Conseil de sécurité: pour sa dernière présidence, l’Afrique du Sud souhaite promouvoir l’« unité » de l’organe chargé de la paix et de la sécurité internationales
Alors que l’Afrique du Sud quittera, à la fin du mois, le Conseil de sécurité, où elle a siégé deux ans, son Représentant permanent auprès des Nations Unies a annoncé à la mi-journée que l’organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales sera particulièrement actif en décembre.
À l’occasion d’une conférence de presse, M. Jerry Matthews Matjila a présenté un programme de travail copieux, placé sous le signe de l’« héritage » de Nelson Mandela et de la « volonté de promouvoir l’unité du Conseil », et qui alternera, jusqu’au 22 décembre, séances en personne et par visioconférence, avec trois temps forts.
Le coup d’envoi sera donné le jeudi 3 par un débat au niveau ministériel sur la réforme du secteur de la sécurité, présidé par visioconférence par la Ministre sud-africaine des relations internationales et de la coopération, Mme Naledi Pandor, et marqué par la mise aux voix d’un projet de résolution. À cette occasion, le Commissaire de l’Union africaine (UA) pour la paix et la sécurité, M. Smaїl Chergui, interviendra, de même que plusieurs États Membres ayant entrepris de réformer leur secteur de la sécurité, notamment la Colombie, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo (RDC) et l’Iraq, dont les situations sont inscrites à l’ordre du jour du Conseil. Une résolution devrait être adoptée au terme de cette séance.
Le lendemain, suivra un débat de haut niveau sur le « partenariat stratégique » entre l’ONU et l’architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine, présidé par M. Cyril Ramaphosa, le Chef d’État sud-africain, qui dirige également l’UA jusqu’à fin 2020. Le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, et le Président de la Commission de l’UA, M. Moussa Faki Mahamat, prendront la parole lors de cette réunion, qui pourrait donner lieu à l’adoption d’une déclaration présidentielle, a précisé M. Matjila.
Troisième événement phare du mois de décembre, une séance d’information sur le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et la Cour internationale de Justice (CIJ) sera organisée le 18 en présence du Président de cette juridiction, M. Abdulqawi Ahmed Yusuf. Son objectif? Explorer les moyens de mieux tirer parti des atouts offerts par la CIJ, a précisé l’Ambassadeur sud-africain.
De façon générale, l’Afrique sera le continent le plus représenté ce mois-ci dans les travaux du Conseil, comme l’illustre, le 7 décembre, une séance d’information sur les activités de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), préalablement à la prorogation du mandat de cette opération de paix, le 18.
Le 4, la mise aux voix d’un projet de résolution est également prévue pour reconduire les mesures de lutte contre la piraterie au large des côtes de la Somalie, tandis que le 10, le Représentant spécial du Secrétaire général, M. François Louncény Fall, informera les membres du Conseil des activités du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, qu’il dirige, et de l’état de mise en œuvre de la Stratégie régionale de l’ONU pour lutter contre l’Armée de résistance du Seigneur.
Plusieurs séances sur le Soudan et le Soudan du Sud figurent également au programme ce mois-ci, a souligné M. Matjila. S’agissant du Soudan du Sud, une séance d’information suivie de consultations à huis clos aura lieu le 15 sur les activités de la Mission des Nations Unies dans ce pays (MINUSS), à l’occasion desquelles le Président du Comité des sanctions applicables au Soudan du Sud interviendra.
Quant au Soudan, il fera l’objet de deux séances d’information distinctes: l’une le 8, sur la Mission intégrée des Nations Unies pour l’assistance à la transition au Soudan (MINUATS), établie en juin dernier; l’autre sur l’état des enquêtes en cours de la Cour pénale internationale (CPI), à laquelle participera la Procureure de cette juridiction, Mme Fatou Bensouda.
Les questions relatives au Moyen-Orient ne seront pas en reste ce mois-ci, avec des consultations sur la Force des Nations Unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD), dont le mandat, qui expirera le 31 décembre, devrait être renouvelé le 18.
Le 22, le Conseil de sécurité examinera le rapport du Secrétaire général sur l’application de la résolution 2231, laquelle a approuvé, en 2015, le Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien. Pour cette séance, seront attendus des exposés de l’actuel facilitateur du Conseil pour l’application de la résolution 2231 (2015), M. Philippe Kridelka (Belgique), de la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, et d’un représentant de l’Union européenne en sa qualité de coordonnatrice de la Commission conjointe dans la filière d’approvisionnement.
Le 10 décembre, le Chef de l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes (UNITAD), M. Karim Asad Ahmad Khan, s’exprimera par visioconférence devant le Conseil, a indiqué le Président. Et le 17, ce sera le tour de la situation en Afghanistan de faire l’objet d’une séance d’information. Enfin, parallèlement aux réunions sur le Yémen (le 14) et sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne (le 21), se tiendra également le 16 la séance mensuelle consacrée aux situations politique et humanitaire en Syrie.
S’agissant des questions thématiques transversales, le Conseil organisera le 14 décembre son débat semestriel sur le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux et le 16, sa réunion annuelle avec les présidents sortants des organes subsidiaires du Conseil de sécurité.
Répondant aux questions de journalistes, M. Matjila a confirmé que la situation en Éthiopie, où des heurts ont éclaté dans la région du Tigré, ne figurait pas encore à l’ordre du jour du Conseil. Il a rappelé qu’il était préférable de voir tout d’abord ce que pourraient accomplir les trois envoyés spéciaux récemment nommés par le Président de l’Union africaine, M. Cyril Ramaphosa, qui est également le dirigeant de l’Afrique du Sud.
Interrogé sur le plus grand défi auquel il se sera heurté au Conseil de sécurité au cours des deux dernières années, M. Matjila a observé que cet organe est aujourd’hui plus « divisé » que lorsque l’Afrique du Sud avait débuté son mandat de membre non permanent et que l’« habileté » des diplomates avait été mise à rude épreuve. Mais le Président a également cité en exemples les progrès accomplis par des nations comme le Soudan, le Soudan du Sud, la RDC ou encore le Burundi, estimant qu’en dépit des tensions parfois « vives » qui ont émaillé ses travaux, le Conseil avait su faire preuve d’unité, obtenir des résultats et tendre vers un « climat d’espoir ».