Conseil de sécurité: lueur d’espoir pour le lancement d’un processus politique pour mettre fin à la crise au Yémen
Alors que le conflit yéménite connaît une de ses périodes les plus calmes, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen a anticipé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, le démarrage dans un proche avenir de consultations politiques entre les parties au conflit. De nombreuses préoccupations ont toutefois été exprimées au sujet des entraves posées à l’accès humanitaire, notamment dans le nord du pays, et ce, alors que près de la moitié de la population nationale nécessite une aide.
« C’est l’une des périodes les plus calmes du conflit », a ainsi remarqué M. Martin Griffiths qui a notamment indiqué que pendant neuf jours de janvier pas un seul bombardement aérien n’a eu lieu, « ce qui est en soi remarquable ». Mais la désescalade militaire ne pourra pas être pérennisée sans progrès politiques entre les parties, a-t-il toutefois mis en garde, un point de vue largement partagé par les délégations.
M. Griffiths s’est félicité du fait que le Yémen ait échappé à la récente crise régionale grâce à la retenue délibérée dont les leaders yéménites et régionaux ont su faire preuve. « Le Yémen a effleuré une tragédie potentielle en raison des tensions régionales et semble, jusqu’à présent, y avoir échappé », a indiqué l’Envoyé spécial qui y a vu la preuve de l’engagement des dirigeants à préserver le Yémen de telles tensions.
L’urgence de trouver une solution politique à la crise au Yémen a été réitérée à plusieurs reprises par les membres du Conseil de sécurité, qui ont été nombreux à appeler à poursuivre les efforts en vue d’une désescalade militaire et à ne pas faire du Yémen un enjeu des tensions régionales.
En effet, même si la crise régionale a mis à l’épreuve les différents efforts déployés par les parties, au titre desquels M. Griffiths a cité la désescalade des hostilités militaires, la mise en œuvre des accords de Stockholm et de Riyad et les efforts consentis par les parties pour rétablir la confiance, la tendance de la baisse des frappes aériennes s’est consolidée depuis janvier et les mouvements des forces sur le terrain ont diminué.
L’amélioration de la situation sécuritaire à Aden est de bon augure pour la mise en œuvre de l’Accord de Riyad, et des négociations se tiennent au quotidien, a-t-il indiqué ajoutant qu’il attend des nominations importantes dans les jours à venir. La France et les États-Unis ont pour leur part demandé la formation d’un nouveau gouvernement inclusif.
Mais pour ce qui est de l’Accord de Stockholm, l’Envoyé spécial a toutefois estimé qu’« aucun d’entre nous ne devrait être satisfait » de l’état d’avancement de sa mise en œuvre, tout en précisant que les parties travaillent au quotidien pour aller de l’avant. À ce sujet, le représentant du Yémen a d’ailleurs alerté que toute tentative de contourner l’Accord de Stockholm ne contribue qu’à faire dérailler les perspectives de paix au Yémen, accusant dans la foulée les milices houthistes d’être toujours récalcitrantes à sa mise en œuvre.
Le délégué a également appelé la communauté internationale à faire preuve de responsabilité face aux mesures prises par les milices houthistes qui interdisent notamment l’utilisation et l’échange des nouveaux billets de banque dans les zones sous leur contrôle. Les risques que cette situation fait peser sur l’économie du pays a également préoccupé le Directeur de la Division de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), qui a alerté que cette interdiction avait contribué à la dépréciation rapide du rial et l’interruption du versement des salaires, certains des phénomènes qui avaient poussé le Yémen au bord de la famine dans le passé.
M. Ramesh Rajasingham a également prévenu que les contraintes d’accès humanitaire touchent 6,7 millions de personnes dans le besoin, un chiffre qui n’a jamais été aussi élevé. Il a notamment dénoncé la persistance de problèmes « sérieux » dans le nord du pays qui entravent l’accès de l’aide, pointant notamment le harcèlement du personnel humanitaire, les détentions arbitraires ainsi que le report et l’annulation de missions. La Belgique s’est en outre indignée de rapports selon lesquels les houthistes exigeraient d’être payés 2% du budget de chaque opération humanitaire comme condition à leur aval.
Le manque de progrès pour permettre à l’ONU d’avoir accès au pétrolier Safer, abandonné depuis quatre ans au large de la ville de Hodeïda avec plus d’un million de barils de pétrole à son bord, a aussi été la source de nombreuses préoccupations, en raison du risque de catastrophe écologique que pose ce navire qui risque de rompre. Les autorités houthistes ont été sommées, par les États-Unis notamment, de donner les autorisations nécessaires à l’équipe d’experts de l’ONU pour y faire une mission d’évaluation.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT
Déclarations
M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, a indiqué que depuis sa dernière intervention, la région a connu une crise, mais que grâce aux interventions de nombreux acteurs, le Yémen a pu en rester à l’écart. Cela a été possible grâce à un véritable consensus selon lequel le Yémen ne peut pas être affecté par les crises régionales, a-t-il assuré. Et le fait qu’il n’y ait pas eu de provocations militaires significatives au Yémen est dû à la retenue délibérée dont les leaders yéménites et régionaux ont su faire preuve. M. Griffiths a ensuite exprimé ses condoléances à la suite du décès du Sultan Qaboos bin Said Al Said et le plein succès à son successeur, le Sultan Haitham bin Tariq Al Said.
M. Griffiths a constaté que la crise régionale a mis à l’épreuve les différents efforts déployés par les parties, citant notamment la désescalade des hostilités militaires la mise en œuvre des Accords de Stockholm et de Riyad et les efforts consentis par les parties pour rétablir la confiance.
Il a indiqué que la tendance à la baisse des frappes aériennes s’est consolidée depuis janvier et que les mouvements des forces sur le terrain ont diminué. C’est l’une des périodes les plus calmes du conflit, et pendant neuf jours de janvier, pas un seul bombardement aérien n’a eu lieu, ce qui est en soi remarquable. Mais la désescalade militaire ne pourra pas être pérennisée sans progrès politiques entre les parties, a-t-il mis en garde. C’est là le prochain défi à relever.
L’Envoyé spécial a salué les progrès dans la mise en œuvre de l’Accord de Riyad et a salué le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud pour la diligence et l’engagement dont ils ont fait preuve. L’amélioration de la situation sécuritaire à Aden est de bon augure pour la mise en œuvre de l’Accord de Riyad, et des négociations se tiennent au quotidien, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il attend des nominations importantes dans les jours à venir. Selon lui, un chapitre de consultations sincères entre les parties est ouvert en vue de parvenir à une solution politique et mettre fin à la crise yéménite.
S’agissant de l’Accord de Stockholm, « aucun d’entre nous ne devrait être satisfait de l’état d’avancement de sa mise en œuvre », mais les parties travaillent au quotidien pour aller de l’avant. Relevant que la ligne de front est relativement calme dans la ville de Hodeïda, il a appelé à faire fond sur cette amélioration. Il a également fait savoir que des délibérations sont en cours pour établir une feuille de route sur l’ouverture de couloirs humanitaires. Cependant, il reste toujours des restrictions à la libre circulation du personnel de la MINUAAH dans les ports et dans les villes, ce qui va à l’encontre de l’esprit de l’Accord de Stockholm, a-t-il déploré.
M. Griffiths a, en revanche, salué les progrès sur l’entrée des pétroliers à Hodeïda. Il a expliqué qu’il travaille avec les parties sur la façon de dépenser les recettes qui en découlent, notamment pour payer les fonctionnaires. Pour ce qui est des autres mesures de confiance, l’Envoyé spécial a indiqué qu’un projet géré par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), né des négociations entre le Gouvernement et Ansar Allah, permettra d’assurer des vols médicaux pour transporter des patients nécessitant des soins. La libération de six détenus saoudiens par Ansar Allah illustre également la bonne foi des parties, s’est-il félicité, ajoutant qu’il convoquera prochainement un comité sur l’échange de prisonniers.
Chaque étape positive qui est franchie permet de se rapprocher du lancement des consultations politiques entre le Gouvernement yéménite et Ansar Allah, a souligné M. Griffiths. Le Yémen a effleuré une tragédie potentielle en raison des tensions régionales, et semble, jusqu’à présent, y avoir échappé, s’est en outre félicité l’Envoyé spécial, qui y a vu la preuve de l’engagement des dirigeants à préserver le Yémen de telles tensions et de rétablir « cette année » la paix que la population mérite tant.
M. RAMESH RAJASINGHAM, Directeur de la Division de la coordination du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), a déclaré que les évènements des deux derniers mois viennent rappeler à quel point la situation au Yémen demeure volatile. Il a relevé que la situation est globalement moins dangereuse pour les civils qu’elle ne l’était avant l’Accord de Stockholm, il y a un an, mais qu’elle demeure encore très dangereuse dans certains endroits. Les dernières semaines ont notamment été marquées par la repises des hostilités sur plusieurs lignes de front, notamment à Dalea, Hodeïda et Chaboua, et le 25 décembre, un marché de Saada a été attaqué pour la troisième fois ce mois-ci. Depuis le mois de novembre, 89 civils ont été tués ou blessés. De plus, OCHA reçoit tous les jours des informations indiquant que des civils ont été tués ou blessés par des tirs sur leur domicile, des tireurs embusqués ou l’exposition de mines et d’autres munitions. Ces incidents à plus petite échelle se produisent constamment mais reçoivent moins d’attention qu’ils ne le devraient, a-t-il dit.
Les infrastructures civiles ne sont pas non plus épargnées, a poursuivi M. Rajasingham. Le 26 décembre, des tirs de mortier ont de nouveau frappé les Red Sea Mills, contraignant le Programme alimentaire mondial (PAM) à temporairement suspendre la mouture. Il est inacceptable que les civils subissent de manière aussi disproportionnée l’impact du conflit, a dénoncé le représentant d’OCHA qui a appelé à appuyer les mesures de désescalade préconisées par l’Envoyé spécial et d’établir un cessez-le-feu national dès que possible.
M. Rajasingham a également alerté que les contraintes d’accès humanitaire touchent 6,7 millions de personnes qui ont besoin d’aide, un chiffre qui, s’est-il inquiété, n’a jamais été aussi élevé. Il a dénoncé la persistance de problèmes « sérieux » dans le nord du pays, pointant notamment le harcèlement du personnel, les détentions arbitraires ainsi que le report et l’annulation de missions. Il a également déploré que certains représentants d’Ansar Allah aient inversé l’accord donné par d’autres hauts représentants d’Ansar Allah concernant l’évaluation du pétrolier Safer, qui risque de se rompre au large de Hodeïda.
Dans le sud, les agences humanitaires font également face à des contraintes qui semblent s’intensifier, s’est-il inquiété, citant notamment les accrochages périodiques à Chaboua qui ont empêché à plusieurs reprises le déplacement des convois. Il a espéré que la réouverture récente de l’aéroport de Mukalla aux vols humanitaires permettra de surmonter ces défis. Le représentant a ensuite décrié l’attaque sans précédent qui a ciblé, pendant plusieurs jours à la fin décembre, les locaux de quatre organisations humanitaires internationales à Dalea, contraignant 14 organisations à suspendre leurs programmes.
Poursuivant, M. Rajasingham a assuré que malgré ces défis, l’ONU réussit à fournir le plus important programme d’aide au monde. Le PAM et ses partenaires nourrissent plus de 12 millions de personnes chaque mois dans l’ensemble du pays, a-t-il indiqué. Sept millions de personnes ont accès à l’eau potable, 1,2 million consultations médicales se déroulent chaque mois et plus de 2 000 centres de soins reçoivent une aide. Il s’est félicité des 3,5 milliards de dollars reçus l’an dernier pour financer les opérations d’aide et a indiqué que moins de fonds seront réclamés en 2020, année durant laquelle l’objectif est de venir en aide à 15,6 millions de personnes, soit la moitié de la population du pays.
Abordant ensuite la question de l’économie, le représentant d’OCHA a indiqué que les importations commerciales de vivres demeurent stables. De leur côté, les importations de carburant se sont remises depuis les graves pénuries qu’a connu le nord en septembre et octobre, notamment grâce à l’empressement des parties à travailler avec l’Envoyé spécial pour établir un nouveau mécanisme pour leur gestion. M. Rajasingham a espéré que des progrès analogues pourront être réalisés en ce qui concerne le rial yéménite qui perd de nouveau sa valeur, notamment en raison d’un différend sur les billets imprimés après 2016. À la mi-décembre, Ansar Allah a publié un décret interdisant leur utilisation dans le nord et les nouveaux billets se sont accumulés dans le sud du pays, provoquant une divergence dans les taux de change, a-t-il expliqué. Suite au décret, le Gouvernement a annoncé que les fonctionnaires et les retraités qui se trouvent dans le nord ne pourraient pas être payés alors qu’environ un quart de la population dépend de ces paiements pour joindre les deux bouts. Il a alerté qu’avec la dépréciation rapide du rial et l’interruption du versement des salaires, certaines des mêmes conditions qui ont poussé le Yémen au bord de la famine dans le passé, revoient le jour.
Notant que les réserves de devises étrangères demeurent très faibles, il a appelé à établir un programme pour assurer une injection régulière de devises étrangères afin de faire baisser le taux de change et de gagner du temps pour résoudre le différend sur les devises « sans faire péricliter l’économie toute entière ».
Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a souligné que le règlement politique est la seule façon de régler le conflit et la situation humanitaire au Yémen, insistant notamment sur l’importance de l’Accord de Riyad qui est essentiel pour stabiliser le sud et pour le processus de paix dans son ensemble. Elle a également jugé critique de former un nouveau gouvernement au Yémen.
La représentante s’est félicitée de la baisse de la rhétorique incendiaire et a appelé à mettre en œuvre la déclaration du 20 décembre 2019 annonçant que les houthistes cesseraient d’attaquer l’Arabie saoudite. Il faut agir, et surtout éviter que le Yémen ne soit aspiré dans une spirale de crise au Moyen-Orient, a-t-elle insisté. Elle a ensuite exhorté la communauté internationale à veiller à ce que les houthistes ne deviennent pas le moteur de représailles lancées par l’Iran dans la région.
Pour ce qui est de la situation humanitaire, Mme Pierce s’est préoccupée de la réémergence de facteurs qui ont, dans le passé, poussé le Yémen au bord de la famine. Elle a aussi insisté sur l’importance de l’accès des travailleurs humanitaires. Elle a ensuite exhorté les houthistes à donner à l’ONU accès au pétrolier Safer. Ce problème doit être réglé rapidement, a-t-elle averti. Sur le plan économique, elle a aussi souligné la nécessité du dialogue tout en mettant l’accent sur l’importance d’injecter des devises au Yémen. La paralysie de la banque centrale est inquiétante, a-t-elle relevé, avant de prier le Conseil de « ne pas relâcher son appui à l’Envoyé spécial ».
Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a réaffirmé son engagement envers le processus de paix au Yémen et a dit partager l’avis des autres membres du Conseil que la seule solution valable est une solution politique, qui inclut tous les Yéménites. Elle a souligné la nécessité, dans le processus politique, d’inclure les femmes et de tenir compte des aspirations des jeunes, le seul moyen d’aboutir à une solution durable. Outre la nécessaire application des Accords de Stockholm, sur Hodeïda et de Riyad, elle a appelé à faire face à la crise humanitaire qui est « la pire que le monde connaisse ». Les parties, a-t-elle exhorté, ne doivent pas entraver le travail du personnel humanitaire. La représentante a plaidé pour que l’aide humanitaire puisse atteindre les personnes dans le besoin, prévenant que toute obstruction constitue une infraction au droit international humanitaire. La déléguée a fait référence au débat ouvert du Conseil sur la Charte des Nations Unies, la semaine dernière, qui a réaffirmé l’engagement envers ce document et ses principes immuables.
Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) s’est félicitée du renouvellement du mandat de la MINUAAH avec le soutien de tout le Conseil de sécurité. La position unanime du Conseil sur ce dossier est louable et montre qu’un soutien ferme est apporté par les Nations Unies, a-t-elle souligné.
Les efforts actuellement déployés par les parties yéménites sont encourageants, a poursuivi la représentante, en précisant que les États-Unis attendent maintenant la nomination d’un chef de la sécurité à Aden et sont d’avis qu’un gouvernement plus inclusif irait dans l’intérêt de tous les Yéménites.
La représentante a ensuite dit être extrêmement préoccupée par l’état actuel de l’accès humanitaire et le traitement des travailleurs humanitaires, notamment dans le nord. Elle a dénoncé l’attaque qui a récemment pris pour cible les Red Sea Mills. Elle a ensuite appelé les autorités houthistes à réduire les entraves à l’assistance humanitaire, notamment les restrictions d’accès et l’élimination des prélèvements « illégitimes » sur les projets d’aide. Les États-Unis restent aux cotés des Nations Unies et des ONG, sur la base des principes d’impartialité, de neutralité et d’humanité, a-t-elle insisté. S’adressant directement aux autorités houthistes, la représentante leur a dit: « nous, en tant que bailleur de fonds humanitaires, voulons apporter une assistance dans les zones que vous contrôlez et nous vous prions de ne pas nous rendre la tâche impossible. »
La représentante a également regretté le manque de progrès pour permettre à l’ONU d’avoir accès au pétrolier Safer, abandonné depuis quatre ans au large de la ville de Hodeïda avec plus d’un million de barils de pétrole à son bord, et qui représente une menace pour l’environnement. Elle a demandé aux autorités houthistes de donner les autorisations nécessaires à son entretien. En conclusion, la délégation a espéré pouvoir faire fond sur les progrès actuels et la désescalade militaire en vue de parvenir à une solution politique et la fin de la crise yéménite.
M. MONCEF BAATI (Tunisie) a appelé les parties à mettre l’intérêt du pays au-dessus de leurs objectifs respectifs. Pour y parvenir, elles doivent dialoguer, a insisté le représentant, qui leur a demandé de faire cesser la souffrance de la population. Il les a encouragées à déployer davantage d’efforts pour mettre intégralement en œuvre les Accords de Riyad et de Stockholm. M. Baati a souligné l’importance des mesures de confiance à cet égard. Des efforts supplémentaires doivent également être déployés pour assurer la mise en œuvre des conclusions du dialogue national yéménite, l’Accord sur Hodeïda et la Déclaration d’entente sur Taëz. Il a salué et encouragé les échanges de prisonniers avant de souligner qu’au Yémen, il faut rapidement parvenir à une solution durable. Sur la situation humanitaire, il faut assurer un financement viable et livrer l’aide de manière rapide et sans entrave. Il a réitéré la nécessité de donner corps à un accord politique au Yémen, la seule façon de régler la crise.
M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a averti que les tensions que connaît le Moyen-Orient risquent d’avoir des implications au Yémen, ce qui rendrait encore plus difficile le processus politique. Il a invité les parties au conflit à garder le cap du dialogue et de tourner le dos à la logique militaire. Il a salué les échanges de prisonniers, y voyant d’importants éléments de renforcement de la confiance, pour ensuite insister sur l’importance d’inclure les femmes à toutes les étapes du processus de prise de décisions sur l’avenir du Yémen.
Le représentant a ensuite déploré les récentes attaques au drone à Hodeïda, ainsi que d’autres activités militaires qui y ont cours, avant d’appeler tous les acteurs à se garder de prendre des actions qui pourraient affecter la sécurité de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH). M. Heusgen a également appelé toutes les parties, notamment les houthistes, à faciliter un accès humanitaire sûr et sans entraves et à lever les obstacles bureaucratiques. Il s’est inquiété de l’existence de rapports faisant état de répression et de violence contre les femmes, notamment dans les zones sous contrôle houthiste. Il a invité tous les acteurs au conflit à respecter le droit international humanitaire et le droit international et de s’engager à protéger les civils, notamment les femmes et les enfants.
M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a plaidé pour que l’urgence de trouver une solution politique à la crise au Yémen reste au premier plan. Il a demandé de poursuivre les efforts en vue d’une désescalade et prié de ne pas faire du Yémen un enjeu des tensions régionales. Pour la France, les revendications d’attaques contre le territoire saoudien sont contraires aux efforts de désescalade et il faut que les houthistes respectent l’engagement qu’ils ont pris de ne plus mener pareilles attaques. M. de Rivière a aussi demandé que l’Accord de Riyad soit pleinement mis en œuvre au sud, dans les meilleurs délais. Il a salué l’Arabie saoudite pour son engagement à l’appliquer, particulièrement ses volets militaires. Il faut désormais qu’un nouveau gouvernement, incluant des représentants du sud, soit formé le plus rapidement possible, a-t-il ajouté. Le délégué a aussi réclamé la pleine mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda et demandé que la médiation onusienne reste au centre du processus politique.
Face à la catastrophe humanitaire, M. de Rivière a appelé à la mise en œuvre immédiate de plusieurs mesures opérationnelles, en rappelant que « le droit international humanitaire n’est pas négociable » et s’impose à tous. Deux priorités absolues ont été citées par la France: protéger les civils, y compris les personnels humanitaires et médicaux et les infrastructures civiles; et garantir un accès humanitaire immédiat, sûr et sans entrave. « Il devient par ailleurs chaque jour plus urgent que les Nations Unies puissent avoir accès au pétrolier Safer, qui représente une grave menace pour l’environnement », a aussi relevé le représentant qui a déploré l’absence de progrès en ce sens.
M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a salué le courage du personnel humanitaire au Yémen. Il a regretté que la pleine réalisation de l’Accord de Stockholm n’ait toujours pas pu avoir lieu. Pour la Russie, le Yémen est un état indépendant, souverain avec une intégrité territoriale, a-t-il précisé. Il a appuyé es efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général en faveur d’un règlement politique et diplomatique de la crise yéménite ce qui, a-t-il ajouté, doit passer par un dialogue inclusif. Il est important d’unir les forces et les positions de tous les acteurs qui doivent tous appuyer les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, a-t-il exigé.
Le représentant a ensuite estimé que le renforcement de la présence internationale permettra de faciliter la séparation des forces à Hodeïda et le règlement politique. Il a relevé que la médiation onusienne a débouché sur une réduction générale de l’intensité des frappes aériennes et militaires et rendu possible le déchargement des navires commerciaux à Hodeïda. À cet égard, le représentant a salué l’engagement des parties au conflit yéménite et les a appelées à concrétiser le cessez-le-feu et ouvrir la voie pour un règlement politique, sous l’égide de l’ONU, insistant sur l’importance de l’inclusivité.
M. Safronkov a ensuite appelé les Yéménites à s’unir contre le fléau destructeur des groupes terroristes pour mettre le pays sur la voie du développement. Il a attiré l’attention des membres du Conseil de sécurité sur le concept russe de « sécurité collective dans le Golfe persique », et a regretté que les discours anti-iraniens ne contribuent qu’à déstabiliser la région dans son ensemble. Il a assuré que la Russie appuierait activement le règlement des divergences régionales, notamment pour ce qui est du Yémen.
M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a déploré le peu de progrès réalisé sur la question du Yémen depuis la dernière réunion du Conseil sur ce sujet en décembre dernier. Il a appuyé les efforts déployés par l’Envoyé spécial pour assurer la reprise des pourparlers de paix. Le délégué a plaidé pour un processus facilité par l’ONU, avec la participation des femmes et des jeunes. M. Syihab s’est inquiété de la situation humanitaire au Yémen, condamnant dans le même temps les attaques des 21 et 22 décembre derniers à Dalea et qui ciblaient l’ONU et les sites abritant les organisations internationales humanitaires. Le représentant a également insisté sur l’importance du respect des précédents accords conclus par les parties, y voyant la clef pour un progrès global du processus politique. Dans ce contexte, tout retard dans la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda serait dangereux, a—t-il indiqué, notant que cet accord est crucial pour l’assistance humanitaire et constitue une source d’espoir pour des millions de Yéménites.
M. HAITAO WU (Chine) a émis le vœu qu’avec cette nouvelle année, la communauté internationale et les partis yéménites parviendront à trouver une solution au conflit au Yémen. Il a exhorté les parties yéménites à rester attachées à une solution politique et aux accords de Stockholm et de Riyad. L’Accord de Stockholm a permis des avancées sur le plan politique, tandis que l’Accord de Riyad a eu des conséquences directes sur la question sécuritaire, a-t-il relevé. Il a ensuite exhorté les parties à faire preuve de solidarité pour préserver la souveraineté et l’intégrité territoriales du pays.
Poursuivant, le représentant s’est dit favorable au renouvellement de la MINUAAH. Le Conseil de sécurité doit aider les parties yéménites à trouver une solution au conflit, a encore exhorté le délégué chinois pour lequel les pays de la région doivent continuer leurs bons offices afin d’encourager les Yéménites au dialogue. La Chine continue ses efforts diplomatiques pour élargir la possibilité de trouver une solution politique au conflit, a assuré le représentant qui a informé le Conseil de la rencontre de l’ambassadeur de la Chine au Yémen avec le Président yéménite, le 15 janvier dernier. Un accord a également été signé avec le Ministère de la santé du Yémen et la Chine a envoyé un convoi médical de 9 millions de dollars.
M. SVEN JÜRGENSON (Estonie) a apporté son soutien aux efforts de l’Envoyé spécial au Yémen et s’est félicité du renouvellement du mandat de la MINUAAH. Dans le contexte actuel de crise régionale, il est essentiel que toutes les parties prenantes yéménites restent très attachées à la désescalade, a-t-il estimé, avant de les exhorter à reprendre les pourparlers sur un règlement politique sans tarder et sans préconditions.
Il a jugé inacceptable que les civils continuent d’être victimes des attaques dans le pays et a exhorté toutes les parties à respecter leurs engagements en vertu du droit international et du droit international humanitaire et à traduire en justice les responsables de violations. L’ampleur de la crise humanitaire au Yémen reste extrêmement préoccupante et le tribut humain demeure énorme, a poursuivi le représentant. Il est, par conséquent, essentiel d’assurer un accès sans entraves.
Saluant ensuite les avancées dans la mise en œuvre de l’Accord de Riyad par le Gouvernement yéménite et le Conseil transitionnel du Sud, M. Jürgenson a souligné que la prochaine étape, avec son volet militaire et sécuritaire, sera sans nul doute difficile. Il a encouragé les parties à ne ménager aucun effort pour respecter leurs obligations, soulignant que la pleine mise en œuvre de l’Accord est cruciale pour aller de l’avant dans le règlement politique du conflit au Yémen. Il a aussi insisté sur l’importance de la pleine mise en œuvre de l’Accord de Stockholm pour consolider la confiance entre les parties.
Le représentant a par ailleurs exhorté les autorités de Hodeïda à permettre à l’équipe d’experts de l’ONU d’accéder au pétrolier SAFER pour éviter une catastrophe écologique dans la mer Rouge.
Saluant les avancées de la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda, M. WELLINGTON DARIO BENCOSME CASTAÑOS (République dominicaine) a encouragé les parties à continuer de coopérer dans le cadre du Comité de coordination pour le redéploiement. Il a aussi appelé les parties à veiller à ce qu’il n’y ait pas de restrictions aux mouvements du personnel de la Mission dans la ville. Le représentant a formulé la même insistance quant à la mise en œuvre du mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH), qui a été récemment renouvelé à l’unanimité par le Conseil. Il a relevé que la situation humanitaire restait préoccupante. « Nous constatons en particulier avec inquiétude les alertes exprimées par les organisations humanitaires sur le terrain concernant une éventuelle épidémie de maladies liées à la dengue », a noté le représentant. La situation climatique, associée à l’effondrement des services d’assainissement de l’eau en raison du conflit, a eu un coût élevé pour la lutte contre ce type de maladies qui affectent principalement les enfants, a déploré M. Bencosme Castaños qui est aussi préoccupé par la sécurité alimentaire dans le pays. La malnutrition reste grave et frappe dans de nombreuses régions, a alerté le représentant.
M. MARTHINUS VAN SHALKWYK (Afrique du Sud) a souligné qu’une paix durable au Yémen ne sera possible que par des efforts de dialogue. Il a appelé à la mise en œuvre rapide de l’Accord de Riyad entre le Gouvernement du Yémen et le Conseil de transition du Sud, ainsi que l’Accord sur Hodeïda, dont la mise en œuvre, a-t-il affirmé, pourrait instituer la confiance et conduire à la mise en œuvre d’autres aspects relatifs à l’Accord de Stockholm. L’Afrique du Sud se félicite de l’échange de prisonniers entre la coalition conduite par l’Arabie saoudite et les houtistes depuis octobre de l’an dernier. Ces mesures de confiance, a jugé M. Van Shalkwyk, sont à saluer et devraient continuer à recevoir le soutien du Conseil de sécurité et de la communauté internationale dans son ensemble.
Sur le plan humanitaire, le représentant s’est dit extrêmement inquiet de la crise que connaît le pays, arguant que la situation humanitaire sans précédent que vit le Yémen est un indicateur majeur du bilan humain du conflit. Il a invité les parties au conflit à assurer un accès humanitaire sans entrave et régulier et de se garder de toute mesure qui pourraient saper les droits à la santé et à l’alimentation des civils.
M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a encouragé les efforts de désescalade pour arriver à la cessation des hostilités dans l’ensemble du pays. Il a espéré que les tendances à la baisse du nombre de victimes civiles soient maintenues et que les prochaines étapes dans le processus politique puissent être entamées. Celui-ci doit être inclusif, avec la participation significative des femmes et des jeunes reflétant la diversité ethnique, géographique, sociale et politique de la population du Yémen, a estimé le représentant. Il a également réclamé des mesures de protection des enfants, conformément de la résolution 2427 du Conseil de sécurité. Le représentant a regretté que la mise en œuvre des accords déjà conclus peine à être appliqués, comme c’est le cas pour l’Accord de Ryad. Il a appelé toutes les parties à mettre entièrement en œuvre l’Accord de Stockholm, y compris l’Accord sur Hodeïda, l’Accord sur l’échange de prisonniers et celui sur Taëz.
Constatant que l’accès humanitaire reste malaisé, M. Pecsteen de Buytswerve a regretté que l’environnement opérationnel des acteurs humanitaire au Yémen reste l’un des plus contraignants au monde, ce qui entraîne une ingérence dans les opérations humanitaires et des restrictions de mouvement. Il a jugé primordial que toutes les parties facilitent l’accès à l’aide humanitaire et qu’elles respectent le droit international humanitaire. Dans ce contexte, le représentant s’est dit préoccupé par les rapports selon lesquels les houthistes exigent maintenant d’être payés 2% du budget de chaque opération humanitaire comme condition à leur aval. Sur le plan économique, il a estimé que la banque centrale avait besoin d’une injection financière de monnaie étrangère pour stabiliser le rial. La corruption dans les institutions yéménites n’aide pas, a-t-il poursuivi, en rappelant que, selon le panel d’experts du Comité des sanctions sur le Yémen, cela pourrait poser une menace à la paix.
Avant de conclure, il a appelé les houthistes à donner, enfin accès, au pétrolier Safer afin de faciliter l’examen de la situation et d’éviter une possible catastrophe écologique.
Pour M. ABDOU ABARRY (Niger), le conflit au Yémen est une question complexe, d’où la nécessité pour le Conseil de sécurité d’y accorder une attention particulière afin qu’une solution politique définitive et durable lui soit trouvée. Il a insisté sur la nécessité d’apporter un appui conséquent à la mise en œuvre du mandat de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda pour permettre l’acheminement et la distribution sans entrave de l’aide humanitaire aux populations. Le Niger fonde l’espoir que les évolutions positives constatées depuis la signature de l’Accord de Riyad, qui a permis une baisse du niveau de violences dans le sud du pays soient consolidées pour que cela serve de levier à la pacification intégrale du pays. M. Abarry a appelé les parties au conflit à reprendre le dialogue et les a engagées à appliquer les différentes dispositions des Accords de Stockholm, sur l’échange des prisonniers, la situation de la ville de Taëz et le port de Hodeïda.
M. DINH QUY DANG (Viet Nam) a invité les parties au conflit à faire preuve de retenue et à faciliter le travail des humanitaires, afin que l’aide puisse parvenir à ceux qui sont dans le besoin et en temps opportun. Il a relevé que la situation au Yémen a un impact sur la sécurité et la stabilité de toute la région, avant d’inviter les parties à s’engager dans un dialogue constructif afin de parvenir à une solution politique à la crise. L’échange de prisonniers entre l’Arabie saoudite et le houthistes est un signe encourageant, a-t-il relevé. Il a ensuite appelé les parties au conflit à faire montre de plus de volonté politique et à construire une confiance mutuelle, afin de parvenir à un Yémen unifié qui respecte les aspirations légitimes des populations. Il a enfin plaidé pour que la sécurité du personnel de la MINUAAH soit assurée, afin qu’elle puisse effectivement remplir son mandat.
M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) s’est tout d’abord félicité du renouvellement du mandat de la MINUAAH. Il a ensuite accusé les milices houthistes d’être toujours récalcitrantes à la mise en œuvre de l’Accord sur Stockholm, ce qui prouve, selon lui, qu’elles ne cherchent pas véritablement la paix. Toute tentative de contourner cet accord ne contribue qu’à faire dérailler la paix au Yémen, a regretté le représentant. Dès lors, il est impératif pour le Gouvernement yéménite qu’elles respectent les trois volets de l’Accord de Stockholm et lèvent le siège de Taëz. Cela ne devrait faire l’objet d’aucun jeu politique, a-t-il affirmé.
Le représentant a salué les efforts de l’Envoyé spécial, Martin Griffiths, en faveur d’un règlement politique au Yémen. Il a cependant dénoncé les graves violations commises récemment par les milices houthistes, notamment la prise pour cible des locaux de Médecins sans frontières et des silos de blé de la mer Rouge. Il s’agit de violations flagrantes des engagements pris et d’entraves aux efforts de paix, a-t-il décrié, avant d’exhorter le Conseil de sécurité à y répondre. Pour sa part le Gouvernement yéménite s’emploie à surmonter les obstacles à la mise en œuvre de l’Accord de Riyad et salue le « rôle fraternel » apporté par l’Arabie saoudite qui se concentre sur la lutte contre les houthistes qui ont causé tant de destruction au Yémen, a-t-il expliqué. Il a ensuite dénoncé l’ingérence iranienne qui soutient les milices houthistes. « Le peuple yéménite n’acceptera jamais que son pays devienne un terrain de jeu iranien », a mis en garde le représentant.
Poursuivant, M. Al-Saadi a indiqué que le Gouvernement cherche à définir les tâches de ses institutions et à élaborer les mécanismes nécessaires à la phase de transition, y compris un système de lutte contre la corruption. Il a appelé la communauté internationale à faire preuve de responsabilité face aux mesures prises par les milices houthistes qui entravent les institutions étatiques, notamment l’interdiction de l’utilisation et l’échange des nouveaux billets de banque dans les zones sous leur contrôle. Cela représente un fardeau supplémentaire pour les civils et aggrave la situation économique, a-t-il expliqué. Le représentant est également revenu sur les restrictions que ces milices imposent au travail des programmes humanitaires et à leurs personnels. « Le Gouvernement yéménite le répète: nous sommes prêts à tout faire pour faciliter le travail des organisations humanitaires et nous exprimons la gratitude du peuple yéménite à leur égard ». Enfin, le représentant a évoqué la crise du combustible provoquée par les milices houthistes dans les zones sous leur contrôle, ce qui aggrave les souffrances du peuple yéménite.
Il a aussi fait part des préoccupations du Gouvernement face à la potentielle catastrophe écologique que provoquerait toute fuite du pétrolier Safer. Il a appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale à faire pression sur les houthistes pour obtenir l’accès à ce navire en vue de pouvoir évaluer la situation. Avant de conclure, il a affirmé que le peuple et le Gouvernement yéménites attendent la paix, mais ceux qui se défilent sont les milices houthistes avec le soutien de l’Iran.