Soudan: le Président du Comité des sanctions souligne l’instabilité et la détérioration des conditions de sécurité au Darfour et dans d’autres régions du pays
Le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1591 (2005) concernant le Soudan, M. Sven Jürgenson, de l’Estonie, a informé le Conseil de sécurité, cet après-midi, de l’instabilité et de la détérioration de la situation sécuritaire au Darfour et dans d’autres régions du Soudan. Venu présenter les travaux du Comité couvrant la période allant du 9 juin au 14 septembre 2020, il a expliqué que l’Armée de libération du Soudan-faction Abdul Wahid (ALS-AW), galvanisée par les nouvelles recettes de l’extraction d’or, avait pu accroître ses capacités à Jebel Marra en recrutant de nouveaux combattants et en achetant des armes, bien que le mouvement soit divisé par des luttes intestines.
Les affrontements intercommunautaires et les attaques contre les civils se sont multipliés depuis mai, en particulier dans le Darfour occidental et méridional, a continué le Président du Comité. Il a précisé que les attaques visent notamment les personnes déplacées et les agriculteurs qui tentent de retourner sur leurs terres. Le Comité des sanctions, a dit son Président, reconnaît la volonté du Gouvernement soudanais de répondre aux incidents de sécurité et la nécessité de renforcer les capacités nécessaires pour résoudre ce problème.
Les groupes rebelles du Darfour sont restés en Libye, où ils ont participé en grand nombre à des affrontements militaires en 2020, notamment à Tripoli et Syrte, a encore indiqué M. Jürgenson en précisant que ces groupes rebelles se sont considérablement développés au cours des six derniers mois, s’engageant dans le recrutement à grande échelle et obtenant de nouveaux équipements.
M. Jürgenson a saisi cette occasion pour inviter les parties soudanaises qui n’ont pas encore adhéré à l’accord de paix à le faire de toute urgence. L’accord de paix doit ouvrir la voie à une paix durable pour tous les Soudanais, a-t-il insisté.
Concernant les travaux du Comité, son Président a indiqué qu’il avait tenu, le 13 juillet 2020, ses premières consultations officieuses « officieuses » à distance, qui avaient pour but de discuter du rapport final et de renforcer le dialogue entre le Comité spécial et les États Membres régionaux. Le Président a aussi indiqué avoir convoqué une réunion visant à assurer la pleine mise en œuvre des mesures annoncées dans la résolution 2340 (2017). Après la présentation du Groupe d’experts, a-t-il relaté, une discussion a eu lieu sur la paix au Soudan, les frontières, la sécurité et les groupes armés de la région, avec les représentants du Soudan, du Tchad, de l’Égypte, de l’Éthiopie, de l’Érythrée et de l’Ouganda. De plus, le Groupe d’experts a présenté son rapport intérimaire au Comité le 18 août.
M. Jürgenson a salué le fait que Gouvernement soudanais accorde une importance de plus en plus accrue à la question de la violence sexuelle dans les situations de conflit et d’après-conflit au Darfour. Il faut s’attaquer à ce problème, a-t-il encouragé.
En ce qui concerne l’application des sanctions, il a dénoncé le fait que les parties au Soudan aient continué à transférer des armes et d’autres matériels militaires au Darfour en violation de l’embargo sur les armes. La porosité des frontières et la disponibilité des armes légères au Darfour et dans la région ont permis aux flux illicites d’armes de se poursuivre, à l’entrée et à l’extérieur du Darfour, constituant une menace pour la sécurité et la stabilité tant au Darfour que dans les pays voisins. La mise en œuvre de l’interdiction de voyager et le gel des avoirs demeurent également un défi, a-t-il ajouté. Le Comité examine d’ailleurs, depuis le 31 août 2020, une proposition présentée par un État Membre pour la radiation de quatre personnes de sa Liste. M. Jürgenson a réitéré que le régime de sanctions a été mis en place dans le seul but d’aider à ramener la paix au Darfour. Il ne s’agit pas de punir le Soudan, mais de soutenir la paix durable.
Le représentant du Soudan a été invité à prendre la parole à l’issue de cet exposé. Il a demandé au Conseil de sécurité de lever les sanctions qu’il a imposées à Khartoum à cause du conflit au Darfour. Comme développement majeur depuis sa dernière déclaration au Conseil en juin, il a mentionné l’accord de paix du 31 août visant à mettre fin à 17 ans de conflit. Cet accord couvre une série de questions clefs, y compris les arrangements de sécurité, la propriété foncière et le retour volontaire des réfugiés et des personnes déplacées. Il prévoit également le désarmement des combattants et leur intégration dans l’Armée nationale ou la vie civile. Au cours d’une réunion entre le Gouvernement et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-N), au début du moins, les deux parties ont convenu de mettre en place des ateliers de négociation pour aborder les questions en suspens, a indiqué le délégué soudanais.
Le Gouvernement poursuivra la recherche d’une paix durable, inclusive et durable, a réitéré le représentant du Soudan qui demandé au Conseil de réagir positivement aux récents développements en levant le régime de sanctions de la résolution 1591 (2005). « Ces mesures sont devenues non pertinentes, contre-productives, dépassées par les événements. » Le délégué a appuyé la demande de son gouvernement de radier quatre personnes de la liste du régime de sanctions.
Il a aussi insisté sur le fait que le Gouvernement a pris des mesures énergiques après les incidents intercommunautaires malheureux d’il y a quelques mois, notamment en déployant des agents des forces de l’ordre, en confisquant des armes et en mettant en œuvre de mesures de règlement des conflits. Rappelant que l’ALS-AW n’est pas partie à l’accord du 31 août, le Soudan a plaidé auprès du membre du Conseil dans lequel Abdul Wahid réside à se joindre à la quête de paix et à atténuer les souffrances des habitants de Jebel Marra et des régions environnantes. Enfin, il a salué la déclaration du Président du Comité 1591 selon lequel les sanctions n’ont pas pour but de punir le Soudan.