En cours au Siège de l'ONU

8711e séance – après-midi
CS/14093

Au Conseil de sécurité, la « voie » de l’ASEAN est à l’honneur pour son rôle en faveur de la paix et de la sécurité en Asie du Sud-Est

Au Conseil de sécurité cet après-midi, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a été abondamment saluée, y compris par le Secrétaire général de l’ONU, qui a cité cette organisation sous-régionale en modèle de multilatéralisme.

Rappelant les efforts diplomatiques, de prévention des conflits et de consolidation de la paix de l’ASEAN déployés depuis sa création en 1967, M. António Guterres a loué sa contribution de longue date aux opérations de paix de l’ONU.  « Près de 5 000 militaires et policiers, provenant de sept de ses États membres, sont actuellement déployés dans le monde, le nombre de femmes en leur sein étant en hausse », a-t-il souligné.  De son côté, l’Indonésie, où l’Association a son siège, s’est enorgueillie de la création du Registre des femmes pour la paix, un « vivier d’expertes » œuvrant à la promotion des perspectives de genre dans les processus de paix.

Le Secrétaire général de l’ASEAN, M. Lim Jock Hoi, a plaidé pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales, car c’est sur elles que s’arc-boute la prospérité économique, un objectif auquel œuvre l’Association depuis ses débuts.  « Dans notre partie du monde, nous l’appelons “la voie de l’ASEAN”, une manière unique de répondre aux problèmes, qui, aux yeux de certains observateurs extérieurs, est difficile à comprendre, et ne peut être comprise que par nous.  En d’autres termes, la voie de l’ASEAN est devenue une way of life pour l’ASEAN », a déclaré M. Hoi. 

En 2011, le Conseil de sécurité a appuyé les efforts de l’ASEAN pour régler pacifiquement les différends frontaliers entre la Thaïlande et le Cambodge, a poursuivi M. Guterres, avant de mettre en valeur l’engagement de l’Association s’agissant de la situation dans l’État rakhine au Myanmar, qu’il a jugé crucial pour contribuer à l’avancement de mesures concrètes, dans le respect des principes humanitaires et des recommandations de la Commission consultative sur l’État rakhine.

M. Guterres a aussi salué le dialogue constructif entre l’ASEAN et la Chine pour le maintien de la paix et de la sécurité maritime dans la région, souhaitant la finalisation d’un « code de conduite » en mer de Chine méridionale afin de prévenir les différends maritimes.  Un code de conduite qui a été évoqué par plusieurs membres du Conseil, dont la Belgique, le Royaume-Uni, l’Estonie et la France, laquelle s’est félicitée de la coopération entre Beijing et l’ASEAN pour le concrétiser.

Les États-Unis se sont, pour leur part, déclarés préoccupés par les activités jugées « provocatrices et déstabilisatrices » de la Chine visant à « faire pression » sur les États d’Asie du Sud-Est pour qu’ils concluent des accords de développement conjoints pour les ressources marines.  « L’exemple le plus récent de ce type de coercition est la présence d’une grande flotte de pêche battant pavillon chinois avec des escortes armées à proximité d’une île d’un pays de l’ASEAN », a soutenu la délégation américaine.

Quel crédit, selon elle, accorder à un tel code de conduite, s’il est utilisé par certains pour légitimer un comportement flagrant et des revendications maritimes illégales, ou s’il est incompatible avec le droit international?  Des accusations rejetées par le représentant chinois, qui après avoir considéré que l’ONU n’est pas l’enceinte appropriée pour discuter de la situation en mer de Chine méridionale, « qui s’améliore », a affirmé que le « vrai danger », ce sont les États-Unis, qui dépêchent des bâtiments militaires près d’un État côtier, et non son pays, comme l’a affirmé la représentante américaine.

La Fédération de Russie s’est, elle aussi, interrogée sur les raisons pour lesquelles certains membres du Conseil ont abordé les situations au Myanmar et en mer de Chine méridionale, alors que le point à l’ordre du jour était la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales aux fins du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Alors que 93% du premier plan d’action ONU-ASEAN a été mené à bien sur la période 2016-2020, M. Guterres a identifié de multiples domaines potentiels d’une coopération renforcée pour le prochain.  Il a tout d’abord cité le maintien de la paix, en particulier s’agissant de la formation ou de l’élargissement de la participation des femmes aux processus de paix.  En outre, l’ONU renforcera encore son soutien technique à l’ASEAN dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la prévention de l’extrémisme violent et pour améliorer la gestion des frontières en vue de remédier aux menaces sécuritaires transfrontalières, a-t-il annoncé.

Après avoir suggéré la création de mécanismes d’alerte précoce et d’analyse de menaces, le Secrétaire général de l’ONU a plaidé en faveur du renforcement des liens avec les pays de l’ASEAN « dans l’adoption de mesures urgentes en vue de renforcer leur adaptation et résilience face aux désastres climatiques ».  Le Viet Nam, autre membre de l’Association, avec l’Indonésie, à siéger au Conseil, a proposé d’ailleurs la convocation d’un dialogue de haut niveau sur le développement durable entre l’ONU et l’ASEAN dans le cadre du Sommet ONU-ASEAN qui se tiendra plus tard cette année. 

COOPÉRATION ENTRE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET LES ORGANISATIONS RÉGIONALES ET SOUS-RÉGIONALES AUX FINS DU MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (S/2020/30)

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a noté la contribution de longue date des membres de l’ASEAN aux missions de maintien de la paix de l’ONU.  Près de 5 000 éléments militaires et policiers, venant de sept pays membres, sont déployés dans le monde, le nombre de femmes en leur sein étant en augmentation, a-t-il dit.  « Les 10 États membres de l’ASEAN ont rejoint l’initiative Action pour le maintien de la paix et nous continuons de collaborer étroitement pour mettre en œuvre les engagements communs et faire en sorte que le maintien de la paix réponde toujours aux objectifs arrêtés. »

Il a ensuite rappelé les efforts diplomatiques, de prévention des conflits et de consolidation de la paix de l’ASEAN depuis sa création en 1967.  En 2011, le Conseil de sécurité a appuyé les efforts de l’ASEAN pour régler pacifiquement les différends frontaliers entre la Thaïlande et le Cambodge.  Plus récemment, l’engagement de l’ASEAN s’agissant de la situation dans l’État rakhine au Myanmar a été d’une importance considérable pour l’ONU.  Il a d’ailleurs souligné la nécessité de trouver une solution au sort des personnes déplacées et des réfugiés vivant dans des conditions précaires.  « Notre coopération renforcée avec l’ASEAN est cruciale pour contribuer à l’avancement de mesures concrètes, dans le respect des principes humanitaires et des recommandations de la Commission consultative sur l’État Rakhine », a dit le Secrétaire général.

M. Guterres a aussi salué le dialogue constructif entre l’ASEAN et la Chine pour le maintien de la paix et de la sécurité maritime dans la région et souhaité la conclusion du « code de conduite » en mer de Chine méridionale afin de prévenir les différends maritimes. 

Il a ensuite évoqué la situation « profondément préoccupante » dans la péninsule coréenne, avant de saluer les efforts de l’ASEAN en vue de promouvoir la paix et une dénucléarisation complète et vérifiable.  Alors que l’Indonésie et le Viet Nam seront membres actifs de ce Conseil en 2020, il a espéré que des liens plus forts seront forgés entre l’ASEAN et l’ONU afin de renforcer les efforts diplomatiques dans la péninsule. 

Le Secrétaire général a identifié de multiples domaines potentiels d’une coopération pratique entre l’ASEAN et l’ONU, en citant d’abord le maintien de la paix, en particulier s’agissant de la formation ou du renforcement de la participation des femmes aux processus de paix.  Deuxièmement, l’ONU est prête, concrètement, à renforcer sa coopération technique, en particulier avec l’Institut pour la paix et la réconciliation de l’ASEAN.  En troisième lieu, l’ONU va renforcer encore son soutien technique à l’ASEAN dans la lutte contre le terrorisme et la prévention de l’extrémisme violent, a-t-il dit.  Quatrièmement, le Secrétaire général a indiqué que les deux organisations reconnaissent l’urgence d’améliorer la gestion des frontières pour remédier aux menaces sécuritaires transfrontalières.  Pour son cinquième point, le Secrétaire général a indiqué que l’ASEAN et l’ONU pourraient explorer des mécanismes d’alerte précoce et d’analyse de menaces, que ces menaces découlent des inégalités économiques ou qu’elles soient émergentes, comme celles liées aux discours haineux ou à la cybersécurité.  Sixièmement, la crise climatique, a déclaré M. Guterres, en rappelant que quatre États membres de l’ASEAN figurent parmi les 10 pays les plus touchés par les changements climatiques au monde.  « Nous espérons renforcer nos liens avec les pays de l’ASEAN dans l’adoption des mesures urgentes en vue de renforcer leur adaptation et résilience face aux désastres », a-t-il ajouté.

« Je suis profondément convaincu de la valeur de la coopération entre l’ONU et l’ASEAN pour la paix, la sécurité et le développement durable, a conclu le Secrétaire général. 

M. LIM JOCK HOI, Secrétaire général de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a déclaré que la communauté internationale est confrontée à de nombreux défis, mais qu’en définitive, la paix et la sécurité doivent être maintenues, car c’est sur elles que s’arc-boute la prospérité économique, un objectif auquel œuvre l’ASEAN depuis sa création.  Au-delà de l’engagement politique de ses États membres à poursuivre et promouvoir la coopération, cette organisation sous-régionale s’ancre dans le dialogue et les consultations pour parvenir au consensus, a-t-il expliqué.  « Dans notre partie du monde, nous l’appelons la voie de l’ASEAN, une manière unique de répondre aux problèmes, qui, aux yeux de certains observateurs extérieurs, est difficile à comprendre, et ne peut être comprise que par nous.  En d’autres termes, la voie de l’ASEAN est devenue une way of life pour l’ASEAN », a indiqué M. Hoi. 

Au nombre des contributions de l’Association pour nourrir un environnement propice à la paix et à la stabilité, figure sa capacité à lancer et à piloter des mécanismes et des cadres régionaux pour promouvoir le dialogue, la coopération et le renforcement de la confiance, non seulement entre ses États membres mais aussi pour ses partenaires: le Forum régional de l’ASEAN, la Réunion ministérielle de l’ASEAN plus trois et le Sommet de l’Asie de l’Est sont devenus des arènes de premier plan pour promouvoir la culture de paix, a souligné le haut fonctionnaire.  Les réalisations de l’organisation dans l’élaboration et la promotion de normes qui gouvernent les relations interétatiques dans la région ont également été reconnues de longue date, a-t-il ajouté. 

Le maintien de la paix et de la sécurité internationales a permis à l’ASEAN d’engranger des dividendes, s’est félicité M. Hoi, qui a rappelé que cette région représente à elle seule la cinquième plus forte économie mondiale, avec un taux de croissance annuel de 5,3%.  Dotée d’une population de presque 650 millions de personnes, d’une classe moyenne en pleine expansion, et d’une population dont la moitié est âgée de moins de 35 ans, l’ASEAN représente la quatrième place boursière au monde.  En dépit de ces atouts, l’Association, a souligné son Secrétaire général, considère qu’il est indispensable de combler les disparités persistantes, comme en témoignent certaines de ses initiatives, comme la zone de croissance de l’ASEAN orientale. 

Les efforts de l’ASEAN sont complétés et soutenus par des partenariats extérieurs robustes, y compris celui de l’ONU, a poursuivi le haut fonctionnaire, en citant la Feuille de route des complémentarités (2020-2025) pour promouvoir la synergie entre les Grandes orientations de la Communauté de l’ASEAN à l’horizon 2025 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Par ailleurs, depuis la mise en place du Plan de mise en œuvre de la Déclaration conjointe sur un partenariat global entre l’ASEAN et l’ONU (2016-2020), des résultats tangibles ont été atteints à 93%, soit 96 actions menées à bien sur les 103 prévues.  La réduction et la gestion des risques de catastrophe demeurent l’un des domaines prioritaires de coopération entre nos deux organisations, a insisté le Secrétaire général, en expliquant l’importance du Centre de coordination de l’aide humanitaire de l’ASEAN pour la gestion des catastrophes (Centre AHA). 

Par ailleurs, l’ASEAN a pris la mesure de l’importance des approches globales dans la lutte antiterroriste et dans la prévention de l’extrémisme violent, a assuré M. Hoi, en portant à l’attention du Conseil de sécurité la Déclaration de l’ASEAN sur la culture de la prévention pour une société pacifique, inclusive, résiliente, robuste et harmonieuse, adoptée en 2017, et qui consacre les efforts de l’organisation pour se pencher sur les causes profondes de ces phénomènes. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a commencé par rappeler que, comme le souligne la note conceptuelle, l’Asie du Sud-Est était le théâtre de différends constants avant la création de l’ASEAN en 1967.  Aujourd’hui, avec une population totale de 650 millions de personnes, nous sommes l’une des économies les plus florissantes et le moteur de la croissance mondiale, a observé le représentant.  De plus, les pays membres de l’ASEAN contribuent à hauteur de plus de 5 000 hommes aux missions de maintien de la paix des Nations Unies, a-t-il ajouté, ajoutant que les efforts collectifs et la culture du dialogue et du consensus propres à l’ASEAN ont permis d’ouvrir un cycle remarquable de paix, confiance et prospérité.  Dans ce contexte, a-t-il dit, nous pensons que l’ASEAN sera en mesure de s’adapter à des nouveaux défis si un dialogue permanent est instauré entre les Nations Unies et les organisations régionales. 

Pour le délégué, l’action de l’ASEAN est complémentaire de celle de l’ONU dans trois grands domaines.  Tout d’abord, dans sa contribution collective à la paix et à la sécurité.  C’est pourquoi, a-t-il dit, la Communauté de l’ASEAN a été créée en 2015, reposant sur trois piliers: politique-sécuritaire, économique et socioculturel.  En outre, le Traité d’amitié et de coopération en Asie du Sud-Est, auquel ont accédé plus de 40 pays, et le Forum régional de l’ASEAN (ARF) contribuent à la consolidation de la paix, à la diplomatie préventive et au règlement des conflits, a-t-il souligné. 

Le second point de convergence est la contribution aux solutions face aux défis sécuritaires qui émergent, a poursuivi le délégué, notant que les différentes plateformes de coopération de l’ASEAN, qui couvrent des questions telles que la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent, la cybercriminalité et les trafics de stupéfiants, ont permis de rendre la région plus sûre.  Quant aux catastrophes naturelles qui frappent régulièrement les pays de la région, l’organisation y a répondu grâce au Centre AHA qui facilite la coopération et la coordination des efforts d’assistance. 

Enfin, le représentant a souligné la contribution de l’ASEAN au cadre « femmes, paix et sécurité ».  Selon lui, il est crucial de garantir la participation pleine et effective des femmes à tous les stades des processus de paix.  À cet égard, a-t-il indiqué, l’ASEAN a établi le Registre des femmes pour la paix, un vivier d’expertes œuvrant à la promotion des perspectives de genre dans les processus de paix et de réconciliation.  L’Indonésie s’emploie également à créer un réseau de négociatrices et médiatrices en Asie du Sud-Est, a-t-il ajouté, souhaitant que ces deux forums puissent faire partie de l’Alliance mondiale des réseaux régionaux de négociatrices.  « Ce ne sont là que quelques exemples du rôle de l’ASEAN dans le maintien de la paix et de la sécurité », a-t-il conclu, jugeant que « ce n’est pas un hasard si les armes se sont tues voilà 53 ans en Asie du Sud-Est ». 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a indiqué que l’Union européenne élabore actuellement un partenariat stratégique avec l’ASEAN, afin de refléter la contribution essentielle de l’ASEAN à la stabilité d’une région clef.  Il a mentionné le Traité d’amitié et de coopération signé en novembre 2019 entre son pays et l’ASEAN, jalon important du renforcement des relations entre l’Allemagne et les pays de l’ASEAN.  L’Allemagne et l’ASEAN coopèrent étroitement pour combattre les changements climatiques.  Il a appelé de ses vœux une coopération plus étroite entre l’ASEAN et l’ONU et salué, à cette fin, les efforts visant à développer un nouveau plan d’action entre les deux organisations. 

Évoquant la récente décision de la Cour internationale de Justice (CIJ) à l’encontre du Myanmar, le délégué a appelé ce pays à faire en sorte que les crimes et graves violations commis en 2016 et 2017 ne restent pas impunis.  Il a aussi soutenu le mécanisme d’enquête indépendant pour le Myanmar créé par le Conseil des droits de l’homme.  « Nous encourageons respectueusement les membres de l’ASEAN à chercher des voies supplémentaires, au moyen de la coopération régionale, pour remédier avec efficacité à de tels événements dans la région et éviter qu’ils ne se reproduisent. »

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a indiqué que l’approfondissement des relations économiques entre les États-Unis et l’ASEAN a entraîné une croissance explosive et des avantages tangibles des deux côtés du Pacifique, avec des investissements américains dans les États membres de l’ASEAN d’un montant total de 271 milliards de dollars.  De plus, les États-Unis collaborent pour faire progresser le développement d’infrastructures de haute qualité via le Blue Dot Network.  L’ASEAN, a poursuivi la représentante, joue un rôle essentiel dans le renforcement de l’ordre international fondé sur des règles, rôle plus important que jamais pour le maintien de la paix et de la stabilité internationales.  « Alors que nous voyons des tentatives d’empêcher l’exercice licite des droits et libertés de navigation découlant du droit international, nous devons fermement respecter ces droits et libertés », a dit Mme Norman-Chalet en estimant que « la mer de Chine méridionale est l’un des endroits où la liberté des mers est la plus menacée ».  « Notre position dans la mer de Chine méridionale -et ailleurs dans le monde- est simple: les droits et les intérêts de toutes les nations –quelles que soient leur taille, leur puissance ou leurs capacités militaires– doivent être respectés ».

Alors que Washington a constamment exprimé son soutien à l’élaboration d’un « code de conduite » qui engage toutes les parties à s’abstenir de tout comportement provocateur et déstabilisateur, la délégation s’est dite préoccupée par le fait que la Chine se serait engagée à plusieurs reprises dans une activité « provocatrice et déstabilisatrice » visant à faire pression sur les États d’Asie du Sud-Est pour qu’ils concluent des accords de développement conjoints pour les ressources marines.  « L’exemple le plus récent de ce type de coercition est la présence d’une grande flotte de pêche battant pavillon chinois avec des escortes armées à proximité d’une île d’un pays de l’ASEAN », a soutenu Mme Norman-Chalet.  Un tel comportement, en particulier dans le cadre des négociations en cours sur le code de conduite, soulève de sérieux doutes quant à l’intention de la Chine de l’accepter une fois qu’il sera finalisé.  « Si un code de conduite est utilisé par certains pour légitimer un comportement flagrant et des revendications maritimes illégales, ou s’il est incompatible avec le droit international, il s’avérera préjudiciable à la région et à tous ceux qui apprécient la liberté des mers », a-t-elle mis en garde.

Évoquant ensuite le sort des Rohingya, la représentante a « exhorté le Gouvernement de la Birmanie à s’attaquer aux causes profondes de la situation, à créer des conditions propices à des retours sûrs, volontaires, dignes et durables, à rendre justice aux victimes et à tenir les auteurs de graves violations des droits de l’homme pour comptables de leurs actes ».  La représentante a salué les efforts de l’ASEAN pour faire face à la situation dans l’État rakhine.  Les agences de l’ONU ont une expertise et des capacités uniques, a relevé Mme Norman-Chalet en demandant instamment au Centre d’assistance humanitaire de l’ASEAN et à l’équipe de soutien ad hoc du Secrétariat de l’ASEAN récemment créée de travailler en étroite collaboration avec les agences onusiennes et de soutenir leurs efforts en cours.  « L’appui à une ASEAN forte et solidaire reste au cœur de notre stratégie indopacifique », a-t-elle ajouté, en indiquant que le Président Trump accueillera les dirigeants de l’Association aux États-Unis au premier trimestre de cette année.

M. MONCEF BAATI (Tunisie) s’est exprimé également au nom de l’Afrique du Sud et du Niger, les deux autres pays africains du Conseil de sécurité.  Il a jugé important que ce dernier continue à entretenir des rapports réguliers avec les organisations régionales, notamment dans le cadre du maintien de la paix et la sécurité internationales et en vertu du Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies.  Il a rappelé qu’à plusieurs occasions, les arrangements régionaux et sous-régionaux s’étaient avérés efficaces pour faire face aux défis locaux.  Leur compréhension des dynamiques locales et des causes profondes des événements fait parfois la différence, a-t-il relevé.  De ce fait, avec une coopération renforcée, l’ONU et les organisations régionales peuvent utiliser leurs avantages comparatifs afin de rechercher des solutions efficaces aux défis de plus en plus complexes en matière de paix et de sécurité à travers le monde.

Le représentant a salué les progrès dans la coopération entre l’ONU et l’ASEAN, notamment depuis l’adoption en novembre 2011 de la Déclaration conjointe sur un partenariat global entre l’ASEAN et l’ONU, ainsi que l’adoption, en 2016, du premier plan d’action entre les deux organisations pour la période 2016-2020.  M. Baati a relevé que l’ASEAN joue un important rôle dans la prévention des conflits à travers sa diplomatie préventive et sa manière de régler les conflits.  Il a ainsi salué l’approche adoptée par l’ASEAN pour faire face à la crise des réfugiés rohingya, avant de plaider pour un retour digne et sûr de ces derniers chez eux.  Le délégué a ensuite salué la contribution de l’ASEAN aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, notamment avec ses 5 000 militaires et personnels de police et l’organisation de programmes de formation. 

Après avoir évoqué la collaboration entre les deux organisations en matière de lutte contre le terrorisme, M. Baati a estimé que dans le cadre de son processus de prise de décisions, le Conseil de sécurité devrait davantage consulter des organisations telles que l’ASEAN, la Ligue des États arabes, l’Union européenne et l’Union africaine.  Il a salué le partenariat que l’ONU entretient avec cette dernière, notamment en matière de maintien de la paix et de la sécurité.  Cependant, a-t-il estimé, en dépit des progrès de la coopération avec les organisations régionales, il reste beaucoup à faire si l’on veut que les outils contenus dans le Chapitre VIII soient pleinement utilisés par le Conseil de sécurité.  Le représentant a terminé en apportant le soutien des trois délégations à la demande de l’Union africaine de voir financer les opérations de paix qu’elle initie au nom de l’ONU par des contributions de base de l’Organisation. 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a relevé que la coopération régionale est un des piliers de la politique étrangère de son pays.  Observant que les organisations régionales sont souvent les mieux placées pour comprendre les défis et les vulnérabilités spécifiques de leur région, il a indiqué que, dans cet esprit, la Belgique prévoit d’organiser, sous sa présidence du Conseil de sécurité le mois prochain, un briefing sur la coopération entre l’ONU et l’Union européenne.

Revenant au thème de la présente réunion, le représentant a noté que l’Asie du Sud-Est est une région globalement stable et que « la coopération régionale y est pour beaucoup ».  Félicitant l’ASEAN pour son action en faveur de la diplomatie préventive, M. Pecsteen de Buytswerve a estimé que le Conseil peut « beaucoup apprendre » de cette organisation en matière de promotion du dialogue, de renforcement de la confiance et de prévention des conflits.  Il a aussi souligné la contribution des pays de l’ASEAN à la paix et à la stabilité en dehors de leurs frontières, par la mise à disposition généreuse de soldats de la paix au bénéfice des missions de Nations Unies.  Selon lui, le travail de formation effectué à un niveau régional, conformément au plan d’action ASEAN-ONU 2016-2020, est à cet égard d’une « importance capitale ». 

Dans ce contexte, la Belgique attend avec intérêt le nouveau plan d’action ASEAN-ONU.  Parmi les domaines d’activité envisagés, les changements climatiques, la criminalité transnationale organisée et les droits humains revêtent une pertinence notable, a souligné le représentant.  Affirmant soutenir l’engagement des Nations Unies auprès de la Commission intergouvernementale des droits de l’homme de l’ASEAN, ainsi que sa Commission des droits de la femme et de l’enfant, il a noté que les pays de l’ASEAN sont parmi les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques, en particulier face à l’élévation du niveau de la mer.  Une coopération régionale est donc déterminante en la matière, notamment pour des stratégies de réduction des risques et des impacts, a-t-il plaidé. 

Il a par ailleurs estimé que l’ASEAN peut jouer un rôle positif dans deux domaines spécifiques, à commencer par la résolution des différends relatifs à la mer de Chine méridionale.  Les efforts actuels des États membres de l’ASEAN et de la Chine pour conclure un code de conduite sur cette question démontrent que ce vœu est « à portée de main », a déclaré le délégué.  Enfin, soulignant la participation de l’ASEAN, par l’intermédiaire de son Centre de coordination de l’aide humanitaire pour la gestion des catastrophes (Centre AHA), à la résolution de la crise dans l’État rakhine, au Myanmar, il a estimé qu’un rôle renforcé de l’organisation régionale pour l’acheminement de l’aide humanitaire, complémentaire à celui de l’ONU, serait très utile.  Il a encouragé le Centre AHA à œuvrer pour faciliter un retour volontaire, digne et sûr des réfugiés rohingya, tout en rappelant l’importance de s’attaquer aux causes profondes de ce conflit et de lutter contre l’impunité.  Avant de conclure, M. Pecsteen de Buytswerve a assuré que son pays continuera de soutenir le renforcement et l’approfondissement des synergies entre l’ONU et l’ASEAN, deux organisations « éminemment complémentaires » qui partagent les objectifs de stabilité et de paix, mais aussi de promotion du multilatéralisme et d’un ordre international fondé sur des règles. 

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a expliqué que, pour des petits États insulaires en développement comme le sien, la coopération régionale crée « des zones de tampon des plus nécessaires » pour les protéger des rigueurs d’une économie politique globale « très changeante et souvent tumultueuse ».  Elle a ensuite affirmé que pour l’ASEAN, comme pour la Communauté des Caraïbes (CARICOM), le plein respect de la souveraineté est une condition essentielle de la paix.  Ce qui différencie l’ASEAN des autres organisations du même type est sa méthode unique de prévention et de règlement des conflits, connue sous le vocable de « manière de faire de l’ASEAN », a-t-elle continué. 

En s’appuyant sur des valeurs de pragmatisme, de réciprocité, de compromis, de discrétion et sur un style de négociation qui évite l’affrontement, l’ASEAN a été capable de créer une zone de paix et de stabilité, sans transcender l’échelon étatique que le régionalisme pourrait encourager, a-t-elle dit.  La « manière de faire de l’ASEAN » pourrait servir de modèle pour l’ONU en matière de règlement des différends, à son avis.  De même, la CARICOM, dont le credo est « unité dans la diversité », pourrait insuffler au sein de l’ONU un esprit de rassemblement tout en permettant aux cultures locales et aux valeurs nationales de prospérer.  Elle a appelé, « par-dessus tout », au plein respect du droit à l’autodétermination de chaque pays, peu importe son choix politique, social ou économique.  Enfin, alors « que certaines parties du monde brûlent et que d’autres essuient des déluges », Mme King a appelé à l’union de tous, que ce soit au niveau national, régional et international, pour répondre à la crise climatique. 

Mme ANNE GUEGUEN (France) a souligné l’importance de la coopération entre les Nations Unies et l’ASEAN, tout particulièrement dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales et régionales.  Ce sont aujourd’hui, a-t-elle rappelé, 5 000 personnels des États membres de l’ASEAN qui sont déployés au sein des opérations de paix de l’ONU.  La France contribue d’ailleurs à l’activité de deux écoles de formation des futurs Casques bleus, au Cambodge et au Vietnam, en particulier pour la formation au français en vue de déploiements dans des théâtres francophones.  L’ASEAN, a poursuivi la représentante, est aussi devenue un partenaire essentiel des Nations Unies dans la lutte contre le terrorisme et contre la criminalité organisée.  La participation active de l’ASEAN dans la mise en œuvre de la stratégie antiterroriste mondiale, qui sera renégociée cette année, est une des conditions de son succès.  La représentante a qualifié « d’atout primordial » la coordination de l’ONU avec les organisations régionales dans l’accomplissement de la mission de l’ONU en faveur de la paix et de la sécurité.  C’est un des succès majeurs de la réforme engagée par le Secrétaire général, que la France soutient pleinement. 

La proximité et la connaissance des situations locales donnent toute leur légitimité aux organisations sous-régionales et régionales pour être parties prenantes dans la résolution des crises qui leur sont proches.  Le Conseil de sécurité comme l’ASEAN, a estimé la représentante, doivent être pleinement mobilisés pour que les crimes commis en « Birmanie », notamment dans l’Arakan, ne restent pas impunis.  C’est un impératif moral et de justice.  La France, a dit la représentante, prend note de l’ordonnance du 23 janvier de la Cour internationale de Justice dans l’instance relative aux violations alléguées de la Convention contre le génocide par la « Birmanie » et des mesures conservatoires.  Pour finir, la représentante a salué les négociations en cours entre l’ASEAN et la Chine afin de participer à un code de conduire en mer de Chine méridionale.  La France, a-t-elle conclu, souhaite devenir « partenaire de développement » de l’ASEAN afin de renforcer encore son action en faveur du multilatéralisme, du développement durable, de la paix et de la sécurité en Asie du Sud-Est. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a cité l’ASEAN comme un modèle de multilatéralisme, avant de rappeler que le partenariat stratégique de Moscou avec cette organisation sous-régionale existe depuis 24 ans.  Il a précisé qu’en 2016, un Sommet s’était tenu à Sotchi, à l’issue duquel a été adopté le Plan d’action de coopération entre l’ASEAN et la Russie.  Le représentant a noté que, lors de la séance d’aujourd’hui, certaines situations ont été jugées de manière sélective à l’aune du droit international.  On nous dit que la région indopacifique serait plus ouverte que l’Asie du Sud-Est, et on comprend bien que la Chine n’en ferait pas partie, s’est étonné M. Polyanskiy, qui a trouvé cela regrettable, considérant que ces propos étaient davantage sources de division que de rapprochement.  Le délégué a ensuite considéré que tout différend territorial concernant la mer de Chine méridionale doit être réglé à titre bilatéral par les pays concernés, jugeant « inacceptable » l’expression d’« opinions » générales sur le sujet, en particulier de la part d’États situés à des milliers de kilomètres de la région.  Il n’a pas davantage compris pourquoi la situation des Rohingya était évoquée dans le cadre du point inscrit à l’ordre du jour.

Mme BERIOSKA ILUMINADA MORRISON GONZÁLEZ (République dominicaine) a rappelé qu’une étroite coopération entre organisations régionales, comme l’ASEAN, rend le système multilatéral international plus robuste et efficace sur la base de la diversité, de l’entraide mutuelle et des responsabilités partagées.  Aussi s’est-elle félicitée de la contribution des États membres de l’Association aux opérations de paix de l’ONU, notamment par un déploiement de femmes de plus en plus nombreuses.  La représentante a indiqué que sa propre région, les Caraïbes, qui est elle aussi confrontée aux effets des changements climatiques, s’identifie aux efforts déployés par l’ASEAN pour renforcer les capacités locales d’atténuation et d’adaptation aux catastrophes naturelles, en particulièrement en milieu urbain.  La coopération ASEAN-ONU pour des communautés plus résilientes est un exemple important de multilatéralisme en ce domaine, s’est félicitée la déléguée, avant de reconnaître l’assistance humanitaire fournie par l’Association dans le processus de rapatriement des Rohingya, de même que ses efforts de coopération dans ce processus.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a indiqué que son pays entretient une « longue relation » avec l’ASEAN.  Le Royaume-Uni a ainsi adhéré au Traité d’amitié et de coopération de l’organisation régionale, noué avec elle de nombreux partenariats et participe aux travaux de son Centre AHA.  Depuis sa création, a constaté le représentant, l’ASEAN a joué un rôle essentiel dans la promotion de la paix et de la sécurité en Asie du Sud-Est et dans toute la région de l’Asie-Pacifique.  Au-delà de son rayonnement régional, elle apporte une contribution à la paix et à la sécurité mondiales, a-t-il constaté. 

Saluant les actions de l’ASEAN dans le domaine du maintien de la paix, le délégué a rappelé que l’organisation régionale déploie quelque 5 000 soldats de la paix dans différentes missions des Nations Unies.  Dans ce cadre, il a souhaité que les partenariats de formation se multiplient avec son pays.  Il s’est par ailleurs félicité de la création du Registre des femmes médiatrices en Asie du Sud-Est et a applaudi l’engagement pris par le Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie pour la mise en œuvre des politiques onusiennes de renforcement de la participation des femmes. 

S’agissant de la lutte contre les changements climatiques, domaine où l’ASEAN est très active, M. Allen a fait observer que son pays présidera la prochaine Conférence des Parties à Glasgow.  Le Royaume-Uni prendra ses responsabilités pour que des engagements concrets soient pris afin de réduire les émissions, a-t-il assuré.  Évoquant ensuite la crise du Myanmar, il a souligné l’importance d’une reddition des comptes dans le processus de règlement, appelant ce pays à se conformer au récent arrêt de la CIJ et à tenir compte des conclusions de la Commission d’enquête.  À cet égard, il a souhaité que les recommandations de cette commission soient mises en œuvre afin de permettre le retour sûr, digne et volontaires des réfugiés rohingya.  En ce qui concerne le différend sur la mer de Chine méridionale, il a appelé les pays de la région à promouvoir le dialogue et s’est félicité des négociations sur un code de conduite engagées par l’ASEAN et la Chine.  Enfin, il a estimé que l’ASEAN et la communauté internationale dans son ensemble devaient présenter un front uni pour maintenir les sanctions imposées à la République populaire démocratique de Corée, le temps que ce pays s’engage sur la voie de la dénucléarisation. 

« Depuis 52 ans, l’ASEAN joue un rôle significatif dans le maintien de la paix et le renforcement de la sécurité, en Asie du Sud-Est et dans le monde », a souligné M. SVEN JÜRGENSON (Estonie), saluant l’engagement de l’ASEAN en faveur d’une promotion de ces questions dans la région Asie-Pacifique et d’un règlement pacifique des différends, y compris par la voie de la diplomatie.  Conformément au Chapitre VIII de la Charte des Nations Unies, a poursuivi le délégué, l’Estonie soutient le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales afin de garantir une prévention et une atténuation des conflits plus effectives.  Elle considère en outre que la coopération multilatérale est cruciale pour contribuer à la paix et à la sécurité régionales. 

Le représentant a également salué le travail de l’ASEAN dans le traitement des questions de sécurité émergentes, telles que les changements climatiques, ainsi que son action de promotion de la cybersécurité.  À cet égard, il s’est félicité des mesures prises par l’ASEAN dans l’établissement d’un cyberespace s’appuyant sur des règles, notamment l’application de 11 normes volontaires et non contraignantes pour le comportement des États, comme prévues dans le rapport de 2015 du Groupe d’experts gouvernementaux.  Il a par ailleurs appuyé les efforts déployés par les États membres de l’ASEAN pour négocier avec la Chine un code de conduite sur la mer de Chine méridionale.  « Nous encourageons les deux parties, ASEAN et Chine, à mettre en œuvre la Déclaration de 2002 sur la conduite des parties en mer de Chine méridionale dans son intégralité », a-t-il dit, affirmant compter sur l’organisation régionale pour jouer un rôle actif dans le règlement des différends par des moyens pacifiques.  Enfin, il a souhaité que le Myanmar, État membre de l’ASEAN, se conforme au récent arrêt de la Cour internationale de Justice l’enjoignant de prendre des mesures provisoires pour assurer la protection des réfugiés rohingya. 

M. ZHANG JUN (Chine) a rappelé que l’ASEAN n’a pas ménagé ses efforts pour promouvoir la paix et la sécurité dans la sous-région qu’elle représente.  Pour que les organisations régionales renforcent leur coopération avec l’ONU, il est important, selon la délégation, qu’elles tirent le meilleur parti de leurs avantages propres dans la résolution des problèmes auxquels font face leurs États membres, dont le terrorisme, le trafic de stupéfiants ou la pauvreté.  Dans cette perspective, l’ONU devrait renforcer son aide et favoriser les synergies, a plaidé le délégué.  La Chine accorde une grande importance au renforcement de ses relations avec l’ASEAN, a assuré le représentant, qui a rappelé que son pays avait été par exemple le premier à adhérer à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud.

Le représentant a ensuite rappelé que la réunion d’aujourd’hui porte sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales aux fins du maintien de la paix et de la sécurité internationales, « pas sur la situation au Myanmar ».  Le dossier de l’État rakhine est complexe, et il faut appuyer les efforts en cours afin de privilégier une médiation, a-t-il recommandé.  Certaines délégations, dont les États-Unis, ont lancé des « accusations infondées » contre la Chine, selon le représentant qui a rejeté ces accusations.  En outre, l’ONU n’est pas l’« enceinte appropriée » pour discuter de la situation dans la mer de Chine, « qui est stable et s’améliore », a argué M. Zhang.  Il a affirmé que les États-Unis, sous prétexte de navigation maritime, dépêchent des bâtiments militaires près de l’État côtier: « voilà le vrai danger », a-t-il tranché.  Ce sont les États-Unis, qui disposent de centaines de bases militaires partout dans le monde, qui demandent de respecter le droit international, alors qu’ils ont refusé d’adhérer au traité sur le droit de la mer et qu’ils sont « la cause des problèmes du monde », a avancé le représentant.  « Comment un tel pays peut-il être en position de tenir de tels propos, sauf à les tenir pour lui-même? »

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a estimé que pour l’ONU, l’ASEAN est un partenaire important, actif et fiable, aux résultats « remarquables » dans le domaine de la paix et de la sécurité.  L’ASEAN, s’est-il enorgueilli, est reconnue pour le succès qu’elle a connue en transformant l’Asie du Sud-Est en une région d’amitié et de coopération, jouant un rôle crucial dans le maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région et au-delà.  Nous sommes convaincus qu’avec son dévouement, ses efforts et une expérience qui s’étale sur plus de cinq décennies, l’ASEAN peut apporter une contribution encore plus grande au travail des Nations Unies, a confessé le représentant.  Il s’est félicité de la Déclaration conjointe de 2011 sur le partenariat global entre les deux institutions et le Plan d’action sur la mise en œuvre de ladite Déclaration pour la période 2016-2021.  Le fait que plus de 90% du Plan d’action ait déjà été appliqué témoigne de l’engagement ferme de l’ONU et de l’ASEAN d’élargir l’ampleur et d’approfondir le niveau de leur coopération, s’est réjoui le représentant. 

Des problèmes comme le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, la traite des êtres humains, la cybersécurité ou encore les changements climatiques nécessitent une collaboration effective et efficace entre l’ONU et l’ASEAN que ce soit dans le renforcement des capacités ou l’échange d’informations, des enseignements tirés de l’expérience et des pratiques exemplaires.  On ne saurait surestimer la « centralité » de l’ASEAN dans l’architecture régionale comme on ne saurait celle de l’ONU dans le système multilatéral.  Il est essentiel d’appuyer l’ONU et l’ASEAN dans la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de la Vision 2025.  Président de l’ASEAN en 2020 et membre du Conseil de sécurité, le Viet Nam entend travailler à un partenariat plus fructueux entre l’ONU et l’ASEAN.  Il appelle à un soutien aux trois priorités de 2020, à savoir une participation renforcée des membres de l’ASEAN aux opérations de paix de l’ONU; la promotion de l’agenda femmes, paix et sécurité aux niveaux régional et national; et la mise en œuvre de feuilles complémentaires sur le Programme 2030 et la Vision 2025.  Le Viet Nam propose d’ailleurs la convocation d’un dialogue de haut niveau sur le développement durable entre l’ONU et l’ASEAN dans le cadre du Sommet ONU-ASEAN qui se tiendra plus tard dans l’année, a indiqué le représentant. 

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