Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur le Soudan du Sud
On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de juin, M. Christoph Heusgen (Allemagne):
Les membres du Conseil de sécurité se sont félicités de l’évolution encourageante du processus de paix au Soudan du Sud, notamment l’entente entre les parties à l’Accord revitalisé sur la répartition des États et la nomination des gouverneurs des États. Les membres du Conseil ont encouragé le Gouvernement provisoire d’union nationale revitalisé à mener à terme, sans plus tarder, la nomination des gouverneurs et la mise en place des administrations restants au niveau des États et des comtés.
Les membres du Conseil se sont déclarés préoccupés par les délais rencontrés dans l’application de l’Accord revitalisé et ont exhorté les parties à parachever rapidement les arrangements de sécurité, à établir des institutions gouvernementales de transition, notamment une assemblée nationale législative, et à progresser de manière concertée sur les réformes à introduire pendant la transition.
Les membres du Conseil se sont félicités des mesures prises par le Gouvernement provisoire d’union nationale revitalisé pour lutter contre la pandémie de COVID-19. Ils l’ont encouragé à continuer de resserrer la coopération à cet égard avec les organismes humanitaires, les institutions des Nations Unies et la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS).
Les membres du Conseil se sont dits gravement préoccupés par l’intensification de la violence entre les groupes armés au Soudan du Sud, ces derniers mois, notamment à Jongleï, qui a fait des centaines de morts et entraîné le déplacement de milliers de personnes. Ils ont pris note de l’annonce faite sur la création d’un comité qui se penchera sur les violences intercommunautaires à Jongleï et ont souligné que le Gouvernement provisoire devait agir rapidement pour mettre un terme à la violence et à l’impunité des auteurs de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits et notamment de violence sexuelle et fondée sur le genre, ainsi du droit international humanitaire, au Soudan du Sud. Ils ont demandé au Gouvernement provisoire d’appuyer les mesures prises par la MINUSS pour faciliter le dialogue intercommunautaire et renforcer la mobilisation des populations.
Les membres du Conseil ont demandé au Gouvernement provisoire ainsi qu’aux groupes armés non signataires de l’Accord revitalisé d’agir de toute urgence pour empêcher la violence, protéger les civils et les biens de caractère civil, ainsi que les installations médicales et le personnel médical, et de permettre un passage humanitaire rapide, sûr et sans entrave. Le Conseil a exhorté les parties qui n’avaient pas signé l’Accord revitalisé à renouer le dialogue et à pleinement appliquer l’Accord sur la cessation des hostilités, conformément aux engagements pris au titre de la Déclaration de Rome.
Les membres du Conseil se sont inquiétés de la situation humanitaire désastreuse au Soudan du Sud, qui est exacerbée par la pandémie de COVID-19 et les nouvelles violences intercommunautaires, et ont réaffirmé que les parties devaient faciliter, conformément aux dispositions applicables du droit international, l’acheminement de l’aide humanitaire. Ils ont déploré le meurtre de travailleurs humanitaires dans les États de Jongleï et des Lacs.
Les membres du Conseil ont salué l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) qui a fait preuve de dynamisme pour faire avancer le processus de paix au Soudan du Sud. Ils ont souligné que la région et la communauté internationale devaient continuer de se mobiliser de manière active en faveur du Soudan du Sud. Ils se sont félicités de l’esprit d’initiative manifesté par le Président par intérim de la Commission mixte de suivi et d’évaluation reconstituée et ont demandé à l’IGAD de désigner un président permanent à la Commission pour appuyer l’application de l’Accord revitalisé.
Les membres du Conseil ont souligné que le Gouvernement provisoire devait gouverner de manière unifiée, être inclusif et compter 35% de femmes au niveau de l’exécutif, conformément à l’Accord revitalisé, et veiller à la participation véritable des femmes, des jeunes, des groupes d’inspiration religieuse et des organisations de la société civile à l’application de l’Accord revitalisé. Ils ont insisté sur l’importance de protéger les journalistes.
Les membres du Conseil ont demandé au Gouvernement provisoire de mener à bien la création de toutes les institutions de transition, conformément à l’Accord revitalisé, qui sont nécessaires pour instaurer la confiance et consolider les mesures prises en vue d’une paix durable.
Les membres du Conseil ont rappelé les obligations du Gouvernement sud-soudanais énoncées dans l’accord sur le statut des forces signé avec la MINUSS et ont demandé au Gouvernement d’assurer la liberté de mouvement de la Mission afin qu’elle puisse s’acquitter de son mandat consistant à protéger les civils, à constater les violations des droits humains et les atteintes à ces droits et à mener des enquêtes à ce sujet, à soutenir l’acheminement de l’aide humanitaire et à appuyer l’application de l’accord. Ils ont souligné que le Gouvernement provisoire devait faire en sorte d’approuver rapidement les évacuations médicales par voie aérienne en ce qui concernait le personnel des Nations Unies et le personnel humanitaire.
Les membres du Conseil ont souligné que toute personne qui agissait de manière à menacer la paix, la sécurité ou la stabilité au Soudan du Sud s’exposait à des sanctions au titre des résolutions 2206 (2015), 2290 (2016), 2353 (2017), 2428 (2018), 2471 (2019) et 2521 (2020). Ils ont rappelé que le Conseil avait décidé de revoir les sanctions au vu des progrès accomplis sur le plan de l’application de toutes les dispositions de l’Accord revitalisé.
Les membres du Conseil ont exprimé de nouveau leur appui au peuple sud-soudanais et réaffirmé leur ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale de la République du Soudan du Sud.