En cours au Siège de l'ONU

SC/14227

Conseil de sécurité : lueur d’espoir sur fond de tableau mitigé en Afghanistan à l’aune de pourparlers de paix intra-afghans en juillet

L’Afghanistan a devant lui une occasion unique de tourner la page vers un avenir meilleur et plus stable, après quatre décennies de guerre, a déclaré ce matin devant le Conseil de sécurité la Représentante spéciale du Secrétaire général pour ce pays, après avoir salué l’accord politique du 17 mai conclu entre le Président Ghani et le nouveau Chef du Haut Conseil pour la réconciliation nationale, Dr.  Abdullah.  «  Prudemment optimiste  », Mme Deborah Lyons a annoncé que les pourparlers entre le Gouvernement Afghan et les équipes de négociation des Taliban devraient commencer en juillet à Doha.   Elle a encouragé les parties à faire preuve de souplesse, de prévoyance, d’engagement en faveur de la paix et de compassion pour le peuple, disant attendre également pour les jours qui viennent la formation d’un cabinet représentatif et de structures de paix inclusives. 

La Fédération de Russie, à l’instar d’autres membres du Conseil, a prédit que les pourparlers intra-afghans directs risquent d’être compliqués et longs, en particulier du fait de la compréhension différente de la future architecture politique de l’Afghanistan par les deux parties, mais elle  a dit vouloir faciliter ces négociations pour que les parties afghanes arrivent à un « accord  acceptable par tous ».  Convaincue que les acteurs régionaux peuvent et doivent jouer un rôle important dans la promotion du processus de paix, elle a fait remarquer qu’ils en seront sans doute les premiers bénéficiaires.  La délégation a notamment demandé aux parties de libérer les prisonniers restants dans les prochains jours.   

En effet, l’une des conditions préalables au démarrage des pourparlers de paix intra-afghans est la libération des prisonniers, une « question difficile », a rappelé Mme Lyons qui a salué les progrès déjà faits dans le sens de cette mesure de confiance.  Comme l’ont rappelé les États-Unis, le Gouvernement afghan a maintenant libéré plus de 3  000 prisonniers talibans tandis que les Taliban ont libéré plus de 500 prisonniers.       

De plus, avec la pandémie de coronavirus en cours, la Représentante spéciale a craint des conséquences socioéconomiques qui entraînent un retour en arrière sur des avancées « durement gagnées et fragiles ».  C’est pourquoi elle travaille en partenariat étroit avec les gouvernements de l’Afghanistan et de la Finlande aux préparatifs de la prochaine Conférence d’annonces de contributions.  Pour Mme Lyons, cette conférence et les pourparlers de paix intra-afghans devraient se renforcer mutuellement. 

De plus, le plan de réponse humanitaire pour 2020 a été mis à jour pour intégrer les exigences liées à la COVID-19.  Il reflète ainsi l’augmentation du nombre de personnes dans le besoin, a indiqué la Représentante spéciale.  Au total, les partenaires humanitaires ont besoin d’1,1 milliard de dollars pour l’aide immédiate.     

Tout en faisant cas de progrès importants et indéniables dans l’amélioration des conditions de vie des Afghans au cours des deux dernières décennies, la Représentante spéciale a regretté que l’Afghanistan reste l’un des conflits les plus meurtriers au monde en termes de victimes civiles.  La trêve de la violence qui a suivi l’accord passé entre les États-Unis et les Taliban n’a été qu’un bref moment de répit au « carnage  bien trop  familier  », a-t-elle déploré en faisant état d’attaques délibérées contre des établissements de santé.  Elle s’est indignée en particulier, comme l’Estonie et la Belgique, de l’attaque «   scandaleuse   » du 12 mai contre une maternité dans l’ouest de Kaboul. 

« Des mères sont prises pour cible en plein accouchement », a dit en écho la Présidente de la Commission afghane indépendante des droits de l’homme, Mme  Shaharzad  Akbar, qui a dénoncé le nombre alarmant de victimes civiles et la tendance inquiétante des assassinats ciblés.    Les civils subissent des violences dans les mosquées et les gurdwaras ainsi que sur leurs lieux de travail - dans les fermes, les usines ou les bureaux.   Une des conséquences de la violence est la déscolarisation, a fait remarquer Mme Lyons en indiquant que le nombre d’enfants non-scolarisés n’a fait qu’augmenter au cours des huit dernières années. 

Cette violence pourrait perturber le début des négociations, a craint la délégation américaine qui a condamné ces attaques, en particulier celles dirigées spécifiquement contre des civils, les infrastructures publiques et, dernièrement, les membres du bureau du procureur général et d’autres membres de l’équipe qui travaillent à faciliter la libération des prisonniers.    «  Aucune partie ne devrait permettre aux saboteurs de dissuader les Afghans de prendre le chemin de la paix.  »  

Pour Mme Akbar le processus de paix doit commencer par la reconnaissance des préjudices et des souffrances  des civils.    Elle a plaidé pour un cessez-le-feu global dans les meilleurs délais.  Sa Commission souhaite en outre jouer un rôle clair dans le processus de paix en apportant son expertise aux discussions sur les droits de l’homme et en surveillant le respect de ces droits aux différentes étapes du processus. 

L’exposé de la Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Mme  Ghada  Fathi  Waly, est venu compléter cet état des lieux inquiétant.  Elle a rappelé que l’Afghanistan est toujours le plus grand producteur mondial d’opium et que la culture du pavot à opium et le trafic de drogue se sont poursuivis sans relâche malgré la pandémie en cours et les restrictions de voyage qui en résultent.  L’économie illicite des opiacés continue d’alimenter l’instabilité et l’insurrection et de financer des groupes terroristes, a-t-elle souligné et comme l’a également dénoncé la délégation russe.  Aujourd’hui, un ménage sur trois en Afghanistan est touché par la consommation de drogues et jusqu’à 850 000 femmes en consomment, sans compter les méthamphétamines qui sont maintenant présentes dans presque toutes les provinces.  

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité. 

Au cours de ses premiers mois de travail en tant que Représentante spéciale du Secrétaire général et Chef de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), Mme DEBORAH LYONS a pris contact avec une série d’interlocuteurs de tous les horizons politiques et de la société civile.  Ils lui ont tous clairement dit que l’Afghanistan a maintenant une occasion unique de tourner la page vers un avenir meilleur et plus stable, après quatre décennies de guerre.  Et pourtant, a poursuivi Mme Lyons, ce moment d’espoir naissant concorde avec une pandémie mondiale sans précédent qui risque de provoquer un retour en arrière sur des gains socioéconomiques durement gagnés. 

L’Afghanistan a fait d’immenses progrès ces dernières années, a salué Mme Lyons en se disant profondément impressionnée par la force et le courage de la jeunesse du pays.  Elle s’est d’ailleurs engagée à utiliser sa voix et sa plateforme pour les défendre, défendre les droits de l’homme et les droits des femmes et les placer au cœur de son travail en Afghanistan.  Elle a également évoqué les gains tangibles dans le secteur des médias afghans libres et dynamiques, en dépit du fait que l’Afghanistan est considéré comme l’un des pays les plus dangereux pour les journalistes.  

Le pays a également fait des progrès importants et indéniables dans l’amélioration des conditions de vie de bon nombre de ses citoyens au cours des deux dernières décennies, a affirmé Mme Lyons.  La mortalité maternelle a diminué de 66% sur une période de 15 ans et la mortalité infantile a diminué de moitié. L’expansion de la couverture des établissements de santé publics a presque doublé au cours de cette même période.  Cependant, elle est pleinement consciente que ces progrès ont été durement gagnés et restent fragiles.  Trop d’Afghans sont toujours confrontés à des luttes quotidiennes pour leur survie et l’Afghanistan reste l’un des conflits les plus meurtriers au monde en termes de victimes civiles.  L’accord entre les États-Unis et les Taliban et la baisse de la violence qui s’en est suivie n’a apporté qu’un bref répit au «  carnage bien trop familier  », a-t-elle regretté en faisant état des récentes attaques délibérées contre des établissements de santé, et particulièrement de la récente attaque «  scandaleuse  » du 12 mai contre une maternité dans l’ouest de Kaboul. 

L’Afghanistan reste aussi le conflit le plus meurtrier au monde pour les enfants, a-t-elle regretté.  L’année dernière, 874 enfants ont perdu la vie et de très nombreux autres ont été blessés.  De plus, le nombre d’enfants non scolarisés a augmenté au cours des huit dernières années.  Comme tant d’autres pays, l’Afghanistan continue d’être en proie à la corruption, ce qui mine la confiance de la population et de la communauté des donateurs et alimente le conflit en cours, a poursuivi Mme Lyons.  Malgré les progrès initiaux de la réforme anti-corruption, ces progrès ont ralenti au cours de l’année écoulée, où les principales réformes institutionnelles ont été négligées, notamment la création de la commission indépendante anti-corruption.  L’impunité apparente de personnalités politiques bien connectées reste un problème majeur, a constaté l’intervenante qui a exigé plus de progrès dans ce domaine à l’approche de la Conférence d’annonce de contributions de 2020 sur l’Afghanistan. 

Ces défis complexes auxquels le pays est confronté nécessitent, plus que jamais, un leadership déterminé et uni.  Dans ce contexte, Mme Lyons a salué l’accord politique conclu entre le Président Ghani et le Dr. Abdullah, qui montre leur volonté et leur détermination à placer la nation au premier plan.  Elle a dit espérer dans les prochains jours l’annonce d’un cabinet représentatif et la formation de structures de paix inclusives. 

Malgré ces multiples défis, le moment est venu d’offrir un soutien continu et concerté à l’Afghanistan, a déclaré la Représentante spéciale, alors que le pays passe de la Décennie de la transformation à la phase la plus transformatrice et alors que les deux parties aux pourparlers de paix s’acheminent vers un règlement politique nouveau et durable qui doit capitaliser sur les acquis du passé et jeter les bases d’un avenir plus prospère.  «  Prudemment optimiste  », Mme Lyons a annoncé que les pourparlers entre la République islamique d’Afghanistan et les équipes de négociation des Taliban devraient commencer dans les prochaines semaines à Doha, au cours du mois de juillet.  Elle a encouragé les parties à faire preuve de souplesse, de prévoyance et d’engagement en faveur de la paix et, surtout, de la compassion pour leur peuple.  

Elle a salué l’engagement manifesté par les deux parties sur la récente «  question difficile  » de la libération de prisonniers.  Il s’agit d’une importante mesure de confiance qui a donné un élan aux négociations, a estimé l’intervenante soulignant qu’en ce moment même, les deux parties en sont aux dernières étapes et ont convenu que les pourparlers pourraient commencer juste après la fin des libérations de prisonniers.  

La Représentante spéciale a remercié les États-Unis, le Qatar et plusieurs autres partenaires régionaux pour leurs efforts visant à amener les parties à ce point.  L’ONU est prête à soutenir ces pourparlers directs et elle a discuté avec les deux parties pour identifier et répondre à leurs besoins à l’avenir.  Elle travaille actuellement en étroite collaboration avec un certain nombre de pays pour créer un réseau de soutien aux pourparlers et aux parties, selon les besoins, a indiqué Mme Lyons.  À cet égard, elle a mis l’accent sur la nécessité de développer des structures inclusives pour les pourparlers de paix, qui permettent une participation significative des femmes, des jeunes, des minorités et des victimes de la guerre, ainsi que sur l’importance d’aborder la question des droits des victimes pour pouvoir envisager des approches de réconciliation. 

Cependant, alors même que la paix se profile à l’horizon, la COVID-19 est venue jeter une énorme ombre sur la vie quotidienne afghane, a constaté Mme Lyons. Sous la direction du Gouvernement afghan, l’ONU soutient une réponse coordonnée pour lutter contre cette épidémie, a-t-elle précisé.  Cela comprend la création d’un réseau de laboratoires à travers tout le pays, la fourniture d’équipements de protection individuelle au ministère de la santé publique, des services de prévention de la violence sexuelle et sexiste et un soutien aux soins de santé génésique. 

Compte tenu de l’ampleur de la crise et des conséquences économiques paralysantes, le plan de réponse humanitaire a été mis à jour pour intégrer les exigences liées à la COVID-19 pour 2020, reflétant l’augmentation du nombre de personnes dans le besoin, a indiqué la Représentante spéciale. Au total, les partenaires humanitaires ont besoin de 1,1 milliard de dollars pour l’aide humanitaire immédiate.  

Compte tenu de l’impact socio-économique de la pandémie, l’Afghanistan est confronté au défi de taille de trouver un soutien financier international continu à une époque d’incertitude financière sans précédent, y compris dans de nombreuses capitales traditionnelles de donateurs. C’est pourquoi, Mme Lyons travaille en partenariat étroit avec les gouvernements de l’Afghanistan et de la Finlande afin de préparer la prochaine Conférence d’annonces de contributions et de mobiliser des ressources durables pour l’avenir de l’Afghanistan. Cette conférence et les pourparlers de paix devraient se renforcer mutuellement, a-t-elle souligné avant de parler des difficultés découlant de la pandémie qui affaiblissent la capacité de la MANUA à pleinement remplir son mandat.  Chef de la MANUA, elle a dit avoir dû adopter une série de mesures pour protéger la santé et le bien-être de son personnel tout en maintenant la prestation de programmes et d’activités essentiels dans tout le pays.  

Pour Mme GHADA FATHI WALY, Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime(ONUDC), le problème des drogues illicites menace d’aggraver encore les problèmes importants que connait l’Afghanistan.  Le dernier Rapport mondial sur les drogues de l’ONUDC, qui est paru aujourd’hui, donnent à réfléchir: l’Afghanistan est toujours le plus grand producteur au monde d’opium, avec une production qui reste à des niveaux records. 

Malgré des baisses importantes de la culture du pavot, qui a chuté de 38% pour atteindre 163 000 hectares l’année dernière, la production de 6 400 tonnes est restée à peu près au même niveau compte tenu des rendements élevés.  Jusqu’à présent, les données suggèrent que la culture du pavot à opium et le trafic de drogues se sont poursuivis sans relâche malgré la COVID-19 et les restrictions de voyage qui y sont liées, a précisé l’intervenante. 

Face à la pénurie de main-d’œuvre observée au début de la récolte dans les provinces de l’ouest et du sud, les femmes ont été sollicitées pour prendre le relais.  Les agriculteurs contraints par la pauvreté à cultiver du pavot à opium ont vu leurs revenus précaires baisser davantage, a encore indiqué la Chef de l’ONUDC, expliquant cela par une baisse de 33%, pour la deuxième année consécutive, du prix d’achat du pavot à opium à la ferme.  Cette baisse s’est faite à la suite d’une chute similaire des prix de l’opium, qui sont au plus bas depuis le début de la surveillance systématique, ce qui est le reflet d’une offre abondante.  Mme Waly a anticipé que l’économie illicite des opiacés devrait continuer d’alimenter l’instabilité et l’insurrection, et de financer les groupes terroristes.  Il faut ajouter à cela le nombre d’armes trafiquées qui soutiennent le commerce de la drogue et le terrorisme dans le pays et la sous-région.  Aujourd’hui, a expliqué l’intervenante, un ménage sur trois en Afghanistan est touché par la consommation de drogues et jusqu’à 850 000 femmes en consomment. 

Cependant il n’existe que 107 centres de traitement de la toxicomanie dans le pays, dont neuf pour les femmes et les enfants, avec une capacité limitée pour les consultations externe et de proximité, ou pour un soutien à la réintégration à plus long terme, a expliqué Mme Waly.  Faute de fonds suffisants et à cause de la fin d’un projet de l’ONUDC, cinq des neuf centres de traitement pour femmes et enfants, dans cinq provinces, ont dû fermer cette année.  Ceci est extrêmement préoccupant pour l’ONUDC parce que les drogues de type amphétamine sont devenues un problème grave.  Bien que l’opium et les opioïdes restent les substances les plus utilisées, l’utilisation de méthamphétamine est maintenant signalée dans presque toutes les provinces, a précisé Mme Waly ajoutant que la fabrication à grande échelle de cette substance fait son apparition en Afghanistan.  

Pour relever ces graves problèmes, il faudra la volonté politique de l’Afghanistan, la coopération de ses voisins et le soutien de la communauté internationale, a estimé la Chef de l’ONUDC.  Elle a salué les efforts déployés par les autorités afghanes notamment par le biais des équipes mobiles de détection et des unités de contrôle des précurseurs créées avec le soutien de l’ONUDC.  Des succès ont également été obtenus grâce aux unités de contrôle des ports et des aéroports. 

Pour l’avenir la question reste de savoir comment faire évoluer de tels succès et avoir un impact réel.  Il en va de même pour les initiatives de développement alternatif de l’ONUDC que le Bureau poursuit dans 66 des 407 districts.  Au cours des deux dernières années, l’ONUDC a contribué à créer plus de 18 000 nouveaux emplois, dont 7 600 pour des femmes, et près de 2 000 hectares de terres agricoles ont été mis en culture licite.  Néanmoins, ces efforts pour créer des revenus licites durables sont confrontés à de sérieuses contraintes car de nombreuses zones de culture d’opium restent en dehors du contrôle du Gouvernement, a expliqué l’intervenante. 

Pour l’ONUDC il faut avant tout veiller à ce que les politiques de lutte contre les stupéfiants soient incorporées dans des stratégies de développement et de sécurité plus larges, et qu’elles soient financées de manière durable et renforcées par la coopération régionale.  L'ONUDC est prêt à étendre les initiatives de développement alternatif dans la mesure où la situation et les ressources le permettent.  Le Bureau est également prêt à intensifier l’appui intégré qu’il offre à l’Afghanistan pour prévenir et combattre le trafic de drogue, la criminalité organisée et la corruption, notamment pour lutter contre les armes à feu illicites, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.  La Chef de l’ONUDC en a profité pour appeler la communauté internationale à accroître son soutien à l’Afghanistan pour financer des services de prévention, de traitement et d’autres services fondés sur des données factuelles sur la consommation de drogues et les maladies connexes, conformément aux engagements mondiaux.  De plus, la volonté politique et le soutien des donateurs doivent s’accompagner d’un investissement renouvelé dans la coopération régionale.  Rappelant que l’ONUDC soutient plusieurs initiatives et mécanismes régionaux, Mme Waly a exhorté l’Afghanistan et ses voisins à en tirer le meilleur parti pour renforcer l’action régionale. 

La Présidente de la Commission afghane indépendante des droits de l’homme, Mme  SHAHARZAD  AKBAR, a indiqué qu’en Afghanistan, la pandémie de COVID-19 a rendu plusieurs segments de la population plus vulnérables encore, notamment les pauvres et ceux qui gagnent leur vie au jour le jour, ainsi que les femmes et les enfants, les détenus, les personnes handicapées et les personnes âgées.  La pandémie fait craindre une hausse de la pauvreté.  Consciente de l’impact multidimensionnel de la COVID-19 sur les droits de l’homme, la Commission indépendante a adapté des mesures pour faciliter la continuité des mesures de surveillance et de suivi des violations des droits fondamentaux des femmes, plaidant pour l’accès des enfants à la vaccination et à l’éducation, surveillant le droit à la santé et la sécurité des détenus, défendant la transparence, l’accès à l’information, le droit de manifestation et le principe de retenue pour la police.  La Commission a participé activement aux comités provinciaux de riposte à la COVID-19 dans différentes parties de l’Afghanistan, afin d’informer les autorités locales des aspects des droits de l’homme de la réponse à la pandémie. 

Alors que l’Afghanistan est confronté au problème de la lutte contre la pandémie, le conflit fait rage, malgré les appels répétés à un cessez-le-feu mondial.  L’oratrice a déploré le nombre alarmant de victimes civiles et la tendance inquiétante des assassinats ciblés.  Les civils subissent des violences dans les mosquées et les gurdwaras, au travail, dans les fermes, les usines ou au bureau.  Ils sont attaqués quand ils rendent visite à des proches, quand ils vont au travail ou quand ils étudient.  Des mères sont prises pour cible en plein accouchement.  

Le processus de paix, a martelé l’oratrice, doit commencer par la reconnaissance des préjudices et des souffrance des civils.  Nous devons tous travailler à un cessez-le-feu global dans les meilleurs délais, a-t-elle plaidé. Consciente de l’impact dévastateur du conflit sur les droits de l’homme, la Commission, a-t-elle dit, a appelé à un cessez-le-feu global, lancé sa campagne de réduction des armes à feu et s’est félicitée des mesures visant à permettre les négociations intra-afghanes.  La Commission souhaite jouer un rôle clair dans le processus de paix afin d’apporter une contribution d’expert aux discussions sur les droits de l’homme et surveiller le respect de ces droits à différentes étapes du processus.  Dans le même temps, la Commission et l’ensemble de la société civile et du public afghans appellent à la transparence, à une justice centrée sur les victimes, à la responsabilité et à l’inclusion significative des femmes et des minorités dans le processus.  Ces différentes entités demandent également des mesures spécifiques pour reconnaître la voix et les droits des victimes, a indiqué Mme Akbar.  

La Commission a d’ailleurs proposé quatre mécanismes concrets pour mettre en avant la question de la justice centrée sur les victimes qui est essentielle pour parvenir à une paix durable en Afghanistan. 

«  Comme de nombreux Afghans, j’ai vécu la guerre et la migration et j’élève maintenant mon fils dans un pays déchiré par la guerre  », a témoigné la Présidente de la Commission indépendante.  Au cours de ces 19 dernières années, les Afghans ont fait des progrès dans la lutte pour les droits de l’homme, a-t-elle poursuivi.  Mais elle a reconnu qu’il reste beaucoup à faire et que les progrès ont été inégaux.  La paix, a-t-elle dit, doit être l’occasion d’élargir l’accès aux droits de l’homme et pas le contraire.  Pour mettre fin au conflit en Afghanistan, nous avons besoin d’agir avec un sentiment d’urgence, mais nous devons également reconnaître que seul un processus inclusif avec les droits de l’homme en son centre peut conduire à une paix durable et empêcher un retour au conflit, a indiqué Mme Akbar.   

Aucun compromis sur les droits fondamentaux des Afghans ne mènera pas à la paix, a-t-elle mis en garde.  Pour parvenir à une paix durable, a-t-elle encore expliqué, «  nous aurons besoin que les Nations Unies et la communauté mondiale des droits de l’homme se tiennent aux côtés des Afghans pour faire cesser la violence , préserver les droits de l’homme et en particulier les droits des femmes et des minorités, et veiller à ce que la voix et les revendications des victimes ne soient pas négligées. 

L’Allemagne s’est préoccupée du niveau général de violence caractérisée par la poursuite des attaques des Taliban, plus de 90 par jour, des attaques qui vont « à l'encontre de l’esprit de l’accord des Taliban avec les États-Unis du 29 février ».  Elle a réitéré que toutes les parties doivent respecter leurs obligations découlant du droit international humanitaire et des droits de l’homme et prendre des mesures immédiates pour éviter les pertes civiles.  Alors que des rapports récents ont indiqué que l’Afghanistan est le conflit le plus meurtrier pour les enfants dans le monde, l’Allemagne a tenu à préciser que les auteurs doivent savoir qu’ils seront tenus responsables de leurs actes brutaux et cyniques.  Tout en notant que certaines mesures sont encore à prendre, l’Allemagne a salué le projet visant à entamer bientôt des négociations intra-afghanes.  « Un processus aussi ardu nécessite un effort de soutien international uni », a insisté l’Allemagne avant d’encourager les deux parties à prendre des mesures constructives et de confiance.  La délégation a assuré qu’elle poursuivra ses efforts pour soutenir le processus, en étroite coopération avec ses partenaires, notamment l’Indonésie, la Norvège, l’Ouzbékistan et le Qatar. 

L’Allemagne a salué le rôle important joué par la MANUA dans la coordination de l’aide internationale, en particulier pendant cette pandémie, mais aussi dans le suivi de la situation sur le terrain et dans la collaboration avec les parties au conflit pour faire avancer le processus de paix.  Notant que l’Afghanistan est gravement touché par l’épidémie de COVID-19, l’Allemagne a jugé « capital » de mettre fin à la violence.  Rappelant l’importance pour les parties de respecter l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, la délégation a cité des informations préoccupantes sur les attaques contre les établissements de santé et les agents de santé.  

La Conférence ministérielle de 2020 sur l’Afghanistan, coorganisée par la Finlande et l’Afghanistan, à Genève est une étape importante pour le soutien continu à l’Afghanistan, a conclu l’Allemagne.  « Un financement constant est vital si nous voulons minimiser le risque de compromettre les progrès accomplis au cours des 19 dernières années. » 

L’Indonésie s’est félicitée de l’Accord politique conclu entre le Président Ghani et le Dr. Abdullah et a espéré qu’un cabinet pourra être formé très prochainement, notamment pour renforcer la riposte à la COVID-19.  L’accord politique augure bien d’une position commune dans les négociations de paix intra-afghanes qui, a-t-elle ajouté, doivent se dérouler sans délais.  La délégation a appelé les parties à s’abstenir de toute provocation susceptible d’entraver les pourparlers et a encouragé les mesures de renforcement de la confiance.  Elle a aussi salué la libération de prisonniers par le Gouvernement afghan et les Taliban. 

L’Indonésie s’est ensuite déclarée profondément préoccupée par l’impact dévastateur du conflit sur les civils et des attaques barbares dont les enfants sont victimes.  Elle a exhorté le Gouvernement à intensifier la protection des civils et de juger les auteurs de violence responsables.  Il est également essentiel de combattre le trafic des stupéfiants pour tarir les sources de financement des terroristes.  La délégation a salué le renforcement, ces dernières années, de la représentation des femmes dans les différentes institutions publiques, ainsi que l’inclusion de quatre femmes dans l’équipe intra-afghane des négociations de paix.  Elle a aussi parlé du lancement d’un cadre indonésien-afghan de solidarité des femmes. 

Pour la Fédération de Russie, le problème clef aujourd’hui en Afghanistan est le processus de paix « dirigé et contrôlé par des Afghans  ».  L’un des facteurs cruciaux, mais pas des plus simples, pour pouvoir entamer des négociations inter-afghanes est la libération des prisonniers, a-t-elle souligné, notant qu’il s’agit de l'une des conditions préalables essentielles pour les futurs pourparlers de paix.  Saluant les mesures positives qui ont été prises en ce sens par le Gouvernement et les Taliban, elle a demandé la libération rapide des prisonniers restants dans les prochains jours. 

La Fédération de Russie a également plaidé pour un processus de paix inclusif en Afghanistan.  Tous les efforts doivent être axés sur la promotion de la réconciliation nationale, a-t-elle estimé, seule voie pour mettre fin à cette guerre de longue date et permettre la renaissance d’un État pacifique, uni et indépendant, exempt de terrorisme et de délits liés à la drogue.  La délégation a dit ne se faire aucune illusion sur le fait que les pourparlers intra-afghans directs pourraient être compliqués et prolongés, en particulier compte tenu de la compréhension différente de la future architecture politique de l’Afghanistan par les deux parties, mais elle est prête à faciliter ces négociations.  

Permettre aux parties afghanes de trouver un « accord acceptable par tous » et instaurer une paix durable dans le pays sont au cœur de ses efforts au sein de la « Troïka plus Pakistan » qui demeure «  un moteur très important  » du processus de paix en Afghanistan, a-t-elle expliqué.  C’est pour cette raison, que la Russie a également participé activement à la conférence virtuelle quadripartite des représentants spéciaux de la Russie, de la Chine, de l’Iran et du Pakistan sur l'Afghanistan, qui s’est tenue le 18 mai 2020, et à la réunion virtuelle trilatérale Russie-États-Unis-Afghanistan du 15 juin 2020.  Elle est convaincue que les acteurs régionaux peuvent et doivent jouer leur rôle de fond dans la promotion du processus de paix d’autant plus qu’ils seront sans doute les premiers bénéficiaires du règlement de ce long conflit.  Leur coopération et leur assistance sont cruciales pour la paix, la stabilité et le développement de l’Afghanistan.  À cet égard, la délégation a souligné que le format de Moscou, qui regroupe tous les participants clefs, y compris l’Afghanistan lui-même, peut jouer un rôle très important. 

Notant que la situation en matière de sécurité en Afghanistan demeure instable, une situation aggravée par les activités de l’EIIL dans le pays, la Fédération de Russie a condamné les récentes attaques terroristes «  barbares et lâches  » à Kaboul et à Nangarhar, revendiquées par l’EIIL-Khorasan.  La présence constante de l’EIIL en Afghanistan demeure l’une de ses graves préoccupations. Cela représente une menace réelle pour la sécurité de l’Afghanistan et de ses voisins, des pays d’Asie centrale et des régions du sud de la Russie, a expliqué la délégation pour laquelle il est inacceptable de sous-estimer ce problème.  

La Fédération de Russie suit également de près l'évolution de la lutte contre le trafic de drogue en Afghanistan, une menace très préoccupante pour le pays, la région et le monde entier.  La production et le trafic de drogue sont des sources de soutien financier importantes pour le terrorisme, a noté la délégation en appelant toutes les parties à éradiquer ce problème.  Elle s’est dite prête à remplir ses obligations en aidant les efforts collectifs contre cette menace, notamment par le biais de sa participation active aux efforts de l’ONUDC, de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et de l’Organe de contrôle des stupéfiants (OCS). 

L’Estonie a dit considérer l’accord politique entre le Président Ghani et le Dr. Abdullah comme une étape importante dans le renforcement de la République et la progression vers la réconciliation et une paix durable.  « Nous attendons du Gouvernement de l’Afghanistan qu’il poursuive le processus de gouvernance responsable et qu’il garantisse la participation significative d’une équipe de négociation diversifiée et inclusive à la négociation intra-afghane. »  Elle a salué le fait que l’équipe de négociation de 21 membres soit composée de représentants de divers groupes politiques et sociaux et également de quatre femmes, ce qui atteste dans une certaine mesure de la participation des femmes au processus de paix.  « Nous regrettons que les Taliban aient remis en question le caractère inclusif de cette équipe », a-t-elle par ailleurs déploré. 

L’Estonie a ensuite exhorté le Gouvernement et tous les acteurs et groupes armés afghans, en particulier les Taliban, à saisir l’opportunité historique actuelle de paix et de réconciliation, et à s’engager activement en faveur d’un processus de paix inclusif et dirigé par les Afghans, tout en veillant à ce que tout effort au processus de paix ne porte pas atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales garantis par la Constitution afghane.  Les réalisations des 19 dernières années, pour lesquelles les Afghans et la communauté internationale, y compris l’Estonie, ont consenti d’énormes sacrifices, doivent être conservées et renforcées, a déclaré la délégation. 

Elle a en outre appelé toutes les parties à réduire immédiatement la violence et à établir un cessez-le-feu humanitaire, afin de protéger tous les civils, en particulier les femmes et les enfants, et à concentrer leurs efforts sur la lutte contre la pandémie de COVID-19.  Il n’y a absolument aucune excuse pour les attaques délibérées contre le personnel et les établissements de santé par les Taliban et les forces de sécurité nationales afghanes, a rappelé l’Estonie, avant de demander que des attaques comme celle de l’hôpital Dasht-e-Barchi à Kaboul le 12 mai fassent l’objet d’une enquête et que les auteurs soient jugés.  La délégation a enfin salué l’Initiative Spotlight de l’Union européenne et des Nations Unies qui vise à mettre en évidence les risques de violence domestique accrue et à sensibiliser à la violence sexuelle et sexiste. 

La République Dominicaine s’est félicitée des efforts faits par les parties concernées pour promouvoir le dialogue politique et le processus de paix et a salué l’accord politique entre les États-Unis et les Taliban.  La délégation a réitéré que la solution en Afghanistan ne peut être que politique.  Elle a souhaité que toutes les parties soient représentées et inclues dans les négociations, avec une participation significative des femmes aux pourparlers de paix, à tous les niveaux de prise de décision. 

Profondément préoccupée par la situation sécuritaire instable, en particulier par le nombre de victimes attribuées aux Taliban dans la région du Sud, la République dominicaine a aussi condamné les attaques visant des établissements de santé.  À cet égard, elle a appelé à réduire la violence et à établir un cessez-le-feu pour protéger la population civile, en particulier les femmes et les enfants.  Les parties doivent respecter leurs obligations au titre du droit international humanitaire et des droits de l’homme et prendre des mesures immédiates pour éviter les pertes civiles, a exigé la délégation. 

Constatant que le pays fait face à des conditions économiques difficiles en cette période de pandémie, la délégation a estimé que sans bases solides, l’Afghanistan ne peut aspirer à une prospérité durable et soutenue.  À cet égard, elle a rappelé que la résolution 2513 (2020) appelle à la promotion de la coopération et de la connectivité régionales. 

L’Afghanistan porte le terrible fardeau d’être le conflit le plus meurtrier au monde pour les enfants, a rappelé la République dominicaine, et maintenant avec la COVID-19, les femmes sont encore plus à risque, avec une recrudescence de la violence sexiste.  Rappelant qu’avant la pandémie, 9,4 millions d’Afghans ont actuellement besoin d’une aide humanitaire, la délégation a appelé les parties à exercer pleinement leur rôle pour assurer l’acheminement de l’aide humanitaire, plus encore aujourd’hui.  Elle a également exhorté la communauté internationale à maintenir son soutien à l’Afghanistan, conformément à l’engagement pris pour la décennie de transformation en cours 2015-2024. 

Saint-Vincent-et-les Grenadines ont salué la signature par le Président Ghani et de M. Abdullah d’un accord de partage du pouvoir, le 17 mai dernier. L’unité et la coopération par un dialogue inclusif et le leadership sont nécessaires pour répondre aux besoins et aux défis du pays, a estimé la délégation qui est en même temps très préoccupée par la situation humanitaire en Afghanistan compliquée par la propagation de la COVID-19.  Elle a appelé la communauté humanitaire internationale et les partenaires nationaux à renouveler leur engagement à répondre aux besoins humanitaires du peuple afghan.  Elle a aussi appelé à mieux protéger les civils en particulier les femmes, les enfants et les personnes déplacées.  En ce qui concerne la Conférence pour les annonces de contributions de 2020 sur l’Afghanistan, la délégation a encouragé la communauté internationale ainsi que le Gouvernement afghan à renouveler leurs engagements envers les objectifs mutuels de coordination de la coopération au développement en Afghanistan et a demandé un soutien accru au Cadre national afghan de paix et de développement (ANPDF) pour promouvoir l’inclusivité, la résilience et la durabilité conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030.  

La situation en Afghanistan est encore aggravée par le fait qu’il s’agit de l’un des pays du monde les plus vulnérables au climat.  Les conséquences environnementales de la guerre et les dommages qui en résultent sur les infrastructures essentielles en ont fait l’un des moins équipés pour relever ces défis, a ajouté la délégation.  Les conséquences des inondations, de la sécheresse et du manque d’irrigation des cultures contribuent à l’instabilité en Afghanistan.  Elle a appelé les grands émetteurs et tous les États Membres à réduire considérablement leurs émissions conformément aux objectifs de l’Accord de Paris, et à assumer leurs responsabilités en matière de financement climatique pour l’adaptation et la compensation des pertes et dommages causés par les changements climatiques.   

Les États-Unis ont dit qu’ils étaient pleinement déterminés à aider l’Afghanistan à parvenir à un règlement politique du conflit.  Les événements récents, a ajouté la délégation, reflètent la promesse de paix et les obstacles qui doivent être surmontés pour mettre fin à un conflit qui fait chaque jour des morts en Afghanistan.  Le Gouvernement afghan et les Taliban ont pris des mesures importantes en vue de négociations intra-afghanes qui incluent le Gouvernement, d’autres dirigeants afghans, notamment la société civile et des groupes de femmes, et les Taliban.  Ces pourparlers promettent les meilleures chances d’une feuille de route politique vers une paix durable, selon les États Unis.  Depuis la dernière réunion du Conseil en mars sur ce pays, trois événements importants et positifs suscitent l’espoir d’atteindre ce jalon dont le premier est l’accord conclu entre le Président Ghani et le chef du Haut Conseil pour la réconciliation nationale, M. Abdullah.  La formation d’un gouvernement inclusif qui peut stabiliser l’Afghanistan, faire avancer le processus de paix et lutter contre la pandémie de COVID-19 demeurent essentiels, a rappelé la délégation.  Deuxièmement, les États-Unis ont salué la double décision des Taliban et du Gouvernement d’observer un cessez-le-feu pendant l’Aïd.  Troisièmement, le Gouvernement afghan a maintenant libéré plus de 3 000 prisonniers talibans et les Taliban ont libéré plus de 500 prisonniers.  Ce sont des jalons importants pour cette mesure de confiance.  En outre, il est important que les Taliban se soient publiquement engagés à participer aux négociations intra-afghanes dans la semaine suivant la libération par le Gouvernement afghan de 5 000 prisonniers. 

Depuis le cessez-le-feu de l’Aïd, ont poursuivi les États-Unis, la violence a continué de grimper et des Afghans innocents continuent de payer les prix de cette guerre.  Cette violence pourrait perturber le début des négociations, a craint la délégation qui a condamné ces attaques, en particulier celles dirigées spécifiquement contre des civils, les infrastructures publiques, et dernièrement les membres du bureau du procureur général et d’autres membres de l’équipe qui travaillent à faciliter la libération des prisonniers.  « Aucune partie ne devrait permettre aux saboteurs de dissuader les Afghans de prendre le chemin de la paix. »  

Concernant la pandémie de COVID-19, les États-Unis ont rappelé qu’ils ont donné 20,6 millions de dollars d’aide à l’Afghanistan pour le programme de contrôle, de traitement et de prévention.  Conscients du fait que des détails pratiques devront être définis, nous sommes plus proches que jamais de notre objectif d’un Afghanistan post-conflit, a estimé la délégation américaine qui a réaffirmé au Gouvernement afghan et aux Taliban l’importance et les avantages de l’incorporation des droits des femmes et de leur participation à tous les aspects du processus de paix ainsi que la participation d’autres groupes sous-représentés.  Cette opportunité unique ne doit pas être manquée et l’Administration Trump continuera de faire sa part, ont encore déclaré les États-Unis qui ont appelé les deux parties à tirer parti de l’élan qu’elles ont créé avec le cessez-le-feu de l’Aïd et la libération accélérée des prisonniers pour réduire la violence, continuer à libérer les prisonniers et travailler de manière pragmatique à un accord sur les modalités des négociations. 

L’Afrique du Sud a félicité les dirigeants politiques afghans d’avoir placé l’intérêt national de leur pays au-dessus de leurs intérêts personnels, ce qui a abouti à la formation d’un gouvernement.  Elle a également salué le rôle crucial de médiation joué par les parties prenantes nationales et internationales pour placer l’Afghanistan sur la voie de la paix.  L’Afrique du Sud a appelé toutes les parties à œuvrer d’urgence pour entamer les pourparlers de paix intra-afghans dès que les conditions et les restrictions de COVID-19 le permettront.  En attendant, il est important de déclarer un cessez-le-feu qui aura un rôle de catalyseur à la fois pour les pourparlers et pour une paix et une sécurité durables, a estimé la délégation.  Elle a réaffirmé à nouveau l’importance d’un processus de paix inclusif dirigé et contrôlé par des Afghans, prenant en compte les voix de tous les secteurs de la société y compris celles des femmes. 

L’Afrique du Sud a salué les mesures adoptées par le Gouvernement afghan et la MANUA pour limiter la propagation du coronavirus et a appelé la communauté internationale à aider le pays en veillant à ce que l’équipement et les fournitures médicales nécessaires soient disponibles.  L'Afrique du Sud a également exprimé sa préoccupation face à la situation des enfants afghans, rappelant que le conflit armé en Afghanistan reste le plus meurtrier pour les enfants.  L’ampleur, la gravité et la récurrence des violations et abus subis par les enfants en Afghanistan sont inquiétantes, selon la délégation qui a cité les taux élevés de meurtres et de mutilations, le recrutement et l’utilisation d’enfants dans les conflits, les actes de violence sexuelle contre les enfants, le ciblage des écoles et des hôpitaux et le déni d’accès humanitaire.  Elle a exhorté les parties au conflit à respecter leurs obligations en vertu du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire et a demandé que tous ceux qui ont commis ou commis des actes de violations graves, en particulier contre des enfants en Afghanistan, soient traduits en justice.  En conclusion, la délégation a soutenu l’engagement de la MANUA avec les parties prenantes nationales, régionales et internationales dans la recherche de la fin de la violence, son travail en faveur d’un cessez-le-feu, ainsi que la promotion des négociations intra-afghanes et son encouragement de mesures de confiance. 

Le Viet Nam s’est félicité des récents développements positifs sur le front politique en Afghanistan, saluant notamment l’esprit de compromis affiché par le Président Ghani et M. Abdullah pour parvenir à l’accord du 17 mai.  La délégation a noté les efforts constants déployés pour promouvoir la participation des femmes à divers aspects du processus de paix, y compris le fait que près de 20% de l’équipe de négociation de paix est constitué de femmes. 

Le Viet Nam a marqué sa préoccupation face à la situation en matière de sécurité, ainsi que de la propagation et l’impact croissants de la COVID-19 sur la sécurité, la consolidation de la paix et le développement socioéconomique du pays.  Pour la délégation, la question la plus importante à l’heure actuelle est de faire progresser la mise en œuvre de la résolution 2513 (2020) du Conseil de sécurité, en particulier au début des négociations intra-afghanes.  Il a plaidé pour que les pourparlers commencent le plus tôt possible, avec un cessez-le-feu permanent comme premier objectif.  Parallèlement aux pourparlers de paix, il est essentiel d’améliorer la situation en matière de sécurité a encore demandé le Viet Nam qui a souligné que malgré l’accord sur une réduction de la violence à l’échelle nationale, les Taliban mènent des attaques contre le peuple afghan, dont beaucoup ciblent des femmes et des enfants.  Alors que la menace de la COVID-19 demeure, le Viet Nam a exhorté une fois de plus toutes les parties à tenir compte de l’appel du Secrétaire général à mettre fin aux combats, à cesser de cibler les civils et les biens à caractère civil et de permettre un accès sans entrave aux services humanitaires et de santé. 

En outre, la délégation a indiqué que la paix et la stabilité à long terme nécessitent un développement économique solide et des moyens de subsistance durables pour la population.  Elle a appelé la communauté internationale à aider davantage l’Afghanistan à éliminer la pauvreté, à favoriser la reconstruction après les conflits et à surmonter les défis résultant de la COVID-19 et des changements climatiques.  Le Viet Nam a aussi demandé aux partenaires internationaux, ainsi qu’à la MANUA et aux organismes compétents des Nations Unies, de fournir un appui technique supplémentaire aux autorités afghanes pour lutter contre la criminalité transfrontière et le trafic de drogue.  Le pays a conclu en soulignant la nécessité d’accroître la protection des groupes vulnérables, en particulier les femmes, les enfants et les personnes handicapées. 

La Belgique a indiqué que l’accord politique à Kaboul doit ouvrir la voie à un gouvernement à part entière et à des négociations intra-afghanes.  Les mesures de confiance telles que la libération des prisonniers sont des outils utiles pour instaurer la confiance entre les parties, a noté le pays qui a déploré que le Gouvernement afghan ne soit pas partie à l’accord américano-taliban.  La délégation a souligné l’importance d’une participation pleine et entière de femmes de divers horizons aux pourparlers de paix, ajoutant que tout accord futur doit garantir les droits des femmes et des filles. 

La Belgique a relevé que le bilan des victimes civiles du conflit reste stupéfiant.  Elle a insisté sur l’importance de la responsabilité et de la poursuite en justice des responsables, avant de prendre note de l’ouverture d’une enquête par la Cour pénale internationale (CPI) en Afghanistan.  « Nous regrettons sincèrement les attaques délibérées contre le personnel et les établissements de santé, même au milieu de la crise de la COVID-19. »  La délégation a expliqué que ces attaques violent le droit international humanitaire et constituent des crimes de guerre.  « Le 12 mai, il est devenu tragiquement clair qu’en Afghanistan, même les nouveau-nés ne sont pas épargnés par les horreurs de la guerre », a-t-elle dénoncé, en demandant au Gouvernement de mener une enquête approfondie sur l’attaque contre la maternité de Kaboul et de demander des comptes aux auteurs.  Elle a relevé que le conflit en Afghanistan est le plus meurtrier au monde pour les enfants, lesquels bénéficient pourtant d’une protection spéciale en vertu du droit international humanitaire.  

La Belgique a ensuite réaffirmé son engagement indéfectible envers le peuple afghan.  Elle a rappelé sa contribution par des voies bilatérales et multilatérales à la mise en œuvre du Plan d’action national sur la résolution 1325 (2000), au Fonds d’affectation spéciale de l’Armée nationale afghane et à la Mission de soutien résolu de l’OTAN.  Le futur sera déterminé par le niveau d’engagement des autorités afghanes en faveur de la bonne gouvernance et des droits de l’homme, a conclu la Belgique. 

Pour la France, l’espoir suscité par les accords du 29 février renait. « Après une période difficile, des signes encourageants montrent qu’un démarrage des négociations inter-afghanes semble aujourd’hui de nouveau possible. »  L’accord du 17 mai est un de ces signes et a permis de surmonter l’impasse politique, s’est-elle réjouie.  Elle a estimé que les premières mesures de libération des prisonniers et la mise en œuvre de ces accords sont un deuxième signe.  « Mais il ne faut pas s’arrêter là. »  

La délégation a rappelé que le conflit en Afghanistan continue de coûter la vie à de nombreux civils et en particulier les femmes et les enfants.  « L’appel à un cessez-le-feu mondial du Secrétaire général doit s’y appliquer. »  La France a réitéré sa ferme condamnation des attentats, contre la maternité Dasht-e-Barchi, ainsi que ceux contre les forces de sécurité afghanes le 17 juin et contre des funérailles dans la province de Nangarhar.  « Réduire la violence est un impératif. »  Elle a indiqué que la paix dépendra du respect par chacun de ses engagements, dont ceux pris en matière de réduction de la violence et de lutte contre le terrorisme.  « Les autorités afghanes en ont donné des gages; aux Taliban de faire maintenant leur part. »   

La délégation a affirmé que la priorité collective doit être de soutenir les femmes afghanes.  L’Afghanistan de demain doit se construire avec l’ensemble de la société, sur les acquis obtenus en matière de démocratie et de droits de l’homme pour toutes et pour tous, sans discriminations, a-t-elle poursuivi.  « Nous ne pourrons accepter de retour en arrière. »  La France a rappelé que la participation pleine et active des femmes au processus de paix est une condition indispensable de son succès à long terme.  Enfin, elle a déclaré que la France sera, comme toujours, aux côtés de l’Afghanistan.

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