Le Secrétaire général appelle les États Membres à accroître le nombre de femmes parmi le personnel en tenue des opérations de paix de l’ONU
On trouvera, ci-après, le texte de l’allocution du Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, prononcée lors du débat du Conseil de sécurité consacré aux femmes et au maintien de la paix, à New York, aujourd’hui:
Je me félicite de la convocation du présent débat sur les femmes et le maintien de la paix à l’heure où nous nous efforçons de progresser sur un élément clef du maintien de la paix et de la sécurité internationales.
En lançant la stratégie sur la parité des sexes applicable à l’ensemble du système des Nations Unies, en 2017, l’ONU a entrepris un effort ambitieux et essentiel à l’échelle du système pour renforcer la représentation des femmes à tous les niveaux et dans tous les domaines.
L’une des principales priorités est d’accroître le nombre de femmes dans les opérations de maintien de la paix –civiles et en uniforme– où nous avons le plus besoin d’amélioration. Il ne s’agit pas ici que de chiffres, mais aussi de notre efficacité dans l’exécution de nos mandats.
Les faits montrent qu’un nombre plus grand de femmes soldats de la paix permet des mesures de protection qui sont plus crédibles et qui répondent aux besoins de tous les membres des communautés locales. Les femmes au sein des unités de patrouille sont mieux à même d’établir le dialogue avec les hommes et les femmes dans les zones d’opération, accédant ainsi à des renseignements cruciaux et donnant une idée plus globale des problèmes de sécurité.
Il est reconnu que la présence de femmes aux postes de contrôle promeut un climat moins conflictuel et qu’un plus grand nombre de femmes dans les contingents permet d’obtenir un taux plus élevé de signalement des violences sexuelles et sexistes et un taux moindre d’incidents d’exploitation et d’atteintes sexuelles. De même, l’accès aux réseaux de femmes peut permettre aux femmes soldats de la paix d’entrer en contact avec une plus large proportion de la population, qui peut avoir des exigences et une perspective très différente quant à une paix durable.
Ceci ouvre la voie à la réalisation d’un autre objectif commun: des processus de paix plus représentatifs et plus inclusifs.
À l’approche du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000), sur les femmes et la paix et la sécurité, nous devons faire beaucoup plus pour garantir que les droits des femmes, les voix des femmes et la participation des femmes soient au cœur de la prise de décisions concernant le maintien de la paix. Ceci est essentiel pour des solutions viables dans tous les contextes où nous travaillons.
Dans la résolution 2242 (2015), sur les femmes et la paix et la sécurité, adoptée en 2015, le Conseil nous a invité à doubler le nombre de femmes dans les contingents militaires et les effectifs de police des opérations de maintien de la paix des Nations Unies d’ici à 2020 et à passer en revue les obstacles à leur recrutement et à la progression de leurs carrières. Nous œuvrons à la réalisation de ces objectifs.
L’initiative Action pour le maintien de la paix appelle à la participation pleine et véritable des femmes, sur un pied d’égalité, à toutes les étapes des processus de paix, ainsi qu’à l’intégration des questions de genre à tous les stades de l’analyse, de la planification, de l’exécution et de l’établissement de rapports. Je remercie les plus de 150 États Membres qui ont souscrit à cet engagement.
Je remercie également les États Membres qui ont lancé l’Initiative Elsie pour la participation des femmes aux opérations de paix lors de la réunion ministérielle tenue la semaine dernière sur le maintien de la paix, afin de lever les obstacles à une plus grande participation des femmes aux opérations de paix.
L’initiative Action pour le maintien de la paix s’appuie sur les nombreuses politiques et stratégies de l’ONU visant à renforcer l’efficacité, la responsabilisation et l’exécution des mandats relatifs aux femmes et à la paix et à la sécurité.
À l’appui de nos engagements dans ces domaines, nous avons entrepris une série d’actions pour soutenir et promouvoir la participation des femmes à nos opérations.
L’année dernière, nous avons lancé la politique sur les opérations de maintien de la paix qui tient compte de la problématique femmes-hommes; elle nous engage à promouvoir le leadership et la responsabilisation concernant l’égalité des sexes et le programme relatif aux femmes et à la paix et à la sécurité. En ce qui concerne le personnel civil, chaque mission sur le terrain a élaboré ses propres stratégies en matière de parité femmes-hommes, et nous comptons plus de 40% de femmes parmi nos dirigeants sur le terrain.
J’ai également constitué un groupe de travail sur les mesures d’urgence en faveur de la parité femmes-hommes dans les opérations de paix, afin de relever certains des problèmes spécifiques que nous avons recensés concernant le recrutement et la rétention des femmes sur le terrain, notamment dans nos règles et règlements. Il s’agit notamment d’améliorer les conditions des missions afin de fournir des logements, des installations, un éclairage et des services sanitaires mieux adaptés.
Nous devons également nous efforcer de veiller à ce que les fichiers à partir desquels nous recrutons fassent une place égale aux deux sexes, et à ce que les progrès que nous avons réalisés en matière de recrutement ces dernières années ne soient pas érodés au moment de réduire les effectifs des missions. Une série de propositions à ce sujet ont déjà été présentées à la Cinquième Commission de l’Assemblée générale.
Cette année, nous avons lancé la stratégie sur la parité des genres applicable au personnel en tenue, qui s’appuie sur l’engagement pris dans la résolution 2242 (2015) et va même plus loin en appelant à ne pas se contenter de doubler le nombre de femmes dans les effectifs.
D’après les objectifs fixés, d’ici à 2028, les femmes doivent représenter 15 à 35% des effectifs, y compris le personnel militaire, policier, judiciaire et pénitentiaire. La réalisation de ces objectifs constituera une avancée importante sur la voie de la parité. Depuis décembre 2015, le nombre de femmes en tenue a augmenté d’environ 1%. Ce n’est clairement pas suffisant. Toutefois, nous avons accompli certains progrès notables sur lesquels nous pouvons nous appuyer.
Depuis la première réunion ministérielle sur le maintien de la paix, tenue en novembre 2017, le nombre d’officières d’état-major et d’observatrices militaires a presque doublé, les femmes représentant aujourd’hui plus de 13% du personnel déployé. En outre, 27 pays qui n’avaient auparavant jamais déployé de femmes le font désormais. Et 30 autres pays ont déployé plus de 15% d’observatrices militaires et d’officières d’état-major, ce qui porte le nombre total de pays à 48.
Depuis la réunion ministérielle de 2017, le personnel de police compte 300 femmes de plus, soit une augmentation de plus de 3%. Neuf pour cent du personnel des unités de police constituées sont désormais des femmes. De surcroît, le nombre de femmes chefs des composantes Police des Nations Unies sur le terrain a augmenté, notamment à Abyei, à Chypre, au Darfour et au Soudan du Sud. Notre stratégie sur la parité des genres applicable au personnel en tenue fixe également des objectifs pour le personnel pénitentiaire et judiciaire en tenue sur le terrain.
Toutefois, ce domaine s’est avéré plus délicat. Au Secrétariat, nous continuerons à aller de l’avant dans tous ces domaines. Cependant, pour ne pas prendre de retard, nous avons besoin de l’aide des États Membres: premièrement, en nommant davantage d’officières et, deuxièmement, en mettant davantage l’accent sur les femmes dans les bataillons et les unités de police constituées. J’appelle également les États Membres à faire tout leur possible pour atteindre les objectifs fixés dans la stratégie sur la parité des genres applicable au personnel en tenue, non seulement au moyen d’engagements fermes, mais aussi grâce au recrutement et au déploiement durables de femmes dans leurs services nationaux.
Je me réjouis que, pour la première fois dans l’histoire de l’Organisation des Nations Unies, nous ayons presque atteint la parité des sexes dans les postes de haute direction, et ce bien avant 2021. Toutefois, il s’agit d’un domaine dans lequel je peux prendre des décisions seul.
Je suis déterminé à poursuivre ces progrès, ce qui montre clairement que ce qui est nécessaire en définitive, c’est de faire preuve de volonté politique et de persévérance. Nous devons adopter ce même état d’esprit dans nos opérations de paix. C’est essentiel pour notre efficacité, notre crédibilité et notre réputation.
Nous comptons sur l’appui indéfectible des États Membres.