En cours au Siège de l'ONU

8649e séance – matin & après-midi  
CS/13998

Les femmes et la paix et la sécurité: le Conseil de sécurité est appelé à passer des mots aux actes en appliquant « pleinement » ses propres résolutions

Il reste tant à faire pour promouvoir le rôle des femmes dans les processus de paix et transitions politiques qu’une nouvelle résolution a été adoptée à l’unanimité ce matin, dans le cadre du débat annuel « Les femmes et la paix et la sécurité », pour réclamer la « pleine » mise en œuvre des textes précédemment adoptés sur la question, en particulier la résolution 1325 (2000) qui fêtera l’an prochain ses 20 ans.

« La liste, chaque année, plus longue des orateurs pour le débat sur les femmes et la paix et la sécurité pourrait laisser penser que les choses s’améliorent », a indiqué au Conseil et aux 100 inscrits –dont deux tiers de femmes- le Secrétaire général, António Guterres.  « Mais la réalité est différente », a-t-il déploré: « le changement arrive à un rythme trop lent pour les femmes et les filles dont la vie en dépend ».

La résolution 2493 (2019) proposée par l’Afrique du Sud « invite instamment les États Membres à appliquer pleinement les dispositions de toutes ses résolutions » concernant « les femmes et la paix et la sécurité » et à « intensifier leur action, à cet égard ».  Elle leur demande également, quand ils soutiennent des processus de paix, de favoriser l’inclusion et la participation des femmes aux pourparlers de paix « dès le début et sur un pied d’égalité avec les hommes ».

Un rappel utile alors que la participation des femmes en 2018 plafonnait à 30% des négociateurs et seulement 4% des signataires dans les grands processus de paix, selon ONU-Femmes.  Pire, a rapporté sa Directrice exécutive, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka: entre 1990 et 2018, seuls 20% des accords de paix incluaient des dispositions relatives au genre, et l’an dernier, aucun des accords de paix signés sous l’égide des Nations Unies ne contenait de dispositions relatives à la participation des femmes.  Le cadre institutionnel est là, mais ce qui manque c’est la volonté politique: « Faites davantage pour nous aider », a-t-elle plaidé.

L’Afrique, dont 25 pays ont adopté un plan national de mise en œuvre de la résolution 1325 - sur un total de 81 dans le monde- pourrait faire figure de modèle.  Malheureusement, seuls 7 d’entre eux ont atteint le seuil de 30% de femmes au Parlement, a remarqué Mme Bineta Diop, Envoyée spéciale de l’Union africaine sur la question.  Elle a aussi déploré la violence à l’égard des femmes qui se poursuit, « y compris l’utilisation de femmes et de filles comme kamikazes » au Sahel et dans le bassin du lac Tchad.

Mme Lina Ekomo, Coordonnatrice du groupe des femmes pour la paix en Centrafrique et membre du Réseau FemWise-Africa, a dénoncé l’absence des femmes « exclues depuis le début de l’initiative pour la paix en Centrafrique » et privées d’accès aux pourparlers entre le Gouvernement et les groupes armés, bien qu’une femme issue de la société civile siège à la présidence.  Aujourd’hui, les femmes et les autres victimes des groupes armés voient, sans comprendre, leurs bourreaux accéder aux sphères dirigeantes sans que la justice ne soit rendue, a-t-elle ajouté.

Une étudiante soudanaise de 22 ans, Alaa Salah, a également témoigné pour les femmes, exclues, sauf une, du processus politique au Soudan après avoir été en première ligne des manifestations contre le régime: « après tout ce que nous avons risqué pour mettre un terme à la dictature, l’inégalité sera inacceptable pour les femmes du pays », a-t-elle prévenu, disant « espérer qu’elle le sera aussi pour les membres du Conseil ».

« Il y a des femmes préparées et disponibles, y compris pour être négociatrices », qui méritent d’être identifiées, a rappelé la Pologne.  Mais la grande difficulté c’est de faire comprendre que leur participation est une valeur ajoutée aux processus de paix, a-t-elle constaté, en appelant les politiques à changer d’état d’esprit.  Toujours en amont, une meilleure implication des femmes nécessite des services d’éducation, de santé et d’autonomisation, a fait remarquer la Côte d’Ivoire.

S’interrogeant sur les raisons d’une « telle fracture dans la mise en œuvre » des résolutions, le Royaume-Uni a suggéré d’instaurer « des quotas » pour tenir l’ONU comptable de ses efforts d’égalité au sein des opérations de paix.  Pour la Ministre allemande, l’une des six femmes ministres présentes à ce débat, il ne saurait y avoir de paix durable « sans la participation de la moitié de l’humanité aux processus de paix ».

Intégrer une perspective de genre dans toutes les composantes des missions de paix « doit être la priorité » de l’ONU et des États Membres, dont les pays pourvoyeurs d’effectifs militaires et policiers, a réclamé le Canada.  Le pays a aussi appelé au renforcement de la justice en cas de violence sexuelle et de violence fondée sur le sexe.  La Ministre norvégienne a salué l’initiative visant à mettre en place un fonds de soutien aux survivantes de violences sexuelles, de même que le représentant de la France qui a jugé inadmissible d’utiliser ces violences comme arme de guerre ou de dissuasion politique pour empêcher les femmes de prendre leur destin et celui de leur pays en main.  Plus largement, l’Union européenne s’est inquiétée, avec d’autres, des violences redoublées à l’encontre des femmes militantes des droits humains ou des « actrices de la paix » qui jouent des rôles importants dans la prévention des conflits et l’instauration de la paix.

Suivant le rapport du Secrétaire général, la Ministre sud-africaine des affaires étrangères, qui présidait la séance, a demandé de mieux protéger les droits de femmes, notamment ceux relatifs à leur santé sexuelle et reproductive.  Pour la Ministre suédoise, c’est aux États Membres autant qu’à l’ONU de prendre des mesures concrètes en 2020 pour faire échec aux attaques contre ces droits.  De leur côté, les États-Unis ont regretté que le texte adopté aujourd’hui se réfère à des documents précédents mentionnant la santé sexuelle et reproductive, et notamment le recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), qu’ils « ne peuvent accepter ».

La Russie et la Chine, qui ont soutenu la résolution, ont cependant alerté contre toute atteinte à la souveraineté des États en la matière, le représentant russe s’inquiétant aussi de possibles « doublons » quand le Conseil de sécurité tend, selon lui, à s’emparer de questions « fort bien traitées par l’Assemblée générale et le Conseil des droits de l’homme ».

Faute d’avoir épuisé la longue liste des orateurs, la séance reprendra le mois prochain pour achever le débat.

LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SÉCURITÉ

Sur la voie de la mise en œuvre des mesures concernant les femmes et la paix et la sécurité: passer des engagements aux réalisations concrètes pour préparer la commémoration du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité - S/2019/800, S/2019/801

Texte du projet de résolution (S/2019/841)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant qu’il tient à ce que ses résolutions 1325 (2000), 1820 = (2008), 1888 (2009), 1889 (2009), 1960 (2010), 2106 (2013), 2122 (2013), 2242 (2015) et 2467 (2019) sur les femmes et la paix et la sécurité et les déclarations de son président continuent d’être appliquées et le soient intégralement, dans toute leur complémentarité,

Ayant à l’esprit les buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies et le fait que la Charte lui confère la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Réaffirmant à cet égard qu’il importe d’instaurer une paix et une sécurité durables grâce au dialogue, à la médiation, à des consultations et à des négociations politiques visant à aplanir les divergences et à mettre fin aux conflits,

Conscient des progrès réalisés et du fait qu’il est possible et nécessaire de mieux concrétiser les priorités concernant la question des femmes et de la paix et de la sécurité, et restant profondément préoccupé par les obstacles persistants à la pleine mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et la fréquente sous-représentation des femmes au sein de nombreux processus et organes formels liés au maintien de la paix et de la sécurité internationales, par le nombre relativement faible de femmes occupant des postes de rang élevé dans les institutions nationales, régionales et internationales dont les activités relèvent du domaine politique ou ont trait à la paix et à la sécurité, par l’absence d’une action humanitaire qui tienne adéquatement compte de la problématique femmes-hommes et par les faibles niveaux du financement accordé à l’action en faveur des femmes et de la paix et de la sécurité et par les lourdes conséquences qui en résultent pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales,

Considérant qu’une bonne compréhension des effets des conflits armés sur les femmes et les filles et que l’existence de dispositifs institutionnels efficaces qui garantissent la protection et la pleine participation de celles-ci aux processus de paix peuvent faciliter considérablement le maintien et la promotion de la paix et de la sécurité internationales,

Rappelant les engagements souscrits dans la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, réaffirmant les obligations des États parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et au Protocole facultatif qui s’y rapporte, exhortant les États qui ne l’ont pas encore fait à envisager de ratifier ces instruments ou d’y adhérer et prenant note de la Recommandation générale no 30 du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes sur les femmes dans la prévention des conflits, les conflits et les situations d’après conflit,

Réaffirmant que les États Membres ont un rôle essentiel à jouer en appliquant pleinement ses résolutions sur les femmes et la paix et la sécurité et que les entités des Nations Unies et les organisations régionales jouent un rôle complémentaire important à cet égard, considérant qu’il incombe au premier chef aux États de respecter et de faire respecter les droits fondamentaux de toutes les

personnes présentes sur leur territoire et relevant de leur juridiction, conformément aux dispositions du droit international, et réaffirmant que c’est aux parties aux conflits armés que revient la responsabilité première d’assurer la protection des civils,

Conscient de l’importance du rôle et de la contribution la société civile, notamment des organisations de femmes, dans la pleine mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité,

Prenant note du rapport du Secrétaire général en date du 9 octobre 2019 et des recommandations opérationnelles qui y sont présentées à l’intention des entités des Nations Unies et des États Membres dans la perspective du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) et rappelant le rapport du Secrétaire général en date du 17 septembre 2015 (S/2015/716), où étaient présentés les conclusions et les recommandations de l’étude mondiale sur l’application de la résolution 1325 (2000),

Saluant les efforts déployés par les États Membres et les organisations régionales et sous-régionales pour appliquer la résolution 1325 (2000) et les résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité aux niveaux régional, national et local, notamment pour élaborer des plans d’action et d’autres cadres de planification de la mise en œuvre, en les dotant de ressources suffisantes, et engageant les États Membres à poursuivre cette mise en œuvre en intensifiant le suivi, l’évaluation et la coordination,

Reconnaissant que 2020 marquera plusieurs anniversaires importants, qui représentent des occasions à saisir, notamment le vingtième anniversaire de l’adoption de la résolution 1325 (2000), le soixante-quinzième anniversaire de l’Organisation des Nations Unies et le vingt-cinquième anniversaire de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, et demandant à tous les États Membres de s’engager à promouvoir la pleine participation des femmes et des filles aux processus de paix et à tirer parti de ces anniversaires pour intensifier l’action nationale et la coopération internationale,

1.    Invite instamment les États Membres à appliquer pleinement les dispositions de toutes ses résolutions sur les priorités concernant la question des femmes et de la paix et de la sécurité et à intensifier leur action à cet égard;

2.    Exhorte les États Membres à s’engager à appliquer le programme pour les femmes et la paix et la sécurité et les priorités qui y sont fixées en assurant et en facilitant la participation pleine et véritable des femmes, sur un pied d’égalité, à toutes les étapes des processus de paix, notamment en prenant systématiquement en considération la problématique femmes-hommes, et à continuer de s’employer à augmenter le nombre de femmes dans le personnel civil et en tenue dans les missions de maintien de la paix à tous les niveaux et aux postes de direction;

3.    Demande instamment aux États Membres qui soutiennent des processus de paix de favoriser l’inclusion et la participation pleines et véritables des femmes aux pourparlers de paix dès le début et sur un pied d’égalité avec les hommes, aussi bien au sein des délégations des parties aux négociations que dans les mécanismes mis sur pied aux fins de l’application et du suivi des accords, encourage les États Membres à soutenir les mesures qui sont prises, y compris en

apportant aux femmes un appui en temps opportun pour renforcer leur participation et leurs capacités dans le cadre des processus de paix, afin de remédier à leur sous-représentation et de les faire participer davantage aux activités en faveur de la paix et de la sécurité;

4.    Note le mandat de la Commission de consolidation de la paix au titre de la résolution 1645 (2005) et la stratégie en matière de genre de la Commission et demande qu’ils soient intégralement appliqués afin de continuer de promouvoir la participation des femmes aux activités de consolidation de la paix et à la prévention des conflits et invite la Commission à continuer d’appuyer la participation des organisations de consolidation de la paix dirigées par des femmes aux activités de planification et de stabilisation menées dans le cadre de la reconstruction et du relèvement après les conflits;

5.    Demande aux États Membres de promouvoir tous les droits des femmes, notamment les droits politiques et économiques, les exhorte à accroître leur financement des activités relatives à la question des femmes et de la paix et de la sécurité, notamment en renforçant l’aide apportée dans les situations de conflit et d’après-conflit aux programmes en faveur de l’égalité des sexes et de l’avancement et de la sécurité économiques des femmes, ainsi qu’en appuyant la société civile et en soutenant les pays en situation de conflit armé et d’après-conflit, notamment en matière d’accès à l’éducation, de formation et de renforcement des capacités, dans le cadre de l’application des résolutions relatives aux femmes et à la paix et à la sécurité, demande que la coopération internationale au développement soit renforcée dans le domaine de l’avancement des femmes et de l’égalité des sexes et invite les prestataires d’aide à continuer de suivre la place accordée aux questions de genre dans leurs contributions et à donner des renseignements et des données d’évaluation sur les progrès accomplis en la matière;

6.    Engage vivement les États Membres à mettre en place des conditions sûres qui permettront à la société civile – notamment aux femmes qui à, titre formel ou informel, exercent des responsabilités au sein des communautés, aux actrices de la consolidation de la paix, aux acteurs politiques et aux acteurs qui protègent et promeuvent les droits de l’homme – de mener leurs activités de manière indépendante et à l’abri de toute ingérence indue, y compris dans les situations de conflit armé, et de prendre des mesures face à toute menace, violence ou discours de haine à leur encontre;

7.    Prend note des travaux menés par le Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité, comme indiqué dans la résolution 2242 (2015), pour faciliter la mise en place d’une approche plus systématique de la question des femmes et de la paix et de la sécurité dans le cadre de ses propres travaux et pour permettre de mieux contrôler et coordonner les activités de mise en œuvre, et souligne le rôle important joué par ONU-Femmes à cet égard;

8.    Engage les organisations régionales à envisager d’organiser des réunions en amont de la célébration du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) et à y convier des représentants des États, des parties prenantes et des acteurs de la société civile afin d’examiner la suite donnée au programme pour

les femmes et la paix et la sécurité dans leur région, les encourage à recenser des mesures pratiques et mesurables en vue de mettre en œuvre le programme dans son intégralité, et les invite à lui faire part des progrès accomplis durant le débat public annuel sur les femmes et la paix et la sécurité;

9.    Prie le Secrétaire général de pleinement mettre en œuvre les activités relatives aux femmes et à la paix et à la sécurité, et demande à tous les chefs des entités des Nations Unies d’aider le Secrétaire général par tous les moyens possibles à:

a)    élaborer des approches en faveur de la participation des femmes aux pourparlers de paix soutenus par l’Organisation des Nations Unies qui soient adaptées au contexte, notamment à la situation particulière de chaque pays, afin de contribuer à ce que les femmes participent pleinement, réellement et sur un pied d’égalité aux activités relatives à la paix et à la sécurité, de sorte que celles-ci soient plus inclusives;

b)    continuer de tirer parti des consultations annuelles entre l’Organisation des Nations Unies et les organisations régionales pour promouvoir la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, compte étant tenu du contexte dans lequel elles opèrent en encourageant la coopération et la mise en commun des meilleures pratiques liées à la mise en œuvre des activités concernant la question des femmes et de la paix et de la sécurité;

c)    continuer d’intégrer systématiquement les questions de genre dans l’action du Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies et des organismes des Nations Unies, notamment grâce à la stratégie en faveur de la parité des sexes applicable à l’ensemble du système des Nations Unies;

10.   Prie le Secrétaire général de faire figurer les éléments suivants dans son prochain rapport annuel sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et les résolutions connexes:

a)    des informations sur les progrès accomplis et les difficultés à surmonter dans la mise en œuvre du programme pour les femmes et la paix et la sécurité, ainsi que des recommandations concernant les problèmes nouveaux et émergents;

b)    des renseignements sur la mise en œuvre des dispositions relatives à la nomination de conseillers pour les questions de genre et/ou de conseillers pour la protection des femmes, visant à faciliter la participation et la protection pleines et effectives des femmes dans les domaines suivants: préparation des élections et processus politiques, programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration, réformes du secteur de la sécurité et du système judiciaire, et processus plus généraux de reconstruction après les conflits, lorsque ces tâches relèvent de la mission de l’Organisation des Nations Unies;

c)    une évaluation des progrès accomplis et des engagements pris en ce qui concerne les compétences spécialisées sur les questions de genre au sein des groupes d’experts et des équipes de suivi du Comité des sanctions et le respect de ces engagements, comme indiqué dans les résolutions précédentes;

11.   Décide de rester activement saisi de la question.

Explications de vote

Les États-Unis ont indiqué qu’ils s’étaient ralliés à la résolution, en regrettant qu’elle fasse mention de documents précédents qui incluent des références à la santé sexuelle et reproductive, car ils ne peuvent accepter aucune mention de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) ou d’un droit à l’IVG; cette résolution permet de souligner les grands risques auxquels se heurtent les femmes mais elle est en deçà du soutien nécessaire aux femmes qui risquent leur vie tous les jours pour soutenir la paix.  Elle inclut des éléments pour l’intégration des femmes à toutes les étapes du processus de paix, mais ne souligne pas assez la stratégie visant à intégrer les femmes dans les effectifs militaires et policiers, a-t-elle noté, en appelant les pays fournisseurs de contingent à garder une place aux femmes.

Le Royaume-Uni a voté en faveur de la résolution et remercie l’Afrique du Sud de ses efforts de consensus, car la mise en œuvre c’est la priorité principale pour la résolution les femmes et la paix et la sécurité: le Royaume-Uni souscrit à l’idée de la « mise en œuvre complète », il insiste, de la résolution 1325 (2000).  Il a regretté l’absence de progrès suffisante pour augmenter la participation des femmes aux processus de consolidation de la paix ou pour contrer les violences contre les femmes.  Pour le Royaume-Uni, les services de santé sexuelle et reproductive doivent être inclus, car ils sont essentiels pour que les femmes puissent jouer un rôle sur un pied d’égalité.  La représentante a regretté enfin un manque d’ambition et aurait voulu une formulation explicite des femmes défendant les droits de la personne dont le travail est essentiel –de même l’absence d’une plus grande reconnaissance du rôle de la société civile, surtout des femmes, chargées de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) est regrettable car les femmes sur le terrain ont besoin du soutien du Conseil de sécurité.

Pour la Belgique, ce vote reflète l’engagement total du Conseil de sécurité mais elle regrette qu’il ne soit pas à même d’appeler les pays à adopter des mesures de protection de la société civile.  Il est évident que la mise en œuvre complète des résolutions sur les femmes et la paix et la sécurité signifie « toutes les résolutions du Conseil » relevant de cet ordre du jour, y compris celles sur la santé sexuelle et reproductive.

L’Allemagne a rappelé que c’est la deuxième fois que le Conseil adopte une résolution sur les femmes et la paix et la sécurité mais le chemin reste long: ce texte rappelle que c’est de la responsabilité des États Membres de garantir la pleine mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et de toutes les résolutions ultérieures, ce qui inclut l’appui aux ONG locales, internationales, la société civile, les défenseurs des droits de la personne, car tous jouent un rôle essentiel.  Elle s’est dite préoccupée par les attaques contre les militantes de la société civile et s’est inquiétée des efforts de certains États qui reculent sur les droits des femmes.

La France a salué le fait que la résolution appelle à la mise en œuvre de « toutes » les résolutions concernant cet agenda mais aurait souhaité que le rôle des femmes dans la société civile soit pleinement reconnu.  Elle a regretté que le Conseil continue de passer sous silence la question cruciale de la santé sexuelle et reproductive sans lesquelles l’indépendance des femmes reste un vœu pieu.

Déclarations

Pour M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, la liste chaque année plus longue des orateurs inscrits pour le débat sur les femmes la paix et la sécurité pourrait laisser penser que les choses s’améliorent.  Mais la réalité est différente, a-t-il estimé, et les engagements exprimés ici se traduisent rarement par des actions concrètes dans le monde.  « Les choses ne vont pas assez loin ni assez vite », a-t-il insisté.  « Le changement arrive à un rythme trop lent pour les femmes et les filles dont la vie en dépend, et l’efficacité des efforts que nous déployons pour maintenir la paix et la sécurité internationales est insuffisante », a analysé le Chef de l’Organisation.  Près de deux décennies après l’adoption de la résolution 1325 (2000), les femmes sont toujours confrontées à l’exclusion de nombreux processus politiques et de paix.  Les accords de paix sont toujours adoptés sans dispositions tenant compte des besoins et des priorités des femmes et des filles, a argué M. Guterres.  « Malheureusement, à peine 0,2% de l’aide bilatérale est accordée aux organisations de femmes fragiles et touchées par un conflit, ce qui est décevant », a-t-il déploré.  Parallèlement, le nombre d’attaques contre des femmes défenseuses des droits humains et des personnels humanitaires continue de croître et la violence sexuelle et sexiste est utilisée comme arme de guerre, faisant des victimes souvent laissées « sans justice ni soutien ».

Rien que cette année, des millions de femmes et de filles avaient besoin de services vitaux de santé sexuelle et procréative, a fait observer le haut fonctionnaire.  Il existe également, a-t-il dit, un nombre croissant de groupes armés pour lesquels l’inégalité entre les sexes est un objectif stratégique et la misogynie fait partie de leur idéologie fondamentale.  « Et, bien sûr, nous savons que les femmes et les filles continuent de payer les conséquences des conflits en général.  Pour ne citer qu’un exemple, dans le nord-est de la Syrie, nous avons vu des milliers de femmes et d’enfants fuir les dernières violences. »

« Mais malgré cette sombre litanie, nous ne renoncerons pas.  Ceci est pour moi une priorité absolue », a assuré le Secrétaire général.  Au nombre des progrès accomplis, il a cité le fait qu’au Yémen, où les femmes étaient absentes des consultations officielles, son Envoyé spécial a créé un groupe consultatif technique de femmes du Yémen pour veiller à ce que leurs points de vue soient pris en compte.  « En Guinée-Bissau, les femmes ont contribué directement à la sortie de l’impasse politique l’année dernière, avec l’appui du Fonds pour la consolidation de la paix », s’est encore félicité M. Guterres.  Elles ont mené une mobilisation sans précédent en faveur de lois sur la parité exigeant un minimum de 36% de femmes sur les bulletins de vote, et ont été la clef du succès des élections de cette année, a-t-il précisé.

En Syrie, environ 30% des membres du nouveau Comité constitutionnel sont des femmes, y compris des membres du Conseil consultatif des femmes qui œuvre depuis des années pour la paix.  Au sein même de l’ONU, le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix et le Département des opérations de maintien de la paix mettent en œuvre une politique nouvelle et renforcée sur les femmes, la paix et la sécurité, a assuré le chef de l’Organisation.  Dans nos opérations de maintien de la paix, nous nous employons à mettre fin à l’exploitation et aux atteintes sexuelles et à accroître la participation des femmes.  « Les incidents d’exploitation et d’atteintes sexuelles ont été réduits de moitié et nous sommes enfin en train de passer à la vitesse supérieure en ce qui concerne le pourcentage de femmes dans les composantes militaire et policière de nos opérations », s’est enorgueilli le faut fonctionnaire.  Il a rappelé qu’il avait nommé beaucoup plus de femmes à la tête et aux chefs adjoints de mission et nous poursuivons des mesures d’urgence pour parvenir à un équilibre entre les sexes.  Le Secrétaire général a également demandé aux opérations de maintien de la paix et aux missions politiques spéciales d’améliorer leur surveillance et leurs rapports sur les menaces et la violence contre des militantes, y compris des femmes défenseuses des droits de l’homme, et que ces signalements soient pris en compte dans les signes avant-coureurs d’une escalade du conflit ou de l’instabilité.  « Car en l’absence d’analyse sexospécifique, nous travaillons avec des informations partielles et serons incapables d’anticiper et de réagir efficacement à l’alerte précoce », a-t-il ajouté en conclusion.

Mme PHUMZILE MLAMBO-NGCUKA, Directrice exécutive de l’Entité des Nations Unies pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, ONU-Femmes, a déclaré que sur la question des femmes et la paix et la sécurité, « les progrès sont trop lents, la volonté politique pas assez forte », sans compter que les reculs sur les besoins des femmes menacent les progrès réalisés.  Selon elle, les changements ne sont pas à la hauteur des besoins.  « Il y a un fossé entre les mots et les actes, et ce fossé doit être comblé », dans le contexte où des liens sont clairement établis entre l’inégalité de genre et la propension des sociétés aux conflits, et entre la participation des femmes et la paix durable.  En dépit de cette réalité, on assiste, a-t-elle déploré, à une tendance d’exclusion des femmes dans les institutions et les processus de paix.  Pire encore, la violence misogyne est en augmentation, tandis que la violence politique cible les femmes et que la violence sexuelle continue d’être utilisée comme une arme de guerre et de terreur.

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a ensuite souligné que si 50% des recommandations des Nations Unies portant sur le genre ont été mises en œuvre ou sont en voie de l’être, 10% restent sans effets ou ont même subi des reculs.  Cela est le cas en ce qui concerne l’intégration des femmes dans les processus de paix.  Ainsi entre 1990 et 2018, seuls 20% des accords de paix incluaient des dispositions relatives au genre.  Et l’an dernier, aucun des accords de paix signés sous l’égide des Nations Unies ne contenait des dispositions relatives aux femmes.  Or, ces processus sont soutenus par les États Membres, a-t-elle observé, assurant qu’il est possible de faire plus.  Pour cela, les États doivent demander une participation directe et significative des femmes dans les processus de paix, à toutes les phases, a-t-elle insisté.

S’adressant directement aux États Membres, Mme Mlambo-Ngcuka a également déclaré que la réalisation des droits économiques de femmes est une des clefs de la paix durable.  De fait, la marginalisation des femmes dans les processus de prise de décisions portant sur les politiques économiques, l’aide internationale, la reconstruction ou la revitalisation est « une part du problème que vous pouvez régler », leur a-t-elle dit, en soulignant que, dans le contexte où dans les pays affectés par un conflit, seules 4 femmes sur 10 ont un travail rémunéré, contre 7 hommes sur 10.  De plus, seuls 0,2% de l’aide bilatérale allouée aux pays fragilisés par les conflits va directement aux organisations de femmes.

Cela dit, Mme Mlambo-Ngcuka a aussi annoncé quelques bonnes nouvelles qui sont prometteuses.  Une évaluation indépendante a mis en lumière des avancées, notamment en ce qui concerne l’inclusion des considérations de genre dans la prévention de l’extrémisme violent.  Une étude menée en Indonésie, aux Philippines, au Bangladesh et en Libye a montré que les attitudes hostiles à l’égard des femmes sont le facteur le plus associé à l’extrémisme violent, et ce, loin devant l’âge, la religion, les niveaux d’éducation ou d’emploi.  Il apparaît aussi que le nombre de pays ayant adopté des plans nationaux d’action sur les femmes, la paix et la sécurité a augmenté de 50% depuis 2015.  Cependant, le nombre de ce pays ne représente que la moitié des États du monde.  De plus seuls 22% de ces plans sont financés, a dit la Directrice exécutive d’ONU-Femmes en soulignant, de fait, la nécessité de faire encore plus.

Mme BINETA DIOP, Envoyée spéciale de l’Union africaine sur les femmes, la paix et la sécurité, a rappelé que le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) avait tenu sa session annuelle sur les femmes et la paix et la sécurité il y a tout juste 12 jours.  Selon elle, l’institutionnalisation de cette réunion est une indication claire de l’intérêt que porte le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine au sujet.  Cet organe avait d’ailleurs adopté, en mai 2018, un cadre continental de résultats sur le sujet, afin d’accompagner les États africains dans la mise en œuvre, et pour que le rapport sur la question devienne partie intégrante de la discussion globale y relative.

Mme Diop a indiqué avoir ainsi présenté le premier rapport annuel sur la question, il y a 12 jours.  On peut retenir du document que 25 pays africains ont désormais un plan national de mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), et que l’Afrique représente 30% des plans nationaux mondiaux.  Malheureusement, sur ces 25 pays africains, seulement 7 ont atteint le seuil de 30% de femmes membres du parlement, et juste 2 ont un gouvernement dans lequel la parité des genres est atteinte.  De même, le rapport laisse voir que la violence à l’encontre des femmes se poursuit, y compris l’utilisation de femmes et de filles comme kamikazes comme cela s’est vu dans le Sahel et le bassin du lac Tchad.  Le rapport conclut en invitant les pays africains à identifier les lacunes, à faire fond sur les meilleures pratiques et à renforcer les actions, notamment dans l’optique du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000), de l’initiative de l’Union africaine « Faire taire les armes d’ici à 2020 », et de l’examen après 25 ans de la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing (Beijing +25).

En outre, l’UA a établi un réseau de médiatrices, les « FemWise-Africa » pour la prévention des conflits et la médiation, y compris au niveau communautaire.  De même, le réseau des femmes d’influence en Afrique, mis en place avec le soutien de l’Allemagne, entend jouer un rôle de premier plan dans la transformation du continent, notamment dans le cadre de la mise en œuvre de l’Agenda 2063.  Pour le vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000), l’UA ambitionne d’avoir au moins la moitié de ses membres ayant adopté un plan d’action national, a espéré Mme Diop.

Mme LINA EKOMO, Coordonnatrice du groupe des femmes pour la paix en Centrafrique, membre de FemWise-Africa et du Réseau des Femmes d’influence en Afrique (AWLN), a évoqué l’engagement d’une femme de la société civile, Catherine Samba-Panza, qui a accepté d’assumer des responsabilités politiques au sommet de l’État de la République centrafricaine à un moment de crise profonde.  Une femme qui a su créer un cadre favorable au dialogue avec l’ensemble des forces vives de la nation, s’est-elle félicitée.

La présence d’une femme au sommet de l’État a permis d’accorder une plus grande place aux femmes à tous les niveaux de la gouvernance en République centrafricaine, a souligné Mme Ekomo, en expliquant que les institutions nationales impliquées dans la paix et la réconciliation comme l’Autorité nationale des élections et la Cour constitutionnelle de transition étaient dirigées par des femmes.  Au niveau local, les femmes ont été actives dans la mobilisation sociale en faveur de la paix, de la cohésion sociale et des élections apaisées, a-t-elle ajouté.

Cependant, Mme Ekomo a pointé une dynamique à rude épreuve depuis le changement démocratique.  « Les femmes ont été exclues depuis le début de l’initiative pour la paix en Centrafrique », malgré les nombreux plaidoyers d’organisations féminines auprès des autorités nationales.  Les invitées à la finalisation des pourparlers entre le Gouvernement et les groupes armés n’ont pas eu accès à la table de négociation, a-t-elle dénoncé.  Elle a ajouté que les femmes et les autres victimes des groupes armés ne comprenaient pas que leurs bourreaux soient promus officiellement dans la classe dirigeante du pays sans que la justice ne soit prononcée au préalable sur leur éligibilité.

L’organisation des élections apaisées en 2020-2021, enjeu important pour une paix durable dans le pays, ne peut être abordée sans la question des femmes, a poursuivi Mme Ekomo, avant de signaler que la société civile a commencé à les préparer à voter et à se porter candidates.  Mais le plus grand nombre d’entre elles se trouvent dans l’arrière-pays, notamment dans des bastions de groupes armés, difficiles d’accès, compliquant ainsi la mobilisation sociale.

Concernant la mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en Centrafrique, Mme Ekomo a regretté que « la participation des femmes se limite encore à la vulgarisation des textes de l’Accord ».  Elle a appelé à définir une stratégie permettant au leadership féminin de jouer un rôle pour calmer les esprits, favoriser la cessation des hostilités et initier le dialogue entre les partis en conflits.

Mme ALAA SALAH, étudiante soudanaise de 22 ans représentante des ONG de la société civile, a expliqué qu’elle s’était jointe aux manifestations de rue pour mettre un terme à la dictature, comme nombre de femmes soudanaises qui ont lutté pour la paix depuis des décennies.  Des femmes qui ont joué un rôle important dans l’histoire du pays, avec un grand courage, a-t-elle commenté.  Les femmes ont été souvent plus nombreuses aux premiers rangs de la contestation, alors qu’elles ont connu le harcèlement sexuel, ont été violées et parfois réprimées par leur propre famille pour avoir participé aux manifestations, mais elles ont aidé à forger la feuille de route de la transition.  Malgré ce rôle très visible, les femmes ont été mises de côté dans le processus politique officiel et les négociations: seulement une femme a participé aux pourparlers politiques et encore, après un plaidoyer vigoureux des ONG de femmes.  Mme Salah s’est ainsi dite sceptique que le quota de 40% puisse être atteint dans le comité constitutionnel comme promis.

Les femmes continuent d’être soumises à la violence sexuelle et au contrôle de leurs corps, a-t-elle poursuivi.  Alors qu’elles sont à l’avant-garde pour protéger les femmes dans les zones de conflit, elles sont négligées ou empêchées de travailler.  Il n’y a pas d’excuse pour que nous n’ayons pas un siège à chaque table de négociation, a lancé Mme Salah, en prévenant que, sans représentation véritable au Parlement, les droits des femmes ne seront pas garantis et les lois qui les entravent seront maintenues au Soudan.  Après tout ce que nous avons risqué pour mettre un terme à la dictature, l’inégalité sera inacceptable pour les femmes du pays, a-t-elle insisté, en disant espérer qu’elle le sera aussi pour les membres du Conseil.

La jeune soudanaise a rappelé que le Soudan est un des pays les plus militarisés du monde, cette disponibilité des armes étant un facteur qui accroît l’insécurité pour les femmes et les filles.  Elle a regretté que la reddition de comptes et l’accès à la justice aient été absents du Soudan et que les femmes restent soumises à de nombreuses violations de leurs droits et victimes de crimes sexuels.  En somme, « la violence contre les femmes n’a pas cessé avec la fin du règne d’el-Béshir ».  « Cela suffit! » a martelé Mme Salah, en estimant qu’il est temps d’obtenir justice pour les crimes commis avant, pendant et depuis la révolution.  C’est le moins qu’on puisse faire, a-t-elle estimé.

La jeune femme a exhorté le Conseil et la communauté internationale à exercer une pression sur le Gouvernement de transition pour soutenir l’accès aux postes de responsabilité pour les femmes et garantir 50% au moins de femmes dans les processus de paix et à tous les niveaux de l’administration et du Gouvernement.  Elle leur a demandé de suivre de près la situation au Darfour et de cesser la réduction de la mission de maintien de paix tant que les conditions favorables aux retours volontaires ne seront pas réunies.  Mme Salah a également appelé à soutenir la reddition de la justice: le Gouvernement de transition doit pleinement soutenir la mission d’établissement des faits sur les violences pour que les auteurs soient poursuivis.  En ce qui concerne Omar el-Béshir, il doit être transféré immédiatement à la Cour pénale internationale (CPI), a-t-elle exigé, avant d’appeler à « cesser d’attiser le conflit » et d’implorer les pays de cesser d’exporter des armes au Soudan.  Ces armes peuvent être utilisées en violation du droit international et de la personne, a-t-elle rappelé.  Elle a conclu avec un slogan de la révolution: « liberté, paix, justice » et a été chaudement applaudie, y compris par certains membres du Conseil.

Mme NALEDI PANDOR, Ministre des relations internationales et de la coopération d’Afrique du Sud, a invité les délégations à se souvenir des recommandations faites dans le rapport mondial de 2015 sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).  Il a estimé que certaines de ces recommandations restent pertinentes, suggérant que les femmes puissent pleinement participer aux processus de paix, à tous les niveaux.  De même, le Ministre a proposé une hausse du nombre de femmes dans les composantes civile et militaire des opérations de paix, ainsi que des investissements en faveur des femmes qui contribuent à renforcer la paix, notamment dans le cadre des processus de médiation et de négociations.  Il a également demandé la protection des droits de femmes, y compris ceux relatifs à leur santé sexuelle et reproductive, de même que le renforcement de la responsabilisation dans le contexte des crimes haineux tels que la violence sexuelle.

Le Ministre a assuré que l’Afrique du Sud est engagée dans la formation des femmes dans ces divers domaines.  Dans le cadre des opérations de paix, le pays compte 30% de femmes dans son armée, et cela lui a permis de pouvoir en déployer davantage dans les opérations de paix de l’ONU.  À titre d’exemple, le contingent sud-africain de la brigade d’intervention de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) comprend 14,5% de femmes, et l’officier qui le dirige est une femme, s’est enorgueilli le Ministre, qui a plaidé, en conclusion, pour un nombre plus élevé de femmes déployées dans les opérations de paix, et ce, dans toutes les composantes.

« Les droits de la femme sont des droits de l’homme et les droits de l’homme sont des droits de la femme », a déclaré Mme MICHELLE MÜNTEFERING (Allemagne).  Fidèle à cette logique, la représentante a souligné que son pays, durant la présidence allemande du Conseil de sécurité en avril dernier, avait invité un nombre record de représentantes de la société civile, soit 11 au total, à s’exprimer devant le Conseil, dans le cadre de séances d’information sur des sujets divers.  « Cela s’est avéré, à notre avis, à la fois utile et une véritable source d’inspiration », s’est-elle enorgueillie.

Selon la représentante, l’adoption de la résolution 1325 (2000), il y a 19 ans, a non seulement consacré le rôle joué par les femmes dans la mise en place de sociétés pacifiques, mais également les effets bénéfiques de leur implication dans les processus de paix.

Force est cependant de constater qu’aujourd’hui, la participation des femmes aux processus de paix demeure limitée, a regretté la représentante, comme en témoigne, selon elle, le faible nombre de négociatrices et médiatrices déployées sur le terrain.  Les femmes et les enfants demeurent également les principales victimes des violences sexuelles et de genre, a-t-elle poursuivi, déplorant leur manque d’accès à des soins de santé et psycho-sociaux.

Dans ce contexte, la représentante a appelé le Conseil et tous les États Membres à mettre en œuvre pleinement les principes de la résolution 1325 (2000), « qui a été réaffirmée par ce Conseil à 10 reprises depuis l’an 2000 ».

Au nom des 61 États membres du Réseau des femmes d’influence en Afrique (AWLN), coprésidé par l’Allemagne et le Ghana, la représentante a ensuite appelé à renforcer les capacités de participation des femmes aux processus de paix, à promouvoir le dialogue entre femmes dirigeantes jeunes et expérimentées et à adopter une approche ascendante en matière de participation des femmes, en partant du niveau local vers l’échelon national.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a déclaré qu’à un an du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000), il faut se demander pourquoi avec un tel texte, il existe encore un tel fossé entre hommes et femmes.  Il faut se demander comment mettre en œuvre au mieux cette résolution, en mettant en place des processus pertinents.  En ce qui le concerne, le Royaume-Uni « fait ce qu’il dit », a assuré sa représentante, indiquant que Londres a, cette année, financé des programmes relatifs aux femmes, à la paix et à la sécurité dans neuf pays, notamment au Yémen, au Soudan du Sud et en Afghanistan.  Ceci dit, la délégation a estimé que l’ONU peut aider à accélérer la mise en œuvre de ladite résolution, notamment en fixant des niveaux d’engagement et en rendant les envoyés spéciaux des Nations Unies responsables de sa mise en œuvre.  Il faudrait également appuyer les efforts des opérations de maintien de la paix, pour qu’elles tiennent compte de la participation des femmes dans les processus politiques et de paix, a conclu Mme Pierce.

M. ZHANG JUN (Chine) a salué la résolution 2492 adoptée par le Conseil, ce matin, à la veille de l’anniversaire de la résolution 1325 (2000) qui coïncidera, l’an prochain, avec le soixante-quinzième anniversaire des Nations Unies et le vingtième de la Déclaration de Beijing, ce qui impose à la communauté internationale de faire front pour leur mise en œuvre.  Le représentant a promis de travailler avec toutes les parties pour faire davantage et insister encore plus sur le rôle des femmes dans le maintien de la paix et sur le terrain.  Il faut impérativement aider les femmes à sortir de la pauvreté et à accéder à une éducation de qualité comme prérequis à leur rôle dans les processus de paix, a-t-il recommandé.  Le représentant a aussi suggéré de réserver des fonds spéciaux au renforcement des capacités de programmes bénéficiant aux femmes.

Mais tout ceci doit se faire en respectant pleinement la souveraineté des pays qui assumeront la responsabilité première de la mise en œuvre, a-t-il nuancé, en souhaitant de même que les ONG respectent la législation des pays hôtes.  La Chine est réservée sur le paragraphe 6 de la résolution qui vient d’être adoptée, a précisé le délégué.  Enfin, a-t-il remarqué, le Groupe de travail spécial sur les femmes n’est pas un organe officiel du Conseil et, par conséquent, il doit respecter les travaux et les positions des membres du Conseil.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a estimé que, alors que le Conseil de sécurité a produit des textes et formulé des feuilles de route, c’est la mise en œuvre sur le terrain qui est le plus important.  Il a relevé que les accords officiels avec les gouvernements des pays touchés par la violence sexuelle, en période de conflit, ont conduit à des vrais changements pour les femmes ayant souvent vécu des choses terribles.  Il a noté que dans le cadre des conflits, les aspirations des femmes sont souvent oubliées ou tout simplement ignorées.  « De ce fait, parvenir à la participation significative des femmes aux négociations de paix et à la reconstruction post conflit, demeure l’un des plus grands défis », a noté le représentant.

Celui-ci a rappelé qu’il y a trois semaines, la Belgique avait eu l’honneur d’initier une déclaration conjointe au sein de la Troisième Commission, au nom de 75 pays, à l’occasion du quarantième anniversaire de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Selon M. Pecsteen de Buytswerve, aucune loi, aucune tradition, aucune religion, aucune coutume ou culture ne peut justifier la discrimination à l’égard des femmes et des filles.  En outre, la Belgique met en œuvre un troisième plan d’action nationale sur les femmes et la paix et la sécurité.  Le pays apporte aussi son appui à la formation de médiatrices africaines du réseau « FemWise-Africa ».  Dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 2467 (2019) du Conseil de sécurité, la Belgique a insisté sur l’importance de la santé et les droits sexuels et reproductifs pour toutes les femmes.  Le délégué a affirmé que pour les victimes de violence sexuelle, les soins médicaux sont le besoin le plus urgent.  Il a promis que son pays continuera ses efforts pour faire en sorte que les femmes qui ont besoin de faire le choix pénible de l’avortement aient la possibilité de le faire.

M. JOSÉ MANUEL TRULLOLS YABRA (République dominicaine) a invité les États Membres à ne pas perdre de vue l’incidence des inégalités de genre et des discriminations à l’encontre des femmes dans l’éclatement des conflits, qu’il s’agisse de la Syrie ou de la Libye.  Ce constat devrait nous inciter à défendre avec véhémence la reconnaissance du lien entre les droits de l’homme et la consolidation de la paix, a poursuivi M. Trullols Yabra.  À cette fin, le représentant dominicain a plaidé en faveur d’une prise en compte systématique des problématiques de genre dans la conception, la planification, l’exécution et l’évaluation des opérations de maintien de la paix.  Il a également appelé à augmenter le nombre de femmes déployées au sein des missions, à inclure des données ventilées selon une logique de genre dans tous les rapports liés aux missions, à déployer automatiquement des conseillers pour les questions de genre et pour la protection des femmes, ainsi qu’à renforcer les politiques de tolérance zéro pour les violences sexuelles et de genre.

Mme KELLY CRAFT (États-Unis) a déclaré que les femmes sont indispensables aux efforts de paix et de sécurité.  Rappelant la récente visite effectuée par le Conseil de sécurité au Soudan du Sud, elle a dit y avoir rencontré des femmes qui avaient des choses à dire et à demander.  À son tour, elle a demandé au Conseil: « Veillons-nous à ce qu’elles aient voix au chapitre? Faisons-nous attention quand elles prennent la parole? »

Mme Craft a ensuite affirmé que son pays avait une stratégie pour les femmes, la paix et la sécurité.  Celle-ci est matérialisée par une loi de 2017 dédiée à ce sujet.  « Une première dans le monde », a dit la représentante.  Les États-Unis veillent aussi à ce que les femmes aient un « siège autour de la table ».  La délégation a indiqué que son gouvernement avait, par exemple, accueilli près de 80 femmes dans le cadre d’une initiative de dialogue interculturel et a récemment organisé un forum de haut niveau sur les femmes au Moyen-Orient.  Ils ont, en outre, mis en place des augmentations obligatoires de la représentation des femmes à tous les niveaux du processus de prise de décisions.

Cependant, assurer aux femmes une place autour de la table n’est que le strict minimum, a-t-elle poursuivi, avant d’appeler tous les partenaires à faire leur part pour promouvoir les droits des femmes, y compris de celles qui sont membres de la société civile.  Les États-Unis sont disposés, a ajouté Mme Kelly, à aider tous les États à élaborer et à mettre en œuvre des plans d’action nationaux pertinents, a-t-elle annoncé.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a déploré l’augmentation marginale du nombre de femmes dans les pourparlers de paix et, par conséquent, que leurs préoccupations soient rarement à l’ordre du jour.  Or, selon ONU-Femmes, la participation des femmes en 2018 plafonnait à 30% des négociateurs et seulement 4% des signataires dans les grands processus de paix.  Une participation véritable aux processus politiques ne signifie pas une représentation 50/50 des hommes et des femmes, a-t-elle relevé, en conseillant d’identifier les politiques qui renforcent la participation des femmes aux processus de prise de décisions, « car il y a des femmes préparées et disponibles, y compris pour être négociatrices ».

La grande difficulté, a précisé Mme Wronecka, c’est de faire comprendre que leur participation est une valeur ajoutée aux processus de paix et de sortie durable d’un conflit.  Il faut changer l’état d’esprit et les mentalités des politiques, car c’est un impératif de sécurité, a-t-elle insisté, en citant une étude montrant que l’inclusion des femmes de la société civile dans les négociations de paix contribue, dans 64% des cas, à ce que les processus de paix soient moins sujets à l’échec et, dans 35% des cas, à ce que les résultats perdurent pendant 15 ans.  Enfin, les femmes victimes de violences sexuelles sont aussi plus déterminées à exiger la poursuite des auteurs des crimes et la reddition de la justice.

Selon M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France), les progrès dans la mise en œuvre de la résolution ont été remis en question par la succession des crises qui déstabilisent la paix et la sécurité mondiales.  Pourtant, « le cadre normatif est déjà là: il nous reste à l’appliquer entièrement », a-t-il pointé.  Saluant les initiatives d’ONU-Femmes et qualifiant d’essentielle la stratégie de parité du Secrétaire général, le représentant a appelé à ce que les plans d’action adoptés par la Commission de consolidation de la paix, le Département des opérations de maintien de la paix et le Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix (DPPA) permettent de renforcer concrètement, pour chaque situation de pays, la participation des femmes aux opérations et aux processus de négociation, encore partout largement insuffisante, selon lui.  Qualifiant d’inadmissible l’utilisation des violences sexuelles comme armes de guerre ou de dissuasion politique pour empêcher les femmes de prendre leur destin et celui de leur pays en main, M. de Rivière a appelé le Conseil à accélérer la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a insisté sur la nécessité pour le Conseil de sécurité de garder son unité sur la question « les femmes et la paix et la sécurité ».  Le représentant a ensuite appelé la communauté internationale, dans son ensemble, à œuvrer en faveur de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), dans le contexte où 72% des résolutions adoptées cette année, en plus de visites de terrain du Conseil de sécurité, ont mis l’accent sur cette question.  Compte tenu que l’an prochain seront célébrés les 75 ans de l’Organisation des Nations Unies, le vingt-cinquième anniversaire de la Conférence de Beijing et les 20 ans de la résolution 1325 (2000), il serait bien de se saisir de cette occasion pour réaffirmer l’engagement pour les femmes et la paix et la sécurité, notamment en renforçant leur rôle dans les processus de paix, a plaidé le représentant.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) s’est réjoui que 50% des nouvelles recrues du corps diplomatique indonésien soient des femmes.  « Notre première femme Ministre des affaires étrangères vient d’être réélue la semaine dernière », a-t-il ajouté.  À propos de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) à la veille de son vingtième anniversaire, il a demandé que soient inclus dans les processus de paix le principe de l’autonomisation des femmes, ainsi que celui de l’égalité entre les femmes et les hommes.

Qualifiant la mise en œuvre de la résolution de « difficile », il a appelé le Conseil de sécurité à réaffirmer son engagement pour accélérer les progrès dans la réalisation de l’agenda sur les femmes et la paix et la sécurité.  Déplorant que la représentation des femmes ne soit effective que dans les phases préliminaires des processus de paix et de sécurité, sans qu’il existe la volonté de poursuivre cet effort au-delà, il a recommandé d’optimiser les ressources et les réseaux en ce sens et de promouvoir l’avancement des femmes dans le rôle d’agents de la paix.  « Quand les femmes participent aux processus de paix, les chances d’accord ont 35% plus de chance de durer au moins 15 ans », a-t-il rappelé.

M. TIÉMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a plaidé pour que les espaces politiques soient davantage ouverts aux femmes, aussi bien en temps de paix que de conflit, et il a demandé de veiller à leur autonomisation pour en faire des acteurs du développement socioéconomique.  Le Gouvernement ivoirien a ainsi adopté, le 16 juillet 2019, une loi sur la représentativité des femmes dans les assemblées élues.  Sur le plan sous-régional, le pays soutient les actions du Réseau Paix et Sécurité des femmes de l’espace CEDEAO.  Selon M. Moriko, une meilleure implication des femmes nécessite, en amont, une offre adéquate de services en matière d’éducation, de santé et d’autonomisation pour les femmes et les jeunes filles.  Il s’est félicité du fait que la Côte d’Ivoire soit le seul pays à avoir été retiré de la liste annexée au rapport du Secrétaire général sur la violence sexuelle en lien avec les conflits armés.  L’engagement des autorités ivoiriennes s’est matérialisé également avec la création d’un Secrétariat d’État dédié à l’autonomisation des femmes, et par l’octroi de fonds destinés au financement des micro-projets en faveur des femmes.

M. PAUL DUCLOS (Pérou) a mis en avant cinq points au centre de l’agenda « les femmes et la paix et la sécurité ».  Un meilleur niveau de participation et d’autonomisation des femmes dans les processus de paix et de réconciliation est un moyen évident pour réduire la propension au conflit et maintenir la paix.  Ensuite, il faut accorder une attention particulière aux causes profondes des conflits en rapport à l’inégalité et à la violence liées au genre, afin de mieux protéger les femmes et les filles.  Puis, a poursuivi le représentant, il faut redoubler d’efforts pour intégrer dans les missions politiques et de maintien de la paix, des spécialistes des questions de genre pour mettre en application cette perspective à tous les niveaux.  Autre point important, selon le Pérou, la promotion d’une collaboration active entre les missions et les organisations de la société civile, en particulier celles dirigées par des femmes.  Enfin, le représentant a recommandé d’encourager l’utilisation des informations et la mise en œuvre des recommandations formulées par le Groupe informel d’experts du Conseil de sécurité chargé de cette question.

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a rappelé que l’Afrique accueillait la majorité des opérations de maintien de la paix de l’ONU.  Pour garantir la mise en œuvre pleine et entière des résolutions du Conseil de sécurité, y compris celles concernant les femmes et la paix et la sécurité, la représentante a donc appelé la communauté internationale à appuyer la résolution sur le financement des opérations de maintien de la paix en Afrique, « qui est actuellement à l’étude du Conseil et dont la Guinée équatoriale espère qu’elle sera adoptée d’ici à la fin de l’année ».  Aux yeux de la représentante, il convient ainsi d’appuyer de manière plus soutenue le renforcement de la coopération entre le Conseil et l’Architecture africaine de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), à plus forte raison que cette coopération favorise les initiatives sous-régionales de mise en œuvre des résolutions du Conseil sur les femmes et la paix et la sécurité.

M. GENNADY V. KUZMIN (Fédération de Russie) a rappelé que les femmes deviennent des cibles de la violence et aussi des actifs de guerre et des marchandises pour financer les activités criminelles: il a appelé les organes phare des Nations Unies à coopérer avec le Conseil pour faire cesser la traite humaine.  Mais attention à éviter le double emploi en se concentrant sur des situations qui représentent une vraie menace à la paix et à la sécurité, conformément aux attributions du Conseil de sécurité, a mis en garde le représentant.  Ainsi, si la Fédération de Russie a appuyé le projet de résolution pour promouvoir la protection des femmes dans le contexte des conflits armés, ce texte inclut aussi une série de dispositions qui ne relèvent pas du mandat du Conseil, a-t-il estimé, jugeant le texte « surchargé de questions relatives aux droits de la personne dont s’occupent très bien l’Assemblée générale et le Conseil des droits de l’homme ».  Le représentant a dit ne pas souscrire aux tentatives de s’ingérer dans les thématiques relevant d’autres organes.  Enfin, pour lui, le groupe d’experts informel chargé de la question n’a pas pu pleinement coordonner ses travaux ni réussi à éviter une certaine politisation de ses travaux, condition indispensable au dialogue intergouvernemental.  Ces insuffisances doivent être dissipées, a-t-il exhorté, en conclusion.

Mme INE ERIKSEN SØREIDE, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, s’exprimant au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), a souligné que les hommes et les femmes ont « exactement les mêmes droits de prendre part aux décisions concernant leur avenir ».  Elle a salué le lancement, en septembre dernier, de l’Alliance mondiale des réseaux de femmes médiatrices, et elle a demandé au Conseil de sécurité de s’assurer que la situation et le rôle des femmes soient dûment reflétés dans ses résolutions et dans le mandat des missions.  La Ministre a relevé que l’ouverture revient également à inclure des femmes différentes: des femmes rurales et urbaines, des jeunes femmes, des femmes handicapées ou pas, des femmes autochtones et celles ayant différentes orientations sexuelles.

Mme Søreide a déploré la généralisation de la violence dont sont victimes les femmes qui bâtissent la paix, ainsi que celles défendant les droits humains, tout en s’alarmant de la persistance de l’impunité entourant ces violences.  Elle a demandé davantage d’actions pour éliminer la violence à l’encontre des femmes et des filles, y compris celle liée aux conflits.  Elle a salué la mise en place d’un fonds international pour les survivants de violences sexuelles liées à des conflits, annonçant que la Norvège entendait le soutenir.  Elle a souhaité que le Conseil de sécurité soit d’accord sur un fait simple: « la participation des femmes est nécessaire pour parvenir à une paix durable ».

Mme ANN CHRISTIN LINDE, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a estimé que le leadership en matière de femmes, de paix et de sécurité était essentiel et qu’il était de la responsabilité des États Membres autant que de l’ONU de prendre des mesures concrètes en 2020 pour faire échec aux attaques contre les droits des femmes, y compris ceux relatifs à la santé sexuelle et reproductive, et défendre les acquis multilatéraux.  Des mesures pratiques doivent être adoptées et des ressources allouées par les gouvernements et les institutions.  La prévention et la poursuite en justice des violences sexuelles en temps de conflit doivent figurer au centre des efforts de paix.  La Ministre s’est inquiétée de la violence croissante à l’encontre des représentants de la société civile, en particulier les femmes, et appelé les États Membres et le Conseil à prendre des mesures concrètes pour faire respecter et appliquer leurs décisions.  Elle a enfin appelé « à se dresser » pour défendre les Syriennes après huit ans de conflit, alors qu’elles sont les premières victimes de Daech, en particulier les femmes kurdes.

Mme SANDRA ERICA JOVEL POLANCO, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a appelé à identifier les blocages dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) dans son intégralité.  Elle a souligné que son pays était pleinement engagé en faveur d’une participation accrue et égale des femmes à tous les niveaux décisionnels, comme l’illustre, selon elle, sa propre nomination à la tête d’un portefeuille clef au sein de son gouvernement.  En tant que principal organe responsable de la paix et de la sécurité dans le monde, la Ministre a également appelé le Conseil de sécurité à reconnaître le rôle des femmes en tant que « moteurs du changement ».  La mise en œuvre adéquate de la résolution 1325 (2000), a-t-elle insisté, « requière une volonté politique inébranlable de la part de toutes les instances de tous les États ».

Mme WILLIAMETTA EDOURDA SAYDEE-TARR, Ministre du genre, de l’enfance et de la protection sociale du Libéria, a annoncé que la deuxième phase du plan d’action national sur la résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité vient d’être achevée et approuvée.  La Loi sur la violence domestique vient également d’être adoptée et le Président est en train de défendre une proposition de loi pour consacrer le quota de 30% pour les femmes et les personnes handicapées au Parlement.  La Ministre a regretté que le rôle des femmes dans les secteurs de la sécurité et du maintien de la paix ne soit pas suffisamment promu.   Au Libéria, a-t-elle affirmé, l’armée, la police et les services d’immigration n’épargnent aucun effort pour accroître le nombre des femmes, en identifiant les formations et les stratégies qu’il faut pour renforcer leurs capacités.  Comme on le voit beaucoup, a reconnu la Ministre, la participation active des femmes dans le secteur de la sécurité se heurte à des obstacles comme le manque de ressources financières et logistiques, le peu de moyens pour renforcer les capacités, l’absence des équipements nécessaires ou encore le manque d’incitations.  Il nous faut, a souligné la Ministre, des formations spécialisées à tous les niveaux du secteur de la sécurité.  Elle a aussi plaidé pour la création d’une base de données sur les femmes dans les processus de prise de décisions pour évaluer le fossé entre hommes et femmes et mettre en place de vraies politiques d’égalité des chances.

M. LEE TAEHO, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, s'est réjoui du renforcement du cadre normatif de l’agenda sur les femmes, la paix et la sécurité, 19 ans après l'adoption de la résolution 1325, mais a regretté que les résultats ne soient pas à la hauteur des attentes: en effet, seulement 42% des États Membres de l’Organisation ont adopté des plans d’action nationaux.

Le Vice-Ministre a appelé à ce que la participation des femmes aux processus de paix soit effective à toutes les étapes.  Il a aussi exigé la parité hommes-femmes dans toutes les opérations de maintien de la paix. La part des femmes parmi les Casques bleus de son pays a d’ailleurs augmenté, s’est félicité le Vice-Ministre.  Pour éviter un traumatisme secondaire ou une « re-victimisation », M. Lee a appelé à mettre l'accent sur un traitement sur le long terme des victimes de violences sexuelles en période de conflit.  Enfin, il a appelé à ce que la prévention soit la première priorité dans l’agenda « femmes, paix et sécurité ».  Il a ajouté une nouvelle notion, celle de la « cohérence »: il faut non seulement faire preuve de volonté politique mais aussi de cohérence pour faire avancer la résolution 1325.  M. Lee a enfin évoqué le sort des « femmes de réconfort » de la Seconde Guerre mondiale, et appelé à ce que cette tragédie ne se répète jamais dans le monde.

Mme ELENE AGLADZE (Géorgie) a indiqué que, pour la première fois, la notion de harcèlement sexuel et la condamnation de ses auteurs ont été introduites par le Ministère de la défense dans le Code de discipline du système de défense.  Le Ministère a, en outre, adopté une série de procédures détaillées sur les plaintes pour intimidation et discrimination, harcèlement et atteintes sexuels.  En avril 2019, a-t-elle poursuivi, mon gouvernement a soumis une liste d’engagements spécifiques sur les femmes, la paix et la sécurité, lesquels doivent être mis en œuvre avant octobre 2020.  Mais, a avoué la représentante, malgré nos efforts pour autonomiser les femmes affectées par les conflits, l’occupation russe de l’Abkhazie et de Tskhinvali empêchent l’application du cadre de protection des droits des femmes qui vivent de l’autre côté des clôtures érigées illégalement.

Le tout dernier processus de « délimitation de la frontière » et de fermeture de la ligne d’occupation à Tskhinvali a complètement isolé la région et créé le risque d’une crise humanitaire, surtout dans le district d’Akhalgori.  Le représentant a parlé de l’incident fatal qui s’est produit hier quand Margo Martiashvili, âgé de 70 ans, est décédé parce que le régime d’occupation refusait d’ouvrir le prétendu point de passage et de lui permettre d’accéder à l’hôpital le plus proche.  Les femmes qui vivent dans les régions occupées et les zones voisines de la ligne d’occupation continuent de souffrir des graves violations de leurs droits et de leurs libertés fondamentales.  La représentante a particulièrement dénoncé les restrictions à la liberté de mouvement et les détentions illégales opérées par les officiers russes.

M. KORO BESSHO (Japon) a qualifié la résolution 1325 (2000) d’historique.  Le Japon, a-t-il témoigné, attache une grande importance à la mise en œuvre au niveau national de l’agenda sur les femmes et la paix et la sécurité, via les trois piliers de son programme: « une société où les femmes brillent ».

Le représentant a exprimé le souhait de son pays de contribuer au Fonds international pour les survivants de violences sexuelles liées à des conflits, et procède actuellement aux arrangements nécessaires pour y contribuer de manière appropriée.  Le Japon contribue également en aidant l’Équipe d’experts de l’état de droit et des questions touchant les violences sexuelles commises en période de conflit des Nations Unies.  Il soutient ce que fait l’équipe pour aider les gouvernements à agir, notamment dans les zones où se déroulent des enquêtes et des poursuites pour des crimes de cet ordre, et dans leurs efforts de réforme législative et de renforcement des capacités des autorités judiciaires et policières.

Mme CHRISTINE MONIQUE SCHNEEBERGER (Suisse) a indiqué que son pays entendait mettre en œuvre intégralement la résolution 1325 (2000).  Ainsi, la Suisse, qui a été l’un des premiers pays à se doter d’un plan d’action national, en a adopté une quatrième version l’an dernier.  Le pays est prêt à partager les enseignements tirés de son expérience, a assuré la représentante, en expliquant que, dans ce cadre, la Suisse soutient le Tchad dans l’élaboration de son premier plan d’action national.

La déléguée a invité le Conseil de sécurité à veiller à ce que ses résolutions sur le sujet ainsi que les mandats des missions contiennent des dispositions exigeant une participation significative des femmes dans le domaine de la paix et de la sécurité, ainsi que la mise en place d’activités et de mécanismes de prévention des conflits.  Mme Schneeberger a dit se réjouir du fait que la Suisse contribue à la mise en œuvre de l’agenda « les femmes et la paix et sécurité », ajoutant que le pays va coprésider avec l’Afrique du Sud le Réseau de points focaux Femmes, paix et sécurité en 2021.

M. ANDREJS PILDEGOVIČS (Lettonie) a jugé les résolutions du Conseil de sécurité sur les femmes et la paix et la sécurité comme importantes pour l’adoption d’une perspective de genre dans le contexte de la sécurité.  Il a dans le même temps appelé à accorder une attention particulière aux femmes et aux filles en situation d’après-conflit, notamment s’agissant de leur sécurité physique et l’accès à des soins de qualité.  Notant l’importance du lien entre sécurité mondiale et participation égale des femmes, il s’est réjoui que les recommandations du rapport sur l’état de mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) ait été intégrées à la politique nationale lettone, avant d’indiquer que 16% des forces armées et 30% de la police sont des femmes en Lettonie, qui dispose aussi de la plus grande proportion de femmes dans le domaine de la recherche: 52% au total.  Durant sa présidence du Réseau Traité sur le commerce des armes, un solide plan d’action sur le genre et la violence de genre a été adopté, s’est également réjouie la délégation: il s’agit du premier accord intergouvernemental visant à augmenter la participation des femmes dans les forums de désarmement.

Mme GERALDINE BYRNE NASON (Irlande) a voulu que le vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) donne lieu à une franche évaluation de ce qui a été fait plutôt qu’à des festivités.  Je suis sûre, a-t-elle dit, que je ne suis pas la seule ici à avoir un sentiment croissant de frustration devant la lenteur des changements.  Le fait est, s’est-elle expliquée, que ce sont toujours ceux qui font la guerre qui dessinent les paramètres de la paix, et ce, « sans les femmes ».  C’est une approche, a-t-elle martelé, « fondamentalement inefficace » pour consolider la paix.  Nous avons la preuve, a insisté la représentante, que la paix est plus durable quand les femmes participent aux négociations.

Les femmes et la paix et la sécurité doivent devenir une partie intégrante du travail sur la consolidation de la paix et ici au Conseil, cela veut dire que cet agenda doit être au cœur de tout renouvellement de mandat, de toute discussion géographique et thématique, et de toute consultation et analyse sur le terrain.  On ne peut tout simplement pas, s’est-elle impatientée, se limiter à un débat public par an.  Pour l’Irlande, a-t-elle poursuivi, l’agenda de la pérennisation de la paix et celui des « femmes et la paix et la sécurité » forment un seul et même processus.  L’Irlande a placé l’égalité des sexes au cœur de ses politiques étrangères et de la coopération au développement et avec son troisième plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité, elle a fait en sorte que son engagement extérieur corresponde en tout point à sa politique interne sur les migrantes affectées par les conflits qui vivent sur son sol et sur celles affectées par le conflit en Irlande du Nord.

Nous savons qu’une participation effective des femmes à la consolidation de la paix est essentielle parce que nous l’avons vécu, a souligné la représentante, regrettant que la Coalition des Nord-Irlandaises qui, il y a 20 ans, a participé à l’Accord du vendredi saint, est toujours l’un des rares exemples de femmes participant directement à un processus de paix.  La paix s’est maintenue, a-t-elle affirmé, parce que les femmes se sont attaquées aux causes sous-jacentes du conflit et ont forcé les autres à imaginer une vision positive du futur.  La représentante s’est dite particulièrement fière que la femme la plus gradée parmi les Casques bleus soit une Irlandaise et nous avons la même approche, s’est-elle enorgueillie, pour notre travail sur le désarmement et l’action humanitaire.  Elle a conclu sur l’appui qu’apporte son pays aux initiatives africaines mais aussi au Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire.  Après avoir invité les autres pays à faire de même, elle a réclamé, une nouvelle fois, que la violence sexuelle liée au conflit devienne un critère d’imposition des sanctions et d’évaluation de l’impact de ces sanctions sur les femmes.

Mme KATALIN ANNAMÁRIA BOGYAY (Hongrie) a informé que son pays rédigeait actuellement son plan d’action national de mise en œuvre de la résolution 1325 et que les Forces de défense hongroises étaient sensibilisées à l'exploitation et aux violences sexuelles en temps de conflit à chaque formation avant déploiement. Il en est de même pour les cours dispensés aux officiers lors de leur cursus, qui sensibilisent sur l’agenda « femmes, paix et sécurité ».

Une plus grande participation des femmes aux missions de maintien de la paix revêt la plus grande importance pour les femmes et les filles touchées sur le terrain, a fait observer Mme Bogyay.  Dans l’objectif de déployer davantage de personnel féminin, la Hongrie travaille à des programmes permettant de concilier vie professionnelle et vie familiale, a-t-elle ajoutée. Choquée de voir que les violences sexuelles fondées sur le genre puissent perdurer, la représentante a exigé que les responsables soient jugés et a appelé la communauté internationale à mieux répondre aux besoins des femmes et des filles appartenant à des minorités religieuses déplacées durant des conflits. « Seule une paix inclusive peut être durable », a-t-elle conclu.

M. VITAVAS SRIVIHOK (Thaïlande) a jugé que les actions concrètes à mener dans le domaine des femmes, de la paix et de la sécurité devaient se concevoir comme inséparables des autres objectifs de développement durable du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Les lois discriminatoires, les obstacles institutionnels et comportementaux, les stéréotypes, entre autres, continuent d’entraver la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000)et doivent à ce titre être traités, a exigé le représentant.  Arguant qu’une paix durable ne peut fonctionner sans une approche inclusive et intégrée, il a dit que la Thaïlande avait amorcé un Plan d’Action national quinquennal en 2016 pour renforcer le rôle des femmes dans la résolution des conflits et des troubles politiques et sociaux dans le monde.  En outre, 20% des Casques bleus thaïlandais sont des femmes, a-t-il dit.

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas), s’associant aux déclarations lues par le Canada au nom de 57 États Membres et celle de l’Union européenne, a ajouté que la communauté internationale devait s’unir pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000), car « l’ordre du jour n’est pas affaibli par un compromis sur un langage convenu ».  Il a également déclaré que les organisations de femmes et les défenseurs des droits de l’homme jouent un rôle clef dans la promotion de la paix et de la sécurité.  De ce fait, les menaces croissantes qui pèsent contre elles sont profondément préoccupantes.  S’agissant de la protection contre les violences sexuelles liées aux conflits, le représentant a plaidé pour une approche centrée sur la victime.  C’est pour cette raison que les Pays-Bas doubleront leur financement en faveur de l’action dans le cadre de l’agenda « les femmes et la paix et la sécurité » à partir de 2021, a annoncé leur représentant, pour finir.

M. SIMA SAMI I. BAHOUS (Jordanie) a parlé du plan national d’action sur la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) pour démontrer l’attachement de son pays à une plus grande participation des femmes à la prévention des conflits, au maintien de la paix et à la prévention de l’extrémisme violent et de la violence fondée sur le sexe.  Nous sommes, a estimé le représentant, à un moment pivot de l’histoire: les xénophobes et les racistes sortent de l’ombre, les droits des femmes reculent, l’espace de l’activisme civil rétrécit et la légitimité des principes des droits de l’homme est attaquée.  Comme les conflits touchent différemment les hommes et les femmes, le représentant a appelé à un rôle accru des femmes non seulement dans la diplomatie préventive mais aussi au cœur même des processus de paix, pour qu’elles puissent ajouter leurs perspectives.  L’ouverture et la diversité ont montré depuis longtemps leur efficacité dans la pérennisation de la paix, a souligné le représentant.

Il s’est dit convaincu que renforcer la participation des femmes au maintien de la paix est un facteur essentiel du succès des missions.  Il a donc insisté sur le seuil de 15% de femmes d’ici à 2020, conformément à l’initiative Action pour le maintien de la paix.  Le représentant a déploré qu’à ce jour seuls 13% des pays investissent dans les statistiques et presque 80% des indicateurs sur l’égalité des sexes, élément transversal du Programme 2030, n’ont toujours pas de données.  Or, a-t-il insisté, les données ventilées jettent la lumière sur les domaines où des progrès sont nécessaires, révèlent les fossés où des efforts doivent être déployés et identifient les ressources qu’il faut pour forger les politiques et plans nationaux.  Le département jordanien des statistiques, les organes pertinents du Gouvernement et les organisations de la société civile, en collaboration avec ONU-Femmes, travaillent sans relâche sur un programme à trois piliers pour parvenir à des politiques et à l’environnement institutionnel qu’il faut pour améliorer le suivi des engagements pris dans le cadre du Programme 2030, produire des statistiques comparables de qualité et faire en sorte que ces dernières soient largement accessibles et utilisées par les décideurs politiques.

M. CARLOS DANIEL AMORÍN TENCONI (Uruguay) a assuré au Conseil que son gouvernement était en train de finaliser son plan d’action national pour la mise en œuvre des résolutions sur les femmes et la paix et la sécurité, dont la résolution 1325 (2000).  Le plan inclut les législations adoptées par l’Uruguay en matière de trafic d’êtres humains, de violence sexuelle et est centré sur la prévention et la lutte contre ces crimes.  Il inclut également les mesures existantes en matière de maintien et de consolidation de la paix.

En tant que pays contributeur de troupes, l’Uruguay a pris des mesures à l’échelle nationale, ces dernières années, tendant à l’inclusion des femmes dans les forces armées et dans les opérations de maintien de la paix, s’est félicité le représentant.  Grâce à ces mesures, la part de femmes uruguayennes dans les Casques bleus du pays est supérieure à la moyenne de personnels féminins déployés sur le terrain par les Nations Unies, s’est réjoui le représentant.  Il a ajouté que l’Uruguay coprésidera, l’an prochain, le Réseau international des points focaux sur la question « les femmes et la paix et la sécurité ».

Mme DARJA BAVDAŽ KURET (Slovénie) a dénoncé le niveau record de violences politiques ciblant les femmes ces dernières années, ainsi que la montée de la misogynie et des discours sexistes et homophobes de la part des dirigeants politiques.  Elle a indiqué que la montée des violences sexistes doit être considérée comme un signe précurseur de la détérioration sociétale qui peut conduire à des conflits.  Il faut donc établir les responsabilités pour les cas de violence à l’encontre des femmes et des filles, notamment la violence sexuelle.  Mme Bavdaž Kuret a relevé que la justice pénale internationale, notamment la Cour pénale internationale (CPI) joue un important rôle, à cet égard, avant de saluer l’arrêt de la Cour de juillet dernier qui avait établi la culpabilité de Bosco Ntaganda pour les faits de crimes de guerre et crimes contre l’humanité.  La déléguée a rappelé qu’en Slovénie, le chef de l’armée et celui de la police sont des femmes.  De même, 57% des diplomates sont des femmes, a-t-elle noté, avant de rappeler que son pays consacre des fonds à la lutte contre la violence sexiste en RDC et pour l’autonomisation des femmes dans ce pays.

M. MHER MARGARYAN (Arménie), convaincu que les femmes ont un rôle clef à jouer dans toutes les phases de la résolution d’un conflit, a évoqué la campagne nationale arménienne « femmes pour la paix », une plateforme nationale pour les femmes et les mères en faveur de la réconciliation nationale.  Les politiques nationales arméniennes favorisent une plus grande participation des femmes à la sphère publique, a-t-il assuré, en mentionnant aussi que le Plan d’action national arménien suit les recommandations de la résolution 1325 (2000), via des mesures concrètes et des indicateurs de performances.  Un accent particulier est mis sur les femmes vivant dans des groupes vulnérables, a-t-il précisé.

M. Margaryan a jugé cependant important d’accélérer les efforts.  La Commission de la condition de la femme de l’ONU, plateforme importante, selon lui, que l’Arménie présidera pour sa soixante-quatorzième session, sera l’occasion pour la délégation de mettre l’accent sur l’établissement de la parité dans le secteur de la sécurité publique, et de réformer et d’augmenter le rôle des femmes dans la construction et la consolidation de la paix.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a plaidé pour le renforcement de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), souhaitant que ce texte s’applique véritablement à toutes les femmes, y compris celles vivant dans des situations de conflit, dont les femmes du Jammu-et-Cachemire.  Elle a déploré le fait que celles-ci aient vécu trois mois de détresse du fait de l’occupation indienne.  Elle a dépeint leurs souffrances, mentionnant les disparitions forcées de leurs proches et les cas de viols.

La représentante a ensuite rappelé que le Pakistan avait décidé d’augmenter le nombre de ses soldats de la paix, en renforçant la proportion de femmes en uniforme.  Elle a plaidé pour que la communauté internationale accorde davantage de rôles clefs aux femmes dans les situations de conflit, déplorant trop souvent une situation de marginalisation.  Enfin, elle a dit profiter de son dernier discours devant le Conseil de sécurité pour rappeler qu’elle fut la première femme Ambassadeur de son pays auprès des Nations Unies, après 70 ans d’existence.  Elle a conclu sur le ton de l’humour, en disant espérer qu’il ne faudrait pas attendre 70 autres années avant d’avoir une autre femme à ce poste.

M. DIDAR TEMENOV (Kazakhstan) a recommandé de prêter une plus grande attention aux pays contributeurs de troupes, en les sensibilisant aux questions de genre, et en les amenant à inclure davantage de femmes dans leurs déploiements sur le terrain.  Il a aussi rappelé la nécessité de mettre en œuvre totalement, pour chaque État Membre, la politique de tolérance zéro du Secrétaire général à l’égard des fonctionnaires de l'ONU.  De plus, il faut redoubler d’efforts pour aider les femmes travaillant pour des organisations de terrain à promouvoir une culture de paix et de réconciliation entre les communautés, et à mettre fin à toute forme d’impunité.

Le représentant a également appelé à inclure davantage les femmes dans la gestion et la sécurité des camps de prisonniers et de réfugiés, et à augmenter le rôle des femmes en matière de prévention et de résolution des conflits.  Il a aussi souligné que l’éducation des femmes et des filles, surtout en zone rurale, était la clef du véritable progrès en matière d’autonomisation des femmes, dans une perspective de progrès social.

Mme MARIA ANGELA ZAPPIA (Italie) a rappelé que son pays met en œuvre actuellement son troisième plan d’action national sur les femmes et la paix et la sécurité.  Sur le plan international, l’Italie a lancé, en octobre 2017, le réseau des femmes médiatrices de la Méditerranée.  Le pays entend organiser à Rome, les 3 et 4 décembre prochains, en collaboration avec ONU-Femmes, un séminaire international sur le « renforcement de la participation des femmes aux processus de paix ».  L’Italie soutient également plusieurs initiatives humanitaires visant à prévenir la violence sexiste et à protéger les victimes de ces abus, notamment en leur offrant l’éducation, les moyens de subsistance et d’autres outils leur permettant de devenir des agents de changement pour renforcer la résilience des communautés.  La représentante a également mentionné le soutien apporté par son pays à ONU-Femmes, dans son budget ordinaire et par le financement de certains programmes spécifiques sur les femmes et la paix et la sécurité.

Mme TATJANA KONIECZNY (Luxembourg) a demandé à la communauté internationale de redoubler d’efforts pour combler les lacunes qui persistent dans la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), non seulement en surmontant une série d’entraves à la participation effective des femmes aux processus de paix et de sécurité, mais aussi en endiguant la détérioration des droits humains dans le monde.  Elle a demandé aux délégations de s’appuyer sur la dynamique positive suscitée par le vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) afin de lever les obstacles à sa mise en œuvre et viser des résultats plus ambitieux.  La déléguée a rappelé que son pays fait partie des 81 États ayant un plan d’action national de mise en œuvre.  L’ensemble du Gouvernement du Luxembourg, a-t-elle précisé, adopte une approche holistique et transversale dans ce domaine.

Mme MARA MARINAKI, de l’Union européenne, a rappelé que le cadre normatif de l’agenda sur les femmes et la paix et la sécurité était déjà robuste, mais qu’il restait à agir de manière décisive.  Depuis le dernier rapport du Secrétaire général, l’Union européenne (UE) a adopté une nouvelle approche stratégique ainsi qu’un Plan d’action sur les femmes et la paix et la sécurité, réaffirmant sa détermination à poursuivre la mise en œuvre de l’Agenda d’une manière holistique.  L’Union européenne veut placer les questions de genre au centre de ses préoccupations, prévenir les conflits et les violations des droits humains liés aux conflits, promouvoir des réformes institutionnelles, des politiques de redditions de comptes et des mécanismes institutionnels visant à prévenir les violences fondées sur le genre.

Mme Marinaki a aussi insisté sur l’urgence de s’assurer que les femmes aient accès à des services de qualité en matière de soins contraceptifs et de soins relatifs à la sexualité, d’un accompagnement psychologique et juridique.  L’Union européenne s’est engagée à approfondir sa coopération avec les organisations régionales et sous-régionales, la société civile, les universités et le secteur privé pour mettre en œuvre l’agenda sur les femmes et la paix et la sécurité.  Elle travaille avec l’Union africaine (UA), l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), l’ONU et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).

Inquiète des tentatives de réduction de l’espace dévolu à la société civile dans diverses parties du monde, Mme Marinaki a loué les femmes qui défendent les droits humains et toutes celles qui jouent des rôles importants dans la prévention de conflit et la construction de la paix.  Jugeant les menaces contre ces actrices de la paix inacceptables, l’UE s’est engagée à protéger celles subissant des multiples formes de discrimination, et à encourager le leadership des femmes dans les contextes de conflits ou relatifs à la prévention des conflits, par le biais d’une diplomatie bilatérale ou multilatérale.  La délégation a enfin encouragé une politique de tolérance zéro contre les abus et les mauvaises conduites au sein de ses propres rangs, dans le cadre de ses missions militaires et civiles.

M. GUILLERMO FERNANDEZ DE SOTO (Colombie) a souscrit à l’analyse selon laquelle la participation des femmes à différentes étapes de la construction de la paix peut contribuer à des transformations.  C’est pour cette raison qu’il a été créé, en janvier dernier, une haute instance chargée des questions de genre, qui a vocation à faire avancer la mise en œuvre des 51 indicateurs genre inclus dans le plan cadre pour la mise en œuvre de l’Accord de paix final.

Une autre avancée est le Cadre technique de genre du Conseil national de la réinsertion, a signalé le représentant.  Il est composé de femmes issues du Gouvernement et d’ex-combattantes des FARC-EP.  Ces femmes se réunissent une fois par semaine pour s’assurer que l’élément « genre » est inclus dans tous les projets concrets liés à la réinsertion des ex-combattants.  Le Président Duque est engagé à faire avancer la participation des femmes, à tous les échelons de la politique, a assuré le représentant en conclusion.

En tant que pays contributeur de troupes, l’Australie se targue de former ses personnels aux problématiques liées aux femmes et à la paix et à la sécurité avant leur déploiement, a souligné M. MITCH FIFIELD (Australie).  Il a précisé que l’armée australienne disposait de 166 conseillers pour les questions de genre, prêts à intervenir dans le cadre d’opérations miliaires, humanitaires ou de sauvetage.  Le représentant a ensuite réaffirmé l’importance des femmes pour le succès des efforts visant à prévenir ou résoudre les conflits, ainsi qu’à consolider la paix.  Selon lui, le fait que les femmes soient si souvent exclues des processus de résolutions des conflits et des opérations de maintien de la paix nuit non seulement aux processus de paix, mais également aux conditions de vie des femmes dans les pays concernés.  Le représentant a, par conséquent, appelé à s’attaquer aux causes profondes des inégalités de genre, y compris « les normes nuisibles et structures inéquitables ».

Mme BESIANA KADARE (Albanie) a estimé que nulle part l’insuffisante représentation des femmes n’était aussi flagrante que dans les opérations de paix de l’ONU sur le terrain, avec une participation d’à peine 4%.  Elle a réclamé un mécanisme international pour surmonter les obstacles à la participation significative des femmes aux processus de décisions en matière de paix et de sécurité.  Pour sa part, l’Albanie a le cinquième Gouvernement le plus paritaire au monde avec 53% de femmes ministres, dont celle de la Défense, et 18% de femmes dans les forces armées.  L’an dernier, elle a approuvé son plan national d’action pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000) et, depuis le mois de mai, a organisé 12 sensibilisations des effectifs militaires et policiers aux questions de genre.  En conclusion, elle a souligné que les femmes ne devaient pas seulement être entendues, mais écoutées pour leur expertise et expérience reconnues dans les processus de paix.

Mme JACQUELINE O’NEILL (Canada), qui s’exprimait au nom d’un groupe de 56 États de tous les groupes régionaux, a salué les recommandations et mesures suggérées par le Secrétaire général aux fins de réduire le fossé en matière de mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), et mis l’accent sur le rôle vital de la société civile, notamment pour le suivi.  Notant que les femmes sont constamment sous-représentées et exclues des efforts concernant la paix et la sécurité ainsi que des négociations de paix, elle a jugé que la pleine participation des femmes, particulièrement dans les différents processus, formels et informels, de prise de décisions, était « non négociable ».  D’autre part, comme la violence politique ciblant les femmes continue d’être un sujet de profonde inquiétude, la représentante a condamné, dans les termes les plus forts, les actes délibérés à l’encontre des femmes qui œuvrent à la paix et des défenseuses des droits de l’homme.

Elle a également préconisé la pleine participation des femmes dans le secteur de la sécurité, y compris les opérations de maintien de la paix, où des efforts restent à faire.  Elle a loué, à cet égard, les mesures novatrices telle la Stratégie sur la parité des sexes applicable au personnel en tenue pour la période 2018-2028, avant de souligner l’importance d’intégrer une perspective de genre dans toutes les composantes des missions de paix.  « Cela doit être la priorité majeure de la direction de l’ONU, des pays pourvoyeurs de troupes et de police et de tous les États Membres », a-t-elle voulu.  Mme O’Neill a, en outre, appelé au renforcement de la justice et des mesures de reddition de comptes pour les cas de violence sexuelle et de violence fondée sur le sexe, qui sont toujours prévalentes dans les situations de conflit armés dans le monde.  Elle a exhorté le

Conseil à inclure ces formes de violence en tant que critère de sanctions et à évaluer les impacts des sanctions par sexe.  Alors que l’année 2020 marquera le vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000), la représentante a invité à ne pas se satisfaire du statu quo mais à être plus ambitieux pour réduire les lacunes dans la mise en œuvre.

S’exprimant ensuite au nom du Canada, Mme O’Neill a encouragé à une transformation du mode de collaboration actuel par des partenariats novateurs, de nouvelles formules de financement et la mise en œuvre des impératifs d’inclusion.

Mme AUDRA PLEPYTE (Lituanie) a indiqué qu’à la veille du vingtième anniversaire de la résolution 1325 (2000) l’an prochain, ses objectifs n’ont pas été entièrement atteints et beaucoup reste à faire: la violence à l’égard des femmes et des filles, les violations de leurs droits fondamentaux perdurent dans les situations de conflit et post conflit, la participation des femmes aux processus décisionnels et leur inclusion dans la prévention, la gestion et la résolution des conflits demeurent insuffisantes.  Elle s’est, en outre, inquiétée du manque de volonté politique et du fait que, dans la plupart des cas, la communauté internationale n’est pas à la hauteur de ses ambitions.  « Il faut veiller à ne permettre aucune régression ni recul dans cet important agenda », a tonné la représentante, qui a appelé à consolider la volonté politique.

Elle s’est toutefois dite encouragée par les récentes décisions du Conseil d’élargir les critères de désignation des sanctions aux individus ayant commis une violence sexuelle ou fondée sur le sexe dans le contexte d’un conflit armé, et espéré que cette pratique deviendrait la norme dans les régimes de sanctions.  Elle a aussi fait valoir qu’il importe de reconnaître le rôle pivot de la société civile, notamment des organisations féminines, et exprimé son inquiétude face à l’augmentation des attaques et menaces à l’encontre de la société civile, des défenseuses des droits de l’homme, en particulier.  La Lituanie, pour sa part, a élaboré son deuxième plan national d’action en étroite coopération avec les représentants de la société civile: « Nous ne faisons pas que consulter, nous rédigeons le projet ensemble », s’est-elle enorgueillie.  Dans le contexte des opérations de maintien de la paix, la Lituanie s’efforce de déployer des troupes plus paritaires et continue d’encourager les femmes à présenter leurs candidatures dans les forces de police et militaires.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a déclaré que la violence sexuelle en temps de conflits armés est un fléau qu’il faut combattre, avant d’insister sur la prise en charge des victimes de ces crimes.  L’Argentine a formé 450 militaires aux questions de violence sexuelle dans le cadre d’un module qui est amélioré progressivement, a—t-il relevé.  De même, le pays a proposé aux autres membres du Marché commun du Sud (MERCOSUR) la création d’un réseau de médiatrices.  Le représentant a conclu, en soulignant l’importance de garantir l’éducation des filles et des femmes en période de conflit armé.

M. DANG DINH QUY (Viet Nam) a appelé les États Membres à avoir une volonté politique forte afin de renforcer la place des femmes dans les processus de paix.  Il a rappelé qu’il restait 800 000 tonnes de restes d’explosifs de guerre dans son pays.  Le Gouvernement accorde une attention particulière à la participation et à la contribution des femmes dans ce domaine, car, a-t-il dit, « les femmes sont les meilleures éducatrices pour transmettre des connaissances à leurs enfants, à leurs

familles et à l’ensemble de la communauté ».  Il a plaidé pour une approche holistique de la mise en œuvre du programme « les femmes et la paix et la sécurité », soulignant enfin l’importance d’avoir un ensemble d’indicateurs permettant de mesurer les progrès dans la mise en œuvre de la 1325 (2000).

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a rappelé que quand les femmes participent aux processus de paix, les accords ont 35% de chances de plus de durer au moins 15 ans.  Mais elle a regretté qu’en dépit de cette statistique, trop peu de pays ont pris les mesures nécessaires pour mettre en œuvre la résolution 1325 (2000).  Entre 1990 et 2017, les femmes constituaient seulement 2% de l’effectif des médiateurs, 8% des négociateurs, 5% des témoins et des signataires des processus de paix, a-t-elle rappelé.  L’inclusion n’est pas simplement une case que l’on coche pour faire part du nombre de femmes signant un accord final, a-t-elle dénoncé.  Elles devraient, au contraire, faire partie des négociations formelles et informelles du début à la fin du processus.

Affirmant que pour progresser, il n’existe pas de substitut au financement, à la visibilité des procédures, aux budgets consacrés à la sécurité et aux acteurs de la paix, les Émirats arabes unis ont recommandé qu’un minimum de 15% de toutes les dépenses de l’ONU pour la paix et la sécurité soient spécifiquement allouées à l’établissement de l’égalité hommes-femmes et à l’autonomisation des femmes, et encouragé tous les bailleurs de fonds à aller au-delà de ces minimum requis.  Mme Nusseibeh a aussi réclamé un accroissement du nombre de femmes dans les effectifs des troupes de maintien de la paix, et des réformes électorales dans le monde entier pour encourager les femmes à voter et à s’engager en politique.

M. RICARDO DE SOUZA MONTEIRO (Brésil) a rappelé que, selon ONU-Femmes, les accords de paix ont 35% plus de chance de durer au moins 15 ans quand les femmes y sont associées.  Le délégué a salué les approches de l’ONU visant à augmenter la proportion de femmes dans les missions de paix.  Il a ensuite affirmé que le Brésil, qui est l’un des principaux fournisseurs de contingents à ces opérations, entend appuyer cette initiative.  Un cours de sensibilisation aux problématiques de genre sera organisé dans un centre de formation des Casques bleus brésiliens, a indiqué le représentant.  Il a aussi salué les efforts visant à intégrer l’approche femmes, paix et sécurité dans les perspectives de consolidation de la paix, notamment au sein des configurations pays de la Commission de la consolidation de la paix.  Le délégué a dit qu’à l’approche du vingtième anniversaire, il faut se tourner vers l’avenir et faire encore plus d’avancées.  Il a souhaité que la Commission de consolidation de la paix joue un rôle majeur dans le cadre de cette commémoration, par exemple en organisant une semaine sur les bonnes pratiques de la participation des femmes aux initiatives de paix, a-t-il suggéré.

M. JAN KICKERT (Autriche) a déclaré que son pays travaillait à tous les niveaux pour la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).  La participation des femmes au processus de paix est une réalité encore lointaine et les violences de genre dans le cadre de conflits armés demeurent, a-t-il regretté.  Les ressources financières manquent encore pour les organisations de femmes sur le terrain: c’est pourquoi l’Autriche est fière de contribuer au Fonds pour les femmes, la paix et l’action humanitaire.  Qualifiant le travail de la société civile de fondamental, l’Autriche va accueillir un forum sur la question au début de 2020 à Vienne.  Enfin, son gouvernement s’est efforcé de renforcer le nombre de femmes dans ses Forces armées nationales, ce qu’il a déjà fait au sein de ses forces au sein des troupes de l’UE et de l’OTAN.

M. MOHAMED FATHI AHMED EDREES (Égypte) a rappelé que son gouvernement avait lancé une initiative en mai dernier afin d’aboutir à la finalisation du plan national de mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).  L’Égypte compte 48 femmes soldats de la paix dans les missions onusiennes, a-t-il relevé, rappelant aussi que le Centre de formation du Caire pour le règlement des conflits et le maintien de la paix en Afrique offre des formations aux soldats de la paix de l’ONU, notamment sur les questions relatives aux femmes et à la paix et la sécurité.  Le pays œuvre également en faveur de la mise sur pied d’un réseau de médiatrices arabes.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a regretté qu’un grand fossé demeure entre l’adoption et la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000).  De son côté, son pays s’est employé à mettre en œuvre cette résolution à tous les niveaux, a-t-il dit.  La représentante a appelé à redoubler d’efforts, et jugé que la commémoration des 20 ans de la résolution serait une excellente opportunité pour revoir la méthodologie à adopter et identifier les prochains défis.  Le Qatar, a annoncé la représentante, accueillera un forum sur la participation des jeunes dans les processus de paix en 2020, et elle s’est attachée à établir un parallèle entre la nécessaire représentativité des femmes dans les processus de paix et celle des jeunes dans les processus de paix, tout aussi nécessaire, selon elle, pour garantir une paix durable.

M. NEVILLE GERTZE (Namibie) s’est dit déçu du nombre encore trop faible de femmes Casques bleus dans le monde: seulement 4,2% des effectifs militaires des missions de maintien de la paix de l’ONU.  La Namibie soutient également le rôle des femmes comme agents de la paix.  « Quand les femmes participent aux processus de paix, les chances d’accord ont 35% de chances supplémentaires de durer au moins 15 ans », a rappelé M. Gertze.  Déplorant par ailleurs la sous-représentation des femmes dans les discussions sur le désarmement au sein de l’ONU, il a appelé à la mise en œuvre de l’agenda sur les femmes et la paix et la sécurité dans le domaine du désarmement.  Les organisations régionales et sous-régionales doivent aussi prendre des mesures plus fortes pour s’assurer que l’agenda soit mis en œuvre à leur niveau, a-t-il réclamé.

Mme AMARSANAA DARISURE, Conseillère principale en genre à l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a relevé que la plupart des États membres de son organisation ont un plan d’action national, mais que 80% d’entre eux ne mentionnent pas les moyens de sa mise en œuvre.  Elle a expliqué comment l’OSCE a lancé un instrument qui permet de faire face au problème de la participation des femmes aux processus de prise de décisions, en mentionnant aussi quelques programmes menés par l’OSCE dans des pays comme l’Ukraine.

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