En cours au Siège de l'ONU

Soixante-quinzième session,
6e séance plénière – matin
AG/DSI/3650

Première Commission : Appel à davantage de volonté politique pour assurer le désarmement nucléaire et échanges d’accusations réciproques

La Première Commission (désarmement et sécurité internationale) a poursuivi, ce matin, son débat général, dominé une nouvelle fois par les questions de désarmement nucléaire.  « Ce qui manque, ce ne sont pas des conditions favorables, mais de la volonté politique et de la détermination », a estimé le Mexique au nom d’un groupe de pays, en appelant à ne pas utiliser la pandémie ou les tensions actuelles comme prétexte à l’inaction.  La séance a en outre été marquée par les accusations réciproques de l’Inde et du Pakistan, ainsi que par les justifications données par la République islamique d’Iran à son programme de missiles balistiques et par ses différends avec plusieurs pays de la région, en premier lieu l’Arabie saoudite et le Yémen.  

Au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour, le Mexique a souligné que la réalisation et le maintien d’un monde sans armes nucléaires demeuraient l’objectif premier de ce groupe qui comprend aussi le Brésil, l’Égypte, la Nouvelle-Zélande et l’Afrique du Sud.  Depuis sa création en 1998 à Dublin, la Coalition plaide pour la mise en œuvre de mesures concrètes, transparentes, mutuellement renforcées, vérifiables et irréversibles de désarmement nucléaire.  La Coalition a réitéré son soutien au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires adopté en 2017, auquel ne manquent plus désormais que trois ratifications pour entrer en vigueur.  Pour elle, ce traité « reflète la volonté de l’écrasante majorité de l’Assemblée générale d’agir d’urgence ».  La Coalition a également dénoncé le fait que les doctrines de sécurité des États dotés d’armes nucléaires favorisent la prolifération : « Le désarmement nucléaire n’est pas seulement une obligation juridique internationale incombant à ces pays, mais aussi un impératif moral et éthique », a-t-elle souligné.  

Intervenant tous deux ce matin, l’Inde et le Pakistan se sont lancé de violentes accusations réciproques.  Qualifiant l’Inde de « régime néofasciste » coupable d’« agressions patentées » contre son pays, le représentant pakistanais a fait état des « incursions » indiennes au Jammu-et-Cachemire, qu’il a jugées motivées par un programme politique destiné en réalité à transformer démographiquement ce territoire dont les deux pays se contestent la souveraineté depuis leur indépendance.  « L’Inde a envoyé 200 000 soldats supplémentaires dans ce territoire qu’elle occupe et qu’elle soumet à un véritable siège alors que son peuple est privé d’exercer son droit à l’autodétermination », a notamment affirmé le représentant du Pakistan, qui a affirmé que son pays n’hésiterait pas à réagir à aux agressions indiennes.  « Le Pakistan nous parle de paix, alors que son Premier Ministre glorifie Ben Laden », a répliqué le représentant de l’Inde, ajoutant que les accusations portées par le Pakistan au sujet du Jammu-et-Cachemire n’avaient pas lieu d’être, ce territoire relevant de la souveraineté indienne.  Pour l’Inde, la Première Commission ne doit « pas se laisser distraire par les tentatives pernicieuses du Pakistan », car ce n’est pas le lieu pour débattre de questions bilatérales.

Autre intervenant du jour, la République islamique d’Iran a estimé qu’une autre menace à la paix au Moyen-Orient que celle représentée par Israël était en train d’émerger : la mise en œuvre incomplète de l’Accord de sauvegarde globale par l’Arabie saoudite.  Pour l’Iran, le fait que l’Arabie saoudite n’applique pas les garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique encadrant l’utilisation pacifique de l’atome « pourrait permettre à ce pays de dissimuler la nature de certaines activités nucléaires sans être soumise aux inspections de l’Agence ».  L’Arabie saoudite a rejeté ses propos jugés faussement alarmistes et a demandé à l’Iran de « cesser de soutenir le terrorisme partout au Moyen Orient » ainsi que de coopérer pleinement avec l’AIEA dans le cadre du Plan d’action global commun.

L’Iran a par ailleurs justifié son programme de missiles balistiques en le présentant comme l’expression du droit souverain de tout État  de se doter d’armes classiques pour ses besoins de légitime défense et de sécurité » dans un contexte marqué par un « flux continu d’armes conventionnelles offensives sophistiquées » au Moyen-Orient, dont l’Iran a rendu responsables les États-Unis, « de loin le plus grand exportateur d’armes au monde vers la région », et l’Arabie saoudite, devenue « le plus grand importateur d’armes au monde au cours des cinq dernières années ».

Concernant les armes classiques, plusieurs représentants d’Amérique latine et de l’Afrique ont exprimé leur profonde préoccupation quant au danger que continuent de représenter leur prolifération et leur usage abusif, qui sapent le développement économique et social des communautés et alimentent la violence armée, affectant en premier lieu les femmes.  Ces pays ont appelé la communauté internationale à renforcer les dispositifs internationaux en vigueur de contrôle de telles armes, notamment en élargissant aux armes légères et de petit calibre la portée du Registre des armes classiques de l’ONU.  Ils ont aussi insisté sur la nécessité d’un financement adapté pour les programmes de prévention de la violence impliquant la participation des femmes.

Le Ghana a demandé aux délégations d’appuyer par le consensus le plus large possible le projet de résolution relative à la protection des civils pendant les conflits armés qui sera présenté, cette année encore, par les États de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest.  Toujours à propos de la protection des civils, le Canada a soutenu l’Action 36 du Programme de désarmement du Secrétaire général intitulée « Participation pleine et égale des femmes aux processus de prise de décisions », car il juge important « d’évaluer les éventuelles répercussions des armes sur les femmes ».

La Première Commission poursuivra son débat général, demain, jeudi 15 octobre, à 10 heures.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR TOUCHANT AU DÉSARMEMENT ET À LA SÉCURITÉ INTERNATIONALE

Déclarations

Mme MARÍA ANTONIETA SOCORRO JÁQUEZ HUACUJA (Mexique), au nom de la Coalition pour un nouvel ordre du jour, regroupant le Brésil, l’Égypte, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et son propre pays, a rappelé que la réalisation et le maintien d’un monde sans armes nucléaires demeuraient l’objectif premier de la Coalition, « un objectif fondamental, alors que nous commémorons le soixante-quinzième anniversaire des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, qui ont montré les conséquences humanitaires dévastatrices de ces armes ». 

La représentante a rappelé que, depuis sa création, la Coalition plaidait en faveur de la mise en œuvre de mesures concrètes, transparentes, mutuellement renforcées, vérifiables et irréversibles de désarmement nucléaire, ainsi que du respect des obligations et des engagements dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Bien que certains progrès aient été réalisés au cours de cette période, ils sont loin d’être suffisants, a jugé Mme Jáquez Huacuja, pour qui l’environnement sécuritaire mondial n’est pas une excuse pour l’inaction.   Ce qui manque, « ce ne sont pas des conditions favorables, mais de la volonté politique et de la détermination », a-t-elle lancé.  

Saluant l’adoption en 2017 du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN), « qui reflétait la volonté de l’écrasante majorité de l’Assemblée générale d’agir d’urgence », et son entrée en vigueur imminente, Mme Jáquez Huacuja a rappelé que toute utilisation d’armes nucléaires serait contraire aux principes et aux règles du droit international humanitaire et que les doctrines de sécurité des États dotés d’armes nucléaires favorisaient la prolifération.  « Le désarmement nucléaire n’est pas seulement une obligation juridique internationale, mais aussi un impératif moral et éthique », a encore asséné la représentante, qui a souligné que, malgré le consensus international croissant sur l’illégitimité des armes nucléaires, on estime qu’il en existe encore environ 15 000. 

La représentante a également appelé les États Membres à réfléchir à l’énorme quantité de ressources consacrées à l’entretien, au développement et à la modernisation des arsenaux nucléaires, lesquelles pourraient être mieux utilisées dans la poursuite d’un avenir meilleur, y compris comme dans la réalisation des objectifs de développement durable.  « Cela est particulièrement pertinent dans le contexte actuel de pandémie de COVID-19 », a-t-elle déclaré. 

Concernant le TNP, la représentante a souligné l’attachement de la Coalition à sa pleine mise en œuvre et rappelé, qu’au titre du Traité, les États dotés d’armes nucléaires se sont juridiquement engagés à poursuivre et à réaliser le désarmement nucléaire, en échange duquel les États non dotés d’armes nucléaires se sont aussi engagés à ne pas mettre au point de telles armes.  « Toute présomption de possession indéfinie d’armes nucléaires irait à l’encontre de l’objet du TNP et menacerait d’éroder sa crédibilité et son efficacité », a-t-elle averti. 

Concernant les zones exemptes d’armes nucléaires, la représentante a réitéré l’importance de la création d’une telle zone au Moyen-Orient et salué en ce sens la tenue, l’an dernier, au Siège new-yorkais de l’ONU, de la première Conférence pour la création d’une telle zone.  Mme Jáquez Huacuja a enfin annoncé que cette année encore les pays de la Coalition présenteraient un projet de résolution au titre du point de l’ordre du jour relatif aux armes nucléaires.

M. MAJID TAKHT RAVANCHI (République islamique d’Iran) a souligné qu’au cours de la dernière décennie, les menaces pesant sur la sécurité internationale s’étaient aggravées.  Les dépenses militaires mondiales augmentent, et les tensions sont revenues.  Outre la menace des armes de destruction massive et les politiques offensives d’États spécifiques, de nouvelles menaces émergent, notamment la militarisation de l’intelligence artificielle, du cyberespace et de l’espace extra-atmosphérique.

Il existe plus de 14 000 armes nucléaires dans les arsenaux des États dotés d’armes nucléaires, et la possibilité de leur utilisation peut avoir un impact catastrophique sur l’humanité et la planète, a rappelé le représentant.  À la veille de la dixième Conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire (TNP), nous devons garder à l’esprit que le maintien de l’intégrité et de la crédibilité du TNP dépend de sa pleine mise en œuvre, a-t-il déclaré. 

M. Takht Ravanchi a souligné que les États-Unis, qui sont le plus grand détenteur d’armes nucléaires dans le monde, continuaient de moderniser leur arsenal.  L’an dernier, ils ont dépensé 36 milliards de dollars pour leur arsenal nucléaire et ont confirmé qu’un nouveau type d’ogive avait été mise en service, a-t-il précisé.  En outre, le retrait des États-Unis du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) et du Plan d’action global commun (PAGC) ainsi que leur manque de volonté de proroger le Traité New START ont causé d’immenses dommages aux efforts internationaux de non-prolifération et de désarmement nucléaires, a accusé le représentant.

À propos du Moyen-Orient, M. Takht Ravanchi a estimé que le « régime israélien » menaçait d’autres pays de la région de l’arme nucléaire.  « Ce régime est le seul obstacle régional à l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient », a-t-il souligné.  Il a estimé que la communauté internationale devait saisir toute occasion pour contraindre Israël à adhérer rapidement au TNP et placer toutes ses installations nucléaires sous le contrôle de l’AIEA.

Le représentant a souligné une autre menace émergente dans la région, à savoir la mise en œuvre incomplète de l’Accord de sauvegarde globale par l’Arabie saoudite.  Le fait de ne pas appliquer les garanties de l’AIEA pourrait permettre à l’Arabie saoudite de cacher certaines activités nucléaires sans être soumise aux inspections de l’AIEA, a-t-il fait valoir. 

Le représentant a condamné l’utilisation des armes chimiques par quiconque, à tout moment et en toutes circonstances.  « Nous attachons une grande importance à la mise en œuvre intégrale de la Convention sur les armes chimiques et exhortons les États-Unis, en tant que seul détenteur majeur d’armes chimiques, à respecter leurs obligations de détruire leur arsenal chimique et à retirer sans plus tarder leur réserve au Protocole de Genève », a-t-il dit.

Par ailleurs, M. Takht Ravanchi a jugé la tentative des États-Unis d’établir une force spatiale alarmante et susceptible de déclencher une course aux armements et l’insécurité dans l’espace extra-atmosphérique.  Cela doit être arrêté, a-t-il exigé.

Le représentant a réaffirmé « le droit souverain inhérent à tout État » d’acquérir, de fabriquer, d’importer et de conserver des armes classiques pour ses besoins de légitime défense et de sécurité légitime.  C’est dans ce contexte que l’Iran a développé, sur la base du droit international, sa capacité de missiles défensifs « pour dissuader toute menace contre notre pays », a-t-il expliqué.  M. Ravanchi s’est toutefois dit profondément préoccupé par le « flux continu d’armes conventionnelles offensives sophistiquées » au Moyen-Orient, une « région instable », y compris dans la région du golfe Persique.  Les États-Unis sont « de loin le plus grand exportateur d’armes au monde vers la région », a-t-il fait observer, ajoutant que l’Arabie saoudite était devenue « le plus grand importateur d’armes au monde au cours des cinq dernières années ».

En conclusion, le représentant a déclaré qu’il présenterait un projet de décision sur « les missiles » en souhaitant qu’il puisse être adopté sans vote.

M. JAMAL FARES ALROWAIEI (Bahreïn) a déclaré que certains États continuaient de fournir des armes aux organisations terroristes en violation du droit international.  Il a estimé que l’interdiction des armes nucléaires était le seul moyen de s’assurer qu’elles ne seront jamais utilisées.  Il a appelé tous les États à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à soumettre leurs installations à la vérification et à la surveillance de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).  Il a également réaffirmé le droit des États de recourir à l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, conformément à ce que permet l’AIEA. 

Le représentant a jugé urgent de donner une réalité au projet de création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient avant de regretter que l’État d’Israël refuse toujours de soumettre ses installations nucléaires à la surveillance de l’AIEA.  « La région du Golfe a urgemment besoin aujourd’hui de réactiver les mesures visant à parvenir à une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient au vu de l’importance stratégique de cette région au niveau mondial », a insisté le représentant, qui s’est réjoui de la tenue en novembre 2019 de la première conférence visant à parvenir à une convention juridiquement contraignante pour la création d’une telle zone au Moyen-Orient.  Il a dit attendre avec impatience la seconde qui est prévue en novembre 2021 sous la présidence du Koweït.   

Par ailleurs, le représentant s’est inquiété que l’Iran ait dépassé les limites de son stock d’uranium enrichi autorisées par l’Accord de Vienne.  Il a souligné l’importance d’empêcher les terroristes de pouvoir acquérir des armes de destruction massive et d’accéder aux derniers progrès en matière de technologies de la communication.  En outre, il a estimé que l’espace extra-atmosphérique était un bien commun qui, en aucun cas, ne devrait être exploité pour menacer la paix et la sécurité internationales.

M. PANKAJ SHARMA (Inde) a déclaré que le démantèlement de l’architecture mondiale du désarmement et des accords historiques de contrôle des armements suscitait de profondes inquiétudes.  Les trois organes dédiés au désarmement, c’est-à-dire, la Conférence du désarmement, la Commission du désarmement et la Première Commission, doivent donc plus que jamais assumer leurs mandats et leurs responsabilités.

Pour cette raison, l’Inde juge « urgent » de préserver le statut de la Conférence du désarmement en tant que forum mondial unique de négociation multilatérale sur le désarmement, comme mandaté par le document final de la première session extraordinaire de l’Assemblée générale consacré au désarmement.  La Conférence du désarmement doit également entamer des négociations sur les questions essentielles inscrites à son ordre du jour.  L’Inde est prête à travailler avec d’autres délégations sur tous les points essentiels de ce dernier.

L’Inde estime que l’incapacité de la Commission du désarmement à tenir ses sessions de fond de 2019 et 2020 représente une « occasion perdue » de délibérer sur les questions cruciales de désarmement, de non-prolifération et de maîtrise des armements.  Le représentant a également assuré qu’en tant qu’État « responsable » doté de l’arme nucléaire, l’Inde était fermement attachée à l’objectif d’un désarmement nucléaire universel, non discriminatoire et vérifiable.

L’Inde reste aussi favorable à une élimination des armes nucléaires par un processus « étape par étape ».  Elle soutient également l’ouverture immédiate des négociations à la Conférence du désarmement d’un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d’armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, pour une convention complète sur les armes nucléaires et pour un instrument juridiquement contraignant sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.

L’Inde estime que les récentes allégations et cas d’utilisation d’armes chimiques en différentes parties du monde ont une fois de plus souligné l’importance de la mise en œuvre pleine et effective de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques.  C’est pourquoi elle soutient tous les efforts visant à renforcer l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques OIAC).  Elle rappelle aussi la grande importance qu’elle attache à la Convention sur les armes biologiques, dont la neuvième Conférence d’examen aura lieu en 2021.

M. Sharma a enfin réitéré les inquiétudes de son pays concernant la prolifération des armes de destruction massive et leurs systèmes de livraison.  Il y a une préoccupation croissante dans la communauté internationale sur la possibilité que des terroristes acquièrent des armes de destruction massive, a-t-il rappelé.

M. MOUNIR AKRAM (Pakistan) a regretté que la crise mondiale actuelle, qui aurait dû unir l’humanité, ait au contraire vu émerger de nouvelles rivalités entre les États, et que les règles en matière de désarmement ne soient plus respectées.  La recherche de la domination militaire par certains États et l’utilisation unilatérale de la force ont grandement mis en péril la paix et la sécurité internationales, y compris en Asie, a-t-il déploré.

M. Akram a ensuite lancé une longue accusation contre l’Inde, accusée de s’être dotée d’un « régime néofasciste » qui a commis des « agressions patentées » contre son pays.  En février 2019, l’Inde a commis des agressions contre le Pakistan avec des incursions sur son territoire, a ainsi affirmé le représentant, puis, a-t-il poursuivi, le 5 août 2020, l’Inde a pris des mesures unilatérales pour changer le statut du territoire du Jammu-et-Cachemire.  Elle a envoyé 200 000 soldats supplémentaires dans ce territoire qu’elle occupe et qu’elle soumet à un véritable siège alors que son peuple est privé d’exercer son droit à l’autodétermination, a poursuivi le représentant, en évoquant des assassinats extra-judiciaires de Kashmiris, des enlèvements et des destructions de villages, ainsi que plus de 2 400 violations du cessez-le-feu en 2020 par la partie indienne.

Jusque-là, le Pakistan a fait preuve de retenue face à ces manèges et à ces provocations, a affirmé M. Akram, qui a toutefois souligné que son pays n’hésitera pas à réagir à des agressions indiennes.  L’agressivité de l’Inde s’accompagne d’un programme d’ambition militaire significatif, a poursuivi le représentant, en affirmant que l’Inde s’était dotée de nouvelles armes, y compris de missiles balistiques.

L’Inde a mené des attaques surprises contre le Pakistan, a adopté des plans de blocus naval, a poursuivi M. Akram, pour qui, aujourd’hui, la possibilité d’une guerre avec le Pakistan se fait sous la menace d’une guerre nucléaire.  Depuis l’arrivée au pouvoir de M. Modi, l’Inde refuse de dialoguer avec le Pakistan et sa propension à la belligérance est alimentée par les puissances qui lui fournissent les armes les plus récentes soit pour faire des profits, soit pour servir leurs propres intérêts, a regretté M. Akram.  Le résultat est une exacerbation des tensions militaires dans la région et le Pakistan prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer sa sécurité et poursuivre sa politique de dissuasion, a ajouté le représentant. 

M. Akram a plaidé pour le maintien d’un équilibre entre les forces conventionnelles et des mesures réciproques de retenue nucléaire.  Pour sa part, le Pakistan restera fidèle à l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Toutefois, a-t-il ajouté, dans le contexte actuel, il est important de reconnaître et de travailler sur les motifs qui poussent les États à se doter de l’arme nucléaire.  Le moment est venu de repenser la doctrine du désarmement en limitant notamment les stocks d’armes classiques et en donnant des assurances aux États non détenteurs d’armes nucléaires, a conclu M. Akram.

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE (Ghana) a appelé à l’adoption d’approches coopératives pour résoudre les grandes crises qui affectent le monde, qu’il s’agisse de la pandémie de COVID-19, de la cybercriminalité, de la course aux armements nucléaires ou encore de l’ouverture de nouveaux champs de bataille dans l’espace.  Ces tendances vont à l’encontre de la réalisation des objectifs de développement durable, qui ne peuvent être atteints que parallèlement au renforcement du contrôle des armements et de la sécurité humaine, a-t-elle estimé.  Concernant le TNP, la représentante a jugé que l’adoption d’un document final équilibré, y compris sur le pilier du désarmement nucléaire, lors de la dixième Conférence d’examen du Traité, serait « un beau cadeau d’anniversaire pour les 50 ans du TNP ».

Mme Pobee a ensuite déploré la persistance des souffrances humaines causées par la présence excessive et l’accumulation des armes légères et de petit calibre.  Elle a estimé que des mécanismes régionaux de contrôle de ces armes devaient être conclus en complément des traités existants, du Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre (ALPC) et du Traité sur le commerce des armes.  Pour réduire les transferts illicites d’ALPC, qui affectent tout particulièrement les femmes et les filles, la représentante a demandé aux délégations d’appuyer par le consensus le plus large possible le projet de résolution relatif à la protection des civils pendant les conflits armés qui sera présenté cette année encore par les États de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a dit l’importance de nouveaux progrès vers un désarmement global, dans lequel la plus haute priorité demeure l’élimination des armes nucléaires.  Notant qu’il n’existe pas de plan B pour sauver la Terre nourricière d’une catastrophe nucléaire, il a ajouté que la seule garantie pour empêcher l’utilisation ou la menace d’armes de destruction massive et leur non-prolifération, c’est l’élimination totale et absolue des armes nucléaires.  Le représentant a exhorté tous les États à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), avant de souligner l’importance des zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN).  Au niveau régional, il a réitéré l’importance du Traité de Tlatelolco qui a fait de l’Amérique latine et les Caraïbes une zone de paix libérée des armes nucléaires.   

S’agissant des armes légères, le représentant a expliqué que son pays avait pris les mesures appropriées pour la prévention, la lutte et l’éradication du trafic illicite d’armes.  Le Nicaragua a aussi intégré dans le droit national le Programme des Nations Unies pour la prévention, le combat et l’éradication des armes légères et l’Instrument international de suivi des armes, par le biais de la Loi spéciale sur le contrôle et la réglementation des armes à feu, munitions, explosifs et autres matières connexes, appelée loi 510. 

M. Hermida Castillo a attiré l’attention sur la situation dramatique à laquelle les pays de la région sont confrontés pour lutter contre le transit de drogues de la Colombie vers les États-Unis.  « Cette situation tragique détourne et réduit les ressources à allouer à la lutte contre la pauvreté » a-t-il expliqué, avant de demander l’appui de la communauté internationale pour continuer à mener cette bataille contre la criminalité internationale qui est imposée au Nicaragua.  Il a ainsi appelé à une coopération sérieuse avec l’Amérique centrale dans la lutte contre le trafic de drogue. 

Le représentant a en outre jugé indispensable pour la sécurité internationale que l’ONU adopte une liste complète des normes universelles de comportement responsable des États dans le cyberespace ainsi qu’un texte juridiquement contraignant interdisant la militarisation de l’espace extra-atmosphérique.   

M. ARMAN ISSETOV (Kazakhstan) a rappelé que son pays avait été depuis son indépendance en 1991 à l’avant-garde du plaidoyer pour un monde libéré des armes nucléaires, qu’il avait fermé le site d’essais nucléaires de Semipalatinsk et renoncé au quatrième arsenal nucléaire au monde.  Pourtant, a-t-il ajouté, la région continue de subir les effets de quatre décennies d’essais nucléaires.  C’est pourquoi le Kazakhstan appelle tous les États à soutenir la résolution traditionnelle consacrée à la coopération internationale et à la coordination des efforts pour la réhabilitation et la restauration environnementale et le développement économique de la région de Semipalatinsk, qui sera de nouveau présentée à l’Assemblée générale cette année.  

M. Issetov a estimé que la pandémie de COVID-19 avait mis en avant la nécessité pour tous les États de coopérer, ajoutant que le système des Nations Unies avait démontré là aussi son rôle central contre les crises, rôle qui mérite d’être encore renforcé.  Le Kazakhstan appuie la constitution d’un système de relations internationales plus stables et de coopération multilatérale.  En ces temps troublés, il considère que le désarmement nucléaire de tous les États dotés devrait être une priorité: « La solidarité internationale n’est plus une option, c’est une obligation », a-t-il ajouté, estimant que les ressources énormes consacrées à la modernisation des armements nucléaires devraient aller à la santé publique mondiale, à la mitigation des changements climatiques et au développement durable. En ces temps troublés, il considère que le désarmement nucléaire de tous les États dotés devrait être une priorité: « La solidarité internationale n’est plus une option, c’est une obligation », a-t-il ajouté, estimant que les ressources énormes consacrées à la modernisation des armements nucléaires devraient aller à la santé publique mondiale, à la mitigation des changements climatiques et au développement durable.  

Le représentant a souhaité la réussite des négociations de Vienne entre les États-Unis et la Fédération de Russie sur la prorogation du Traité New START.  Le représentant a souhaité la réussite des négociations de Vienne entre les États-Unis et la Fédération de Russie sur la prorogation du Traité New START.  Il s’est inquiété notamment de l’existence désormais d’armes hypersoniques impossibles à arrêter même par les systèmes antimissiles les plus performants.  Le Kazakhstan, a-t-il rappelé, promeut les mesures d’établissement de la confiance entre États Membres.  Ce type de mesures a fonctionné au siècle dernier, a-t-il rappelé.  Il a proposé notamment une ratification universelle du Traité sur le commerce des armes et d’autres instruments internationaux existants.  Il a également estimé que le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires constituait la bonne voie pour la communauté internationale dans un contexte de manque de progrès en matière de désarmement.  Il a donc souhaité sa rapide entrée en vigueur de même que celle du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Pour le Kazakhstan, un moratoire volontaire sur les essais observé par les États dotés ne saurait être une alternative à un document juridiquement contraignant comme le TICE.  

M. Issetov a rappelé le soutien du Kazakhstan aux zones exemptes d’armes nucléaires et a souhaité une plus grande interaction entre celles qui existent.  Il a souhaité qu’une telle zone puisse être créée au Moyen-Orient et a rappelé que le Kazakhstan présenterait de nouveau un projet de résolution invitant à soutenir le traité créant une zone exempte d’armes nucléaires an Asie centrale.  

Le représentant a souhaité que les États-Unis ratifient le protocole sur les garanties négatives de sécurité, demandé la poursuite de l’application du Plan d’action global commun et rappelé son soutien à la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a enfin invité les États dotés d’armes nucléaires qui ne l’ont pas fait à adhérer au TNP en tant qu’États non nucléaires et sans condition préalable.  

Enfin, le représentant a rappelé que le Président du Kazakhstan, M.  Kassym-Jomart Tokayev, avait déjà proposé la création d’une agence internationale pour la sécurité biologique basée sur la Convention de 1972 sur les armes biologiques et qui serait responsable devant le Conseil de sécurité.   

M. HANI STOLINA (République tchèque) a insisté sur la nécessité du respect, par toutes les parties, de toutes les obligations et tous les engagements au titre du TNP et a souhaité que le report de la dixième Conférence d’examen permette d’aboutir à un Traité encore plus robuste et efficace.  Un processus de réduction progressive des arsenaux nucléaires, en prenant en compte les préoccupations légitimes de chacun en matière de sécurité nationale et internationales, est la meilleure approche à privilégier pour garantir un progrès durable dans l’objectif tendant à un monde libéré des armes nucléaires, a déclaré M. Stolina.

Le représentant a mis l’accent sur les régimes de contrôle des exportations, sur le Sommet mondial sur la sécurité nucléaire et son suivi ainsi que sur les initiatives internationales et les mesures d’établissement de la confiance dans le domaine de la non-prolifération, le renforcement de la sécurité nucléaire et la confiance entre tous les partenaires.  Il a, par ailleurs, réaffirmé le rôle central de l’AIEA et de ses efforts visant au renforcement du système de sauvegarde.  Il a lancé un appel à tous les États Parties au TNP qui ne l’ont pas encore fait pour qu’ils ratifient et appliquent, sans délais, les Accords globaux de sauvegarde et les Protocoles additionnels. 

M. Stolina s’est dit convaincu que la Fédération de Russie et les États-Unis feront de leur mieux pour s’entendre sur la prorogation du Traité New START et une nouvelle portée lui permettant de couvrir toutes les ogives nucléaires.  Celle-ci devrait inclure tous les pays ayant fortement augmenté leurs arsenaux nucléaires, a-t-il conseillé, ajoutant que le rôle de la Chine, en tant que partie prenante responsable, serait crucial pour l’efficacité du système global de contrôle stratégique des armements.  Le représentant a enfin regretté la poursuite par la République populaire démocratique de Corée de ses tirs de missiles balistiques, en dépit des résolutions du Conseil de sécurité.  

M. SERGIO MANRIQUE TREJO BLANCO (El Salvador) a déclaré que, cette année, le succès des délibérations des délégations de la Première Commission allait dépendre, dans le contexte actuel, de la capacité d’innovation des États Membres et du degré de volonté politique de leur capitale.  Ainsi, serons-nous en mesure d’avancer dans l’élaboration de mesures qui sauvent des vies et accompagnent le développement durable des pays en développement, a-t-il espéré. 

M. Trejo Blanco a attiré l’attention sur le danger que continuent de représenter la prolifération et l’usage abusif des armes classiques, qui sapent le développement économique et social des communautés au plan régional.  À cet égard, il a appelé à éviter le détournement d’armements des circuits légaux vers des marchés illicites, en renforçant le contrôle du transfert des armes par le biais d’une actualisation annuelle et prompte du Registre des armes classiques de l’ONU.  Le Programme d’action des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre et son instrument de suivi sont également des outils clés à renforcer et à préserver lors de la septième Réunion biennale des États Parties au Programme, qui se tiendra l’année prochaine.  « Nous devrons leur imprimer un nouvel élan », a ajouté le représentant.  M. Trejo Blanco a aussi souligné l’importance que le Traité sur le commerce des armes devienne universel pour être pleinement efficace. 

Le représentant a invité les États Membres à financer des programmes de prévention de la violence impliquant la participation des femmes, en vue de la réalisation de l’objectif 16 de développement durable, aux termes duquel il ne peut y avoir de développement durable sans paix et de paix sans développement durable.  Il a enfin salué le rôle de la société civile et du monde de la recherche, des « alliés précieux » dans la réflexion et l’action en matière de désarmement régional.  

Mme RABAB FATIMA (Bangladesh) a rappelé l’engagement indéfectible de son pays à la paix, à la coexistence pacifique dans le monde et à travailler à l’atténuation des tensions internationales.  Toutefois, la promesse du désarmement nucléaire nous échappe, a-t-elle déclaré.  Au contraire, la peur d’une attaque nucléaire est toujours présente.  La représentante a estimé que la garantie centrale de la paix reposait dans l’élimination totale des armes nucléaires.  

Mme Fatima a souligné qu’étant donné la pandémie de COVID-19, la dixième Conférence d’examen du TNP avait été reportée.  Elle a appelé à redoubler d’efforts pour que le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) entre en vigueur et a dit espérer une solution rapide à l’impasse dans laquelle il se trouve aujourd’hui.  Dans notre construction de la station nucléaire de Rooppur, nous avons respecté à la lettre les recommandations de l’AIEA, a souligné la représentante.   

Par ailleurs, le Bangladesh a toujours appuyé le Programme d’actions sur les armes légères et de petits calibres, a rappelé la représentante, qui a fait part de sa préoccupation face à l’utilisation de mines antipersonnel par les autorités du Myanmar contre sa propre population, y compris contre les Rohingya qui ont trouvé refuge au Bangladesh. Les mines anti personnel au Myanmar empêchent le rapatriement de ces populations chez elles, a-t-elle fait observer. 

Avec le lancement du satellite Bangabandhu-1, premier satellite de télécommunications géostationnaire du Bangladesh mis sur orbite il y a deux ans, nous avons renforcé notre rôle dans l’espace tout en respectant un environnement pacifique, a fait valoir Mme Fatima, déplorant que, l'an dernier, le monde ait été témoin d’une inflation des dépenses militaires, la représentante a, en conclusion, appuyé l’idée d’allouer les ressources actuellement consacrées aux armements à la lutte contre la pandémie de COVID-19.

Mme LESLIE NORTON (Canada) a dit comprendre la nécessité de la dissuasion nucléaire, mais a toutefois plaidé en faveur de politiques et de pratiques visant à éliminer les armes nucléaires.  Elle a souhaité que la prochaine conférence d’examen du TNP aboutisse à des résultats, a voulu l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et l’extension du Traité américano-russe (New START).  « Nous souhaitons voir de nouvelles avancées dans les mesures de réduction du risque et dans la vérification du désarmement nucléaire, ainsi que le lancement tant attendu de négociations sur un traité d’arrêt de la production de matières fissiles », a ajouté la représentante, avant d’exhorter les États possédant des armes nucléaires à prendre des mesures.

Mme Norton a estimé que l’impact sans précédent de la COVID-19 avait renforcé la nécessité d’atténuer les menaces biologiques.  Dans ce contexte, elle a estimé que la Conférence d’examen de la Convention sur les armes biologiques et à toxines (CABT) de 2021 donnerait l’occasion de renforcer sa mise en œuvre, pour limiter les menaces biologiques mondiales.  « En tant que partisan de l’Action 10 (« Disposition à enquêter sur les allégations d’utilisation d’armes biologiques ») et champion de l’Action 11 (« Élaborer un cadre pour répondre à toute utilisation d’armes biologiques ») du Programme de désarmement du Secrétaire général », la représentante du Canada a dit la volonté de son pays de renforcer à la fois la CABT et le mécanisme d’enquête du Secrétaire général.  

Par ailleurs, Mme Norton s’est inquiétée de sérieux défis persistant en ce qui concerne la Convention sur l’interdiction les armes chimiques (CIAC).  elle a rappelé que le Canada avait soutenu l’ajout de nouveaux agents de guerre chimique, notamment l’arme de type Novitchok utilisée à Salisbury en 2018, à l’annexe sur les produits chimiques de la CIAC.  « Deux ans plus tard, nous avons été choqués d’apprendre l’utilisation odieuse d’un agent neurotoxique de type Novitchok dans la tentative d’assassinat d’Alexei Navalny », a-t-elle ajouté, avant de déplorer l’utilisation d’armes chimiques par la République arabe syrienne et le fait qu’elle n’ait pas encore terminé de déclarer ou de détruire ses armes.  C’est pourquoi la représentante a salué les efforts du Conseil exécutif de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) visant à amener la Syrie à respecter ses obligations en vertu de la Convention.  

En outre, la représentante a encouragé l’utilisation durable de l’espace extra-atmosphérique au profit de tous les États, avant de dénoncer les essais d’armes antisatellites (ASAT) qui peuvent provoquer des débris représentant un danger pour tous les utilisateurs de l’espace.  Pour le Canada, il serait utile d’étudier un accord possible pour mettre fin aux essais antisatellites susceptibles de provoquer des débris spatiaux.  Dans ce contexte, Mme Norton a salué le projet de résolution britannique sur la « Réduction des menaces spatiales par des comportements responsables » et s’est dite ouverte à la possibilité d’un instrument juridiquement contraignant lié à la sécurité spatiale, une fois que sera renforcée la confiance entre les États.

Mme ANNA KARIN ENESTRÖM (Suède) a remarqué que dans l’ombre de la pandémie, l’environnement de la sécurité mondiale avait continué de se détériorer alors que le multilatéralisme est la seule solution.  L’objectif commun d’un monde sans armes nucléaires semble s’éloigner, a constaté la représentante, et pourtant une seule explosion nucléaire aurait des conséquences humanitaires catastrophiques.

Après avoir salué l’engagement fort du Secrétaire général et de l’ONU en faveur de l’objectif d’un monde libéré de la menace des armes nucléaires, la représentante a souligné l’importance des enjeux de la prochaine Conférence d’examen du TNP.  À ce sujet, l’initiative de Stockholm s’appuie sur un engagement politique fort, ce qui est essentiel au succès de la prochaine Conférence d’examen, a fait valoir Mme Eneström.  Elle regroupe 16 États qui cherchent à faire avancer l’agenda du désarmement nucléaire et sortir de l’impasse actuelle par la diplomatie du désarmement, a-t-elle expliqué.  La Suède, a-t-elle rappelé, a soumis un document avec une série de propositions en ce sens. 

La représentante a ensuite exhorté tous les États à ratifier le Traité sur l’interdiction des essais nucléaires.  La Suède est fière de son engagement dans le partenariat en faveur de la vérification.  Le TICE sera signé par la Suède une fois entré en vigueur, en espérant que d’ici là, les quelques réserves qu’elle a émises pourront être levées.

S’agissant du Traité New START, la Suède exhorte les États-Unis et la Fédération de Russie à rapidement tomber d’accord sur un régime futur du contrôle des armements nucléaires.  Elle suggère que la Chine participe à ce processus, qui devrait également inclure les armes nucléaires non stratégiques. 

La Suède condamne la course aux armements dans l’espace.  La représentante a plaidé en faveur d’une conduite responsable des États qui agissent dans l’espace extra-atmosphérique, avant d’apporter son soutien au projet de résolution qui sera présenté sur cette question. 

Mme Eneström a demandé à la République populaire démocratique de Corée (RPDC) d’officialiser ses engagements en matière de dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Concernant l’Iran et alors qu’elle continue de soutenir le Plan d’action global commun, la Suède est préoccupée par le non-respect de certains de ses éléments par la République islamique d’Iran et l’appelle à coopérer sans tarder avec l’AIEA dans l’application de cet Accord.  Elle regrette le retrait des États-Unis de l’Accord. 

Enfin, la représentante a condamné la tentative d’assassinat de l’opposant russe Navalny par la Russie et a demandé une enquête crédible et la traduction des responsables en justice.  Elle en a profité pour ajouter que la pandémie actuelle devait nous rappeler la réalité de la menace biologique et a appelé à progresser dans ce domaine, ainsi que dans celui des armes chimiques, en dénonçant les tentatives actuelles pour discréditer l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. 

En conclusion la représentante a estimé que même si certains indicateurs sont au rouge, nous avons encore le temps de faire le nécessaire pour réussir le pari du désarmement. 

M. SATYA RODRIGO (Sri Lanka) a estimé que la Première Commission traversait une des périodes des plus critiques de son existence sur la question de contrôle des armements, en raison de la détérioration des relations internationales et de la méfiance, voire l’animosité, qui s’est installée entre les États dotés d’armes nucléaires.  Alors que les dépenses militaires ont atteint les niveaux les plus élevés depuis la guerre froide, le représentant a estimé que la pandémie de COVID-19 avait démontré l’importance d’orienter ces dépenses militaires vers le renforcement de la sécurité sanitaire.  M. Rodrigo a également rappelé que le désarmement nucléaire et la non-prolifération étaient deux éléments qui se renforcent mutuellement, avant de souligner le droit des États à recourir à l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.  L’interdiction des armes nucléaires est la seule façon de s’assurer que ces armes ne soient jamais utilisées, a ajouté le représentant, qui a par ailleurs exhorté toutes les délégations à adhérer à la Convention sur l’interdiction des armes chimiques et à la Convention sur l’interdiction de armes biologiques

Rappelant que le Sri Lanka avait été victime d’un conflit séparatiste pendant 30 ans, le représentant a dit combien son pays est conscient des effets dévastateurs des armes légères et de petit calibre.  Dans ce contexte, il a mis en avant l’importance de la septième Réunion biennale des États parties au Programme d’action de l’ONU sur les armes légères et de petit calibre, prévue en 2021.  Il a aussi souligné l’importante contribution des trois centres régionaux des Nations Unies pour le désarmement.  Estimant par ailleurs qu’il reste 500 000 mines antipersonnel au Sri Lanka, il a indiqué que son pays devait encore déminer 15 kilomètres carrés.

M. Rodrigo a rappelé la participation de son pays aux travaux du Groupe d’experts sur les systèmes d’armes létaux autonomes.  Il a enfin estimé que l’espace extra-atmosphérique était la dernière frontière de l’humanité à devoir être protégée, avant d’exhorter les États à éviter une course aux armements dans l’espace. 

M. AHMADOU BAMBA GAYE (Sénégal) a déclaré que son pays était attaché à la mise en œuvre et au renforcement du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et à l’entrée en vigueur du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires et du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.  Mais, a-t-il ajouté, pour que ces instruments soient des succès, il faut que les États dotés s’entendent sur un programme réaliste de réduction de leurs arsenaux et donne des garanties négatives de sécurité aux États non dotés.  Il a également invité tous les pays à soutenir la création d’une zone exempte d’armes nucléaires et autres armes de destruction massive au Moyen-Orient.  Nous n’avons plus de temps à perdre dans des divergences et des délibérations improductives, a-t-il jugé.

Sur la maîtrise des armes conventionnelles, le représentant a souligné combien la circulation illicite de ces armes avivait les conflits et violences armées dans les pays en développement.  Il a ensuite indiqué que son pays avait ratifié le Traité sur le commerce des armes et appelé les États à soumettre des rapports sur les transferts d’armes classiques au titre des instruments pertinents, y compris le Registre des armes classiques, « dont la portée devrait être élargie aux armes légères et de petit calibre ».  En outre, il a plaidé en faveur de l’interdiction de la fabrication de mines antipersonnel d’armes à sous-munitions, cela dans l’esprit des conventions y relatives, celle d’Ottawa et d’Oslo.

Droits de réponse

Le représentant du Yémen, en exerçant son droit de réponse à l’égard de l’Iran, a déclaré que l’intervention de la force d’appui au Yémen avait eu lieu après une demande du Président du Yémen lui-même, afin de lutter contre un coup d’État.  La politique des deux poids, deux mesures est appliquée ici même, a-t-il noté.  « Les larmes de crocodiles des Iraniens pour le peuple yéménite ne nous convainquent pas car l’Iran a du sang sur les mains », a-t-il accusé, ajoutant que c’étaient là des vérités corroborées par les déclarations militaires de l'Iran lui-même.  « Au lieu de mentir, l'Iran devrait arrêter d’envoyer des armes aux Yémen », a-t-il conclu.

Le représentant de l’Inde, répondant au Pakistan, a estimé que, malgré tous les efforts de ce pays, le monde voit bien que le Pakistan doit rendre des comptes.  L’Inde s’acquitte de ses obligations internationales, a-t-il affirmé.  Concernant les accusations sur le Jammu-et-Cachemire, cela ne mérite pas de réponse, car c’est un territoire qui dépend de l’Inde, a-t-il affirmé.  Le Pakistan nous parle de paix, alors que son Premier Ministre glorifie Ben Laden, a-t-il ajouté.  La Première Commission a un programme lourd et ce n’est pas le lieu pour aborder des questions bilatérales.  Il ne faut pas se laisser distraire par les tentatives pernicieuses du Pakistan, a-t-il conclu.  

Le représentant du Pakistan, utilisant à son tour son droit de réponse à l’encontre de l’Inde, a souligné que l’idéologie extrémiste de l’Inde se manifestait par une quête de domination de ses voisins.  C’est un danger pour la paix et la sécurité internationales, a-t-il ajouté.  Contrairement à ce qui a été dit, la question du Jammu-et-Cachemire est une question pertinente au sein de la Première Commission car elle a des implications en ce qui concerne la sécurité internationale, a-t-il ajouté.  En avril 2019, le Premier Ministre Modi a dit que l’Inde avait la capacité d’attaquer le Pakistan par terre ou par mer; ce sont des déclarations irresponsables, a estimé le représentant.  Par ailleurs, la délégation indienne « n’a pas répondu quant à ma question concernant le Jammu-et-Cachemire, pour la bonne raison que ce territoire ne relève pas des affaires intérieures de l’Inde, du fait que c’est un territoire qui est encore discuté », a poursuivi le représentant du Pakistan.  Pour lui, l’Inde exploite le terrorisme pour imposer sa politique et des mesures fascistes au Jammu-et-Cachemire, mais aussi à l’ensemble de ses voisins.

Le représentant de l’Iran a réagi à l’intervention du Yémen et a rejeté ses accusations.  Rien ne saurait justifier ce niveau de violation du droit international humanitaire, a-t-il déclaré, regrettant que le Yémen ait invité un autre pays à intervenir chez lui, ce qui a causé la plus grave crise humanitaire au monde.  Plusieurs pays, dont l’Allemagne, ont avancé des préoccupations relatives au supposé non-respect par l’Iran du Plan d’action global commun, a par ailleurs fait observer le représentant, qui a expliqué que la position de défense de son pays était liée à son histoire récente.  Il a ainsi rappelé que pendant l’agression de l’Iraq de Saddam Hussein contre l’Iran, des villes avaient été attaquées avec des composants chimiques vendus notamment par l’Allemagne à l’Iraq.  Dès lors, l’Iran demande des comptes à l’Allemagne pour avoir permis au régime de Saddam Hussein de commettre des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.  L’Iran a également fait l’objet d’interventions militaires américaines à plusieurs reprises, et, pendant de nombreuses années, certains pays de la région ont demandé aux États-Unis d’attaquer l’Iran, alors qu’Israël l’a menacé d’annihilation nucléaire, a rappelé le représentant.  Chaque gouvernement a l’obligation de défendre sa population, a-t-il ajouté.  C’est pourquoi l’Iran a mis au point un programme de missiles qui est un « programme légitime et de défense conventionnel ».  La seule utilisation de ces missiles par l’Iran a été limitée et mesurée en exercice de son droit à l’autodéfense, a assuré le représentant.  Il a également souligné que le Plan d’action global commun n’interdit à l’Iran de se doter de missiles que s’ils sont susceptibles de porter des têtes nucléaires; or, ce n’est pas le cas.

Le représentant de l’Arabie saoudite a réagi à l’intervention de l’Iran en affirmant que ses assertions n’avaient rien à voir avec des préoccupations de sécurité.  L’Arabie saoudite demande à l’Iran de pleinement coopérer avec l’AIEA.  Le représentant a ensuite conseillé à l’Iran d’arrêter de soutenir le terrorisme dans la région s’il veut renouer des relations avec les pays voisins. 

Le représentant du Yémen a demandé à l’Iran de cesser ses mensonges et de cesser de s’ingérer dans les affaires intérieures de son pays.

Reprenant la parole, le représentant de l’Iran a rejeté les accusations de l’Arabie saoudite et du Yémen.  « Cela fait six ans que l’Arabie saoudite commet des crimes contre l’humanité au Yémen », a affirmé le représentant, en ajoutant que les mensonges de l’Arabie saoudite n’avaient d’autre but que de détourner l’attention de la communauté internationale du soutien accordé par le royaume saoudien aux pires groupes terroristes islamistes.  Pour l’Iran, l’Arabie saoudite fut le principal soutien du dictateur iraquien Saddam Hussein lorsque celui-ci a attaqué l’Iran.

Réagissant à ces propos, le représentant de l’Arabie saoudite a dit que l’Iran serait un pays très prospère si l’argent qu’il consacre au terrorisme l’était plutôt au développement du pays.

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