Commission de la condition de la femme: à un an de « Beijing+25 », États Membres, société civile et secteur privé font l’état des lieux
La Commission de la condition de la femme a poursuivi, aujourd’hui, les travaux de sa soixante-troisième session par une table ronde ministérielle, le matin, puis un examen des rapports de six pays (Italie, Qatar, Espagne, Philippines, Égypte et Bulgarie) sur le thème « Autonomisation des femmes et lien avec le développement durable », qui a entraîné un dialogue avec les délégations.
La table ronde avait pour but d’examiner la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes –la fameuse Conférence de Beijing de 1995- et à la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale, tenue en 2000, intitulée « Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle ».
Le coup d’envoi de ce débat de haut niveau a été donné par la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, qui a mis en exergue l’importance du partage des meilleures pratiques à des fins d’examen et d’évaluation, à la veille du vingt-cinquième anniversaire de la Conférence de Beijing. Le but est d’accélérer les actions prévues dans le cadre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, l’agenda mondial pour l’amélioration des droits humains des femmes et des filles qui définit des objectifs stratégiques pour la réalisation de l’égalité des sexes dans 12 domaines critiques.
Mme Mlambo-Ngcuka a annoncé que 2020 serait « une année essentielle pour faire le point sur cette mise en œuvre », avertissant qu’il faudrait le faire « avec une honnêteté cruelle », en vue de mener les changements nécessaires et adopter des mesures concrètes pour combler les lacunes. Elle a encouragé les jeunes, « ceux qui sont nés au moment de l’adoption de la Déclaration de Beijing et après », à y contribuer.
Près de 40 États Membres, souvent représentés au niveau ministériel, ont pris part à la table ronde, à laquelle ont également participé des représentants d’organisations régionales, d’ONG, ainsi que des parlementaires et des journalistes. Les représentants de gouvernements ont dressé un tableau rapide des actions phares menées dans leur pays respectif pour appliquer les recommandations de Beijing, fournissant de nombreux exemples d’institutions spécialisées dans les droits et l’autonomisation des femmes et de mesures favorisant la parité dans les organes gouvernementaux. L’Institut national de la femme (Argentine) et le Forum ministériel des femmes (Fidji) ont été mentionnés, parmi bien d’autres.
Dans le cadre de ce débat, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme a mis l’accent sur le rôle de premier plan que jouent les femmes en tant que défenseuses des droits de la personne et a exigé qu’elles soient prises en compte dans le contexte de Beijing+25. Ces femmes, a-t-il remarqué, sont souvent ciblées et stigmatisées comme étant des personnes qui remettent en question des traditions et des dogmes culturels.
Lors des exposés volontaires des six délégations venues dans l’après-midi présenter leurs progrès, il a souvent été question de ce qui est fait dans le domaine de l’emploi. Le Ministre du développement, du travail et des affaires sociales du Qatar s’est félicité du meilleur accès au marché du travail qu’ont désormais les femmes de son pays. En Espagne, la loi prévoit une égalité salariale progressive: l’on vise d’abord les entreprises de plus de 250 employés puis celles de 100 et enfin de 50 employés.
En Italie, pays qui s’est doté en 2017 d’une stratégie nationale sur l’égalité des genres, l’État facilite le financement des petites et moyennes entreprises (PME) dirigées par des femmes. Il aide également les parents à payer les frais de crèche. Pour ce qui est des Philippines, le congé maternité est passé de 60 à 105 jours. Il bénéficie aux femmes employées dans le secteur public comme dans le secteur privé.
La Commission de la condition de la femme se réunira à nouveau demain, jeudi 14 mars, à 10 heures, pour continuer son dialogue avec les délégations présentant des rapports nationaux sur l’autonomisation des femmes en lien avec le développement durable. Une table ronde se tiendra dans l’après-midi sur le sujet: « Les femmes et les filles d’ascendance africaine ».
SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE, INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE » (E/CN.6/2019/2 et E/CN.6/2019/5)
Réalisation des objectifs stratégiques, mesures à prendre dans les domaines critiques et autres mesures et initiatives (E/CN.6/2019/3)
Dialogue interactif de haut niveau sur l’accélération de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing: partage des meilleures pratiques à des fins d’examen et d’évaluation à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de la conférence
Ce matin, la table ronde ministérielle de la Commission de la condition de la femme avait pour mission d’examiner la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes (1995) et à la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (2000) qui s’intitulait « Les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle ».
Le coup d’envoi de ce dialogue interactif de haut niveau a été donné par Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, qui a mis en exergue l’importance du partage des meilleures pratiques à des fins d’examen et d’évaluation, à la veille du vingt-cinquième anniversaire de la conférence de 1995, le but étant d’accélérer les actions prévues dans le cadre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing.
C’était l’occasion non seulement pour de nombreux ministres et représentants de gouvernement, mais aussi pour des parlementaires, des journalistes et des représentants de la société civile, de brosser un tableau rapide des actions phares menées dans leurs pays pour atteindre cet objectif et notamment faire en sorte que l’égalité des sexes se traduise dans les politiques publiques et ailleurs. Toutes les délégations ont réaffirmé leur engagement ferme à appliquer concrètement les recommandations du Programme d’action de Beijing y voyant des lignes directrices communes pour aller de l’avant.
De l’avis de la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, il est plus qu’opportun de commencer dès maintenant l’examen de ce qui a été réalisé au cours des 25 dernières années dans le contexte de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing sur le plan national. Pour Mme Mlambo-Ngcuka, 2020 sera une année essentielle pour faire le point sur cette mise en œuvre et il faudra le faire « avec une honnêteté cruelle », en vue de mener les changements nécessaires et adopter des mesures concrètes pour combler les lacunes. Elle a en outre souhaité que cela encourage les jeunes, « ceux qui sont nés au moment de l’adoption de la Déclaration de Beijing et après », à y contribuer. Tous les secteurs de la société doivent être impliqués dans cette mise en œuvre au niveau national, a-t-elle prôné, suggérant notamment que les médias, les milieux universitaires et les secteurs publics et privés contribuent à la rédaction des rapports nationaux. La Directrice exécutive d’ONU-Femmes s’est dite consciente du fait que le Programme d’action n’est pas toujours populaire mais, comme l’a dit le Secrétaire général hier, « il faut résister aux résistances ».
Sur la base des rapports nationaux que les pays sont en train de présenter et/ou de préparer, des rapports régionaux seront consolidés, a-t-elle précisé, et la session de l’Assemblée générale de 2020 sera l’occasion de présenter un état des lieux aux chefs d’État. Avant cela, se tiendra le Forum international des femmes où la société civile pourra s’exprimer. La France s’est proposée pour accueillir ce Forum, et le Mexique a annoncé ce matin vouloir coprésider ce Forum. La chef d’ONU-Femmes compte aussi sur une participation importante des jeunes à cet évènement, tandis que la représentante de l’Alliance internationale des femmes y a vu la reconnaissance du rôle central que joue la société civile dans la promotion du Programme d’action de Beijing.
Cette annonce du Mexique s’inscrit dans l’engagement du pays en faveur de l’égalité entre les sexes, a expliqué la délégation en vantant la parité qui a été atteinte pour la première fois au sein du Gouvernement mexicain.
Au cours de la discussion, les délégations ont donné de nombreux exemples de la mise en place de mesures favorisant une telle parité dans les organes gouvernementaux et de la création ou de l’existence d’institutions spécialisées dans les droits et l’autonomisation des femmes. Le Gouvernement de l’Espagne, par exemple, compte actuellement 65% de femmes, qui détiennent notamment les portefeuilles de l’économie et des finances. Il y a aussi une commissaire nationale chargée de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui contribue à l’agenda des femmes, a indiqué la représentante avant d’expliquer que la sécurité sociale prend désormais en charge des congés parentaux de 16 semaines.
En Argentine, a expliqué sa représentante, il existe un institut national de la femme qui est chargé de suivre les progrès dans l’égalité entre les sexes. Il y a aussi un plan national en ce sens, datant de 2015, ainsi qu’un plan national d’égalité des chances. La délégation des Fidji a également fait valoir les mesures prises sur le plan des institutions, comme la création du Forum ministériel des femmes, véritable espace de consultation et de collaboration efficace pour promouvoir les droits des femmes aux Fidji.
Si un mécanisme national de promotion de la condition de la femme a été mis en place en Chine, la délégation a fait remarquer que la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing passe notamment par une politique de développement qui s’appuie sur l’égalité hommes-femmes.
La représentante de l’Union africaine a indiqué avoir fait un examen à mi-parcours de l’application du Programme d’action de Beijing en 2015, qui s’inscrivait aussi dans l’Agenda 2063 de l’Afrique. L’année 2015 avait été sacrée l’Année de l’autonomisation des femmes pour l’Afrique. Cet examen s’est concentré sur les réformes constitutionnelles et législatives dans lesquelles 16 pays africains se sont engagés, alors que 20 pays ont mis en place des plans d’action nationaux pour faire avancer l’égalité entre les sexes. L’Union africaine estime cependant qu’il faut plus de soutien législatif et plus de ressources pour les mettre en œuvre. L’Union africaine a également constaté une sous-représentation des femmes dans la sphère politique d’où l’intérêt des systèmes de quotas en Afrique. La baisse du nombre des femmes dans les milieux politiques a également préoccupé l’Union interparlementaire.
Des quotas sont justement en place en Allemagne pour assurer la présence de 30% de femmes dans les conseils d’administration des compagnies et 50% dans la fonction publique. L’Italie cherche aussi à promouvoir la présence des femmes dans le leadership des entreprises et accorde des financements sexospécifiques.
La Lettonie a donné un exemple de bonnes pratiques dans le domaine politique en indiquant que le Gouvernement fait activement participer les différentes parties prenantes dans la formulation et la mise en œuvre des politiques pour l’égalité hommes-femmes, y compris la société civile et les ONG. En Irlande, un rapport sur la parité dans la sphère politique est en cours de préparation, a indiqué le représentant de ce pays, qui a expliqué que le Programme d’action de Beijing avait donné une impulsion politique à de nombreux changements sur le plan national, notamment de nouvelles lois.
De son côté, la délégation australienne a fait état de progrès significatifs en termes de sécurité économique des femmes, et de l’emploi des femmes autochtones.
Au Malawi, la Constitution a été amendée en 2017 pour faire passer l’âge de la majorité à 18 ans et éliminer l’exigence du consentement des parents pour lutter contre les mariages précoces. La Zambie a adopté une approche similaire avec des mesures de lutte contre les mariages précoces et l’adoption de quotas d’enrôlement des filles dans l’éducation secondaire et universitaire.
Des investissements dans l’éducation des filles sont également faits en Sierra Leone, pays où les politiques et programmes cherchent à accélérer l’égalité hommes-femmes, y compris par le truchement de nouvelles législations et grâce au financement de projets de femmes. Il reste néanmoins des écarts significatifs au niveau de l’enrôlement scolaire et les femmes sont toujours sous-représentées en politique.
Une représentante de Google est venue soutenir le concept selon lequel les droits des femmes sont des droits numériques et vice versa. C’est pourquoi Google a passé un partenariat avec ONU-Femmes pour faire connaître les histoires des femmes victimes de violences sexistes. Elle a reconnu l’importance d’une approche sexospécifique dans les pays émergents pour que les femmes et les filles y « soient connectées ». C’est l’engagement pris par Google.
Pour l’Union européenne la parité hommes-femmes est une question fondamentale dans le contexte de la réalisation des droits de la personne, y compris sexuels et génésiques. Après l’adoption des Déclaration et Programme d’action de Beijing, l’Union européenne a mis en place des examens annuels, et l’esprit de Beijing a été repris dans la plateforme 2020 de l’Union et guide ses stratégies.
Le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme a mis l’accent sur le rôle de premier plan des femmes en tant que défenseuses des droits de la personne et a exigé qu’elles soient prises en compte dans le contexte de Beijing+25, compte tenu du fait qu’elles sont souvent ciblées et stigmatisées comme étant des personnes qui remettent en question des traditions et des dogmes culturels.
La représentante du Groupe de travail des Nations Unies sur la question de la discrimination à l’égard des femmes dans la loi et dans la pratique, qui se concentre sur les femmes privées de libertés et de droits, publie des rapports thématiques et fait des visites sur le terrain, y compris dans des pays non signataires de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Elle a constaté des progrès significatifs depuis la Conférence de Beijing en termes de législation et de réduction des inégalités dans l’enseignement notamment mais, malgré ces réussites, les violations des droits des femmes persistent dans les secteurs public et privé. Aujourd’hui, il existe même un risque de retour en arrière, a-t-elle averti.
Thème de l’évaluation: autonomisation des femmes et lien avec le développement durable (conclusions concertées de la soixantième session) (E/CN.6/2019/4)
Dialogue interactif
Italie
M. LORENZO FONTANA, Ministre de la famille et des personnes handicapées de l’Italie, a assuré que son pays s’engage à respecter ses promesses en matière de mise en œuvre des objectifs de développement durable, notamment en ce qui concerne l’objectif 5 sur l’égalité des genres. Une stratégie nationale a été élaborée à cet effet en 2017 et cible cinq domaines majeurs qui sont identifiés comme les « cinq P »: les personnes, la planète, la prospérité, la paix et les partenariats.
En dépit d’une plus grande participation des femmes dans le secteur économique, le Ministre a reconnu que des disparités persistent en matière salariale. Il a aussi noté que la présence des femmes à des postes décisionnels au sein de la fonction publique est toujours rare. L’État a tout de même consenti à faciliter le financement des petites et moyennes entreprises (PME) dirigées par des femmes.
En outre, la question de la conciliation de la vie familiale avec la vie publique est centrale en Italie, notamment, a expliqué M. Fontana, dans un contexte démographique européen marqué par la baisse du taux de natalité. De ce fait, le Gouvernement aide les parents à payer les frais de crèche, tandis que les horaires de travail sont assouplis pour les parents dont les enfants nécessitent des soins particuliers. Le Ministre a indiqué que l’autonomisation des femmes passe également par la lutte contre la violence sexiste. Un plan stratégique de lutte contre la violence faite aux femmes a ainsi été établi. Globalement, les données fournies par l’Institut national de statistique permettent de mesurer les améliorations en rapport avec les cibles de l’objectif 5 de développement durable.
Après cet exposé, le délégué de la Bulgarie a demandé des précisions sur les mesures prises par le Gouvernement italien. Le Ministre Fontana, d’Italie, a répondu que les parents d’enfants de moins de 3 ans reçoivent une allocation mensuelle de 1 500 euros. De plus, une aide supplémentaire est octroyée aux parents d’enfants souffrant de maladies chroniques. Le Ministre a ensuite réagi à une interpellation du Mexique, qui voulait savoir comment la stratégie nationale de développement durable avait été élaborée. Elle a été rédigée en 2016 et publiée en 2017, a-t-il répondu. La stratégie, qui s’aligne sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, tient compte des lacunes du pays et identifie les moyens d’y remédier.
Qatar
M. YOUSIF BIN MOHAMMED AL-OTHMAN FAKHROO, Ministre du développement, du travail et des affaires sociales du Qatar, a fait part des avancées dans le statut de la femme au Qatar, signalant en particulier un meilleur accès au marché du travail. Environ 37% des femmes âgées de 25 ans à 29 ans y ont accès, contre 49% des femmes âgées de 30 ans à 34 ans. De plus, 30% des femmes participent aux processus de prise de décisions. Selon le rapport sur le développement humain, le Qatar se classe à la trente-neuvième place dans le monde et à la première dans le monde arabe, a ajouté le Ministre. Il a exprimé la fierté de son pays qui a lancé l’initiative « Éduquer un enfant ». Celle-ci aide 10 millions d’enfants défavorisés dans 50 pays à recevoir une éducation primaire de qualité. Il a par ailleurs indiqué que l’égalité entre hommes et femmes est garantie par la loi qatarie s’agissant de l’inscription sur les listes électorales, du droit de vote et du droit de se présenter à une élection. Des femmes occupent des postes de ministre, d’ambassadeur ou encore de procureur, a-t-il ajouté. Le Ministre a également indiqué que le Qatar est l’un des principaux contributeurs financiers à l’étude internationale sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité. La Qatar appuie les efforts du Secrétaire général pour éradiquer les atteintes sexuelles et assurer une égalité entre les genres au sein de l’ONU, a-t-il assuré avant de présenter une vidéo sur le sujet.
Les représentants de l’Iraq et du Ghana ont entamé l’échange avec la délégation en commençant par demander des détails sur les mesures prises au Qatar pour garantir aux femmes un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. Des précisions sur la politique de lutte contre les violences faites aux femmes ont aussi été demandées.
M. GHANAM AL KUWARI, Sous-Secrétaire aux affaires sociales au Ministère du développement, du travail et des affaires sociales du Qatar, a répondu en évoquant le congé de maternité de deux mois octroyé aux femmes fonctionnaires, celles-ci bénéficiant en plus d’horaires aménagés pendant deux années après une naissance. Le Qatar, a-t-il poursuivi, a mis en place 52 projets de lutte contre les violences faites aux femmes. Apportant d’autres précisions, Mme NAJAT AL-ABDULLA, Directrice aux affaires familiales au Ministère du développement, du travail et des affaires sociales du Qatar, a indiqué que la police prodigue des conseils pour éviter les violences dans le cadre conjugal. « Les discriminations entre hommes et femmes dans le monde du travail sont par ailleurs combattues vigoureusement. » Elle a aussi évoqué les aides octroyées pour développer l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes. De manière générale, la Constitution du Qatar consacre l’égalité entre tous les citoyens, a-t-elle souligné.
Espagne
Mme SILVIA BAUBENT, Directrice générale de l’Institut des femmes et de l’égalité des chances de l’Espagne, a déclaré que son gouvernement a adopté deux lois organiques sur l’égalité des sexes. Les entreprises ont pris des mesures sur l’égalité salariale et les autorités nationales font tout pour aider les femmes à concilier vie familiale et vie professionnelle, tout en facilitant leur implication dans les secteurs de travail où elles sont sous-représentées. Pour obtenir des résultats, les efforts visent aussi la lutte contre les stéréotypes sexistes qui bloquent l’entrée des filles et des femmes dans les filières scientifique et technique.
L’importance de l’égalité des sexes dans les programmes espagnols de coopération internationale a ensuite été expliquée par Mme TERESA BARBA, Directrice générale adjointe pour le développement des politiques. Dans le monde entier, les centres culturels espagnols veillent à la promotion de l’égalité. Depuis 2014, l’évaluation des programmes de coopération s’effectue sur la base des données sexospécifiques.
Mme IZASKUN LANDAIDA, Directrice de l’Institut basque pour les femmes, s’est attardée sur les initiatives propres au Gouvernement de sa région. Elle a attiré l’attention sur les lois relatives à l’autonomisation des femmes, comme celle de 2015 sur la protection des agricultrices. Elle a aussi parlé du programme visant à impliquer les hommes dans les campagnes contre la violence faite aux femmes et n’a pas oublié de mentionner la stratégie de 2018 pour réduire les disparités salariales.
L’Argentine a salué l’implication de la société civile espagnole dans toutes les initiatives espagnoles liées à l’égalité des sexes, objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030. Le Portugal, qui a parlé de sa propre loi sur l’égalité salariale, s’est dit curieux d’en savoir plus sur la manière dont son voisin assure le respect de ses dispositions juridiques. La Directrice générale de l’Institut espagnol des femmes et de l’égalité des chances a expliqué que la loi prévoit une égalité salariale progressive: l’on vise d’abord les entreprises de plus de 250 employés puis celles de 100 et enfin de 50 employés. En outre, dès 2021, le congé de maternité sera augmenté à 16 semaines tant pour les femmes que les hommes.
Philippines
Mme RHODORA BUCOY, Présidente de la Commission de la condition de la femme des Philippines, a mentionné le cadre juridique « très robuste » mis en place pour l’autonomisation des femmes et des filles dans son pays. Cette autonomisation est « cruciale » pour réaliser le Programme 2030.
Lui faisant écho, Mme MARY ANNE E. R. DARAUAY, Autorité nationale pour le développement économique, a dit travailler pour l’intégration de la dimension « égalité hommes-femmes » dans les programmes de mise en œuvre des objectifs de développement durable. Elle a parlé de la « Magna Carta », le principal instrument juridique national pour l’autonomisation des femmes. Comme mesure de suivi des conclusions concertées de la soixantième session de la Commission de la condition de la femme de l’ONU, elle a mentionné l’augmentation du congé de maternité de 60 à 105 jours, pour toutes les employées des secteurs privé et public. Elle a aussi parlé d’un « modèle de parentalité responsable », avec un accès élargi aux services de santé reproductive. Elle a aussi cité la promulgation d’une loi relative à la couverture sanitaire universelle et des efforts pour garantir l’accès universel à l’éducation supérieure, indépendamment de l’origine sociale.
Toutes les entités du Gouvernement sont tenues de formuler un plan annuel pour l’autonomisation des femmes et l’application de la « Magna Carta », en y consacrant 5% de leur budget. Un audit est d’ailleurs mené tous les ans pour surveiller la bonne affectation des fonds. Le pays veille aussi à renforcer la participation des femmes aux processus de prise de décisions; les femmes occupant, par exemple, 43% des « positions de troisième niveau » au sein du Gouvernement. Mme Darauay a également attiré l’attention sur les efforts accrus pour collecter des données statistiques sur le genre et les enfants. Toutes les institutions publiques doivent mettre en place des points focaux sur l’égalité entre les sexes, a-t-elle affirmé, ajoutant en conclusion que cette pratique est déclinée au niveau local.
L’Australie a rappelé que les Philippines figurent en bonne place dans les classements internationaux sur l’autonomisation des femmes. Dans le secteur privé par exemple, les femmes représentent 30% des postes de direction. « Bravo », a lancé l’Australie. La prolongation du congé de maternité a été dûment saluée par la Thaïlande, qui l’a elle-même fait passer de 90 à 98 jours, conformément aux recommandations de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Elle a tout de même demandé des précisions sur le financement de la couverture sanitaire universelle aux Philippines. Nous la finançons principalement par l’impôt et notamment les taxes sur l’alcool et le tabac, a répondu la représentante de l’Autorité nationale pour le développement économique.
Égypte
Mme MAYA MORSY, Présidente du Conseil national des femmes de l’Égypte, a souligné que la Constitution de 2014 prévoit, pour la première fois dans l’histoire du pays, un quota de 35% de femmes dans les assemblées locales. Lancée en mars dernier, la Stratégie nationale de développement vise à aligner les efforts avec le Programme 2030. Un Observatoire national de la femme a été créé et un cadre réglementaire pénalise désormais la violence faite aux femmes. Quant au congé de maternité, il est passé de trois à quatre mois. La plupart des avancées, a fait observer Mme Morsy, ont été réalisées à partir de 2017, « Année de la femme égyptienne » proclamée par le Président Abdel Fattah Al Sisi.
La Présidente du Conseil national des femmes s’est aussi félicitée de ce que 38 millions de femmes bénéficient de subventions pour l’achat de nourriture et 10 millions d’un appui à l’accès aux soins de santé. Le Conseil national des femmes a aussi conclu un partenariat avec la Banque centrale égyptienne pour élargir l’accès aux microcrédits à près de deux millions de femmes. La lutte contre la violence faite aux femmes n’est pas en reste: un manuel publié par la plus haute autorité religieuse, l’Université al-Azhar, sert de guide contre ce fléau. La campagne « Parce que je suis un homme », qui place les hommes au centre de la lutte, est venue opportunément renforcer les efforts.
L’Observatoire national de la femme, a expliqué, M. MAGUED OSMAN, membre du Conseil national des femmes, est un mécanisme d’évaluation de l’autonomisation de la femme. C’est en réalité un mécanisme d’appui à la prise de décisions fondé sur des données chiffrées. Les femmes égyptiennes représentent 54% des jeunes inscrits à l’université et 66% des titulaires de diplômes du cycle supérieur. Entre 2014 et 2017, la part des femmes dans la population active a augmenté de 7% même si leur taux de chômage n’a que timidement diminué, passant de 24,3% à 23,2%.
ONU-Femmes a particulièrement salué le fait qu’une nouvelle loi pénalise désormais le fait de déshériter les filles et les femmes. L’Union européenne a encouragé l’Égypte à poursuivre son travail de protection des défenseurs des droits de l’homme, tout en s’enquérant des plans pour marquer le vingt-cinquième anniversaire de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, l’an prochain. La Présidente du Conseil nationale des femmes a parlé des campagnes de sensibilisation sur ce qui a été fait à Beijing et sur ce qu’il reste à faire. Cette année, l’Égypte a déjà consacré 16 jours à la promotion des droits des femmes et entend institutionnaliser l’initiative pour que chaque année, 16 jours soient consacrés à des campagnes sur l’autonomisation des femmes et des filles.
Bulgarie
M. GEORGI VELIKOV PANAYOTOV, Représentant permanent de la Bulgarie auprès des Nations Unies, a salué la pertinence de l’exercice de ce jour. La société civile joue un rôle majeur dans mon pays, a-t-il dit, avant de préciser que le principe d’égalité entre les sexes est consacré dans la Constitution bulgare. Il a mentionné l’adoption récente d’un amendement sur les violences domestiques, les peines ayant été alourdies. La Bulgarie, a-t-il fait savoir, est signataire de tous les instruments internationaux de lutte contre les violences faites aux femmes. Il a évoqué le congé de maternité, qui est de 58 semaines rémunérées dans son pays, ainsi que le congé de paternité, qui est de 15 jours. Les familles ont par ailleurs droit à des allègements fiscaux pour chaque enfant. La sous-représentation des femmes dans la vie publique est un gaspillage de capital humain et un fardeau économique, a-t-il estimé, mais sans oublier de signaler que les femmes constituent 53% des thésardes et 23% des ingénieurs en Bulgarie. En outre, la moitié des vice-premiers ministres sont des femmes, alors que la mairie de Sofia est dirigée par une femme, a-t-il ajouté.
Poursuivant la présentation, Mme ELENA TRIFFONOVA, Fondation bulgare pour la recherche sur le genre, a évoqué les efforts de la société civile pour renforcer l’autonomisation des femmes. La lutte contre les violences domestiques et la réduction des écarts salariaux entre hommes et femmes font partie des priorités. Il y a eu 37 cas de féminicides en 2018, 34 en 2017, a-t-elle précisé. Il n’y a pas de statistiques officielles sur ce problème mais on estime qu’une femme sur quatre aurait été victime de violences en Bulgarie, a-t-elle poursuivi. Elle a détaillé un projet de prévention des violences conjugales avec le lancement notamment de trois campagnes de sensibilisation. Enfin, elle a dénombré 130 femmes et 32 enfants qui ont trouvé refuge dans des centres de crise après des violences domestiques.
Le délégué de l’Italie a demandé des précisions sur la politique de lutte contre les violences domestiques, à l’instar de la déléguée de Singapour, qui a précisé que son pays vient d’élargir la définition pénale du viol. Son homologue de l’Autriche a souligné la réticence des hommes à user de leur congé de paternité et demandé des précisions sur les congés de maternité et de paternité en Bulgarie.
Ces congés commencent au jour du départ de l’hôpital après la naissance, a répondu M. Panayotov. Toujours en droit du travail, aucun employeur en Bulgarie n’a le droit de demander à la mère d’un enfant âgé de moins de 6 ans de faire des heures supplémentaires. Sur la lutte contre les violences, il a précisé que des faits ont été érigés en infraction pénale, alors que ce n’était pas le cas auparavant, tandis que les peines ont été alourdies. Ainsi, les auteurs de violences sexuelles ou psychologiques sont désormais passibles de 10 ans de prison.