En cours au Siège de l'ONU

8558e séance – après-midi 
CS/13854

Conseil de sécurité: pour le Représentant spécial en République centrafricaine, le succès de l’accord de paix dépendra de la volonté « inébranlable » des parties de mettre fin à la violence

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour la République centrafricaine a déclaré cet après-midi, devant le Conseil de sécurité, que le succès de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation dépendra avant tout de la volonté « inébranlable » des parties de mettre fin à toute forme de violence et de privilégier le dialogue.

M. Mankeur Ndiaye, qui est aussi Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), présentait le rapport du Secrétaire général.  Malgré des défis persistants, a-t-il estimé, l’accord de paix, signé à Bangui le 6 février, par le Gouvernement et les 14 principaux groupes armés, reste « le meilleur moyen de réduire la violence, de mettre fin aux activités armées illégales et de mettre en place une gouvernance inclusive ». 

Depuis la signature de l’Accord, un nouveau gouvernement plus inclusif a vu le jour le 22 mars et la communauté internationale, sous l’égide des Nations Unies, de l’Union africaine et de l’Union européenne, s’est réunie à Bangui le 17 avril dans le cadre du Groupe international de soutien pour remobiliser les acteurs régionaux et internationaux autour de l’accord de paix et des 11 priorités définies par le Gouvernement. 

Mais, a reconnu le Représentant spécial, chaque semaine qui passe, entre 50 et 70 violations de l’Accord commises principalement par les groupes armés contre les populations civiles sont rapportées.  En plus de la violence contre les civils, il a dénoncé la levée illégale de taxes, l’obstruction au déploiement de l’autorité de l’État et l’occupation.  Le 21 mai dernier, dans l’Ouham Pende, des éléments du groupe armé Retour, réclamation et réhabilitation (3 R) ont lâchement assassiné 39 civils innocents et engendré un déplacement d’environ 12 000 personnes. 

Le chef de ce groupe s’est depuis engagé à commencer le processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR) de ses éléments afin de permettre l’établissement des premières unités spéciales mixtes de sécurité (USMS) dans l’ouest du pays.  Il s’est aussi engagé à continuer à collaborer avec les enquêtes judiciaires autour des massacres.

Nous espérions que la situation connaîtrait des améliorations significatives avec la participation des chefs de groupes armés à la vie politique, s’est lamentée aujourd’hui la République centrafricaine.  Le succès de l’Accord, a averti le Représentant spécial, dépendra avant tout de la volonté « inébranlable » des parties de mettre fin à toute forme de violence et de privilégier le dialogue pour régler toute forme de dispute.  Il a jugé encourageante l’annonce faite hier par le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) de démanteler toutes les barrières illégales.  Les États-Unis ont prévenu qu’ils sont prêts à prendre les mesures qui s’imposent contre ceux qui continuent de violer l’Accord, que ce soit par sa représentation dans le pays ou ici au Conseil de sécurité. 

Pour aller de l’avant, le Représentant spécial de l’Union africaine a prôné le lancement d’un programme de réhabilitation des infrastructures, la promotion d’un climat de confiance et de solidarité nationale mais aussi l’organisation d’élections libres, régulières et pacifiques.  Ces élections prévues en 2020-2021, a renchéri l’Union européenne, sont une étape « cruciale » pour consolider les acquis démocratiques.  Elle a affirmé qu’elle se tient prête à soutenir ce processus et appelle les autres partenaires à faire de même.  Il est indispensable, a ajouté la France, que la communauté internationale s’engage pleinement et de manière coordonnée pour le soutenir sur le plan politique ou financier. 

Nous continuerons d’aider la République centrafricaine à faire renaître la paix, en coopération avec toute autre partie intéressée, a assuré la Fédération de Russie, « du moment que c’est sans agenda inavoué ».  L’Afrique du Sud a aussi rejeté toute ingérence extérieure ou tentative en ce sens par ceux qui veulent gérer leurs problèmes régionaux en se servant de l’Afrique comme terrain de jeu, au détriment de la population africaine.

Sur le plan humanitaire, le Chef de la MINUSCA a rappelé que 2,9 millions de personnes, dont la moitié sont des enfants, ont besoin d’assistance humanitaire et de protection, tandis que 2,1 millions sont confrontées à l’insécurité alimentaire.  Il a appelé à la générosité des bailleurs et indiqué que le plan de réponse humanitaire pour 2019, qui nécessite un peu plus de 430 millions de dollars, n’est financé qu’à hauteur de 28%. 

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

Rapport du Secrétaire général sur la République centrafricaine (S/2019/498)

Le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), M. MANKEUR NDIAYE, a indiqué que la signature de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, le 6 février dernier, a suscité beaucoup d’espoirs, tant dans le pays que dans la sous-région et au sein de la communauté internationale.  Depuis la signature de l’Accord, le Gouvernement et les partenaires de la République centrafricaine ont redoublé d’efforts pour sa mise en œuvre.  Ainsi, un nouveau gouvernement plus inclusif a vu le jour le 22 mars dernier, à l’issue des consultations d’Addis-Abeba.  La communauté internationale, sous l’égide des Nations Unies, de l’Union africaine (UA) et de l’Union européenne (UE), s’est réunie à Bangui le 17 avril dans le cadre du Groupe international de soutien à la République centrafricaine afin de remobiliser les acteurs régionaux et internationaux autour de l’accord de paix et des 11 priorités définies par le Gouvernement. 

Le Comité exécutif de suivi de l’accord de paix, coprésidé par le Premier Ministre et Représentant spécial de l’UA, s’est réuni régulièrement depuis son lancement le 15 mai.  Au cours de ces réunions, le Gouvernement, les groupes armés, les représentants de la société civile ainsi que les garants et les facilitateurs de l’accord de paix ont fait le point sur les progrès et les défis relatifs à sa mise en œuvre, notamment les diverses violations commises.  Le Gouvernement s’est aussi attelé, avec l’appui de la MINUSCA, à mettre en place et à opérationnaliser les mécanismes de mise en œuvre de l’Accord au niveau local, avec l’établissement de 12 comités de mise en œuvre préfectoraux et 13 comités techniques de sécurité.  Ces mécanismes constituent un espace de dialogue fondamental pour le suivi de la mise en œuvre de l’accord de paix, a relevé M. Ndiaye. 

En dépit de ces avancées probantes, a-t-il poursuivi, la population centrafricaine et la communauté humanitaire continuent de subir au quotidien des actes de violence attribués en grande partie à des groupes armés pourtant signataires de l’Accord.  Il y a un mois, le 21 mai dernier, dans l’Ouham Pende, des éléments du groupe armé Retour, réclamation et réhabilitation (3 R) assassinaient lâchement 39 civils innocents et engendraient un déplacement d’environ 12 000 personnes.  Une enquête a été lancée par les autorités judiciaires centrafricaines, soutenues par la MINUSCA, pour faire toute la lumière sur ces atrocités et rendre justice aux victimes. 

Le 31 mai dernier, une mission conjointe de haut niveau composée du Gouvernement, de l’Union africaine, de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la MINUSCA a été dépêchée sur le terrain pour exiger du chef des 3 R sa coopération avec les autorités judiciaires en vue de l’arrestation des responsables des massacres, du démantèlement de toutes ses bases et de la participation immédiate de ses éléments au programme national de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDRR).  Une deuxième mission conjointe s’est rendue à Koui, le bastion des 3 R, le 18 juin, au terme de laquelle le chef de ce groupe armé s’est engagé à commencer le DDRR de ses éléments le 29 juin, afin de permettre l’établissement des premières unités spéciales mixtes de sécurité (USMS) dans l’ouest du pays.  Il s’est aussi engagé à continuer à collaborer avec les enquêtes judiciaires autour des massacres.

Selon le Représentant spécial, ces incidents de l’Ouham Pende démontrent que la situation sécuritaire demeure fragile.  Chaque semaine, entre 50 et 70 violations de l’accord de paix, commises principalement contre les populations civiles par les groupes armés, sont rapportées.  La violence contre les civils, la levée illégale de taxes, l’obstruction au déploiement de l’autorité de l’État et l’occupation de bâtiments publics persistent et constituent une source de profondes frustrations pour le peuple centrafricain.  Dans ce contexte, a ajouté M. Ndiaye, la MINUSCA continue de mettre en œuvre le mandat multidimensionnel que le Conseil lui a donné, tout en usant de ses bons offices pour exhorter les parties à appliquer de façon scrupuleuse les engagements pris au titre de l’accord de paix et à les accompagner. 

Le succès de cet accord, a averti le Représentant spécial, dépendra avant tout de la volonté inébranlable des parties de mettre fin à toute forme de violence et de privilégier le dialogue pour régler toute forme de dispute, comme le prévoit du reste l’Accord.  De même, afin de préserver une certaine confiance dans l’Accord, les groupes armés doivent de toute urgence se conformer aux arrangements sécuritaires auxquels ils se sont eux-mêmes astreints le 6 février dernier.  À cet égard, l’annonce faite hier par le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC) de démanteler toutes les barrières illégales est un signe encourageant qui, a espéré M. Ndiaye, sera suivi d’actes concrets. 

Il a en outre affirmé que l’exécution intégrale des dispositions sécuritaires de l’accord de paix, notamment la création des unités spéciales mixtes de sécurité qui devrait contribuer à réduire la violence liée à la transhumance, représentera une étape cruciale dans la restauration de la sécurité et le redéploiement de l’autorité de l’État.  Des améliorations durables en matière de sécurité et de stabilisation nécessiteront aussi des progrès rapides en matière de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement.  Il a annoncé que les opérations de DDRR menées en mai et juin ont abouti à la démobilisation de 90 combattants de Révolution et justice-Sayo qui avait déjà commencé à désarmer en décembre 2018. 

La MINUSCA travaille avec le Gouvernement, les garants et d’autres partenaires pour lancer le DDRR au profit d’autres groupes dans les mois à venir, ce qui permettra la création, la formation et le déploiement rapides des USMS.  Pour le Représentant spécial, les Centrafricains attendent beaucoup de la paix: ils veulent pouvoir vaquer à leurs activités en toute sécurité, avoir accès à l’eau potable, aux soins de santé, à l’éducation, à l’emploi et à la justice.  Il faut donc créer les conditions d’un environnement propice au relèvement économique permettant de créer des perspectives d’emploi aux jeunes, afin d’éviter la création des groupes armés de demain. 

Il a également indiqué que la situation humanitaire désastreuse continue d’entraver les perspectives d’une paix durable, car les populations ne sont pas en mesure de satisfaire leurs besoins essentiels.  Il a noté que 2,9 millions de personnes, dont la moitié sont des enfants, ont besoin d’assistance humanitaire et de protection, tandis que 2,1 millions de personnes sont confrontées à l’insécurité alimentaire.  Il est essentiel que l’accord de paix contribue à créer les conditions d’un meilleur accès de l’aide humanitaire et que des activités de développement soient lancées dans les zones déjà stables.  Il faut aussi fournir un soutien adéquat aux 622 000 personnes déplacées et 590 000 réfugiés centrafricains enregistrés dans les pays voisins.  Le plan de réponse humanitaire pour 2019, qui nécessite un peu plus de 430 millions de dollars, n’est financé qu’à hauteur de 28%, ce qui est insuffisant.  Le Représentant spécial a donc appelé à la générosité des bailleurs pour venir en aide à ces populations vulnérables.

Selon M. Ndiaye, les progrès vers la réconciliation nationale et l’intégration des groupes armés dans les forces de l’État et la société seront essentiels pour permettre la tenue d’élections en 2020-2021 comme prévu.  Il a souligné qu’un retard dans l’adoption du Code électoral pourrait mener à un retard des préparatifs électoraux.  Or ces élections constitueront une étape cruciale dans le renforcement de la démocratie en République centrafricaine.  Il a dit avoir noté l’établissement d’une plateforme politique composée de 20 partis politiques d’opposition et de quatre organisations de la société civile s’opposant fermement à l’accord de paix.  Il a dit souhaiter que cette opposition à l’Accord ne mène pas au rejet du processus de paix mais plutôt à des propositions constructives en faveur du développement du pays. 

Enfin, malgré des défis persistants, le Représentant spécial s’est dit convaincu que l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine reste le meilleur moyen de réduire la violence, de mettre fin aux activités armées illégales et de mettre en place une gouvernance inclusive. 

M. MATIAS BERTINO MATONDO, Représentant spécial et Chef du Bureau de l’Union africaine en République centrafricaine, a fait un bilan de l’état de mise en œuvre de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine.  Il a indiqué qu’en ce qui concerne les arrangements sécuritaires provisoires, les unités spéciales mixtes de sécurité étaient en cours de constitution.  Les consultations populaires sur le cadre législatif de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation ont été lancées le 6 juin, a poursuivi le haut fonctionnaire.

Toutefois, si des efforts ont été consentis du côté du Gouvernement, les groupes armés ne font pas preuve d’un réel enthousiasme vis-à-vis de l’Accord, jugé éloigné de leurs attentes et des résultats souhaités.  M. Matondo a fait état des violences perpétrées contre des civils et des représentants de l’État, y compris des abus sexuels et des vols de bétail.  Le 21 mai, plus de 40 personnes ont été massacrées par le groupe Retour, réclamation et réhabilitation (3 R), pour la plupart des civils, dans plusieurs villages proches de Paoua.  Il faut signaler, a souligné le Représentant spécial, que ce massacre a porté un « coup dur » à l’Accord, poussant les médias et les groupes d’opposition à le déclarer « mort ».

Les garants et les facilitateurs de l’Accord ont pris un certain nombre de mesures, en se rendant notamment sur place pour y rencontrer les populations civiles, ainsi le chef des 3 R pour entendre sa version des faits et lui transmettre les exigences du Gouvernement centrafricain.  Au nombre des défis qui continuent de se poser en République centrafricaine, il y a la lutte contre le chômage.  Le Représentant spécial a prôné le lancement d’un programme de réhabilitation des infrastructures, l’organisation d’élections libres, régulières et pacifiques et la promotion d’un climat de confiance et de solidarité nationale.  Le Gouvernement a été encouragé à maintenir le cadre existant du dialogue, a relevé le Représentant spécial, qui a souligné l’importance de mener un plaidoyer visant à renforcer l’assistance humanitaire. 

Pour M. KOEN VERVAEKE, de l’Union européenne, cinq mois après la signature de l’accord de paix, on se trouve à un moment critique.  Le Gouvernement a honoré une bonne partie de ses engagements, a-t-il constaté, puisqu’un gouvernement largement inclusif a été mis en place dans lequel tous les groupes armés sont représentés.  Les mécanismes de suivi de l’application de l’Accord sont également en place et le Comité exécutif de suivi a déjà tenu trois réunions, sans compter que le Comité national de suivi est en place et, au niveau régional, certains comités de mise en œuvre préfectoraux le sont aussi.  Dans les jours qui viennent, il y aura un séminaire gouvernemental, avec le soutien des partenaires, dont l’Union européenne, pour renforcer la cohésion au sein du Gouvernement et l’esprit d’équipe.  L’Union européenne apporte aussi son soutien au Comité exécutif de suivi et aux groupes armés pour renforcer leur appropriation de l’Accord.

Les unités spéciales mixtes de sécurité sont un élément clef de l’Accord, a poursuivi M. Vervaeke, en tant que mesure temporaire de sécurité.  Leur base juridique a maintenant été préparée alors qu’un financement initial est assuré par le Fonds des Nations Unies pour la consolidation de la paix.  L’Union européenne a fait une contribution initiale de 3,4 millions d’euros pour financer le soutien de l’Union africaine à ces unités, par le truchement de la Facilité de soutien à la paix pour l’Afrique.  L’Union européenne envisage un soutien supplémentaire une fois que ces unités seront déployées.  Le représentant a cependant regretté que les listes d’effectifs de ces unités ne soient pas encore finalisées ni par le Gouvernement ni par les groupes armés, ce qui signifie que le déploiement de la première unité est repoussé à octobre 2019.

Le représentant a aussi constaté que l’Accord est fréquemment violé, en particulier par les groupes armés, et que les progrès en termes de DDRR sont lents.  Il est inadmissible que des parties à l’Accord continuent d’attaquer des civils, s’est-il impatienté, en faisant référence au récent massacre à Paoua qui « sape les efforts collectifs et notre crédibilité ».

À cet égard, la MINUSCA devrait continuer d’engager activement les groupes armés qui ne se conforment pas à l’Accord et poursuivre leurs actes illégaux, si nécessaire par la force, a estimé le représentant.  Ce qui l’a amené à parler de la justice et du fait que la population centrafricaine attend que justice soit faite rapidement et de manière impartiale.  Les responsables des violences doivent être traduits en justice, et, pour cela, il va falloir mettre en place une justice transitionnelle.  Ce processus bénéficie du soutien de l’Union européenne à la fois technique et financier, a-t-il précisé.

Rappelant que les prochaines élections en République centrafricaine (RCA) doivent avoir lieu dans un an et demi, conformément à l’accord de paix, il a estimé que c’est une étape « cruciale » pour consolider les acquis démocratiques.  Il faut que ces élections soient crédibles, transparentes et organisées dans les délais.  L’Union européenne se tient prête à soutenir ce processus et appelle les autres partenaires de la RCA à en faire de même.  Enfin, le représentant a estimé que le mandat de la MINUSCA devrait être adapté pour refléter son rôle dans la mise en œuvre de l’accord de paix et dans les futures élections.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a dit que la signature de l’accord de paix a ouvert une véritable perspective pour la sortie de crise et une paix durable en République centrafricaine.  Nous demeurons néanmoins préoccupés par la poursuite des violences commises par les groupes armés qui continuent de recruter des enfants et de violer l’embargo sur les armes, a-t-il avoué.  Les conséquences humanitaires sont terribles et concernent en premier lieu les populations les plus vulnérables.  Le représentant a condamné les violences récemment commises par le groupe 3 R dans la région de Paoua et le fait que les travailleurs humanitaires soient pris pour cible.  Il a pris note de la réaction du groupe 3 R pour mettre fin à ses agissements, de rechercher les responsables de ces actes et de les livrer à la justice.  Saluant la réaction ferme et robuste de la MINUSCA pour faire prévaloir l’accord de paix, M. Delattre a jugé que cette posture est indispensable et doit continuer d’être opposée aux groupes armés. 

La priorité pour la mise en œuvre de l’accord de paix doit aller à l’arrêt des violences commises par les groupes armés, à leur désarmement et à leur démobilisation ainsi qu’à la restauration progressive de l’autorité de l’État sur tout le territoire.  De son côté, a estimé le représentant, le Gouvernement centrafricain doit poursuivre ses efforts de communication sur l’accord de paix, lancer l’adoption d’une loi sur la décentralisation et progresser dans la mise en place de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation. 

Pour que la mise en œuvre de l’Accord soit un succès, il est indispensable que la communauté internationale s’engage pleinement et de manière coordonnée pour le soutenir sur le plan politique ou financier, a poursuivi le représentant.  À ce titre, l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, et les pays de la région ont un rôle particulier à jouer.  La France a fourni une aide budgétaire de 10 millions d’euros pour le renforcement de l’Administration centrafricaine et poursuit la formation de 200 cadres de la fonction publique territoriale.  En outre, 850 à 950 militaires centrafricains ont été formés par la mission militaire de formation de l’Union européenne en République centrafricaine (EUTM-RCA).  La France finance aussi des projets à impact rapide pour le développement d’activités économiques et l’insertion des populations pour un montant de 28 millions d’euros.  Avant de terminer, M. Delattre a indiqué qu’à l’approche des échéances électorales de 2020 et de 2021 qui doivent marquer l’ancrage démocratique en République centrafricaine, la MINUSCA doit pouvoir jouer un rôle de soutien à leur organisation en appui aux autorités centrafricaines.

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a appelé le groupe 3 R à transférer les coupables de la dernière attaque à la justice, à démanteler ses bases et ses barrières et à procéder « immédiatement » à la démobilisation et au désarmement.  L’accord de paix, a-t-il poursuivi, offre la meilleure perspective pour mettre fin à la violence et réaliser une paix et une sécurité durables.  Il faut traduire en justice tous ceux qui le violent, a martelé le représentant.  Il a tout de même pris note des progrès dont l’élan dans le processus DDRR.  Une bonne identification des membres des groupes armés, a-t-il souligné, est « essentielle » parce que les Centrafricains ne feront confiance aux soldats et aux unités mixtes que quand ils verront qu’ils sont effectivement là pour les protéger et pas pour les attaquer.  Les Centrafricains nous ont dit clairement, a rappelé le représentant, que la justice et l’établissement des responsabilités sont leurs priorités.  Ce sont aussi les nôtres, a-t-il prévenu.  Il a donc salué les signataires de l’Accord qui ont reconnu ces priorités et qui travaillent à la mise en place d’une commission inclusive.  Il les a exhortés à soutenir et à coopérer avec la cour pénale spéciale.  Nous suivons de très près la situation, a averti le représentant et nous sommes déterminés à faire en sorte que les signataires de l’Accord tiennent leurs promesses et dans le cas contraire, à prendre des mesures contre ceux qui compromettront l’Accord, que ce soit par la représentation américaine sur place ou ici au Conseil de sécurité.  Mais nous espérons que nous n’en arriverons pas là, a conclu le représentant, qui confirmé la volonté de son pays de continuer à travailler avec les partenaires à la mise en œuvre de l’Accord.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a estimé que les actes de violences comme ceux qu’a perpétrés, le 3 mai dernier, le groupe armé des 3 R, sont un mépris de l’accord de paix dont il est pourtant signataire.  Il a déclaré qu’avec un appui international sur la durée, la RCA prétend à un avenir meilleur.  Il a appelé le Secrétaire général à renforcer les comités locaux, ajoutant qu’il est vital que la population s’approprie l’accord de paix.  De même, le représentant a souligné l’importance de la justice et de l’établissement des responsabilités pour que la population puisse effectivement jouir de la paix.  Il a salué à ce propos les progrès pour créer la cour pénale spéciale centrafricaine. 

Le délégué a rappelé que son pays ni a fourni plus de 140 millions de dollars depuis 2014 en faveur de l’assistance humanitaire en République centrafricaine.  Il a appelé tous les États à combler le déficit du plan humanitaire.  Il a aussi appelé à plus de soutien en faveur de la MINUSCA et des garants de l’accord de paix.  Il a enfin invité la MINUSCA à mieux communiquer avec la population locale sur ce qu’elle fait pour elle. 

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a déploré, à son tour, les réticences des groupes armés à traduire en actes concrets les engagements auxquels ils ont librement souscrit.  Il a condamné les récentes violences perpétrées par ces groupes armés dans le nord-ouest du pays ainsi que les attaques visant les écoles, les hôpitaux, les personnels humanitaires et les patrouilles communes de la MINUSCA et des Forces armées centrafricaines. 

Après avoir salué la création de mécanismes devant impulser la mise en œuvre de l’Accord, dont l’entrée en fonctions du Comité exécutif de suivi le 15 mai, le représentant a appelé à la mise en œuvre des dispositions relatives à la Constitution et à l’opérationnalisation des unités spéciales mixtes de sécurité (USMS).  Il a aussi réclamé la réalisation du programme national de DDRR et pressé la communauté internationale et les garants de l’accord de paix de conjuguer leurs efforts pour sa mise en œuvre intégrale.

M. Ipo a également estimé que la coopération sous-régionale doit prendre toute sa place dans l’ensemble des initiatives pour le retour de la paix et de la stabilité en RCA et a salué la relance de la Commission mixte de coopération entre le Cameroun et la République centrafricaine, le 6 mai 2019.  Il s’est aussi félicité de la création de comités locaux de paix et de réconciliation, ainsi que du lancement des consultations populaires en vue de la mise en place de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation.  Il a en outre appelé la MINUSCA à prendre une part active aux futures échéances électorales en 2020 et 2021.

Mme THANDEKILE TSHABALALA (Afrique du Sud) a réitéré le soutien de sa délégation à l’accord de paix, tout en saluant la coopération entre le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, M. Smail Chergui, le Représentant spécial et Chef de la MINUSCA, M. Mankeur Ndiaye, et l’Ambassadeur de la CEEAC, M. Adolphe Nahayo, qui ont initié des consultations entre les signataires de l’accord de paix.  Elle a rejeté toute interférence extérieure ou tentative en ce sens par ceux qui veulent gérer leurs problèmes régionaux en se servant de l’Afrique comme terrain de jeu, au détriment de la population africaine. 

La représentante s’est dite préoccupée par la poursuite des attaques menées par les groupes armés contre les civils, les Casques bleus et le personnel onusien, ainsi que les personnels humanitaires.  Mme Tshabalala a salué les actions conjointes de la MINUSCA et des Forces armées centrafricaines en vue de juguler la menace de ces groupes, ajoutant que cela a permis l’amélioration de la situation dans certaines localités.  Elle a également insisté sur la place des femmes dans le processus de paix et les efforts de réconciliation nationale.  Elle a soutenu la MINUSCA et souligné l’importance de renforcer les ressources de la Mission pour qu’elle puisse mener à bien son mandat.  Elle a ainsi invité les partenaires internationaux à rester solidaires à l’égard du peuple centrafricain et à apporter un soutien politique, financier et autres pour préserver les acquis. 

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l’accord de paix, citant notamment la création d’un gouvernement inclusif et la nomination de dirigeants de groupes armés à des poste clefs.  Il s’est aussi félicité de la création de 26 comités de paix et de réconciliation, notamment à Bangasu, Bouar et Bria.  Il a également salué les efforts déployés par la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) pour améliorer les relations bilatérales entre la RCA et ses voisins.  Le représentant a en revanche dénoncé les violences du 21 mai au cours desquelles des combattants du groupe 3 R ont provoqué la mort de 42 personnes, principalement des civils, dans la ville de Paoua.  Il s’est aussi soucié de la fragilité de la situation humanitaire.

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a apporté son soutien à l’Accord et au processus politique en vue de rétablir la paix en République centrafricaine, soulignant à quel point il importe que toutes les parties prenantes s’acquittent de leurs obligations, s’agissant en particulier du processus politique, de la cessation des hostilités, des mécanismes de suivi et de la constitution des unités spéciales mixtes de sécurité.  Le représentant a ensuite appelé tous les signataires et la communauté internationale à rester engagés, en créant les « dividendes tangibles » de la paix.  L’Union africaine et les pays voisins ont maintenant une chance mais aussi une responsabilité particulière, a évalué M. Schulz, en se félicitant de la tenue de la première Commission conjointe entre la République centrafricaine et le Cameroun depuis 2010. 

Le représentant a ensuite encouragé les initiatives de paix locales auxquelles doivent être associés les femmes et les jeunes.  Il a salué les efforts du Gouvernement pour hâter la mise en œuvre de l’Accord grâce à des mesures concrètes comme les consultations relatives à la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation.  La délégation a également encouragé les autorités à poursuivre la formation des unités mixtes et le programme de désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration.  Après avoir condamné les attaques perpétrées notamment par les 3 R en mai dernier, M. Schulz a considéré que le renforcement du système de justice et la création de la cour pénale spéciale sont « indispensables » pour mettre fin à l’impunité.

M. YAO SHAOJUN (Chine) a salué les mesures prises par le Président centrafricain pour appuyer la mise en œuvre de l’accord de paix.  Il s’est néanmoins dit préoccupé par la violence perpétrée par les groupes armés, y compris aujourd’hui.  Il a appelé les pays de la région et l’UA à jouer de leur influence pour obtenir une pleine mise en œuvre de l’accord de paix.  Il a salué le rôle joué par la MINUSCA, soulignant que la stabilité en République centrafricaine ne sera possible qu’avec le soutien international et dans le respect du rôle de chef de file du Gouvernement.  Le représentant a enfin plaidé pour la poursuite du processus de désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement, avant de souligner que les prochaines élections de 2020 et 2021 seront une étape « cruciale ». 

Quatre mois après la signature de l’Accord politique, Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a dit soutenir ce processus qui est « la seule issue acceptable » à la crise.  Les Centrafricains ne veulent plus de la violence et ce message doit être entendu par les dirigeants des groupes armés signataires de l’Accord.  La représentante a condamné le dernier massacre de Paoua et exigé que les responsables soient traduits en justice.  Les groupes armés doivent également cesser leurs activités de prédation, les violations des droits de l’homme telles que le recrutement d’enfants, et les mouvements de troupes non autorisés.  Ils doivent être conscients du fait que les violations graves de l’Accord ne resteront pas sans conséquences, a mis en garde la représentante.

Saluant la mise en place des comités de mise en œuvre préfectoraux et des comités techniques de sécurité, elle a estimé qu’il s’agit « de signes encourageants d’engagement des parties ».  Pour ce qui est de l’opérationnalisation des unités spéciales mixtes de sécurité, elle a rappelé « qu’il est heureux que l’Union européenne ait pu dégager rapidement un soutien financier ».  Il faudra établir ces unités rigoureusement selon les principes définis par l’Accord, a poursuivi la représentante, en évitant les interprétations trop libres qui dénaturent l’objectif d’extension de l’autorité de l’État.

S’agissant de l’appropriation nationale de l’application de l’Accord, elle a souligné le rôle des autorités centrafricaines et salué le lancement de la Commission de mise en œuvre nationale le 14 juin dernier.  Le programme de désarmement, démobilisation et réintégration est crucial pour accompagner la dissolution des groupes armés et il faut satisfaire les attentes de la population notamment en termes de services de base, d’opportunités de développement économique et de sécurité.  « Heureusement que la RCA n’est pas seule à affronter ces défis », a constaté la déléguée, puisqu’elle peut compter sur le soutien de la communauté internationale, dont l’Union européenne.

Nous partons du principe que la MINUSCA doit à présent encadrer le déploiement des unités spéciales mixtes de sécurité et envisager de leur offrir un soutien logistique renforcé.  La MINUSCA, a conclu la représentante, a également un rôle crucial à jouer en matière de bons offices et d’appui au processus de paix, de soutien à l’extension de l’autorité de l’État et à la réforme du secteur de la sécurité.

Plus de quatre mois après la signature, le 6 février dernier, de l’Accord politique, M. PAUL DUCLOS (Pérou) a salué les efforts des signataires pour le mettre en œuvre, signe de la détermination des parties à tourner la page, après plus de cinq années de conflit.  Ces efforts doivent cependant se traduire sur le terrain par une amélioration tangible de la situation sécuritaire et socioéconomique du pays, a-t-il estimé. 

Pour ce faire, le représentant a appelé les autorités compétentes à définir un code électoral qui fournisse des garanties et un cadre juridique aux élections générales de 2020 et 2021.  Il a également appelé le Gouvernement à engager un processus de décentralisation afin de redynamiser le développement de la République centrafricaine, notamment au profit des communautés marginalisées par le conflit. 

Sur le plan sécuritaire, le représentant s’est dit préoccupé par le fait que les groupes armés signataires continuent de violer certaines dispositions de l’Accord.  Il a estimé que le Gouvernement devrait envisager des « mesures correctives » pour faire face à ces violations.  Le représentant a notamment appelé les autorités du pays à lever les obstacles au redéploiement de l’armée sur l’ensemble du territoire national, dans le but de mettre fin aux violences contre les civils, à la levée illégale d’impôts et aux entraves à l’aide humanitaire.  Il a également jugé nécessaire d’accélérer le programme de désarmement, démobilisation, réintégration et réhabilitation des ex-combattants. 

Enfin, le représentant a appelé à redoubler d’efforts pour développer le pays, en octroyant des services publics de base et en créant des infrastructures sur l’ensemble du territoire, le tout en travaillant à la mise sur pied, conformément à l’accord de paix, de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation.

M. ALEXANDER V. REPKIN (Fédération de Russie) s’est dit d’accord pour affirmer que l’accord de paix constitue un point de départ important pour régler la crise en République centrafricaine.  Le Gouvernement et les groupes armés signataires doivent profiter de cette fenêtre d’opportunité, a-t-il considéré.  Faisant état de signes de progrès dans les efforts déployés pour surmonter la crise et progresser vers la réconciliation nationale, le représentant a déclaré qu’il faut veiller à un processus aussi équilibré et inclusif que possible.  S’il a reconnu la nécessité de lutter contre l’impunité, il a toutefois considéré qu’il faut agir « avec maîtrise » pour que cela ne se fasse pas « au détriment » de la réconciliation nationale.  Comme autre question fondamentale, le représentant a cité la mise en œuvre de la création des unités mixtes, dont il espéré que la MINUSCA lui apportera le soutien nécessaire. 

Pour sa part, la Fédération de Russie contribue au renforcement des capacités de combat des forces de sécurité centrafricaines, a indiqué le représentant, qui a expliqué que son pays leur fournit une formation technique à la demande des autorités.  Après avoir envoyé des armes légères et des munitions, nous sommes en train, a-t-il dit, de préparer une deuxième cargaison d’articles militaires, dont le Comité des sanctions a été notifié.  Le représentant s’est enorgueilli de ce que les instructeurs russes aient déjà mené à bien la formation et l’entraînement de 2 236 soldats centrafricains.  En outre, le Gouvernement russe a organisé l’acheminement d’un convoi humanitaire de Khartoum à Bangui, sans compter l’organisation d’une dizaine de tables rondes sur la thématique de la consolidation de la paix.  Nous continuerons d’aider la République centrafricaine à faire renaître la paix, en coopération avec tout autre partie intéressée, du moment que c’est « sans agenda inavoué ».

Mme BERIOSKA ILUMINADA MORRISON GONZÁLEZ (République dominicaine) a salué les efforts des signataires de l’Accord politique pour harmoniser leurs vues, comme en témoigne la formation d’un gouvernement participatif.  Elle a également félicité les représentants des différentes communautés pour avoir entrepris des dialogues intercommunautaires et conclu différents accords de réconciliation.  La représentante a en outre salué les efforts de la Commission de consolidation de la paix, de l’Union africaine (UA), de l’Union européenne (UE) et du Gouvernement pour tenter de mobiliser la communauté internationale en faveur de la mise en œuvre de l’accord de paix.  Elle a par ailleurs salué l’approbation du Code électoral, qui fournira un cadre légal aux futures élections générales de 2020 et 2021.  Elle a espéré que ce code soit promulgué en tenant compte de la décision du Tribunal constitutionnel de se conformer à la loi sur la parité entre hommes et femmes, qui garantit aux femmes un quota minimum de 35%, pendant une période de transition de 10 ans.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a invité la communauté internationale à renforcer son soutien à la République centrafricaine, tout en saluant les progrès atteints au cours des premiers mois après la signature de l’accord de paix.  Il a aussi invité le Conseil de sécurité à soutenir le travail des organisations régionales et sous-régionales, tout en saluant le travail de l’UA et de la CEEAC.  Le partenariat, c’est la clef, et il faut donc que ces organisations, l’ONU et toutes les parties prenantes poursuivent leur collaboration, a insisté le représentant.  Il a appelé la MINUSCA à poursuivre son travail dans la réforme du secteur de la sécurité et dans les domaines de la justice et de l’état de droit, en apportant le soutien technique nécessaire aux enquêtes.  Il a estimé que pour améliorer son efficacité, la MINUSCA doit gagner le cœur et l’esprit des populations locales.  À cette fin, il faut renforcer la formation et les capacités des soldats de la paix, y compris en leur permettant d’utiliser des outils de médiation, de négociation et d’engagement avec les communautés. 

M. PIOTR MARCIN ZAWIEJA (Pologne) a fait part de sa préoccupation face à la poursuite de la violence contre les civils, ainsi que d’autres violations flagrantes de l’accord de paix par des groupes armés.  Il a plaidé pour l’engagement des acteurs régionaux, notamment l’UA, la CEEAC et les pays voisins.  Il a invité l’Assemblée nationale centrafricaine à terminer rapidement son travail sur le Code électoral, notamment en veillant au respect de l’égalité des genres comme cela a été prescrit par la Cour constitutionnelle.  Sur un tout autre plan, le représentant a estimé que la réconciliation nationale doit s’accompagner du rétablissement de l’autorité de l’État dans tout le pays et la fourniture des services de base.  De même, il n’est pas possible de promouvoir la paix sans un système judiciaire opérationnel.  Le représentant a donc voulu que l’on accélère la mise en place d’une justice transitionnelle afin de lutter contre l’impunité.  Il a conclu en saluant la formation qu’offre l’Union européenne aux Forces armées centrafricaines (FACA) et en insistant sur l’importance qu’il y a à poursuivre le processus de DDRR. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) s’est félicité de ce que les 14 groupes armés signataires de l’Accord aient engagé un dialogue avec le Gouvernement.  Il a félicité le Président Touadéra d’avoir favorisé la participation de la minorité musulmane et promu la présence des femmes au Gouvernement.  Il l’a aussi félicité pour ses efforts de mise en œuvre des dispositions prioritaires de l’Accord politique.  Le représentant a par ailleurs salué l’adoption à l’unanimité par le Parlement du Code électoral.  Toutefois sur le plan sécuritaire, il a condamné la persistance d’actes de violence contre les civils.  Les pillages et la levée illégale de taxes se poursuivent dans plusieurs parties du pays, a-t-il dénoncé, ainsi que les attaques contre le personnel de l’ONU, les soldats de la paix et les agents humanitaires.  Le représentant a appelé à tout faire pour traduire les auteurs de ces actes en justice.  Les parties, a-t-il ajouté, doivent redoubler d’efforts pour mettre pleinement en œuvre l’Accord politique.

Mme AMBROISINE KPONGO (République centrafricaine) a dit que, à la lecture du rapport du Secrétaire général, les défis sécuritaires et la protection des civils continuent d’être une source de préoccupation, alors qu’avec la participation des chefs de groupes armés à la vie politique, « nous espérions que la situation connaîtrait des améliorations significatives ».  « Les efforts considérables fournis par le Gouvernement pour la mise en œuvre de l’accord de paix prouvent à suffisance sa volonté de respecter les engagements contenus dans ce document.  Les parties signataires ont l’obligation de respecter ce qu’elles ont librement signé, ce qui implique l’arrêt de tout acte de violence contre la population civile, ainsi que d’autres actes tels que le prélèvement des taxes illégales, l’exploitation frauduleuse des ressources naturelles », a exhorté la représentante, avant d’observer que, comme tout accord, il faudrait du temps pour la mise en application effective. 

Selon elle, la situation humanitaire demeure alarmante à cause des exactions que subissent les populations des régions où les groupes armés continuent de sévir, malgré les efforts de sécurisation que la MINUSCA ne cesse de déployer.  Les faits décrits dans le rapport du Secrétaire général, a-t-elle ajouté, sont révélateurs de la précarité de la situation et nous font penser que le chemin à parcourir pour arriver à une paix durable sera long.  Mais avec l’appui que la communauté internationale et les partenaires bilatéraux et multilatéraux fourniront à la MINUSCA et au Gouvernement, le peuple centrafricain est en mesure d’espérer un avenir serein, a estimé la représentante.

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