Conseil de sécurité: Le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient s’inquiète des projets d’annexion d’Israël
Le Conseil de sécurité a organisé aujourd’hui son débat public trimestriel avec le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, qui a souligné que la région est confrontée au défi « monumental » de contenir la COVID‑19. M. Nickolay Mladenov s’est félicité des exemples louables de coopération entre Israël et la Palestine, dans la lutte commune contre la pandémie, tout en dénonçant la poursuite des confrontations et des combats, et leur lot de victimes civiles.
Il a alerté le Conseil de sécurité de la perspective « dangereuse » de l’annexion par Israël de certaines parties de la Cisjordanie occupée, craignant une violation grave du droit international, un coup dévastateur à la solution des deux États, la fin de tout espoir de négociation et une menace aux efforts visant à promouvoir la paix régionale.
COVID-19 oblige, c’est chacun dans sa Mission que les 15 membres font leurs déclarations et dialoguent avec leurs invités, grâce à un système de visioconférence spécialement conçu pour eux. Une majorité de délégations se sont faites l’écho des préoccupations du Coordonnateur devant une « annexion rampante » de la Cisjordanie, selon l’expression de l’Indonésie. « La détermination d’Israël à poursuivre dans cette voie démolira toute perspective de paix et sapera la stabilité régionale, tout en portant préjudice aux intérêts sécuritaires israéliens eux-mêmes », a-t-elle averti, appuyée en cela par la Chine ou bien encore l’Afrique du Sud.
Même son de cloche du côté de la France. Si elles étaient mises en œuvre, de telles mesures, a-t-elle prévenu, ne seraient pas oubliées dans nos relations avec Israël. Nous déconseillons vivement au Gouvernement israélien l’annexion de territoires palestiniens occupés, a prévenu, à son tour, l’Allemagne, « extrêmement préoccupée ».
La charge la plus virulente est venue de l’État de Palestine qui s’est dit « choqué » que l’annexion ait été au cœur des dernières négociations sur la formation du nouveau Gouvernement israélien. Nous sommes sûrs, a-t-il ironisé, que lorsque les dirigeants du monde appelaient à des négociations sur la paix, ils ne parlaient pas de négociations entre MM. Netanyahu and Gantz pour identifier les terres palestiniennes à voler et à annexer illégalement.
Comme le révèle l’accord « cynique » de ces derniers jours, a accusé l’État de Palestine, Israël va de l’avant, dans un mépris flagrant de la communauté internationale, convaincu que seul compte l’appui de son « principal maître ». Le plan de paix américain du 28 janvier et le projet d’annexion israélien détruiront la solution des deux États et renforceront le contrôle militaire israélien sur la terre et le peuple palestiniens, a-t-il pronostiqué.
Faisant mention de la pandémie de COVID-19, l’État de Palestine a indiqué que la coordination technique qui a prévalu jusqu’ici entre les deux côtés, et qui a été dûment saluée par les membres du Conseil, n’a pas mis fin aux violations incessantes. « Ne tombez pas dans le piège tendu par les autorités israéliennes qui se servent de la pandémie pour détourner l’attention de leurs crimes », a supplié l’État de Palestine.
« Alors qu’elle reçoit l’aide israélienne pour faire face au virus, l’Autorité palestinienne répand mensonges et provocations dans les médias et les lettres adressées à ce Conseil », a rétorqué Israël qui a dénoncé la promotion cynique de récits mensongers et le choix de la « haine et de la diffamation », au lieu de l’unité et de la solidarité.
« Comment osez-vous accuser les valeureux soldats israéliens de propager le virus? » a lancé Israël, en s’adressant à la délégation palestinienne. « Vos accusations ne sont pas seulement des mensonges éhontés, elles sont antisémites. Vous devriez avoir honte. » Encouragés par les « signes de bonne volonté, d’humanité et d’unité entre Israéliens et Palestiniens » face à la pandémie, les États-Unis ont vu une crise douloureuse qui « jette la clarté sur nos priorités ». « Une fois que la crise sera passée, nous espérons que nous ne perdrons pas cette clarté de vue », ont-ils poursuivi en réitérant le fait qu’« Israël n’a pas de meilleur ami que les États-Unis ».
La tâche de ce Conseil, ont-ils estimé, est d’aider les parties à se choisir un véritable leadership et d’œuvrer ensemble pour que la paix reste à portée de main. Le Niger a aussi espéré que la coordination entre Israéliens et Palestiniens puisse servir de « tremplin » pour une relance du processus politique.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a d’emblée souligné que la région est confrontée au défi « monumental » qui consiste à contenir la COVID-19. Il a rappelé l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial mais aussi celui qu’il a lui-même lancé, le 11 avril, avec ses homologues au Moyen-Orient lesquels en ont profité pour réitérer leur ferme engagement à soutenir la diplomatie préventive, à contribuer aux efforts visant à répondre aux conséquences sanitaires et socioéconomiques de la pandémie, à appuyer la coopération dans l’intérêt de la paix et à faciliter l’accès humanitaire. Ces derniers mois, a-t-il dit, nous avons vu des exemples louables de coopération dans la lutte commune contre la pandémie mais aussi la poursuite des confrontations et des combats, et leur lot de victimes civiles.
La perspective « dangereuse » de l’annexion par Israël de certaines parties de la Cisjordanie occupée est une menace grandissante, a alerté le Coordonnateur spécial, qui a dit craindre une violation grave du droit international, un coup dévastateur à la solution des deux États, la fin de tout espoir de négociation et une menace aux efforts visant à promouvoir la paix régionale. Les deux leaders politiques israéliens, qui ont signé, le 20 avril, un accord sur la formation du gouvernement, se sont aussi mis d’accord pour avancer sur l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie, à partir du 1er juillet, s’est alarmé le Coordonnateur spécial, ajoutant que l’Autorité palestinienne a menacé, en conséquence, d’annuler la mise en œuvre de tous les accords bilatéraux.
Malgré cette évolution préoccupante, le Coordonnateur spécial s’est dit encouragé de voir que la crise de la COVID-19 a créé des occasions de coopérer, espérant que ces occasions ne seront ni compromises ni détruites si le contexte politique entre Israël et l’Autorité palestinienne se détériore. En attendant, avec l’aide des Nations Unies, les deux parties coordonnent leurs efforts contre la menace commune et la reconnaissance de cette interdépendance, si la volonté politique est là, peut donner lieu à des progrès concrets vers le règlement du conflit, a estimé le Coordonnateur spécial.
Il a donc appelé les leaders israéliens et palestiniens à saisir cette occasion pour prendre des mesures en faveur de la paix et rejeter les actes unilatéraux qui ne peuvent que creuser le fossé entre les deux peuples et compromettre toute chance de paix. Le Coordonnateur spécial a parlé du plan de réponse de 34 millions de dollars mis en place par l’ONU pour lutter contre la pandémie en Cisjordanie occupée. Au-delà des initiatives de l’ONU, a-t-il dit, Israël aussi poursuit ses efforts pour faciliter l’acheminement de l’aide aux Palestiniens. Le Coordonnateur spécial a souligné l’implication de l’Office de travaux et de secours des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine au Proche-Orient (UNRWA) et s’est félicité de ce que la Jordanie et la Suède aient organisé hier le deuxième Dialogue stratégique au niveau ministériel sur l’UNRWA.
Malgré la collaboration des autorités israéliennes et palestiniennes, des problèmes subsistent, a indiqué le Coordonnateur spécial qui a cité la pénurie d’équipements et de personnels médicaux dans le Territoire palestinien occupé, due au manque de financement. Il a prévenu que l’Autorité palestinienne accuse déjà la chute la plus brutale de ses revenus, au cours des deux dernières décennies. Le déficit budgétaire devrait dépasser le milliard de dollars. Le Coordonnateur spécial s’est tout de même félicité des discussions en cours sur les mesures à prendre pour que dans les quatre prochains mois, les fonds transférés par Israël à l’Autorité palestinienne ne tombent pas en deçà de 137 millions de dollars par mois.
Après avoir fait état d’un calme relatif à la Gaza, d’incidents sporadiques en Cisjordanie, du maintien du cessez-le-feu dans le Golan syrien occupé et des efforts du Gouvernement libanais pour atténuer la crise économique, le Coordonnateur spécial a tracé une autre voie pour les Israéliens et les Palestiniens: celle d’un travail collectif pour moderniser et élargir les accords existants, celle de la consolidation du calme relatif à Gaza, celle de la mise en œuvre du rapport du Quatuor de 2016 et celle des mesures à prendre pour une solution négociée des deux États, fondée sur les résolutions des Nations Unies, les accords bilatéraux et le droit international.
L’État de Palestine a salué l’appel « sage » du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial lequel appel vise aussi, a-t-il estimé, à ce qu’Israël cesse sa guerre contre le peuple palestinien, arrête de lui nier son droit à l’autodétermination, stoppe la colonisation et l’annexion de facto de la terre palestinienne, mette fin à son blocus « immoral » de Gaza et libère les milliers de Palestiniens, dont des enfants, qui risquent aujourd’hui d’être contaminés par la COVID-19 dans des prisons surpeuplées. Israël doit être contraint d’honorer ses obligations juridiques en vertu de la Quatrième Convention de Genève et tenu responsable de ses violations. C’est, a souligné l’État de Palestine, la seule façon de sauver des vies et de garantir la paix et la justice. Dans le contexte de la pandémie, a-t-il estimé, la situation des Palestiniens est « unique et douloureusement grave ». La faculté de l’Autorité palestinienne à faire face à la pandémie a été anéantie par 53 ans d’occupation illégale, de dépossessions constantes, de privations et d’oppression. Cette crise ne peut qu’exacerber une situation déjà volatile, s’est résigné l’État de Palestine.
L’état d’urgence sanitaire décrété le 5 mars est toujours en place pour stopper la propagation d’un virus qui serait désastreux, en particulier à Gaza où le système de santé est au bord de l’effondrement et où le virus mettrait gravement en danger les vies, surtout dans les camps de réfugiés. Malgré des ressources limitées et des restrictions strictes, les ministères et les institutions, a affirmé l’État de Palestine, n’ont épargné aucun effort pour protéger la population et répondre aux graves répercussions humanitaires et socioéconomiques de la pandémie, avec l’appui des agences des Nations Unies et des pays du monde entier.
Mais cette pandémie, a regretté l’État de Palestine, n’a pas convaincu la Puissance occupante d’arrêter ses crimes, bien au contraire. La coordination technique qui a prévalu jusqu’ici entre les deux côtés n’a pas mis fin aux violations incessantes. Il ne s’agit pas ici, s’est défendu l’État de Palestine, de politiser la question, comme le prétend le représentant d’Israël. Ce ne sont que les faits dont le moindre n’est pas l’intention d’annexer certaines ou toutes les parties de la Cisjordanie, en se vantant des plans de commettre ce crime, en pleine coordination avec l’Administration américaine. L’État de Palestine s’est d’ailleurs dit choqué que l’annexion ait été au cœur des dernières négociations sur la formation du nouveau Gouvernement israélien.
Nous sommes sûrs, a-t-il ironisé, que lorsque les dirigeants du monde appelaient à des négociations sur les questions liées au statut final pour mettre fin à une occupation remontant à 1967 et réaliser une paix juste et durable, ils ne parlaient pas de négociations entre MM. Netanyahu and Gantz pour identifier les terres palestiniennes à voler et à annexer illégalement. Pourtant comme le révèle l’accord « cynique » de ces derniers jours, le Gouvernement israélien va de l’avant, en violation de la Charte et des autres dispositions pertinentes du droit international, dans un mépris flagrant du Conseil de sécurité et de la communauté internationale et convaincu que seul compte l’appui de son « principal maître ».
Nous savons, a insisté l’État de Palestine, à quel point l’impunité d’Israël est consacrée dans le plan américain du 28 janvier dernier. Nous savons à quel point elle se fonde sur le déni des termes de référence et des paramètres internationaux d’une solution juste fondée sur le droit international, les résolutions de l’ONU, les Principes de Madrid, l’Initiative de paix arabe et le cadre de la solution des deux États sur les frontières d’avant 1967.
Le plan de paix américain, a martelé l’État de Palestine, n’apporte pas la paix. Bien au contraire, ce plan et la décision d’Israël d’avancer son projet d’annexion détruiront la solution des deux États et renforceront le contrôle militaire israélien sur la terre et le peuple palestiniens. Ne tombez pas, a supplié l’État de Palestine, dans le piège tenu par les autorités israéliennes qui se servent de la pandémie pour détourner l’attention de leurs crimes. Ne vous laissez pas impressionner par le nom de « gouvernement d’urgence nationale », qui veut faire oublier que l’annexion est au centre de son programme. L’État de Palestine a salué les déclarations faites par les États et organisations arabes, européens, africains, asiatiques et latino-américains, sans oublier les envoyés spéciaux de l’ONU. Mais, a-t-il prévenu, l’expérience a montré que les déclarations ne font rien pour contraindre Israël à respecter le droit ni à renoncer à la destruction de la solution des deux États, comme en atteste l’annexion déjà en cours.
Sans la fin de ces violations, aucun effort de créer un horizon politique crédible pour une paix globale, juste et durable ne portera de fruits, a prévenu l’État de Palestine. Quand le Secrétaire général, appuyé par le pape et les dirigeants du monde, demande un cessez-le-feu mondial, comment Israël peut-il justifier son occupation et son plan d’annexion? Israël a le choix et s’il avance aveuglément et avec arrogance vers l’annexion, qu’il ne s’étonne pas des conséquences, comme l’en ont averti de nombreux pays. Le peuple palestinien, pour sa part, ne renoncera jamais à ses droits inaliénables, a conclu l’État de Palestine, en estimant que le temps d’une conférence internationale sur la paix a sonné pour mettre fin au conflit.
« La COVID-19 ne fait aucune distinction entre les peuples et ignore les frontières », a déclaré Israël. Jugeant que le temps n’est pas à la politique mais à la coopération, il a appelé à œuvrer tous ensemble pour vaincre la pandémie, en échangeant bonnes pratiques et connaissances médicales. En temps de crise, les régimes comme les peuples montrent leurs vrais visages et, alors que nous avons été les témoins d’une extrême sollicitude et de la bonne volonté dans le monde, d’autres ont de nouveau eu leurs comportements habituels. Israël les a accusés de polluer la lutte globale contre la pandémie de leurs intérêts politiques étroits, ajoutant qu’il a choisi de mettre de côté la politique et de privilégier la coopération.
Nous aidons, a-t-il dit, l’Autorité palestinienne à faire face aux conséquences économiques de la crise. Ces dernières semaines, plus de 600 tonnes de fournitures médicales, 25 000 tonnes de nourriture et 60 000 tonnes de matériaux de construction sont entrées dans Gaza. Israël dit contribuer également à la formation médicale de travailleurs palestiniens et fournir à l’Autorité palestinienne des kits de dépistage et de protection. Malheureusement, a-t-il regretté, l’Autorité palestinienne a choisi d’emprunter une voie différente: au lieu de l’unité et de la solidarité, « la haine et la diffamation. Alors qu’elle reçoit l’aide israélienne, l’Autorité palestinienne répand mensonges et provocations dans les médias et les lettres officielles adressées à ce Conseil. » Israël a accusé l’Autorité palestinienne d’œuvrer cyniquement à la promotion de récits mensongers, même en ces temps de crise internationale. « Mais ce n’est là, rien de nouveau. » Pendant les périodes de crises et d’épidémies, a dit constater Israël, l’antisémitisme a toujours fait son hideuse apparition. Il a rappelé que les Juifs ont servi de bouc-émissaires lors de l’apparition d’épidémies pendant des siècles.
« Comment osez-vous accuser les valeureux soldats israéliens de propager le virus? » a lancé la délégation, en s’adressant nommément à la délégation palestinienne. « Vos accusations ne sont pas seulement des mensonges éhontés, elles sont antisémites. Vous devriez avoir honte. Vous devriez vous excuser pour ce que vous avez dit et ce que vous avez écrit. Vous avez clairement démontré que vous préférez haïr Israël plutôt que d’aider le peuple palestinien. » Israël a jugé absurde que l’Autorité palestinienne soit prête à sacrifier la solidarité internationale pour engranger des gains politiques égoïstes. L’Autorité palestinienne n’est pas la seule à profiter de la crise pour promouvoir ses objectifs destructeurs, a-t-il dit, en faisant allusion à la demande de levée des sanctions de l’Iran. « Il s’agit d’un autre stratagème du régime pour tirer profit des souffrances de son peuple. » Il n’y a aucune raison, a prévenu Israël, de lever ces sanctions, qui n’ont pas de réelles conséquences sur les capacités du régime de combattre la pandémie. Il a enfin exhorté la communauté internationale à condamner le lancement hier par l’Iran d’un satellite militaire, qui illustre combien ce régime choisit l’agression militaire plutôt que la lutte contre la pandémie.
La délégation des États-Unis a indiqué que la lutte contre la pandémie ne doit pas reléguer au second plan l’objectif de long terme d’instaurer la paix au Moyen-Orient. « Par temps de crise, le véritable leadership, c’est la volonté de faire des choix difficiles mais justes pour le peuple dont vous êtes le serviteur. »
Face à la pandémie, les États-Unis se sont dits encouragés par les signes de bonne volonté, d’humanité et d’unité entre Israéliens et Palestiniens. Les dirigeants israéliens et palestiniens ont notamment créé une salle de contrôle virtuelle commune pour renforcer leur coordination. Il faut appeler à un dialogue accru pour parvenir à des progrès durables, a déclaré la délégation.
Les États-Unis ont annoncé une aide de 5 millions de dollars pour les hôpitaux et ménages palestiniens. Nous voulons faire les bons choix, ceux qui sauvent des vies et honorent la dignité humaine, ont-ils souligné. À la lumière des récentes mesures prises par son nouveau gouvernement, Israël a le soutien inconditionnel des États-Unis, ont-ils réitéré. « Israël n’a pas de meilleur ami que les États-Unis. »
Cette crise a été douloureuse mais elle a apporté la clarté sur nos priorités, a déclaré la délégation. « Une fois que la crise sera passée, les États-Unis espèrent que nous ne perdrons pas cette clarté de vue. » Jugeant que les incitations à la paix sont plus fortes que jamais, la délégation a estimé que la tâche de ce Conseil est d’aider les parties à faire primer un véritable leadership sur les jeux politiques habituels et à œuvrer ensemble pour que la paix reste à portée de main.
La Fédération de Russie s’est félicitée des contacts établis entre Israël et la Palestine pour combattre la pandémie de coronavirus et a espéré qu’ils feront partie des mesures de renforcement de la confiance pour un dialogue plus large entre les parties. Elle a appelé à augmenter la livraison, par l’OMS et l’UNRWA, d’équipements médicaux dans la bande de Gaza en raison de la situation humanitaire qui y prévaut.
Nous traversons une période difficile en ce qui concerne le processus de paix au Moyen-Orient, laquelle est aggravée encore plus par la COVID-19. Mais notre approche doit demeurer inchangée, a estimé la délégation qui a fait part de son appui. Elle a reconnu l’importance de revitaliser le Quatuor, tout en se disant prête à envisager d’autres formats d’interaction, citant notamment la participation de pays régionaux et la Ligue des États arabes.
La délégation a ensuite déploré la poursuite des activités de peuplement et de destruction de propriétés palestiniennes. Elle s’est également préoccupée des informations indiquant qu’il est prévu de procéder à une mise en œuvre unilatérale du « soi-disant deal du siècle » en ce qui concerne l’annexion de territoires palestiniens. Afin de préserver le processus de paix, elle a jugé critique d’éviter toute action provocatrice et mesure unilatérale. Réaliser l’unité intrapalestinienne demeure également extrêmement urgent, a-t-elle ajouté.
Saint-Vincent-et-les Grenadines a plaidé pour la poursuite de la coopération entre autorités palestiniennes et israéliennes au-delà de la réponse à la COVID‑19. La délégation a noté que l’éventualité d’une meilleure coopération pourrait être sapée par la poursuite des activités de colonisation et d’annexion dans les territoires occupés. Elle a dit soutenir l’appel de l’Envoyé spécial pour un cessez-le-feu sans condition.
Pour Saint-Vincent-et-les Grenadines, la solution des deux États est sérieusement mise à mal et cela n’aboutira à rien d’imposer des solutions. Pour la délégation, la solution des deux États est le seul cadre cohérent pour un Israël démocratique vivant en paix et en sécurité aux côtés d’un État palestinien indépendant et souverain, et cela amènera stabilité et prospérité dans la région tout entière. La délégation a appelé à une action immédiate pour régler la détérioration de la situation humanitaire et économique de Gaza. Pour ce faire, il faut mettre un terme au blocus de 13 ans imposé à la bande de Gaza, alors qu’y sévissent la COVID-19 et une crise humanitaire, a plaidé la délégation. Elle a aussi demandé un soutien conséquent à l’UNRWA alors que l’agence apporte une réponse à la pandémie, avant d’inviter les deux parties à revenir à la table des négociations.
Le Niger a exhorté les parties à renoncer à toute action unilatérale afin de renforcer la confiance mutuelle. Si Israéliens et Palestiniens veulent concrétiser leurs aspirations légitimes -la création d’un État viable pour les uns, la sécurité pour les autres-, ils doivent retourner à la table des négociations, a-t-il déclaré. Il a appelé Israël à respecter le droit international s’agissant des territoires occupés et à prendre des mesures pour mettre fin à l’occupation des terres palestiniennes. « La poursuite de l’occupation et la menace de saisir de nouvelles terres ne pourront que saper la solution à deux États qui jouit du soutien de l’ensemble de la communauté internationale. »
Le Niger a souhaité un renforcement de la coopération en cours entre Israël et l’Autorité palestinienne face à la pandémie de COVID-19, avant d’espérer que ladite coopération puisse servir de « tremplin » pour une relance du processus politique. Le Niger a aussi demandé un renforcement de l’assistance internationale à Gaza.
« Il n’y a pas de meilleur endroit au monde pour apporter compassion et pardon que le Moyen-Orient, berceau des trois grandes religions monothéistes. » Enfin, la délégation a souhaité que la déclaration du Secrétaire général, selon laquelle « la furie de ce virus montre la folie de la guerre », soit entendue par les Palestiniens et les Israéliens.
L’Allemagne a dit être préoccupée par les conséquences de la COVID-19 en Israël et dans les Territoires occupés. Dès lors, les deux parties doivent renforcer leur coordination et leur coopération afin d’atténuer les impacts de la pandémie en Israël et en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, et dans la bande de Gaza. La délégation a ainsi prié Israël et l’Autorité palestinienne d’assurer la livraison de l’aide liée à la COVID-19 et de faciliter la distribution des fournitures et des matériels médicaux et les déplacements du personnel de santé, ainsi que l’accès à la population vulnérable de la bande de Gaza. L’Allemagne a effectué un versement de 18 millions d’euros à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pour faire face aux défis liés à la pandémie, 19 millions d’euros pour Gaza et 14 millions d’euros pour le Fonds d’urgence pour la Syrie. Il est également important que l’Autorité palestinienne puisse compter sur un transfert régulier, suffisant et prévisible des recettes fiscales d’Israël, a plaidé la délégation allemande.
L’Allemagne reste convaincue qu’une solution négociée de deux États fondée sur le droit international et sur les paramètres convenus au niveau international est la seule solution viable au conflit israélo-palestinien. Il faut trouver des moyens pour relancer le processus politique et reprendre des négociations directes entre les parties, afin de résoudre les questions de statut final, y compris les questions liées aux frontières, le statut de Jérusalem, la sécurité et les réfugiés, et parvenir à une paix juste et durable. Les actions unilatérales ayant des conséquences néfastes sur le terrain ne mèneront ni à la paix ni à la sécurité de manière durable mais à l’instabilité et à l’insécurité, a prévenu la délégation.
Prenant note de l’accord de coalition gouvernementale en Israël, l’Allemagne a fait part de son « extrême préoccupation » par des dispositions de l’accord concernant « l’application de la souveraineté israélienne » à certaines parties des territoires palestiniens occupés. « Nous déconseillons vivement au Gouvernement israélien l’annexion de territoires palestiniens occupés », a prévenu l’Allemagne. Elle a dit « ne pas reconnaître tout changement aux lignes du 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, sauf accord des deux parties ». L’Allemagne a ajouté qu’elle continuera de faire la distinction entre le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967, en appelant Israël à mettre fin à l’expansion des colonies. La résolution 2334 (2016) doit être pleinement appliquée, non seulement en ce qui concerne les activités de colonisation, mais aussi en ce qui concerne les actes de terreur, la violence contre les civils, l’incitation, les actions provocatrices et les discours de haine qui constituent des obstacles à la paix. L’Allemagne a aussi condamné les attaques contre Israël dans les termes les plus fermes, y compris les tirs répétés de roquettes de Gaza vers Israël par le Hamas et le Jihad islamique palestinien.
La Belgique a réitéré l’appel du Secrétaire général pour un cessez-le-feu mondial pendant la pandémie de COVID-19, ce qui inclut le Moyen-Orient. Elle a encouragé les autorités israéliennes et palestiniennes à la coopération et la coordination, en soulignant la responsabilité d’Israël en tant que Puissance occupante à cet égard. Les mesures prises pour empêcher la propagation du virus devraient être conformes au droit international humanitaire et au droit international des droits de l’homme, a exigé la délégation. Elle s’est dite très préoccupée par la situation à Jérusalem-Est en raison du manque d’informations et du manque d’accès aux tests et aux soins médicaux appropriés. La fermeture forcée d’une installation d’essai à Silwan est particulièrement préoccupante, selon la Belgique. En ce qui concerne la Cisjordanie, elle a demandé de mettre fin à la destruction et à la saisie des installations sanitaires, d’eau et d’assainissement. Ces actions constituent non seulement une violation du droit international humanitaire, mais sabotent également les efforts visant à contenir la propagation du virus. Bruxelles a aussi appelé les autorités israéliennes à lever immédiatement le blocus de Gaza en demandant à tous les responsables des points de contrôle de permettre l’entrée à Gaza de fournitures médicales essentielles et de travailleurs humanitaires.
La Belgique a également noté avec préoccupation la forte augmentation des actes de violence des colons au cours des dernières semaines. Elle a exhorté Israël, en tant que Puissance occupante, à protéger la population et à veiller à ce que les responsables des violences soient tenus responsables. Une fois de plus, l’évolution sur le terrain souligne la nécessité de parvenir à une solution durable et pacifique du conflit conformément au droit international et aux paramètres convenus au niveau international, a souligné la délégation. La communauté internationale doit déployer tous les efforts possibles pour réunir les parties autour de la table et prendre clairement position contre toute mesure unilatérale qui compromettrait la viabilité de la solution des deux États, a suggéré la délégation qui a exprimé sa profonde inquiétude concernant la perspective de l’annexion par Israël de parties des territoires palestiniens occupés comme prévu par l’accord politique qui a ouvert la voie à la formation d’un gouvernement national d’urgence en Israël.
La France a réitéré, à la lumière des événements récents, sa vive préoccupation face aux menaces d’annexion. Elle a rappelé avoir mis en garde à plusieurs reprises, avec ses partenaires européens, contre l’annexion de zones en Cisjordanie, y compris la vallée du Jourdain et les colonies de peuplement. Cela constituerait, a-t-elle réitéré, une violation flagrante du droit international, qui interdit strictement l’acquisition par la force de territoires occupés. Si elles étaient mises en œuvre, de telles mesures ne seraient pas oubliées dans nos relations avec Israël, a averti la France.
Elle a également condamné les récentes annonces du Gouvernement israélien sur l’expansion des colonies à Jérusalem et en Cisjordanie, en particulier dans la zone E1, ainsi qu’à Givat HaMatos et Har Homa, situés dans des zones particulièrement sensibles. Ces annonces menacent la viabilité d’un futur État palestinien, a dit la France, en appelant le Gouvernement israélien à suspendre la publication des appels d’offres ou de toute mesure visant à avancer les constructions à Har Homa, Givat HaMatos et dans la zone E1 et à ne prendre aucune mesure unilatérale qui pourrait saper la solution des deux États et la perspective des pourparlers de paix.
La France a averti qu’elle ne reconnaîtra aucun changement aux lignes de juin 1967 sans l’accord des deux parties. C’est une question de principe, a-t-elle martelé: le respect du droit international, y compris les résolutions de ce Conseil, ne souffre aucune exception. Mais il s’agit aussi de se montrer pragmatique, a poursuivi la délégation, ajoutant que la solution des deux États est le seul moyen d’instaurer une paix durable dans la région.
La France a ensuite souligné l’importance d’une coordination israélo-palestinienne accrue face au COVID-19, avec l’appui adéquat de la communauté internationale. Tous les acteurs doivent s’abstenir d’actes hostiles, préserver le cessez-le-feu et garantir un accès humanitaire rapide, sûr et sans entrave à toutes les personnes dans le besoin, a poursuivi la France. « Il n’y a pas d’autre alternative pour lutter efficacement contre la pandémie. » La délégation s’est aussi faite l’écho des préoccupations exprimées par le Coordonnateur spécial concernant le manque d’équipements médicaux pour faire face au virus à Gaza.
Les autorités israéliennes et palestiniennes doivent renforcer leur coopération pour faire face à la situation sanitaire actuelle, a-t-elle dit. Dans ce contexte de pandémie, elle a exhorté Israël à suspendre les démolitions et confiscations des infrastructures palestiniennes et internationales et à autoriser la livraison de matériel médical et les évacuations humanitaires d’urgence, conformément à ses obligations en tant que Puissance occupante. Enfin, elle a indiqué que la France a mobilisé 3 millions d’euros pour appuyer la réponse palestinienne au virus.
« Lors de notre dernière réunion sur le sujet, nombre d’entre nous ont exprimé un certain optimisme en raison des signes de coordination entre Israël et la Palestine dans la lutte contre la pandémie », a déclaré la délégation de la Chine. « Néanmoins, alors que nous abordons ce mois, nous constatons des développements inquiétants. »
La Chine a souligné la nécessité de mettre un terme aux actions unilatérales susceptibles de nourrir les tensions. Elle s’est dite très préoccupée par les intentions prêtées à Israël d’annexer le territoire palestinien occupé. Les parties pertinentes doivent cesser toutes les activités de colonisation et mettre un terme aux démolitions de biens palestiniens, a-t-elle réclamé.
La riposte à la pandémie de COVID-19 doit être la première des priorités, a poursuivi la Chine, jugeant évidentes les vulnérabilités du territoire palestinien occupé en la matière. La délégation a exhorté l’Autorité palestinienne et Israël à renforcer leur coopération dans ce domaine, avant d’appeler à la levée du blocus de Gaza. À la communauté internationale, elle a demandé de continuer d’appuyer l’UNRWA, y compris par le biais d’un financement accru et stabilisé.
La Chine a aussi exhorté la communauté internationale à se saisir de cette pandémie comme d’une opportunité, à investir davantage d’efforts dans le processus politique, à s’engager en faveur de la solution des deux États et à œuvrer à une reprise des pourparlers de paix. Elle a appelé à respecter les résolutions onusiennes pertinentes, le principe de « la terre contre la paix » et l’Initiative de paix arabe. « Toute nouvelle initiative, sans exception, doit se conformer à ces critères internationaux élémentaires. »
Enfin, la Chine a rappelé qu’elle est aux côtés du peuple palestinien dans la lutte contre la pandémie, en fournissant notamment du matériel médical, dont des kits de dépistage et des masques N95.
Le Viet Nam s’est inquiété de la gravité de la question palestinienne en regrettant que le dialogue entre les deux parties sur le processus de paix soit au point mort depuis longtemps. Il a cité des informations inquiétantes sur les projets d’annexion et de nouvelles constructions de colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et un certain nombre d’incidents entre Israéliens et Palestiniens, notamment l’arrestation de centaines de Palestiniens par les autorités israéliennes.
Le Viet Nam a demandé que cessent immédiatement ces activités dans le contexte de l’augmentation du nombre de cas de coronavirus en Cisjordanie et à Gaza. Notant qu’il y a près de 400 cas d’infection, dont beaucoup vivent dans des communautés aux conditions de vie difficiles, le Viet Nam s’est inquiété du risque « élevé » d’une épidémie majeure parmi le peuple palestinien. « Cette situation est aggravée par la situation économique désastreuse à laquelle les Palestiniens sont confrontés », a-t-il dit avant de préciser que la Banque mondiale prévoit un ralentissement de l’économie palestinienne de 2,5% dans le meilleur des cas, et de 7% si la pandémie de COVID-19 se poursuit pendant quatre mois.
Dans ces circonstances, le Viet Nam s’est dit encouragé par les récents exemples de coopération entre la Palestine et Israël dans la lutte contre l’épidémie de COVID-19. Il a estimé que les pourparlers directs entre les deux présidents sont un geste très positif, notant qu’ils ont donné l’impulsion nécessaire à une coordination efficace entre les deux parties. « Il est donc préoccupant d’apprendre les informations faisant état d’incidents liés aux établissements de santé à Jérusalem-Est », a-t-il dit, avant d’appeler toutes les parties à mettre de côté leurs divergences et à donner la priorité à une riposte efficace à la pandémie de COVID-19.
En outre, le Viet Nam a exhorté les parties à concrétiser l’appel au cessez-le-feu mondial lancé par le Secrétaire général et à soutenir l’appel conjoint des cinq envoyés spéciaux des Nations Unies au Moyen-Orient. Il a estimé que la situation humanitaire désastreuse à Gaza et en Cisjordanie, exacerbée par la pandémie de COVID-19, oblige à faire preuve de retenue et à s’abstenir d’actes susceptibles de faire monter la tension, y compris des plans d’annexion et de nouvelles implantations. Il a fait sien l’appel lancé à la communauté internationale pour qu’elle apporte un soutien précieux à l’Autorité palestinienne et à l’UNRWA. Enfin, le Viet Nam a réitéré sa position selon laquelle une paix durable et juste dans la région ne peut être obtenue que par une solution à deux États.
L’Indonésie a exhorté le Conseil de sécurité, dans ce contexte de pandémie, à appuyer de nouveau l’appel du Secrétaire général en vue de protéger les populations les plus vulnérables. Israël ne doit pas être autorisé à poursuivre dans la voie de l’annexion, a déclaré la délégation. Elle a dénoncé l’objectif de la Puissante occupante d’annexer des pans de terre palestinienne en Cisjordanie. De telles intentions, conjuguées aux discours implacables d’Israël, aux démolitions de biens palestiniens et à la poursuite d’une annexion rampante par les activités de colonisation, montrent que la menace d’une annexion israélienne est réelle et imminente. La détermination d’Israël à poursuivre dans la voie de l’annexion démolira toute perspective de paix et sapera la stabilité régionale, tout en portant préjudice, au bout du compte, aux intérêts sécuritaires israéliens eux-mêmes, a averti l’Indonésie. Elle a appelé ce Conseil à s’acquitter de son mandat et à mettre un terme aux actions illicites d’Israël en Cisjordanie. « Ce Conseil doit adopter une position claire. »
La délégation a tenu à rappeler l’obligation d’Israël d’assurer la sécurité des populations placées sous son occupation. Pourtant, depuis le 5 mars dernier, Israël a démoli au moins 53 propriétés palestiniennes, tué trois Palestiniens et blessé 53 autres. « Non seulement ces mesures sont illégales, mais elles sapent clairement la riposte à la pandémie. » Israël a l’obligation en droit de prendre toutes les mesures nécessaires afin de permettre aux Palestiniens de mieux faire face à la COVID-19.
La délégation a plaidé pour la fourniture de l’assistance nécessaire aux Palestiniens, ajoutant que le virus pourrait avoir des conséquences catastrophiques à Gaza mais aussi en Cisjordanie. « Nous sommes tous ensemble plongés dans cette crise et c’est seulement en joignant nos forces que nous pourrons l’emporter. » Enfin, l’Indonésie a rappelé l’obligation juridique et morale de ce Conseil de tenir Israël responsable de ses actes, avant d’exhorter ce pays à se montrer « humain et à avoir du cœur ».
Pour le Royaume-Uni, il est clair que l’UNRWA a un rôle important à jouer dans la lutte contre la crise provoquée par la COVID-19. Nous avons, a-t-il rappelé, déboursé plus de 80 millions de dollars ente 2019 et 2020, et nous évaluerons nos futures contributions à la lumière des défis posés par la pandémie. Le Royaume-Uni a aussi attiré l’attention sur l’impact de la pandémie sur l’économie palestinienne dont les revenus devraient diminuer de 60% à 70%. Le Territoire palestinien occupé, a fait observer le Royaume-Uni, est exclu de la plupart des mécanismes internationaux, y compris le fonds de 14 milliards de dollars mis en place par la Banque mondiale pour la lutte contre la COVID-19. L’Autorité palestinienne n’émet pas de monnaie et ne peut pas adopter les mesures que de nombreux pays prennent pour accroître les liquidités, a expliqué le Royaume-Uni. Au cours de cette période fragile, la délégation a appelé les deux parties à éviter toute provocation qui pourrait saper la coopération. Elle a cité les activités de colonisation, les démolitions des infrastructures palestiniennes et la violence des colons.
Le Royaume-Uni s’est dit profondément préoccupé par les informations selon lesquelles la nouvelle coalition gouvernementale israélienne est parvenue à un accord qui ouvre la voie à l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie. Notre position est claire: toute action unilatérale d’annexion nuirait aux efforts visant à relancer les négociations de paix et serait contraire au droit international, a martelé le Royaume-Uni.
La Tunisie a prévenu que l’occupation d’Israël, ses violations des droits de l’homme et ses pratiques illégales et agressives continuent d’aggraver les difficultés socioéconomiques des Palestiniens. À tous ces facteurs, il faut ajouter l’expansion des colonies de peuplement, le système des blocus, la rétention des revenus fiscaux et le long blocus de Gaza. Avec des infrastructures médicales endommagées par l’occupation et des capacités très limitées, les autorités palestiniennes ont de la peine à contenir la propagation de la COVID-19, a alerté la Tunisie. Les difficultés étant énormes et les besoins humanitaires, considérables, elle a appelé la communauté internationale à maintenir son appui « vital » à l’Autorité palestinienne. Elle s’est félicitée de la déclaration que le Président du Comité spécial de liaison pour la Palestine a faite le 3 avril dernier, sur la nécessité d’un ferme appui des donateurs pour permettre à l’Autorité palestinienne d’atténuer l’impact de la crise de COVID-19. La Tunisie a particulièrement insisté sur un appui constant à l’UNRWA dont la situation financière continue de se détériorer.
Elle a demandé au Conseil de sécurité et à la communauté internationale d’exhorter Israël à honorer ses obligations en vertu du droit international et à faciliter le mouvement des fournitures et personnels médicaux dans tout l’État de Palestine, en particulier à Gaza. La Puissance occupante, a poursuivi la Tunisie, a aussi la responsabilité de s’occuper des citoyens palestiniens qui vivent en Israël, y compris les détenus et les travailleurs. Faisant écho à l’appel à un cessez-le-feu mondial du Secrétaire général, lequel a été relayé par les envoyés spéciaux pour le Moyen-Orient, la Tunisie a insisté pour qu’Israël cesse toutes ses activités de peuplement sans condition préalable, lève le blocus de Gaza et mette fin à son occupation illégale. Inquiète d’une éventuelle annexion, elle a souligné qu’il est de la responsabilité de tous de rejeter catégoriquement tout mesure unilatérale illégale qui constitue un obstacle majeur à la paix. La situation dans le Territoire palestinien occupé n’est pas tenable. Nous devons en conséquence joindre le geste à la parole et intensifier les efforts pour faire renaître les perspectives de paix au Moyen-Orient sur la base des paramètres et termes de référence internationalement agréés, a conclu la Tunisie.
L’Estonie s’est dite à son tour préoccupée par l’impact de la pandémie et a appelé à la solidarité et à l’unité, en faisant écho à l’appel du Secrétaire général à mettre de côté la méfiance et les animosités, à créer des corridors humanitaires et à ouvrir les « précieuses » fenêtres de la diplomatie. L’Estonie a aussi fait écho à l’appel des cinq envoyés spéciaux pour le Moyen-Orient, avant de saluer la coopération entre les autorités israéliennes et palestiniennes et de les encourager à la renforcer. Elle a salué le rôle central de l’UNRWA, en ajoutant que les efforts doivent se concentrer à Gaza où les ressources sont limitées. Elle a aussi noté les « signes encourageants » d’un possible échange de prisonniers entre les dirigeants d’Israël et de Gaza.
S’agissant du règlement du conflit, elle a estimé que l’initiative américaine nous donne « l’élan » pour faire renaître le processus de paix. Elle a donc appelé Israël et la Palestine à reprendre des négociations directes pour parvenir à une solution négociée à deux États, tenant compte des aspirations des deux parties. Dans ce contexte, l’Estonie s’est dite préoccupée par l’annonce israélienne sur le développement des colonies de peuplement dans plusieurs parties de Jérusalem-Est et alentours. Notre position, a-t-elle prévenu, demeure inchangée: l’annexion est illégale au regard du droit international. Elle compromettrait les perspectives de paix et serait une violation du droit international. Appelant les parties à s’abstenir de la violence, de la terreur et de l’incitation à la haine et à se concentrer sur la lutte contre la pandémie, l’Estonie a condamné les tirs de roquettes à partir de Gaza vers Israël et toute forme de violence contre la population civile. L’escalade de la violence ne peut compromettre le règlement du conflit, a-t-elle souligné.
L’Afrique du Sud a indiqué que tout plan de paix au Moyen-Orient doit garantir la souveraineté, l’intégrité territoriale et la viabilité économique de la Palestine. Elle a pris note de la coordination entre Israël et la Palestine face à la pandémie, ajoutant que celle-ci ne doit pas être un moyen de poursuivre des objectifs politiques propres. À cet égard, elle a jugé regrettable, en ces temps sans précédent, l’utilisation de la force contre les Palestiniens, la destruction de leurs biens, ainsi que l’annexion de territoires occupés.
« Aucun pays n’a le droit de décider du sort des Palestiniens, si ce n’est les Palestiniens eux-mêmes », a rappelé l’Afrique du Sud qui a demandé la pleine application des résolutions 446 (1979) et 2334 (2016), les menaces d’annexion ne faisant que saper les perspectives de paix. Jugeant que tous les efforts doivent avoir pour but de vaincre la pandémie, elle a appelé Israël à fournir l’assistance humanitaire à celles et ceux dans le besoin. Elle a indiqué qu’une épidémie de COVID-19 à Gaza pourrait être « un désastre aux dimensions gigantesques ».
Dans ce contexte de pandémie, la délégation a voulu que des mesures soient prises pour fournir les soins de santé nécessaires aux prisonniers et détenus palestiniens, dans le droit fil des Principes fondamentaux relatifs au traitement des détenus, dits principes Nelson Mandela. Elle a enfin demandé la libération immédiate des prisonniers politiques, en particulier les plus vulnérables.
La République dominicaine a dit être favorable à la solution des deux États qui verrait « deux États démocratiques, Israël et la Palestine, vivre côte à côte en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues ». La délégation a dit également apporter son appui à une collaboration continue entre Israël et le peuple palestinien, en particulier en ces temps difficiles. Il est donc important de mettre en place des installations pour le dépistage des travailleurs qui rentrent chez eux en provenance d’Israël, et de fournir une assistance aux familles affectées financièrement par le virus. Israël devrait en outre envisager d’autoriser l’accès à Gaza du personnel humanitaire et des fournitures médicales nécessaires.
La République dominicaine a réaffirmé que la seule voie à suivre passe par un dialogue politique et par un leadership positif qui ramènera finalement les parties à la table des négociations. La République dominicaine s’est félicitée de la publication par le Premier Ministre Shtayyeh d’un budget d’urgence visant à maintenir les dépenses publiques au minimum. La délégation a estimé en effet que le budget devrait se concentrer sur les priorités liées à la santé pour soutenir les Palestiniens vulnérables. La délégation a encouragé les pays donateurs à poursuivre leurs contributions pour permettre de répondre aux besoins fondamentaux de la population palestinienne et de jeter les bases du développement. Enfin, la République dominicaine a appelé à un processus de réconciliation intrapalestinien qui permette la consolidation nationale nécessaire pour arriver à réaliser les aspirations légitimes de la nation, et qui conduise à un processus de renouveau politique basé sur des élections libres et inclusives.
Le débat public trimestriel sur le Moyen-Orient est ouvert aux États non membres du Conseil de sécurité, mais la Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites au cours de la visioconférence et dont les textes ont été communiqués par la Division des affaires du Conseil de sécurité.