Des membres du Conseil de sécurité plaident pour un maintien de l’embargo sur les armes en Somalie
L’embargo imposé par le Conseil de sécurité en 1992 à la Somalie a largement empêché des armes plus lourdes d’atteindre ce pays et, en fin de compte, les Chabab et d’autres acteurs armés, a constaté, cet après-midi, le Président du Comité du Conseil faisant suite à la résolution 751 (1992) sur la Somalie, M. Marc Pecsteen de Buytswerve, de la Belgique.
De même, avec l’interdiction d’importer et d’exporter du charbon de bois somalien, « il n’est plus possible d’affirmer que les Chabab tirent des recettes importantes de ce commerce », s’est félicité M. de Buytswerve, venu présenter aux autres membres du Conseil un exposé sur les activités de son Comité au cours des quatre derniers mois.
Cependant, a poursuivi le Président, même privée de ces recettes et de ces armes lourdes, cette organisation terroriste continue de représenter une menace à l’échelle de la Corne de l’Afrique, vu qu’il est désormais confirmé qu’elle fabrique des explosifs artisanaux et qu’elle a élargi ses recettes en prélevant un « impôt » sur « pratiquement tout » le commerce dans le sud de la Somalie.
Il est de même établi que des liens étroits existent entre les Chabab et des organisations criminelles transnationales organisées actives dans les domaines de la traite humaine, du trafic de stupéfiants et de leurs précurseurs chimiques, d’armes, de sucre, de tabac et de composants visant à fabriquer des bombes, a encore précisé M. de Buytswerve.
Cette situation implique donc de maintenir et de renforcer la surveillance de certains composants et précurseurs chimiques, y compris d’explosifs commerciaux. Il faudrait aussi, concernant l’exportation du charbon, envisager une évaluation de la mesure d’interdiction qui prendrait en compte l’ensemble des considérations pour la paix et la stabilité à long terme de la Somalie, a-t-il préconisé.
Les membres du Conseil qui ont pris la parole ont exprimé leur souhait de maintenir des sanctions jugées cruciales. Pour la France par exemple, cet embargo « joue un rôle utile pour prévenir les trafics d’armes et de munitions en provenance du Yémen notamment ».
Délégation porte-plume des résolutions relatives à la situation en Somalie, le Royaume-Uni a rappelé que ces sanctions ciblées ont pour but de renforcer la sécurité et de soutenir les réformes en cours en Somalie. Elles ne cherchent pas à les entraver, a insisté le représentant britannique, ajoutant que tout le monde a intérêt à œuvrer en faveur de la transition en Somalie.
C’est pour cette raison que ces sanctions « doivent rester en vigueur », a-t-il assuré, en indiquant qu’il présenterait prochainement un projet de résolution qui précisera les contours des sanctions et renforcera les mesures à l’encontre des Chabab.
D’autres intervenants ont reproché aux autorités somaliennes leur refus de coopérer avec le Groupe d’experts du Comité des sanctions, dont l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France, qui ont jugé « inadmissible » que Mogadiscio adresse des « injonctions » au Conseil de sécurité pour fixer de nouvelles conditions.
Ce refus persistant de collaborer avec « les yeux et les oreilles » du Conseil de sécurité sur le terrain en Somalie est « troublant », ont estimé les États-Unis, en prévenant qu’ils ne comptent pas « négliger » cet aspect, ni les efforts déployés par le Gouvernement fédéral somalien pour « contrecarrer les travaux du Groupe d’experts ».
En l’absence d’un changement d’attitude, le soutien accordé par la communauté internationale à la Somalie depuis de nombreuses années devra être revu, a de son côté prévenu la France.