Afghanistan: Préoccupations face à une situation marquée par les menaces de l’impasse politique et de la COVID-19 sur le processus de paix
Le Conseil de sécurité a examiné hier la situation en Afghanistan marquée par l’impasse politique après la proclamation des résultats de l’élection présidentielle et par la menace de la COVID-19. L’Afghanistan doit prouver qu’il mérite toujours les investissements de la communauté internationale, a prévenu la Représentante spéciale adjointe pour les affaires politiques de la Mission d’assistance des Nations Unies dans le pays (MANUA).
Mme Ingrid Hayden est intervenue dans le cadre tout à fait inédit que, COVID-19 oblige, le Conseil de sécurité a institué pour ses réunions. Chacun à partir de sa Mission, les 15 membres du Conseil conversent par visioconférence avec leurs invités. Trois semaines après l’adoption unanime de la résolution 2315 (2020) dans laquelle le Conseil saluait les « progrès considérables » que représentaient la Déclaration conjointe de l’Afghanistan et des États-Unis et l’Accord pour l’instauration de la paix en Afghanistan signé entre les États-Unis et les Taliban, la Représentante spéciale adjointe a dit craindre, compte tenu de l’évolution de la situation, que la plupart des donateurs se tournent désormais vers leur propre pays pour répondre aux besoins nés de la COVID-19.
Près de deux décennies après le début de l’intervention de la coalition, a-t-elle tranché, la question est de savoir si les dirigeants afghans peuvent se mettre d’accord pour engager des pourparlers substantiels avec les Taliban et parvenir à une paix durable. Elle a parlé de l’impasse politique du fait que le candidat malheureux, M. Abudullah Abdullah, ait rejeté les résultats de l’élection présidentielle du 18 février, annoncé son intention de former son propre gouvernement et organisé, le 9 mars, une cérémonie parallèle d’investiture.
Las, les États-Unis ont décidé, le 23 mars dernier, de réduire leur assistance d’un milliard de dollars, en ayant l’intention de faire de même l’année prochaine, avec les conséquences que l’on sait sur la viabilité fiscale du pays et la situation socioéconomique de l’Afghanistan. Si, ont assuré aujourd’hui les États-Unis, les dirigeants afghans choisissent de former un gouvernement inclusif capable de garantir la sécurité et de participer au processus de paix, l’Administration Trump est prête à réexaminer son aide « dès cette semaine ». La Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général a exhorté toutes les parties afghanes à travailler ensemble pour régler leurs différends pacifiquement. Elle s’est tout de même félicitée de la formation de l’équipe de négociation du Gouvernement afghan laquelle comprend tous les principaux groupes ethniques et cinq femmes sur 21 membres. Mme Hayden a aussi salué le fait qu’à ce jour, le Gouvernement afghan et les Taliban aient organisé trois visioconférences pour discuter de la libération des prisonniers, un élément important des mesures de confiance avant le lancement des pourparlers de paix.
Les Taliban semblent honorer leur engagement, pris devant les États-Unis, à réduire la violence contre les forces internationales même s’ils ont poursuivi leurs attaques contre les Forces nationales de défense et de sécurité afghanes qui elles-mêmes font des victimes parmi la population civile. Toujours hier, les États-Unis ont rappelé que leur Secrétaire d’État s’est rendu le 23 mars à Doha pour obtenir des Taliban qu’ils respectent leur engagement de réduire la violence. Ils ont réitéré leur soutien aux forces afghanes, annonçant qu’ils s’apprêtent à retirer de l’Afghanistan 8 600 militaires. Toute nouvelle réduction des effectifs sera strictement coordonnée avec l’OTAN, ont assuré les États-Unis.
La confluence des incertitudes politiques, des retards dans le processus de paix, de l’aggravation de la violence et de la menace de la COVID-19 fait que les Afghans vivent un moment critique, a prévenu la Représentante spéciale ajointe qui a réitéré l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial pour pouvoir concentrer les ressources sur la lutte contre la COVID-19 qui représente un danger « extrême » en Afghanistan.
La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.
Mme INGRID HAYDEN, Représentante spéciale adjointe pour les affaires politiques de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), a déclaré que l’Afghanistan semble atteindre un moment décisif. Près de deux décennies après le début de l’intervention de la coalition, la question est de savoir si les dirigeants afghans peuvent se mettre d’accord pour engager des pourparlers substantiels avec les Taliban et parvenir à une paix durable. Le choix devient urgent, compte tenu de la menace de la COVID-19, qui représente un grave danger pour la santé de la population afghane et, potentiellement, pour la stabilité des institutions nationales, a pressé Mme Hayden.
Elle a rappelé qu’après la victoire de M. Ashraf Ghani à l’élection présidentielle, le 18 février dernier, son rival, M. Abdullah Abdullah, a rejeté ce résultat, proclamé sa propre victoire et annoncé son intention de former un gouvernement. Le 9 mars, il a organisé une cérémonie parallèle d’investiture. L’impasse se poursuit malgré la forte implication des principales parties prenantes dont les États-Unis, les acteurs régionaux et les leaders politiques afghans. La gravité de la situation a été soulignée par la décision que les États-Unis ont prise, le 23 mars dernier, de réduire immédiatement l’assistance d’un milliard de dollars, en annonçant leur disposition de faire de même l’année prochaine, avec des conséquences à craindre sur la viabilité fiscale du pays et sa situation socioéconomique.
À l’irruption de la COVID-19, a poursuivi la Représentante spéciale adjointe, beaucoup de donateurs vont se tourner vers leur propre pays pour répondre aux besoins de leur population. L’Afghanistan doit donc démontrer qu’il vaut les investissements de la communauté international. La Mission exhorte donc toutes les parties afghanes à travailler ensemble pour régler leurs différends pacifiquement, dans l’intérêt du peuple. Le temps de la division est révolu. Le moment est venu, a souligné la Représentante spéciale adjointe, d’adopter une posture d’homme d’État, d’accepter les compromis et de promouvoir l’inclusivité. Les intérêts des Afghans doivent primer, y compris ceux des femmes, des minorités et des jeunes.
La Représentante spéciale adjointe s’est tout de même félicitée de ce que malgré l’impasse politique, l’élite afghane ait été capable de se mettre d’accord sur une équipe de négociation qui comprend tous les principaux groupes ethniques et cinq femmes. La MANUA, a-t-elle dit, a encouragé les Taliban à inclure aussi des femmes dans leur délégation pour prouver qu’ils se sont fondamentalement réformés. Toutes les parties doivent prendre des mesures concrètes pour faire des négociations intra-afghanes une réalité. La Représentante spéciale adjointe a estimé que les derniers progrès sur la libération des prisonniers pourraient constituer une mesure importante de confiance pour lancer le processus de paix. À ce jour, le Gouvernement et les Taliban ont organisé, COVID-19 oblige, trois visioconférences pour discuter de la libération des prisonniers
La signature, le 29 février, de l’accord entre les États-Unis et les Taliban a été une étape importante, a reconnu la Représentante spéciale adjointe, devant un texte qui présente les conditions du retrait total des forces internationales, dont la première phase est déjà en cours. De la même façon, les Taliban semblent honorer leur engagement à réduire la violence contre ces forces, mais ces dernières semaines, les actes de violence sont revenus à leur niveau précédent, compte tenu des attaques des Taliban contre les Forces nationales de défense et de sécurité afghanes. La MANUA espère une baisse plus durable de la violence quand les négociations intra-afghanes auront commencé à enregistrer des progrès. La communauté internationale ne doit pas oublier que les Afghans veulent une fin du conflit qui puisse garantir leur sécurité et leurs droits.
La Représentante spéciale adjointe s’est aussi montrée préoccupée par les victimes des Forces nationales de défense et de sécurité afghanes, comme après la frappe aérienne à Kondoz le 21 mars. Elle a également dénoncé les attaques de l’État islamique d’Iraq et du Levant-Province du Khorassan (EIIL-K) et réitéré l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial pour pouvoir concentrer les ressources sur la lutte contre la COVID-19 qui représente un danger « extrême » en Afghanistan, compte tenu du taux de malnutrition et de la promiscuité parmi les réfugiés, les déplacés, les prisonniers et les détenus. Un autre défi est celui de l’accès des femmes à la santé, exacerbé par la situation sécuritaire et les normes culturelles. La Représentante spéciale adjointe s’est par ailleurs inquiétée de la situation socioéconomique qui risque de s’aggraver à cause de la COVID-19. Le plan de réponse mis au point par l’ONU, a-t-elle indiqué, s’élève à 108,1 millions de dollars jusqu’au 30 juin.
La confluence des incertitudes politiques, des retards dans le processus de paix, de l’aggravation de la violence et de la menace de la COVID-19 fait que les Afghans vivent un moment critique.
L’Allemagne a jugé extrêmement regrettable que la violence n’ait pas baissé dans le pays. Les attaques constantes des Taliban contre les Forces de sécurité sont trés préoccupantes et contraires à l’esprit de l’accord signé avec les États-Unis le 29 février. Comme ce n’est pas un environnement propice à la confiance, ces attaques doivent cesser, a-t-elle martelé. La délégation a indiqué que la COVID-19 s’est déjà répandu dans le pays, rendant la cessation de la violence encore plus urgente. Estimant que la lutte contre la pandémie est la priorité, l’Allemagne a estimé que l’acheminement de l’aide humanitaire et médicale ne doit pas être entravé par le conflit. Elle s’est dite préoccupée par le retour des réfugiés afghans d’Iran et du Pakistan qui pourrait exacerber la crise sanitaire.
Rappelant l’importance d’une paix durable, par le biais d’un réglement politique négocié, l’Allemagne a salué l’accord trouvé sur l’équipe de négociation, qui comprend les représentants de plusieurs factions politiques et un quart de femmes. Il s’agit d’un pas crucial pour le lancement du processus de paix, a-t-elle dit. La délégation a espéré que cet accord permettra de surmonter l’impasse politique à Kaboul, ajoutant que les structures gouvernementales parallèles ne peuvent qu’être dysfonctionnelles. « Une solution politique inclusive doit être trouvée aussi rapidement que possible pour éviter un gouvernement dysfonctionnel et une autre escalade, ce qui pourrait conduire à des fractures au sein des forces de sécurité. » L’Allemagne a exhorté le Conseil à demeurer uni dans son soutien au pays et rappelé l’appui de son pays à la facilitation des pourparlers intra-afghans. Tout dialogue ou négociation devra garantir la préservation des acquis et prévoir une implication significative des femmes. Les femmes, a insisté l’Allemagne, doivent participer pleinement à toutes les sphères de la société, y compris la sphère politique. La délégation a appelé le Conseil à continuer d’appuyer la MANUA qui joue un rôle vital dans le pays.
Mentionnant pour finir la Conférence ministérielle sur l’Afghanistan qui doit se tenir cette année à Genève, l’Allemagne a estimé que la communauté internationale doit continuer d’appuyer le pays conformément aux engagements pris. Le maintien des financements est vital pour éviter de compromettre les progrès accomplis, d’autant que la pandémie de COVD-19 risque de saper les capacités budgétaires nationales, a conclu l’Allemagne.
L’Indonésie a rappelé que son pays partage avec l’Allemagne le statut de porte-plume sur l’Afghanistan, avant de relever que l’espoir d’une paix après les récents accords de paix a été entaché par la brutale attaque de Daech la semaine dernière, qui a coûté la vie à 25 innocents. En outre, le nombre de personnes touchées par la COVID-19 augmente en Afghanistan, ce qui rend encore plus difficiles les efforts de paix et de secours humanitaires. De ce fait, le rôle de l’ONU, ainsi que celui des entités régionales et internationales, reste essentiel en ce moment. Dans le même temps, a recommandé l’Indonésie, les parties afghanes doivent se mettre d’accord sur un accord de paix global et garantir une action ferme face aux défis auxquels sont confrontés les Afghans. En fin de compte, selon la délégation, la paix dépendra de la volonté des Afghans à placer leur foi en une trajectoire collective pour façonner l’avenir de leur pays. « Un processus de paix dirigé par des Afghans et appartenant aux Afghans est crucial. »
Au sujet de la situation politique et du processus de paix, l’Indonésie a appelé les dirigeants politiques à mettre leurs divergences de côté, à faire preuve de souplesse et à faire passer l’intérêt du peuple afghan en premier. La délégation a dit espérer que les négociations intra-afghanes seront convoquées une fois la crise de la COVID-19 terminée. Des négociations que l’Indonésie s’est dite prête à accueillir. La délégation a aussi salué le fait que des femmes aient été associées à ces futures négociations.
En ce qui concerne la situation humanitaire et sécuritaire en Afghanistan, l’Indonésie a rappelé qu’avant la pandémie de COVID-19, 9,4 millions d’Afghans avaient besoin d’une aide humanitaire, contre 6,3 millions l’année dernière. Alors que l’on a de nouveau recensé plus de 10 000 victimes, dont des enfants, pour la sixième année consécutive, l’Indonésie a appelé les parties au conflit à cesser de blesser les civils, tout en se faisant l’écho de l’appel du Secrétaire général en faveur d’un cessez-le-feu mondial. La délégation a insisté sur la fin des hostilités alors que le mois sacré du ramadhan approche.
Aucun règlement politique ne doit sacrifier les acquis, y compris les droits des femmes afghanes, a ajouté la délégation indonésienne en rappelant l’organisation, l’année dernière à Jakarta, d’un dialogue sur le rôle des femmes dans la construction et le maintien de la paix. À la suite du dialogue, un réseau de solidarité entre les femmes afghanes et indonésiennes a été lancé en Afghanistan ce mois-ci. L’Indonésie et l’Allemagne ont préparé un communiqué de presse pour lequel ils espèrent le soutien des autres membres du Conseil de sécurité.
La République dominicaine a condamné l’attaque perpétrée le 25 mars contre un temple hindou-sikh de Kaboul. Elle a souhaité la bienvenue à la nouvelle Représentante spéciale, Mme Deborah Lyons, avant de remercier Mme Ingrid Hayden pour son exposé. Alors que la situation en Afghanistan continue d’être critique, la République dominicaine a estimé que le processus de paix, le dialogue politique et la situation sécuritaire et économique font face à d’énormes défis. Dans ce contexte, elle a exhorté tous les partenaires de l’Afghanistan et tous les acteurs de la communauté internationale à aider le pays à relever ces défis. Elle s’est particulièrement inquiétée de la volatilité de la situation sécuritaire, notamment dans la région sud, et a condamné dans les termes les plus forts les attaques terroristes perpétrées contre des civils innocents. Elle a appelé à de nouveaux efforts pour combattre le trafic de stupéfiants qui demeure un sérieux problème pour l’Afghanistan et l’ensemble de la région.
S’agissant de la grave situation humanitaire, la République dominicaine a fait siennes les inquiétudes exprimées dans le rapport du Secrétaire général, en notant que le nombre de personnes ayant besoin d’aide humanitaire en raison du conflit est passé de 6,3 à 9,4 millions de personnes. Dans ce contexte, elle a exhorté les parties à respecter le droit international humanitaire et à mettre l’accent sur la protection des civils. La délégation s’est particulièrement inquiétée des conséquences potentielles de l’épidémie de COVID-19 sur un Afghanistan qui fait déjà face à une terrible situation humanitaire. Elle a exhorté le Gouvernement afghan à continuer d’inclure les femmes dans les processus de paix et les négociations et à garantir leur participation à tous les niveaux de la société. Enfin, la République dominicaine a félicité la MANUA pour l’important rôle qu’elle joue pour la promotion de la paix dans le pays.
Le Royaume-Uni s’est à son tour inquiété de l’impact de la COVID-19 en Afghanistan. Nous examinons, en ce moment, a-t-il confié, nos options pour renforcer l’action humanitaire en réponse à la pandémie et travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires à cette fin. Dans ce contexte, a estimé le Royaume-Uni, il est impératif que les Taliban cessent leurs attaques, conformément à l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial, pour pouvoir faire face à la propagation de la maladie. Il faut aussi que les dirigeants politiques afghans se réunissent pour qu’un gouvernement puisse diriger la riposte au virus. S’adressant à Mme Hayden de la MANUA, le Royaume-Uni s’est demandé quelles mesures doivent être prises et comment le Conseil peut les soutenir.
Passant au volet politique, le pays a jugé essentiels des progrès rapides vers des négociations intra-afghanes. L’élan ne doit pas se perdre, a-t-il souligné, en saluant les récents pourparlers entre le Gouvernement afghan et les Taliban sur la libération des prisonniers et l’annonce d’une équipe de négociation afghane. Il reste toutefois des défis à relever et s’il incombe aux Afghans eux-mêmes d’élaborer les structures et les formats des négociations intra-afghanes, l’ONU et la communauté internationale doivent être flexibles et prêtes à soutenir ce processus nécessaire, a estimé le Royaume-Uni. Les Taliban doivent négocier de bonne foi avec l’équipe du Gouvernement afghan car seul un règlement négocié et inclusif apportera la paix. Pour cela, a prévenu le Royaume-Uni, les Taliban doivent mettre fin à la violence.
Rappelant que plus de 14 millions d’Afghans connaissent des niveaux d’insécurité alimentaire, ce qui aggrave la vulnérabilité à la COVID-19, la délégation a précisé que le Royaume-Uni a engagé, au cours de cet exercice, 362 millions de dollars d’aide. Le Gouvernement britannique est prêt à travailler avec la Finlande en tant que co-hôtes et autres donateurs internationaux dans la perspective de la Conférence d’annonces de contributions de 2020 à Genève. La coordination entre le développement, la sécurité et les acteurs politiques est plus cruciale que jamais, a conclu le Royaume-Uni.
C’est maintenant le moment pour les Taliban, a dit la délégation, de tenir leurs promesses, de mettre de côté leurs divergences et de former un gouvernement véritablement unifié. Le peuple afghan n’attend rien de moins et le mérite. Ses dirigeants politiques ne doivent pas gaspiller ce moment. Et en particulier, nous voulons nous assurer de protéger et de tirer parti des progrès réalisés dans la vie des femmes et des filles au cours des 18 dernières années.
Le Niger a rappelé que la seule solution possible au conflit en Afghanistan est une solution politique, avant de saluer les récents événements, notamment la signature d’un accord entre les États-Unis et les Taliban. Cet accord doit, selon la délégation, servir de fondation pour un élan vers des pourparlers inclusifs entre Afghans, et ce, le plus tôt possible. Le délégué a dit espérer que ces futures initiatives de paix feront voir la richesse de la diversité de l’Afghanistan, avec une participation significative des femmes, des jeunes et des minorités. Il a invité la communauté internationale à appuyer les efforts du Gouvernement afghan non seulement pour soutenir les droits des femmes et d’autres groupes, mais également pour préserver les gains des deux dernières décennies.
Le Niger a ensuite mentionné sa préoccupation face à l’impasse politique actuelle et au grand nombre de victimes civiles, dont 42% sont des femmes et des enfants. Il a souligné qu’un engagement durable des donateurs, par exemple dans le cadre de conférences d’annonces de contributions, permettra de consolider les dividendes présents et futurs de paix pour la stabilité durable de l’Afghanistan.
Les États-Unis ont assuré qu’ils restent déterminés à aider l’Afghanistan à parvenir à un règlement politique pour mettre fin au long conflit. C’est pourquoi, selon eux, les efforts de l’Administration Trump pour créer les conditions permettant aux Afghans d’entamer des négociations entre eux peuvent aboutir à une paix durable. Les développements récents reflètent une promesse de paix, ainsi que les défis essentiels qui doivent être surmontés pour réaliser cette promesse et mettre fin à un conflit qui coûte chaque jour la vie des Afghans, a relevé la délégation. Pour elle, l’annonce du 26 mars de la formation d’une équipe de négociation inclusive pour la République islamique composée du Gouvernement, des dirigeants politiques et de la société civile, est une étape importante pour les pourparlers avec les Taliban. Elle a en outre salué les progrès dans les échanges de prisonniers.
Cependant, des obstacles demeurent, a poursuivi la délégation des États-Unis en prévenant que pour entamer les négociations, le peuple afghan aura besoin d’un gouvernement inclusif qui puisse à la fois assurer la sécurité et participer au processus de paix. Le 23 mars dernier, le Secrétaire d’État, M. Mike Pompeo, a exhorté MM. Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah à mettre de côté leurs divergences et à former un gouvernement qui s’attellera à stabiliser le pays, faire avancer le processus de paix et combattre la COVID-19. Les États-Unis se sont dits déçus que les dirigeants afghans n’aient pas réussi à former ce gouvernement, mais ont noté que ces derniers ont fait preuve d’un engagement louable en faveur de la paix cette semaine en créant une équipe de négociation et en adoptant des mesures pratiques pour libérer les prisonniers. Ils devraient étendre cet engagement et relever le défi de la formation du gouvernement, a conseillé la délégation.
Les États-Unis ont aussi averti que leur gouvernement se prépare à ajuster ses dépenses en Afghanistan, avec notamment une réduction immédiate d’un milliard de dollars de l’aide pour cette année. Si les dirigeants afghans choisissent de former un gouvernement inclusif capable de garantir la sécurité et de participer au processus de paix, l’Administration Trump est prête à soutenir ces efforts et à réexaminer l’évaluation de son aide dès cette semaine, a ajouté la délégation tout en assurant que l’Amérique maintient son appui au peuple afghan. Elle a rappelé que les États-Unis ont promis 15 millions de dollars d’aide pour combattre la COVID-19 en Afghanistan.
La délégation a également rappelé que M. Pompeo s’est rendu le 23 mars à Doha pour rencontrer les Taliban pour faire pression afin qu’ils respectent leurs engagements de réduire la violence. Rappelant les dernières attaques commises par les Taliban, elle les a appelés à réduire immédiatement le niveau de violence. Les États-Unis maintiennent leur engagement à défendre les Forces nationales de défense et de sécurité afghanes. Les États-Unis ont en outre promis de continuer à préserver les acquis en matière de droits des femmes et des filles en Afghanistan. Aucun futur gouvernement afghan ne peut compter sur le soutien de la communauté internationale, des donateurs ou des entreprises si les droits et la participation des femmes sont révoqués ou ignorés, a averti la délégation américaine. Elle a enfin annoncé que son gouvernement se prépare à retirer 8 600 militaires de l’Afghanistan. Promettant que les États-Unis restent déterminés à garantir que les organisations terroristes ne puissent plus jamais utiliser l’Afghanistan comme refuge, la délégation a annoncé que toute nouvelle réduction des effectifs sera strictement conditionnelle et étroitement coordonnée avec l’OTAN.
L’Estonie a félicité la MANUA pour son travail aux côtés de ses partenaires nationaux, régionaux et internationaux afin de soutenir l’Afghanistan sur de nombreux fronts, et s’agissant plus particulièrement de l’égalité entre les sexes, de la participation des femmes au processus de paix et de l’implication de la société civile. Ce travail contribue à créer un environnement propice aux négociations intra-afghanes, a estimé l’Estonie qui s’est dite prête à envisager de nouvelles options avec les autres membres du Conseil de sécurité pour faciliter davantage les efforts de la MANUA. Saluant les premiers pas du Gouvernement afghan vers le processus de paix, l’Estonie a relevé la création d’un ministère d’État de la paix et d’un comité de la paix.
Prenant note de la légère baisse du nombre des victimes civiles en 2019 par rapport à 2018, l’Estonie a néanmoins regretté qu’il soit toujours aussi élevé et que les femmes et les enfants représentent 42% des morts. Elle a imputé ces victimes aux Taliban, à l’Armée nationale afghane et à l’EIIL-K. À la lumière de la pandémie de COVID-19, il est de la plus haute importance de réduire la violence et d’établir un cessez-le-feu, tant pour protéger la population civile que pour permettre à l’Afghanistan de se préparer et de se concentrer sur la lutte contre le virus, a souligné l’Estonie. Il faut, a-t-elle insisté, minimiser les effets d’une pandémie qui pourrait perturber et retarder le début des négociations intra-afghanes. À cet égard, l’Estonie a salué comme une évolution très positive la formation d’une équipe de négociation par le Gouvernement afghan. Elle s’en est d’autant réjouie que l’équipe compte cinq femmes sur 21 membres. Mais elle a regretté que les Taliban aient refusé de coopérer avec cette équipe. L’Estonie a insisté sur le fait que tout effort relatif au processus de paix ne doit en aucun cas porter atteinte aux droits et libertés fondamentaux garantis par la Constitution afghane.
Pour le Viet Nam, l’évolution de la situation en Afghanistan est toujours préoccupante. Il a condamné les attaques des Taliban et des autres groupes terroristes qui ont fait plus de 10 000 victimes civiles en 2019 et des centaines d’autres depuis le début de 2020. « Nous sommes également préoccupés par la propagation croissante de la COVID-19 et son impact sur la sécurité, la consolidation de la paix et le développement socioéconomique de l’Afghanistan », a ajouté la délégation. Pour le Viet Nam, la question la plus importante est désormais de continuer à appliquer la résolution 2513 (2020) du Conseil de sécurité, en particulier en entamant les négociations sur un cessez-le-feu permanent. La participation des femmes à ce processus devra être renforcée et active, a souligné le Viet Nam qui a appelé le Gouvernement afghan et les partis d’opposition à se montrer unis et à mettre de côté leurs divergences en cette période difficile. Le Viet Nam a appelé à un soutien international fort aux négociations intra-afghanes. Le pays a reconnu les obstacles sécuritaires, condamnant la dernière attaque des Taliban qui a causé la mort de 27 soldats afghans.
Compte tenu de la propagation de la COVID-19, les Taliban et tous les autres groupes terroristes doivent cesser immédiatement les combats, arrêter de cibler les civils et faciliter un accès sans entrave à l’aide humanitaire et médicale, a martelé le Viet Nam. Nous appelons les partenaires internationaux ainsi que la MANUA et le système des Nations Unies à continuer d’aider l’Afghanistan à lutter contre la criminalité transfrontière et le trafic de drogue, a conclu le Viet Nam.
La France a exhorté les États Membres à être plus unis que jamais dans leur soutien à l’Afghanistan, alors que ce pays frappé par la guerre, le terrorisme et la pauvreté s’apprête à faire face à la pandémie de COVID-19. « La première et la plus cruciale forme de soutien est de nous assurer de la continuité de l’aide humanitaire », a-t-elle insisté. Elle a salué les initiatives entreprises par les organismes des Nations Unies. Après avoir condamné la récente attaque terroriste du 25 mars, elle a exhorté toutes les parties à respecter le droit international humanitaire et leurs obligations en matière de protection des civils. Elle a appelé à tout mettre en œuvre pour réduire les violences en espérant que l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu immédiat soit entendu et appliqué en Afghanistan. S’agissant du processus électoral, la France a plaidé pour la formation rapide d’un gouvernement inclusif et uni. Elle a estimé qu’un tel gouvernement serait d’une importance critique en marge du lancement des pourparlers intra-afghans.
Elle s’est félicitée de la composition d’une délégation afghane inclusive pour les pourparlers de paix comprenant cinq femmes parmi ses 21 membres. Elle a jugé essentiel que les femmes participent directement aux discussions de paix et à tous les niveaux de prise de décisions. Elle a insisté sur le caractère essentiel de l’inclusivité pour s’assurer que les droits de toutes les personnes soient garantis lors des négociations. La signature de deux accords en février prépare la voie à la paix, en dépit des difficultés liées à la pandémie de COVID-19, a-t-elle estimé. Elle a souligné la nécessité de continuer à mettre en œuvre ces accords, parallèlement à la lutte contre le terrorisme, le trafic de stupéfiants et la traite des êtres humains
L’Afrique du Sud a condamné les dernières attaques terroristes en Afghanistan, soulignant que, quelle que soit leur motivation, de telles attaques ne peuvent jamais être justifiées. L’Afrique du Sud a dit apporter son appui au rôle important de la MANUA et à sa contribution à la fondation de la paix et du développement durable dans ce pays. La poursuite de la violence, en particulier les attaques aveugles perpétrées contre des civils, des femmes, des enfants et des personnes âgées, reste préoccupante et risque de faire échouer les efforts en cours pour instaurer une paix durable en Afghanistan, a prévenu l’Afrique du Sud.
La délégation sud-africaine a encouragé toutes les parties prenantes afghanes engagées dans les pourparlers de paix du pays à redoubler d’efforts pour rétablir la confiance, œuvrer en faveur de la paix et de la réconciliation, ainsi que promouvoir l’unité et la cohésion nationales en vue de parvenir à une solution politique durable. Elle a salué tous les efforts visant à trouver une solution à long terme au conflit en Afghanistan, souhaitant que la récente signature des accords respectifs entre les États-Unis, le Gouvernement afghan et les Taliban soit une première étape importante à partir de laquelle les négociations intra-afghanes pourront être lancées. Saluant le rôle que les femmes ont joué dans le processus de paix en Afghanistan, l’Afrique du Sud a appelé à encourager leur constante participation aux pourparlers de paix et aux efforts d’après conflit et demandé que les immenses progrès réalisés dans les droits des femmes et des filles soient protégés. La délégation a aussi plaidé pour que le processus de paix soit dirigé par les Afghans et pour que toutes les parties prenantes afghanes résolvent leurs différends et à travaillent ensemble afin de créer un environnement pacifique et stable pour tous les Afghans.
La Belgique a rappelé les attaques terroristes dévastatrices et meurtrières qui ont frappé l’Afghanistan la semaine dernière, dénombrant 100 000 victimes depuis que la MANUA a commencé à les compter il y a plus d’une décennie, ce qui témoigne de « la folie de ce conflit ». La délégation s’est inquiétée de plus de la propagation de la COVID-19 dans le pays et de son impact sur la population afghane, en particulier sur les plus vulnérables. Dans ce contexte, les récents mouvements à grande échelle au-delà des frontières risquent d’exercer une pression supplémentaire sur le système de santé du pays, a remarqué la Belgique avant de se faire l’écho de l’appel du Secrétaire général à un cessez-le-feu mondial. « Malheureusement, en Afghanistan, les hostilités continuent. »
La Belgique appelle les autorités afghanes à faire preuve de leadership politique après la récente annonce des résultats des élections. La population afghane a besoin d’un gouvernement inclusif bénéficiant d’un large soutien, capable de faire face à la pandémie et de saisir l’opportunité de la paix. La Belgique espère que l’annonce d’une délégation gouvernementale diversifiée et inclusive pour les négociations intra-afghanes permettra de donner sans tarder le coup d’envoi à ces pourparlers. Par ailleurs, la Belgique préconise un échange de prisonniers comme moyen de gagner la confiance. Dans ce contexte, elle demande au Conseil de suivre de près ce processus et souligne l’importance du respect de la Constitution afghane, des droits et des libertés fondamentales.
Sachant qu’au cours des trois derniers mois de 2019, 687 violations graves ont été confirmées contre des enfants, la délégation continuera à rechercher un consensus sur les conclusions du Conseil relatives aux enfants dans les conflits armés et espère pouvoir compter sur le soutien des autres membres.
« Nous avons besoin d’une voix forte et d’un leadership clair pour l’ONU en Afghanistan », a poursuivi la délégation belge qui s’est félicitée de la nomination de la nouvelle Représentante spéciale. Tant sur le plan bilatéral qu’en tant que membre de l’Union européenne, la Belgique continuera à soutenir ‑sur la base de conditions et de paramètres clairs- le processus de paix, ainsi que le Gouvernement et le peuple afghans.
Pour Saint-Vincent-et-les Grenadines, les graves conséquences humanitaires du conflit en Afghanistan nécessitent une action urgente. Pour faire face aux causes politiques et socioéconomiques qui sous-tendent cette crise, la communauté internationale doit travailler ensemble, a exhorté la délégation. Il n’y a pas d’alternative au multilatéralisme, a-t-elle ajouté. Préoccupée par la situation sécuritaire instable dans le pays, Saint-Vincent-et-les Grenadines a condamné toutes les formes de terrorisme et de violence contre les civils, y compris les récents assassinats au temple sikh de Kaboul. La délégation a réitéré l’appel du Secrétaire général de l’ONU à un cessez-le-feu mondial dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Le pays a apporté son appui à un processus mené et dirigé par les Afghans eux-mêmes pour assurer une paix et une stabilité durables. Dans ce contexte, il a encouragé toutes les parties à respecter leurs engagements en vertu de la Déclaration conjointe et de l’« Accord » du 29 février dernier. Saint-Vincent-et-les Grenadines a insisté sur l’inclusivité du processus politique et l’édification d’une société plus juste et plus équitable pour tous les Afghans.
La Chine a estimé que le processus de paix et de réconciliation était à une étape cruciale en Afghanistan, saluant à cet égard les contacts pris entre le Gouvernement afghan et les Taliban, ainsi que les efforts de la communauté internationale et des pays de la région pour promouvoir les négociations intra-afghanes. Elle a dit soutenir un processus de paix et de réconciliation inclusif et large conduit par les Afghans et conforme à la volonté exprimée par le peuple afghan. La délégation de la Chine a exhorté toutes les parties afghanes, y compris les Taliban, à saisir cette opportunité historique de développer ensemble des projets politiques et sécuritaires acceptables par tous. « La Chine veut continuer de travailler avec la communauté internationale, notamment les pays de la région, dont le Pakistan et la Fédération de Russie, pour promouvoir le processus de dialogue intra-afghan. »
Pour la Chine, il est essentiel de renforcer les capacités sécuritaires de l’Afghanistan, notamment de l’Armée nationale afghane, pour aider le pays à faire face au terrorisme, à la criminalité transnationale et au trafic de stupéfiants. La délégation a aussi salué l’accord intervenu entre les États-Unis et les Taliban avant de souhaiter qu’il soit procédé au retrait des forces étrangères de manière ordonnée et responsable afin d’éviter tout vide sécuritaire qui pourrait bénéficier aux organisations terroristes.
Notant que la résolution du Conseil de sécurité appelle la promotion de la coopération et de la connectivité régionales, la délégation a indiqué que l’Afghanistan et le Pakistan ont commencé à transporter des biens via le port de de Gwadar dans le corridor économique sino-pakistanais, ce qui représente un réel progrès dans l’intégration de Afghanistan dans l’économie régionale. Elle a dit la détermination de la Chine à aider les Afghans à atteindre leurs objectifs de paix et de prospérité.
S’agissant de la pandémie de COVID-19, la délégation a indiqué que la Chine avait, le 20 mars, dans le cadre d’une visioconférence, partagé son expérience de prévention et contrôle de la pandémie avec 19 pays de l’Asie du Sud et de l’Eurasie, dont l’Afghanistan. Elle a ajouté que la Chine avait offert à l’Afghanistan 30 000 tests, 250 000 masques et quelques respirateurs qui doivent arriver dans le pays le 1er avril.