En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/19747

Le Secrétaire général appelle les dirigeants du monde à faire preuve d’ambition et d’audace en matière de diplomatie, d’action climatique et de développement durable

 Dans un contexte mondial rendu plus incertain encore par l’exacerbation des tensions dans la région du Golfe, le Secrétaire général de l’ONU a souhaité, aujourd’hui, que la semaine de haut niveau, qui marquera à partir de lundi l’ouverture de la soixante-quatorzième session de l’Assemblée générale, soit l’occasion de faire progresser la diplomatie pour la paix et de promouvoir le dialogue.  Au-delà des grands discours, il a aussi dit attendre de ces échanges qu’ils répondent aux préoccupations des peuples et aux priorités de notre temps, à commencer par la lutte contre les changements climatiques et la mise en œuvre des objectifs de développement durable, questions essentielles qui donneront lieu à deux sommets. 

Décrivant un monde « à la croisée des chemins sur différents fronts », qu’il s’agisse de « l’urgence climatique, l’accroissement des inégalités, la montée de la haine et de l’intolérance ainsi que le nombre alarmant des menaces à la paix et à la sécurité », M. António Guterres a assuré, lors de la conférence de presse qu’il a donnée au Siège de l’ONU à New York, que les discussions à venir soient placées sous le double sceau de l’ambition et de l’audace.  Il importe, a-t-il souligné, de démontrer que les Nations Unies sont « un centre de compétences et un moteur de changement significatif et positif dans la vie des gens ». 

Le Secrétaire général a toutefois reconnu que, compte tenu de l’aggravation des menaces, dont les peuples « paient toujours le plus lourd tribut », ce rendez-vous annuel des dirigeants du monde sera également « le moment d’apaiser les tensions, lesquelles ne sont nulle part plus graves que dans le Golfe ».  Après avoir à nouveau condamné les attaques perpétrées samedi dernier contre deux installations pétrolières en Arabie saoudite, y voyant une « grave escalade » et une violation du droit international, M. Guterres a confirmé l’envoi sur place d’experts des Nations Unies, conformément à la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité, précisant qu’ils devraient faire rapport à ce dernier en décembre prochain.  Il a ajouté qu’il entretient des contacts étroits avec les dirigeants de la région et d’autres acteurs internationaux, notamment le Président des États-Unis, M. Donald Trump, qu’il a récemment rencontrés lors des Sommets du G7 et du G20. 

La semaine qui vient, a insisté M. Guterres, doit permettre de promouvoir le dialogue et d’ouvrir la voie à des solutions politiques aux conflits en cours, notamment au Yémen, où les rebelles houthistes soutenus par l’Iran ont revendiqué la responsabilité des attaques contre les sites du groupe saoudien ARAMCO.  Sans réagir aux accusations américaines à l’encontre de Téhéran, le Secrétaire général a indiqué que son Envoyé spécial, M. Martin Griffiths, reste fermement engagé en faveur de la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et ne compte pas renoncer.  « Il faut persister car si nous abandonnons, la situation va encore se dégrader » a-t-il prévenu, appelant à créer les conditions propices à un règlement politique. 

À l’image du Processus d’Helsinki, durant la guerre froide, il serait peut-être envisageable de créer une « plateforme de dialogue » dans la région, a avancé le Secrétaire général, farouche partisan d’une solution diplomatique globale.  Si les conditions ne sont pas remplies « à ce stade », un certain « enthousiasme » existe à l’égard de cette initiative, a-t-il dit, espérant qu’« un jour, ce sera possible ».  Dans le même ordre d’idées, il s’est prononcé pour la poursuite du dialogue dans le conflit sur le Jammu-et-Cachemire ainsi qu’entre le Venezuela et la Colombie. 

Revenant au programme des prochains jours, le Chef de l’ONU a précisé qu’il sera d’abord question des effets des changements climatiques, alors que « nous sommes en train de perdre la course contre la montre » du réchauffement planétaire.  Les débats débuteront dès samedi avec le Sommet de la jeunesse sur l’action pour le climat.  « Les jeunes sont des leaders en la matière et ils ont absolument raison de nous presser à faire mieux et à nous unir derrière la science », a-t-il commenté, confiant ne pas vouloir laisser à ses petits-enfants une planète à moitié détruite quand ils auront son âge. 

Cette réunion sera suivie, lundi, par un sommet sur l’action pour le climat, pour lequel M. Guterres a dit attendre plus de 600 participants, dont de nombreux chefs d’État et de gouvernement.  Martelant « l’impératif d’agir », le Secrétaire général a dit compter sur des « annonces » et la présentation de plans de réduction des émissions pour la prochaine décennie et d’actions pour parvenir à la neutralité carbone d’ici à 2050.  Ce Sommet, a-t-il poursuivi, sera l’occasion de « mettre en avant les initiatives pour une sortie de l’ère du charbon, donner un prix au carbone, cesser les subventions aux énergies fossiles et réduire la pollution qui endommage notre santé ». 

De retour des Bahamas, où il a pu constater les effets dévastateurs et une ampleur sans précédent de l’ouragan Dorian, M. Guterres a appelé de ses vœux des « engagements concrets », relevant que les Nations Unies « font déjà leur part ».  Il a ainsi indiqué que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a annoncé, ce matin, l’initiative « Promesse pour le climat » destinée à aider, d’ici à 2020, 100 pays à honorer les engagements qu’ils ont pris en vertu de l’Accord de Paris sur le climat.  L’élan impulsé par l’ONU ne s’arrête pas là puisqu’elle vient également de lancer, avec l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’Espagne et le Pérou, l’initiative « Action climatique pour l’emploi » afin de mettre la création d’emplois et la protection des moyens de subsistance au cœur des plans d’action nationaux.  Pas moins de 1,2 milliard d’emplois dépendent d’un environnement sain et stable, a souligné le Secrétaire général qui a invité les gouvernements, les entreprises et les citoyens à se joindre à ces efforts. 

L’autre grande thématique de la semaine de haut niveau sera le suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  M. Guterres a précisé qu’un sommet lui sera consacré mardi.  À cette occasion, une décennie d’action sera lancée afin de produire des résultats concrets.  « Nous devons regarder devant nous, non pas par le prisme de l’économie de la décennie écoulée mais par celui de la prochaine, et saisir le potentiel de la Quatrième révolution industrielle tout en nous prémunissant contre ses dangers », a-t-il plaidé.  Des réunions de haut niveau sont aussi prévues sur la couverture sanitaire universelle, les défis auxquels sont confrontés les petits États insulaires et le financement du développement. 

M. Guterres n’a pas caché que ce financement devra être revu à la hausse si l’on veut atteindre les objectifs fixés dans le Programme 2030.  D’après les statisticiens de l’Université d’Oxford qu’il vient de recevoir, « si les choses ne changent pas, nous enregistrerons des améliorations à l’échelle mondiale mais elles ne nous mèneront qu’à mi-chemin d’ici 2030 », a-t-il averti.  Il faut donc accélérer le rythme de la mise en œuvre, a lancé le Secrétaire général, appelant pour ce faire à une mobilisation du secteur privé et des institutions financières internationales ainsi qu’à la mise en place de nouveaux instruments et d’obligations « vertes ». 

« Au bout du compte, a-t-il conclu, mon message aux dirigeants du monde sera simple: donnez la priorité aux peuples, à leurs besoins, à leurs aspirations et à leurs droits.  Ce que veulent les peuples, ce sont des solutions, de l’engagement et de l’action.  Et je suis sûr que c’est ce que les jeunes diront haut et fort ce week-end. »

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