La Deuxième Commission examine le rapport d’ONU-Habitat marqué par une situation financière préoccupante et l’adaptation à la pandémie de COVID-19
La Deuxième Commission chargée des questions économiques et financières a examiné, ce matin, le rapport* du Secrétaire général de l’ONU sur le Nouveau Programme pour les villes et le renforcement du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), l’occasion pour les États Membres de souligner l’importance de soutenir financièrement l’organisme et d’appuyer son rôle dans le relèvement après la pandémie de COVID-19.
En début de séance, M. Christopher Williams, Directeur du Bureau de New York d’ONU-Habitat, qui a présenté le rapport, a rappelé les réformes de gouvernance entreprises depuis 2008 en faisant état d’une amélioration de la gestion financière d’ONU-Habitat, d’un rétablissement de ses réserves, et d’une gestion plus transparente. La nouvelle direction a comblé un déficit de 5,5 millions de dollars hérité en 2018, mais la situation financière d’ONU-Habitat reste préoccupante, a aussitôt relevé le Directeur.
C’est pourquoi il a demandé aux États Membres de contribuer financièrement, notamment par l’octroi de « fonds non préaffectés », aux efforts d’ONU-Habitat pour promouvoir la collaboration sur les questions urbaines dans l’ensemble du système des Nations Unies. M. Williams a appelé les États Membres à augmenter notamment les fonds prévisibles pour « reconstruire en mieux et en plus vert ». ONU-Habitat, qui a adopté un plan stratégique 2020-2023 s’alignant sur les objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, a inauguré en janvier dernier une nouvelle structure organisationnelle reflétant la réforme du système des coordonnateurs résidents, a aussi expliqué M. Williams.
Prenant note de l’amélioration de la gestion financière d’ONU-Habitat depuis 2018, la dizaine de délégations qui ont pris la parole aujourd’hui ont souligné la nécessité de soutenir les efforts de cet organe dans ce domaine. Le Groupe des 77 et de la Chine, par la voix du Guyana, a demandé qu’il y ait suffisamment de contributions volontaires pour ONU-Habitat afin de soutenir ses travaux. Le Kenya a montré l’exemple en indiquant avoir décidé, en 2019, d’accroître sa contribution financière en passant de 80 000 dollars à 100 000 dollars. L’Indonésie, qui a elle aussi exhorté les États Membres à assurer un financement prévisible et durable d’ONU-Habitat, au nom de la solidarité, a suggéré de chercher un mécanisme de financement novateur pour cet organisme.
De plus, pour que l’avenir soit durable, sain et inclusif, et pour que les villes soient vivables pour tous, il est nécessaire d’impliquer davantage le secteur privé, notamment par le biais de partenariats public-privé, ont estimé l’Équateur et le Nigéria. Le Directeur du Bureau de New York d’ONU-Habitat a rappelé à ce propos que la dixième session du Forum urbain mondial, tenue à Abu Dhabi en février 2020, avait accouché d’une « plateforme d’investissement des villes » qui met en relation les investisseurs privés et les autorités municipales. Ce programme contribuera à réduire les inégalités tout en renforçant les pouvoirs des collectivités locales et régionales.
Arrivé à la question de la riposte à la COVID-19, le Directeur du Bureau de New York d’ONU-Habitat a indiqué avoir travaillé en collaboration avec d’autres agences telles que le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Six semaines seulement après le début de la pandémie, ONU-Habitat a lancé « une réponse sanitaire et humanitaire rapide » dans 13 pays. De plus, en soutien aux efforts du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui élaborait des consignes pour les établissements informels et les bidonvilles, ONU-Habitat a lancé une réponse contre la COVID-19 en Afrique, en Asie et en Amérique latine, tout en servant de porte-plume pour une note d’orientation du Secrétaire général sur la COVID-19 en milieu urbain.
Comme le coronavirus a mis au jour la pauvreté extrême, la fragilité des systèmes de santé, les inégalités en matière de logement et le manque d’accès à l’eau et à l’assainissement dans les communautés, le Groupe des 77 et de la Chine a invité à transformer cette situation en opportunités pour réinitialiser, refocaliser et réorganiser la façon dont nous interagissons, vivons et reconstruisons villes et établissements humains. Cela suppose un ONU-Habitat plus efficace, bien financé et bien équipé pour aider les pays en développement en matière de renforcement des capacités pour le développement durable et l’amélioration des conditions de vie des populations. La délégation de la Chine a renchéri en recommandant qu’ONU-Habitat exploite ses avantages comparatifs dans la fourniture de services aux États Membres, en particulier pour le renforcement des capacités des pays en développement.
Le Nouveau Programme pour les villes doit être notre guide pour une « reprise résiliente » après la pandémie, a ajouté l’Indonésie. La « résilience » a également été invoquée par la Fédération de Russie. Celle-ci a observé que la pandémie avait mis en évidence la nécessité de garantir des « services de base résilients » et de soutenir le travail d’ONU-Habitat. La « résilience des zones urbaines » est fondamentale pour résister aux pandémies, a encore relevé l’Indonésie.
« Les États Membres en situation de conflit et postconflit dépendent d’ONU-Habitat en termes d’expertise technique », a poursuivi M. Williams. ONU-Habitat, a-t-il fait savoir, a aidé l’Afghanistan, le Liban, la République arabe syrienne et le Yémen à se relever de catastrophes naturelles et de conflits de longue durée. Il a facilité la réinstallation durable des personnes déplacées à l’intérieur de ces pays ainsi que des réfugiés.
Concernant l’exécution du mandat d’ONU-Habitat sur la promotion d’un développement urbain durable visant à éradiquer la pauvreté, à réduire les inégalités, à créer la prospérité, à faire progresser l’action climatique, à prévenir les crises urbaines et à favoriser le relèvement après ces crises, l’Inde a souligné la nécessité de concepts comme les « villes intelligentes » afin de donner un nouveau souffle aux biens publics. ONU-Habitat a aidé à l’élaboration de stratégies urbaines à faibles émissions dans ce pays qui affirme promouvoir une urbanisation durable, des transports et des ravitaillements en eau durables, un projet d’efficience énergétique et des liens solides entre zones urbaines et zones rurales pour qu’elles soient plus durables.
En conclusion, le Groupe des 77 et de la Chine a exhorté ONU-Habitat à continuer de jouer un rôle essentiel dans l’élaboration de normes, valeurs et principes internationaux sur l’urbanisation durable et les établissements humains. Le Groupe a encouragé l’organisme à aider les pays à relever les défis résultant d’une urbanisation rapide et des établissements humains, en fournissant une expertise technique et un renforcement des capacités pour la mise en œuvre de projets dans les pays.
Le Nigéria, pour sa part, a salué les efforts d’ONU-Habitat pour surveiller et rendre compte des progrès accomplis dans la mise en œuvre du Nouveau Programme pour les villes et la réalisation de l’ODD 11 sur les villes et les communautés durables.
La Deuxième Commission poursuivra ses travaux demain, vendredi 16 octobre, à 10 heures, toujours par visioconférence, pour examiner le rapport du Secrétaire général sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition.
* A/75/296