Deuxième Commission: l’élimination de la pauvreté impactée par la pandémie de COVID-19
La pandémie a porté un coup très dur aux efforts visant à l’élimination de la pauvreté, premier objectif de développement durable de l’ONU et premier des deux points de l’ordre du jour débattus cet après-midi par la Deuxième Commission (questions économiques et financières) qui a aussi traité de la question du tourisme éthique et achevé, ce matin, l’examen du chapitre « développement durable ».
L’élimination de la pauvreté reste la priorité de très nombreux États Membres qui décrivent des progrès « battus en brèche », voire « réduits à néant », notamment dans les pays en situation particulière. En 2020, la part de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté devrait passer à 8,6%, ce qui signifie que 71 millions de personnes supplémentaires pourraient sombrer dans l’extrême pauvreté, selon des chiffres marquants tirés d’un rapport du Secrétaire général et repris par de nombreuses délégations, dont le Groupe des 77 et la Chine (G77).
La pauvreté reste tout simplement « le plus grand défi à relever pour la communauté internationale », a estimé le G77. Elle reste une « priorité essentielle » pour l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui a appelé les pays à agir « collectivement » et « rapidement » sur le plan « régional » et dans le « monde ». Des millions d’emplois ont été perdus : les effets de la crise sont déjà visibles, a relevé le Honduras, pays où le prix du panier de base a fortement augmenté.
Un appel à des indices multidimensionnels de mesures
De nombreuses délégations ont appelé la communauté internationale à mettre en place de meilleurs indices multidimensionnels de mesures de la pauvreté, qui prendraient notamment en compte les vulnérabilités face aux changements climatiques, à l’instar d’El Salvador, de l’Équateur, du Honduras et du Costa Rica. Le Bangladesh a lancé son propre indice multidimensionnel de pauvreté au plan national, visant à mieux identifier les populations menacées par la pauvreté, tandis que la Chine a appelé les délégations à davantage aider les pays les moins avancés (PMA) pour qu’ils puissent mettre en œuvre des politiques de développement « adaptées à leur situation respective ».
Les premières victimes de la pauvreté se concentrent en milieu rural
Les délégations ont massivement appelé à s’attaquer à la pauvreté en milieu rural, où se concentre la majorité des personnes en situation de pauvreté et d’extrême pauvreté. Elles ont fait part de leurs initiatives nationales ou régionales. L’Inde a annoncé protéger sa population rurale du chômage engendré par la pandémie grâce à une « loi sur la garantie de l’emploi » dont les bénéficiaires sont composés à 54% de femmes. Elle a aussi évoqué la création de comptes bancaires reliés aux téléphones mobiles. L’ASEAN a cité des mesures prises pour faciliter la formation technique et professionnelle et mentionné les efforts d’autonomisation des femmes et des filles pour améliorer la condition des citoyens en milieu rural. Au Mozambique, où 46% de la population vit dans la pauvreté, le Gouvernement a élaboré un « budget décentralisé » pour atteindre ses zones lointaines, mais sa stratégie rencontre des difficultés du fait de l’impact des changements climatiques sur le pays.
Commerce, technologie, éducation, industrie: des plans pour sortir de l’ornière
Les mesures commerciales restrictives devraient être évitées en particulier pendant cette pandémie, a réclamé l’ASEAN, encourageant au contraire l’ouverture des marchés et critiquant les mesures commerciales unilatérales qui « nuisent aux efforts de développement et d’élimination de la pauvreté ». Allant plus loin, Cuba a dénoncé le blocus économique et financier contre des pays tiers ainsi que les sanctions unilatérales illégales. En contrepartie, Cuba a proposé « la création d’un autre système financier international » adapté aux pays en développement. La Fédération de Russie, elle, a appelé à des mesures urgentes pour éliminer la pauvreté dans les pays touchés par des conflits, mais « sans exigence politique », a-t-elle bien insisté.
Le Costa Rica a lancé le programme éducatif « Grandissons et avançons », garantissant l’accès au système éducatif des étudiants pauvres jusqu’à l’enseignement secondaire, tout en leur faisant bénéficier de transferts monétaires pour compléter les revenus de leurs familles. En Inde, une « couverture sociale universelle » permet d’assurer un revenu minimal pour les familles, tandis qu’un système de sécurité alimentaire a été mis en place avec repas gratuits distribués à des millions de personnes.
Les connaissances en technologie de la main-d’œuvre indienne lui permettraient d’obtenir des emplois productifs dans le futur, mais pour les pays en développement moins avancés qui n’ont pas cette chance, la Chine a préconisé de soutenir les programmes de transferts de technologies. Le Bangladesh a lui aussi demandé aux partenaires de développement des soutiens technologiques supplémentaires.
Concernant la coopération pour le développement industriel, qui joue un rôle important selon la Fédération de Russie, bailleur de fonds de longue date de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), le G77 s’est dit persuadé qu’elle demeurait nécessaire à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD).
L’écotourisme plébiscité
Le second point débattu par la Deuxième Commission cet après-midi a porté sur l’application du « Code mondial d’éthique du tourisme », soit un cadre pour guider le développement du tourisme en « minimisant son impact négatif » tout en « maximisant ses avantages ».
Le tourisme nécessite une attention particulière des délégations, car un emploi créé dans le tourisme, c’est cinq emplois créés dans des secteurs connexes, comme l’a rappelé la Fédération de Russie, qui a lancé un plan de développement de l’écotourisme à l’horizon 2035. Un écotourisme sur lequel a également misé le Costa Rica avant d’être gravement touché par la pandémie. El Salvador a dit viser une reprise du tourisme en s’appuyant sur plusieurs piliers, dont « les liquidités » et « la création d’infrastructures touristiques ». Fort d’avoir obtenu le label « destination sûre » du Conseil mondial des voyages et du tourisme, El Salvador a mis en place un protocole de sécurité sur son secteur côtier pour prévenir la propagation de la COVID-19.
L’Arabie saoudite, pays de déserts « privilégié pour l’exploration touristique », a déclaré miser sur le tourisme sur le long terme pour ses nombreux côtés positifs: le secteur promeut les économies locales, stimule le développement interne et favorise la réalisation des ODD, tout en offrant des opportunités de travail pour les jeunes Saoudiens et en augmentant les revenus des PME. Pâtissant, comme partout dans le monde, de la pandémie, le secteur touristique saoudien a mis en place des mesures préventives pour protéger les employés et les touristes.
Présentation des rapports
Avant le débat entre États Membres, les délégations ont entendu les présentations de rapports en référence. Par un message vidéo pré-enregistré, M. Pascal Lamy, Président du Comité mondial d’éthique du tourisme, a présenté le rapport de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) sur l’application du Code mondial d’éthique du tourisme (A/75/254). Il a d’abord rappelé qu’en 2019, les arrivées de touristes internationaux avaient atteint 1,5 milliard, une forte augmentation par rapport aux 222 millions en 1975, qui a bénéficié à toutes les régions du monde. Mais en 2020, alors que le tourisme est frappé de plein fouet par la pandémie de COVID-19, les principes éthiques s’avèrent aussi essentiels dans les mauvais moments comme durant les années fastes, a noté M. Lamy. Il a expliqué que le Code d’éthique mondial constitue un ensemble complet de principes pour guider le développement du tourisme et servir de cadre de référence pour la communauté touristique. Son objectif global est de minimiser l’impact négatif du tourisme tout en maximisant ses avantages.
Le Comité mondial d’éthique du tourisme a pour principales tâches notamment la proposition et l’adoption de textes de convention et d’autres instruments juridiques relatifs au Code. À cet égard, le Comité a élaboré le texte de la nouvelle Convention-cadre de l’OMT sur l’éthique du tourisme construite autour des principes fondamentaux du Code. La Convention a été adoptée avec son Protocole facultatif en 2019 par l’Assemblée générale de l’OMT. Une fois la Convention entrée en vigueur, après 10 ratifications, le Comité sera chargé de surveiller l’application de ses dispositions et de recevoir les rapports correspondants des États parties.
Le Comité évalue aussi les progrès réalisés dans la mise en œuvre des principes de l’éthique du tourisme, en menant des enquêtes régulières auprès de 450 entreprises signataires et associations professionnelles de 69 pays. Au cours des dernières années, le Comité a adopté diverses recommandations sur des sujets tels que le tourisme accessible pour tous, la technologie et les plates-formes numériques dans le tourisme, la durabilité environnementale, le travail décent et la croissance inclusive. L’éthique du tourisme doit rester au cœur du relèvement, car ce secteur occupe une place importante pour l’emploi dans les pays en développement durement touchés par le virus, a fait valoir M. Lamy.
M. Dirk Glaesser, Directeur du tourisme durable pour le développement de l’OMT, a présenté la note du Secrétaire général intitulée « Promotion du tourisme durable, y compris l’écotourisme, aux fins de l’élimination de la pauvreté et de la protection de l’environnement » (A/75/267) qui met l’accent sur la nécessité de renforcer la résilience du secteur du tourisme ainsi que sur les liens qui existent entre l’économie du tourisme, la société et l’environnement. Il est impératif d’adopter des solutions globales axées sur l’être humain si l’on veut remédier aux problèmes, recommande le Secrétaire général.
L’adoption d’un modèle économique circulaire et l’utilisation efficace des ressources dans la chaîne de valeur du tourisme permettent au secteur de s’engager sur la voie d’une croissance économique soutenue, durable et résiliente. De plus, la mesure et le suivi réguliers des effets du tourisme à l’échelon de la destination sont considérés comme essentiels à la collecte des données nécessaires à la bonne gestion de la destination et à la prise de décisions efficaces la concernant.
Le rapport recommande donc de produire régulièrement des données actualisées et de transformer les activités touristiques pour qu’elles participent à l’action climatique. Il prône le renforcement des mesures d’atténuation dans le secteur du tourisme, notamment par des investissements visant à développer des moyens de transport à faible émission de carbone et des infrastructures plus écologiques. Il est tout aussi vital d’intégrer la biodiversité dans le développement du tourisme durable, par l’octroi d’avantages et la mise en place de modèles de tarification adaptés aux zones protégées. Ceux-ci peuvent permettre au secteur touristique de dégager des recettes qu’il pourra investir dans les zones écologiques critiques, de façon à développer l’écotourisme de manière responsable.
Mme Daniela Bas, Directrice à la Division pour le développement social inclusif, Département des affaires économiques et sociales (DESA), a présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Mise en œuvre de la troisième Décennie des Nations Unies pour l’élimination de la pauvreté (2018-2027) » (A/75/280) qui note que les progrès remarquables réalisés dans la réduction de la pauvreté monétaire depuis 1990 ont ralenti au cours des dernières années et risquent d’être inversés en raison de l’impact de la COVID-19. Depuis 2015, le taux de diminution est tombé à moins d’un demi-point de pourcentage par année, passant de 10% à 8,2%. La pandémie de COVID-19 pose un sérieux défi aux ODD, avec des dizaines de millions de personnes susceptibles d’être poussées dans la pauvreté en 2030, note le rapport. La pandémie rend également plus difficile à tenir l’engagement du monde de ne laisser personne sur le côté et d’atteindre les plus vulnérables. La pandémie a mis à nu les inégalités structurelles, l’insuffisance des infrastructures de santé et le manque de protection sociale de base universelle. Le chemin à parcourir pour mettre en œuvre la troisième Décennie semble maintenant particulièrement ardu, selon le Secrétaire général.
Le rapport indique également qu’avant la pandémie, les niveaux de ressources intérieures et externes étaient déjà insuffisants pour réaliser les ODD et que la pandémie se traduira par une réduction significative du financement dont disposent les pays en développement. Le financement privé extérieur pour les économies en développement pourrait diminuer de 700 milliards de dollars en 2020 par rapport au niveau de 2019. Le rapport souligne que la mise en œuvre du plan interinstitutions et à l’échelle du système pour l’élimination de la pauvreté est une démonstration tangible de l’action collective du système sur la pauvreté et les inégalités. La mise en œuvre intégrale des sept domaines thématiques du plan est d’autant plus urgente que nous sommes dans la Décennie d’action et d’exécution pour le développement durable. Ces domaines vont de la lutte contre les inégalités à l’intensification de la protection sociale adéquate, l’amélioration de la sécurité alimentaire et de la nutrition, et la promotion de la transformation structurelle, du plein emploi et des emplois décents.
Le Secrétaire général recommande de donner la priorité à la lutte contre la pauvreté sous toutes ses formes et dimensions et de ne laisser personne de côté. Il recommande de toucher les plus vulnérables par l’allocation de ressources, l’expansion des systèmes universels de protection sociale, y compris les planchers sociaux, l’amélioration de l’accès à une éducation et à une formation professionnelle de qualité. M. Guterres recommande également d’investir dans la couverture universelle des soins de santé, de revoir les politiques socioéconomiques en vue d’une meilleure reprise après la COVID-19, d’investir dans les systèmes statistiques nationaux et de passer à des économies plus vertes et plus inclusives tout en prenant des mesures multilatérales pour faire face à l’impact mondial de la pandémie de COVID-19. Il encourage le système des Nations Unies à donner la priorité à la formulation et à la mise en œuvre de stratégies d’élimination de la pauvreté dans le cadre de la coopération pour le développement durable des Nations Unies.
M. Li Yong, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), présentant le rapport du Secrétaire général sur la « Coopération pour le développement industriel » (A/75/158), a expliqué que la fermeture des magasins, le chômage et la baisse des revenus découlant de la pandémie de COVID-19 se traduit par une baisse des dépenses et des demandes. S’agissant de l’offre, les productions ont diminué avec la fermeture des usines ou leur fonctionnement en dessous des capacités. Le manque d’approvisionnement et la réduction des productions se traduisent par une baisse du commerce qui est une importante source de revenus.
D’importantes pertes ont frappé les entreprises qui étaient auparavant stables, a encore précisé M. Li, en notant que cela a entraîné des manques de rémunération pour les travailleurs, des faillites, et des chômages temporaires à grande échelle. Les industries à forte intensité de main-d’œuvre, les petites entreprises, les journaliers, les travailleurs à temps partiel et les travailleurs insuffisamment couverts par les modalités formelles de travail sont les plus touchés. Les taux de chômage ont atteint des niveaux exceptionnels. En raison des liens profonds et étendus entre les secteurs agricoles et des services, l’effondrement de la production pourrait accentuer les répercussions négatives de la pandémie.
La coopération internationale est nécessaire de manière plus urgente qu’auparavant et nécessite des ressources suffisantes, recommande le Secrétaire général qui demande aussi aux gouvernements et au secteur privé de jouer un rôle essentiel. La pénurie de fournitures essentielles a montré la dépendance de l’humanité sur le secteur industriel et les produits manufacturés. Elle a également montré à quel point le leadership des gouvernements et des décideurs est important pour prévenir le danger, soutenir le secteur privé et contenir l’impact socioéconomique de la pandémie. Le Secrétaire général plaide également pour une meilleure préparation aux crises prévues depuis longtemps mais toujours ignorées. « L’impact des changements climatiques sera grave, global et durable si nous n’agissons pas. »
M. Benjamin Davis, Directeur au sein de la Division de la transformation rurale inclusive et de l’égalité des sexes de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a présenté le rapport intitulé « Éliminer la pauvreté en milieu rural en vue de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 » (A/75/189). Ce rapport souligne les progrès réalisés dans l’éradication de la pauvreté rurale et la réduction des inégalités tout en reconnaissant les impacts socioéconomiques de la COVID-19. La proportion de la population mondiale vivant dans l’extrême pauvreté est passée de 36% en 1990 à 10% en 2015, mais 736,7 millions de personnes vivaient encore dans l’extrême pauvreté en 2015.
Selon le rapport, l’éradication de la pauvreté nécessite de s’attaquer à ses multiples causes sous-jacentes. Il souligne en outre que la pandémie de COVID-19 pourrait faire basculer 100 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté en 2020. « En fait, jusqu’à 115 millions de personnes, selon les dernières projections de la Banque mondiale publiées il y a quelques jours », a commenté M. Davis. Le rapport fait écho à l’appel lancé par le Secrétaire général dans le cadre de la Décennie d’action pour que les États Membres augmentent de toute urgence un ensemble minimum d’investissements.
Le rapport attire l’attention sur l’importance du développement rural pour réaliser le Programme 2030, puisque 80% des personnes extrêmement pauvres vivent dans les zones rurales et que 70% des ODD concernent les zones rurales. Les inégalités entre les zones urbaines et rurales restent fortes: la part des habitants des zones rurales des pays en développement qui vivent dans l’extrême pauvreté est presque trois fois plus élevée que celle des habitants des zones urbaines, selon le rapport.
« Néanmoins, il ne suffit pas d’investir dans l’agriculture », a pointé M. Davis: les pauvres des zones rurales doivent également avoir accès à la protection sociale, à des possibilités d’emploi décent et à des services financiers. Des groupes spécifiques sont confrontés à des obstacles et à des vulnérabilités supplémentaires: les femmes rurales, les peuples indigènes et les travailleurs migrants ruraux. Les femmes rurales en particulier sont confrontées aux plus grandes inégalités et désavantages, et travaillent souvent sans rémunération et subissent des violences sexistes.
DÉVELOPPEMENT DURABLE
Fin du débat
La matinée fut consacrée à la fin du débat sur la vaste question du développement durable, au cours duquel les délégations ont exprimé leur volonté de faire avancer la réalisation du Programme 2030, et ce, malgré les obstacles qui demeurent encore nombreux. Des initiatives régionales en ce sens ont été mentionnées. Le Zimbabwe, par exemple, a rappelé avoir accueilli en février 2020 le sixième Forum régional de l’Afrique sur le développement durable, qui s’est conclu par l’adoption de la Déclaration de Victoria Falls. Ce texte donne les grandes lignes des étapes à franchir par les pays africains pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD), en se concentrant sur l’élimination de la pauvreté.
La question des changements climatiques a été, comme hier, au centre des préoccupations, étant donné son influence sur le développement durable. Les forêts, notamment, ont été citées comme ressources primordiales pour les pays. La Bolivie a ainsi appelé à réduire le déboisement et les incendies de forêts, qui nuisent à la biodiversité. Elle a invité au contraire à exploiter les forêts de façon durable, en protégeant le bien-être des populations autochtones, « principaux alliés » dans cette lutte pour la résilience. Pays d’origine de nombreuses plantes cultivées par l’homme, la Bolivie a également appelé à lutter contre le trafic de la faune et de la flore, exhortant tous les pays à renforcer les contrôles pour en limiter la fraude et le trafic. La fragilité de l’écosystème de son voisin, l’Équateur, nécessite également des soins particuliers: l’Équateur a encouragé les efforts visant à élaborer un cadre mondial pour la biodiversité post-2020 pour parvenir à la Vision 2050.
La surexploitation des forêts est un autre problème environnemental qui a des conséquences économiques, auquel est confrontée notamment la Libye. La délégation a expliqué que les forêts libyennes sont menacées de disparition, notamment à cause du conflit ravageant le pays, composé à 79% de zones désertiques. Les autorités centrales libyennes ont adopté des mesures pour fixer les dunes de sable et pour construire des « ceintures » et des « coupe-vent » afin de protéger les récoltes agricoles, a ajouté la délégation en reconnaissant toutefois que, faute de stabilité politique, son gouvernement peine à sortir de l’ornière. La situation, selon la Libye, exige une « coopération intensifiée » et le respect des engagements de la communauté internationale.
Ce n’est pas la trajectoire prise la République populaire démocratique de Corée (RPDC), qui a dit continuer d’épouser les principes d’« autonomie » et d’« auto-développement » comme autant d’« armes précieuses » pour la prospérité et le développement durable. De son côté, l’Équateur a plaidé la cause des pays à revenu intermédiaire, souhaitant qu’ils aient accès à l’aide humanitaire pour faire face à la pandémie. Citant l’explosion meurtrière survenue le 4 août dans le port de Beyrouth, le Liban a lui aussi souhaité que les pays à revenu intermédiaire soient davantage pris en compte dans les processus d’aide au développement, compte-tenu de leur vulnérabilité aux risques et aux destructions.
Concernant le soutien important du système des Nations Unies pour le développement, le Zimbabwe a salué la réforme lancée par le Secrétaire général pour le renforcer. Il a dit attendre avec intérêt l’engagement renforcé des équipes de pays avec les gouvernements des pays hôtes, pour que l’économie mondiale et tous les peuples ressortent plus fort de la crise.