Soudan du Sud: le Conseil de sécurité examine une situation où les violences, la pandémie et les inondations exacerbent une situation humanitaire déjà déplorable
Le Conseil de sécurité, réuni ce matin en visioconférence sous la présidence du Niger, a examiné la situation au Soudan du Sud où la confluence de violences intercommunautaires persistantes, de la pandémie et des inondations saisonnières au cours d’une deuxième année consécutive dans certaines régions a exacerbé une situation humanitaire déjà déplorable.
Saisi du dernier rapport trimestriel du Secrétaire général sur la situation politique, sécuritaire et humanitaire dans le pays devenu indépendant en 2011, le Conseil de sécurité s’est appuyé sur trois exposés liminaires de M. David Shearer, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS); M. Mark Lowcock, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence; et Mme Nyachangkuoth Rambang Tai, responsable des questions de genre et de justice sociale à l’organisation Assistance Mission for Africa.
Axant de détailler la situation humanitaire et les perspectives pour les mois à venir, l’état de la protection des civils et des travailleurs humanitaires, ainsi que l’appui aux organismes humanitaires, le Coordonnateur des secours d’urgence a expliqué que, depuis la signature de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit en septembre 2018 et la formation du Gouvernement de transition cette année, les besoins humanitaires augmentent à nouveau au Soudan du Sud en raison de la violence, des inondations et de la pandémie de COVID-19.
M. Lowcock a ainsi fait le décompte suivant: près de 6,5 millions de personnes sont confrontées à une grave insécurité alimentaire, la pandémie de COVID-19 a poussé 1,6 million de personnes vulnérables de plus au bord du gouffre et 7,5 millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire cette année. « Une situation proche du niveau de 2017. »
Sur le plan politique, alors que le mandat de la MINUSS a été prorogé jusqu’au 15 mars 2021, le Chef de celle-ci, M. Shearer, a salué les avancées réalisées dans le cadre du processus de paix. Le Représentant spécial s’est néanmoins inquiété de l’absence de progrès dans la réforme du secteur de la sécurité. « Malgré la demande pressante des chefs d’État de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en juillet, l’Assemblée législative nationale provisoire n’a toujours pas été reconstituée, ce qui signifie que les nouvelles lois nécessaires ne peuvent pas être adoptées et que les progrès sur la Constitution sont retardés », s’est-il inquiété.
M. Shaerer a aussi regretté les retards pris dans la mise en œuvre de l’Accord de paix en partie à cause de la pandémie de COVID-19. Cela risque de repousser les élections bien au-delà du calendrier prescrit dans l’Accord, a-t-il craint. Cela viendra s’ajouter à la désillusion croissante des communautés par rapport à la véritable volonté politique de donner aux citoyens sud-soudanais la possibilité de choisir leurs propres dirigeants, a-t-il mis en garde avant d’appeler la communauté internationale à exercer une pression significative.
Il incombe à la communauté internationale, y compris au Conseil de sécurité, d’apporter l’appui indispensable aux Sud-Soudanais pendant cette période compliquée pour le pays, a renchéri la Fédération de Russie, tout en appelant à ne pas dramatiser la situation.
Saluant le retour des réfugiés et des personnes déplacées vers leurs lieux de résidence permanente, la délégation russe, de même que les autres membres du Conseil, a jugé important que les parties continuent de respecter le cessez-le-feu et a appelé les non-signataires de l’Accord revitalisé à se joindre au processus d’édification de l’État.
La Chine a salué les progrès réalisés dans la nomination des gouverneurs et encouragé les parties à faire progresser le dialogue et à prendre des mesures pour résoudre les questions en suspens de l’Accord revitalisé.
Il faut accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix, a recommandé à son tour le Royaume-Uni. Avec des milliers de vies sud-soudanaises en danger, le compromis et la collaboration sont plus urgents que jamais, a estimé la délégation.
Les États-Unis et l’Allemagne se sont d’ailleurs demandé pourquoi le Gouvernement du Soudan du Sud considère parfois la MINUSS plus comme un ennemi que comme un partenaire et pourquoi il continue de restreindre les mouvements du personnel de la MINUSS.
Plusieurs délégations ont, par ailleurs, jugé inacceptable que des personnes identifiées par la MINUSS comme responsables d’abus de droits de l’homme aient été nommées à des fonctions importantes.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
Pour le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Soudan du Sud et Chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), M. DAVID SHEARER, le plus important à l’heure actuelle ce sont les progrès réalisés dans le cadre du processus de paix. Le gouvernement de transition continue de fonctionner et les activités progressent bien au sein des groupes de ministères dirigés par les cinq vice-présidents, a-t-il indiqué, et des gouverneurs d’État ont été nommés, sauf dans le Haut-Nil où le Gouvernement refuse de nommer le candidat préféré de l’opposition, le général Johnson Olony. Les postes ministériels d’État ont également été convenus, mais les nominations des commissaires de comté accusent des retards à cause de désaccords sur le nombre de comtés.
Dans d’autres domaines, cependant, le Représentant spécial a regretté la lenteur des progrès. Les réunions du cabinet se déroulent de manière irrégulière alors même que les Sud-Soudanais attendent de voir le Président et les vice-présidents se réunir et travailler ensemble. Pas de progrès non plus dans la réforme du secteur de la sécurité. Malgré la demande pressante des chefs d’État de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) en juillet, l’Assemblée législative nationale provisoire n’a toujours pas été reconstituée, ce qui signifie que les nouvelles lois nécessaires ne peuvent pas être adoptées et les progrès sur la Constitution sont retardés.
M. Shearer a également fait état de retards dans la mise en œuvre de l’Accord de paix en partie à cause de la pandémie de COVID-19. Cela risque de repousser les élections bien au-delà du calendrier prescrit dans l’Accord ce qui viendra s’ajouter à la désillusion croissante des communautés par rapport à la véritable volonté politique de donner aux citoyens sud-soudanais la possibilité de choisir leurs propres dirigeants, a-t-il mis en garde avant d’appeler à pression internationale significative.
Parmi les autres problèmes du Soudan du Sud, il a cité la baisse des prix du pétrole, un manque de responsabilité financière, des retards dans le paiement des fonctionnaires et un quasi-doublement du taux de change public depuis mars. Avec de fortes précipitations et le Nil à son plus haut niveau depuis 60 ans, les inondations ont dévasté le centre du pays avec 500 000 personnes touchées, en particulier dans les États des Lacs et de Jongleï, a poursuivi M. Shearer, qui a salué au passage le travail des humanitaires. « Mais pas sans frais », a-t-il regretté puisque cette année, 7 travailleurs humanitaires ont perdu la vie et 144 autres ont été évacués à cause de la violence infranationale liée à la scission entre et au sein des groupes.
Cependant, a expliqué le Représentant spécial, la nouveauté cette année est que ces scissions sont alimentées par des acteurs politiques externes. De janvier à juillet, la MINUSS a documenté 575 incidents de conflit infranational soit une augmentation de 300 pour cent par rapport à la même période l’année dernière. Rien qu’à Jongleï, 600 personnes ont été tuées en six mois, des femmes et des enfants ont été kidnappés et des milliers ont fui leurs domiciles qui ont été pillés et incendiés. Les communautés Nuer, Murle et Dinka ont toutes été victimes, mais ces trois groupes sont également coupables d’avoir commis des crimes contre d’autres.
Alors que la situation s’est maintenant calmée, les tensions restent vives et tout doit être fait pour arrêter une résurgence, a mis en garde le Représentant spécial précisant que la semaine dernière, la MINUSS a organisé une réunion avec des hauts dirigeants pour tracer la voie à suivre. La MINUSS fournira en outre un appui politique et logistique pour instaurer la paix à Jongleï, notamment des soldats de la paix pour surveiller les zones tampons, augmenter la capacité de la police et contribuer au développement des infrastructures.
En Équatoria central, le Front de salut national a lancé une série d’attaques à motif politique, faisant des attaques parmi les civils et les humanitaires et la réaction brutale des forces de sécurité gouvernementales a également fait des ravages. La MINUSS a déployé des Casques bleus dans la région, mais ses troupes ont été bloquées par les forces gouvernementales, malgré les accords antérieurs pour le déploiement.
M. Shearer a également constaté qu’au cours des trois dernières semaines, les mécanismes habituels par lesquels la MINUSS coordonne ses mouvements se sont gravement détériorés. La COVID-19 peut être en partie blâmée mais l’influence des extrémistes au sein des forces de sécurité est le principal obstacle à ses yeux. Il a souligné que les restrictions imposées par le Gouvernement à la capacité d’opérer de la MINUSS sont inacceptables et a jugé essentiel de résoudre ce différend.
Le Chef de la Mission a ensuite indiqué que les menaces externes qui avaient justifié l’établissement des sites de protection de civiles ne sont plus d’actualité, le site de Jouba étant par exemple, devenu une banlieue de la ville. Il a expliqué que le pic de violence infranationale se produit dans des zones reculées, et non à proximité des sites de protection des civils. Par conséquent, il est d’avis qu’il faut redéployer les forces pour fournir une protection dans des points chauds comme Tonj ou Jongleï où la population encoure un danger immédiat.
Suite au retrait progressif des Casques bleus, les sites de protection des civils passeront sous le contrôle du Gouvernement sud-soudanais, a-t-il expliqué. Les services humanitaires se poursuivront et la police sud-soudanaise assurera le maintien de l’ordre, tandis que la police des Nations Unies travaillera de près avec elle pour renforcer ses capacités. La MINUSS maintient bien entendu son mandat clair de protection des civils et interviendra si nécessaire, a-t-il assuré.
Dans la mesure où la Mission doit répondre à des flambées de combats isolés dans tout le pays, ses forces doivent être robustes, agiles et proactives. Pour ce faire, M. Shearer a dit rechercher des moyens novateurs de déployer ses troupes, comme des patrouilles fluviales, le transport aérien rapide et des véhicules tout-terrain. Cela ne veut pas dire plus de ressources, a précisé le Chef de la Mission, qui a expliqué que la désaffectation d’un grand nombre de soldats de la paix des sites de protection des civils permettra à la Mission d’être plus efficaces, avec moins de moyens. Les bases du changement sont jetées, y compris de la reconfiguration des composantes militaires, policières et civiles de la MINUSS, a ajouté le Représentant spécial qui s’est félicité de l’examen stratégique indépendant de la MINUSS demandé par le Conseil de sécurité.
M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a dit que depuis la signature de l’Accord de paix revitalisé en septembre 2018 et la formation du Gouvernement de transition cette année, les besoins humanitaires augmentent à nouveau au Soudan du Sud en raison de la violence, des inondations et de la pandémie de COVID-19.
Près de 6,5 millions de personnes ont été confrontées à une grave insécurité alimentaire il y a quelques mois, a-t-il rappelé en signalant que la pandémie de COVID-19 a aggravé la situation poussant 1,6 million de personnes vulnérables au bord du gouffre. Cette année, 7,5 millions de personnes ont maintenant besoin d’aide humanitaire, une situation qui est proche du niveau de 2017, a rapporté le haut fonctionnaire.
M. Lowcock a ajouté que 1,3 million d’enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition, soit environ 10% de la population totale du pays. Le Secrétaire général adjoint a annoncé que le risque de famine réapparaît dans les zones qui souffrent de la violence comme à Jongleï et dans la zone administrative du Grand Pibor où la violence a détruit les moyens de subsistance, forcé les gens à fuir leurs maisons et fait diminuer la production alimentaire.
Le Coordonnateur des secours d’urgence a, de plus, informé que l’économie du Soudan du Sud se contracte, affectée par la baisse des prix mondiaux du pétrole et la récession mondiale au sens large. Le Gouvernement a peu d’argent pour réagir aux effets de la pandémie sur la santé et le milieu socioéconomique. Le prix des produits de base a fortement augmenté notamment le prix de la farine de maïs qui a augmenté de 50% entre mars et juillet.
M. Lowcock a indiqué que la pandémie de COVID-19 ajoute également à la pression subie par un système de santé déjà fragile. Le Conseil des ministres a décidé que les écoles, fermées depuis mars, peuvent rouvrir, mais 2,2 millions d’enfants n’étaient déjà pas scolarisés avant la pandémie. De plus, les inondations ont commencé plus tôt cette année et plus de 500 000 personnes ont été touchées jusqu’à présent. Le pire est encore à venir, a prévenu le haut fonctionnaire, avec le pic de la saison des inondations normalement attendu en novembre et décembre.
Il a aussi parlé de l’accès humanitaire qui est difficile au Soudan du Sud depuis des années. Mais les restrictions aux déplacements intérieurs pour les travailleurs humanitaires ont récemment été levées, a signalé M. Lowcock. À Jongleï, a-t-il continué, les agences humanitaires cherchent à mettre en place des petits centres humanitaires dans les zones reculées afin d’aider les travailleurs humanitaires à se déployer plus rapidement. Les stocks sont également en cours de repositionnement avant la saison des pluies.
Le Coordonnateur des secours d’urgence s’est dit également préoccupé par la sécurité des civils et des travailleurs humanitaires. Les violences de cette année ont fait des centaines de morts et 157 000 déplacés, causant aussi l’enlèvement d’un grand nombre de femmes et d’enfants, a-t-il dénombré en citant encore les 1,6 million personnes déplacées. Pour y remédier, a suggéré M. Lowcock, il faut une paix durable, l’attribution des terres et la présence de services de base dans les zones de retour où les gens choisissent de s’installer, y compris dans les zones urbaines.
Il a rappelé que 2,2 millions de Sud-Soudanais sont toujours réfugiés dans les pays voisins, principalement en Éthiopie, au Soudan et en Ouganda, où la générosité des communautés d’accueil est mise à l’épreuve en raison du financement limité pour le plan de riposte à la crise des réfugiés.
La violence continue de faire des ravages chez les femmes et les filles, y compris la violence sexuelle, a poursuivi M. Lowcock. La plupart des incidents survenus entre mai et juillet de cette année ont été commis lors de vagues de violence locale. De plus, les survivants n’ont pas accès à une assistance médicale ou psychosociale.
Le Secrétaire général adjoint a ajouté qu’au Soudan du Sud, au moins 122 travailleurs humanitaires ont été tués depuis 2013. L’environnement opérationnel en 2019 se détériore à nouveau en raison de l’augmentation de la violence, a-t-il constaté notant que cette année, 7 travailleurs humanitaires ont été tués, 144 autres ont dû être évacués et relocalisés en raison de menaces à leur sécurité. L’aide a été pillée à, au moins, 17 reprises. Des centres de santé ont été contraints de suspendre leurs activités, interrompant les services vitaux.
Malgré un environnement opérationnel extrêmement difficile, a indiqué le Coordonnateur des secours d’urgence, la réponse humanitaire au Soudan du Sud empêche des millions de personnes de sombrer dans la famine. En dépit de la pandémie de COVID-19, les travailleurs humanitaires continuent de fournir de l’aide et de sauver des vies. Les organisations humanitaires ont aidé plus de cinq millions de personnes à travers le Soudan du Sud en 2020, a-t-il informé.
Il a surtout plaidé pour un financement continu afin de soutenir les services de santé et d’autres programmes d’urgence. Les affrontements, les inondations et la pandémie de COVID-19 ont fait augmenter le besoin de financement. Le Plan d’intervention humanitaire pour le Soudan du Sud, qui nécessite aujourd’hui 1,9 milliard de dollars, n’est financé qu’à environ un tiers, a dit M. Lowcock avant de demander au Conseil de trouver des solutions politiques pour mettre fin à la violence, assurer que les opérations de secours humanitaire soient facilitées et que les travailleurs humanitaires soient protégés, et fournir des ressources supplémentaires pour le Plan d’intervention humanitaire.
Mme Nyachangkuoth Rambang Tai, responsable des questions de genre et de justice sociale à l’organisation Assistance Mission for Africa, a averti que la communauté internationale doit rapidement intensifier son soutien si elle veut changer le cours de la violence et des préoccupations humanitaires au Soudan du Sud. Elle a ainsi indiqué que les conflits intercommunautaires ont fait déferler une vague de violence sur la majeure partie du pays, en dépit des engagements des parties en faveur d’un cessez-le-feu.
Dans le même temps, a-t-elle constaté, les inondations, les invasions de criquets et la pandémie de COVID-19 n’ont fait qu’aggraver la situation, notamment pour les femmes et les filles confrontées à une augmentation de la violence sexiste. Appelant le Conseil à garantir la protection des civils, elle a plaidé pour que les retours de personnes déplacées se fassent de manière sûre et digne et que les changements s’accompagnent d’un respect des droits de l’homme. La représentante de la société civile a également demandé que les États Membres contribuent davantage au financement des organisations locales pour soutenir les initiatives de consolidation de la paix et qu’ils appuient la justice transitionnelle, autre outil permettant de mettre fin à l’impunité.
Décrivant les défis auxquels fait face le pays, elle a observé que des années de conflit ont renforcé le tribalisme et alimenté le cycle de la violence. Victime elle-même de cette violence, elle a déclaré ne pas vouloir que ses enfants soient confrontés à l’insécurité qu’elle et ses parents ont endurée. Aujourd’hui, les groupes de femmes de la société civile jouent un rôle important dans la lutte contre la violence intercommunautaire, a-t-elle expliqué, ajoutant qu’une partie de son travail consiste à faciliter le dialogue entre les parties pour favoriser la paix.
Mme Rambang a toutefois jugé que la coopération est indispensable entre tous ceux qui veulent aider les communautés sud-soudanaises. Évoquant les efforts de protection des civils déployés par la MINUSS, elle a relevé que, dans certaines zones, les habitants avaient été surpris par le retrait de la Mission. Elle a souhaité à cet égard qu’un préavis raisonnable soit donné avant le transfert des fonctions de sécurité aux autorités sud-soudanaises. S’agissant enfin des questions liées au genre, notamment la participation des femmes, elle a exhorté le Conseil à exiger que soit respecté le quota de 35% de femmes dans les institutions gouvernementales prévu par l’Accord revitalisé pour le règlement du conflit.
Rappelant que le 12 septembre a marqué le deuxième anniversaire de la signature de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit, les États-Unis ont salué les « mesures courageuses » prises par les dirigeants du Soudan du Sud pour former un Gouvernement d’union nationale et établir des institutions provinciales et locales. La délégation a également noté que le processus d’unification de l’armée a débuté et que les négociations avec des groupes armés non signataires ont conduit à un nouvel accord de cessation des hostilités. Elle a cependant appelé les autorités à redoubler d’efforts pour accélérer la mise en œuvre de leur propre accord de paix et ainsi garantir la stabilité et la sécurité au peuple sud-soudanais. Malheureusement, a-t-elle constaté, les violences restent répandues et augmentent même par rapport aux niveaux de l’an dernier. La violence sexuelle est commise en toute impunité et les enlèvements de femmes et d’enfants se poursuivent sans relâche.
La délégation a indiqué que les États-Unis restent le premier fournisseur d’aide humanitaire au Soudan du Sud, laquelle s’est accrue en raison de la pandémie. Cette assistance de plus de 40 millions de dollars s’ajoute aux investissements des États-Unis dans le pays, qui ont atteint 6,4 milliards de dollars ces 20 dernières années, a—elle précisé.
S’agissant de la MINUSS, la délégation a souhaité que, dans le cadre de la transition de son rôle dans les sites de protection de civils, la Mission se coordonne et fasse preuve de transparence avec la communauté humanitaire et les personnes déplacées elles-mêmes. Pour les États-Unis, a-t-elle indiqué, les progrès du processus de paix au Soudan du Sud dépendront du partenariat que noueront les dirigeants avec la MINUSS, de l’adhésion de toutes les parties à la cessation des hostilités et des efforts réalisés pour que les responsables de violations du droit international humanitaire répondent de leurs actes.
La France a appelé le Gouvernement de transition à poursuivre avec détermination ses efforts pour mettre en œuvre l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit, notant que l’accord sur la répartition des sièges de gouverneurs du 17 juin dernier et la nomination de la quasi-totalité des gouverneurs marquent des avancées extrêmement importantes. Elle a souhaité que ces avancées soient prolongées par la nomination du gouverneur de la région du Haut-Nil et par la constitution de l’Assemblée législative nationale de transition. Elle a aussi appelé à réaliser des avancées concrètes dans le domaine de la réforme du secteur de sécurité, la lutte contre l’impunité à travers la mise en place du Tribunal mixte, et le plein respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales pour l’ensemble des citoyens. Elle a également alerté que La poursuite de nombreux affrontements entre les mouvements signataires et les non-signataires de l’accord de paix représente une grave menace pour le processus de paix.
La délégation s’est inquiétée de la hausse continue des violences intercommunautaires, notamment dans le Jongleï, et a souhaité que les violations qui ciblent les femmes et les enfants notamment fassent l’objet d’une réponse législative et judiciaire ferme de la part des autorités. Elle a aussi appelé à la pleine mise en œuvre du plan d’action sur la question des enfants affectés par le conflit armé, pour ensuite engager les autorités du Soudan du Sud à observer un moratoire sur l’application de la peine de mort en vue de son abolition définitive. Dans le contexte pandémique actuel, la France a souligné en outre la nécessité pour tous les acteurs sud-soudanais de mettre pleinement en œuvre le cessez-le-feu demandé par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2532. Elle a également insisté sur le plein respect des obligations énoncées dans l’accord sur le statut des forces, notant que la MINUSS doit bénéficier de sa pleine liberté de mouvement pour qu’elle puisse s’acquitter de son mandat
Préoccupée par la situation humanitaire dramatique au Soudan du Sud, où la faim affecte six millions de personnes, la délégation a jugé urgent que l’ensemble des parties facilite l’acheminement rapide, sûr et sans entrave de l’aide humanitaire. En outre, la France a demandé que les meurtres de travailleurs humanitaires dans les États de Jongleï, d’Équatoria-Central et des Lacs fassent l’objet d’une enquête afin de lutter sans relâche contre l’impunité pour de tels actes. La délégation a salué la réactivité de la MINUSS à cet égard, citant notamment l’établissement d’une base temporaire dans le comté de Lobonok face à la recrudescence des attaques armées contre les civils et contre les convois humanitaires.
La République dominicaine s’est félicitée que le Président Kiir et le Premier Vice-Président Machar soient parvenus à un accord sur le partage des postes au niveau des gouverneurs et de l’État. La délégation a cependant constaté que les violences intercommunautaires continuent d’avoir des conséquences dévastatrices pour les communautés et représentent une menace pour la paix. Elle a jugé préoccupant que les femmes et les enfants soient touchés de manière disproportionnée par les effets indirects du conflit. Elle a appelé les parties à garantir le silence des armes et la redevabilité pour les cas de violence sexuelle, exhortant à cet égard le Gouvernement à créer un tribunal spécialisé sur les crimes sexuels et sexistes et à améliorer le travail des tribunaux hybrides et itinérants.
Pour la République dominicaine, le cycle des violences intercommunautaires, qui s’ajoute à la menace de la COVID-19 et aux inondations saisonnières, a encore accentué les besoins humanitaires au Soudan du Sud, où la faim touche plus de six millions de personnes. S’agissant de la pandémie, elle s’est inquiétée que les structures sanitaires soient déjà débordées par des cas courants comme le paludisme, saluant au passage le soutien apporté par la MINUSS et les partenaires régionaux pour faire face à ce défi. Elle a en revanche condamné les attaques visant des agents humanitaires et appelé les parties à cesser cette violence. Elle a par ailleurs souhaité que davantage de femmes participent à la gouvernance et a invité les parties à se conformer aux quotas prévus par l’Accord revitalisé. Enfin, elle a invité le Gouvernement à garantir la pleine participation des jeunes aux prises de décisions à tous les niveaux, y compris politiques et démocratiques.
À l’instar des États-Unis, l’Allemagne s’est demandé pourquoi le Gouvernement du Soudan du Sud considère parfois la MINUSS plus comme un ennemi que comme un partenaire et pourquoi le Gouvernement continue de restreindre les mouvements de la Mission de maintien de la paix et du personnel de l’ONU, ce qui empêche le sauvetage et le travail critique des soldats de la paix? L’Allemagne a exhorté les autorités à supprimer définitivement toutes les restrictions d’entrée et d’accès et autres obstacles opérationnels imposés à la Mission. L’Allemagne s’est au passage étonnée qu’aucun représentant du Soudan du Sud ne participe à cette réunion. L’Allemagne a fait sienne la préoccupation de l’intervenant de la société civile qui a souhaité que le transfert des sites de protection des civils vers des camps de personnes déplacées se fasse en coopération avec les représentants les partenaires humanitaires et l’État.
Concernant la situation politique, l’Allemagne a noté que le processus de réforme et la mise en œuvre de l’Accord revitalisé progressent. « Les progrès sont lents, les tâches critiques restent en suspens et la question clef des arrangements de sécurité transitoires et de la formation de forces de sécurité unifiées conformément aux dispositions de l'accord de paix progresse à peine », a-t-il cependant regretté. En outre, l’Allemagne s’est dite préoccupée par l’escalade de la violence dans tout le pays en qualifiant de « terrible » la situation humanitaire. « La violence persistante, la COVID-19 et les inondations saisonnières ont exacerbé la situation humanitaire déjà désastreuse. » Par ailleurs, l’Allemagne a jugé inacceptables les meurtres de travailleurs humanitaires. Le Soudan du Sud, a-t-elle dit, reste l’un des environnements les plus dangereux du monde pour l’aide humanitaire. L’Allemagne a dit au Soudan du Sud son incompréhension totale face à la promotion de hauts commandants des Forces de défense du peuple du Soudan du Sud pourtant identifiés par la MINUSS comme des auteurs de violations des droits humains. L’Allemagne a en outre jugé inacceptable que deux personnes inscrites sur la liste des sanctions des Nations Unies aient été promues au haut commandement militaire à Jouba.
Le Viet Nam a salué les efforts déployés par les parties concernées pour mettre en œuvre l’Accord de paix de 2018 et maintenir le cessez-le-feu permanent, notamment dans le contexte de la pandémie de COVID-19, des inondations importantes et de l’insécurité alimentaire. Le Viet Nam a aussi salué le rôle actif du Soudan du Sud en tant que médiateur du processus de paix de son voisin le Soudan. Dans le même temps, la délégation a noté que les progrès sont restés lents sur des questions telles que les arrangements de sécurité conjoints et la formation de l’Assemblée nationale de transition, alors que la violence intertribale et communautaire continue d’être particulièrement préoccupante. Le Viet Nam a réitéré l’importance de la pleine mise en œuvre de l’Accord de 2018 en appelant les parties sud-soudanaises à ne ménager aucun effort pour faire progresser les arrangements de sécurité conjoints et créer l’Assemblée nationale de transition. « Nous saluons les efforts inlassables déployés par l’IGAD, l’UA, la MINUSS et d’autres parties concernées pour promouvoir la paix et la stabilité dans le pays », a insisté la délégation, avant d’appeler la communauté internationale à tenir compte des difficultés et des défis actuels au Soudan du Sud. Dans ce contexte, le Viet Nam a encouragé l’IGAD, l’UA, la MINUSS et les pays voisins à renforcer leur soutien aux parties sud-soudanaises, y compris les mesures de confiance et l’assistance technique. Le rôle de médiateur de l’IGAD continuera d’être crucial.
Compte tenu du fait que la MINUSS commence à se retirer de divers sites de protection des civils, le Viet Nam a exhorté le Gouvernement à renforcer sa responsabilité dans la protection des civils. Enfin, rappelant que les sanctions ne doivent être appliquées par le Conseil de sécurité que de manière temporaire et au cas par cas pour faciliter le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Viet Nam a insisté sur le fait que ces mesures ne doivent affecter ni les moyens de subsistance de la population, ni le fonctionnement essentiel du Gouvernement, ni le développement légitime du pays concerné. « En tant que Président du Comité 2206, le Viet Nam continuera de travailler en étroite collaboration avec les États membres concernés, l’ONU, l’IGAD et l’UA pour faire progresser la mise en œuvre des accords des parties sud-soudanaises, facilitant ainsi l’examen à mi-parcours du régime de sanctions en décembre de cette année. »
L’Estonie a estimé que le maintien du cessez-le-feu entre les parties à l’accord est un très grand pas positif. Néanmoins la délégation a prévenu que les choses pourraient évoluer vers une catastrophe humanitaire si la violence infranationale se poursuit dans les contextes de la pandémie et des inondations. Attristée par le fait que des politiciens de haut rang et des commandants militaires alimentent cette violence, l’Estonie a souligné la nécessité des sanctions et de l’embargo territorial sur les armes. L’Estonie a espéré que les autorités sud-soudanaises continueront de poursuivre et de condamner les membres des forces de sécurité à des peines d’emprisonnement pour des crimes graves, y compris des violences sexuelles. Elle a jugé inacceptable que des personnes qui ont commis de graves violations des droits de l’homme soient nommées à des fonctions politiques sans aucune forme de responsabilité. « Les attaques contre la population civile ne peuvent être récompensées par divers postes et l’impunité doit cesser », a martelé l’Estonie.
Notant que la situation humanitaire reste globalement désastreuse dans le pays et a empiré en raison de la pandémie et de la saison des pluies, l’Estonie a exhorté le Gouvernement du Soudan du Sud à faire tout ce qui est en son pouvoir pour favoriser le maintien de l’aide humanitaire et des mesures de protection. La délégation a souhaité que la pandémie ne soit pas utilisée comme prétexte pour freiner la mise en œuvre du mandat de la MINUSS ou ralentir la mise en œuvre de l’accord de paix. Tout en soutenant les efforts de la MINUSS pour ajuster sa posture sur la question des sites de protection des civils, L’Estonie a dit la nécessité d’assurer un retour et une réinstallation sûrs et volontaires des personnes déplacées actuellement dans un site de protection.
Saint-Vincent-et-les Grenadines, qui s’est exprimée au nom du Niger, de l’Afrique du Sud, de la Tunisie et de Saint-Vincent-et-les Grenadines (A3+1), a relevé que le Soudan du Sud fait face à une pléthore de problèmes complexes, tant internes qu’externes. Les A3+1 se félicitent toutefois des développements positifs dans le pays, a dit la délégation en plaidant ensuite pour la pleine mise en œuvre de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit au Soudan du Sud de 2018, notamment de ses éléments clefs tels que le quota de 35% de femmes dans toutes les institutions gouvernementales. Elle a aussi fait sien l’appel de l’IGAD pour la dissolution de l’Assemblée législative nationale transitionnelle qui doit être reconstituée, conformément à l’Accord revitalisé. La délégation a en outre jugé crucial le maintien du cessez-le-feu pour faire avancer le dialogue, en particulier avec les non-signataires de l’Accord revitalisé. Elle a donc appelé les parties à continuer à respecter le cessez-le-feu et s’est félicitée de la baisse de la violence politique. Elle a salué la volonté du Président Salva Kirr de traiter les problèmes persistants, tels que l’escalade de la violence intercommunautaire à Jongleï et autres régions.
Le Soudan du Sud continue à « grandir politiquement » en tant que démocratie qui murit, pas uniquement sur le plan national mais aussi aux niveaux régional et international, a poursuivi la délégation en saluant la décision « admirable » de convoquer des pourparlers de paix à Jouba. Elle a en même temps souligné la situation humanitaire qui reste critique et qui a été exacerbée par la pandémie de COVID-19. Avec les problèmes économiques et l’insécurité alimentaire, elle s’est inquiétée de la situation du pays et a souligné l’importance du soutien de la communauté internationale pour compléter les efforts du Gouvernement. Elle a encouragé la communauté internationale à combler le déficit du Plan de réponse humanitaire pour le pays et exhorté les dirigeants sud-soudanais à faciliter le passage de l’aide. Elle a condamné les meurtres de travailleurs humanitaire et exigé des enquêtes à ce sujet. Enfin, elle a soulevé le problème des changements climatiques qui affecte particulièrement le Soudan du Sud.
L’Indonésie a souligné l’importance vitale d’assurer l’accès humanitaire au Soudan du Sud, qui a été rendu encore plus difficile par la COVID-19. Avec six millions de personnes touchées par la faim, l’acheminement de l’aide est essentiel pour éviter la famine, a dit la délégation, avant d’appeler à respecter la liberté de mouvement du personnel de la Mission pour aider à la livraison de l’aide humanitaire, en particulier pendant la pandémie. En ce qui concerne la violence intercommunautaire, l’Indonésie a déclaré que le dialogue est la meilleure solution possible pour parvenir à une paix durable. L’Indonésie a souligné, dans ce contexte, la nécessité pour la MINUSS de renforcer son engagement communautaire. En ce qui concerne la sécurité des Casques bleus et des travailleurs humanitaires, la délégation a déclaré que le meurtre de ces derniers était inacceptable et a exigé que la justice soit rendue.
La Chine a salué les progrès réalisés dans la nomination des gouverneurs et encouragé les parties à faire progresser le dialogue et à prendre des mesures pour résoudre les questions en suspens de l’Accord revitalisé. Elle s’est inquiétée des accrochages intercommunautaires sporadiques qui risquent de saper les progrès réalisés dans le cadre du cessez-le-feu, avant d’engager les parties à répondre à l’appel du Secrétaire général à l’instauration d’une trêve humanitaire.
Préoccupée par la faiblesse de l’économie et du système de santé du Soudan du Sud, ainsi que de la fragilité de la sécurité alimentaire, la délégation a encouragé la communauté internationale à renforcer son appui au pays, notamment dans les domaines de l’économie et de la santé, et à augmenter ses investissements dans l’agriculture, l’énergie, les infrastructures et les soins de santé. Elle a jugé essentiel d’améliorer la sécurité et la sûreté des Casques bleus, pour ensuite souligner que le règlement de la question de la protection des civils repose sur un processus politique et la reconstruction économique. Elle a aussi appelé au renforcement de la communication entre le Gouvernement sud-soudanais et la MINUSS.
Deux ans après la signature de l’Accord de paix, la Fédération de Russie s’est félicitée que les parties semblent déterminées à appliquer les arrangements agréés. La délégation russe s’est dite convaincue qu’il incombe à la communauté internationale, y compris au Conseil de sécurité, d’apporter l’appui indispensable aux Sud-Soudanais pendant cette période la plus compliquée pour le pays.
Malgré l’éruption d’affrontements intercommunautaires, la Fédération de Russie a appelé à ne pas dramatiser, en gardant à l’esprit l’ensemble des défis qui existent pour Jouba, y compris l’impact négatif de la pandémie de coronavirus qui a également affecté les dirigeants du pays. « Dans le même temps, nous constatons l’engagement des Sud-Soudanais à maîtriser la situation et à s’attaquer véritablement aux problèmes en suspens », a dit la délégation russe avant de saluer l’initiative du Président Salva Kiir de créer un comité chargé d’examiner la situation dans l’État de Jongleï et dans la zone administrative de Grand Pibor.
Saluant le retour des réfugiés et des personnes déplacées vers leurs lieux de résidence permanente, la Fédération de Russie a jugé important que les parties continuent de respecter le cessez-le-feu et a appelé les non-signataires de l’Accord de paix à se joindre au processus d’édification de l’État. La Fédération de Russie a salué les efforts de l’IGAD et de l’Union africaine qui incarnent le principe « solutions africaines aux problèmes africains ». « Nous notons également la normalisation des relations, entre autres en rétablissant les liens économiques entre le Soudan du Sud et ses voisins », a dit la délégation russe.
Notant que les progrès dans le règlement du conflit sud-soudanais ont été réalisés dans une large mesure grâce à la volonté politique des parties et aux efforts des médiateurs régionaux plutôt qu’à la pression des sanctions, ou de restrictions unilatérales, la Fédération de Russie a espéré que, conformément à la résolution 2521, un examen complet du régime de sanctions aura bientôt lieu afin de l’adapter à la réalité sur le terrain.
La Belgique a noté avec préoccupation la poursuite de la violence au Soudan du Sud depuis le mois de juin. Alarmée par la dimension politique et ethnique que revêtent les heurts, la Belgique a exhorté le Gouvernement du pays à ne ménager aucun effort pour restaurer le dialogue. Elle a également appelé la MINUSS à s’efforcer d’appuyer les initiatives visant à atténuer les tensions actuelles, ainsi qu’à protéger les civils, y compris en établissant des bases opérationnelles temporaires.
Face aux rapports faisant état de violations indicibles des droits de l’homme, de violences sexuelles généralisées et de violations graves à l’encontre des enfants au Soudan du Sud, la Belgique a en outre appelé à instaurer les conditions nécessaires à la prévention de ces crimes. Elle a déploré l’incapacité persistante à lutter contre les violations et les abus, ainsi que le manque de volonté politique pour traduire les auteurs des violences en justice. La Belgique a toutefois salué certaines mesures récentes allant en ce sens, dont la condamnation d’un certain nombre de soldats pour viol.
Malgré ces efforts, la Belgique s’est dite choquée par le climat d’impunité qui domine dans le pays, comme en témoigne selon elle la promotion, en juin dernier, de hauts responsables de l’Armée sud-soudanaise, alors même que ces derniers étaient impliqués, d’après la MINUSS, dans des violations graves des droits de l’homme et figuraient, pour deux d’entre eux, dans la liste des sanctions des Nations Unies. En juillet, au moins deux personnes possiblement impliquées dans des violations graves des droits de l’homme, y compris des cas d’esclavage sexuel, ont été nommées à des postes de gouverneurs locaux, s’est en outre indigné le pays, soulignant l’importance de la justice transitionnelle pour parvenir à la paix, la réconciliation nationale et l’état de droit.
Un chapitre entier de l’Accord de paix de 2018 est consacré à cette question de justice transitionnelle, a insisté la Belgique, appelant à mettre en œuvre de toute urgence ce volet de l’accord, notamment par la création du Tribunal mixte pour le Soudan du Sud de l’Union africaine (UA).
Le Royaume-Uni a souhaité que la mise en œuvre de l’Accord de paix soit maintenant accélérée. La délégation s’est dite profondément préoccupée par l’augmentation de la violence qui a causé beaucoup de morts parmi les civils ces derniers mois. Elle a appelé le Gouvernement de Jouba et toutes les parties impliquées à faire des efforts concertés pour mettre fin à ces massacres et s’attaquer aux causes des conflits par une gouvernance et un dialogue efficaces aux niveaux national et local. Le Royaume-Uni a suggéré de traiter des questions en suspens dans le cadre de l’Accord de paix, notamment la nomination du gouverneur de l’État du Haut-Nil. Il a appelé les parties non signataires à s’engager dans le processus de Rome et à respecter la cessation des hostilités. Avec des milliers de vies sud-soudanaises en danger, le compromis et la collaboration sont plus urgents que jamais, a estimé le Royaume-Uni.
En ce qui concerne la situation humanitaire, a poursuivi la délégation, il faut s’attaquer rapidement aux problèmes de ressources. Le Gouvernement du Soudan du Sud doit veiller à ce que les travailleurs humanitaires puissent accéder aux communautés dans le besoin et à ce que la MINUSS puisse s’acquitter de son mandat sans entrave, a-t-elle exigé. Le Royaume-Uni a aussi rappelé que la responsabilité première de la protection des citoyens du Soudan du Sud incombe au Gouvernement, y compris le respect de ceux qui vivent actuellement dans les sites de protection de l’ONU. Il a plaidé pour que le plan de la Mission visant à réarranger les sites de protection des civils soit mis en œuvre en étroite consultation avec les communautés touchées et avec les acteurs humanitaires, dans le cadre d’un processus transparent qui donne la priorité à la sécurité.