Devant le Conseil de sécurité, M. Lacroix fait état de « progrès tangibles » vers un maintien de la paix davantage performant, féminin, sûr et professionnel
Le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, M. Jean-Pierre Lacroix, a indiqué, ce matin lors d’un débat devant le Conseil de sécurité, que ces opérations, « véritable ADN de l’ONU », selon l’expression de la France, ont connu des « progrès tangibles » au cours des dernières années dans les domaines cruciaux de la performance, de la parité des sexes, du professionnalisme et de la sécurité.
Le Secrétaire général adjoint a néanmoins appelé à poursuivre les efforts dans tous ces domaines, à l’instar des délégations qui se sont exprimées. Les États-Unis ont ainsi demandé le développement d’une culture de la performance au sein des missions, tandis que la Fédération de Russie a, dans un souci d’efficacité, souhaité « l’annulation des tâches secondaires des Casques bleus, notamment celles liées aux droits de l’homme ».
À l’entame de son propos, le Secrétaire général adjoint aux opérations de paix a indiqué que ces opérations ont continué de s’acquitter de leurs engagements dans le cadre de l’Action pour le maintien de la paix, une initiative lancée il y a deux ans, en dépit des difficultés découlant de la pandémie actuelle de COVID-19. Les opérations ont apporté un soutien efficace aux processus politiques et à la mise en œuvre des accords de paix, a-t-il dit, en citant l’Accord de paix pour le Darfour.
Sur le plan de la performance, le Secrétaire général adjoint a fait état de « progrès significatifs », en notant l’importance d’un équipement adéquat, fourni « au bon moment, au bon endroit ». M. Lacroix a ainsi indiqué que le nombre d’unités dotées d’équipements insuffisants, ou qui ont un taux de performance inférieur à 70%, est passé de 23 à 18 unités entre le quatrième trimestre 2018 et le premier trimestre 2020.
« Plus de femmes dans le domaine du maintien de la paix signifie un maintien de la paix plus efficace », a poursuivi M. Lacroix, en signalant les progrès enregistrés dans ce domaine. Sur le terrain, en juillet, les femmes représentaient ainsi jusqu’à 22% du personnel civil des opérations. « Néanmoins, nous sommes loin de nos objectifs s’agissant du pourcentage de femmes dans les contingents formés », a-t-il nuancé.
Sur la sécurité, M. Lacroix s’est félicité de la baisse continue des décès en raison d’actes violents au sein des opérations, de 59 en 2017 à 27 en 2018, 25 en 2019 et 8 jusqu’à présent en 2020. Il a également souligné le renforcement de l’approche onusienne pour prévenir les violations des normes de conduite, y compris dans le domaine de la violence sexuelle, en notant la tendance à la baisse du nombre d’allégations. « Nous ne devons pas baisser la garde », a-t-il toutefois reconnu.
Le Secrétaire général adjoint a proposé plusieurs pistes pour que les opérations de paix demeurent un « instrument multilatéral indispensable » dans la panoplie d’outils de la paix et de la sécurité. M. Lacroix a ainsi plaidé pour un renforcement de la coopération avec les organisations régionales, l’Union africaine au premier chef, ainsi que pour une intégration plus approfondie des composantes civile et militaire des missions et de l’équipe pays.
Le travail sur la performance doit être approfondi notamment par le biais d’évaluations régulières, a poursuivi M. Lacroix. Enfin, le Secrétaire général adjoint a défendu une posture des missions plus « robuste et agile », en s’appuyant notamment sur les nouvelles technologies, et l’application d’une perspective sexospécifique dans tous les domaines d’intervention.
Les délégations ont également avancé leurs propositions pour que l’évolution des opérations de paix aille dans la « bonne direction », selon l’expression de la Fédération de Russie. La République dominicaine a insisté sur l’importance de déployer un personnel correctement formé et équipé, jugeant essentiel de partager les renseignements et de réduire les écarts en ce qui concerne les équipements essentiels.
Les défis que rencontrent les opérations sont exacerbés par le fait que les mandats ne reçoivent par les financements nécessaires, a estimé la délégation dominicaine. La Fédération de Russie a fait remarquer à ce sujet que certains pays veulent une extension des mandats tout en réduisant leur financement et leur personnel. « Le slogan ”Faire plus avec moins” peut être pertinent dans la théorie économique mais n’est que de peu d’utilité pour améliorer l’efficience des missions. »
La Fédération de Russie a recommandé que l’optimisation des mandats, pour plus d’efficacité, s’accompagne de l’annulation des tâches secondaires ou non essentielles des Casques bleus, notamment celles liées aux droits de l’homme et aux questions sociales et de genre. « Les mandats de maintien de la paix ne doivent pas être populistes, mais clairs et réalistes. »
Soucieux que les missions disposent des ressources et des capacités nécessaires, les États-Unis ont de leur côté estimé qu’une formation et un équipement solides ne suffisent pas pour améliorer la performance. « Il faut un engagement envers la mission et une culture de performance et de responsabilité », ont-ils affirmé.
Les États-Unis ont aussi appelé les pays fournisseurs de contingents et de policiers à respecter les normes de performance de l’ONU pour le personnel, tout en maintenant les normes de conduite les plus élevées. La France a, elle, recommandé de renforcer la participation des femmes et de planifier une transition efficace entre les opérations et les structures appelées à leur succéder. « Le mandat sur les droits de l’homme confié aux opérations doit être une partie intégrante de notre stratégie. »
Enfin, la Belgique a souligné l’importance des fonctions d’appui à l’état de droit dans les mandats et le fonctionnement des opérations, en appui aux autorités nationales. La reconstruction post-conflit doit notamment reposer sur une police démocratique et respectueuse des droits humains, sur un système de justice fiable et sur des institutions pénitentiaires humaines, a-t-elle dit.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
M. JEAN-PIERRE LACROIX, Secrétaire général adjoint aux opérations de paix, a indiqué que les opérations de paix ont continué de s’acquitter de leurs engagements dans le cadre de l’Action pour le maintien de la paix, en dépit des difficultés qu’entraîne la pandémie. Les opérations ont ainsi apporté un soutien efficace aux processus politiques et à la mise en œuvre des accords de paix, a-t-il dit, en citant l’accord de paix entre le Gouvernement de transition au Soudan et les groupes armés du Darfour. Au Mali, le coup d’État du 18 août a exigé de la MINUSMA qu’elle s’engage dans une mission de bons offices pour appuyer les consultations sur les modalités de la transition. Il s’est dit encouragé par le fait que les leaders du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) ont appuyé la mise en œuvre de l’Accord de paix de 2015. M. Lacroix a assuré que les missions promeuvent des processus inclusifs, comme au Soudan du Sud où la mission onusienne a veillé à l’inclusion des jeunes et des autres groupes marginalisés dans le processus de paix.
M. Lacroix a cité un autre domaine d’action -femmes, paix et sécurité- et salué les progrès enregistrés, tels que la place plus grande faite aux femmes dans l’espace politique dans les contextes de consolidation de la paix. Il a cité le cas de la République centrafricaine (RCA) où les femmes ont vu leur représentation accrue aux niveaux local et national en 2019.
S’agissant des mandats de protection, les missions ont continué de prévenir et de répondre aux menaces contre les civils, comme au Mali, en RCA ou en République démocratique du Congo (RDC), malgré une réduction des patrouilles en raison de la pandémie. La MINUAD a utilisé WhatsApp pour mener des campagnes de sensibilisation sur la violence sexuelle liée à un conflit parmi les personnes déplacées.
Le Secrétaire général adjoint a aussi mentionné les processus majeurs entrepris pour la transformation opérationnelle des forces au sein des mission, afin de les rendre plus souples et plus stratégiques. Les bases opérationnelles temporaires, par exemple, sont utilisées régulièrement, ce qui permet une posture plus dynamique face aux menaces. Les bataillons rapidement déployables sont également davantage utilisés. Cette transformation a permis d’améliorer l’efficacité des opérations, s’est félicité M. Lacroix, qui a aussi parlé des patrouilles intégrées en RDC et au Soudan du Sud qui ont permis de libérer des enfants des groupes armés. Pour lui, rien de cela n’aurait été possible sans l’appui des États Membres. Il a donc exhorté les pays contributeurs de troupes à poursuivre leur soutien.
S’agissant de la performance, le Secrétaire général adjoint a fait état de progrès significatifs. Dans le droit fil de la résolution 2436 (2018), il a indiqué que le dispositif de gestion de la performance complet et intégré des opérations de maintien de la paix est en train d’être finalisé. Il a mentionné les bonnes pratiques qui ont été identifiées ainsi que l’unité spécifiquement consacrée à cette question de la performance qui a été créée. « Nous souhaitons mettre en place un plan d’amélioration de la performance pour les quartiers généraux sur le terrain. » En outre, la mise en place du Système complet d’évaluation de la performance (CPAS) destiné à aider les opérations dans la planification, le suivi et l’évaluation de la mise en œuvre de leur mandat se poursuit. Le CPAS a été mobilisé pour aider à prévenir une propagation du virus dans les contextes de mission tout en renforçant la capacité des missions d’épauler les pays hôtes dans leur riposte à la pandémie.
M. Lacroix a rappelé qu’un équipement adéquat, fourni « au bon moment, au bon endroit », demeure un aspect essentiel de toute performance. Soulignant l’importance cruciale du matériel appartenant aux contingents (MAC), il a indiqué que le nombre d’unités souffrant de lacunes s’agissant de ce matériel, ou qui ont un taux de performance inférieur à 70%, est passé de 23 à 18 unités entre le quatrième trimestre 2018 et le premier trimestre 2020. Pour la première fois, le délai de 60 jours a été respecté pour la mise à disposition de deux unités du niveau de déploiement rapide du Système de préparation des moyens de maintien de la paix, pour déploiement auprès d’une mission.
« Plus de femmes dans le domaine du maintien de la paix signifie un maintien de la paix plus efficace », a poursuivi M. Lacroix en signalant les progrès enregistrés en vue d’une parité au sein du personnel civil du Département des opérations de paix. Sur le terrain, en juillet, les femmes représentaient jusqu’à 22% du personnel civil des opérations. S’agissant du personnel en uniforme, la plupart des cibles fixées en 2020 pour les quartiers généraux et sur le terrain ont été atteintes, voire dépassées. En juin, les femmes représentaient 22,6% des postes militaires professionnels dans les quartiers généraux, dépassant ainsi la cible qui était de 17%. De même, les femmes représentent 29,6% du personnel judiciaire et correctionnel alors que la cible était de 27%. « Néanmoins, nous sommes loin de nos objectifs s’agissant du pourcentage de femmes dans les contingents formés. »
Soulignant aussi l’importance capitale de la sécurité des Casques bleus, il s’est félicité de la baisse continue des décès en raison d’actes violents au sein des opérations, de 59 en 2017 à 27 en 2018, 25 en 2019 et 8 jusqu’à présent en 2020. L’appui fourni par la MINUSCA, la MINUSMA et la MONUSCO aux pays hôtes en vue d’enquêter et de poursuivre en justice les auteurs d’actes graves ont permis pratiquement de doubler le nombre de poursuites judiciaires. Six individus ont ainsi été condamnés en janvier et en février 2020 en RCA pour le meurtre de 11 Casques bleus de la MINUSCA en 2016 et 2017.
M. Lacroix a également rassuré sur le professionnalisme du personnel, en soulignant le renforcement de l’approche onusienne pour prévenir et remédier aux violations des normes de conduite, y compris dans le domaine de la violence sexuelle. « Si la tendance globale du nombre d’allégations est à la baisse, les remontées sporadiques constatées montrent que nous ne devons pas baisser la garde », a-t-il toutefois reconnu. Cela exige un renforcement des partenariats avec les États Membres et les organisations régionales, une réponse rapide aux allégations pendantes et des efforts plus grands pour apporter une réponse pénale et une solution aux victimes ayant une revendication de paternité, a déclaré M. Lacroix. « L’engagement des États Membres est impératif. »
Le Secrétaire général adjoint a ensuite plaidé pour un renforcement de la coopération avec les organisations régionales, l’Union africaine au premier chef, avant de souligner l’appui des autres composantes onusiennes pour l’instauration d’une paix durable.
Deux années après le lancement de l’Action pour le maintien de la paix, nous avons fait des progrès tangibles dans le renforcement des opérations de maintien de la paix, a résumé M. Lacroix, avant d’aborder la prochaine seconde phase de mise en œuvre. Le Secrétariat a commencé à identifier les priorités fondamentales pour cette prochaine phase en 2021 et au-delà, dans le cadre de la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Il a indiqué que ces priorités devront répondre à plusieurs questions transversales systémiques. Il faut ainsi des actions cohérentes qui renforcent les stratégies politiques pour une « paix positive », a-t-il dit en soulignant aussi la nécessité d’une intégration stratégique plus substantielle entre les acteurs de développement et de consolidation de la paix sur une base permanente, pas seulement lors des phases de retrait et de transition. Il a aussi argué pour une intégration plus approfondie des composantes civile et militaire des missions et de l’équipe pays et une interaction accrue avec les organisations régionales. Le travail de performance doit être approfondi notamment par le biais d’évaluations régulières, tandis que les efforts visant à répondre de manière appropriée aux cas de sous-performance devront se poursuivre. « Nous devons poursuivre nos efforts pour améliorer la sécurité des soldats de la paix », a-t-il dit, ajoutant que la tendance vers des opérations plus agiles se poursuivrait. Le Secrétaire général adjoint a défendu une posture plus robuste et agile, par le biais notamment des nouvelles technologies et des stratégies de communication efficaces. Il a aussi plaidé pour l’application d’une perspective sexospécifique dans tous les domaines d’intervention.
En conclusion, M. Lacroix a formé le vœu que les opérations de paix demeurent un instrument multilatéral indispensable dans la panoplie d’outils de la paix et de la sécurité dans les années à venir. Parmi les défis auxquels ces opérations devront faire face, il a cité les groupes armés, un engagement friable pour la paix des acteurs d’un conflit, la régionalisation des conflits, mais aussi l’irruption de technologies potentiellement létales, les perturbations climatiques et une population mondiale plus urbaine. Enfin, il a indiqué que la prochaine Conférence ministérielle pour le maintien de la paix à Séoul en 2021 sera l’occasion de faire des contributions tangibles dans ce domaine.
Au nom du groupe A3+1 (Afrique du Sud, Niger, Tunisie et Saint-Vincent-et-les Grenadines), l’Afrique du Sud a fait remarquer que plus d’un million de soldats de la paix ont été déployés depuis la création de la première mission de l’ONU en 1948. La délégation a rendu hommage à tous les hommes et toutes les femmes qui servent la cause de la paix sur le terrain. Elle a également souligné le rôle vital joué par l’Union africaine dans la fourniture de troupes aux opérations de maintien de la paix conjointes, jugeant que, sans le concours de l’organisation régionale, les conflits sur le continent auraient fait plus de victimes.
Évoquant ensuite l’adoption de la résolution 2538 (2020), l’Afrique du Sud a appelé les États Membres à accroître la participation des femmes à tous les niveaux des opérations de paix. Pour elle, l’efficacité de ces opérations dépend également de mandats réalistes et réalisables, dotés de ressources adéquates et bénéficiant d’une volonté politique des parties en conflit. Quant au cadre d’évaluation de la performance des opérations, elle préfère une approche basée sur un ensemble unique d’indicateurs pour chaque mission, se démarquant ainsi d’une approche universelle.
L’Afrique du Sud a aussi souligné l’importance de l’engagement communautaire et de la communication avec les populations locales, ajoutant que l’initiative Action pour le maintien de la paix avait placé l’action collective au premier plan en la matière. Saluant les partenariats entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, la délégation a demandé que les pays fournisseurs de contingents soient immédiatement consultés lorsque des allégations d’exploitation ou d’atteintes sexuelles sont signalées, afin que les problèmes soient rapidement résolus. Enfin, elle a plaidé pour une harmonisation des décisions du Comité spécial des opérations de maintien de la paix avec celles du Conseil de sécurité.
La République dominicaine a insisté sur l’importance de déployer un personnel correctement formé et équipé. Elle a relevé que les défis que rencontrent les opérations sont exacerbés par le fait que les mandats ne reçoivent par les financements nécessaires. La délégation a également souligné l’importance du renforcement de la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales afin de consolider le travail des opérations de maintien de la paix aux niveaux stratégique et opérationnel. Il est essentiel de partager les renseignements et de réduire les écarts en ce qui concerne les équipements essentiels, a-t-elle plaidé.
La délégation a jugé urgent de garantir la sécurité et la protection des Casques bleus, avant de transmettre ses condoléances aux familles de ceux d’entre eux qui ont succombé à la pandémie de COVID-19. Cette triste réalité souligne la nécessité de suivre de près et d’évaluer l’impact de la pandémie sur la protection des civils, a-t-elle estimé en plaidant pour une réadaptation et une augmentation de ressources. La délégation a aussi plaidé pour une participation équitable des femmes à tous les niveaux et le renforcement de la politique de tolérance zéro à l’égard de l’exploitation et des atteintes sexuelles. Elle a également appelé les missions à mettre sur pied des stratégies pour les jeunes, la paix et la sécurité.
Le Viet Nam a condamné toutes les attaques perpétrées contre des Casques bleus et exhorté les pays concernés à respecter les mandats des missions. Il a indiqué que l’appropriation nationale est l’élément clef du succès des opérations de maintien de la paix. Tout appui des missions aux gouvernements nationaux en vue de la consolidation de la paix doit se faire avec le consentement des États et des parties concernées. Rappelant que sur les 13 missions en activité plus de la moitié le sont depuis plus de 20 ans, la délégation a salué la finalisation de la note sur le séquençage et la priorisation des mandats du Conseil. Elle a aussi souligné la nécessité d’une évaluation rigoureuse des mandats des missions.
Le Viet Nam a ensuite indiqué que le budget total des opérations de maintien de la paix pour l’année fiscale 2019-2020 est de 6,6 milliards de dollars, soit moins de 0,5% des dépenses militaires mondiales. Cette somme est en baisse de 1,9% par rapport à l’année fiscale 2018-2019, alors que la charge de travail n’a pas diminué mais s’est au contraire accrue avec les effets de la pandémie. Le Viet Nam a insisté sur le besoin urgent de doter les opérations de ressources suffisantes. Enfin, la délégation a rappelé les contributions tangibles de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) aux opérations de paix.
L’Allemagne a rendu hommage aux soldats de la paix pour avoir « maintenu le cap » en dépit de conditions rendues plus difficiles encore par la pandémie de COVID-19. Elle a aussi salué l’action du Secrétariat de l’ONU, estimant qu’il avait su « naviguer sur des eaux inexplorées » sous la direction du Secrétaire général adjoint Jean-Pierre Lacroix. Soulignant l’importance des droits de l’homme et de la réforme de la sécurité dans les mandats de maintien de la paix, elle a estimé que des progrès tangibles étaient possibles, comme le montre l’exposé du Secrétaire général adjoint. En matière d’évaluation des performances, l’Allemagne prône une approche fondée sur les données et exhorte toutes les parties prenantes, y compris les pays fournisseurs de contingents et de policiers, à partager pleinement les données pertinentes.
L’Allemagne a également exhorté certains États Membres à s’acquitter de leurs obligations financières à l’égard des opérations de paix de l’ONU. Réaffirmant son plein engagement en faveur de l’initiative Action pour le maintien de la paix, elle a rappelé qu’elle fournissait un soutien dans les domaines de la formation et du renforcement des capacités, notamment par le biais de ses équipes mobiles de formation. Elle assure en outre le suivi des mesures prises par le Conseil durant la présidence allemande dans le cadre du programme femmes, paix et sécurité, a conclu la délégation.
La Chine a estimé que l’initiative Action pour le maintien de la paix était entrée dans une « phase critique » de sa mise en œuvre et que les États Membres devaient se montrer solidaires pour éviter les effets négatifs de la pandémie de COVID-19 sur les opérations. La portée des mandats devrait, selon elle, être adaptée à la situation sur le terrain, compte tenu de la nécessité de faire avancer les processus de paix, plutôt que de recourir à des forces extérieures, et ce, afin que le pays hôte puisse à terme devenir autonome. Pour la délégation, l’amélioration des performances des soldats de la paix est un objectif commun à toutes les parties prenantes.
Notant que les situations diffèrent dans chaque mission, la Chine a estimé que réduire les fonds sans tenir compte de ces circonstances entraverait la capacité des missions à s’acquitter de leur mandat. Elle a notamment fait valoir que les ressources de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) ne devraient pas être réduites sans un examen approfondi.
S’agissant des questions de sécurité, la délégation a indiqué que la Chine avait aidé d’autres pays à former des soldats de la paix en vue de leur déploiement. Enfin, se disant convaincue de l’importance des partenariats, elle a plaidé pour le renforcement des liens entre l’ONU et les organisations régionales telles que l’Union africaine, assurant que la Chine était attachée à la paix et à la sécurité en Afrique.
L’Indonésie a plaidé pour des partenariats plus robustes en vue d’améliorer la formation et le renforcement de capacités des opérations. « Notre centre de formation pour le maintien de la paix de Bogor est très actif non seulement dans la formation de notre personnel, mais aussi de participants venus du monde entier », a déclaré la délégation. Plus tôt dans l’année, l’Indonésie a déployé 210 soldats de la paix qui sont venus renforcer les rotations d’unités de police et d’ingénieurs au sein de la MINUSCA et de la MINUAD. L’Indonésie a toujours prôné un engagement des communautés par les missions de paix, un tel engagement étant plus que jamais nécessaire dans ce contexte de pandémie en vue de « gagner les cœurs » des populations locales.
La délégation a souligné la nécessité d’assurer la sécurité et la santé des Casques bleus, y compris par le biais d’une mise en œuvre efficace de la résolution 2518 (2020). Face à la pandémie, le Secrétariat doit redoubler d’efforts pour renforcer les capacités médicales et prendre les mesures nécessaires pour une plus grande sécurité. Elle a ensuite plaidé pour une participation accrue des femmes aux opérations de paix et souligné l’importance, à ce titre, de la résolution 2538 (2020) adoptée l’année dernière sous présidence indonésienne. Nous devons désormais prendre des mesures concrètes pour mettre en œuvre ce texte, a-t-elle dit. Enfin, l’Indonésie a rappelé que des ressources adéquates sont cruciales pour une exécution efficace des mandats mais aussi pour la bonne maintenance des capacités opérationnelles et la performance des missions. Nous exhortons les États Membres à s’acquitter de la totalité de leurs contributions financières en temps et en heure, a conclu la délégation.
La Fédération de Russie a jugé « vital » que l’évolution des opérations de paix aille dans « la bonne direction ». Il est par conséquent absolument impératif de respecter la souveraineté des pays hôtes, les objectifs et principes de la Charte des Nations Unies et les principes élémentaires du maintien de la paix, a-t-elle dit, ajoutant que les Casques bleus doivent être impartiaux en toutes circonstances. La délégation a plaidé pour une coopération constructive avec le pays hôte, essentielle pour l’efficacité d’une mission, en particulier en ces temps de pandémie. Elle a jugé extrêmement important de prendre en compte les vues des pays hôtes et des pays contributeurs de troupes à l’occasion de la prorogation des mandats ou lors des consultations sur l’évaluation de l’efficacité des missions. Elle a souligné que le mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) s’est vu, lors de sa prorogation, doté de dispositions importantes sur des aspects relatifs à des technologiques modernes sensibles pour la souveraineté des États, notamment en ce qui concerne les dispositifs de surveillance.
La délégation a reconnu la charge budgétaire que représentent ces mesures pour l’ONU et noté les controverses qui entourent les positions de certains pays plaidant pour l’extension des mandats tout en réduisant leur financement et leur personnel. « Le slogan ”Faire plus avec moins” peut être pertinent dans la théorie économique mais n’est que de peu d’utilité pour améliorer l’efficience des missions. »” La Fédération de Russie a recommandé que l’optimisation des mandats, pour plus d’efficacité, s’accompagne de l’annulation des tâches secondaires ou non essentielles des Casques bleus, notamment celles liées aux droits de l’homme et aux questions sociales et de genre. « Les mandats de maintien de la paix ne doivent pas être populistes, mais clairs et réalistes. » La délégation a enfin demandé un renforcement de la coopération triangulaire entre le Conseil, les pays contributeurs des troupes et le Secrétariat, dans un esprit de coopération et d’entente mutuelle.
L’Estonie s’est félicitée des orientations du Secrétaire général en matière de réforme de l’ONU. Elle a notamment salué son Action pour le maintien de la paix, qui a guidé avec succès l’adoption de plusieurs résolutions sur cette question, telles que la 2538 (2020) sur le rôle des femmes dans le maintien de la paix et la 2518 (2020) sur la sécurité des soldats de la paix. Cette initiative a aussi permis la mise en place par le Secrétariat de plusieurs mécanismes clefs, tels que le Système complet d’évaluation de la performance, a-t-elle applaudi. La délégation a constaté à cet égard que la pandémie de COVID-19 met à l’épreuve les performances des missions de paix et leur capacité à s’acquitter de leur mandat, à promouvoir le règlement des conflits et à protéger les populations civiles, en particulier les femmes et les enfants. Elle a espéré par conséquent la poursuite du renforcement du Système complet d’évaluation de la performance et des visites prédéploiement.
Soucieuse de l’amélioration des performances, l’Estonie a dit viser la parité entre les sexes dans les contributions de troupes de son pays d’ici à la fin de l’année. Les données démontrent, selon elle, qu’un meilleur équilibre des genres conduit à un meilleur maintien de la paix et à un engagement plus efficace avec les communautés locales. Sur ce point, la délégation a assuré qu’elle continuerait à souligner l’importance de la mise en œuvre du programme femmes, paix et sécurité, notamment via la promotion d’une participation pleine, égale et significative des femmes aux processus de paix. L’Estonie continuera également à plaider pour un meilleur engagement auprès des communautés locales, avec l’aide de liaisons communautaires et de spécialistes des droits de l’homme, a-t-elle conclu.
Les États-Unis ont rappelé que l’Administration Trump s’est engagée à élever et maintenir la dynamique sur la performance dans le domaine du maintien de la paix, ce qu’elle réaffirmera lors de son événement préparatoire à la réunion ministérielle sur le maintien de la paix de l’ONU. Les États-Unis, qui sont les premiers contributeurs financiers au maintien de la paix de l’ONU ainsi que les plus grands contributeurs au renforcement des capacités, ont investi depuis 2005 près de 1,5 milliard de dollars avec leurs seules initiatives de renforcement des capacités militaires et policières de maintien de la paix. De surcroît, a ajouté la délégation, le budget annuel de l’Initiative des États-Unis en faveur des opérations de paix dans le monde (GPOI) a augmenté ces trois dernières années pour atteindre plus de 70 millions de dollars, ce qui a eu des effets positifs sur les performances des opérations de paix et pour les populations que les Casques bleus protègent.
Soucieux que les missions disposent des ressources et des capacités nécessaires à l’accomplissement de leur mandat dans des environnements complexes et fragiles, la délégation a estimé qu’une formation et un équipement solides ne suffisent pas pour améliorer les performances: il faut un engagement envers la mission et une culture de performance et de responsabilité. Conformément à la résolution 2436 (2018), les pays fournisseurs de contingents et de policiers devraient respecter les normes de performance de l’ONU pour le personnel, tout en maintenant les normes de conduite les plus élevées, a-t-elle soutenu. Elle a notamment plaidé pour que les soldats de la paix adhèrent à la politique de tolérance zéro du Secrétaire général sur l’exploitation et les atteintes sexuelles.
Les États-Unis ont également fait valoir que les femmes améliorent l’efficacité des opérations de maintien de la paix, plaidant pour l’augmentation de leur participation aux opérations de paix de l’ONU. La délégation s’est déclarée ravie de coparrainer la résolution 2538 (2020), la première spécifiquement centrée sur les femmes dans le maintien de la paix. Elle a par ailleurs relevé qu’une bonne performance commence tôt pour les forces, depuis l’engagement, la formation et la vérification, jusqu’au déploiement et à la préparation opérationnelle. Il faut tirer parti du Système de préparation des moyens de maintien de la paix de l’ONU pour que les unités les plus qualifiées et les plus capables soient déployées, a-t-elle recommandé. Elle s’est félicitée, d’autre part, que le Système complet d’évaluation de la performance aide le Secrétariat à recueillir, analyser et intégrer des données sur la performance des missions afin de favoriser une planification et une prise de décisions plus efficaces.
Avant de conclure, la délégation s’est félicitée du lancement récent du dispositif de gestion de la performance complet et intégré et a particulièrement salué l’accent mis sur la performance de la mission, la responsabilité de civils et du commandement, et l’importance du renforcement des capacités et des mesures de responsabilisation pour les unités constituées.
La Belgique a salué le travail réalisé sur le thème de la performance et, en particulier, le développement de deux outils centraux pour une culture d’efficacité basée sur les données, à savoir le Système complet d’évaluation de la performance (CPAS) et le dispositif de gestion de la performance complet et intégré. « Nous pouvons sans doute aller plus loin, ensemble, dans l’utilisation commune des enseignements tirés de ces outils. » Elle a jugé utile que ce Conseil, lorsqu’il prépare les renouvellements de mandats, puisse disposer des analyses détaillées et recommandations issues de ces outils sur les orientations à donner à la mission.
Le maintien de la paix s’est rapproché des populations locales ces dernières années et nous saluons cette évolution, a poursuivi la délégation. Elle a indiqué que cet engagement permet une identification efficace des risques pour les populations et les soldats de la paix. Les missions doivent être dotées des outils pour cela et leur personnel doit disposer d’instructions claires – y compris pour la protection des personnes avec qui ils entrent en contact. Elle a souhaité que la protection des enfants dans les conflits armés reste au cœur des mandats des opérations de paix et plaidé à cette fin pour le renforcement des équipes des missions en charge de cette protection.
La Belgique a également souligné l’importance des fonctions d’appui à l’état de droit dans les mandats et le fonctionnement des opérations, en appui aux autorités nationales. La reconstruction post-conflit doit notamment reposer sur une police démocratique et respectueuse des droits humains, sur un système de justice fiable et sur des institutions pénitentiaires humaines, a-t-elle conclu.
La France a estimé que des marges de progrès existent pour renforcer la performance des opérations de maintien de la paix. « Cela suppose des personnels suffisamment formés et équipés, un financement adéquat et des outils d’évaluation. » Elle a salué les progrès accomplis avec les visites prédéploiement ainsi qu’avec les formateurs dépêchés sur le terrain si nécessaire. Selon la France, la finalisation du dispositif de gestion de la performance complet et intégré doit permettre de consolider ces avancées. La France demeurera particulièrement mobilisée en soutien à la formation des pays contributeurs de troupes francophones en mettant l’accent sur l’enseignement du droit international humanitaire.
Pour être performantes, les opérations de maintien de la paix doivent être aussi capables de s’adapter aux évolutions sur le terrain, a affirmé la France. « Cela passe par le développement des bataillons à déploiement rapide, comme cela a été fait en RDC, pour réagir au plus vite à une montée des tensions. » Elle a aussi mentionné l’importance de l’amélioration des équipements, du comblement des déficits capacitaires ou encore de l’amélioration des procédures d’évacuation sanitaire primaire (EVASAN). La performance repose également sur la posture et l’état d’esprit des contingents ainsi que de leur leadership, a affirmé la France.
La performance ne représente toutefois qu’un pan de l’Initiative en faveur des opérations de paix dans le monde, a fait valoir la France en plaidant que cette Initiative soit mise en œuvre dans toutes ses composantes. Elle a apprécié les réels effets de l’Initiative, notant à cet égard que les opérations intègrent davantage la priorité donnée aux solutions politiques, que les mandats sont plus clairs et mieux hiérarchisés et que les besoins de formation et d’équipements des Casques bleus sont mieux définis. « Mais nous devons aller encore plus loin », a dit la France en recommandant de renforcer la participation des femmes et de planifier une transition efficace entre les opérations de maintien de la paix et les structures appelées à leur succéder. « Le mandat sur les droits de l’homme que nous confions aux opérations de maintien de la paix doit être une partie intégrante de notre stratégie à cet égard. » Enfin, elle a rappelé que plus de 150 États ont signé la Déclaration d’engagements communs concernant les opérations de maintien de la paix, dont la France qui « restera engagée avec détermination et constance pour soutenir ces opérations qui font partie de l’ADN des Nations Unies ».
Le Royaume-Uni a indiqué que l’amélioration de la performance des opérations de paix doit demeurer une priorité. Lorsque les missions et le personnel respectent des normes élevées dans l’exécution de leurs tâches, ils sont plus à même de s’acquitter de leur mandat et améliorent ce faisant leur propre sécurité. La délégation s’est dite encouragée par les progrès accomplis dans le développement d’un cadre rigoureux de performance et de responsabilisation. Elle a insisté sur l’importance que tous les États Membres se montrent à la hauteur des engagements de réforme du maintien de la paix. Le Royaume-Uni a veillé, chaque fois qu’il était délégation porte-plume, à simplifier les mandats afin qu’ils soient clairs et réalistes. Il est aussi l’un des contributeurs hors budget les plus importants du Département des opérations de paix et, en tant que pays contributeur de troupes, veille à répondre aux besoins capacitaires identifiés par l’ONU, a rappelé la délégation. Elle a en particulier mentionné le déploiement à venir d’une équipe spéciale de reconnaissance, forte de 250 membres, auprès de la MINUSMA. Enfin, la délégation a indiqué que le Royaume-Uni est déterminé à accroître la place des femmes au sein des opérations onusiennes.