En cours au Siège de l'ONU

SC/14149

Moyen-Orient: des membres du Conseil de sécurité voient dans la coordination exemplaire entre Israéliens et Palestiniens face à la COVID-19 l’occasion d’une relance du processus politique

Certaines délégations ont indiqué, hier, lors d’une visioconférence entre les membres du Conseil de sécurité, que la coordination « exemplaire » en cours entre Israéliens et Palestiniens face à la COVID-19 constitue une occasion « unique » de relancer le processus politique, aujourd’hui au point mort, alors que les activités de colonisation en Cisjordanie se poursuivent, comme l’a rappelé en introduction Nickolay Mladenov, le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient.

« C’est grâce à ce type de coordination sans précédent qu’il pourra y avoir une entente entre Palestiniens et Israéliens », a déclaré la République dominicaine, en rappelant à quel point les deux pays sont liés.  La délégation a estimé que cette coordination pourrait constituer un bon début pour de futurs pourparlers.  « Le cessez-le-feu et la fin des hostilités, y compris les démolitions, combinés avec une réponse efficace à la pandémie en cours constituent, selon nous, une opportunité unique. »

La Chine a, elle aussi, salué les efforts israélo-palestiniens de lutte contre la COVID-19, avant d’encourager les deux parties à renforcer la coordination et la confiance mutuelle.  Louant également cette coopération, Saint-Vincent-et-les Grenadines a exhorté Israël, Puissance occupante, à faire en sorte que tous les moyens préventifs soient utilisés dans la lutte contre le virus. Cette menace commune ne connaît pas de frontière et met en danger Israéliens et Palestiniens, a appuyé l’Allemagne.

La Fédération de Russie s’est félicitée de la reprise des contacts entre Palestiniens et Israéliens face au virus, saluant notamment l’appel téléphonique du Président israélien au Président palestinien.  « Nous espérons que ce dialogue s’intégrera dans les mesures de rétablissement de la confiance », a indiqué la délégation, tout en s’inquiétant des éventuelles conséquences de la propagation de la maladie dans la bande de Gaza.

L’inquiétude est en effet de mise puisque le système de santé à Gaza ne sera pas capable de faire face à une épidémie de COVID-19, comme l’a indiqué le Coordonnateur spécial, qui, en préambule de son propos, a qualifié « d’exemplaire » la coordination en cours entre Palestiniens et Israéliens.  Notant que Gaza est l’une des zones les plus peuplées au monde, il a assuré que l’ONU œuvre à un renforcement du système de santé à Gaza.  La Tunisie a plaidé, elle, pour un appui accru à l’UNRWA.

Le Coordonnateur spécial a ensuite consacré son intervention à la mise en œuvre, pour la période allant du 18 décembre 2019 au 20 mars dernier, de la résolution 2334 (2016), texte qui appelle notamment à la cessation de toutes les activités de colonisation israéliennes et demande aux deux parties des efforts en vue du lancement de négociations crédibles.  Sur ces deux points, le Coordonnateur spécial n’a pu noter qu’une absence de progrès.

Aucune mesure vers une cessation des activités de colonisation n’a ainsi été prise, a déclaré le Coordonnateur spécial.  Les autorités israéliennes ont approuvé ou avancé les projets pour 3 800 unités de logement dans les colonies en Cisjordanie, y compris 100 à Jérusalem-Est, 30% des unités étant prévues pour être construites très à l’intérieur de la Cisjordanie occupée.

Le Coordonnateur spécial a aussi jugé qu’il est temps de relancer le processus politique et d’avancer des propositions afin de ramener les parties dans un cadre mutuellement agréé permettant la reprise de négociations substantielles. « En l’absence d’un engagement renouvelé des parties de rechercher des mesures concrètes permettant de véritables progrès politiques, j’ai bien peur que la situation continue de se dégrader. »

Les délégations de l’Allemagne et de Saint-Vincent-et-les Grenadines ont condamné la poursuite des activités de colonisation qui, selon la délégation allemande, constituent l’un des principaux obstacles à un règlement politique du conflit et sapent la solution des deux États.  « Même le coronavirus ne modifie par les plans pour la poursuite des activités de peuplement et les démolitions de l’immobilier palestinien », a déploré la délégation russe.

Enfin, les États-Unis ont estimé qu’au vu de l’attention que mobilise la COVID-19, il était inopportun de tenir une discussion « complexe » sur les détails de la Vision pour la paix dévoilée par le Président américain le 28 janvier dernier.  La délégation américaine a préféré, elle aussi, insister sur la coordination rapprochée entre les autorités israéliennes et palestiniennes face à l’épidémie.

Ce type de dialogue est un modèle de coopération et de collaboration, s’est-t-elle félicitée.  « Quand cette maladie sera reléguée au passé et que nous aurons échappé à son étau, chaque membre de ce Conseil pourra citer la coopération dont nous sommes les actuels témoins et affirmer que le dialogue entre Israéliens et Palestiniens est possible », a-t-elle dit.

En raison de la pandémie de la COVID-19 et le confinement ordonné par la ville de New York, le Conseil de sécurité s’était réuni hier dans un cadre tout à fait inédit -par visioconférence- pour poursuivre ses travaux et notamment entendre l’exposé mensuel sur le Moyen-Orient.  Les 15 membres ont ainsi pu s’exprimer, après l’exposé du Coordonnateur spécial. 

La Section des communiqués de presse ne couvre que les déclarations faites en visioconférence dont les textes ont été transmis à temps par la Division des affaires du Conseil de sécurité.

M. NICKOLAY MLADENOV, Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient, a salué tout d’abord les mesures fortes prises par Israël et l’Autorité palestinienne pour essayer de contenir la propagation du virus COVID-19.  La coordination mise en place et l’engagement commun de contrer la menace sont exemplaires.  Il a consacré le reste de son intervention à la mise en œuvre de la résolution 2334 (2016) sur la période du 18 décembre 2019 au 20 mars de cette année.  

Il a replacé ses propos dans un contexte plus large marqué par la poursuite de l’occupation militaire israélienne des territoires palestiniens; les activités illégales de colonisation et les menaces d’annexion; l’emprise du Hamas à Gaza; les fermetures de Gaza ; les actions unilatérales qui sapent la paix; les défis à la viabilité budgétaire de l’Autorité palestinienne et le risque persistant d’escalade.  Tous ces faits sapent la solution des deux États, a-t-il dit.  Il a rappelé que la résolution précitée appelle à la cessation par Israël de toutes les activités de colonisation dans les territoires occupés palestiniens.  Or, aucune mesure en ce sens n’a été prise pendant la période considérée, a déclaré le Coordonnateur. 

Les autorités israéliennes ont approuvé ou avancé des projets concernant 3 800 unités de logement dans les colonies en Cisjordanie, dont 100 à Jérusalem-Est.  Près de 30% des unités envisagées sont prévues pour être construites très à l’intérieur de la Cisjordanie occupée.  Il a évoqué en outre le plan de construction de 3 500 unités qui étendrait la colonie de Ma’ale Adumim vers Jérusalem, avec pour effet, si ces unités venaient à être construites, de couper le lien entre le nord et le sud de la Cisjordanie, sapant d’autant plus la possibilité d’un État palestinien viable et contigu.  Le 9 mars, le Ministre israélien de la défense a soumis un projet appelé « Route de la souveraineté » entre le nord et le sud de la Cisjordanie, contournant la colonie précitée. 

M. Mladenov a indiqué que les démolitions et saisies de structures palestiniennes se poursuivent en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. Prétextant une absence de permis de construire délivrés par les autorités israéliennes, très difficiles à obtenir pour les Palestiniens, les autorités israéliennes ont démoli ou saisi 96 structures palestiniennes.  La résolution précitée, a-t-il poursuivi, appelle à des mesures immédiates pour prévenir les actes de violence contre les civils.  « Malheureusement, une violence sporadique s’est poursuivie pendant la période. »  En Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem-Est, 9 Palestiniens, dont deux enfants, ont été tués, 30 autres blessés, tandis que 30 Israéliens, dont 4 enfants et 19 membres du personnel de sécurité, ont été blessés dans divers incidents.  

À Gaza, malgré plusieurs journées d’hostilités fin février, les arrangements négociés par l’Égypte et l’ONU continuent d’être largement respectés et un calme fragile règne pour l’instant, a dit M. Mladenov.  Le 26 décembre, les organisateurs des manifestations le long de la barrière de sécurité à Gaza les ont suspendues jusqu’au 30 mars, aboutissant à une période d’un calme relatif, malgré quelques incidents violents occasionnels.  En tout, 18 Palestiniens et 16 Israéliens ont été blessés avant la restauration du calme le 24 février grâce aux efforts onusiens et égyptiens.  

Contrevenant à la résolution précitée, qui appelle les parties à s’abstenir de toute provocation, les dirigeants palestiniens continuent d’y céder, a-t-il encore noté, signalant que le site officiel du Fatah glorifie les auteurs d’actes de terreur contre les Israéliens et encourage chez les enfants la violence contre les juifs.  Des responsables de l’Autorité palestinienne ont aussi glorifié des auteurs d’attaques et nié à Israël tout droit à l’existence.  Le Hamas a encouragé les attaques contre les Israéliens en Cisjordanie et le lancement d’engins explosifs au moyen de ballons depuis Gaza.  De leur côté, les responsables israéliens continuent de faire des déclarations dangereuses et discriminatoires, certains appelant à l’annexion des colonies israéliennes et d’autres parties de la Cisjordanie occupée.  Un ministre israélien a appelé à mettre à bas l’Autorité palestinienne si elle ne retirait pas ses allégations contre Israël devant la Cour pénale internationale.  

Rappelant que la résolution appelle à des mesures pour inverser les tendances négatives sur le terrain, le Coordonnateur spécial a noté la levée par Israël de certaines restrictions sur le matériel à destination de Gaza, en particulier du matériel de construction.  En janvier, près de 27 000 personnes, dont 78% d’hommes d’affaires et de commerçants, ont été autorisées à sortir de Gaza par le point de passage d’Erez, soit le nombre le plus élevé depuis 2007.  Les progrès ont continué à être enregistrés s’agissant des efforts de reconstruction après l’escalade de 2014.  Sur les 11 000 maisons détruites, 9 000 ont été reconstruites, mais près de 1 000 familles demeurent déplacées.  Le Coordonnateur spécial a indiqué que la situation socioéconomique demeure critique à Gaza, le système de santé étant notamment sur le point de s’effondrer.  Cela est très préoccupant au regard de la propagation du virus COVID-19, a-t-il dit, alors que Gaza est l’une des zones les plus peuplées au monde.  L’ONU a intensifié son appui au système de soins à Gaza.  

Il n’y a eu aucun progrès accompli en vue d’une réconciliation intrapalestinienne ou vers des élections présidentielle et législatives, a-t-il déclaré, les dernières élections ayant eu lieu en 2006.  Sur le plan diplomatique, il a rappelé que la résolution appelle les parties à des efforts en vue du lancement de négociations crédibles, avant d’évoquer le plan des États-Unis « Paix vers la prospérité », dévoilé le 28 janvier.  La position de l’ONU n’a pas changé, celle-ci demeurant engagée à appuyer Palestiniens et Israéliens pour régler le conflit sur la base des résolutions pertinentes de l’ONU et des accords internationaux pour réaliser la vision de deux États -Israël et la Palestine– vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.  

En conclusion, le Coordonnateur spécial a indiqué que l’expansion des colonies de peuplement sape la solution des deux États et que ces activités, illégales, doivent cesser immédiatement.  Cette expansion nourrit le ressentiment dans la population palestinienne et sape la possibilité d’un État palestinien viable et contigu, a-t-il prévenu.  Les mesures unilatérales compromettent la paix, a-t-il dit, en dénonçant les déclarations de responsables israéliens pour une annexion des colonies de peuplement et d’autres parties de la Cisjordanie. Cela mettrait un terme à la possibilité de la solution des deux États et fermerait la porte à toute négociation, a asséné le Coordonnateur spécial. 

Il a aussi regretté le manque de progrès pour la tenue d’élections palestiniennes et encouragé les dirigeants palestiniens à œuvrer avec l’Égypte pour inverser cette tendance négative.  Il est temps de relancer le processus politique et d’avancer des propositions afin de ramener les parties dans un cadre mutuellement agréé permettant la reprise de négociations substantielles, a déclaré le Coordonnateur spécial.  « En l’absence d’un engagement renouvelé des parties de rechercher des mesures concrètes permettant de véritables progrès politiques, j’ai bien peur que la situation continue de se dégrader. » 

Les États-Unis ont estimé qu’au vu de l’attention que mobilise la COVID-19, il était inopportun de tenir une discussion «  complexe  » sur les détails de la Vision pour la paix de l’Administration Trump.  La délégation a salué le récent engagement entre les Israéliens et les Palestiniens, le qualifiant d’encourageant et de constructif et y voyant une manifestation de la «  puissance du dialogue  ». Elle a notamment parlé de la coordination rapprochée entre les autorités israéliennes et palestiniennes face à la COVID-19.  Ce type de dialogue est un modèle de coopération et de collaboration, s’est-t-elle félicitée.  C’est une démonstration tangible du bien qui se manifeste lorsque des dirigeants viennent à la table tout simplement pour se parler et reconnaître leur dignité respective. 

«  Quand cette maladie sera reléguée au passé et que nous aurons échappé à son étau, chaque membre de ce Conseil pourra citer la coopération dont nous sommes les actuels témoins et affirmer que le dialogue entre Israéliens et Palestiniens est possible  », a-t-elle dit. 

Le Viet Nam s’est dit gravement préoccupé par la situation «  catastrophique  » à Gaza, notamment face au risque de la pandémie du coronavirus et au fait que le système sanitaire est en train de s’y effondrer en raison du blocus.  Les circonstances actuelles exigent des parties concernées qu’elles s’abstiennent de toute provocation ou violence et qu’elles appliquent immédiatement les mesures nécessaires pour protéger les civils.  La délégation s’est également préoccupée du fait que le Gouvernement israélien fait avancer la construction de colonies de peuplement en Cisjordanie et à Jérusalem-Est et s’est inquiétée de la possibilité d’annexion de territoire.  Elle a jugé urgent de reprendre le dialogue et les négociations pour trouver une solution pacifique au conflit, appelant notamment à une intensification des efforts diplomatiques. 

La France a souligné la menace que la COVID-19 représente pour les territoires palestiniens.  À Gaza, le système de santé était déjà sur le point de s’effondrer avant la pandémie, a-t-elle rappelé, et la moitié des médicaments essentiels n’étaient disponibles que pour un mois.  La France redoute que la propagation du virus conduise à une déstabilisation sociale et politique plus large, avec des conséquences régionales.  Prenant note des efforts déployés, elle a demandé instamment à Israël d’autoriser la livraison de matériel médical et les évacuations humanitaires d’urgence.  L’Autorité palestinienne doit également lever les restrictions qui empêchent la livraison de matériel médical et de médicaments à Gaza. 

En écho à l’appel du Secrétaire général qui demande une trêve humanitaire, tous les acteurs doivent s’abstenir de tout acte d’hostilité, maintenir le cessez-le-feu et assurer l’accès humanitaire à toutes les personnes dans le besoin, a poursuivi la France avant de condamner les tirs de roquette contre les zones civiles en Israël, y compris ceux du week-end dernier.  Néanmoins, il n'y aura pas de stabilité durable à Gaza sans une levée du blocus avec des garanties de sécurité crédibles pour Israël et le retour de l’Autorité palestinienne dans l’enclave, dans le cadre d’un accord de réconciliation intrapalestinien.  Il importe que des progrès soient réalisés sur ces deux fronts.  

  En ce qui concerne la Cisjordanie, la France est très préoccupée par la situation des détenus palestiniens, y compris en Israël, et des civils vivant dans la zone C et à Jérusalem-Est.  Rappelant les responsabilités d’Israël en tant que Puissance occupante, conformément aux conventions de Genève, la France a demandé aux autorités israéliennes de faciliter l’acheminement des fournitures humanitaires.  

Une coopération accrue est nécessaire entre Israël et l’Autorité palestinienne et la France salue la décision d’Israël de transférer 120 millions de shekels de recettes fiscales à l’Autorité palestinienne.  Mais les parties doivent néanmoins s’entendre sur un accord plus global.  

 Par ailleurs, la communauté internationale doit renforcer son soutien à Gaza et à la Cisjordanie, et la France salue le plan global de réponse humanitaire des Nations Unies pour répondre à la crise du COVID-19 ainsi que les efforts de l’UNRWA qui restent d’autant plus essentiels aujourd’hui.  Elle réitère sa condamnation des récentes annonces faites par le Gouvernement israélien de poursuivre la colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.  Cela menace clairement la viabilité d’un futur État palestinien.   Avec ses partenaires européens, la France a appelé le Gouvernement israélien à reconsidérer ses décisions et à mettre fin à toute activité de colonisation.  Ils demandent également à toutes les parties de respecter pleinement les obligations qui leur incombent en droit international.   La France a mis en garde contre toute mesure unilatérale, y compris l’annexion de certaines parties de la Cisjordanie, qui compromettrait la solution des deux États et les perspectives de paix.  De telles mesures, si elles étaient mises en œuvre, ne resteraient pas sans réponse.  

La France a l’espoir que la COVID-19 soit également l’occasion de favoriser la réconciliation et la paix.  Des mesures unilatérales en réponse à des défis communs ne fonctionnent tout simplement pas.  Dès lors la France espère qu’il sera possible de préparer collectivement le terrain pour la reprise des pourparlers de paix dans le cadre des paramètres agréés au niveau international et de la solution des deux États. 

La Tunisie a constaté que la situation sur le terrain continue de se détériorer, pointant notamment l’expansion des colonies de peuplement et l’accélération de la démolition de logements.  Elle a appelé la communauté internationale à exiger d’Israël qu’il respecte ses obligations découlant du droit international et s’abstienne de tout annexion de fait du territoire palestinien.   

La délégation tunisienne s’est également dit gravement préoccupée par la détérioration de la situation humanitaire à Gaza et la précarité de la santé publique en raison de la destruction d’hôpitaux et de la pénurie de médicaments et d’équipements médicaux.  Il est donc fondamental que la communauté internationale maintienne son aide humanitaire «  essentielle  », notamment pour renforcer les capacités des Palestiniens à faire face à la pandémie du COVID-19.  La Tunisie a aussi insisté sur la nécessité de fournir un appui constant à l’UNRWA, notamment en finançant la réponse immédiate au COVID-19. 

La Fédération de Russie s’est félicitée de la reprise des contacts entre Palestiniens et Israéliens pour confronter la COVID-19, saluant notamment l’appel téléphonique du Président israélien au Président palestinien.  Nous espérons que ce dialogue s’intégrera dans les mesures de rétablissement de la confiance, a indiqué la délégation, tout en s’inquiétant des éventuelles conséquences de la propagation de la maladie dans la bande de Gaza.  Le travail de l’UNRWA et l’appui que lui accorde la communauté internationale sont plus importants que jamais, a-t-elle ajouté. 

Après avoir indiqué que la Russie avait participé, le 26 mars, à une téléconférence réunissant les envoyés spéciaux des médiateurs internationaux du Quatuor pour le Moyen-Orient, la délégation russe a rappelé que lors de la dernière réunion du Conseil de sécurité, Palestiniens et Israéliens avaient tous deux indiqué être préparés à tenir des négociations.  Il appartient désormais aux parties d’indiquer quels seraient les paramètres de ces négociations, a-t-elle estimé, réitérant en outre l’importance de rétablir l’unité nationale palestinienne. 

La délégation a ensuite déploré que «  même le coronavirus  » ne modifie pas les plans pour la poursuite des activités de peuplement et les démolitions de l’immobilier palestinien.  Il est important que les parties s’abstiennent de toute provocation, notamment au vu du contexte actuel, a-t-elle estimé. 

Saint-Vincent-et-les Grenadines a noté avec préoccupation l’augmentation des cas de COVID-19 dans le territoire palestinien occupé, avant de saluer les discussions entre Palestiniens et Israéliens en vue de coordonner leurs efforts pour faire face au virus.  La délégation a plaidé pour un appui à l’UNRWA afin de pouvoir lutter contre le virus au sein de la population palestinienne réfugiée. Elle s’est dit préoccupée par la poursuite des activités de colonisation dans le territoire occupé palestinien et a rappelé que ces activités, qui sont illégales, sapent la solution des deux États.  S’appuyant sur la Quatrième Convention de Genève, la délégation a exhorté Israël, Puissance occupante, à faire en sorte que tous les moyens préventifs soient utilisés dans la lutte contre le virus.  « Nous devons être unis face au défi que pose le virus. » 

L’Afrique du Sud a dit être particulièrement préoccupée par la poursuite de la rhétorique d’annexion et de peuplement du Gouvernement israélien.  Elle a notamment dénoncé l’annonce d’un projet de construction de3 500 unités dans la Zone E1, avertissant que cela compromet gravement la solution des deux États.  Elle a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2334, soulignant que toutes les résolutions du Conseil de sécurité, «  qu’elles soient unanimes ou pas  », doivent être pleinement mises en œuvre. 

La délégation sudafricaine a ensuite appelé à se pencher sur l’impact de la pandémie du COVID-19 sur le peuple palestinien.  Alors que des millions de personnes sont appelées à rester chez elles, des Palestiniens voient leur domicile démoli : cela est inacceptable, a-t-elle dit.  Notant les restrictions imposées à l’acheminement de fournitures médicales à Gaza, elle a également appelé les parties concernées à mettre à la disposition de ceux qui les réclament les équipements nécessaires pour faire face à la pandémie.  L’Afrique du Sud appelle notamment le Gouvernement d’Israël à lever le blocus et la communauté internationale à appuyer les efforts de l’UNRWA. 

La Belgique a rappelé qu’en vertu de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, la politique israélienne de colonisation viole le droit international.  De ce fait, Israël doit mettre fin immédiatement à ses activités de colonisation dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem-Est.  Si les annonces faites concernant Jérusalem se concrétisent, cela sapera la continuité territoriale d’un futur État palestinien et compromettra le statut de Jérusalem comme capitale commune.  La délégation a aussi dit son inquiétude au sujet de l’annonce d’annexions en Cisjordanie, avant d’affirmer que la Belgique n’entend pas reconnaître de modifications sur les frontières de 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem-Est, à moins que ces modifications ne soient agréées par les parties. 

La délégation belge a estimé que la publication, par le Conseil des droits de l’homme, de la liste des entreprises liées aux colonies se trouvant dans les territoires palestiniens occupés pourrait créer plus de transparence.  Elle a invité la communauté internationale à instaurer les conditions de reprise de négociations directes entre les parties.  Au sujet de la pandémie de COVID-19, le délégué a salué la coopération entre les deux parties et souligné que l’accès humanitaire reste crucial, espérant que des efforts supplémentaires seront faits à ce sujet.

L’Estonie a jugé essentiel de maintenir les réunions habituelles du Conseil de sécurité sur le Moyen-Orient «  en raison de la poursuite d’évolutions sans rapports avec la COVID-19  ».  L’objectif le plus important doit être de maintenir l’élan en faveur de la paix, a-t-elle souligné, avant d’exhorter les parties à entamer les négociations.  L’Estonie est préoccupée de la poursuite des activités de peuplement à Jérusalem-Est et dans ses alentours, notamment dans la Zone E1. Elle reconnaît que le risque de propagation du COVID-19 à Gaza représente la préoccupation immédiate la plus sérieuse.  Il est donc important qu’Israël et Gaza poursuivent leur coopération pour se préparer à la crise, a recommandé l’Estonie, estimant, par ailleurs, positif que la situation sécuritaire à Gaza soit demeurée calme depuis le mois de février. 

L’Allemagne a salué la coopération israélo-palestinienne dans la lutte contre la COVID-19, cette menace commune qui ne connaît pas de frontière et met en danger Israéliens et Palestiniens.  Il a estimé qu’il faudrait, dans cette situation, apporter un soutien à l’UNRWA qui joue un rôle crucial contre la pandémie, mais qui manque de fonds pour faire face à la détérioration de la situation humanitaire du fait du COVID-19 dans les camps de réfugiés et à Gaza.  Pour l’Allemagne, la solution des deux États, fondée sur le droit international et les paramètres internationalement agréés, est la seule solution viable au conflit israélo-palestinien.  De même, les questions relatives au statut final, dont celles des frontières, de Jérusalem, de la sécurité et des réfugiés, doivent être résolues par des négociations directes entre les deux parties.  De ce fait, les actions unilatérales qui modifient la situation sur le terrain n’aident pas à parvenir à une solution définitive et ne conduisent pas non plus à une paix et une sécurité qui soient durables.  

L’occupation actuelle et les activités de colonisation qui se poursuivent dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967 restent, selon l’Allemagne, l’un des principaux obstacles à un règlement politique du conflit.  Pour la délégation, ces activités de colonisation sont illégales en vertu du droit international et elles sapent la perspective de négociations pour parvenir à la solution des deux États.  Elle a appelé les autorités israéliennes à mettre fin à l’expansion des colonies et à la confiscation des terres palestiniennes, tout en s’inquiétant des annonces et projets relatifs à d’autres annexions de territoires palestiniens.  L’Allemagne entend continuer de distinguer le territoire de l’État d’Israël et les territoires occupés depuis 1967, et de ce fait, le pays n’entend pas reconnaître toute modification des frontières qui étaient en vigueur le 4 juin 1967, y compris en ce qui concerne Jérusalem, à moins que ces modifications aient été acceptées par les deux parties. 

En outre, l’Allemagne condamne dans les termes les plus forts toute attaque contre Israël, y compris par des tirs de roquette depuis Gaza comme ce fut le cas le 27 mars dernier.  Elle a plaidé pour une réactivation d’un format multilatéral comme le Quatuor, afin de discuter des propositions récentes des États-Unis et des propositions faites par le camp palestinien. 

La République dominicaine a dénoncé les activités de colonisation israéliennes dans le territoire occupé palestinien qui alimentent un climat de tension et d’insécurité.  Elle a appelé de ses vœux à un dialogue politique et un leadership positif permettant de ramener les parties à la table des négociations. Elle a ensuite déclaré que le système de santé à Gaza ne pourra pas faire face à une épidémie de COVID-19, les hôpitaux étant d’ores et déjà saturés et sans ressources.  La République dominicaine a salué la coordination « sans précédent » entre Palestiniens et Israéliens pour faire face au virus.  « C’est seulement grâce à ce type de coordination qu’il pourra y avoir une entente entre eux. » Rappelant à quel point les deux pays sont interdépendants, la délégation a estimé que cette coordination pourrait constituer un début pour de futurs pourparlers. « Le cessez-le-feu et la fin des hostilités, y compris les démolitions, combinés avec une réponse efficace à la pandémie en cours constituent, selon nous, une opportunité unique. »  Au regard du contexte, la délégation a espéré que Palestiniens et Israéliens pourront bâtir des ponts au-dessus des « vastes espaces » qui les séparent, tout en luttant contre la pandémie.  

La Chine a déclaré que tous les actes unilatéraux visant à légaliser les colonies de peuplement doivent être immédiatement arrêtés, et demandé aux parties de suivre l’appel du Secrétaire général en mettant fin aux hostilités et en apportant de l’espoir à ceux qui sont vulnérables à la COVID-19.  La délégation a également plaidé pour l’amélioration des conditions économiques et humanitaires des Palestiniens, avant d’inviter la communauté internationale à renforcer ses efforts pour soutenir l’UNRWA.  Elle a salué le lancement du plan humanitaire mondial en réponse à la COVID-19, plan qui va bénéficier aux plus démunis du monde, y compris la Palestine.  

La Chine a demandé que davantage d’efforts soient déployés en faveur de la promotion du dialogue, de la négociation et des consultations politiques sur la base de la solution des deux États, des résolutions pertinentes des Nations Unies, du principe de «  Terre contre paix  » et de l’Initiative arabe de paix, entre autres.  Il a salué les efforts israélo-palestiniens de lutte contre la COVID-19, avant d’encourager les deux parties à renforcer la coordination et la confiance mutuelle.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.