En cours au Siège de l'ONU

Cinquante-deuxième session,
6e et 7e séances plénières – matin & après-midi
POP/1082

Commission de la population et du développement: le Programme d’action du Caire « ravivé » par les objectifs du Programme 2030, dont l’autonomisation des femmes

Arrivée à mi-parcours de sa cinquante-deuxième session, la Commission de la population et du développement a souligné aujourd’hui à quel point l’adoption des objectifs de développement durable avait « ravivé » la pertinence du Programme d’action du Caire, en particulier sur les questions liées à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes. 

Adopté par 179 pays à l’issue de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), qui s’est déroulée au Caire en 1994, le Programme d’action de la CIPD a marqué un tournant fondamental dans la réflexion sur les problématiques de population et de développement, en plaçant le bien-être des individus, et notamment des femmes, au centre de l’agenda mondial.  Entre autres principes phares, le Programme d’action affirme que la santé sexuelle et procréative est un droit humain fondamental et souligne que l’autonomisation des femmes est essentielle pour le bien-être des nations.

Dès lors, de nombreux participants à la réunion ont souligné le lien étroit entre le Programme d’action du Caire et le Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont l’objectif 5 est de parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles.

« Nous devons garantir l’égalité entre hommes et femmes, ne serait-ce que parce qu’elle contribue au développement durable », a ainsi déclaré la Tunisie, dont le Parlement national est composé à 35% de femmes.  Pour Tunis, l’héritage du Programme d’action du Caire doit s’incarner dans une législation ambitieuse, comme le projet de loi actuellement à l’étude sur l’égalité entre hommes et femmes en matière d’héritage.

Sur le terrain, en revanche, le monde est en proie à une crise des droits humains qui menace les droits des femmes et des filles, a déploré le Luxembourg, appelant l’ONU à s’opposer à cette « tendance misogyne et sexiste ».  Ce retour en arrière est également une réalité au niveau économique, a constaté le Soudan, indiquant que la pauvreté des femmes dans les zones rurales et touchées par la guerre, ne cessait d’augmenter.  Même son de cloche en matière de santé, a déploré le Danemark, qui a regretté l’absence d’accès à des services de santé procréative dans de nombreux pays du monde.  L’Islande a, quant à elle, noté avec inquiétude que, du fait de la croissance démographique, le nombre de mutilations génitales féminines dépasserait cette année celui de 1994. 

Les femmes et les filles doivent avoir la maîtrise de leur santé, y compris procréative, s’est indignée l’Italie, estimant que, de ce point de vue, l’adoption des objectifs de développement durable avait « ravivé » la pertinence du Programme d’action du Caire.  Outre les mutilations génitales féminines, Rome a également condamné la persistance de pratiques telles que le mariage des filles. 

Plusieurs pays ont toutefois mis l’accent sur leurs efforts pour lutter contre cette pratique, à l’image de Trinité-et-Tobago, qui a fait passer l’âge légal du mariage à 21 ans, de Madagascar, dont le Gouvernement a adopté un plan national stratégique pour éradiquer le mariage et les grossesses précoces, et du Tchad, où le mariage des mineurs est interdit depuis 2015.

De nombreuses délégations ont également mis l’accent sur leurs efforts en cours pour améliorer l’accès aux services de santé sexuelle et procréative.  C’est notamment le cas de la Jamaïque, qui élabore à l’heure actuelle une politique de santé sexuelle des jeunes.  En Zambie et en Gambie, les citoyens bénéficient déjà d’un accès à des services de santé en la matière, de planification familiale et de programmes scolaires d’éducation sexuelle.  Les États-Unis, qui financent certains de ces programmes, ont toutefois souhaité rappeler que la santé procréative, telle que définie dans le Programme d’action, « n’a rien à voir avec la promotion de l’avortement comme méthode de planification familiale ». 

Les avancées en matière d’accès des femmes à la santé se sont notamment traduites par un recul de la mortalité maternelle ou infantile au Soudan, en Tunisie, au Kirghizistan, en Gambie, en Azerbaïdjan et au Tchad.  Parallèlement, la Zambie rapporte que l’utilisation de contraceptifs modernes est désormais largement répandue chez les femmes mariées.

Toutefois, les Seychelles ont rappelé que près de 58% des femmes étaient victimes de violences au moins une fois dans leur vie, contre 43% des hommes.  Ces violences à l’encontre des femmes constituent des obstacles fondamentaux à leur pleine participation aux activités économiques et sociales de leurs communautés, a déploré le Sénégal.  Plusieurs pays ont ainsi détaillé leurs efforts pour lutter contre ce phénomène.  Le Tchad a notamment adopté en 2017 un nouveau code pénal qui réprime les violences sexistes.  La Tunisie s’est quant à elle dotée d’une loi sur l’élimination de toutes violences à l’encontre des femmes, aussi bien physiques que psychologiques.  De son côté, le Kirghizistan a dit avoir voté en 2017 une loi de protection contre la violence intrafamiliale, qui a non seulement permis aux organes de protection de mieux agir, mais également de collecter des statistiques fiables sur ces crimes. 

À l’occasion d’une table ronde organisée en marge du débat général, María Antonieta Alcalde, Directrice de l’ONG Advocacy of the International Planned Parenthood Federation, a dressé un tableau sans concession sur les défis à relever pour mettre en œuvre le Programme d’action du Caire d’ici à 2030, au bénéfice des femmes et des filles.  Chaque jour, plus de 2000 adolescentes contractent le VIH, a-t-elle dit, appelant à réduire encore davantage la mortalité maternelle.  Plus de 200 millions de femmes qui ne souhaitent pas tomber enceintes n’ont pas accès à des méthodes de contraception modernes et 25 millions d’avortement non sécurisés ont lieu chaque année dans le monde.  Enfin, a-t-elle déploré, des millions de personnes font face à la « pandémie » de la violence à l’encontre de femmes, en raison de leur identité ou de leur orientation sexuelle, parce que ce sont des migrantes ou des mères célibataires, ou du fait de leur appartenance à des groupes minoritaires. 

La Commission poursuivra ses travaux demain jeudi 4 avril.

SUITE DU DÉBAT GÉNÉRAL

Mesures pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement aux niveaux mondial, régional et national

Examen et évaluation du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement et de sa contribution au suivi et à l’examen de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030

Déclarations

M. CHRISTIAN BRAUN (Luxembourg) s’est dit attaché à la mise en œuvre intégrale du Programme d’action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD).  Il a précisé que son pays, composé à 50% d’habitants n’étant pas des ressortissants luxembourgeois, était confronté à de nombreux défis du point de vue de sa population.  L’un des points clefs du Programme d’action, a estimé le représentant, est l’affirmation de l’égalité entre hommes et femmes.  Il a précisé à ce titre que le Luxembourg s’était doté d’un ministère dédié à l’égalité entre les sexes.  Le représentant a également indiqué dit que l’amélioration de l’accès à la santé reproductive constituait l’une des priorités de son gouvernement. 

Sur le plan international, a-t-il poursuivi, le Luxembourg mène une « politique étrangère résolument féministe », centrée sur la reconnaissance du droit des femmes comme faisant partie intégrante des droits de l’homme.  Malheureusement, le représentant a déploré la crise actuelle des droits de l’homme à l’échelle mondiale, une crise qui menace selon lui particulièrement les droits des femmes et des filles.  « Les Nations Unies doivent s’opposer à cette tendance misogyne et sexiste », a déclaré, en conclusion, le représentant. 

Selon Mme PAULOMI TRIPATHI (Inde), les changements démographiques nécessitent des adaptations pour atteindre les objectifs de développement durable.  En Inde, des services de protection familiale ont permis de réduire le taux de natalité et toutes les femmes donnent aujourd’hui naissance dans des centres de santé publics.  Un programme de transfert d’argent a permis de donner des subventions aux femmes afin d’améliorer leur alimentation.  En outre, a expliqué la représentante, l’Inde fait partie des pays ayant lancé des programmes de santé procréative et de lutte contre l’utilisation de drogues pour les femmes.  En prévision de la mise en place d’un système universel de couverture de santé, des traitements médicaux ont déjà été donnés à plus de 500 millions de personnes.  Grâce au programme de vaccination, 32 millions d’enfants et 8,4 millions de femmes enceintes ont été vaccinés ces trois dernières années.  Dans le domaine de l’éducation, l’objectif est d’améliorer la qualité de l’enseignement, d’élargir l’enseignement secondaire et tertiaire ainsi que la formation professionnelle, et de développer l’enseignement à distance. 

Mme LIMIAA ABDELGFAR KHALFALLA, Secrétaire générale du Conseil national de la population du Soudan, a déclaré que la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD constituait une priorité pour le Soudan, qui a adopté un certain nombre de mesures en ce sens.  Au nombre d’entre elles, la représentante a mentionné l’adoption de programmes nationaux censés faire passer le pays d’une logique d’assistance humanitaire à une logique de développement, afin de résoudre les difficultés liées à la distribution inégale de la population sur le territoire national, aux nombreux déplacements internes de population et à l’urbanisation.  À l’heure actuelle, le Soudan éprouve des difficultés à distribuer les ressources nationales de manière équitable.  Avec une population qui est déjà très jeune, le pays fait également face à une « fécondité galopante », de sorte que sa population devrait augmenter de plus de 19 millions d’ici à 2030.

Pour mieux utiliser le dividende démographique, le Soudan s’est doté d’une feuille de route centrée sur l’éducation, l’amélioration de la participation des jeunes à la vie publique et l’accès à la santé reproductive.  La mortalité maternelle a diminué, a précisé Mme Khalfalla, même si elle demeure trop élevée, notamment dans les zones rurales.  La planification familiale a, quant à elle, augmenté pour couvrir à l’heure actuelle 12% de la population, a-t-elle salué, soulignant que l’objectif était d’atteindre 25%.  Malgré l’évolution positive de la participation des femmes à la vie économique du pays, la pauvreté des femmes dans les zones rurales et touchées par la guerre ne cesse d’augmenter.  Les migrations transfrontalières et internes présentent également un défi important pour le Soudan, a-t-elle ajouté.  La représentante a par ailleurs déclaré que son gouvernement s’attachait à développer son système de recueil des données statistiques, actuellement lacunaire, pour renforcer la capacité du pays à atteindre les objectifs de développement durable.

M. KUBERSKI (Pologne) a déclaré que tout le monde a accès à des services de santé financés par le Trésor public dans le pays.  Le Gouvernement, qui s’est doté d’un programme de santé publique pour la période 2017-2020, entend améliorer la prise de décisions dans les services de santé publique.  L’une des réussites du système de santé polonais est la réduction du cancer du poumon chez les hommes, s’est félicité le représentant.  La priorité de la politique socioéconomique est la réduction de la pauvreté et des inégalités, surtout chez les femmes dans les milieux de travail.  La situation de l’emploi s’est améliorée car le taux de chômage n’est que de 6,2%, un chiffre jamais atteint auparavant.  En outre, les salaires ont été augmentés depuis 2017.  La politique familiale baptisée « 500+ » vise à améliorer la situation financière des familles et permettre les conditions de la croissance.  Elle repose sur l’augmentation du taux de natalité, la réduction de la pauvreté chez les jeunes et les familles nombreuses.  Ce programme a permis la réduction de 50% de la pauvreté infantile. 

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a indiqué que son pays était le principal donateur bilatéral pour de nombreux programmes nationaux de mise en œuvre des objectifs du Programme d’action de la CIPD, notamment en matière d’accès à la santé maternelle et infantile, mais également à l’éducation des femmes et des filles.  Toutefois, la représentante a constaté les progrès inégaux, notamment en termes de mortalité maternelle et d’accès à l’éducation.  Elle a souligné que son gouvernement appuyait le développement des données statistiques ventilées afin de pouvoir faire davantage de progrès sur ces différents points.  L’aide américaine, a-t-elle ajouté, se concentre sur les pays qui représentent au total les deux tiers des décès maternels dans le monde.  Selon elle, les programmes soutenus financièrement par son pays ont ainsi permis de sauver cinq millions d’enfants dans le monde.  La représentante a en outre insisté sur le fait que « la santé procréative, telle que définie dans le Programme d’action, n’a rien à voir avec la promotion de l’avortement comme méthode de planification familiale ».  En conclusion, elle a déclaré que les femmes et les filles devaient pouvoir réaliser leur plein potentiel, aux États-Unis et dans le reste du monde.

Le Gouvernement brésilien est en train d’élaborer sa politique pour assurer une meilleure qualité de vie à plus de 200 millions d’habitants, a indiqué Mme ANGELA VIDAL GANDRA DA SILVA MARTINS, Secrétaire nationale à la famille du Brésil.  L’accès aux services de santé a augmenté ces dernières années.  La population brésilienne vit plus longtemps, elle est en meilleure santé et les retraites ont augmenté de 25% au cours des 25 dernières années.  Le Brésil a presque atteint l’éducation primaire universelle et n’est pas loin de la même performance dans le secondaire et le tertiaire.  « Le Président est déterminé à garantir une couverture sanitaire universelle », a assuré la représentante.  De plus, le pays a atteint les objectifs d’élimination de la pauvreté bien avant la date butoir.  Actuellement, le Congrès élabore la réforme de la sécurité sociale qui vise à économiser 250 milliards de dollars en 10 ans.  Sur le plan économique, le Brésil entend privatiser les entreprises publiques, améliorer la fiscalité et libéraliser le commerce.  Ces mesures visent à réduire le chômage et le secteur informel, réduire les inégalités à tous les niveaux et promouvoir une croissance économique durable.  Le Gouvernement entend également donner la priorité à la promotion des droits des femmes en particulier des groupes vulnérables; il est déterminé à combattre la violence contre les femmes. 

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a estimé que Programme d’action du Caire était devenu un instrument fondamental, dont la pertinence a été ravivée par l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Au niveau national, le représentant a indiqué que l’Italie était confrontée au vieillissement de sa population et subissait des pressions importantes sur les groupes vulnérables, notamment les jeunes et les femmes.  Pour y faire face, le représentant a indiqué que son pays s’attachait à créer davantage d’opportunités pour les jeunes et à lutter contre la violence sexiste.

Au niveau international, le représentant a appelé à « libérer le potentiel des jeunes populations » et « valoriser le dividende démographique », en mettant les jeunes au cœur du processus de développement durable et en améliorant l’accès à la santé et l’éducation.  Les femmes et les filles, a-t-il poursuivi, doivent avoir la maîtrise de leur santé, y compris procréative.  Dans cette perspective, le représentant a fermement condamné la persistance de pratiques telles que le mariage des enfants, les mutilations génitales féminines et la violence à l’encontre des femmes.  Saluant le rôle du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), il a indiqué que l’Italie avait décidé d’augmenter sa contribution de base au Fonds.

« Il faut retrousser les manches pour atteindre nos objectifs en partenariat avec la société civile », a déclaré M. PETER MARTIN LEHMANN NIELSEN (Danemark) avant de céder la parole à une représentante de la société civile danoise.  Celle-ci a soutenu que le Programme d’action reste valable n’importe où dans le monde.  Les gouvernements doivent accroître leurs investissements dans la réalisation de ce plan.  Elle a regretté que les services de santé procréative ne soient toujours pas disponibles dans de nombreux pays du monde.  Les défis à relever sont notamment l’amélioration de la santé et du bien-être des personnes âgées, les droits sexuels et les droits liés à la procréation des jeunes.  Le contrôle de la fécondité est aussi essentiel pour le bien-être des personnes et la réalisation de leurs potentialités en vue du développement durable.  La représentante a exhorté les membres de la Commission à « briser les tabous sur les droits de la santé sexuelle et procréative ».  Il faut faire preuve de fermeté contre les blocages, a-t-elle clamé. 

Mme RAFLA TEJ DALLAGI, Directrice générale du Bureau national de la famille et de la population au Ministère de la santé de la Tunisie, a réitéré son engagement en faveur de la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD ainsi que des résultats de ses conférences d’examen.  La Tunisie, a-t-elle affirmé, a mis en œuvre les recommandations de la CIPD dans la Constitution de 2014 qui garantit les droits des femmes à l’emploi et à l’éducation, mais également les droits des jeunes et des personnes âgées, ainsi que les libertés individuelles, y compris sexuelles.  « Nous devons garantir l’égalité entre hommes et femmes », a poursuivi la représentante, ne serait-ce que parce qu’elle contribue au développement durable.  Malgré une situation économique difficile, elle a indiqué que son pays continuait à financer des programmes de promotion de la parité comme en témoignent le fait que 35% du Parlement national soit composé de femmes et l’adoption d’une loi sur l’élimination de toutes violences à l’encontre des femmes, y compris les violences physiques et psychologiques.  Le pays examine à l’heure actuelle un projet de loi sur l’égalité entre hommes et femmes dans le cas des héritages de biens, a-t-elle précisé.

En matière d’accès à la sante, la représentante a indiqué que son pays disposait d’une planification familiale depuis 1966.  La Tunisie s’est également dotée d’un programme gratuit de détection des cancers spécifiques aux femmes et de dépistage des maladies sexuellement transmissibles.  Le pays fournit aussi une éducation sexuelle et des services de santé sexuelle, assortis d’un soutien psychologique pour les femmes victimes de violences.  De fait, la représentante a souligné que les taux de mortalité infantile et maternelle avaient baissé en Tunisie.  Enfin, elle a salué l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) aux programmes tunisiens de planification familiale et d’accès à la santé sexuelle et procréative.  « Lorsque les jeunes ne sont pas éduqués sexuellement, ils tendent à échouer et ne peuvent pas participer au développement durable. »

M. OMAR A. A. ANNAKOU (Libye) a reconnu que des défis existent dans la mise en œuvre du Programme d’action.  Les réponses diffèrent d’un pays à un autre; certains ont besoin de renforcer leurs capacités tandis que d’autres ont besoin d’améliorer leurs institutions.  Le représentant a ajouté que la mise en œuvre du Programme d’action nécessite une synergie entre les acteurs, y compris les agences des Nations Unies, et des financements.  La réforme en cours de l’ONU devrait permettre d’atteindre les objectifs fixés.  S’agissant des migrations, la Libye n’a pas signé le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, s’est-il défendu, car ce document encourage, selon lui, des migrations peu sûres et sources de tragédie humaine.  « La migration est une question complexe qui doit être réglée à partir des pays d’origine où il faut mener des politiques de développement. »  Par ailleurs, le représentant a souligné la nécessité d’avoir des données exactes, fiables et ventilées. 

Mme BERGDIS ELLERTSDOTTIR (Islande) a appuyé la santé sexuelle et procréative et les droits y relatifs qui ont contribué au développement socioéconomique de l’Islande et à son succès en matière de parité des sexes.  Au niveau international, face à « la plus importante génération d’adolescents de l’histoire », elle a jugé fondamental de leur fournir une éducation sexuelle complète fondée sur les faits en vue de promouvoir l’égalité hommes-femmes, le respect mutuel, la non-discrimination et la non-violence.  C’est là aussi un moyen de prévenir les grossesses non désirées, de faire obstacle aux infections sexuellement transmissibles, comme le VIH, et de garder les filles et les garçons à l’école.  Si l’Islande est fière de soutenir les efforts du FNUAP pour éliminer la mutilation génitale féminine, elle s’inquiète toutefois de noter que, du fait de la croissance démographique, il y aura plus de cas de mutilations enregistrés cette année qu’en 1994.  La représentante a aussi trouvé inacceptable qu’un nombre croissant de femmes n’aient pas accès à la planification familiale. 

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a déclaré que son gouvernement s’était attaché à atteindre les objectifs du Programme d’action de la CIPD pour faire face au vieillissement de sa population, dont 13% est aujourd’hui âgée de plus de 60 ans.  Cette tendance diminue les capacités de production du pays et le revenu de l’impôt, avec des répercussions sur les dépenses publiques pour le financement des retraites, de la santé et de l’éducation.  Parallèlement, la représentante a indiqué que le pays était très dépendant des revenus du pétrole et du gaz, cependant que la fuite des cerveaux demeure un véritable problème national.  Malgré ces difficultés, Trinité-et-Tobago a réalisé un certain nombre de progrès, dont la ratification de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, la création d’une division famille et enfant auprès de la Cour suprême du pays, l’augmentation de l’âge légal du mariage à 18 ans, la création de deux centres de soins palliatifs pour les personnes âgées et l’aide aux retraités.  En outre, le pays s’attache à développer l’accès à la santé sexuelle et procréative et examine actuellement un projet de loi sur le harcèlement sexuel.  Au premier semestre 2018, il n’y eu aucune mort maternelle à Trinité-et-Tobago, a enfin salué la représentante. 

Mme MARIE-MAY LEON, Directrice générale au Ministère des affaires familiales des Seychelles, a indiqué que son pays est confronté à des défis, notamment le chômage élevé des jeunes, qui est de l’ordre de 22,5%, et la question de l’accès des jeunes et des adolescents à des soins de santé sexuelle adaptés.  Par ailleurs, le système de protection sociale se focalise plus sur les personnes âgées au détriment des jeunes.  La mobilité professionnelle et la flexibilité du marché du travail sont limitées; la violence sexiste est importante.  Près de 58% des femmes et 43% des hommes ont connu la violence durant leur vie.  Le Gouvernement s’est engagé à poursuivre ses efforts pour mettre en œuvre le Programme d’action.  Le principal objectif de la Stratégie 2016-2020 est la couverture sanitaire universelle ainsi que la promotion du bien-être des Seychellois.  La stratégie vise à allonger l’espérance de vie de la population par la prévention des maladies transmissibles qui sont les principales causes de décès.  Elle vise aussi à réduire de 50% la fécondité des femmes de 15 à 19 ans.  Le Gouvernement a également mis en place une politique nationale de santé procréative qui entend promouvoir une vie sexuelle sûre. 

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizistan) a déclaré que son pays tentait de mettre en œuvre le Programme d’action de la CIPD à travers son Plan national de développement durable à l’horizon 2040.  Ce plan national comporte un certain nombre de programmes de santé, a-t-elle précisé, comme le Programme pour la protection de la santé mentale des citoyens du Kirghizistan entre 2018 et 2030.  Ces programmes ont permis de diminuer la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires et la mortalité maternelle du pays, a salué la représentante.  En avril 2017, le Kirghizistan a adopté une loi de protection contre la violence intrafamiliale, qui a non seulement permis aux organes de protection de mieux agir, mais également de collecter des statistiques fiables sur ces crimes.  La représentante a également indiqué que son pays s’était doté, en 2012, d’une loi nationale pour atteindre l’égalité hommes-femmes d’ici à 2020.  Ce texte, a-t-elle espéré, permettra de promouvoir la participation des femmes aux prises de décisions politiques du pays. 

Les progrès réalisés en Jamaïque s’expliquent par l’intégration dans son programme de développement national des objectifs du Programme d’action du Caire, a indiqué M. EASTON WILLIAMS, Directeur à l’Institut de politique sociale et de planification de la Jamaïque.  Il faut une mise en œuvre accélérée de ce programme national et des ressources pour garantir l’application efficace du Programme d’action.  La Jamaïque doit redoubler d’efforts en ce qui concerne le taux de fécondité des jeunes, a reconnu le représentant.  C’est pourquoi une politique de santé sexuelle des jeunes est en phase d’élaboration.  Le pays doit en outre faire face aux départs des jeunes à l’extérieur. 

M. RODRIGO A.  CARAZO (Costa-Rica) a reconnu que la mise en œuvre du Programme d’action du Caire était fondamentale pour atteindre les objectifs de développement durable.  Pour ce faire, il a appelé à investir dans le capital humain, l’accès à la santé et à l’éducation et la création d’emplois productifs décents.  Le représentant a estimé que beaucoup restait encore à faire pour relever ces défis.  Au Costa-Rica, les efforts nationaux se sont centrés sur les personnes les plus vulnérables, notamment pour éliminer l’exclusion et les inégalités, au travers de l’adoption d’une stratégie nationale pour la réduction de la pauvreté.  Le pays s’était doté de politiques publiques pour promouvoir les droits sexuels et liés à la procréation, et lutter contre la violence chez les jeunes.  Ces mesures ont permis, à partir de 2017, de renforcer la protection juridique des enfants et adolescents victimes d’abus et de violences.  Le pays garantit également la santé sexuelle et reproductive des femmes et des populations LGBTIQ, a précisé le représentant, ajoutant que le Costa-Rica mettait également l’accent sur l’intégration des femmes à la vie économique du pays.

M. GUSTAVE BAMBARA, Directeur des politiques de population au Ministère de l’économie, des finances et du développement du Burkina Faso, a reconnu qu’en dépit des progrès sur les plans social et économique, les défis sont nombreux notamment celui de la croissance démographique.  « Le Gouvernement est déterminé à tirer profit du dividende démographique. »  Il a besoin pour cela de données fiables et ventilées.  Le cinquième recensement général de la population a commencé en 2019 et se déroule avec un appui technique international, a indiqué le représentant. 

Mme INGRIT PRIZRENI (Albanie) a indiqué que son pays s’était centré, en matière de mise œuvre du Programme d’action du Caire, sur l’accès aux droits et à la santé sexuelle et procréative, par l’entremise de programmes nationaux de santé et d’enseignement.  Selon elle, ces programmes ont permis d’améliorer le droit des individus à décider librement de leur vie reproductive et sexuelle et d’entraîner une diminution de la mortalité maternelle, passée à 29 morts pour 1000 naissance.  La représentante a toutefois reconnu que de nombreux efforts restaient à faire.  En effet, si 80% des Albanaises ont désormais accès à des contraceptifs, l’accès à la planification familiale demeure plus limité, a-t-elle indiqué, notamment en milieu rural.  Par ailleurs, l’Albanie s’attache à créer des mécanismes de prévention de la violence intrafamiliale, et à renforcer la production de données statistiques nationales. 

M. FRANCISCO ALBERTO GONZALEZ (Colombie) a déclaré que son pays restait engagé par rapport au Programme d’action de la CIPD à travers notamment une feuille de route claire pour les quatre prochaines années.  S’agissant des droits liés à la sexualité et à la procréation, a-t-il précisé, le Gouvernement a fixé des cibles spécifiques pour autonomiser les femmes, ce qui a un impact sur leur taux de fécondité et leur prise de décisions, et il a déployé des stratégies de prévention des grossesses précoces dans les zones rurales et urbaines.  Le plan national de développement de la Colombie met aussi l’accent sur les revenus et l’autonomie économique de la population âgée, compte tenu de la tendance globale à la longévité et au vieillissement de la population.  De même, un chapitre est dédié à l’inclusion des personnes handicapées. 

« La persistance de la pauvreté demande des actions fortes », a dit Mme APPIAH (Ghana).  Elle a souligné l’importance de relever les défis, y compris la mortalité infantile, dans le cadre régional, en suivant les objectifs de la CIPD.  Le Ghana est conscient du fait que les programmes mondiaux de développement se chevauchent.  Les objectifs de sa politique de développement national à moyen terme s’articulent avec ceux de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Plus particulièrement, le Ghana compte renforcer l’éducation de base et secondaire, et mène des projets pilotes de planification familiale dans cinq régions.  Une politique pour les jeunes vise à améliorer leur revenu, a poursuivi la représentante.  Si le Président a établi un plan de mobilisation nationale de ressources pour atteindre les objectifs de développement, l’aide publique au développement reste néanmoins nécessaire.  Tous ces plans et projets nécessitent des données et un cadre de suivi clairs.  Le service de statistique a déjà mené cinq recensements depuis l’indépendance.  Le Ghana s’est porté volontaire dans le cadre de l’évaluation par les pairs.  La représentante a souligné l’importance d’un partenariat fort entre les acteurs de développement nationaux et internationaux. 

Mme ALINA JULIA ARGÜELLO GONZÁLEZ (Nicaragua) a rappelé que les pays en développement déployaient « des efforts immenses » pour mettre en œuvre le Programme 2030, notamment en ce qui concerne l’élimination de la pauvreté, l’autonomisation des femmes, le plein emploi et l’inclusion sociale.  Depuis 2007, le Nicaragua a élaboré « des politiques de restitution des droits, de restauration des valeurs et de renforcement des capacités en faveur de la famille » qui ont contribué à réduire la pauvreté et les inégalités.  Ainsi l’indice de pauvreté est-il passé de 42,5% en 2009 à 24,9% en 2016; la pauvreté extrême a baissé de 14,6% à 6,9% à la même période.  Le pays, s’est félicitée la représentante, a « le niveau le plus élevé en matière d’égalité des sexes dans les Amériques ». 

Mme ENYONAM VICTORINE BADOHOUN EPSE WOMITSO, Directrice des études de population au Ministère de la planification du développement et de la coopération du Togo, a indiqué que le Gouvernement togolais a entrepris des actions sur les plans institutionnel, stratégique et opérationnel qui contribuent aujourd’hui à l’amélioration progressive des conditions de vie des populations du pays.  Prenant à corps les objectifs du Programme d’action de la CIPD, le Togo a adhéré aux grands mouvements mondiaux visant l’amélioration de la santé maternelle et infantile, notamment la Campagne pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle, néonatale et infantile en Afrique (CARMMA), le Partenariat de Ouagadougou, l’initiative FP2020 et le Challenge Initiative pour une meilleure accessibilité fondée sur le droit à des services de qualité de planification familiale volontaire. 

Ainsi, les efforts du pays ont permis au pays d’enregistrer un recul du taux de fécondité, qui est passé de 7,2 enfants par femme en 1981 à 4,8 en 2014; une réduction de la mortalité maternelle, qui est passée de 478 décès pour 100 000 naissances en 1998 à 401 décès en 2013, alors que la mortalité infantile est passée de 155 pour 1 000 en 1998 à 89 décès en 2013.  Par ailleurs, la mise en œuvre du Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC), la mise en place d’une agence nationale de protection civile, d’une agence nationale en faveur des personnes vulnérables, l’élaboration d’une stratégie nationale de migration et développement axée sur les droits des migrants, la mise en œuvre des programmes visant le renforcement de la résilience des populations face aux effets des changements climatiques constituent autant d’éléments tangibles de l’appropriation des objectifs de la CIPD par le Gouvernement togolais.  Le Togo appelle à la mobilisation de partenaires internationaux en plus du FNUAP dans le processus de la réalisation de son cinquième recensement général de la population et de l’habitat en 2020. 

M. BANDA (Zambie) a estimé que la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD était essentielle pour la réalisation des objectifs de développement durable d’ici à 2030.  Le représentant a souligné que la Zambie avait multiplié les efforts pour renforcer la santé des mères et des nouveau-nés, ce qui s’est traduit par une baisse de la mortalité maternelle et infantile et une hausse de l’accès des femmes zambiennes à une assistance lors des accouchements.  L’utilisation des contraceptifs modernes est désormais largement répandue chez les femmes mariées, a-t-il ajouté, précisant qu’en 2013, le pays s’est doté d’une stratégie nationale pour améliorer le financement de la santé, en vue de parvenir à une couverture universelle. 

Sur le plan éducatif, entre 2011 et 2016, l’accès des enfants à l’enseignement primaire et secondaire a augmenté, grâce à des mesures pour réduire la déscolarisation des filles, des lois sur l’autonomisation des jeunes femmes et des filles et des programmes d’alphabétisation pour enfants et adultes.  Au niveau politique, le représentant a constaté le manque de participation des femmes zambiennes à la vie publique du pays.  Il a toutefois noté que le nombre de femmes au sein du Gouvernement du pays avait augmenté.  Par ailleurs, la Zambie a adopté plusieurs textes de loi entre 2011 et 2015 pour mettre fin à la violence contre les enfants.  Parallèlement, l’âge légal du mariage est passé à 21 ans afin de lutter contre le mariage des enfants.  Le Gouvernement offre également accès à des services de santé procréative et sexuelle, ainsi qu’à des programmes scolaires d’éducation sexuelle.

M. RENÉ ALFONSO RUIDÍAZ PÉREZ (Chili) a défendu « une vision holistique » du Programme d’action de la CPID et du Programme 2030.  Dans sa mise en œuvre du Programme d’action du Caire et dans la ligne du Consensus de Montevideo sur la population et le développement, le Chili inclut la société civile.  Le Président chilien a comme priorité le développement intégral du pays, a assuré le représentant.  Au-delà de la croissance économique, le développement représente un ensemble d’opportunités qui combinent la liberté, la créativité et l’innovation, de même que la justice et la solidarité.  Au cours des dernières décennies, le Chili a amélioré la qualité de vie de ses habitants et réduit la pauvreté.  Confronté lui aussi à une évolution de son profil démographique, le pays a mis en place des politiques visant à promouvoir un vieillissement positif. 

Mme MARIAMA NJIE, Secrétaire permanente adjointe au Bureau du Vice-Président de la Gambie, a indiqué que son gouvernement promeut l’accès des jeunes aux soins de santé sexuelle, y compris la planification familiale.  Il défend le droit des jeunes à la santé sexuelle et procréative.  La prévention du paludisme est un élément essentiel de la politique sanitaire de la Gambie, un pays où plus de 85% de la population se trouve à moins de 5 kilomètres d’un centre de santé, a fait remarquer la représentante.  Des résultats importants ont été obtenus contre les mutilations génitales féminines; la santé maternelle s’est améliorée et le taux de mortalité infantile a baissé.  Sur le plan économique, les femmes ont désormais davantage accès aux moyens de production.  Le Gouvernement compte aussi sur la coopération Sud-Sud pour réaliser son plan de développement national.  La représentante a évoqué les défis concernent les ressources, la jeunesse et la densité de la population, soit 127 personnes au kilomètre carré.  Le Gouvernement, a-t-elle ajouté, a besoin de données démographiques qui peuvent aider à améliorer la politique et la redevabilité.  Enfin, elle a souligné l’importance de l’aide publique au développement pour atteindre les objectifs en matière de population et de développement. 

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a indiqué que le développement économique de son pays a permis d’améliorer le niveau de vie et la situation démographique.  Ainsi, la pauvreté et le chômage ont baissé, alors que les salaires, les pensions et les bénéfices sociaux ont crû et que la mortalité infantile et maternelle est à la baisse.  L’espérance de vie est passée de 72 ans en 2003 à 75 ans en 2017 et la population, qui est estimée à 9,9 millions, pourrait atteindre 12 millions d’ici à 2050.  Les jeunes de 15 à 24 ans représentent le quart de la population et le Gouvernement a consenti à des investissements dans l’éducation, la santé et l’emploi afin de tirer parti de ce dividende démographique. 

M. RAKOTOARISON MANDRESY ANDRIATIANA, Conseiller spécial au Ministère de l’économie et des finances de Madagascar, a mis l’accent sur l’intensification de la coopération de son pays avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Grâce à l’appui technique du Fonds, a-t-il ajouté, son pays a été en mesure de réaliser, en juin 2018, le troisième recensement général de sa population.  Le représentant a indiqué que Madagascar avait réalisé de nombreux progrès dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire, notamment pour améliorer l’égalité entre hommes et femmes et la vie des jeunes et enfants.  Son gouvernement s’est attaché à augmenter la protection sociale des femmes et des jeunes et à lutter contre la violence sexiste, qui entrave la participation économique des femmes.  Le pays a également connu des avancées en matière de santé procréative. 

Toutefois, le représentant a souligné que Madagascar devait progresser en matière de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, de l’usage des contraceptifs, qui est resté inchangé, et de l’accès des femmes à la chirurgie réparatrice obstétrique.  Sachant que 64% des jeunes du pays ont moins de 25 ans, le représentant a indiqué que son gouvernement avait adopté un plan national stratégique 2018-2020 pour éradiquer le mariage et les grossesses précoces.  Le pays travaille également à l’élaboration d’une feuille de route sur le dividende démographique qui lui permettra de mobiliser la jeunesse pour mettre le pays sur la voie du développement durable.

Mme ENOLA GAY ANADELLA EDWARD (Nauru) a déclaré que son pays s’est engagé à atteindre les objectifs de la CIPD et ceux du Programme 2030.  D’après elle, l’incapacité des États Membres à adopter des résolutions ces dernières années révèle les points de vue divergents sur des questions d’importance pour les pays.  Après avoir énuméré les réalisations de son gouvernement dans le domaine de la population et du développement, la représentante a indiqué que le défi est maintenant de mettre en place « une politique de défense de la famille ».  Les enfants doivent recevoir une éducation de qualité pour avoir accès un emploi une fois arrivés à l’âge adulte.  Notre région est confrontée à des incertitudes économiques, politiques et écologiques, et « l’aide au développement ne doit pas être liée aux idéologies de la colonisation ou à l’imposition d’idées contraires à nos valeurs sociétales », a souligné la représentante.  « Il est alors essentiel de dire que nous ne voyons pas la promotion de l’avortement comme un moyen d’atteindre le développement durable. »  Avant de terminer, la représentante a demandé le soutien du système des Nations Unies en matière de renforcement de capacités et de financement.

M. ALI (Pakistan) a déclaré que le Pakistan connaissait actuellement une croissance démographique « galopante », alors même que le pays abrite déjà la sixième plus grande population mondiale.  Pour faire face à ce phénomène, le représentant a indiqué que le Pakistan avait adopté des politiques pour réduire la pauvreté et les inégalités et développer les zones rurales.  Le pays s’efforce également d’augmenter l’usage des contraceptifs et l’accès à la planification familiale. 

Table ronde « Sur la route de 2030 »

Le Modérateur, M. FRED PEARCE, écrivain et journaliste, a demandé au premier intervenant, M. RUDELMAR BUENO DE FARIA (Brésil), Secrétaire général de l’Alliance Action by Churches Together (ACT), comment son organisation contribue à éradiquer la pauvreté et promouvoir la dignité et les droits de l’homme.  Ce dernier a répondu que les 152 membres de l’ONG présents dans 140 pays, recourent à une approche du développement durable transformationnelle dans leurs programmes pour que les droits de l’homme de tous les peuples soient respectés.  Nous travaillons contre la pauvreté, l’exclusion et les inégalités.  Nous développons de nouvelles formes de solidarité, de nouvelles architectures financières internationales, de justice fiscale et de protection sociale.  Tout le monde devrait avoir la liberté de décider librement les questions relatives à sa sexualité sans discrimination ni violence ni coercition.

M. ALEX EZEH, (Nigéria), Professeur de santé globale à l’Université Drexel, aux États-Unis, a été prié de donner des exemples de progrès dans la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD, des exemples d’amélioration de la vie des plus vulnérables.  M. Ezeh a pris les cas du Rwanda et de la Guinée-Équatoriale qui ont fait des progrès significatifs dans la couverture de santé universelle.  Des pays comme le Lesotho et la République centrafricaine figurent parmi ceux qui ont fait moins de progrès et pourraient être laissés de côté.  Les progrès ne sont pas les mêmes dans le domaine de la santé.  De nombreux pays ont vu baisser la mortalité néonatale tandis que peu de pays ont atteint la cible de l’obésité infantile.  Ce qui est resté constant, c’est que les pays qui ont progressé dans la réalisation des objectifs sont également ceux où les inégalités dans l’accès aux soins de santé ont été les plus réduites.  Ceux qui ont fait le plus de progrès sont ceux qui ont atteint les plus nécessiteux dans leurs pays.

Mme MARIA ANTONIETA ALCADE (Mexique), Directrice de « Advocacy of the International Planned Parenthood Federation, a été invitée par le modérateur à répondre à la question de savoir « quelles sont les prochaines étapes sur la route de 2030 ».  Elle a préféré parler de défis comme l’autonomisation des jeunes et la mortalité maternelle parce que chaque jour, ce sont plus de 2000 jeunes adolescentes qui sont contaminées par le VIH/sida.  Il y a aussi la violence contre les femmes qui est une pandémie et les grossesses forcées.  Plus de 200 millions de femmes sexuellement actives ne souhaitent pas tomber enceintes mais ne peuvent pas utiliser les méthodes de contraception modernes.  Le monde compte des millions d’avortements non sécurisés.  Enfin, des millions de personnes font face à la discrimination et à la violence à cause de leur orientation ou identité sexuelle, ou parce qu’ils sont des migrants, des mères célibataires, ou qu’ils font partie de groupes ethniques ou autochtones. 

Le modérateur s’est ensuite tourné vers M. LEIWEN JIANG (Chine), Fondateur et Directeur de l’Institut de recherche démographique de l’Asie pour lui demander « quels seront les impacts de la croissance continue de la population mondiale? »  M. Jiang a fait remarquer que les taux de croissance de la population mondiale varient d’une région à une autre.  Plus important encore, la composition et la répartition géographique de la population y compris l’urbanisation rapide et la diminution de la taille des familles constituent un défi encore plus grand pour l’environnement.  La croissance de la population couplée avec l’urbanisation et le changement des modes de consommation provoquent la pollution de l’air, la rareté de l’eau, la destruction de l’habitat et la perte en biodiversité.

Débat interactif

Comment profiter du dividende démographique?  C’est la question du modérateur pour lancer le débat interactif. 

M. ALEX EZEH, Professeur de santé globale à l’Université Drexel, a répondu que les pays africains doivent trouver eux-mêmes la réponse à cette question.  Cette conversation doit avoir lieu.  Le centre démographique de l’Afrique a les capacités d’y apporter des éléments de réponse.  L’Afrique doit pouvoir aborder ce problème et trouver un point d’équilibre.  Si l’on répond aux besoins de planification actuelle, on pourrait réduire la population africaine de 400 millions de personnes.  Il y a des options et des moyens pour régler ce problème.  C’est maintenant que l’Afrique a besoin de bonnes institutions pour créer une feuille de route claire; elle doit être en mesure de créer des idées pour aller de l’avant. 

Pour Mme MARIA ANTONIETA ALCADE, Directrice de « Advocacy of the International Planned Parenthood Federation », l’investissement dans les jeunes est une solution.  Selon elle, le dividende démographique ne sera pas réalisé si l’on ne répond pas aux besoins des jeunes.  Il faut des plateformes pour amplifier la voix des jeunes.  Cette Commission a un rôle central pour impliquer tous les acteurs.  Elle doit s’acquitter de son mandat sur les plans politique et technique.  « Je sais que c’est difficile.  Mais c’est précisément parce que c’est difficile qu’il faut le faire », a-t-elle lancé. 

Pour M. LEIWEN JIANG, Fondateur et Directeur de l’Institut de recherche démographique de l’Asie, il faut investir et améliorer la qualité de l’éducation des jeunes.  Cela améliore la productivité, accroît les revenus.  « L’éducation est essentielle pour la durabilité économique et environnementale, surtout dans les pays les moins avancés.  Améliorer l’éducation permet le progrès technologique. »

Pour M. De FARIA, Secrétaire général de l’Alliance Action by Churches Together (ACT), il faut un partenariat entre les gouvernements et la société civile.  Il a demandé à la Commission de protéger les droits de l’homme de tous.  Il faut protéger les gens quelles que soient leur religion, croyance, origine, race ou orientation sexuelle, a-t-il insisté. 

Débat général

M. ISSA NARDO DJABIR (Tchad) a relevé que le Tchad s’est doté d’une « Vision 2030, le Tchad que nous voulons », qui est déclinée en trois plans dont le premier couvre la période de 2017-2021.  Les objectifs de cette vision et de son premier plan de mise en œuvre intègrent parfaitement le Programme d’action de la CIPD après 2014 et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  En termes de résultats, la scolarisation au primaire avoisine les 100% et l’indice de parité entre les filles et les garçons a atteint 0,8%.  En outre, plus de la moitié des Tchadiens ont désormais accès à l’eau potable.  La mortalité infantile et la mortalité maternelle ont aussi baissé.  Le mariage des mineurs est désormais interdit depuis 2015 et le nouveau code pénal adopté en 2017 réprime les violences basées sur le genre.  Malgré ces efforts, a reconnu le représentant, quelques défis restent à relever, notamment en matière de santé maternelle et infantile, d’éducation, d’emploi des jeunes, d’autonomisation de la femme et de croissance démographique qui est de 3,5%.  De même une initiative du Gouvernement vise à capturer le dividende démographique en investissant massivement dans l’autonomisation des femmes et des jeunes. 

M. JUMOONDAR SUNKUR (Maurice) a annoncé que son pays faisait face aux conséquences des changements démographiques dont les répercussions économiques pourraient être catastrophiques « si nous ne faisons pas attention ».  Il est temps pour Maurice d’adopter une politique ambitieuse capable de relever les défis du vieillissement et de la faible fécondité afin d’assurer le bien-être de sa population.  Le Ministère de la santé et de la qualité de la vie a développé une politique orientée vers le changement de paradigme pour atteindre les cibles démographiques à long terme pour le développement durable du pays.  Le projet « Maurice, île durable » est mis en œuvre pour faire de Maurice un modèle mondial de développement durable, en particulier dans le contexte des petits États insulaires en développement. 

M. BACARY DJABIR (Sénégal) a évoqué un certain nombre d’initiatives du pays en faveur de sa population.  Ainsi, dans le domaine de la protection sociale, le programme national de bourse de sécurité familiale est mis en œuvre pour lutter contre la pauvreté extrême et la vulnérabilité.  De même, le programme de couverture maladie universelle (CMU) s’occupe essentiellement de la couverture du risque maladie et de la prise en charge médicale des soins pour les indigents et groupes vulnérables.  La Carte d’Égalité des Chances (CEC) a été aussi mise en place pour une meilleure intégration économique et sociale des personnes vivant avec un handicap.  En outre, le Sénégal s’est engagé à réduire la mortalité.  Dans le domaine de l’emploi, le Projet d’Appui à la Promotion de l’Emploi des Jeunes et des Femmes (PAPEJF), mis en place en 2014, a favorisé l’émergence de micros, petites et moyennes entreprises de femmes et de jeunes dans les chaines de valeurs agricoles et de services.  Dans le domaine de la production des données, le Sénégal envisage de poursuivre le renforcement des capacités à tous les niveaux du Système statistique national, en vue de soutenir la formulation, le suivi et l’évaluation des politiques et stratégies de développement, notamment le Plan Sénégal Émergeant (PSE). 

Parmi les défis auxquels le pays est confronté, le délégué a cité la sensibilisation des populations et le plaidoyer auprès des décideurs et leaders d’opinion en vue de réduire les pesanteurs socioculturelles qui entravent l’épanouissement de la femme.  Le Gouvernement entend également renforcer les programmes novateurs afin d’assurer l’autonomisation économique des femmes et renforcer la sécurité personnelle de la femme et de la fille, puisque les violences contre elles constituent des obstacles fondamentaux à leur pleine participation aux activités économiques et sociales de leurs communautés. 

Il est incontestable, a avoué M. DANIEL WOAH GARTEH, SR (Libéria), que le pays en développement ont pris du retard dans la mise en œuvre du Programme d’action du Caire et du Programme 2030.  Le Libéria, a-t-il affirmé, a tout de même fait des progrès comme en atteste son plan national de développement quinquennal, « Pro Poor Agenda for Prosperity and Development(PAPD) », qui vise un accès plus équitable des Libériens à l’éducation, à la santé et à la protection sociale, avec un accent particulier sur les jeunes.  Le pays a aussi créé le Ministère du genre, de l’enfance et de la protection sociale et a adopté une politique spécifique sur les jeunes.  Le Gouvernement a également créé l’Institut des statistiques et des services de géo-information pour des données fiables, et de bonne qualité.  Le Libéria, a conclu le représentant, attend avec impatience le prochain sommet de Nairobi. 

Mgr TOMASZ GRYSA (Saint-Siège) a rappelé le document final de la CIPD pour insister notamment sur le fait que « la famille est l’unité de base fondamentale et naturelle de la société ».  Le représentant a regretté que la question de l’avortement ait pris une proportion importante depuis la Conférence, et divise les gens.  La CIPD a aussi parlé du lien entre migration et développement, a fait remarquer le représentant.  C’est une problématique qui mérite notre attention car elle a aussi un impact environnemental clair.  Il a en outre dénoncé les inégalités extrêmes et souligné que le pape François a invité les gens à adopter un mode de vie modeste et simple.  Avant de terminer, le représentant est revenu sur la question complexe de la transmission de la vie et de la famille pour dire que le Saint-Siège est disponible pour en discuter. 

« Le défi Faim zéro est immense », a averti Mme ELLIOT du Programme alimentaire mondial - PAM.  D’après le PAM, 821 millions de personnes vivent dans une insécurité alimentaire chronique et 113 millions de personnes ont souffert de malnutrition en 2018.  « Les conséquences de la faim sont dévastatrices », a expliqué l’intervenant.  La faim peut empêcher des pays entiers de réaliser leur potentiel.  Elle peut conduire à la violence en cas de flambée des prix des denrées alimentaires et forcer les populations à partir de chez elles.  De plus, la croissance démographique met la pression sur les ressources aux niveaux local, régional et mondial.  Cependant, des solutions existent pour autonomiser les femmes, les filles, les jeunes, les migrants et les populations d’accueil et les autres groupes à risque, à condition, entre autres, de restaurer les écosystèmes, de connecter les agriculteurs aux marchés ou d’investir dans la nutrition. 

M. GORMAN BEST, Organisation internationale pour les migrations – OIM, a souligné que « les bénéfices potentiels que la migration offre pour la réalisation des objectifs de développement durable sont immenses ».  Toutefois, en l’état actuel des choses, beaucoup de migrants sont laissés de côté.  D’après l’OIM, les besoins en matière de santé des migrants doivent être pris en compte et des débats informés doivent se tenir pour coordonner les politiques aux niveaux national et international.  Le représentant a donc préconisé une approche fondée sur les droits pour répondre à la vulnérabilité de tous les migrants.  Ensuite, il a jugé urgent d’améliorer la collecte de données démographiques ventilées pour créer des liens entre migration et développement durables.  Il faut également renforcer la collaboration du « nexus humanitaire, développement, paix ».  Enfin, l’OIM salue l’adoption récente du Pacte mondial pour des migrations sûres, régulières et ordonnées. 

Mme DINA DOUAY, Ligue des États arabes,  a déclaré que la région arabe connaît depuis quelques années une baisse des taux de fécondité et que cela a un impact sur les pays arabes dont beaucoup exportent de la main d’œuvre à l’étranger.  Une commission du développement et de la population a été créée au sein de la Ligue arabe pour conseiller les États membres dans ce domaine.  D’après la représentante, il faut tenir compte de la diversité démographique et les défis économiques et sociaux des pays arabes avant d’adopter des solutions à ces problèmes.  Elle a insisté sur l’importance du respect des droits de l’homme et de la dignité humaine dans le monde arabe. 

M. TACON, Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a signalé que la CESAP utilise fréquemment les bases de données de la Division de la population qui lui permettent d’analyser les tendances démographiques, notamment le vieillissement, la migration et l’urbanisation, et leurs conséquences sur le développement durable.  Les commissions régionales, a-t-il estimé, « servent d’intégrateurs » sur de nombreuses questions, pour le développement des capacités et le rassemblement des diverses parties prenantes aux niveaux national, sous-régional et régional.  Le représentant s’est félicité de la possibilité qui a été offerte aux commissions régionales de présenter lors de cette session les principales conclusions et recommandations issues des conférences régionales sur la population et le développement. 

M. ADNENE BEN HAJ AISSA, Directeur exécutif de Partners in Population and Development(PPD), a rappelé que cette organisation intergouvernementale, créée en 1994 à l’occasion de la CIPD, représente 26 pays en développement d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et du Moyen-Orient.  Elle a pour but d’institutionnaliser et de promouvoir la coopération Sud-Sud et triangulaire en matière de santé procréative, population et développement.  Pour faire le point sur les avancées, a expliqué le Directeur, PPD organise chaque année une conférence internationale interministérielle avec l’appui de ses partenaires dont le FNUAP.  « L’appel à l’action de Bali » adopté en 2018 en Indonésie par les pays membres de l’Organisation a réaffirmé leur engagement vis-à-vis des objectifs du Programme d’action du Caire et du Programme 2030.  Ces pays encouragent la création de centres d’excellence pour le partage des connaissances, le transfert de technologie et le maillage de réseaux.  C’est la Tunisie qui accueillera la conférence interministérielle 2019. 

Mme VITALIJA GAUCAITE WITTICH, Directrice exécutive de la Commission économique pour l’Europe de l’ONU (CEE-ONU), a rappelé que son agence avait développé un programme de suivi continu de la mise en œuvre du Programme d’action du Caire en Europe.  La plupart des indicateurs de mesure de cette mise en œuvre ont d’ores-et-déjà été définis et sont régulièrement collectés, a-t-elle précisé, notamment en ce qui concerne la famille et la santé procréative et sexuelle.  En plus de ces données statistiques, la représentante a indiqué que le cadre de suivi de la CEE-ONU se basait sur des examens volontaires nationaux, des rapports régionaux et des recherches scientifiques.  Dans une région marquée par une fécondité très basse et des mouvements de population relativement complexes, la représentante a prôné le renforcement du capital humain des sociétés européennes.  Elle a enfin salué les résultats fructueux issus de l’étroite coopération entre la Commission économique pour l’Europe de l’ONU et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).

M. PAULO SAAD, Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), a expliqué qu’à travers sa division de la population, la CEPALC sert de secrétariat technique pour la conférence régionale sur la population et le développement en Amérique latine et dans les Caraïbes.  Le Consensus de Montevideo sur la population et le développement adopté en 2013 constitue l’accord intergouvernemental le plus important à ce sujet et un instrument clef pour le suivi du Programme d’action de la CIPD dans la région.  Un guide opérationnel, élaboré avec l’apport de la société civile et des milieux académiques, a été présenté aux pays d’Amérique latine et des Caraïbes en 2015 pour créer des synergies avec le Programme 2030.  À Lima, au Pérou, a rappelé le représentant, 25 pays ont présenté l’année dernière des rapports nationaux d’ensemble volontaires qui reflètent leur engagement par rapport au Consensus de Montevideo et au Programme d’action de la CIPD.  Dans cette région, a encore souligné le représentant, l’inégalité demeure un défi important et les efforts doivent s’intensifier pour combattre la pauvreté et l’exclusion qui affectent les groupes les plus vulnérables de la population.

Mme KARIMA EL KORRI, Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale – CESAO, a déclaré que la région arabe rencontrait des défis de développement majeurs, dont une explosion démographique, l’urbanisation, le chômage, la rareté de l’eau et l’insécurité alimentaire.  De plus, la représentante a indiqué que les conflits permanents dans la région ont provoqué des destructions et des vagues migratoires sans précédent.  Selon elle, ces dynamiques régionales complexes compromettent la capacité des États à fournir des services de base et à préserver les groupes les plus vulnérables.  Dans ce cadre, la représentant a estimé que les objectifs de développement durable permettaient de consolider ceux du Programme d’action de la CIPD.  Elle a indiqué que la CESAO jouait un rôle actif pour aider ses États membres à mettre en œuvre les deux cadres de développement, notamment au moyen de consultations régulières, de réunions annuelles entre pays arabes pour faire le point sur les progrès et grâce à l’élaboration de systèmes statistiques robustes dans toute la région. 

M. TOSCANO-RIVALTA, Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNISDR), a demandé que les personnes victimes des catastrophes ne soient pas laissées de côté.  La mise en œuvre des dispositions du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et l’Accord de Paris sur les changements climatiques peuvent contribuer à prévenir les catastrophes, a estimé le représentant. 

Mme MAMUSA SIYUNYI, Commission économique pour l’Afrique (CEA), a dit que la Déclaration d’Addis-Abeba de l’Union africaine sur la population et le développement fournit des liens intéressants avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Programme 2030.  Un processus d’examen a été mis en place pour le suivi.  Trente-quatre pays africains sur 52 se sont soumis à l’examen montrant ainsi son succès.  Récitant ensuite les réalisations de l’Afrique en matière de développement et de population, la représentante a dit qu’il faut répondre à la dynamique de la population africaine qui se manifeste par le changement de la structure des âges, le vieillissement de la population et leurs répercussions sur le développement durable.  « Les succès d’aujourd’hui ne dureront pas demain si les gouvernements africains n’atteignent pas les plus vulnérables notamment les femmes, les personnes âgées et la population rurale. »  L’Afrique a aussi besoin d’une révolution des données pour qu’elle puisse planifier son développement. 

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