Conseil de sécurité: aucun des acteurs impliqués dans le conflit syrien ne doit penser que « le temps est de son côté », met en garde l’Envoyé spécial pour la Syrie
L’Envoyé spécial pour la Syrie, M. Geir Pedersen, a averti aujourd’hui devant le Conseil de sécurité qu’aucun acteur impliqué dans le conflit syrien ne doit penser que « le temps est de son côté » et qu’il y aura une meilleure opportunité à l’avenir. Diplomatie et détermination de tous sont nécessaires pour faire face à la réalité du conflit, alors que la situation économique en Syrie s’est considérablement détériorée, a affirmé l’Envoyé spécial.
Distanciation sociale oblige, c’est chacun dans sa mission que les 15 membres du Conseil font leur déclaration et dialoguent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour eux.
Aux côtés de l’Envoyé spécial, Mme Noura Ghazi Safadi, avocate et militante des droits de l’homme, a dépeint les souffrances endurées depuis 10 ans par les Syriens, en particulier les femmes, tandis que plusieurs délégations ont demandé l’allégement des sanctions prises par l’Union européenne et les États-Unis contre la Syrie. « Laissez les Syriens respirer », a lancé la délégation syrienne.
À l’entame de son propos, l’Envoyé spécial a évoqué l’« effondrement économique alarmant » qui touche toutes les parties du pays, peu importe qui les contrôle. Près de 9,3 millions de personnes sont en insécurité alimentaire et la famine pourrait bientôt frapper à la porte, a-t-il dit. Les difficultés structurelles ont été aggravées par la crise bancaire au Liban, la COVID-19 et les sanctions des États-Unis et de l’Union européenne.
Sur le plan politique, l’Envoyé spécial a indiqué qu’une troisième session de la Commission constitutionnelle pourrait se tenir à Genève à la fin du mois d’août, en cas de levée des restrictions à la libre circulation. Il n’a pas fait mystère des difficultés qu’auront les parties syriennes à régler les problèmes sans « une véritable diplomatie de la part des principaux acteurs internationaux qui ont de l’influence sur les parties ».
M. Pedersen a noté les divergences substantielles s’agissant des sanctions ou de la volonté politique de résoudre le conflit. Il s’est néanmoins dit convaincu qu’il existe des intérêts sur lesquels bâtir la diplomatie et l’engagement commun à appuyer un processus politique. L’Envoyé spécial a enfin appelé les parties syriennes à procéder à la libération massive des personnes détenues et enlevées.
La question des personnes détenues, enlevées et disparues a été au cœur de l’intervention de Mme Ghazi. Elle s’est d’abord demandé si aux yeux du monde sa présence au Conseil apporterait « vraiment quelque chose » à la recherche d’une solution ou si elle n’était qu’un « outil » pour essayer de donner un visage humain à la communauté internationale.
Toute personne arrêtée en Syrie est accusée d’être terroriste, a-t-elle dénoncé, même si sa seule faute est d’avoir dénoncé l’injustice. Mme Ghazi s’est opposée à l’échange de prisonniers entre belligérants, soulignant que « nous n’appartenons à aucun d’entre eux ». Les prisonniers que je défends sont des personnes détenues arbitrairement que le Gouvernement central utilise comme levier, a-t-elle précisé.
La question des sanctions économiques américaines et européennes a dominé les débats, alors que les États-Unis doivent en annoncer d’autres demain. « Pour obtenir leur levée, le régime doit, au lieu d’interférer dans la distribution de l’aide, de bombarder des écoles et des hôpitaux et de détenir et torturer son peuple, s’impliquer dans le processus politique mené par l’ONU », a déclaré le Royaume-Uni.
La crise économique actuelle en Syrie n’est pas le résultat des sanctions internationales, mais plutôt celui d’une corruption généralisée et d’une mauvaise gouvernance, a noté l’Estonie. Le fait que le « régime syrien » blâme les sanctions relève du cynisme, a renchéri l’Allemagne, en accusant ledit « régime » de « chercher des boucs-émissaires pour détourner l’attention de ses manquements patents ».
Ces deux pays, à l’instar de la France et de la Belgique, ont indiqué que l’Union européenne ne financera pas la reconstruction de la Syrie tant qu’une solution politique ne sera pas trouvée. Même son de cloche du côté des États-Unis qui ont indiqué que leur objectif est de priver le « régime d’Assad » des revenus et du soutien qui obstruent le règlement politique. Ce « régime » a un choix clair: la voie politique ou l’imposition de sanctions, ont-ils dit.
Ce sont les ingérences étrangères qui prolongent le conflit en Syrie, s’est impatientée l’Afrique du Sud, en plaidant précisément pour que l’allégement des sanctions soit considéré un moyen de faire progresser le processus politique. L’Indonésie et Saint-Vincent-et-les Grenadines ont fait écho à ces propos. Elles se sont prononcées en faveur de la levée des sanctions pour faciliter la lutte contre la pandémie de COVID-19 qui compte 183 cas en Syrie.
« Alors que la Syrie est aux prises avec la pandémie, l’imposition de sanctions supplémentaires est tout simplement inhumaine et peut provoquer d’autres catastrophes », s’est indignée la Chine qui a appelé les États-Unis à donner suite aux appels urgents du Secrétaire général.
Nous avons déposé une plainte à l’ONU, a annoncé la Syrie. Elle a dit attendre un rapport sur la conformité à la Charte des embargos économiques imposés à son peuple. Ce rapport, a-t-elle insisté, devrait, entre autres, mettre en lumière les conséquences catastrophiques de ces mesures sur la vie des Syriens. « Nous avons toujours été la victime des règlements de comptes occidentaux », a-t-elle affirmé.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
M. GEIR PEDERSEN, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, a souligné l’acuité des préoccupations des Syriens concernant l’état actuel et l’avenir de leur pays. Ils réclament des progrès dans le processus politique, la fin des violences et du terrorisme, un cessez-le-feu à l’échelle nationale, des mesures s’agissant des détenus, des personnes enlevées et disparues, ainsi que la création de conditions pour un retour volontaire, sûr et digne des réfugiés et déplacés.
L’Envoyé spécial a évoqué un effondrement économique alarmant, avec un taux d’inflation en hausse et une volatilité aiguë des prix et de la monnaie. La crise économique frappe toutes les parties du pays, peu importe qui les contrôle. Avant cette récente détérioration, plus de 80% des Syriens environ vivaient sous le seuil de pauvreté. La situation est indiscutablement plus grave aujourd’hui, a-t-il dit, ajoutant que 9,3 millions de personnes sont désormais en insécurité alimentaire. La famine pourrait bientôt frapper à la porte et la panique commence à s’emparer de certains, a-t-il dit. Le conflit a détruit les liens de confiance qui sous-tendent toute économie, tandis que la politique économique syrienne est entachée par la corruption et une mauvaise gestion budgétaire et monétaire. Ces derniers mois, d’autres facteurs ont aggravé ces difficultés structurelles: la crise bancaire au Liban voisin, la COVID-19 et les sanctions prises par les États-Unis et l’Union européenne. Ces sanctions visent individus et entités affiliés au Gouvernement mais limitent aussi les activités dans les secteurs financier, bancaire, pétrolier et militaire, ainsi que les investissements et les prêts. D’autres sanctions américaines doivent entrer en vigueur demain.
L’Envoyé spécial a ensuite indiqué qu’une confrontation majeure a été évitée autour de la ville de Tafas grâce à la médiation russe, avant de mentionner les informations faisant état de frappes israéliennes en Syrie. Par ailleurs, Daech reste actif dans le sud du pays. M. Pedersen a indiqué que, dans le Nord-Ouest, le calme instauré par la Russie et la Turquie continue de largement prévaloir, en dépit de signes préoccupants, dont des frappes accrues et des renforts des deux côtés. Les extrémistes de wa-Harid al-Mu’minin ont lancé une autre attaque au travers des lignes de front la semaine dernière, tuant plusieurs soldats syriens. Deux de leurs chefs ont été tués par un tir de drone américain le 14 juin. Ce groupe et d’autres factions extrémistes ont formé un nouveau centre d’opérations, laissant augurer de nouvelles attaques. La Russie et la Turquie, qui ont fait des progrès dans leur coopération s’agissant de patrouilles communes sur le terrain, assurent œuvrer pour contenir la situation, a-t-il affirmé.
« Je continue d’appeler au maintien du calme à Edleb et partout ailleurs et à un cessez-le-feu à l’échelle nationale, conformément à la résolution 2254 (2015). » M. Pedersen a souligné l’importance de relever le défi posé par les groupes terroristes inscrits sur les listes par le biais d’une approche coopérative, ciblée et efficace préservant la stabilité, protégeant les civils et respectant pleinement le droit international humanitaire. Il en va de même pour les efforts visant à empêcher la résurgence de Daech, a-t-il déclaré.
L’Envoyé spécial s’est dit prêt à réunir et faciliter une troisième session de la Commission constitutionnelle dirigée et emmenée par les Syriens eux-mêmes. Conscient des restrictions de déplacement, il a dit son espoir de voir une session à Genève se tenir à la fin du mois d’août. « Évidemment, les réalités auxquelles le peuple syrien fait face ne pourront pas être réglées uniquement en discutant d’une constitution. » Il a aussi noté les difficultés qu’auront les parties syriennes à régler les défis sans « une véritable diplomatie parmi les acteurs internationaux clefs ayant de l’influence ». Après tout, cinq armées internationales opèrent en Syrie.
M. Pedersen a noté les divergences substantielles qui existent entre ces acteurs et au sein des parties syriennes. Ces divergences se sont faites pleinement jour lors des débats sur les sanctions ou en ce qui concerne la volonté politique des acteurs de résoudre le conflit. Ces questions appellent de réelles discussions et de la diplomatie, a insisté l’Envoyé spécial. Les progrès ne seront possibles qu’avec des mesures réciproques et mutuelles de la part des parties syriennes et des partenaires internationaux, sur la base d’une entente claire. « Je suis convaincu qu’il y a des intérêts sur lesquels une telle diplomatie peut être bâtie et qu’il y a un engagement commun déclaré à promouvoir la résolution 2254 (2015) et à appuyer un processus politique à Genève, emmené et dirigé par les Syriens et facilité par l’ONU. »
L’Envoyé spécial a souligné la nécessité d’un accès humanitaire sans entrave pour alléger les souffrances de la population et faire face au virus, la Syrie comptant maintenant 183 cas. Il a réitéré son appel au Gouvernement et aux autres parties syriennes afin de procéder à des libérations unilatérales à grande échelle de personnes détenues et enlevées et de mener des actions plus abouties s’agissant des personnes disparues.
Aucun acteur impliqué dans le conflit ne doit penser que le temps est de son côté ou qu’il y aura une meilleure opportunité à l’avenir, a mis en garde M. Pedersen. La détermination de tous pour faire face aux réalités du conflit est nécessaire. Guidé par la résolution précitée, je continuerai d’œuvrer avec les parties syriennes et les parties prenantes internationales pour remédier à tous les aspects du conflit, à restaurer la souveraineté du pays et à mettre un terme aux souffrances aiguës des Syriens, a assuré l’Envoyé spécial.
« Comment décrire en 10 minutes la souffrance d’un peuple et d’un pays qui dure depuis près de 10 ans? » a commencé par dire Mme NOURA GHAZI SAFADI, avocate spécialisée dans les droits de l’homme et militante. Quoique fière d’être aujourd’hui au Conseil de sécurité, elle a dit avoir l’impression de voir passer sa vie devant elle comme un court métrage montrant toutes les privations et les pertes qu’elle a subies à cause de sa résistance à la tyrannie et à l’injustice. En même temps, elle s’est demandé si aux yeux du monde sa présence ici apporterait « vraiment quelque chose » à la recherche d’une solution au problème des détenus et des disparus de force en Syrie. Elle s’est même demandé si sa présence au Conseil n’était pas qu’un « outil » pour essayer de montrer le visage humain de la communauté internationale, alors que malheureusement cette dernière « a toujours échoué à défendre des questions humanitaires uniquement ».
« Je ne suis pas ici pour parler de moi ou de mes souffrances en tant que fille et en tant qu’épouse malgré toutes mes souffrances et le prix dur que j’ai payé dans ma vie personnelle et professionnelle, car les haines n’ont pas leur place dans le travail des droits de l’homme, ce que d’ailleurs nos opposants ne comprennent pas », a déclaré d’emblée Mme Ghazi qui a tenté aujourd’hui de résumer l’histoire d’une patrie et d’aborder dans ses propres mots une question éthique et humanitaire, et certainement historique: la souffrance de dizaines de milliers de familles de disparus, de disparus de force et de détenus, en particulier des femmes en Syrie. Ces familles sont les victimes directes de ces violations flagrantes des droits de l’homme en cas de disparition forcée de leurs proches, a-t-elle expliqué. Elle a indiqué que la plupart des personnes disparues et arrêtées sont des hommes, les femmes restant seules à devoir s’occuper de leur famille et à se battre pour la Syrie, mais aussi pour faire la lumière sur l’absence de leurs proches.
« Nous, femmes syriennes, luttons pour connaître le sort de nos proches et exigeons justice pour eux, pour nous et pour notre pays », a-t-elle lancé aux membres du Conseil. De nombreuses associations familiales existent désormais et Mme Ghazi s’est dite fière d’être membre fondateur de l’une d’entre elles, le mouvement Families for Freedom. Elle est également fière d’avoir réussi avec son équipe de l’organisation Nophotozone, qu’elle dirige, à ne pas discriminer les familles des détenus et des disparus de force, ni sur une base politique, ni sur la base du parti de ceux qui ont arrêté ou fait disparaître leurs proches. Son organisation rassemble au contraire des centaines de familles, en dépit de ce qui aurait pu les séparer. « La douleur, la souffrance et le but nous unissent… Nous voulons nos proches, nous voulons la justice et nous demandons la vérité », a-t-elle expliqué en dénonçant l’absence de volonté politique internationale de mettre un terme à ces souffrances.
Il y a bien, selon de nombreuses organisations internationales, des dizaines de milliers de détenus, de disparus de force et de disparus en Syrie depuis le début des manifestations en mars 2011, a fait valoir l’avocate pour laquelle la violence a conduit à plus de violence dans toute la Syrie, « jusqu’à ce que nous devenions incapables de compter le nombre de nos victimes et de nos opposants qui violent nos droits chaque jour ». La détention, les disparitions forcées et la torture ont été commises par de nombreuses parties, et le monde considère le conflit en Syrie comme une guerre entre un régime dictatorial et des factions extrémistes, fermant les yeux sur « notre existence » en tant que militants non violents, a-t-elle déploré. Il y a des milliers de femmes et d’enfants innocents dans les centres de détention, des centaines de mères arrêtées avec leurs enfants et des enfants nés dans les centres de détention, a affirmé Mme Ghazi ajoutant que toute personne arrêtée est accusée d’être terroriste, même si sa seule faute est d’avoir dénoncé l’injustice ou d’appartenir à une région qui a contrarié les autorités, ou pour servir d’otages, à cause de l’activisme de leurs proches opposés au régime.
Elle a ensuite fait part de son opposition à propos des accords d’échange de prisonniers qui ont lieu entre parties combattantes, soulignant que « nous n’appartenons à aucune d’entre elles ». Les prisonniers qu’elle défend ne sont pas des prisonniers de guerre, mais des personnes détenues arbitrairement que le Gouvernement central utilise comme levier et pour obtenir des gains, a-t-elle précisé. Dès lors, pour elle, les échanges de prisonniers ne sont rien d’autre qu’un chantage. Mme Ghazi a demandé une solution radicale, globale et équitable pour tous les détenus et disparus en Syrie, pas seulement pour une partie d’entre eux.
Mme Ghazi a expliqué que les violations des lois par le régime syrien qu’elle dénonce ne sont pas seulement des atteintes aux lois internationales, mais aussi aux lois syriennes, au premier rang desquelles la Constitution. Elle a dit défendre le droit syrien lui-même, contre tous ceux qui le violent, le brisent et le méprisent. Les tribunaux d’exception, en particulier le tribunal militaire de campagne et le tribunal du terrorisme, ne violent-ils pas les principes de procès équitable énoncés dans les lois syriennes et internationales? a-t-elle demandé. Les exécutions sommaires ne sont-elles pas une violation flagrante des droits de l’homme et des prisonniers? La torture n’est-elle pas un crime dans toutes les lois et en toutes circonstances?
Il y a des exemples quotidiens de violation de la Constitution syrienne par ceux-là même qui prétendent en être les gardiens, s’est-elle indignée affirmant qu’elle et ses pairs sont les protecteurs de la Constitution. « Sans avoir la force militaire, notre arme est la loi et notre adversaire viole la loi », a-t-elle insisté, ne comprenant pas pourquoi il n’est pas évident pour le monde de voir qui viole les lois en Syrie.
« Nous voulons des tombes pour nos proches, nous voulons vivre nos deuils comme tout être humain sur cette terre et nous voulons fermer nos blessures », a exigé Mme Ghazi au nom de ceux en Syrie qui sont privés de tout cela. Au nom des centaines de femmes qu’elle représente, elle a exigé de connaître le sort de leurs proches, ou, à défaut, un certificat de décès, parce qu’un document contenant « une date et une cause fictive de décès » ne leur suffit pas.
Les États-Unis ont réitéré leur appel au « régime d’Assad » de libérer immédiatement les milliers de civils détenus arbitrairement dans des centres de détention où les conditions inhumaines et le surpeuplement font considérablement augmenter le risque de propagation rapide de la COVID-19. Les progrès au sein de la Commission constitutionnelle sont tout aussi importants alors que les parties prenantes ont trouvé un accord sur le programme de travail, a estimé la délégation en soulignant la réticence du « coprésident du régime » à se réunir virtuellement. Les États-Unis se sont néanmoins félicités de « l’accord de l’opposition et du régime » de convoquer la Commission constitutionnelle en août.
Après avoir constaté les entraves au cessez-le-feu dues aux frappes aériennes syriennes et russes à Edleb et dans le nord-ouest de Hama la semaine dernière, les États-Unis ont condamné ces actes de violence ainsi que les provocations de groupes terroristes sur le terrain. Ils ont appelé à y mettre fin et ont exhorté Moscou et Damas à se réengager pour un cessez-le-feu national durable et vérifiable. La délégation a également réitéré son appel pour que l’ONU soit au centre des efforts pour officialiser le cessez-le-feu d’Edleb.
Les États-Unis sont déterminés à trouver une solution politique au conflit syrien, a assuré la délégation, ajoutant qu’ils continueront de rejeter toute tentative du « régime Assad et de ses alliés » d’utiliser la force militaire, l’obstruction ou la désinformation pour contourner les efforts de l’ONU visant à rétablir la paix en Syrie. À cette fin, demain, l’Administration Trump prendra des mesures décisives pour empêcher le « régime Assad » d’obtenir une victoire militaire et pour réorienter celui-ci et ses alliés vers l’Envoyé spécial Pedersen et le processus politique dirigé par l’ONU, a indiqué la délégation. Son objectif est de priver le « régime d’Assad » des revenus et du soutien qu’il a utilisés pour commettre des atrocités à grande échelle et des violations des droits de l’homme qui empêchent un règlement politique et réduisent les perspectives de paix.
Pour la délégation, « le régime d’Assad » a un choix clair à faire: poursuivre la voie politique prévue par la résolution 2254 (2015), ou laisser les États-Unis sans autre choix que de continuer à retenir le financement de la reconstruction et d’imposer des sanctions contre le régime et ses bailleurs de fonds.
À l’approche de la date du 10 juillet, à laquelle le Conseil délibérera sur le renouvellement du mandat du mécanisme humanitaire transfrontalier, les États-Unis ont tenu à souligner que « la simple vérité est qu’il n’y aura pas de fin à la crise humanitaire en Syrie tant qu’il n’y aura pas de solution politique ». Ils sont d’avis que l’on ne peut pas utiliser les négociations sur le renouvellement du mandat pour façonner les réalités politiques sur le terrain. Comme le processus politique en est encore à ses débuts, le Conseil doit garantir que l’aide humanitaire soit acheminée vers le peuple syrien en fonction de ses besoins, a exigé la délégation. Cela signifie que l’aide humanitaire ne doit pas être utilisée comme monnaie d’échange, car des millions de personnes dépendent de l’assistance des Nations Unies dans toutes les régions de la Syrie, a martelé la délégation. Par conséquent, chaque membre de ce Conseil doit veiller à ce que chaque Syrien ayant besoin d’aide puisse bénéficier d’une assistance transfrontalière par les voies les plus directes, notamment les points de passage transfrontaliers autorisés de Bab el-Haoua, Bab el-Salam et Yaroubiyé, a précisé la délégation. Elle a réitéré que le « régime d’Assad » a un choix à faire, « mais ce Conseil aussi ». Il est tout aussi important de soutenir le maintien du passage transfrontalier des Nations Unies pour atteindre le plus grand nombre de personnes possible, quel que soit le responsable du territoire, que de soutenir les efforts de l’Envoyé spécial Pedersen pour parvenir à une fin politique à ce conflit, a-t-elle conclu.
La Fédération de Russie a estimé que la prochaine fois que le Conseil aborde les questions politiques concernant la Syrie, il serait « juste » d’inviter un représentant de la société civile du pays pour entendre la voix de ceux qui endurent des souffrances sous le joug des terroristes, de l’occupation étrangère et des bombardements. S’agissant de la troisième réunion de la Commission constitutionnelle à Genève, la délégation a remarqué qu’il y a des dates potentielles prévues et que les parties syriennes font preuve de volonté pour tenir un dialogue sur la base de l’ordre du jour convenu. La Fédération de Russie a dit appuyer les efforts de l’Envoyé spécial à cet égard et s’est engagée à continuer de promouvoir le dialogue intersyrien tant au niveau national qu’en collaboration avec la Turquie et la République islamique d’Iran dans le cadre du format Astana « qui a prouvé son efficacité ». Dans le même temps, elle a souligné qu’il s’agit d’un processus dirigé et contrôlé par les Syriens et qu’il faut éviter toute ingérence extérieure ou d’imposer un programme étranger.
Dans la zone de désescalade d’Edleb, le cessez-le-feu est généralement respecté et les patrouilles conjointes russo-turques se poursuivent, a indiqué la délégation. Cependant, les terroristes poursuivent leurs actions et attaques provocatrices, y compris celles qui ont tué des soldats turcs. Répondant à l’intervention des États-Unis qui ont lancé un appel à la Russie et à la Syrie au sujet de ce cessez-le-feu, la délégation russe leur a demandé d’écouter ce que M. Pedersen a dit lui-même au sujet de ceux qui contreviennent au cessez-le-feu. La Fédération de Russie n’autorisera pas à renommer le groupe « Hay’at Tahrir el-Cham » en « opposition modérée » comme certains tentent de le faire, a tranché la délégation.
Ces derniers mois, les terroristes ont intensifié leurs activités dans d’autres parties du pays, principalement à l’est de l’Euphrate, a-t-elle poursuivi en notant que l’État islamique a attaqué des unités kurdes et que des militants se sont échappés des prisons. Rien n’est fait pour améliorer la situation dans le camp de réfugiés de Hol, ainsi que dans la région de Tanf et dans le camp de Roukban. La délégation estime que la stabilité et la sécurité dans ces régions ne seront possibles que si le contrôle d’un gouvernement légitime est rétabli. À ceux qui exigent que Damas applique la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité, elle a en rappelé les premières lignes qui exigent le respect de la souveraineté, de l’indépendance, de l’unité et de l’intégrité territoriale de la Syrie. Dès lors, elle a proposé « de commencer par le début » et de mettre en œuvre ce paragraphe avant tout. À cet égard, la Fédération de Russie a souligné la nécessité de trouver des solutions aux problèmes syriens par le biais d’un dialogue inclusif et de mettre fin à l’occupation étrangère.
Les tentatives de jouer avec des terroristes ne sont qu’une preuve de la façon dont la situation en Syrie est politisée, s’est-elle indignée reprochant aux réunions du Conseil de sécurité sur la Syrie d’avoir une connotation politique parce que les dossiers dits « chimiques » et « humanitaires » ne sont devenus qu’un outil de pression sur Damas. L’aide humanitaire à la Syrie est l’un des exemples les plus évidents, à son avis, du chantage politique « de certains de nos collègues » lorsqu’ils discutent de l’accès humanitaire aux territoires contrôlés par le Gouvernement et aux zones indépendantes de Damas. Demain, le soi-disant projet de loi César entrera en vigueur aux États-Unis, a poursuivi la délégation en relevant que les responsables se vantent « fièrement » que c’est à cause de leurs sanctions que la situation économique du peuple syrien est devenue si compliquée. « Ils reconnaissent ainsi que les sanctions qui auraient été imposées aux dirigeants syriens ont en fait touché des gens ordinaires. » Cela confirme, aux yeux de la délégation, que le but de ces mesures est de renverser les autorités légitimes de la Syrie.
Pour elle, les sanctions américaines et de l’UE non seulement paralysent l’économie du pays, mais entravent également l’aide humanitaire aux populations.
Malheureusement, l’ONU est également utilisée à des fins politiques, a regretté la Russie en faisant allusion à la Commission d’enquête pour le nord-ouest de la Syrie. L’analyse, par les autorités russes, du résumé de son rapport a conduit à la conclusion que le mécanisme de déconfliction a plus que de simples lacunes et qu’il est utilisé pour la désinformation. La Russie a dit avoir remis toutes les preuves au Secrétaire général et est prête à présenter ces documents à toutes les parties concernées.
La Chine a réitéré son soutien à un processus politique « dirigé et contrôlé par les Syriens », en soulignant l’urgence d’une solution politique dans le contexte de la COVID-19. « Le processus politique ne doit en aucun cas s’arrêter. » La Chine a encouragé l’Envoyé spécial à tout mettre en œuvre pour promouvoir un dialogue politique substantiel et renforcer la confiance mutuelle entre les parties concernées et s’est réjouie d’entendre que la Commission constitutionnelle tiendra sa réunion du troisième cycle avant la fin du mois d’août. Elle attend de nouveaux progrès dans ce cycle de consultations.
La Chine a espéré en outre que les appels au cessez-le-feu du Secrétaire général et de l’Envoyé spécial recevront une réponse positive. Considérant qu’il y a « une fenêtre d’opportunité » pour promouvoir un dialogue inclusif et une solution politique, la délégation a insisté sur l’importance pour les parties syriennes de renforcer les consultations au sein de la Commission constitutionnelle, et de coopérer de manière constructive avec l’Envoyé spécial. Les autres parties concernées devraient également jouer un rôle positif pour relever ensemble les défis auxquels le peuple syrien est confronté, a estimé la Chine.
La Chine a salué les mesures efficaces prises par le Gouvernement syrien pour lutter contre la pandémie et demandé à la communauté internationale d’intensifier sa coopération avec le peuple et le Gouvernement syriens dans la lutte contre le virus. Pour sa part, la Chine a fait don de fournitures médicales au Ministère syrien de la santé au début du mois et reste disposée à poursuivre son soutien et son aide.
Profondément préoccupée par les récents rapports sur la situation économique en Syrie, la Chine a exhorté les États-Unis à donner suite aux appels urgents du Secrétaire général et de son Envoyé spécial et à lever immédiatement les sanctions unilatérales. À ce sujet, elle est d’autant plus inquiète qu’une nouvelle série de sanctions sera imposée à la Syrie. Ces sanctions entraveront davantage le développement économique et social de la Syrie, ainsi que les moyens de subsistance des Syriens ordinaires, a fait valoir la délégation. Alors que des pays vulnérables comme la Syrie sont aux prises avec la pandémie, l’imposition de sanctions supplémentaires est tout simplement inhumaine et peut provoquer des catastrophes supplémentaires, s’est-elle indignée ajoutant que l’ONU, en particulier l’OCHA, devrait accorder plus d’attention à l’impact négatif des sanctions sur la situation humanitaire du peuple syrien. « Certains pays parlent des droits de l’homme. S’ils se souciaient des droits de l’homme du peuple syrien, ils devraient prendre des mesures concrètes pour répondre aux appels du Secrétaire général et de ses envoyés spéciaux sur la question des sanctions », a assené la délégation.
Il faut aujourd’hui reconnaître que les parties concernées déploient de grands efforts pour maintenir le cessez-le-feu et promouvoir la stabilité en Syrie, a estimé la Chine avant de demander à la communauté internationale de faire attention à ne pas permettre aux terroristes de profiter de la situation actuelle. Le Conseil de sécurité devrait, selon la Chine, attacher de l’importance à cette question et appuyer l’appel de l’Envoyé spécial à des efforts antiterroristes efficaces, coopératifs et ciblés. À cet égard, la Chine a également appelé les parties concernées à lancer des négociations et à prendre des mesures contre le terrorisme.
La République dominicaine a estimé que dans le contexte syrien, avec plus de 90 000 disparus depuis le début du conflit, des progrès dans la libération humanitaire des détenus pourrait être la première étape d’un effort de renforcement de la confiance nationale, ce qui pourrait constituer la pierre angulaire d’un processus plus large pour réconcilier les Syriens. Pour la délégation, la promotion de la vérité, de la justice et de la responsabilité ainsi que la lutte contre l’impunité doivent être défendues sans relâche pour que les responsables paient le prix de leurs actes. Par conséquent, le Conseil de sécurité a la responsabilité de continuer d’exiger des mesures plus significatives concernant la libération des détenus et la communication d’informations sur les disparus à leurs familles.
La délégation a fait part de son inquiétude devant les signes inquiétants de résurgence et de regroupement de Daech dans la région. Ils attaquent à nouveau les civils et les forces de sécurité et terrorisent les agriculteurs en détruisant leurs moyens de subsistance et leurs infrastructures, a déploré la délégation. L’évolution de la situation sur le terrain met en évidence, selon elle, la nécessité urgente de continuer à faire pression pour une solution politique définitive et durable du conflit. La République dominicaine a ainsi insisté sur la nécessité d’un cessez-le-feu national durable et sur un accès humanitaire sûr et sans entrave, en particulier face à la pandémie de COVID-19 et la persistance de besoins pressants dans tout le pays. Elle a en outre souhaité que les parties puissent poursuivre leurs consultations dès que les conditions sont réunies pour le faire. De plus, le Gouvernement de la Syrie doit montrer son engagement crédible et renouvelé envers le vaste processus politique, par des mots et des actions.
Saint-Vincent-et-les Grenadines a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial pour faciliter un processus politique plus large en Syrie, avant de juger vitale l’instauration d’un environnement sûr et neutre pour assurer la réussite de ce processus. La délégation a pris note de la volonté de la Commission constitutionnelle de tenir sa prochaine session dès que la situation mondiale le permettra. La Commission doit continuer de s’appuyer sur son élan nonobstant les circonstances actuelles, a recommandé la délégation qui a aussi souhaité une action constructive sur la question des personnes détenues, en particulier au regard de la pandémie. « Le sort des personnes disparues doit être élucidé. »
La délégation a en outre appelé à la levée des sanctions unilatérales afin de renforcer les capacités du pays face à la pandémie, avant d’encourager la communauté internationale à contribuer à la reconstruction de la Syrie. La délégation a prôné une approche coopérative face au terrorisme, dans le respect du droit international. Pour elle, le plein respect de la souveraineté du pays exige le retrait de toutes les forces étrangères non autorisées. La seule voie vers la paix pour la Syrie est celle d’un processus politique inclusif, débarrassé des ingérences étrangères et reflétant les aspirations légitimes du peuple syrien, a conclu la délégation.
Le Niger a mis l’accent sur quatre points qu’il considère comme des piliers d’une solution inclusive et durable à cette crise prolongée en Syrie. Premièrement, le Niger a jugé crucial d’instaurer un cessez-le-feu national complet, comme l’ont appelé l’Envoyé spécial et le Secrétaire général en ce moment où la pandémie de COVID-19 oblige les parties à se concentrer sur la maîtrise et l’atténuation de ses conséquences sur la population, celle-ci vivant déjà dans des conditions de vie désastreuses. Dans ce contexte, le Niger s’est inquiété des informations faisant état d’escalades dans la région de Jabal el-Zaouïya, dans la province d’Edleb, et dans le nord-ouest de Hama.
Deuxièmement, le Niger a appelé toutes les parties prenantes à revenir à la table des négociations et de bonne foi, avant de saluer les efforts déployés par l’Envoyé spécial pour dialoguer avec les différentes parties de la Commission constitutionnelle dans le but de revitaliser ses travaux
Troisièmement, la délégation du Niger a jugé déterminante des mesures de confiance des deux côtés pour dissiper la méfiance entre les parties aux négociations dans le processus politique. Dans ce contexte, le Niger a appuyé l’appel de l’Envoyé spécial Pedersen, du 18 mai, selon lequel « une libération à grande échelle et unilatérale des détenus ainsi que des actions plus significatives sur les cas de personnes disparues n’ont jamais été aussi nécessaires ».
Enfin, le Niger a estimé que l’appel à un cessez-le-feu et la nécessité d’un effort commun et collectif face à la pandémie de COVID-19 ne devraient pas nous distraire de la lutte contre le terrorisme, d’autant plus que les preuves montrent que les groupes criminels tentent de profiter de la crise sanitaire actuelle pour se regrouper et reprendre du service. Il a insisté sur le droit du Gouvernement syrien de poursuivre la lutte contre le terrorisme, dans le respect du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire, en particulier en ce qui concerne la protection des civils et des infrastructures civiles.
Par ailleurs, citant les récentes manifestations, alimentées par les difficultés économiques, dans certaines provinces du Sud, jusqu’ici épargnées par l’instabilité, le représentant du Niger a estimé que l’existence d’une constitution et la tenue d’élections ne sont pas une panacée pour sortir de la crise et il a plaidé pour des mesures économiques et des efforts de consolidation de la paix bien pensés.
Le Royaume-Uni s’est dit profondément préoccupé par la situation sécuritaire dans le nord-ouest de la Syrie. Ces dernières semaines, on a pu voir des combats acharnés entre les extrémistes et les forces du régime. Le Royaume-Uni s’est dit particulièrement préoccupé par les informations de ces derniers jours sur de nouvelles frappes aériennes russes, dont certaines ont fait des victimes civiles, le 8 juin, et ont obligé d’autres à fuir. Le Royaume-Uni a exhorté toutes les parties à faire preuve de retenue et à redoubler d’efforts pour travailler avec le Secrétaire général et son Envoyé spécial afin de trouver une solution politique, en particulier à un moment où la COVID-19 fait peser une grave menace sur un pays déjà affaibli par le conflit. La seule solution durable à la crise en Syrie passe par un processus politique inclusif et dirigé par les Syriens et qui répond aux aspirations légitimes du peuple syrien.
En dépit de l’accord unanime sur cette question, s’est désolé le Royaume-Uni, le « régime syrien », aidé et encouragé par un membre permanent de ce Conseil, a ignoré la résolution 2254 (2015) et continue de délaisser les intérêts du peuple syrien au profit d’une solution militaire. À moins que « le régime » ne décide de s’engager véritablement dans le dialogue politique, de se concentrer sur la réforme et de répondre aux préoccupations et aspirations légitimes du peuple syrien, il n’y aura pas de solution durable, a prévenu la délégation.
Rappelant le limogeage « par Assad », la semaine dernière, du Premier Ministre et la nomination, fin mai, de nouveaux gouverneurs « sans doute pour donner l’impression qu’il fait quelque chose pour résoudre les problèmes auxquels la Syrie est confrontée et son échec à y faire face », le Royaume-Uni a estimé que « ce n’est pas ce que les Syriens demandent ». Ce dont ils ont besoin et méritent, c’est une Syrie meilleure où les préoccupations et les griefs qui les ont amenés dans les rues en 2011 soient traités. La délégation a salué le travail de Mme Noura Ghazi et a appelé « le régime » à s’engager concrètement sur cette question. « Le régime », a-t-il insisté, doit libérer les prisonniers politiques et les personnes vulnérables et garantir l’accès aux soins de ceux qui sont toujours en détention. Pour obtenir la levée des sanctions, « le régime » doit, au lieu d’interférer dans la distribution de l’aide, de bombarder des écoles et des hôpitaux et de détenir et torturer son peuple, tenir compte de la cause populaire et travailler sérieusement avec l’Envoyé spécial et s’impliquer dans le processus politique mené par l’ONU, pour parvenir à une issue pacifique au conflit.
L’Indonésie a réaffirmé l’importance de mettre en œuvre un processus politique dirigé et contrôlé par les Syriens, facilité par les Nations Unies, conformément à la résolution 2254 (2015). Elle a aussi plaidé pour un processus plus large qui respecte et finalement restaure la souveraineté, l’unité et l’intégrité territoriale de la Syrie. Selon la délégation, le peuple syrien a besoin de progrès tangibles sur le terrain. Cela doit se faire dans des domaines comme la fourniture d’assistance humanitaire à toutes les personnes dans le besoin, le renforcement des capacités des laboratoires et la disponibilité de kits de test de COVID-19. À cela elle a ajouté le maintien de l’accord de cessez-le-feu ainsi que la libération des détenus, des personnes enlevées et des personnes disparues. L’Indonésie a aussi demandé que l’ordre du jour convenu de la Commission constitutionnelle soit respecté par toutes les parties syriennes et a dit espérer que la troisième session puisse avoir lieu en fin août.
La délégation a invité la communauté internationale à travailler ensemble pour aider les Syriens à survivre dans la situation économique désastreuse que le pays connaît. Elle a dit partager l’appel du Secrétaire général en faveur de la levée des sanctions qui peuvent saper la capacité des pays à garantir l’accès à la nourriture, à la santé et aux fournitures médicales pour faire face à la pandémie de la COVID-19. L’Indonésie a enfin exhorté toutes les parties clefs à cesser la violence et à éviter les actions inutiles qui placeraient le peuple syrien dans une situation plus dangereuse.
La Belgique a déclaré que les dernières frappes aériennes russes et de l’artillerie syrienne illustrent la fragilité de la situation. Les risques pour des centaines de milliers de civils vulnérables dans cette région sont énormes. La Belgique a exhorté toutes les parties à s’abstenir de toute violence, à réduire les tensions et à faire preuve de la plus grande retenue. L’ONU devrait jouer un rôle central dans la mise en œuvre du cessez-le-feu national, ainsi que dans son contrôle, a suggéré la délégation. Il n’y a pas de solution militaire à la guerre en Syrie, a réitéré le pays. Seule une solution politique peut briser le cycle de la violence et remettre la Syrie sur les rails. La Commission constitutionnelle et le processus politique au sens large devraient être revigorés de toute urgence, et nous soutenons pleinement les efforts de l’Envoyé spécial, a aussi dit la Belgique.
En ce qui concerne les prisonniers politiques et les personnes disparues, il est grand temps pour Damas de dépasser les échanges de prisonniers « un pour un » et de les libérer, en tant que mesure de confiance importante. En outre, un accès humanitaire complet doit être garanti. La Belgique et l’Allemagne poursuivront leurs travaux en vue du renouvellement de la résolution 2165 (2014) concernant l’assistance transfrontalière. « Nous exhortons tous les membres du Conseil à être pleinement conscients de la responsabilité commune que nous portons dans ce dossier », a ajouté la délégation. Rappelant que la quatrième Conférence de Bruxelles se tiendra à la fin de ce mois et que l’Union européenne demeure le plus important contributeur de l’aide humanitaire à la Syrie depuis le début de la guerre, avec une somme de 17 milliards d’euros, la délégation a confirmé que l’Union européenne ne financera pas la reconstruction de la Syrie tant que la guerre ne sera pas terminée et qu’une solution politique ne sera pas trouvée.
Le Viet Nam s’est félicité du fait que l’accord de cessez-le-feu du 5 mars soit largement maintenu dans le nord-ouest de la Syrie, malgré la persistance de certains défis. Il a réitéré son appui à l’appel du Secrétaire général pour l’instauration d’un cessez-le-feu à l’échelle nationale et a exhorté les parties à combattre la pandémie de COVID-19 de la manière la plus complète possible. La volatilité de la situation socioéconomique et humanitaire à laquelle s’ajoute la COVID-19 est en train de devenir extrêmement préoccupante, s’est inquiété le Viet Nam. Même si le nombre de cas confirmés demeure relativement bas, le risque d’une plus grande propagation de la COVID-19 exige une attention adéquate, a estimé la délégation qui a par ailleurs exhorté les parties à créer les conditions les plus favorables pour l’acheminement de l’aide humanitaire.
L’Afrique du Sud a dit que l’ingérence d’acteurs extérieurs a prolongé et aggravé le conflit qui fait rage depuis neuf ans en Syrie, constatant qu’un pays stable et pacifique est devenu un champ de bataille pour des rivalités géopolitiques et les ambitions des groupes terroristes. « Alors que nous arrivons aux dernières étapes du conflit, les parties syriennes elles-mêmes et les acteurs internationaux doivent s’engager en faveur d’un règlement pacifique sur la base des engagements pris, y compris la feuille de route agréée par le Conseil dans sa résolution 2254 (2015). » La mission a souligné la nécessité de remédier à l’instabilité et aux tensions dans le nord du pays, ajoutant que les groupes armés à l’est posent une menace imminente. La paix ne sera pas possible tant qu’il y aura des ingérences extérieures et un appui aux groupes armés en Syrie, a martelé la délégation. « Cela doit cesser. »
L’Afrique du Sud a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial et salué les informations de la tenue possible en août d’une session de la Commission constitutionnelle en cas de levée des restrictions de déplacement liées à la COVID-19. Tout en jugeant inacceptable l’incapacité de ce Conseil d’adopter un texte appelant à un cessez-le-feu mondial en ce temps de pandémie, la mission a indiqué que « nous devons au moins appuyer l’appel de l’Envoyé spécial » pour une cessation immédiate des hostilités à l’échelle nationale en Syrie. Face au virus, elle a demandé un accès humanitaire sans entrave, avant d’indiquer que l’allégement des mesures économiques contre la Syrie devrait être considéré en vue de faire des progrès sur le plan politique. À tout le moins, les exemptions humanitaires devraient être facilitées, a plaidé la délégation. Enfin, l’Afrique du Sud a demandé la pleine application de la résolution précitée et l’appui du Conseil au travail de la Commission constitutionnelle. « Comme nous en avons fait l’expérience en Afrique du Sud, la seule voie possible vers une paix durable est celle du dialogue, de la négociation et de la réconciliation. »
L’Allemagne a fermement mis en garde « le régime syrien » et la Fédération de Russie contre toute nouvelle offensive militaire à Edleb et dans ses environs. Une nouvelle offensive militaire n’aboutirait qu’à des victimes civiles, des déplacements de masse et une catastrophe humanitaire. Une réitération de ce que nous avons vu plus tôt dans l’année sous couvert de lutte contre les groupes terroristes serait tout à fait inacceptable, a déclaré la mission, en appelant à un cessez-le-feu dans tout le pays. L’Allemagne a estimé que « le régime syrien » est directement responsable de la crise économique et financière et des souffrances du peuple syrien. Dans le même temps, ce « régime » essaye de blâmer les autres en expliquant que la situation actuelle découle des sanctions et du manque d’assistance à la reconstruction. « Ce n’est pas seulement un mensonge éhonté, c’est cynique. Alors que le régime syrien semble éprouver de plus en plus de difficultés à acheter des soutiens, il cherche des boucs-émissaires pour détourner l’attention de ses manquements patents. »
L’Allemagne a dit avoir mobilisé 8,1 milliards d’euros d’assistance depuis 2012, alors que l’Union européenne (UE) a mobilisé plus de 20 milliards d’euros depuis 2011. « Nous aidons le peuple syrien, mais pas le régime. » La mission a souligné que la seule voie de sortie, c’est le processus politique. Lorsqu’une transition politique inclusive véritable sera sur les rails, l’Union européenne participera à la reconstruction. L’UE lèvera ses sanctions lorsque « le régime » renoncera à son comportement brutal et à ses graves violations du droit international. L’Allemagne a exhorté ledit « régime » syrien à s’impliquer sérieusement dans la Commission constitutionnelle, avant d’appeler la Fédération de Russie à user de son influence auprès de Damas pour promouvoir une solution politique. Elle a exhorté « le régime syrien » à libérer à grande échelle les prisonniers, à commencer par les femmes, les enfants et les personnes âgées; à ouvrir l’accès des organisations humanitaires aux prisons; et à informer les familles du sort des milliers de personnes disparues. Enfin, la délégation allemande a prévenu que l’impunité pour les responsables des atrocités commises en Syrie n’est « pas une option ».
Pour l’Estonie, la situation dans le nord-ouest de la Syrie devient de plus en plus préoccupante compte tenu des récentes violations du cessez-le-feu et de la concentration militaire de l’armée syrienne autour d’Edleb. Afin d’éviter les pertes civiles et une nouvelle vague de déplacements massifs, la délégation a demandé au Conseil de sécurité de faire de la prévention de l’escalade militaire sa priorité. Déçue également qu’il n’y ait pas de nouveaux développements dans le processus politique, elle a encouragé les parties à fixer dès que possible une date pour la réunion de la Commission constitutionnelle. Réaffirmant la nécessité d’appliquer la résolution 2254 (2015), la délégation a remarqué que le plan du régime syrien d’organiser des élections législatives en juillet viole clairement la feuille de route énoncée dans cette résolution. Un processus politique crédible et inclusif doit être en place avant de telles actions, a-t-elle tranché.
Comme l’a expliqué Mme Ghazi, une étape importante vers la réconciliation nationale consiste à régler la situation des détenus en Syrie, a ensuite remarqué l’Estonie avant de demander au Gouvernement syrien de respecter le droit international des droits de l’homme et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de libérer immédiatement toutes les personnes détenues arbitrairement, en particulier les femmes et les enfants. Les disparitions forcées doivent cesser, a-t-elle exigé, constatant que les annonces d’amnisties générales n’ont jamais entraîné de libération importante. L’Estonie a également rappelé au Gouvernement syrien et à ses alliés que l’Union européenne (UE) ne fournira pas d’aide à la reconstruction de la Syrie avant la mise en place d’un véritable processus politique. Elle a également souligné que la crise économique actuelle en Syrie n’est pas le résultat de sanctions internationales, mais plutôt celui d’une corruption généralisée et d’un manque de bonne gouvernance.
Revenant sur la quatrième Conférence de Bruxelles pour soutenir l’avenir de la Syrie, convoquée par l’UE, qui aura lieu dans deux semaines, l’Estonie s’est félicitée de la « visioconférence inspirante » sur la responsabilité pour les crimes commis en Syrie, que l’UE a organisée dans le cadre de cette conférence le 8 juin à Genève. Les participants comprenaient des États membres de l’UE, des militants des droits de l’homme, le Mécanisme international, impartial et indépendant chargé de faciliter les enquêtes sur les violations les plus graves du droit international commises en République arabe syrienne depuis mars 2011 et d’aider à juger les personnes qui en sont responsables, l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), une commission d’enquête et d’autres, dans le but de faire la lumière sur les violations des droits syriens et traduire les coupables en justice. Le Conseil de sécurité devrait envisager ce type d’approche globale de la responsabilité, a suggéré la délégation.
La dernière amnistie annoncée par le régime est un simulacre, a estimé la France, rappelant que plus de 100 000 personnes en Syrie croupissent dans les prisons du régime. Selon elle, l’absence d’avancées sur la question des disparus demeure une des principales sources de souffrance du peuple syrien. La délégation a demandé que le Conseil soit uni et réponde à l’appel de l’Envoyé spécial pour la libération des prisonniers et l’accès aux centres de détention.
Le moment est venu de travailler à un processus politique plus large qui réponde aux attentes de la société civile, a aussi demandé la France, jugeant consternant le blocage des travaux de la Commission constitutionnelle, huit mois après sa création. La France a dès lors plaidé pour que les discussions avec l’Envoyé spécial reprennent pour préparer une réunion à Genève dans les meilleurs délais, avant de demander, face à la COVID-19, que la priorité soit donnée à la mise en place d’un cessez-le-feu complet à l’échelle nationale sous la supervision des Nations Unies, et en réponse à l’appel du Secrétaire général et de son Envoyé spécial.
Dans le Nord-Ouest, la trêve russo-turque reste fragile, a relevé la France, avant de déclarer que la lutte contre les groupes terroristes ne peut servir de prétexte à la reprise d’une offensive par le régime et ses alliés ni à des violations du droit international humanitaire. En outre, dans le Nord-Ouest tout comme le Nord-Est, l’aide humanitaire doit parvenir aux populations dans le besoin. Dans ce contexte, le mécanisme transfrontalier reste irremplaçable. La France a promis qu’elle allait continuer de se mobiliser avec ses partenaires pour lutter contre la résurgence de Daech dans le centre du pays. La délégation a relevé que l’instabilité et la grave crise économique que traverse la Syrie démontrent l’urgence d’une solution politique. Pour la France, des élections qui ne répondraient pas aux critères fixés par la résolution 2254 (2015) ne pourraient en aucun cas être reconnues comme légitimes par le Conseil. Enfin, tant qu’un processus politique crédible n’est pas fermement engagé, la France et l’UE ne financeront pas la reconstruction en Syrie, a prévenu la délégation.
La République arabe syrienne a accusé les États-Unis de voler 200 barils de pétrole par jour sur son territoire, de fragiliser délibérément la lire syrienne, d’occuper des territoires et de protéger leur partenaire turc, tout en imputant, devant ce Conseil, la détérioration de la situation actuelle à ce qu’ils appellent « le régime ». « S’agit-il là de symptômes d’une schizophrénie politique? » Le 31 mai 2020, la Syrie a déposé une plainte devant le Secrétaire général et le Président du Conseil contre les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Turquie. Pendant neuf ans, ces pays ont appuyé des groupes terroristes, sont intervenus militairement sur le sol syrien et ont occupé des parties du territoire, a accusé la mission. Leurs pratiques et violations flagrantes du droit international visent à détruire le processus politique facilité par l’ONU, afin de s’éloigner d’un dialogue national dirigé et contrôlé par les Syriens. La délégation a dénoncé l’imposition des « sanctions occidentales », les États-Unis et l’Union européenne ayant rejeté toute demande pour leur levée dans le but d’imposer leur loi dans le monde.
La Syrie a accusé les trois membres occidentaux et permanents du Conseil de fermer les yeux devant les agissements de la Turquie qui, avec les États-Unis, occupe son territoire et soutient des milices terroristes et séparatistes. La Turquie, a accusé la Syrie, a profité de l’accalmie consécutive à l’accord de Moscou pour renforcer sa présence. Elle cherche maintenant à remplacer la monnaie syrienne par la sienne dans les territoires qu’elle occupe. Les occupations turque et israélienne se complètent et convergent en vue de servir les intérêts des États-Unis, a martelé la Syrie.
Dans sa plainte officielle, la Syrie a dit avoir demandé au Secrétaire général et au Conseil de mettre un terme aux ingérences étrangères hostiles et aux agissements visant à saper le processus politique. La Syrie a dit avoir aussi demandé au Secrétariat de préparer un rapport sur la conformité à la Charte et aux résolutions du Conseil des embargos économiques imposés aux Syriens par les États-Unis et l’Union européenne. Ce rapport devrait mettre en lumière les conséquences catastrophiques de ces mesures sur la vie des Syriens. « Nous avons toujours été la victime des règlements de comptes occidentaux », a affirmé la Syrie avant d’exhorter les pays occidentaux à « cesser vos pressions contre nous et à laisser les Syriens respirer ».