Conférence de presse: La présidence allemande du Conseil de sécurité présente le programme de travail mensuel « axé sur les gens », la redevabilité, les droits de l’homme et le climat
Le Représentant permanent de l’Allemagne et Président du Conseil de sécurité pour le mois de juillet, M. Christoph Heusgen, a, cet après-midi, au cours d’une conférence de presse, présenté le programme de travail mensuel du Conseil, un programme, a-t-il décrit, qui mettra « les gens au centre de toutes les préoccupations », avec les débats sur la Lybie, le 8 juillet, l’Afrique de l’Ouest, le 9 juillet, la Colombie, le 14 juillet, le Yémen, le 16 juillet, le Moyen-Orient, le 21 juillet, et la Syrie, les 23 et 29 juillet.
Le Président du Conseil a ajouté qu’il mettra aussi l’accent sur la redevabilité, s’agissant en particulier des violences sexuelles dans les conflits, laquelle question fera l’objet d’un débat, le 17 juillet. Quelques jours, plus tard, le 24 juillet, M. Heusgen a avoué son ambition d’examiner « comment les changements climatiques peuvent mener à des conflits ». Il a rendu hommage à l’initiative des 10 pays qui ont « poussé » pour un tel débat au Conseil. Mais avant cela, le 7 juillet, c’est le Ministre allemand de la défense, en personne, qui dirigera le débat sur « les opérations de la paix et les droits de l’homme ».
Le Président du Conseil s’est félicité d’un début de mois « encourageant », avec l’adoption à l’unanimité, dès ce 1er juillet, d’une résolution sur l’épidémie de COVID-19 qui a envoyé un « signal fort » sur la pertinence du multilatéralisme. Il a d’ailleurs rappelé que ce premier jour de sa présidence coïncide avec le premier jour de la présidence semestrielle allemande de l’Union européenne. L’Union européenne et l’ONU, a-t-il souligné, sont les « piliers » du multilatéralisme. Il a promis de s’appuyer sur cette « double présidence » pour promouvoir le multilatéralisme et la coopération. M. Heusgen s’est vanté de la « valeur ajoutée » de la coopération européenne, notant que les trois présidences successives du Conseil -l’Estonie en mai, la France en juin et l’Allemagne en juillet- ont été et sont l’occasion d’une coopération européenne renforcée autour de la promotion du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Autre événement fort, M. Heusgen a indiqué que « pour la première fois depuis trois mois et demi, nous avons eu aujourd’hui une réunion en personne entre tous les 15 représentants permanents du Conseil ». Fort de cette expérience à la « Maison de l’Allemagne », il a pronostiqué que le Conseil de sécurité pourrait revenir au Siège des Nations Unies avant la fin du mois de juillet.
À l’instar de la « coprésidence » franco-allemande du Conseil en 2019, M. Heusgen a indiqué que les deux pays souhaitent mettre l’accent sur la défense d’un ordre international basé sur le droit international et la nécessité de prévenir et de résoudre pacifiquement les conflits.
Alors que la résolution 2504 (2020) autorisant la distribution d’une assistance humanitaire transfrontalière dans le nord de la Syrie arrive à expiration le 10 juillet, le Président du Conseil a annoncé que cette « importante question » devra être réglée dès la semaine prochaine pour répondre aux besoins des populations. « Nous avons besoin de la Turquie pour préserver les points de passage agréés par la résolution. »
M. Heusgen a aussi abordé le dossier iranien, la menace d’annexion de territoires palestiniens par Israël, les récentes tensions à la frontière entre l’Iraq et la Turquie, la situation de la minorité ouïghour en Chine ou encore l’Afghanistan.
S’agissant de l’Iran, le Président du Conseil a estimé que le maintien de l’embargo sur les armes prévu par la résolution 2231 (2015) est une nécessité parce que « l’Iran ne joue pas un rôle constructif dans la région ». Compte tenu de cela et aussi des violations massives des droits de l’homme, nous devons tout mettre en œuvre pour éviter que l’Iran puisse transférer des armes à des groupes non étatiques de la région. Le fait que les États-Unis aient quitté le Plan d’action global commun, a reconnu M. Heusgen, n’a pas facilité l’émergence d’une même vision collective du règlement pacifique de la question iranienne. Le Plan d’action global commun et la résolution 2231 (2015) doivent rester les bases de ce règlement, a-t-il estimé.
Quant à la possible annexion de parties de la Cisjordanie autorisée par le Gouvernement israélien à partir du 1er juillet, M. Heusgen s’est dit confiant que la dernière visite en Israël de son ministre des affaires étrangères de même que les discussions du Conseil feront que cette « grave » violation du droit international pourra être évitée. Il a aussi plaidé pour que les tensions à la frontière entre l’Iraq et la Turquie, après l’intrusion de forces turques, soient réglées par des moyens politiques aussi vite que possible.
Le Président du Conseil a lancé un appel à la Chine pour qu’elle autorise la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Michèle Bachelet, à visiter les camps où sont détenus les Ouïghours. Enfin, pour ce qui est de la situation en Afghanistan, M. Heusgen a réitéré son soutien à la prorogation du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).