En cours au Siège de l'ONU

8479e séance – matin
CS/13730

Devant le Conseil de sécurité, le Président en exercice de l’OSCE plaide pour un multilatéralisme « efficace »

Le Président en exercice de l’OSCE a lancé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, un véritable appel en faveur d’un multilatéralisme « efficace », s’inquiétant du fait que le monde « semble commencer à oublier » le rôle extrêmement important de « cet outil fondamental pour la résolution des problèmes et le règlement des conflits ».

M. Miroslav Lajčák, Ministre des affaires étrangères et européennes de la Slovaquie et ancien Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, a plaidé pour le renforcement de la coopération entre l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’ONU.

Face à des enjeux de taille, l’ONU et l’OSCE doivent continuer de travailler ensemble, « sans doute plus encore qu’auparavant », a estimé le Président en exercice.  Les deux organisations, s’est-il expliqué, sont confrontées à des défis que leurs pères fondateurs peineraient à imaginer, à commencer par les changements climatiques, le cyberterrorisme et l’extrémisme violent.  Le paysage sécuritaire change, l’imprévisibilité s’accentue et nos institutions doivent s’adapter aux exigences d’un siècle encore jeune.

M. Lajčák a cité comme domaines d’une coopération renforcée, la consolidation de la paix, l’appui des activités menées dans le cadre de la résolution 1325 (2000) sur « les femmes, la paix et la sécurité » et la mise en œuvre des résolutions 2250 (2018) et 2419 (2018) sur les « les jeunes, la paix et la sécurité ».

Le Président en exercice a également passé en revue les principaux foyers de tension ou « zones noires » de la région où opère l’OSCE.  Il s’est félicité des progrès réalisés pour trouver une issue à la situation en Transnistrie et dans le Nagorno-Karabakh.  Il a aussi jugé urgent de rouvrir les points de passage fermés depuis plusieurs semaines en Ossétie du Sud.

Mais soulignant, comme tous les membres du Conseil de sécurité, qu’il n’y a pas d’alternative aux accords de Minsk, M. Lajčák a qualifié d’inacceptables les évènements « dans et aux alentours de » l’Ukraine: les engagements ne sont pas honorés, la confiance s’effrite et l’espace d’un dialogue authentique se rétrécit.

« L’approche globale de l’OSCE et sa contribution à la promotion d’un règlement pacifique des conflits ne sont nulle part plus importantes qu’en Ukraine », ont commenté les États-Unis.  Avec tous leurs homologues, ils ont fermement appuyé la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine.  L’Allemagne et la France ont fait part de leur détermination à poursuivre leurs efforts de médiation au sein du format Normandie.  La France a appelé à un réengagement de toutes les parties, en particulier la Fédération de Russie et les groupes séparatistes qu’elle soutient.

Les États-Unis ont d’ailleurs promis le maintien des sanctions contre la Fédération de Russie « jusqu’à ce qu’elle mette pleinement en œuvre les accords de Minsk et qu’elle replace la Crimée sous le contrôle total de l’Ukraine ».  C’est Kiev qui sabote délibérément les accords de Minsk, a accusé la Fédération de Russie, qui a demandé à l’OSCE de ne pas seulement se focaliser sur le Donbass mais de mener une évaluation complète de la situation dans l’ensemble de l’Ukraine.  « On doit savoir qui ordonne les tirs », a-t-elle insisté.

La Fédération de Russie a en outre reproché aux « partenaires occidentaux » de commettre « l’erreur » de se focaliser uniquement sur la situation en Ukraine et dans l’ex-espace soviétique.  Il y a aussi des problèmes à l’ouest de Vienne, a-t-elle souligné, tout en promettant de contribuer à toute mesure visant à renforcer la sécurité euro-atlantique, « à condition que les efforts ne soient pas politisés ».  La Fédération de Russie, ont tranché les États-Unis, se sert des conflits prolongés pour compromettre « la gravitation » des pays de la région vers les institutions européennes et occidentales. 

EXPOSÉ DU PRÉSIDENT EN EXERCICE DE L’ORGANISATION POUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPE

Déclarations

M. MIROSLAV LAJČÁK, Président en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), a déclaré d’emblée que l’ONU et son organisation doivent continuer de travailler ensemble, « sans doute plus encore qu’auparavant » car, a-t-il souligné, les enjeux sont élevés.  Il a rappelé que la prévention et le règlement des conflits est la principale priorité de l’OSCE et qualifié d’inacceptables les évènements « dans et aux alentours de » l’Ukraine.  Il n’y a pas d’alternative aux accords de Minsk, a-t-il insisté, en appelant à un appui au format Normandie et au Groupe de contact trilatéral.  Il faut être réaliste, a-t-il dit, on ne peut attendre « patiemment » que les progrès arrivent.  M. Lajčák a dit s’être rendu en Ukraine au mois de janvier, « un voyage que je n’oublierai jamais ».

Dans la région de Louhansk, a-t-il indiqué, 10 000 personnes, y compris des personnes âgées ou en chaise roulante, traversent chaque jour l’unique point d’entrée et de sortie: un pont qui traverse la ligne de contact de Stanytsia Luhanska et qui a été gravement endommagé par les combats.  Les engagements ne sont pas honorés, la confiance s’effrite et l’espace d’un dialogue authentique se rétrécit, a alerté le Président en exercice.  Parmi les mesures envisagées par l’OSCE pour améliorer le sort des personnes, il a cité la réparation du pont de Stanytsia Luhanska et le « déminage humanitaire ».  M. Lajčák a aussi dit avoir, en février dernier, parlé de ses propositions avec les Ministres des affaires étrangères russe et ukrainien, se félicitant de n’avoir jamais entendu le mot « non ».  L’OSCE, a-t-il souligné, est prête à participer à toute discussion que tiendra le Conseil de sécurité sur la création d’une mission de l’ONU en Ukraine.

S’agissant des autres « zones noires », le Président en exercice a indiqué que le règlement de la situation en Transnistrie connaît un véritable élan.  Il a appelé à la poursuite des progrès dans la mise en œuvre des huit mesures, insistant notamment sur les transports publics et les télécommunications.  L’OSCE se prépare également à organiser une réunion en formule cinq plus deux à Bratislava en fonction de l’évolution de la situation, après les dernières élections législatives, « les plus importantes de l’histoire moderne du pays ».  Le Président en exercice a aussi insisté sur le « rôle crucial » de l’OSCE en matière d’observation électorale, appelant les États à faire tout leur possible pour permettre à ces missions de travailler sans entrave.

M. Lajčák a également dit s’être rendu à la « frontière administrative » en Ossétie du Sud où il a pu constater la nécessité urgente de rouvrir les points de passage fermés depuis plusieurs semaines, entravant l’accès des populations aux services de base.  L’OSCE entend lancer des projets pour assurer des progrès « modestes mais tangibles » et améliorer le sort des populations.

Pour ce qui est du Nagorno-Karabakh, le Président en exercice s’est félicité de l’intensification des pourparlers et de la diminution du nombre des violations du cessez-le-feu, tout en encourageant les progrès économiques actuels et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

« Gelés, prolongés ou zones noires », tous ces conflits n’ont que trop duré, s’est impatienté M. Lajčák, qui a averti que tant qu’ils ne seront pas réglés, le risque d’escalade demeurera.  Il a insisté sur l’importance d’une implication ONU-OSCE, se félicitant notamment du dialogue constructif entre les représentants spéciaux des deux organisations.  Mais il faut faire encore plus, a-t-il estimé.  Les deux organisations, s’est-il expliqué, font face à des défis que leurs pères fondateurs peineraient à imaginer, à commencer par les changements climatiques, le cyberterrorisme et l’extrémisme violent.  Le paysage sécuritaire change, l’imprévisibilité s’accentue et nos institutions doivent s’adapter aux exigences d’un siècle encore jeune.  Le Président en exercice est revenu sur l’adoption, en 2016, de la résolution du Conseil de sécurité relative à la consolidation de la paix qui, a-t-il estimé, concorde parfaitement avec l’approche de l’OSCE.  D’ailleurs, l’OSCE est prête à partager sa « boite à outils ».

M. Lajčák a aussi salué le Mémorandum d’accord entre l’OSCE et le Bureau de lutte contre le terrorisme de l’ONU, insistant notamment sur l’importance des mécanismes de prévention.  À l’approche de l’anniversaire de la résolution 1325 (2000) sur « les femmes, la paix et la sécurité », il a voulu que l’on réfléchisse à la manière dont l’ONU et l’OSCE pourraient renforcer et appuyer leurs activités.  Le Président en exercice a aussi estimé qu’il existe de nombreuses opportunités de coopérer dans la mise en œuvre des résolutions 2250 (2018) et 2419 (2018) sur les « les jeunes, la paix et la sécurité ».  Il a plaidé pour un multilatéralisme efficace, s’inquiétant du fait que le monde « semble commencer à oublier » le rôle extrêmement important du multilatéralisme, « cet outil fondamental pour la résolution des problèmes et le règlement des conflits », dans le cadre des relations internationales.

Face à un éventail de défis d’envergure mondiale, que ce soit les changements climatiques, la pauvreté et la faim ou le creusement des inégalités, « travailler ensemble et utiliser les plateformes multilatérales n’est pas un luxe auquel nous pouvons nous permettre de renoncer », a-t-il insisté.  L’OSCE, a conclu M. Lajčák, a beaucoup à apporter, que ce soit par son expertise régionale ou sa faculté à être une plateforme de renforcement de la confiance.  « Plus nous travaillons ensemble, plus nous nous rapprocherons des objectifs partagés. »

M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a appuyé la souveraineté et l’intégrité de l’Ukraine, y compris en Crimée, et dénoncé les violations du droit international perpétrées par un membre de ce Conseil.  La Russie continue de déstabiliser l’Ukraine, a-t-il accusé, en rappelant que plus de 10 000 personnes ont été tuées depuis le début du conflit en Ukraine.  « Seule la mise en œuvre des accords de Minsk permettra de mettre un terme à ce conflit », a-t-il estimé, en appuyant résolument la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine et en se félicitant de la coopération entre l’ONU et l’OSCE, y compris dans le domaine de la lutte antiterroriste.  L’agenda « femmes, paix et sécurité » doit figurer tout en haut de l’ordre du jour des deux organisations, a déclaré le délégué, qui a dit partager pleinement les priorités du Président en exercice de l’OSCE, en particulier le règlement des conflits et l’appel à un multilatéralisme efficace.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a salué l’intention de la présidence slovaque de l’OSCE de promouvoir le dialogue, la confiance et la stabilité dans la zone de l’Organisation.  Le représentant a souligné sa foi « inébranlable » dans les vertus du multilatéralisme pour trouver des solutions aux problèmes du monde et promouvoir la paix et le développement durables.  Il a aussi insisté sur la non-ingérence, la souveraineté nationale et l’intégrité territoriale comme principes fondamentaux des relations entre États.  Il est essentiel, a-t-il ajouté, que chacun respecte le principe de non-recours à la force pour résoudre les conflits.  Si chaque conflit est unique, la faiblesse des États et de leurs institutions est bien souvent un obstacle à la consolidation de la paix, a poursuivi le représentant, en plaidant pour un appui aux pays affectés par les conflits, un appui, a-t-il précisé, guidé par les priorités que ces États ont identifiées eux-mêmes.  Le représentant a conclu sur l’importance « incontestable » des arrangements régionaux dont l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) qui, a-t-il souligné, assume la responsabilité de renforcer la paix, la stabilité et la sécurité dans la région « sans ingérence militaire étrangère et pressions indues ».

M. YAO SHAOJUN (Chine) a insisté sur le caractère très évolutif et dynamique des défis internationaux et acquiescé à l’idée d’un multilatéralisme efficace.  Il a insisté pour que la coopération entre l’ONU et les organisations régionales se fasse dans le respect de la Charte et du droit international, dont les principes de non-ingérence, de souveraineté nationale et d’intégrité territoriale des États.  Il a appuyé une coopération entre l’OSCE et le Conseil de sécurité « axée sur les résultats » et a salué les efforts de l’OSCE en Ukraine dont la résolution du conflit passe par la mise en œuvre des accords de Minsk.

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a exhorté l’OSCE, au regard du rôle prépondérant des organisations régionales et sous-régionales dans la prévention et la gestion des conflits, fondé sur le principe de subsidiarité, à jouer pleinement son rôle dans le renforcement de la paix et de la sécurité en Europe.  Il a encouragé la présidence slovaque à œuvrer sans relâche au retour de la paix et de la stabilité en Ukraine et dans les régions avoisinantes, en amenant les différents protagonistes à surmonter leurs divergences, en vue de la mise en œuvre effective des accords de Minsk.  M. Adom a appelé à des mesures idoines pour dissiper le climat de méfiance qui s’est installé entre les parties prenantes, afin de préserver les acquis obtenus grâce aux efforts déployés par l’OSCE et la communauté internationale.  Il importe, a poursuivi le délégué, que l’OSCE poursuive son appui aux mécanismes en place visant à régler les conflits du Haut-Karabakh, de l’Abkhazie et de l’Ossétie, à faire avancer les pourparlers de paix concernant la Transnistrie et la Géorgie, et à aider à la stabilité du Kosovo. 

Les menaces à la paix et à la sécurité, la lutte contre le terrorisme, les changements climatiques et la gestion des flux migratoires sont, entre autres, des espaces de coopération que l’OSCE devra explorer avec les autres organisations régionales et sous-régionales, a estimé le représentant.  Il a prévenu que si la sécurité dans l’espace géographique de l’OSCE et celle des régions avoisinantes sont intimement liées, les dynamiques sécuritaires en Afrique subsaharienne n’impactent pas moins la paix et la sécurité en Europe.  C’est pourquoi, a-t-il dit, tout en saluant la coopération fructueuse entre l’OSCE et ses partenaires méditerranéens et asiatiques, la Côte d’Ivoire appelle à l’élargissement de cette coopération aux organisations régionales et sous-régionales africaines. 

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a salué le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et l’OSCE, avant de rappeler les défis spécifiques que chaque organisation régionale doit relever.  Les efforts de ces organisations en vue de maintenir la paix et la sécurité internationales ne doivent pas absoudre ce Conseil des responsabilités que la Charte lui confère, a-t-il dit, rappelant que le Conseil est le « gardien » de cette paix et de cette sécurité internationales.  Il a appuyé le travail de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine et demandé que celle-ci bénéficie d’un accès sans entrave.  Il a également estimé que l’OSCE a un rôle à jouer dans la réconciliation et la stabilité à long terme au Kosovo.  Enfin, M. Matjila a appelé à la poursuite de la coopération entre ce Conseil, les organisations régionales, les partenaires internationaux, les donateurs et la société civile.

Mme JOANNE WRONECKA (Pologne) a indiqué que « l’agression russe » en Ukraine demeure le point le plus important à l’ordre du jour de l’OSCE.  Elle a jugé indispensable, pour la sécurité européenne, que ce conflit soit réglé.  Elle a, entre autres, accusé « le Kremlin » de continuer d’ignorer les appels à la libération des 24 « prisonniers de guerre » ukrainiens et d’entraver la liberté de circulation dans le détroit de Kertch.  La représentante a résolument appuyé la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine et plaidé pour son accès sans entrave aux zones de conflit.  Elle a d’ailleurs souhaité un renforcement de la présence internationale dans ces zones, avant de saluer le fait que la situation en Transnistrie demeure tout en haut de l’ordre du jour de l’OSCE.  Les forces russes doivent se retirer des régions dissidentes de la Géorgie, a-t-elle tranché, devant une situation sécuritaire qui reste préoccupante dans la zone de l’OSCE.  « L’incertitude militaire est utilisée comme un instrument politique », a-t-elle dénoncé.  Les manœuvres militaires à grande échelle le long des frontières et les incidents militaires continuent de saper la confiance et de créer des tensions dans la zone de l’OSCE.  Mme Wronecka a conclu en invitant l’OSCE à œuvrer à une participation accrue des femmes dans les sphères publique et politique. 

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a estimé que l’approche globale de l’OSCE et sa contribution à la promotion d’un règlement pacifique des conflits ne sont nulle part plus importantes qu’en Ukraine.  Le mois dernier, a rappelé le représentant, nous avons commémoré le cinquième anniversaire de l’occupation illégale de la Crimée par la Fédération de Russie et le déclenchement du conflit dans l’est de l’Ukraine.  L’agression de Moscou en 2014, a insisté le représentant, a constitué le premier exemple, depuis la Première Guerre mondiale, d’un pays européen cherchant à redessiner par la force les frontières d’un autre.  Il est particulièrement horrible que cette agression ait été le fait d’un membre de l’OSCE contre un autre.  En novembre dernier, a accusé le représentant, la Fédération de Russie a fait monter d’un cran son agression quand elle a attaqué des navires ukrainiens dans la mer Noire.

Le représentant a salué la Mission spéciale d’observation de l’OSCE et a insisté sur l’appui de son pays à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine, dans ses frontières internationalement reconnues, y compris les eaux territoriales.  « Nous ne reconnaissons et ne reconnaîtrons jamais l’annexion russe de la Crimée », a martelé le représentant, en promettant le maintien des sanctions contre la Fédération de Russie jusqu’à ce qu’elle mette pleinement en œuvre les accords de Minsk et qu’elle replace la Crimée sous le contrôle total de l’Ukraine.  Le représentant a aussi dénoncé l’occupation par la Fédération de Russie de l’Abkhazie, de l’Ossétie du Sud et des parties de la Géorgie, dans un contexte qui ressemble à s’y méprendre à celui du conflit en Ukraine.  Même si la Fédération de Russie participe aux négociations en formule cinq plus deux, a poursuivi le représentant, elle a échoué à honorer les engagements pris lors du Sommet de l’OSCE en 1999 de retirer ses forces de la République de Moldova.  La Fédération de Russie, a estimé le représentant, s’est servi des conflits prolongés dans ces nations pour compromettre « la gravitation » vers les institutions européennes et occidentales et ralentir le développement d’un ordre fondé sur des règles.  Le représentant a encouragé le Président en exercice de l’OSCE à appuyer des initiatives telles que les discussions internationales de Genève et les négociations en formule cinq plus deux.  Il s’est félicité de l’appui au Groupe de Minsk et a précisé que son pays, la Fédération de Russie et la France travaillent de manière « productive » pour aider les parties à trouver une solution au conflit dans le Nagorno-karabakh.

M. JOSÉ TRULLOLS (République dominicaine) a défendu le multilatéralisme et salué les efforts de stabilisation de l’OSCE.  Ce Conseil doit suivre les efforts de règlement des conflits en Europe, a-t-il déclaré, avant de plaider, à son tour, pour la mise en œuvre des accords de Minsk.  Il a soutenu la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine, véritable « thermomètre » de la communauté internationale dans le pays.  Les efforts de l’OSCE doivent recevoir l’appui des parties concernées, a-t-il ajouté, avant de saluer les efforts de l’OSCE pour une plus grande implication des jeunes et des femmes.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a déclaré que le Belgique est prête à soutenir les trois domaines d’action prioritaires de l’OSCE que sont la prévention, la médiation et la réduction des conflits; l’assurance d’un avenir plus sûr; et la promotion d’un multilatéralisme efficace.  À ses yeux, l’OSCE joue un rôle clef en promouvant le dialogue dans de nombreux conflits, allant du Haut-Karabakh à la Transnistrie en passant par les territoires séparatistes de la Géorgie et les efforts de réconciliation aux Balkans.  Axant son intervention sur la situation en Ukraine qui constitue « une des plus grandes violations des principes fondateurs de l’OSCE, mais aussi des principes de la Charte de l’ONU », le représentant a mis en exergue les efforts de l’OSCE pour éviter une nouvelle escalade et salué le travail « indispensable » de sa Mission spéciale d’observation.  Il a regretté les entraves au bon accomplissement des tâches de surveillance et de « rapportage » de cette Mission et a encouragé les parties à respecter son mandat, en lui accordant un accès sûr et sans entrave à tout le territoire ukrainien, y compris en Crimée et le long de la frontière entre l’Ukraine et la Russie.  La Belgique, a ajouté le représentant, plaide pour une solution politique à ce conflit, fondée sur le respect de la souveraineté, l’indépendance, l’unité et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues.  Pour cela, a estimé le représentant, la mise en œuvre intégrale des accords de Minsk est primordiale.  Avant de conclure, il a salué la signature du Mémorandum d’accord entre l’OSCE et le Bureau de lutte contre le terrorisme (BLT) des Nations Unies sur les menaces transnationales comme le terrorisme et la radicalisation.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a appelé à mobiliser les synergies entre les organisations régionales et internationales afin de prévenir les conflits et de promouvoir le multilatéralisme.  En matière de consolidation de la paix, le représentant a salué le fait que l’être humain soit placé au centre des efforts.  Il a aussi salué l’intention de l’OSCE d’impliquer les femmes et les jeunes dans son travail et s’est félicité de son rôle de chef de file dans la lutte contre le terrorisme.  Les mécanismes de règlement des conflits de l’OSCE sont une référence mondiale, a-t-il souligné, à son tour, insistant sur son travail en Ukraine.  Le représentant a résolument appuyé le renforcement de la coopération entre l’OSCE et l’ONU.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a appuyé l’intention de l’OSCE de resserrer sa coopération avec l’ONU.  Il a, à son tour, insisté sur le rôle crucial des organisations régionales, avant de plaider pour une bonne mise en œuvre des accords de Minsk.  Nous avons espoir que les efforts consentis permettront de régler la situation en Ukraine, a-t-il dit, en partageant les priorités du Président en exercice de l’OSCE.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a constaté que la présidence de M. Lajčák survient à un moment où le multilatéralisme est mis à rude épreuve.  L’OSCE, a-t-il estimé, doit s’efforcer d’être une enceinte de dialogue et de prise de décisions collective sur la sécurité de l’Europe.  Elle doit mettre l’accent sur la protection des minorités et la lutte contre le « néonazisme ».  Le représentant a appelé à des mesures de confiance pour prévenir les conflits.  Les organisations internationales, a-t-il insisté, ne peuvent fonctionner « en vase clos » et la coopération entre l’ONU et l’OSCE doit viser la stabilisation avant tout.  Il a exprimé la volonté de son pays de contribuer à toute mesure visant à renforcer la sécurité euro-atlantique, « à condition que les efforts ne soient pas politisés ».  M. Nebenzia a accusé les « partenaires occidentaux » de commettre « l’erreur » de se focaliser uniquement sur la situation en Ukraine et dans l’ex-espace soviétique.  On ne peut, s’est-il impatienté, occulter les autres problèmes, dont ceux liés au désarmement.  Il y a aussi des problèmes à l’ouest de Vienne, a-t-il souligné.

S’attardant tout de même sur la situation en Ukraine, il s’est félicité de ce que l’on ait confirmé l’absence de soldats russes dans le Donbass.  Il a insisté sur une application intégrale des accords de Minsk et accusé Kiev de les saboter délibérément, protégé par ses partenaires occidentaux.  L’OSCE, a-t-il demandé, ne doit pas s’arrêter au Donbass mais mener une évaluation complète de la situation dans l’ensemble de l’Ukraine.  On doit savoir qui ordonne les tirs, s’est-il expliqué, en prévenant que son pays exigera la présentation régulière d’un rapport détaillé sur cette question.  M. Nebenzia est revenu sur le sort des minorités, du rôle des néonazis et de l’état de la liberté de la presse en Ukraine.  Il a récusé les propos d’un ministre ukrainien qui se serait opposé à la présence d’observateurs électoraux russes en Ukraine.

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a appuyé le programme de la présidence en exercice slovaque de l’OSCE et insisté sur le fait que la seule solution au dossier ukrainien, c’est le dialogue, sur la base des accords de Minsk.  Elle a appuyé le renforcement de la coopération entre l’OSCE et l’ONU, avant de plaider pour une participation accrue des femmes aux efforts de médiation.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) s’est félicité du degré de coopération entre l’ONU et l’OSCE, dont son pays est un des membres fondateurs.  Saluant la visite effectuée par la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine, le représentant a déclaré qu’au moment où la situation sécuritaire sur le terrain reste tendue, il est plus que jamais important que cette crise reste inscrite à l’ordre du jour de l’Organisation.  Pour lui, les accords de Minsk et les négociations en cours au sein du format Normandie demeurent la base d’un règlement politique du conflit.  La France et l’Allemagne, a-t-il ajouté, sont déterminées à poursuivre leurs efforts de médiation au sein dudit format pour réaliser des progrès tangibles et améliorer le sort de la population.  M. Heusgen a appelé les parties concernées à garantir la sécurité et l’accès sans entrave de la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine, se disant tout particulièrement inquiet des incidents signalés récemment dans les zones qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement. 

Abordant ensuite la situation en Géorgie, en Abkhazie et en Ossétie du Sud, il s’est dit préoccupé par l’insuffisance des progrès dans les discussions internationales de Genève et a proposé de réfléchir aux moyens de revitaliser ces discussions, par exemple en adoptant une déclaration de non-recours de la force.  Si ces discussions constituent une plateforme de dialogue avec la Fédération de Russie, cette dernière doit aussi respecter ses obligations en vertu des accords de 2008.  En ce qui concerne le Nagorno-Karabakh, le représentant a estimé que le Groupe de Minsk de l’OSCE est le format approprié pour une solution au conflit et a encouragé le Premier Ministre de l’Arménie à faire usage de son mandat de vaste portée pour s’engager de manière constructive en faveur du processus de paix.  Enfin, pour ce qui est de la Moldova, M. Heusgen s’est réjoui des développements positifs dans le cadre du protocole de Berlin et du succès de la réunion, l’an dernier, de la formule cinq plus deux, dans la continuité des efforts déployés par l’Allemagne lorsqu’elle assumait la présidence de l’OSCE.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé que la crise ukrainienne constitue l’une des violations les plus graves et les plus meurtrières des principes fondateurs de l’OSCE, actés à Helsinki il y a plus de 40 ans.  Il s’est félicité de voir que la Mission spéciale d’observation de l’OSCE en Ukraine contribue chaque jour à diminuer les tensions dans l’est du pays, sur la ligne de contact et dans l’ensemble de la zone de conflit, tout en progressant vers la mise en œuvre des accords de Minsk par les parties.  De même, la France salue le courage des femmes et des hommes engagés sur le terrain et condamne avec la plus grande fermeté toutes les actions qui portent atteinte à leur sécurité, ou visent à entraver leur mission et à détruire leur matériel, telles qu’observées ces derniers mois, en particulier en zone séparatiste.  M. Delattre a affirmé que l’OSCE peut compter sur le soutien politique du format Normandie.  S’il a constaté que les discussions sont aujourd’hui dans l’impasse, le représentant a jugé qu’elles nécessitent plus que jamais un réengagement de toutes les parties, en particulier de la Fédération de Russie et des groupes séparatistes qu’elle soutient.  Les parties doivent prendre leurs responsabilités et répondre aux attentes des populations civiles piégées dans ce conflit.  Cette attitude plus constructive doit être observée, a suggéré le représentant, aussi bien dans le Groupe de contact trilatéral que dans le cadre du format Normandie.

Il est revenu sur « l’annexion illégale de la Crimée par la Fédération de Russie il y a cinq ans », dénonçant « cette violation des frontières internationalement reconnues de l’Ukraine » qui est la cause des tensions croissantes en mer d’Azov et en mer Noire.  Il a réitéré son appel à la libération inconditionnelle des marins ukrainiens détenus depuis le grave incident naval survenu en novembre dernier, ainsi que le retour des bateaux saisis.  Il a salué l’importance du Processus d’Helsinki et du rôle de l’OSCE, en insistant sur les avantages de protéger le multilatéralisme aujourd’hui mis à mal.  Il a estimé que « les deux armes secrètes du multilatéralisme sont le respect et le dialogue ».  C’est pourquoi, au-delà du conflit en Ukraine, le représentant a appelé tous les acteurs des conflits « prolongés » et tous les États Membres à soutenir les efforts de médiation de l’OSCE.  M. Delattre a souligné que l’Organisation contribue à une résolution pacifique et politique des conflits prolongés dans le Haut-Karabakh, en Abkhazie, en Ossétie du Sud et en Transnistrie, avant de préciser que seule la volonté politique des parties pourra faire aboutir les négociations en vue d’un règlement de ces crises.  Enfin, il a réitéré l’attachement de son pays à l’OSCE en tant que plateforme de dialogue sur tous les enjeux de sécurité touchant le continent européen et à son approche multidimensionnelle de la sécurité.

Reprenant la parole en fin de séance, le Président en exercice de l’OSCE a indiqué qu’il fournirait des réponses écrites aux questions posées au cours de la réunion.

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