Conseil de sécurité: le Secrétaire général présente ses recommandations pour favoriser la contribution des jeunes aux efforts de paix et de sécurité
Le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui un débat public sur le thème « Vers le cinquième anniversaire du programme jeunesse, paix et sécurité: accélérer l’application des résolutions 2250 (2015) et 2419 (2018) ». Le Secrétaire général a saisi l’occasion pour énoncer quatre recommandations et aller de l’avant.
En raison de la distanciation sociale imposée par la COVID-19, c’est depuis leur Mission que les 15 États membres font leur déclaration et conversent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour eux. Aujourd’hui, la représentante du Réseau des jeunes bâtisseurs de la paix du Yémen, Olla Al-Sakkaf, et le fondateur sud-soudanais de l’Initiative d’autonomisation des jeunes adultes, Gatwal Augustine Gatkuoth, se sont joints au Secrétaire général et à son Envoyée pour la jeunesse, Jayathma Wickramanayake.
M. António Guterres a estimé que le monde ne peut se permettre « une génération perdue de jeunes », ni prendre le risque que les jeunes soient mis en échec par la COVID-19, sans moyen de faire entendre leurs points de vue. Le Secrétaire général a fait quatre recommandations et appelé d’abord à davantage d’efforts, à la lumière de « Absents de la paix », l’étude indépendante de 2018 sur les progrès du programme jeunesse, paix et sécurité. Il a aussi appelé à investir dans la participation des jeunes aux processus de prise de décisions, dans leurs organisations et leurs initiatives.
Troisièmement, a-t-il poursuivi, nous devons renforcer la protection des droits de l’homme et protéger l’espace civique dont dépend la participation des jeunes. Le Secrétaire général a souhaité que le monde émerge de la crise de COVID-19 avec une détermination à faire mieux en investissant massivement dans la faculté des jeunes à contribuer à la mise en œuvre des objectifs de développement durable. Enfin, M. Guterres a insisté sur le fait que les jeunes ne sont pas des sujets à protéger, mais des citoyens égaux en droits, membres à part entière de nos sociétés et puissants agents de changement.
Les deux résolutions du Conseil de sécurité identifient cinq domaines d’action: la participation, la protection, la prévention, le désengagement et la réintégration des jeunes et les partenariats. Or, l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse a estimé qu’il y a encore beaucoup à faire pour intégrer ces éléments dans les efforts de l’ONU. Sur 253 résolutions adoptées par le Conseil depuis 2015, seules 16% contiennent des références significatives à la jeunesse. Elle a prié le Conseil d’envisager des rapports réguliers et systématiques sur la mise en œuvre des résolutions 2250 et 2419. Mais elle a prévenu qu’aucune mesure ne peut être mise en œuvre sans un financement suffisant des organisations de jeunes.
« Lorsque nous excluons les jeunes, nous les réduisons au silence et c’est notre avenir que l’on réduit au silence », a prévenu le Niger. Libérer le potentiel des millions de jeunes africains est une chance non seulement pour l’Afrique mais pour l’ensemble du monde. Pour que le dividende démographique devienne le dividende de la paix au Soudan du Sud, le fondateur de l’Initiative d’autonomisation des jeunes adultes a proposé quatre pistes. Nous avons besoin de la communauté internationale pour soutenir et investir dans notre travail pour que nous puissions promouvoir la participation et l’inclusion des jeunes dans toutes les phases et tous les volets des pourparlers de paix et autres processus soutenus par l’ONU, a confirmé la représentante du Réseau des jeunes bâtisseurs de la paix du Yémen. « Les acteurs nationaux, régionaux et internationaux sont-ils vraiment prêts à combler le fossé intergénérationnel? » s’est tout de même demandé l’Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a précisé que 1,54 milliard d’enfants et de jeunes sont actuellement privés d’école en raison de l’épidémie de COVID-19 et que de nombreux jeunes déplacés, réfugiés, voire prisonniers de conflits, sont encore plus vulnérables en raison de cette pandémie.
Indépendamment de cette crise, il a relevé qu’un jeune sur cinq dans le monde n’est ni scolarisé, ni formé, ni employé, qu’un jeune sur quatre est touché par la violence ou un conflit, et que 12 millions de filles deviennent mères chaque année alors qu’elles sont elles-mêmes encore des enfants. Face à toutes ces difficultés, le Secrétaire général a salué la capacité des jeunes à toujours trouver les moyens de s’engager, de se soutenir mutuellement, ainsi que d’exiger et de conduire le changement.
Nous le voyons dans notre bataille contre la COVID-19, a-t-il dit en notant qu’en Colombie, au Ghana, en Iraq et dans plusieurs autres pays, de jeunes pacificateurs et humanitaires livrent des fournitures aux agents de santé en première ligne et aux personnes dans le besoin. « Ils gardent la communication ouverte au sein des communautés pour maintenir la cohésion sociale malgré la distance physique et ils soutiennent mon appel à un cessez-le-feu mondial », s’est félicité le Secrétaire général en donnant l’exemple du combat contre les changements climatiques: le mouvement des vendredis pour l’avenir se poursuit, car les jeunes savent que leurs perspectives et leurs aspirations sont en jeu.
Cinq ans seulement après l’adoption de la résolution 2250 du Conseil de sécurité, des mesures encourageantes sont prises pour permettre aux jeunes de jouer leur rôle essentiel dans l’édification de sociétés pacifiques et justes. De la prévention à la médiation, de l’aide humanitaire à la réconciliation après un conflit, les jeunes agissent à travers des mécanismes formels et informels, en utilisant les plateformes traditionnelles comme les nouvelles technologies.
M. Guterres a cité le rôle des jeunes dirigeants tout au long du processus qui a mené à l’Accord de paix de 2016 en Colombie, des jeunes femmes militantes de la paix qui ont organisé des dialogues interreligieux aux Philippines pour renforcer l’appropriation locale de la loi organique de Bangsamoro, avant de parler aussi des jeunes du Soudan du Sud, qui ont utilisé la campagne en ligne #SouthSudanIsWatching pour affirmer leurs droits en tant qu’observateurs du Forum de revitalisation de haut niveau. Il a aussi mentionné l’engagement de jeunes étudiants syriens en médecine qui aident des ingénieurs à fabriquer des fournitures médicales. Il a encore évoqué les programmes mis en place par les opérations de maintien de la paix dont bénéficient aujourd’hui plus de 6 500 anciens combattants, pour la plupart des jeunes, en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, au Mali et au Soudan.
Le Secrétaire général s’est félicité des réseaux mondiaux de soutien aux jeunes artisans de paix en citant l’élaboration par l’Union africaine d’un cadre continental sur la jeunesse, la paix et la sécurité, ainsi que les échanges du Conseil de sécurité avec des jeunes lors de ses déplacements sur le terrain. La Commission de consolidation de la paix (CCP) a fourni aux jeunes bâtisseurs de la paix une plateforme pour présenter leurs travaux et recommandations politiques, a aussi relevé le Secrétaire général. Il a précisé que des jeunes réfugiés ont contribué à façonner le Pacte mondial sur les réfugiés tandis que des pays comme la Finlande, la Gambie et le Nigéria élaborent des feuilles de route nationales pour la jeunesse, la paix et la sécurité. Le Secrétaire général a souligné les efforts de l’ONU pour intégrer ce programme dans l’ensemble de l’Organisation, guidé par la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse.
M. Guterres a toutefois reconnu que les possibilités de participation des jeunes à la paix restent insuffisantes alors que de nombreux jeunes bâtisseurs de la paix signalent que leur participation n’est pas bien accueillie par le public ni par ceux qui occupent des postes au pouvoir. Il a noté que cela est particulièrement évident pour les jeunes femmes et que l’exclusion de la prise de décision politique accroît encore leur vulnérabilité à la discrimination, à la violence et à l’exploitation sexuelles, à la traite et au mariage précoce.
Notant que seuls 2,2% des parlementaires dans le monde ont moins de 30 ans, il a jugé qu’il n’était pas surprenant de constater une baisse du taux de participation des jeunes électeurs dans le monde, reflétant une insatisfaction croissante à l’égard des institutions politiques. Il a également jugé préoccupantes les informations faisant état de menaces et de violations des droits de l’homme à l’encontre de jeunes artisans de la paix et défenseurs des droits de l’homme.
« Derrière tout cela, il y a un investissement insuffisant dans la prévention et pour garantir aux jeunes la possibilité de progresser dans la vie », a estimé le Secrétaire général avant de prévenir qu’une crise mondiale de l’apprentissage menaçait déjà, même avant la COVID-19, de saper les perspectives à long terme de développement et de cohésion sociale, en particulier dans les situations de conflit.
Alors que la crise se multiplie, couplée à une augmentation massive de la pauvreté et du chômage, le Secrétaire général a lancé un appel à l’action sur la jeunesse, la paix et la sécurité en faisant quatre recommandations.
Premièrement, il a appelé à faire plus pour relever ces défis, guidés par les conclusions de l’étude indépendante sur les progrès de la paix et de la sécurité des jeunes.
Puis, il a appelé à investir dans la participation, les organisations et les initiatives des jeunes. « Le Fonds pour la consolidation de la paix est un outil précieux, et je vous exhorte à vous assurer qu’il dispose des ressources dont il a besoin. »
« Troisièmement, nous devons renforcer la protection des droits de l’homme et protéger l’espace civique dont dépend la participation des jeunes », a-t-il insisté.
Enfin, le Secrétaire général a appelé à sortir de la crise de COVID-19 avec « la détermination de mieux nous relever -en augmentant massivement nos investissements dans les capacités des jeunes– dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable ».
Le Secrétaire général a appelé, à travers ce travail, à s’assurer que les efforts reflètent une compréhension fondamentale: les jeunes ne sont pas des sujets à protéger, mais doivent être considérés comme des citoyens égaux en droits, comme des membres à part entière de nos sociétés et comme de puissants agents de changement.
Il a estimé que le monde ne peut pas se permettre une génération perdue de jeunes, ni de prendre le risque que les jeunes soient mis en situation d’échec par la COVID-19 et que leurs voix soient étouffées par un manque de participation. « Faisons beaucoup plus pour exploiter leurs talents alors que nous luttons contre la pandémie et préparons une reprise qui mène à un avenir plus pacifique, durable et équitable pour tous », a-t-il conclu.
Cinq ans, après l’adoption de la résolution 2250 (2015) du Conseil de sécurité, Mme JAYATHMA WICKRAMANAYAKE, Envoyée du Secrétaire général pour la jeunesse, a estimé que cette réunion est l’occasion de faire un état des lieux du programme jeunesse, paix et sécurité. Elle s’est réjouie d’être aux côtés du Secrétaire général de l’ONU et de deux jeunes militants de la paix, Olla Al-Sakkaf, du Yémen, et Gatwal Augustine Gatkuoth, du Soudan du Sud, pour entendre les recommandations clefs du premier rapport d’un secrétaire général.
« Des approches innovantes et nouvelles sont nécessaires pour traduire en réalité les politiques de paix et de sécurité des jeunes », a-t-elle dit. Alors que le rapport documente les pratiques, les enseignements et les engagements importants qui ont émergé de la mise en œuvre du programme jeunesse, paix et sécurité, une stratégie claire codirigée par les jeunes et les États Membres, en particulier au niveau des pays, est essentielle.
L’Envoyée du Secrétaire général a noté que les rapports du Secrétaire général évoquent de plus en plus la situation des jeunes. Elle a néanmoins estimé qu’il y a encore beaucoup à faire pour intégrer cette question dans les efforts des Nations Unies. Illustrant son propos, elle a relevé que sur 253 résolutions adoptées par le Conseil de sécurité depuis 2015, seules 16% contiennent des références significatives à la jeunesse.
Elle s’est dite heureuse de voir que le rapport du Secrétaire général se fonde sur les cinq piliers de la résolution 2250 et s’inspire des recommandations stratégiques et globales formulées dans l’étude intitulée « Les absents de la paix: étude indépendante sur les jeunes et la paix et la sécurité » (A/72/761-S/2018/86), présentée en 2018. Sur la base du rapport, a-t-elle dit, mes principales recommandations font écho à la voix des jeunes avec lesquels j’ai interagi lors de mes missions dans le monde et de ceux qui ont participé à l’enquête que j’ai menée en ligne, juste avant cette réunion, a indiqué l’Envoyée du Secrétaire général.
Les jeunes, a-t-elle souligné, jugent nécessaire de créer des partenariats plus significatifs entre eux, les organisations de la société civile et les institutions gouvernementales qui travaillent sur le programme jeunesse, paix et sécurité. S’il n’existe aucun plan d’action national sur la question, elle s’est réjouie que certains États y travaillent. Pour assurer le succès des feuilles de route nationales, elle a prôné un processus participatif, transparent et dirigé par les jeunes, sans oublier des ressources adéquates. Elle a d’ailleurs salué l’augmentation du nombre de coalitions nationales depuis l’adoption de la résolution 2250.
Dans ce contexte, elle a encouragé tous les États Membres à mettre en place des mécanismes multipartites pour engager véritablement les jeunes dans la planification et la prise de décisions sur la consolidation de la paix et la reconstruction post-conflit et dans les discussions sur l’allocation des ressources. Deuxièmement, une participation significative de tous les jeunes à l’édification d’une paix durable doit être assurée; la participation étant reconnue comme un droit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme.
L’Envoyée du Secrétaire général a insisté sur le fait que tous les jeunes doivent pouvoir participer à la conduite des affaires publiques, compte tenu de leurs droits et libertés. Cette participation englobe un large éventail d’actions, allant de la participation formelle aux processus politiques, électoraux ou de paix, à la participation informelle au niveau communautaire et dans les espaces numériques. Elle a appelé à la création d’espaces spécifiquement dédiés aux jeunes, « où ils sont vus et respectés comme des citoyens dotés de droits égaux, de voix égales et d’une influence égale ».
Bien que l’inclusion ait montré un impact positif sur la viabilité des accords de paix, les jeunes sont toujours exclus des décisions qui ont un impact direct sur leurs perspectives de paix actuelles et futures, s’est-elle indignée. La conclusion principale du premier Symposium international sur la participation des jeunes aux processus de paix, tenu à Helsinki en mars 2019, est que les jeunes hériteront soit des avantages, soit des conséquences à long terme d’un accord de paix. Par conséquent, tous les États Membres doivent faire tout pour que les jeunes participent de manière informelle et formelle aux processus de paix.
Les jeunes, a-t-elle poursuivi, réclament aussi des mécanismes solides pour les militants et les bâtisseurs de paix de leur génération. Les jeunes militants sont en effet régulièrement menacés par les acteurs étatiques et non étatiques pour avoir instauré la paix dans leur communauté ou tout simplement coopéré avec les Nations Unies. Ces menaces sont aussi bien des menaces physiques, juridiques et politiques que socioculturelles, numériques ou financières.
Avec la pandémie de COVID-19 et ses restrictions à la liberté de mouvement, les couvre-feux et la surveillance accrue en ligne et hors ligne, l’espace civique, a noté l’Envoyée du Secrétaire général, continuent de rétrécir dans le monde entier, risquant de ralentir tout progrès. Comme aucune donnée n’est collectée systématiquement sur les violations des droits des jeunes pacifistes et défenseurs des droits humains, elle a exhorté les États Membres à créer un environnement inclusif et sûr et sensible dans lequel ces pacifistes et défenseurs reconnus, appuyés et protégés.
L’opérationnalisation du programme jeunesse, paix et sécurité, a-t-elle martelé, nécessite coordination, cohérence et intégration, ainsi que volonté et engagement politiques. L’Envoyée du Secrétaire général a prévenu qu’aucune recommandation ne peut être mise en œuvre sans un financement suffisant et une bonne responsabilisation du système des Nations Unies et de ses États Membres. Il est urgent, a-t-elle insisté, d’avoir un financement flexible et accessible aux organisations dirigées par des jeunes, aux Nations Unies et aux autres partenaires de la société civile. Elle a vivement recommandé au Conseil d’envisager des rapports réguliers et systématiques sur la mise en œuvre des résolutions 2250 et 2419.
L’Envoyée spéciale a jugé vital de suivre les progrès pour garantir la responsabilisation. Elle a dit l’importance de passer à une approche fondée sur le partenariat, en particulier avec la société civile et les organisations dirigées par des jeunes comme indiqué dans la Stratégie des Nations Unies pour la jeunesse, Jeunesse 2030, adoptée en 2018.
Si l’ONU et le Conseil de sécurité ne parviennent pas à traduire en actes les résolutions pertinentes en action et si ce programme n’est pas promu par une politique mondiale aux niveaux régional et national avec une action programmatique, alors les jeunes, a-t-elle prévenu, perdront leur confiance dans les institutions et le multilatéralisme. Nous ne pouvions pas nous permettre de perdre la confiance des jeunes, qui constituent « le plus grand atout et le plus grand espoir d’un avenir meilleur ». « Les acteurs nationaux, régionaux et internationaux sont-ils prêts à combler le fossé intergénérationnel? »
Mme OLLA AL-SAKKAF, Réseau des jeunes bâtisseurs de paix du Yémen, a présenté son organisation comme un réseau mondial qui vise à mettre fin à la violence et à l’exclusion des jeunes, transformer les structures de pouvoir pour permettre une participation significative des jeunes et offrir une plateforme pour que les jeunes agissent ensemble sur les décisions qui les affectent. Ce que vous vivez aujourd’hui avec la pandémie, a dit la jeune femme, c’est notre réalité depuis le début de la guerre en 2015. Les gens se plaignent d’être confinés mais avez-vous pensé aux millions de déplacés dans le monde, qui n’ont nulle part où se réfugier? « J’habite à Taëz, a-t-elle expliqué, une ville assiégée depuis 2016 où au lieu des 10 minutes pour aller d’un point à l’autre, les gens font 5 à 6 heures. J’ai assisté à plus de funérailles qu’à des mariages. Je me réveille tous les matins en regardant le soleil, sans savoir si je vais le revoir. Quand je vois mes amis, la même angoisse gâche tout: est-ce la dernière fois que je les vois. Quand je marche dans les rues, j’ai peur d’être tuée par une mine, une frappe aérienne ou une balle perdue. Nous faisons face à la mort partout et à tout moment. »
Dans cette obscurité, a estimé la jeune femme, il y a une lueur d’espoir. Bien que nous manquions de soutien, d’opportunités et de reconnaissance nous, les jeunes yéménites, faisons de notre mieux pour survivre et bâtir un avenir meilleur. Nous nettoyons les lieux publics, nous informons les gens sur la manière de se prémunir contre la COVID-19 et nous risquons nos vies pour sauver les victimes des inondations d’Aden et de Sanaa. Les organisations de jeunes travaillent aussi avec leurs communautés et les autorités pour renforcer les capacités du système de santé, en restaurant les établissements, en fournissant des désinfectants et en formant le personnel médical.
Nos efforts ne sont pas seulement une réponse au coronavirus, ils sont aussi une façon de construire la paix et de préparer le retour à la normale. Les organisations de jeunes, a souligné Olla, jouent un rôle important dans la transition de l’aide humanitaire à la consolidation de la paix. Mais, s’est résignée la jeune femme, nous ne pouvons seuls assurer la paix et la prospérité. Nous avons besoin de la communauté internationale pour soutenir et investir dans notre travail pour que nous puissions promouvoir la participation et l’inclusion des jeunes dans toutes les phases et tous les volets des pourparlers de paix et autres processus soutenus par l’ONU. La communauté internationale, a plaidé la jeune femme, doit augmenter le financement du programme jeunesse, paix et sécurité et veiller à ce que la question reste à l’ordre du jour du Conseil de sécurité. Paraphrasant l’Envoyé spécial, M. Martin Griffiths, la jeune femme a conclu: « le Yémen ne peut pas faire face à deux fronts en même temps: une guerre et une pandémie ». Elle a appelé le Conseil à soutenir l’appel à un cessez-le-feu véritablement respecté.
Jeune du Soudan du Sud, « la plus jeune nation du monde », GATWAL GATKUOTH, a expliqué que son père est né pendant la première guerre civile dans un petit village. Ne sachant ni lire ni écrire, il a consacré sa jeunesse à deux choses: se cacher et élever du bétail dans les périodes relativement calmes. C’est la deuxième guerre civile, a dit Gatwal, qui m’a séparé de mes parents que je n’ai retrouvés que huit ans plus tard, en 2010, après avoir trouvé refuge dans un camp en Ouganda où j’ai pu suivre une éducation. Pour moi, a souligné le jeune, la consolidation de la paix est devenue une nécessité. C’est la raison pour laquelle, a-t-il dit, j’ai créé en 2015, l’Initiative d’autonomisation des jeunes adultes.
Au Soudan du Sud, a-t-il affirmé, ce sont les jeunes qui ont donné forme au processus de paix, en participant au Forum de haut niveau sur la revitalisation et en créant des alliances avec les groupes de femmes, ce qui a conduit à la prise en compte dans les négociations de la situation des jeunes réfugiés, des jeunes déplacés, des jeunes des campagnes et des jeunes enrôlés par les factions armées. Cela a aussi permis de renforcer la participation des jeunes dans les structures de gouvernance.
Aujourd’hui, a poursuivi le jeune, nous identifions nos préoccupations et nos aspirations comme des jeunes sud-soudanais et pas comme des membres d’une des 64 tribus. Gatwal a salué la création de la coalition des organisations de la société civile dirigée par les jeunes à Djouba et la nomination du Premier Ministre de la jeunesse lequel rapproche un peu plus les jeunes du processus de prise de décisions. Mais, a-t-il reconnu, les jeunes se heurtent toujours face à des obstacles structurels pour accéder aux processus politiques, sociaux et économiques. Dans une société patriarcale, les jeunes femmes sont toujours exclues des efforts de paix et de la vie politique. Malheureusement, avec la COVID-19, la participation des jeunes se réduit encore plus.
Que faut-il faire pour que le dividende démographique devienne le dividende de la paix au Soudan du Sud? Gatwal a ouvert quatre pistes et d’abord que le Conseil de sécurité et les autres parties prenantes aident le Gouvernement sud-soudanais à assurer une participation effective des jeunes à la prise de décisions. Les États Membres, les organisations internationales et les défenseurs des droits de l’homme doivent respecter et protéger la liberté de réunion, d’expression et de participation des jeunes à la vie publique. Les organisations internationales doivent aussi tendre la main aux organisations de jeunes pour définir des programmes de désengagement, désarmement et réintégration et créer des réseaux de suivi dirigés par les jeunes, en consultation avec les jeunes combattants. Enfin les États membres de l’Union africaine doivent renforcer leur appui aux efforts des jeunes pour faire taire les armes, sortir des conflits et réaliser la paix sur le continent. Les jeunes sud-soudanais ne demandent ni documents politiques ni résolutions. Ils veulent s’impliquer à tous les niveaux de la prise de décisions et la pleine mise en œuvre des résolutions 2250 et 2419.
Le Niger a rappelé que l’Afrique est le plus jeune continent du monde et que cette jeunesse est une opportunité pour le continent et le monde. Libérer le potentiel des millions de jeunes africains changerait la donne, a-t-il dit, en s’inquiétant des effets de la situation sécuritaire au Sahel sur la jeunesse et en rappelant que la majorité des combattants de Boko Haram sont des jeunes qui ont perdu leurs illusions par manque d’opportunités. Mettant l’accent sur la dimension réintégration, un des cinq piliers de la résolution 2250 (2015), le Niger a précisé que 240 ex-combattants de Boko Haram, se sont rendus volontairement aux autorités nationales depuis 2017, et ont rejoint un centre de réintégration. Le Niger a réaffirmé la nécessité de continuer de renforcer la pleine participation des femmes à la paix et à la sécurité. Des jeunes femmes comme le capitaine Ouma Laouali, première femme pilote de l’armée de l’air nigérienne, qui vient de terminer sa formation, démystifient les stéréotypes sur les jeunes, et les jeunes femmes, en particulier, s’est réjoui le Niger.
Il a regretté que seulement 20% des accords de paix signés entre 1990 et 2018 contiennent des dispositions spéciales pour les femmes et a appelé à une approche sexospécifique de la prévention des conflits pour élargir et consolider l’espace civique des jeunes femmes. « Lorsque nous excluons les jeunes, nous les réduisons au silence et c’est notre avenir que l’on réduit au silence », a prévenu le représentant le Niger, qui a appelé à la mise en place de programmes de soutien à la réintégration des enfants et des jeunes sauvés des conflits armés et à l’adoption d’un protocole pour le transfert des enfants de la détention militaire aux autorités civiles de protection de l’enfance. Le Niger a également demandé un appui financier et technique renforcé au travail essentiel des jeunes, en particulier les jeunes femmes, dans les zones de conflit, conformément aux recommandations des résolutions 2250 (2015) et 1325 (2000). Il a appuyé la désignation d’un point focal pour la jeunesse dans chaque mission de paix de l’ONU et exhorté tous les États Membres à mettre en place des instances permettant la participation systématique des jeunes aux différents processus décisionnels nationaux, régionaux et internationaux. L’institutionnalisation par l’Union africaine du programme jeunesse, paix et sécurité a permis de créer une plateforme unique pour renforcer le rôle de la jeunesse africaine dans l’initiative Faire taire les armes, a rappelé le Niger.
La Tunisie a souligné l’importance des cinq piliers mis en évidence par la résolution 2250 -à savoir la participation, les partenariats, la prévention, la protection et le désengagement et la réintégration- pour promouvoir le rôle et la contribution des jeunes aux processus de paix et à la résolution des conflits. Elle a été d’avis que les jeunes doivent avoir accès aux opportunités économiques, à la participation politique, aux services sociaux et à la sécurité, et qu’ils doivent être protégés de toutes les formes de marginalisation et de stigmatisation pouvant conduire à la radicalisation et à l’extrémisme violent. La Tunisie a salué les efforts considérables déployés par la communauté internationale pour reconnaître et promouvoir le rôle des jeunes dans les processus de consolidation de la paix. Elle a souhaité que ces efforts soient poursuivis et renforcés par les Nations Unies afin de rendre plus opérationnelles les résolutions 2250 et 2419 du Conseil de sécurité et d’institutionnaliser le programme jeunesse, paix et sécurité.
Pour ce faire, la Tunisie a proposé des mesures supplémentaires dont l’inclusion dans les mandats de mission d’un langage spécifique encourageant la participation significative des jeunes aux efforts de paix et de sécurité, y compris dans la médiation et les négociations de paix, le suivi des cessez-le-feu et la mise en œuvre des accords de paix. Elle a aussi proposé l’intégration de la question « jeunesse, paix et sécurité » dans les rapports spécifiques aux pays et les débats du Conseil. Enfin, la Tunisie a plaidé pour l’élaboration et l’adoption de feuilles de route et de plans d’action nationaux pour la mise en œuvre des résolutions 2250 et 2419.
Nous sommes ici, ont estimé les États-Unis, pour évaluer les progrès dans la mise en œuvre des résolutions 2250 et 2419. Ils en ont profité pour souligner, une nouvelle fois, que l’efficacité de la lutte contre la COVID-19 exige des gouvernements transparence et responsabilité, pleine participation de la société civile et à accès à l’information, sans oublier l’engagement des jeunes. Malheureusement, ont-ils reconnu, des obstacles subsistent à cet engagement, dont les intimidations, les violations des droits de l’homme et l’insuffisance des investissements dans les systèmes qui facilitent l’implication des jeunes, en particulier le secteur de l’éducation. Les États-Unis se sont dits particulièrement préoccupés par les atteintes aux libertés des jeunes activistes des droits de l’homme et bâtisseurs de paix.
Le Conseil de sécurité doit reconnaître, ont-ils poursuivi, que les leaders mondiaux souffrent d’un déficit de confiance. Beaucoup de gens ont perdu leur foi dans les institutions et lorsqu’ils sont marginalisés ou discriminés, ils deviennent la proie des groupes terroristes. Pour sa part, ont affirmé les États-Unis, l’Administration américaine continuera à aider les jeunes à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour influencer les politiques de leur pays. Il s’agit, ont-ils expliqué, d’établir des partenariats avec des jeunes leaders du monde entier et d’amplifier leur voix au sein du système des Nations Unies. Les sociétés justes et pacifiques, ont martelé les États-Unis, sont celles qui écoutent et intègrent l’opinion et les attentes des jeunes. Leur voix doit être entendue et valorisée, et leur participation, garantie.
L’Afrique du Sud a salué l’initiative de la Jordanie, qui, au cours de son mandat au Conseil de sécurité en 2015, avait initié la résolution historique 2250 du Conseil de sécurité. Le pays a aussi rendu hommage au Pérou pour son important rôle dans la réalisation du programme jeunesse, paix et sécurité, en particulier avec l’adoption de la résolution 2419, avant de saluer le présent débat initié par la République dominicaine dans cet environnement incertain en raison de la pandémie de COVID-19. Sous sa propre présidence, l’Afrique du Sud s’était évertuée à donner la priorité au rôle des jeunes et à leur contribution au programme jeunesse, paix et sécurité dans le cadre des efforts visant à faire taire les armes en Afrique d’ici à 2020. Cela avait d’ailleurs abouti à l’adoption d’une déclaration présidentielle du Conseil contenant six mesures supplémentaires qui peuvent être prises pour accélérer la mise en œuvre de la mobilisation des jeunes pour faire taire les armes en Afrique, une initiative qui est encore au goût du jour avec l’appel cette année du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial.
Le rôle des jeunes en matière de paix et de sécurité revêt une importance particulière pour le continent africain où certaines estimations indiquent que 60% de la population a moins de 25 ans, a noté la délégation. Elle a dit soutenir les efforts visant à exploiter pleinement et à soutenir l’innovation de la contribution des jeunes à la paix, notamment par l’investissement dans les capacités des jeunes, l’élimination des obstacles structurels qui limitent la participation des jeunes à la paix et à la sécurité, et la mise en relief des partenariats et l’action collaborative, dans un contexte où les jeunes sont considérés comme des partenaires égaux et essentiels pour la paix.
En ce qui concerne les domaines des cinq piliers d’actions clefs, l’Afrique du Sud a estimé qu’en matière de participation, il faut reconnaître le rôle joué par les jeunes en tant qu’agents de changement, car ils ont contribué à faire avancer les objectifs de la lutte pour la libération et la démocratie dans le pays. En effet, ce sont les jeunes qui étaient souvent en première ligne de la bataille pour la liberté et qui sont désormais également à l’avant-garde de la lutte contre la pauvreté, les inégalités et le chômage en Afrique du Sud. Par conséquent, le Gouvernement sud-africain a placé l’autonomisation des jeunes au centre de son programme de développement et mis en place des programmes dédiés à leur éducation, à la création d’emplois et au développement.
Deuxièmement, en matière de protection et de prévention, l’Afrique du Sud soutient la création d’un environnement sûr et propice pour les jeunes en situation de conflit, en particulier les jeunes réfugiés et déplacés. Cela sera essentiel pour créer un environnement post-conflit favorable à la participation positive des jeunes à l’économie et à la société en général, et une mesure préventive pour lutter contre les inégalités, la discrimination, l’exclusion et les violations des droits de l’homme. La délégation a également demandé au Conseil de sécurité de ne pas oublier le sort de millions de jeunes migrants aux quatre coins du monde.
Troisièmement, la délégation a plaidé pour l’engagement actif des jeunes et des organisations de jeunesse dans les processus multilatéraux, afin d’assurer des partenariats à long terme et de faire en sorte que la voix des jeunes se reflète dans tous les engagements. Il est donc important d’intégrer et d’institutionnaliser la participation et les partenariats des jeunes dans tous les processus de paix et de sécurité. L’Afrique du Sud a invité la communauté internationale à s’inspirer du cadre continental pour la jeunesse, la paix et la sécurité, élaboré par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine dans le cadre de l’architecture de paix et de sécurité du continent, ainsi que l’étude sur les rôles et les contributions des jeunes à la paix et la sécurité en Afrique.
Le quatrième pilier d’action est la réforme du Conseil de sécurité, étant donné que de nouveaux organes du Conseil de sécurité sont créés dans les situations d’après-conflit. Et enfin, l’Afrique du Sud a identifié comme cinquième pilier l’autonomisation des jeunes femmes. Par conséquent, les résultats de cette réunion devraient renforcer le travail de mise en œuvre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité, adoptée lors de la présidence namibienne au Conseil de sécurité en 2000, et dont on célèbre aujourd’hui le vingtième anniversaire.
La France a souligné le rôle unique joué par les jeunes dans le renforcement de la réponse à la pandémie de COVID-19 et aux changements climatiques. S’il y a une prise de conscience grandissante de l’importance du rôle des jeunes, des défis subsistent, a-t-elle dit, en mentionnant les discriminations et stéréotypes qui visent les jeunes. Ces derniers demeurent largement exclus des processus de prise de décisions, des institutions politiques et du marché du travail. Il est trop souvent fait usage de stéréotypes comme prétextes pour ignorer leurs doléances et violer leurs droits, a-t-elle reconnu. La France a promis de continuer d’appeler au respect de la liberté d’expression et de la liberté de réunion pacifique partout et pour tous, en particulier en appuyant les jeunes défenseurs des droits de l’homme. La France a dit miser sur une éducation de qualité pour une autonomisation des jeunes, en particulier des jeunes femmes. Elle a rappelé sa contribution de 200 millions d’euros au Partenariat mondial pour l’éducation.
Cinq ans après l’adoption de la résolution pionnière 2250 (2015), nous devons continuer de garantir une place centrale aux jeunes et de tirer profit de leur potentiel pour bâtir des sociétés justes, pacifiques et inclusives, a déclaré la France. Nous continuerons, a-t-elle dit, de veiller à ce que les jeunes et les jeunes femmes soient associés à notre travail à l’ONU, y compris bien sûr au Conseil de sécurité. La France s’est dite favorable à l’adoption d’une résolution sur ce point de l’ordre du jour.
La Chine a déclaré attacher une grande importance au programme jeunes, paix et sécurité et a salué les progrès accomplis dans la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité sur ce sujet, notamment les résolutions 2250 et 2419. Elle a invité la communauté internationale à les appliquer pleinement et à aider les jeunes à jouer un rôle plus important dans la promotion de la paix et du développement dans le monde.
Pour ce faire, la Chine a suggéré en premier lieu d’intensifier les efforts pour protéger les jeunes, en prévenant les conflits et en les protégeant des méfaits du terrorisme et de l’extrémisme. Le Conseil de sécurité devrait, selon elle, défendre les buts et principes de la Charte des Nations Unies, promouvoir le règlement politique des différends et œuvrer à la prévention et au règlement des conflits par des moyens pacifiques. En outre, la communauté internationale devrait lutter résolument contre toutes les formes de terrorisme et d’extrémisme violent, en s’appuyant sur des normes unifiées et conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. La Chine a suggéré en particulier de combattre les idéologies du terrorisme et de l’extrémisme qui corrompent l’esprit des jeunes, tout en prenant des mesures de déradicalisation nécessaires et en réprimant l’infiltration de groupes terroristes et radicaux parmi les jeunes à travers l’Internet.
Deuxièmement, la délégation a dit de reconnaître et soutenir le rôle important des jeunes dans la promotion de la paix et de la sécurité. Elle a suggéré de prendre pleinement en considération les facteurs liés à la jeunesse dans le règlement politique des questions critiques, d’assurer la participation constructive des jeunes au processus de paix de leur pays d’origine, de tirer parti des forces des jeunes et d’écouter leurs opinions. De même, les jeunes devraient être autorisés à participer à la prévention et au règlement des conflits, à contribuer à la stabilité sociale et au développement, et à participer activement à la reconstruction post-conflit. Pour la Chine, l’ONU devrait renforcer les échanges et la coordination des programmes liés à la jeunesse et créer une synergie avec l’Union africaine, la Ligue des États arabes, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), l’Organisation de coopération de Shanghai et d’autres organisations régionales et sous-régionales.
Troisièmement, la Chine a proposé de promouvoir le développement inclusif, de créer un environnement favorable au développement des jeunes et d’œuvrer pour une paix durable. Ainsi, la communauté internationale devrait faire de la jeunesse un moteur essentiel de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et rechercher la paix par le développement. En outre, compte tenu de la pandémie de la COVID-19, la Chine a appelé à prendre très au sérieux les possibles perturbations dans l’éducation, l’emploi et l’accessibilité des services de santé pour les jeunes. Elle a recommandé d’inciter les jeunes à se joindre aux efforts de riposte à la pandémie, à aider les plus vulnérables et à contribuer à la prospérité sociale.
La Chine s’est activement engagée dans des programmes internationaux pour les jeunes, notamment en menant des échanges de jeunes et une coopération avec de nombreux pays et organisations internationales, y compris grâce à la création du Centre de coopération pour l’innovation sino-africaine pour promouvoir l’innovation et l’entrepreneuriat chez les jeunes. Elle a aussi aidé la Ligue des États arabes à former de jeunes professionnels, tout comme elle a lancé le programme d’échanges sino-latino-américain de jeunes scientifiques, entre autres. Le pays a également déployé « d’excellents jeunes soldats de la paix », y compris des femmes qui ont été envoyées dans diverses missions des Nations Unies.
Le Royaume-Uni a indiqué que les jeunes ont un rôle clef à jouer dans la riposte mondiale à la pandémie. Cela veut dire qu’il convient de les écouter, de prendre leurs besoins en considération et de faire en sorte qu’ils soient associés aux processus de prise de décisions. Nous devons joindre nos efforts dans la lutte contre le virus et nous devons veiller à ce que les jeunes n’en soient pas les premières victimes, a souligné la délégation, qui a déploré les conséquences profondes de la pandémie sur les systèmes éducatifs et rappelé que 1,5 milliard d’enfants et de jeunes ne sont plus scolarisés. Les retards dans la scolarité représentent un gaspillage considérable mais ils fragilisent aussi les sociétés. Sans éducation, a prévenu le Royaume-Uni, les jeunes privés d’espoir et de perspectives se tournent vers d’autres horizons, y compris la violence. La délégation a déclaré que les filles privées d’école courent un risque accru de violences sexuelles et de grossesses précoces. « Il est essentiel de rouvrir les écoles le plus tôt possible. »
Le Royaume-Uni s’est dit déterminé à concrétiser le droit de chaque fille à 12 années d’une scolarisation de qualité. Il a rappelé sa contribution supplémentaire de 6 millions de dollars au programme « L’Éducation ne peut pas attendre » qui vient en aide aux enfants et aux jeunes les plus vulnérables. La délégation s’est dite vivement préoccupée par les représailles contre les jeunes défenseurs des droits de l’homme. Nous pensons que ce Conseil doit œuvrer de concert pour instaurer un environnement favorable aux jeunes qui travaillent sur les questions de paix et de sécurité. Le Royaume-Uni a souligné que l’Afrique du Sud n’aurait jamais pu accéder à la liberté sans la mobilisation de ses jeunes, en particulier lors des soulèvements de Soweto en 1976.
L’Allemagne a noté le tableau contrasté dressé par le Secrétaire général dans son rapport, en notant tout d’abord un aspect positif de la question: la voix des jeunes est davantage prise en considération dans les processus de prévention des conflits et de consolidation de la paix. L’Allemagne finance un grand nombre de projets pour les jeunes, en particulier en Afrique, a-t-elle dit, en citant un projet au Burundi visant à renforcer la confiance entre les jeunes et la police. L’Allemagne est par ailleurs le premier soutien au Fonds pour la consolidation de la paix, qui s’engage, comme le montre son bilan, dans des projets promouvant l’inclusion des femmes et des jeunes.
La délégation a ensuite noté les défis considérables et les injustices qui demeurent, en rappelant qu’un jeune sur quatre est touché par la violence ou un conflit armé. Les jeunes femmes en particulier sont, de manière routinière, victimes d’intimidations et de harcèlement lorsqu’elles exercent leurs droits politiques ou participent à des processus de paix. « Toutes les barrières à la participation politique des femmes doivent être abattues. » Alors que les écoles sont fermées en raison de la pandémie, la délégation a résolument appuyé l’appel du Secrétaire général pour une « stratégie agressive de retour à l’école ».
Enfin, la délégation a jugé encourageant l’activisme des jeunes dans la lutte contre les changements climatiques, s’est dite en faveur d’une résolution visant à institutionnaliser ce point de l’ordre du jour et a appelé à la reconnaissance et à la promotion du rôle des jeunes comme parties prenantes des efforts de paix.
Le Viet Nam a identifié le déficit de sensibilisation, l’absence de cadre global pour les jeunes et l’insuffisance des ressources limitées comme principaux obstacles à la participation des jeunes, notamment les zones affectées par les conflits. Pour mieux promouvoir le programme jeunes, paix et sécurité, le Viet Nam a suggéré de redoubler d’efforts pour sensibiliser le public au rôle des jeunes, en particulier les jeunes femmes.
Sur le plan national, le pays a désigné mars comme « mois de la jeunesse », afin de célébrer les initiatives des jeunes et inspirer leur génération. Au niveau régional, l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) organise des dialogues annuels avec des représentants des jeunes afin d’écouter leurs points de vue sur les questions de paix, de sécurité et de développement. Miser sur des politiques de la jeunesse, c’est assurer un bon retour sur investissement. La délégation a appelé au renforcement de la coopération sur les questions liées aux jeunes, notamment par le biais des organisations régionales et sous-régionales que l’ONU devrait davantage solliciter.
Saint-Vincent-et-les Grenadines s’est déclarée encouragée par l’évolution continue de l’architecture « jeunes, paix et sécurité » en Amérique latine et dans les Caraïbes, évoquant notamment les initiatives de promotion de la paix des jeunes haïtiens qui se servent du sport dans les quartiers touchés par la violence. Il a aussi cité la contribution de nombreux jeunes au processus de paix en Colombie. La délégation a estimé qu’une action stratégique ciblée et suffisamment financée s’impose pour accélérer cet agenda dans le monde, notamment face aux idéologies antijeunes et à la menace grandissante de la COVID-19. Saint-Vincent-et-les Grenadines a plaidé pour le financement de la Commission de consolidation de la paix et une cohérence politique encore plus grande au sein de l’architecture « maintien de la paix de l’ONU ». Les jeunes doivent être sollicités, non seulement en tant que cibles des politiques mais comme concepteurs des politiques. Les financements doivent servir à la lutte contre le taux élevé du chômage des jeunes et les obstacles à l’éducation et à la formation. Cela est d’autant plus urgent que la pandémie risque d’aggraver le chômage et le désespoir chez les jeunes. Saint-Vincent-et-les Grenadines a d’ailleurs plaidé pour des solutions qui tiennent compte de l’intersection entre les programmes « femmes, paix et sécurité » et « jeunesse, paix et sécurité » afin d’assurer la participation des jeunes femmes à la consolidation de la paix et de répondre à la violence sexuelle et sexiste.
La Belgique a indiqué que sa déclaration avait été rédigée par le représentant belge de la jeunesse auprès des Nations Unies, un texte qui se concentre sur les changements climatiques et le discours de haine. « La crise climatique, tout comme la pandémie de COVID-19, n’est pas seulement une menace directe pour les moyens de subsistance de milliards de personnes, mais elle aggrave également les facteurs qui contribuent au conflit. » Notant que les États fragiles ont souvent une démographie plus jeune, la délégation a indiqué que les jeunes sont particulièrement vulnérables et souvent les premières victimes des conflits. Dans ce contexte, elle a exhorté les États Membres de l’ONU à s’attaquer à ce problème, d’autant plus que la population de jeunes à travers le monde devrait augmenter considérablement. Parce que cette génération de jeunes sera la première fortement touchée par le réchauffement climatique, cette génération doit être le premier groupe consulté pour ces questions climatiques.
Par ailleurs, mettant l’accent sur l’exclusion sociale, l’intolérance et le racisme qui contribuent tous au « discours de haine », la délégation a estimé que l’extrémisme et les actes de violence résultant de ces discours pourraient être évités si les sociétés étaient plus inclusives. Elle a cité en exemple l’efficacité de campagnes comme le projet « Pas de discours de haine » du Conseil de l’Europe et ses activités nationales dédiées. Notant qu’Internet est une épée à double tranchant, la délégation a appelé les gouvernements à respecter la liberté individuelle tout en garantissant la sécurité des jeunes utilisateurs. « La nature mondiale d’Internet nécessite une approche globale et nous pensons que l’ONU constitue le bon forum », a insisté la Belgique.
La Fédération de Russie a estimé que la participation des jeunes à toute activité politique devrait être fondée sur leurs connaissances et compétences professionnelles, plutôt que motivée par le désir de produire de beaux chiffres statistiques ou de remplir certains quotas, en fonction de l’âge ou du sexe. « De plus, les jeunes ne devraient être impliqués dans aucune activité politique avant d’avoir atteint l'âge légal », a-t-elle insisté, avant de préciser que la tâche de promouvoir une image positive de la jeunesse ne doit pas faire oublier les véritables défis que doivent relever les membres du Conseil de sécurité. Il est bien connu que, « malheureusement, les jeunes sont particulièrement vulnérables à l’idéologie radicale », a relevé la délégation. À cet égard, la Fédération de Russie a estimé que les mécanismes antiterroristes des Nations Unies devraient être utiles pour aider les jeunes en encourageant une coopération plus étroite de la communauté internationale pour protéger les jeunes de l’influence des idéologies terroristes et radicales, en coupant les canaux par lesquels ces groupes incitent les jeunes, et en luttant contre l’utilisation d’Internet par des groupes terroristes pour le recrutement de jeunes.
La Fédération de Russie a appelé à accorder une attention particulière au phénomène d’ingérence dans les affaires intérieures d’États souverains par des parties prenantes externes « par l’endoctrinement et le lavage de cerveau des jeunes, en particulier dans le but de façonner le paysage politique national ou de renverser des autorités légitimes sous le “déguisement” de promouvoir la démocratie ou les droits humains ». La délégation russe a dit que son pays accorde une attention particulière au soutien des organisations de jeunesse et à la promotion du dialogue interculturel et interreligieux entre les jeunes. Ces efforts sont au cœur de la politique nationale de la jeunesse jusqu’en 2025, adoptée par le Gouvernement en 2014 et mise en œuvre aux niveaux fédéral, régional et municipal. Le pays organise de plus de nombreux séminaires et forums pertinents sur les plans national et international. En octobre 2017, la Fédération de Russie a accueilli le dix-neuvième Festival mondial de la jeunesse à Sotchi, qui a réuni plus de 20 000 jeunes de plus de 180 pays.
L’Estonie a salué la recommandation du Secrétaire général tendant à ce que les jeunes participent véritablement aux efforts de paix et de sécurité ainsi qu’à une plus grande interaction avec les représentants des jeunes, les jeunes artisans de la paix et les jeunes défenseurs des droits de l’homme, y compris lors des visites de pays du Conseil de sécurité. Pour la délégation, les jeunes sont une énorme source de nouvelles idées, solutions et innovations. Elle s’est inquiétée des conséquences de l’épidémie de la COVID-19 sur les jeunes en notant que, selon les estimations, 42 à 66 millions d’enfants pourraient tomber dans l’extrême pauvreté en raison de cette pandémie. « L’analyse de l’UNESCO montre que 91% des étudiants dans le monde sont touchés par les fermetures d’écoles et plus de 1,5 milliard d’élèves dans 191 pays ont du mal à poursuivre leurs études normalement », a relevé l’Estonie en ajoutant que cela entraînera de plus grandes lacunes en matière d’éducation, de moins bonnes perspectives d’avenir et peut-être une radicalisation chez les jeunes, constituant une menace pour la paix et la sécurité.
L’Estonie a estimé que l’utilisation de solutions numériques et de plateformes d’apprentissage à distance est un moyen d’atténuer les effets des fermetures d’écoles. « Aujourd'hui, avec la pandémie, ces capacités de e-éducation nous ont permis d’éviter la paralysie de notre système éducatif », a témoigné le pays avant de souligner l’importance cruciale de permettre aux enfants et aux jeunes de rester connectés et de poursuivre leurs études. L’UE, qu’a été un précurseur dans la mise en œuvre du programme jeunes, paix et sécurité, reste fermement attachée à la mise en œuvre des résolutions 2250 et 2419 du Conseil, a aussi souligné l’Estonie en rappelant que l’UE soutient actuellement 30 programmes de prévention des conflits et de réponse aux crises axées sur les jeunes, et ce, sur quatre continents.
L’Indonésie a indiqué que la participation des jeunes peut rendre plus légitime et pérenne les efforts de paix. Les écarter de l’équation ne peut qu’aboutir à une approche de paix déséquilibrée et créer un sentiment d’injustice, de nature à saper la paix, a-t-elle dit. La délégation a souligné la nécessité de renforcer la conscience sociale des jeunes, en rappelant que la démocratie en Indonésie n’aurait jamais pu être instaurée sans les mouvements de jeunes. De nombreux parlementaires indonésiens ont moins de 30 ans et plusieurs jeunes occupent des postes importants au sein du Gouvernement afin d’apporter des idées nouvelles, a-t-elle témoigné.
Les jeunes sont aussi les agents du changement au sein de leurs communautés et jouent un rôle vital dans la réfutation des récits des groupes extrémistes qui peuvent conduire à des actes terroristes. Un dialogue approfondi entre jeunes et responsables religieux locaux est crucial, a déclaré la délégation. « En engageant les jeunes, y compris les jeunes femmes, nous comprenons les situations sur le terrain et nous gagnons leur confiance; nous sommes plus à même de prévenir les conflits et plus compétents pour trouver des solutions pour une paix durable. » Enfin, alors que plus de 860 millions d’enfants et de jeunes sont affectés par la COVID-19, l’Indonésie a souligné le droit et l’obligation solennelle des jeunes de participer à la création d’un monde post-virus.
La République dominicaine a estimé que davantage d’efforts sont nécessaires pour institutionnaliser et assurer la mise en œuvre du programme jeunesse, paix et sécurité. La création d’un réseau régional de jeunes médiateurs et d’un réseau de point focaux au sein du système de l’ONU, y compris au sein des missions politiques spéciales et des opérations de paix est essentielle, a-t-elle dit. Elle a qualifié de « crucial » le rapport annuel du Secrétaire général et a voulu que davantage de mandats contiennent une référence spécifique aux résolutions 2250 et 2419. La délégation a relevé que la COVID-19 a un impact marqué sur les jeunes qui, a-t-elle ajouté, doivent être inclus à l’élaboration des politiques de riposte. De son côté, la République dominicaine a lancé un plan national de la jeunesse pour garantir la participation des jeunes à toutes les étapes de la prise de décisions, s’agissant notamment de l’accès à la justice et de la « sécurité citoyenne ». Il est également capital d’investir dans l’autonomisation des jeunes et d’accorder un financement important aux organisations de jeunes. La délégation a annoncé un projet de résolution élaboré avec la France.
Le débat était ouvert aux États non membres du Conseil de sécurité, mais la Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites au cours de la visioconférence et dont les textes ont été communiqués par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
*S/2020/302 et S/2020/167