgence, qui a précisé que, durant un conflit, les civils étaient souvent chassés de leur maison, perdant ainsi leurs terres et moyens de subsistance. De plus, a poursuivi M. Lowcock, la destruction des fermes, des sources d’approvisionnement alimentaire, du bétail, des infrastructures et des services publics contribue à l’augmentation du prix de la nourriture et d’autres produits de première nécessité, comme l’eau et le carburant. Ainsi, au fil du temps, les conflits déchirent le tissu social, sapent les institutions publiques et érodent la croissance économique et le développement, a déploré le Secrétaire général adjoint, qui a précisé que dans les dix pays les plus touchés, le coût moyen des conflits était estimé à environ 40% du PIB. « Le coût humain et économique est astronomique », a-t-il insisté.
Or, la pandémie de COVID-19 est en train d’aggraver la situation, a déploré M. Lowcock. Citant les chiffres du Programme alimentaire mondial (PAM), il a indiqué que le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë avant la pandémie allait quasiment doubler cette année, passant de 135 à 270 millions de personnes. Dans le même ordre d’idées, a-t-il ajouté, la Banque mondiale prévoit que le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté augmentera pour la première fois depuis les années 1990. « Comme toujours, les plus vulnérables paient le prix le plus élevé », s’est-il indigné, précisant que le Soudan du Sud, le Yémen, la République démocratique du Congo, le nord-est du Nigéria et le Sahel figuraient parmi les zones les plus touchées.
Face aux effets humanitaires dévastateurs de la pandémie, qui contribue à l’aggravation de la pauvreté et à la destruction des moyens de subsistance, M. Lowcock a salué le travail sans relâche accompli par les travailleurs humanitaires. Toutefois, il a précisé que ces derniers encouraient des risques « inacceptables », comme en témoignent les attaques dont ont été victimes plus de 200 travailleurs humanitaires cette année, sans parler des entraves à leur liberté de mouvement.
Le Secrétaire général adjoint a rappelé que le droit international humanitaire était l’un des principaux instruments de lutte contre l’insécurité alimentaire dans les conflits, dans ce qu’il interdit l’emploi de la famine comme arme de guerre, tout comme la destruction d’infrastructures indispensables à la survie des civils. « Le problème est que trop de gens ne respectent pas la loi », a-t-il déploré.
Dans ce contexte, M. Lowcock s’est plaint du fait que les agences humanitaires sont débordées par l’ampleur des besoins. Pour remédier à cette situation, il a appelé le Conseil de sécurité à prendre quatre mesures concrètes: insister pour mettre un terme aux conflits armés par le biais de solutions politiques pacifiques et négociées; veiller à ce que les parties à des conflits respectent le droit international humanitaire; atténuer l’effet économique des conflits armés, notamment en mobilisant les institutions financières internationales; et surtout, accroître l’appui aux opérations humanitaires, tout en prenant des mesures plus ambitieuses pour soutenir les économies des pays confrontés à une faim grave et à grande échelle.
« L’histoire prouve que même au beau milieu d’un conflit, la famine peut être évitée », a déclaré en conclusion le Secrétaire général adjoint. « Mais pour s’en prémunir, nous devons agir. »
M. QU DONGYU, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé que des systèmes agroalimentaires bien établis sont essentiels pour une paix durable, comme l’ont prouvé les « grandes révolutions vertes réussies » et l’adoption de politiques appropriées dans de nombreuses régions du monde. Depuis la dernière fois, il y a cinq mois, que ce sujet a été abordé au Conseil de sécurité, la situation ne s’est guère améliorée et le risque de famine continue de planer sur le Yémen, le Soudan du Sud et d’autres pays en raison de catastrophes naturelles et d’autres causées par l’homme, dont des conflits. Après avoir évoqué les situations au Yémen et au Burkina Faso, le haut fonctionnaire a annoncé que la République démocratique du Congo (RDC) compte désormais « le nombre le plus élevé de personnes en situation de crise ou de pire niveau d’insécurité alimentaire jamais enregistré dans un seul pays », soit 21,8 millions.
Malheureusement, il existe de nombreuses autres situations dans lesquelles les conflits et l’instabilité, maintenant également exacerbés par la COVID 19, sont les moteurs d’une faim plus grave et d’une insécurité alimentaire aiguë. Cela est particulièrement visible dans les zones où les conflits et d’autres facteurs tels que les turbulences économiques et les conditions météorologiques extrêmes conduisent déjà les gens à la pauvreté et à la faim. « Nous avons besoin d’une aide première et rapide pour stopper la faim, nous avons besoin de prévention et de production au niveau local, nous avons besoin d’une volonté politique et d’actions collectives, car les prévisions de sécurité alimentaire en 2020 continuent de s’aggraver », s’est alarmé M. Qu. Aussi a-t-il estimé que les actions humanitaires et dans les domaines du développement et de la paix doivent être bien coordonnées et complémentaires aux niveaux mondial, régional, national et local: « Les acteurs humanitaires peuvent fournir les premiers secours et les systèmes agroalimentaires peuvent jouer une fonction plus durable. »
La bonne nouvelle est que 2020 sera une année exceptionnelle pour les récoltes à l’échelle mondiale, avec 58 millions de tonnes au-dessus de la production de 2019, s’est félicité le Directeur général. C’est grâce aux politiques d’autonomisation, à l’innovation, aux investissements et au travail acharné de millions d’agriculteurs. « Une paix et une harmonie durables peuvent être obtenues grâce à de bonnes politiques et à des investissements dans les infrastructures agricoles et au renforcement des capacités de développement rural, en particulier dans les zones de conflit », a-t-il ajouté. En conclusion, il s’est dit convaincu que le Conseil de sécurité peut jouer un rôle central dans la lutte contre la menace d’insécurité alimentaire aiguë induite par les conflits à des niveaux de crise ou pires en faisant progresser le dialogue entre les parties pour trouver des solutions politiques et des approches innovantes pour mettre fin aux conflits et à la violence.
Faisant le point sur la sécurité alimentaire en RDC, au Yémen, dans le nord-est du Nigeria et au Soudan du Sud, M. DAVID BEASLEY, Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), a rappelé qu’il y a cinq mois, une combinaison toxique de conflits et de changements climatiques aggravée par l’épidémie de COVID-19 avait menacé de conduire 270 millions de personnes au bord de la famine dans une trentaine de pays. Il a salué la réaction des États ayant permis d’éviter cette crise en mobilisant 17 milliards de dollars de mesures de relance budgétaire, pendant que le Fonds monétaire international (FMI) et les pays du G20, de leur côté, jetaient une bouée de sauvetage aux pays les plus pauvres en suspendant le remboursement de leurs dettes.
« Avec nos partenaires, le PAM va prêter assistance jusqu’à 138 millions de personnes cette année, soit la plus grande hausse de notre histoire », a précisé le Directeur du PAM avant de souligner que « nous avons atteint 85 millions de personnes au cours des six premiers mois de 2020 ». Le PAM, qui a aidé plus de 50 gouvernements à étendre leurs filets de sécurité et leurs programmes de protection sociale pour les plus vulnérables. « Financièrement, 2020 a été une année record pour le PAM et nous avons atteint 8 milliards de dollars pour la première fois », a souligné M. Beasley avant de se dire très inquiet pour l’année prochaine en raison du ralentissement des économies.
Il a précisé que les confinements s’étaient traduits par la perte de 400 millions d’emplois à temps plein dans le monde et l’effondrement des envois de fonds qui a frappé durement par les deux milliards de personnes qui travaillent dans l’économie informelle, principalement dans les pays à revenu intermédiaire et faible. Face à ce constat, il a jugé urgentes des mesures permettant de contenir la propagation du virus, avec la nécessité de maintenir les frontières ouvertes et les chaînes d’approvisionnement et les flux commerciaux en mouvement. Le conflit et l’instabilité avaient déjà contraint 15,5 millions de personnes à entrer en situation d’insécurité alimentaire en République démocratique du Congo (RDC), par exemple. « Le dernier bilan indique que la recrudescence de la violence et de la COVID-19 a fait bondir ce chiffre à près de 22 millions de personnes, soit une augmentation de 6,5 millions de personnes », s’est inquiété M. Beasley.
Il a cité des besoins d’un montant de 4,9 milliards de dollars pour nourrir, pendant un an, 30 millions de personnes qui mourront sans l’aide du PAM. Alors que l’humanité est confrontée à une de ses pires crises, il a rappelé qu’il y a plus de 2 000 milliardaires dans le monde cumulant 8 000 milliards de dollars de fortunes personnelles, et que sur les 12 individus possédant à eux seuls 1 000 milliards de dollars aux États-Unis, trois avaient réalisé des milliards de bénéfices depuis le début de l’épidémie de Covid-19.
La République dominicaine a reconnu que « nous sommes confrontés à un défi critique ». La faim semble être une menace récurrente et persistante pour les pays touchés par les conflits et pourtant, a dénoncé la délégation, nous sommes une fois de plus, comme en 2018 et à plusieurs reprises auparavant, en train d’essayer de résoudre un problème qui aurait pu être évité. Aujourd’hui, nous devons faire mieux, a insisté la République dominicaine, et faire de la situation actuelle un point de non-retour à partir duquel nous prendrons ensemble des mesures concrètes pour écarter à tout jamais les risques de voir des millions de personnes confrontées à la tragédie de la faim et au risque de famine.
La délégation a donc appelé le Conseil et les États Membres à soutenir l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial, les processus de paix et, le cas échéant, empêcher les obstacles à l’accès humanitaire. Il faut aussi intensifier les opérations humanitaires, développer et mettre en œuvre des efforts coordonnés et conjoints entre les piliers humanitaires, du développement et de la paix afin que nous puissions construire efficacement des moyens de subsistance solides et résilients, accélérer le développement et réduire les besoins humanitaires. Pour la République dominicaine, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence la nécessité de renforcer les capacités locales afin de créer de la résilience et de briser la dépendance à l’aide humanitaire. Il faut faire davantage pour soutenir ces efforts, a ajouté la délégation. Celle-ci a par ailleurs encouragé les pays donateurs à accroître leur aide publique au développement et à renforcer leurs programmes d’allégement de la dette à l’égard des pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire.
L’Allemagne a déclaré qu’il faut agir de manière précoce si l’on veut rompre les liens meurtriers qui existent entre les conflits et la famine, en prenant l’exemple du nord du Nigéria ou du Soudan du Sud. Le Conseil doit pouvoir en discuter, a dit la délégation. Elle a ensuite rappelé que les parties belligérantes doivent respecter le droit international humanitaire et protéger les travailleurs humanitaires. La délégation a indiqué que les missions mandatées par le Conseil ont pour tâche de créer un environnement propice au bon acheminement de l’aide humanitaire, dans le respect des principes humanitaires d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance. « La préservation d’un espace pour une action humanitaire respectant ces principes doit être un élément central des efforts de ce Conseil. »
L’Allemagne s’est dite alarmée par l’insuffisance de ressources financières consacrées à la réponse humanitaire, en appelant tous les États Membres à y remédier. La mission a indiqué que le budget humanitaire du Ministère allemand des affaires étrangères s’est élevé cette année à 2,5 milliards de dollars, dont 600 millions ont été alloués au PAM. « Nous tenons nos promesses. Nous payons ce que nous devons. » Enfin, la délégation a réitéré l’appel aux donateurs lancé aujourd’hui lors de la réunion ministérielles P5+3 sur le Yémen.
L’Estonie a rappelé que le Conseil a adopté à l’unanimité la résolution 2417 (2018) il y a deux ans, dans laquelle le lien entre conflit armé, insécurité alimentaire et famine est reconnu. La plupart des personnes en situation d’insécurité alimentaire dans le monde vivent dans des pays touchés par des conflits armés, qui ont des conséquences dévastatrices sur les civils et entravent souvent gravement les opérations de secours humanitaire, a renchéri la délégation saisissant l’occasion pour reconnaître le travail de tous les travailleurs humanitaires et de santé de première ligne. Aujourd’hui, quatre des pires crises alimentaires au monde se produisent en RDC, au Yémen, dans le nord-est du Nigéria et au Soudan du Sud, avec l’Afghanistan, la Somalie et le Burkina Faso non loin derrière. Le dénominateur commun est le conflit armé, a précisé la délégation en soulignant que, cette année, un nouvel ennemi ravage ces pays, la COVID-19.
Au fil des ans, l’Estonie a soutenu le PAM, le CICR et l’UNICEF en apportant une assistance immédiate aux quatre pays précités, a rappelé la délégation assurant que son pays continuera à faire sa part. Cependant, une réponse globale est nécessaire pour s’attaquer aux causes profondes de la famine induite par les conflits et l’insécurité alimentaire, a estimé l’Estonie en plaidant pour que la communauté internationale fasse progresser le dialogue en vue de trouver des solutions politiques et de lutter contre les crises économiques et les privations. À défaut, « nous continuerons de traiter les symptômes sans prêter attention à la maladie elle-même », a mis en garde l’Estonie. À cet égard, elle a réitéré son plein appui à l’appel lancé par le Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial et a appelé toutes les parties à un conflit armé à respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme.
Pour la France, le nombre de pays touchés par le risque de famine est extrêmement préoccupant: la République démocratique du Congo, le Yémen, le nord-est du Nigéria et le Soudan du Sud. La situation est également extrêmement préoccupante au Sahel, et en particulier au Burkina Faso. Il est donc urgent d’agir, a ajouté la délégation. Les États, les agences de l’ONU, les organisations régionales et sous-régionales, les ONG, mais aussi le secteur privé et les institutions financières internationales doivent être mobilisés pour faire reculer le risque de famine, a-t-elle exhorté. Il faut également renforcer les systèmes productifs nationaux et locaux et favoriser les filets de sécurité sociaux qui aideront les personnes les plus vulnérables à éviter le risque de famine mais surtout à subvenir, dans la dignité, à leurs besoins alimentaires. La délégation a annoncé que l’aide alimentaire française était passée d’environ 40 millions d’euros en 2019 à plus de 50 millions d’euros en 2020. Par ailleurs, la France mobilise actuellement ses partenaires européens pour renforcer la réponse de l’« Équipe Europe » en matière de sécurité alimentaire et de nutrition, dans le contexte de la pandémie de COVID-19, avec une attention spécifique sur l’Afrique.
Tout doit être fait pour garantir un respect absolu du droit international humanitaire, a également exhorté la France, qui a rappelé que l’utilisation de la famine comme méthode de guerre était un crime de guerre en vertu du droit international. Toutes les parties doivent garantir la protection des civils, y compris des personnels humanitaires et médicaux, ainsi que des infrastructures civiles. Enfin, pour la France, prévenir la famine implique de garantir un accès humanitaire sûr et sans entraves à l’ensemble des personnes dans le besoin. À cet égard, il est essentiel, par un cessez-le-feu et une pause humanitaire, d’accélérer la mise en œuvre de la résolution 2532 (2020) relatives aux menaces que la pandémie de COVID-19 fait peser sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
La perspective de la famine au XXIe siècle est un échec provoqué par l’homme et évitable, s’est indigné le Royaume-Uni en soulignant le lien entre conflit et faim. Partageant les vives inquiétudes soulevées par le risque croissant de famine et d’insécurité alimentaire aiguë au Yémen, au nord-est du Nigéria, au Soudan du Sud et en RDC, la délégation a également exprimé ses préoccupations face à la détérioration de la situation de la sécurité alimentaire dans plusieurs autres pays touchés par un conflit, notamment la Somalie, le Burkina Faso et l’Afghanistan. Il est clair que la COVID-19 a encore aggravé ces urgences humanitaires, augmentant les vulnérabilités préexistantes, a-t-elle relevé. Le risque croissant de famine et d’insécurité alimentaire aiguë dans les zones de conflit nécessite une action immédiate sur le terrain, d’abord de la part des gouvernements et des groupes armés non étatiques, a donc estimé le Royaume-Uni avant de faire des commentaires sur chacun des quatre pays.
Plus généralement, le Royaume-Uni a appelé la communauté internationale à se rassembler et à se mobiliser, à coordonner et prioriser ses efforts, à rompre le cycle des conflits armés et des crises humanitaires. « Nous avons la responsabilité collective d’agir rapidement, mais nous avons entendu aujourd’hui que nos contributions ne sont pas adaptées aux besoins », a constaté la délégation en rappelant l’appel à l’action pour la lutte contre la famine que le Royaume-Uni a lancé plus tôt en ce mois de septembre. L’appel consiste notamment en un programme d’aide supplémentaire d’une valeur de plus de 150 millions de dollars pour répondre à la faim extrême de plus de six millions de personnes. En 2020, le Royaume-Uni a aussi donné un peu plus d’un milliard de dollars en aide humanitaire et un peu moins d’un milliard de dollars d’aide à la lutte contre la COVID-19, a rappelé la délégation. Le Royaume-Uni a en outre annoncé la nomination de M. Nick Dyer en tant que premier Envoyé spécial du Royaume-Uni pour la prévention de la famine et les affaires humanitaires. Il a appelé tous les États Membres à mobiliser rapidement les moyens financiers pour soutenir une action humanitaire rapide avant qu’il ne soit trop tard.
Saluant la réunion d’aujourd’hui et la note qui l’a précédée, le Royaume-Uni a demandé que les rapports de l’ONU sur ces situations, et sur d’autres sujets de préoccupation, soient maintenus à l’avenir et incluent des mises à jour sur les progrès accomplis par rapport aux recommandations faits par les Nations Unies. Ils devraient présenter des preuves d’actes répréhensibles, lorsque cela est possible, pour accroître la reddition de comptes et permettre aux membres du Conseil de se concentrer sur les responsables. Si le risque de famine persiste, le Conseil doit alors prendre des mesures pour améliorer la protection des civils et lutter contre les obstacles à l’accès humanitaire, a poursuivi la délégation. Le Royaume-Uni est également d’avis que le Conseil doit rester pleinement engagé sur cette question de l’ordre du jour au cours des semaines à venir.
La Chine a souhaité que soit portée une plus grande attention internationale à la situation alimentaire grave en RDC, au Yémen, dans le nord-est du Nigéria et au Soudan du Sud. Cette situation n’est que le reflet des problèmes d’insécurité alimentaire induits par les conflits dans le monde, a estimé la délégation expliquant cela par l’impact des conflits et de la violence sur les infrastructures de production alimentaire, les déplacements forcés et les pénuries de main-d’œuvre. La Chine a également mis en garde contre le mécontentement de la population en situation de crise alimentaire qui peut devenir un terrain propice à la violence et à l’extrémisme, exacerbant les volatilités et les conflits. « Le Conseil de sécurité doit continuer de jouer un rôle de premier plan pour trouver une solution aux problèmes et briser le cercle vicieux des conflits, de la violence et de l’insécurité alimentaire. » Il doit promouvoir le règlement politique des conflits par des moyens pacifiques et diplomatiques et faire de son mieux pour réduire les risques pour la sécurité alimentaire dans les zones de conflit, a estimé la Chine qui soutient l’appel de Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial.
C’est le développement durable et la sécurité alimentaire qui doivent être prioritaires pour venir à bout des conflits, a fait aussi valoir la délégation en plaidant pour que davantage de ressources soient mobilisées pour soutenir les efforts des pays en développement en ce sens. Dans le contexte actuel de la pandémie de COVID-19, qui entrave l’acheminement des produits alimentaires et interfère avec les chaînes de production alimentaires, la Chine considère la sécurité alimentaire comme une priorité de la gouvernance. Face aux défis posés par la COVID-19, elle a développé une campagne nationale contre le gaspillage alimentaire. Elle travaille également en étroite collaboration avec la FAO et participe activement à la coopération internationale, contribuant à la stabilité de l’approvisionnement alimentaire mondial, a expliqué la délégation. De plus, la Chine a dit soutenir d’autres pays en développement par le partage d’informations et l’assistance technique dans leur lutte contre la pandémie et les infestations acridiennes.
Saint-Vincent-et-les Grenadines a averti que les dangers des changements climatiques, la propagation de la COVID-19 et la prolifération des criquets pèlerins étaient en train d’effacer des décennies de progrès dans la lutte mondiale contre la faim. Alors que des millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire aiguë et de conflits, notamment en RDC, au Yémen et au Soudan du Sud, davantage doit être fait pour combattre ces fléaux inextricablement liés et exacerbés par les changements climatiques, a plaidé la délégation.
Pour Saint-Vincent-et-les Grenadines, les multiplicateurs de risque que sont l’intolérance, la désinformation et les discours de haine créent une atmosphère de défiance et mettent en péril la paix et la sécurité pour des raisons ethniques, communautaires et politiques. C’est ainsi, a relevé la délégation, que les cycles de violence récurrents entre les éleveurs hema et les agriculteurs lendu, dans le nord-est de la RDC, ont accru les déplacements de populations et les pénuries alimentaires. De même, six années de conflit et des cycles de fortes pluies et d’inondations, associés à des déplacements humains et à des perturbations économiques, ont fortement dégradé la sécurité alimentaire au Soudan du Sud.
Dans le contexte actuel de pandémie, qui pourrait encore fragiliser les processus de paix, une action multilatérale urgente qui rassemble tous les acteurs du lien paix-sécurité-développement est nécessaire, a estimé Saint-Vincent-et-les Grenadines. En ces temps de perturbation des chaînes d’approvisionnement, de restriction des mouvements et de financement réduit des opérations humanitaires, la délégation a réitéré son plein soutien à la résolution 2532 (2020) et s’est fait l’écho des appels au cessez-le-feu mondial et à une pause humanitaire permettant d’acheminer l’aide partout où elle est nécessaire. Saint-Vincent-et-les Grenadines appelle également la communauté des donateurs, y compris les institutions financières internationales, à intensifier leur assistance aux pays affectés par un conflit et à s’assurer que les agences humanitaires reçoivent le financement nécessaire pour mener à bien leurs plans de réponse et leurs actions de sauvetage. Si nous voulons tenir notre promesse collective de vaincre la faim d’ici à 2030, l’ensemble du système des Nations Unies doit redoubler d’efforts pour protéger les personnes rendues vulnérables par les conflits et la faim, a conclu la délégation.
Pour l’Afrique du Sud, il est impératif de faire davantage pour réduire et prévenir la faim induite par les conflits. Elle a proposé à cette fin un certain nombre de mesures, à commencer par une meilleure utilisation des systèmes de prévention et d’alerte rapide. Cela peut se faire en intégrant des indicateurs relatifs aux niveaux alarmants d’insécurité alimentaire et à la restriction de l’accès humanitaire dans les opérations de maintien de la paix et les rapports nationaux soumis au Conseil de sécurité, a expliqué la délégation.
Toutes les parties au conflit doivent respecter le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, a insisté l’Afrique du Sud, qui a demandé que ceux qui violent ce droit, notamment en empêchant la fourniture d’une aide alimentaire ou en sapant les moyens de production de denrées alimentaires pendant un conflit, soient tenus pour responsables. L’Afrique du Sud a également estimé que l’aide humanitaire fournie dans les zones de conflit devant être sensible au sexe et à l’âge des bénéficiaires et tenir compte des besoins spécifiques de la population, garantissant ainsi que ces besoins soient intégrés dans les réponses humanitaires.
L’Afrique du Sud a encore suggéré d’améliorer la fourniture de services de santé adéquats dans les zones de conflit, par exemple pour lutter contre les maladies infectieuses, ce qui, pour elle, doit s’inscrire dans les stratégies d’élimination de la faim. Elle a également mis en exergue le fait que les sanctions économiques imposées aux pays en conflit peuvent provoquer par inadvertance la faim liée au conflit, car les civils peuvent avoir moins accès à la nutrition et aux médicaments et sont confrontés à des prix plus élevés pour les denrées alimentaires, en raison de la faillite de l’économie. À cet égard, l’Afrique du Sud a réitéré son appui à l’appel du Secrétaire général à renoncer à toutes les mesures économiques imposées aux pays en conflit, en particulier en raison de l’impact de la pandémie du COVID-19. L’imposition de mesures coercitives unilatérales a également un impact sur les pays en conflit, a noté l’Afrique du Sud qui a demandé aux pays qui imposent de telles mesures à les lever.
En conclusion, l’Afrique du Sud a exhorté la communauté internationale à fermement s’opposer à l’utilisation de la faim comme arme de guerre et à veille à ce que ceux qui subissent de telles tactiques reçoivent le soutien humanitaire et l’aide dont ils ont besoin.
Le Viet Nam a souligné la nécessité de briser le cercle vicieux entre conflit armé et famine et de respecter le droit international humanitaire. Il a appelé les parties belligérantes à protéger les civils, assurer un accès humanitaire sans entrave et garantir la sécurité des travailleurs humanitaires. La délégation a estimé que les solutions durables ne peuvent découler que du règlement des causes profondes des conflits. Le Viet Nam a appelé toutes les parties à un conflit à entendre la demande du Conseil pour une cessation immédiate des hostilités afin de répondre à la COVID-19. En ces temps de pandémie, alors que de fortes contraintes pèsent sur les ressources des États, le pays a demandé un renforcement de l’aide humanitaire internationale. Alors que la pandémie a exacerbé les risques alimentaires et sécuritaires, le Viet Nam a plaidé pour une coopération accrue entre les gouvernements, les organisations internationales et régionales et le secteur privé pour mettre à disposition de tous, en particulier les plus vulnérables, des aliments de bonne qualité.
Les États-Unis ont rappelé qu’il y a un peu plus de deux ans, le Conseil avait adopté la résolution 2417 (2018) qui établit clairement le lien entre l’insécurité et la faim. L’insécurité et la violence d’origine terroriste ou politique ont un impact profond sur les populations vulnérables et entraînent une augmentation considérable de l’insécurité alimentaire, a constaté la délégation.
Nous ne pouvons parler de la faim sans aborder l’impact profond de la COVID-19, ont poursuivi les États-Unis, pour qui les défis économiques et sanitaires liés à la pandémie seront aggravés si les autorités ne parviennent pas à s’attaquer aux causes profondes des conflits et aux fragilités sociétales exposées par cette crise. Pour les États-Unis, les situations en RDC, au Nigéria, au Soudan du Sud et au Yémen montrent à quel point il est difficile de lutter contre l’insécurité alimentaire en période de conflit. Dans ces contextes, il importe de rechercher les causes profondes des conflits et d’utiliser des moyens pacifiques pour mettre fin à l’impunité et briser les cycles de violence.
Pour les États-Unis, il est également essentiel que les parties en conflit se conforment à leurs obligations au regard du droit international humanitaire, y compris le respect des biens et des personnes civiles. Évoquant la situation en RDC, la délégation a appelé les chefs d’État de la région des Grands Lacs à « tourner la page d’une histoire tragique » en stimulant l’intégration économique régionale. Après avoir dénoncé l’insécurité constante qui règne dans l’État de Borno, au Nigéria, elle s’est par ailleurs déclarée profondément préoccupée par les rapports de la Commission des droits de l’homme de l’ONU faisant état d’une famine délibérée au Soudan du Sud, où les parties au conflit font obstacle à l’aide humanitaire sur la base d’identités ethniques ou politiques perçues. Ces actes peuvent constituer des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité, ont fait observer les États-Unis, pour qui « l’alimentation ne doit jamais être une arme de guerre ». S’agissant enfin du Yémen, la délégation a réitéré son appel aux houthistes pour qu’ils cessent de s’ingérer dans les opérations d’aide, tout en exhortant les donateurs à contribuer davantage pour cette situation d’urgence.
La Fédération de Russie a d’abord souligné que le soi-disant « lien entre l’humanitaire et le développement », repris par de nombreux orateurs, restait un terme sans définition claire, avant de regretter l’absence d’explication sur ce que cela implique pour la coopération existante entre les différentes agences « sur le terrain ». Elle a également estimé que les conflits armés n’étaient pas la seule source de l’augmentation du nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire. Au lieu de se concentrer exclusivement sur le lien entre conflits et faim dans l’ordre du jour du Conseil de sécurité, la Fédération de Russie a appelé à tenir compte d’autres facteurs d’insécurité alimentaire, à savoir la volatilité des prix sur le marché alimentaire mondial, la stagnation de l’économie mondiale, l’insuffisance du potentiel scientifique et technologique dans le domaine de l’agriculture, le déficit des investissements et la dégradation de l’environnement, et maintenant le nouveau grand défi de la pandémie de COVID-19. Les mesures économiques unilatérales ont également leur place dans cette « triste liste », a poursuivi la délégation, puisqu’elles sapent les droits et les capacités de développement des pays.
Dès lors, la solution au problème de la faim induite par les conflits ne doit pas être recherchée uniquement dans le domaine politique, a estimé la Russie. La boîte à outils du système des Nations Unies pour le développement, des agences humanitaires, joue un rôle principal dans le règlement efficace des problèmes d’insécurité alimentaire et dans la consolidation du potentiel industriel et agroculturel des pays. Elle a également insisté sur le respect des principes directeurs de l’ONU en matière d’assistance humanitaire, pour préserver la nature impartiale cette aide.
La Fédération de Russie a dit attacher une importance vitale à la lutte contre l’insécurité alimentaire. La FAO et le PAM sont ses principaux partenaires dans ce domaine. Par le biais de ces deux institutions, elle a alloué plus de 80 millions de dollars américains à l’aide alimentaire d’urgence en 2018-2019. En 2020, avec le PAM, elle met en œuvre un programme d’assistance alimentaire pour le Yémen avec un financement de 4 millions de dollars américains. Cette année, elle a en outre apporté 10 millions de dollars américains pour soutenir l’action de la FAO dans la lutte contre les épidémies acridiennes dans les pays d’Afrique de l’Est, dont le Soudan du Sud, a encore rappelé la délégation.
L’Indonésie a rappelé qu’avant l’épidémie de COVID-19, il y avait déjà environ 690 millions de personnes, soit près de 10% de la population mondiale, qui souffraient de la faim, et que 75% des personnes touchées par la malnutrition vivaient dans des zones de conflit. L’une de ses priorités absolues étant la protection des civils, l’Indonésie a estimé qu’il était de plus en plus pertinent de mettre en œuvre la résolution 2417 (2018). La famine ne doit en aucun cas être utilisée comme méthode de guerre, a ajouté la délégation, qui a exigé que toutes les parties aux conflits respectent le droit international humanitaire et adhèrent à l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial et d’un accès à l’aide humanitaire pendant la pandémie de la COVID-19. Elle a également condamné les attaques contre les travailleurs humanitaires et les installations médicales.
L’Indonésie a ensuite mis l’accent sur l’impératif de combler l’écart entre la responsabilité du pays en matière de protection des civils et sa capacité à le faire. Les pays mentionnés dans le rapport -RDC, Yémen, Nigéria, Soudan du Sud, Somalie, Burkina Faso et Afghanistan- ont besoin d’un soutien international, a-t-elle souligné, et ce, y compris à travers une assistance technique et financière. La délégation a également regretté que la réponse humanitaire ne soit financée qu’à moins de 35% alors même qu’1,3 milliard de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année. Le Conseil doit être en mesure de faciliter les mesures visant à renforcer les capacités des pays à protéger les civils, y compris leur sécurité alimentaire, a-t-elle estimé.
En dernier lieu, l’Indonésie a défendu l’idée d’un ancrage systématique de l’impératif de protection des civils dans tout le processus de paix - de la prévention des conflits et du maintien de la paix à la consolidation de la paix et au développement durable. Pour y arriver, la communauté internationale dispose des outils du Programme 2030 et de l’architecture de consolidation de la paix des Nations Unies, a-t-elle rappelé en conclusion.
Le Niger a souligné la gravité de la situation alimentaire et des risques de famine dans les zones en situation de conflit, notamment au Yémen, en RDC, au Soudan du Sud et dans le nord-est du Nigéria. Le pays a rappelé que les conflits étaient la principale cause de famine dans le monde, notamment parce qu’ils forcent les populations à fuir et à abandonner leurs moyens de subsistance. Quant aux communautés d’accueil de ces personnes déplacées, a-t-il ajouté, elles ont souvent des ressources alimentaires limitées. Le Niger a notamment mentionné le lien entre les activités des groupes armés, les déplacements massifs de population et l’insécurité alimentaire dans la région des Grands Lacs.
Or, la pandémie de COVID-19 a exacerbée ces problèmes, a déploré le pays, pointant du doigt les perturbations dues au blocages des transports et aux quarantaines, qui ont empêché les agricultures de livrer leurs produits et entravé l’acheminement de l’aide alimentaire.
Il est plus qu’urgent d’agir pour éviter d’être les témoins d’une tragédie à plus grand échelle, a appelé le Niger, saluant au passage les travailleurs humanitaires, dont le travail s’effectue souvent au péril de leur vie. Pour améliorer l’efficacité de la réponse de la communauté internationale, le pays a appelé à mobiliser davantage de ressources, à mieux les utiliser et à lever toute entrave à l’aide alimentaire. Dans ce cadre, le Niger a rappelé le contenu de la résolution 2417 (2018), qui s’engage à garantir le bon fonctionnement des marchés alimentaires et des systèmes de distribution de nourriture en temps de conflit armé.