La situation au Venezuela s’invite à nouveau au Conseil de sécurité, plus que jamais divisé sur la marche a suivre
Trois jours après que le Gouvernement vénézuélien a bloqué des convois humanitaires aux frontières avec la Colombie et le Brésil et un mois, jour pour jour, après la toute première séance jamais consacrée à la situation au Venezuela, le Conseil de sécurité s’est à nouveau réuni, cet après-midi, pour discuter de cette crise à propos de laquelle ses membres ont affiché des divisions persistantes, lors d’échanges parfois très vifs.
Le 23 février, a relaté la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, le président « autoproclamé » du Venezuela et reconnu par une partie de la communauté internationale, M. Juan Guaidó, a pris la tête des efforts déployés par des volontaires et des députés pour acheminer des vivres et des médicaments stockés aux frontières colombienne et brésilienne.
Mais les autorités vénézuéliennes ont bloqué l’entrée des camions et des incidents violents ont éclaté à plusieurs endroits le long des frontières. D’après les autorités colombiennes de la migration, au moins 285 personnes auraient été blessées du côté colombien, a poursuivi la haut fonctionnaire, venue présenter aux membres du Conseil et aux 24 délégations qui ont pris la parole aujourd’hui, les derniers développements sur le terrain. Côté brésilien, a-t-elle précisé, le Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme a recensé 4 morts et 64 blessés, entre le 22 et le 23 février.
Le Secrétaire général de l’ONU, a rappelé son adjointe, a exprimé le lendemain de ces incidents « son choc et sa tristesse », alors que l’économie du Venezuela se détériore, que les gens meurent de causes évitables et que 3,4 millions d’habitants auraient quitté leur pays, a rappelé la haut fonctionnaire.
Mme DiCarlo a fait état de plusieurs informations sur l’implication d’« éléments armés progouvernementaux » dans les violences du week-end dernier. Les États-Unis ont en effet affirmé que « des groupes armés, des malfrats et des criminels » avaient été libérés de prison et mobilisés en vue d’assurer le contrôle des frontières. Les États-Unis, qui ont convoqué la séance d’aujourd’hui, ont rejeté les allégations, véhiculées par le Venezuela et certains membres du Conseil de sécurité, selon lesquelles l’acheminement de l’aide humanitaire aurait été une opération de communication politique et un paravent pour une intervention militaire. C’est pourtant très clair, se sont défendus les États-Unis: seul ce régime recourt à la violence. Seul ce régime a fait depuis longtemps de l’aide humanitaire un outil politique de contrôle social et la source d’une corruption endémique, ont-ils martelé, rejoints sur ce point par la France, le Royaume-Uni ou encore l’Allemagne.
Aucun doute pour le Ministre des affaires étrangères du Venezuela, M. Jorge Arreaza: ce sont les États-Unis qui ont financé et piloté l’« agression flagrante » dont son pays serait la victime, agression qui a débuté « dès le premier jour de la révolution bolivarienne, le 2 février 1999, et n’a cessé depuis ». Ce week-end, a vitupéré le Ministre, c’est une opération « soigneusement orchestrée » qui a été menée, que « nos forces armées » ont réussi à contenir en choisissant les bombes lacrymogènes plutôt que les armes létales. « Ces bandits » qui disent que c’est le « régime de Maduro » qui aurait utilisé la force mentent, a-t-il tranché, en brandissant une série de photos pour prouver que le camion incendié se trouvait bien du côté colombien de la frontière et ne contenait « aucune » aide humanitaire.
La Fédération de Russie s’est demandé si le point à l’ordre du jour de cette séance n’aurait pas dû être formulé autrement: « non pas la situation au Venezuela, mais la situation autour du Venezuela ». Elle a tourné en dérision cette « moquerie » du droit constitutionnel qu’est à ses yeux le fait qu’un opposant politique s’autoproclame Président par intérim d’un pays et obtienne le soutien immédiat de Washington. Plusieurs pays dont Cuba ont rappelé les propos tenus par le Vice-Président américain à la réunion du Groupe de Lima: « toutes les options sont sur la table ».
Le Groupe, a souligné le Brésil, soutient le « gouvernement légitime » de Juan Guaidó et a décidé d’encourager la nomination d’un expert indépendant ou d’une commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme sur les violations commises au Venezuela. L’Union européenne et l’Uruguay, a indiqué la France, ont lancé un Groupe de contact international qui a pour objectif de promouvoir une sortie négociée et pacifique à la crise, car « il ne peut y avoir de recours à la force envisagé au Venezuela ». La France a insisté sur le fait qu’il ne peut y avoir qu’une solution pacifique qui implique l’organisation rapide d’une élection présidentielle démocratique. Plusieurs délégations ont mis l’accent sur le Mécanisme de Montevideo qui prévoit quatre phases: le dialogue, la négociation, l’engagement et la phase de mise en œuvre. La Communauté des Caraïbes (CARICOM) a appelé toutes les parties, à l’intérieur comme à l’extérieur du Venezuela, à, dans l’intérêt de leur peuple, donner au Mécanisme le temps et l’espace qu’il lui faut pour travailler.
Soutenant ce Mécanisme, la Fédération de Russie a posé une question: « Est-ce que la délégation américaine est disposée à appuyer le projet de déclaration que la Russie a préparé et qui reprend, mot pour mot, le libellé de celle qu’il a adoptée à l’unanimité tout récemment sur la situation en Haïti, si ce n’est en mettant à la place le nom du Venezuela? Mais, a constaté la Fédération de Russie, les États-Unis ont réussi à « tuer » notre texte. Nous voulons que l’on parle de l’importance du processus démocratique, ont expliqué les États-Unis alors que le Ministre des affaires étrangères du Venezuela militait pour un texte qui condamne le recours à la force, « pour que cette option ne soit pas remise sur la table », et qui rejette les sanctions qui bloquent l’accès de son pays à ses propres ressources, dont l’or dans les banques britanniques ou encore les millions d’euros dans les banques belges.
Le Ministre s’est tout de même félicité d’une « victoire pour la paix » puisque que les pays de sa région, même ceux qui ne reconnaissent pas le régime de Maduro, ont tous condamné l’idée de recourir à la force. Il a lancé une invitation à l’opposition vénézuélienne pour qu’elle revienne à la table de négociation sur une sortie de crise. Nous sommes disposés, a-t-il affirmé, à participer au Mécanisme de Montevideo et nous acceptons même l’hypothèse d’une nouvelle élection, à condition qu’elle vienne de l’intérieur et qu’elle ne soit pas imposée par les États-Unis. Il a aussi parlé de sa réunion avec le Groupe de contact de l’Union européenne et de l’Uruguay sur l’assistance technique qu’il peut apporter, « sans imposer le résultat du dialogue national et sans politiser l’aide humanitaire ».
LA SITUATION DANS LA RÉPUBLIQUE BOLIVARIENNE DU VENEZUELA
Déclarations
Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, a rappelé que le 23 janvier, le Président de l’Assemblée nationale, M. Juan Guaidó, a invoqué les dispositions de la Constitution pour se déclarer Président par intérim pendant les manifestations de l’opposition et annoncé dans la foulée l’arrivée dans le pays de nourriture et de fournitures médicales. En réponse, les États-Unis et d’autres pays ont acheminé cette nourriture et ces fournitures aux frontière colombienne et brésilienne et à Curaçao. De leur côté, la Chine et la Fédération de Russie ont fourni des produits, en coordination avec le Gouvernement du Venezuela. Le 22 février, ce dernier a fermé temporairement plusieurs ponts à la frontière avec la Colombie et les points de passage avec le Brésil. Il a aussi renforcé la présence militaire dans ces zones.
Le 23 février, M. Guaidó a conduit les efforts des volontaires et des députés pour transporter de la nourriture et des médicaments stockés aux frontières colombienne et brésilienne. Mais les autorités vénézuéliennes ont bloqué l’entrée des camions. Des incidents violents ont eu lieu dans plusieurs endroits le long des frontières et d’après les autorités colombiennes de la migration, au moins 285 personnes auraient été blessées du côté colombien. Du côté de la frontières brésilienne, le Bureau de la Haut-Commissaire aux droits de l’homme a rapporté, entre le 22 et le 23 février, 4 morts et 64 blessés. Le Bureau a aussi reçu plusieurs informations sur l’implication d’éléments armés progouvernementaux.
Le Secrétaire général de l’ONU, a rappelé son adjointe, a exprimé son choc et sa tristesse dans une déclaration du 23 février, alors que l’économie du Venezuela se détériore, que les gens meurent de causes évitables et que la population fuit. Selon les informations, 3,4 millions de Vénézuéliens auraient quitté leur pays.
Dans le pays, le système des Nations Unies travaille avec les institutions et acteurs pertinents pour appuyer les efforts. Depuis 2018, l’ONU contribue à sauver des vies, à relancer l’économie et à prévenir un conflit et les violations des droits de l’homme. Les domaines clefs de son travail sont la nutrition, la santé et la protection, et son assistance est fondée sur la résolution 46/182 de l’Assemblée générale qui consacre les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance. Cette assistance, a souligné la Secrétaire générale adjointe, est dénuée d’objectifs politiques et est fournie en fonction des besoins. L’ONU, a-t-elle affirmé, continuera de travailler conformément à ces principes et avec les institutions du Venezuela. Le Secrétaire général a d’ailleurs insisté sur l’importance de ces principes et a appelé toutes les parties prenantes et les États Membres à les respecter. Le Secrétaire général est également prêt à exercer ses bons offices si les parties le demandent.
M. ELLIOTT ABRAMS (États-Unis) a indiqué que la réunion d’aujourd’hui est le résultat de la décision du « du régime de facto de Maduro » d’empêcher l’entrée de l’aide humanitaire dans son pays le 23 février, conduisant à des actes de violence le long de deux frontières internationales. Ces actions montrent une nouvelle fois les véritables intentions et la nature de ce régime, a-t-il accusé, ajoutant que des groupes armés, des malfrats et des criminels ont été libérés de prison et mobilisés en vue de contrôler les frontières. Plutôt que de protéger l’assistance humanitaire, de telles actions ont conduit à sa mise à feu, a-t-il poursuivi. « Pendant que des Vénézuéliens étaient frappés et tués alors qu’ils essayaient de faire entrer denrées et articles médicaux dans le pays, Maduro dansait littéralement dans les rues de Caracas. » M. Abrams a ajouté que quatre personnes ont été tuées, plus de 80 autres blessées, après que des sbires du régime ouvraient le feu. Des manifestants, des travailleurs humanitaires et des journalistes ont aussi été la cible de tirs de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc.
Les États-Unis et la communauté internationale doivent soutenir le peuple vénézuélien dans ses efforts pour retrouver la démocratie, a-t-il dit. « Nous devons respecter sa Constitution et sa souveraineté, raison pour laquelle nous devons soutenir la présidence intérimaire de Juan Guaidó. Et nous devons réagir face aux actions déstabilisatrices du régime corrompu, frauduleux et incompétent de Maduro, qui a, ce week-end même, provoqué instabilité et violence aux frontières de deux autres États Membres, le Brésil et la Colombie. »
Le délégué a indiqué que Maduro et ses affidés, ainsi que certains membres du Conseil, affirment que l’acheminement de l’aide humanitaire est une opération de communication politique et un paravent pour une intervention militaire. « C’est pourtant très clair: seul le régime de Maduro recourt à la violence. Seul ce régime a mobilisé à la fois forces de sécurité et gangs armés. Seul ce régime a trahi l’indépendance et la souveraineté du Venezuela en se soumettant à l’influence d’officiers cubains qui ont noyauté les agences de sécurité et de renseignement. Seul ce régime a fait depuis longtemps de l’aide humanitaire un outil politique de contrôle social et la source d’une corruption endémique. »
M. Abrams a accusé M. Maduro de s’accrocher au pouvoir dans la crise actuelle et de continuer à politiser l’aide humanitaire, en offrant des avantages à ses partisans et en rejetant une assistance humanitaire fondée sur les besoins. « Toute journée supplémentaire passée par Maduro au pouvoir est une journée de plus qu’il utilisera pour opprimer le peuple vénézuélien. Cela a été prouvé à maintes reprises et ce week-end en a encore fourni l’exemple. »
Le délégué a rappelé que l’Union européenne, l’Argentine, le Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, le Guatemala, le Honduras, le Panama et le Pérou ont condamné le recours à la violence et appelé à l’acheminement d’une aide humanitaire jugée indispensable. Leurs paroles et leurs actions peuvent être des plus utiles dans cette crise, a-t-il dit. La solution à ce désastre et cette tyrannie est la tenue d’une élection libre, juste et transparente, avec la participation de tous les secteurs de la société et de tous les partis politiques, a-t-il préconisé. « Cela inclut bien sûr les chavistes, dont le parti a été détourné, comme le pays lui-même, par Maduro. »
Préoccupé par la sécurité du Président intérimaire, M. Guaidó, lors de son retour au Venezuela, le délégué a appelé les membres du Conseil à veiller à ce qu’il puisse rentrer chez lui librement et en toute sécurité. M. Abrams a en outre appelé les États Membres à considérer de quelle manière ils peuvent contribuer à la démocratie vénézuélienne et faire pression sur le régime illégitime de Maduro afin que ce dernier abandonne le pouvoir de manière pacifique. Nous demandons que les États Membres se joignent à nous pour punir ceux qui ont joué un rôle dans les violences de ce week-end et qui s’engraissent grâce à la corruption du régime de Maduro, a-t-il affirmé.
Enfin, M. Abrams a exhorté les États Membres à reconnaître la véritable nature du régime de Maduro et à douter de la pertinence d’un « soi-disant dialogue avec quelqu’un qui préfère bloquer et brûler les dons de médicaments et de pain plutôt que de les voir entre les mains d’enfants vénézuéliens ». Le peuple du Venezuela a besoin de notre solidarité et de notre aide pour vaincre un régime odieux et violent, pour renouer avec la démocratie et pour commencer à reconstruire son pays, a conclu le délégué des États-Unis.
M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a indiqué que son pays fait partie du Groupe de Lima, qui a adopté, hier, à Bogotá une déclaration sur la grave crise touchant le Venezuela. Cette déclaration a été transmise au Conseil de sécurité pour qu’elle figure en tant que document officiel, a-t-il précisé. Elle condamne « la répression violente du régime illégitime de Nicolás Maduro » qui a empêché l’entrée d’articles de première nécessité et l’aide internationale, causant ainsi des morts et des blessés aux frontières avec la Colombie et le Brésil. Il a rappelé qu’il y a déjà une crise migratoire vénézuélienne, avec 3,3 millions de migrants et réfugiés vénézuéliens, dont 700 000 sont accueillis au Pérou. « Le maintien au pouvoir de ce régime illégitime représente en soi une menace sans précédent à la paix, la sécurité, la liberté et la prospérité de toute la région. »
Plus de 80% de la population se trouve dans une situation d’insécurité alimentaire, a poursuivi le représentant en accusant la politique de M. Maduro qui, pour se maintenir au pouvoir, « prive sa population de nourriture, de médicaments et d’accès aux services de base ». À cela s’ajoute l’utilisation de la violence par des groupes armés au service du régime, qui pratiquent assassinats, incarcération, torture, viols et autres formes de violence sexuelle, a-t-il dit, en condamnant cette « violence de la dictature contre sa population » et l’incarcération injuste de prisonniers politiques et de journalistes. Il a réaffirmé la demande adressée au Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) pour qu’il lance rapidement une enquête sur les crimes commis par le « régime Maduro » depuis le 12 février 2014, faisant une demande similaire à la Haut-Commissaire aux droits de l’homme.
Le Pérou est convaincu que la transition vers la démocratie relève de la responsabilité des Vénézuéliens, a conclu le représentant en appuyant la tenue d’élections libres, crédibles et ouvertes, avec l’accompagnement de la communauté internationale. Il a exprimé sa reconnaissance à l’Assemblée nationale, au « Président intérimaire Juan Guaidó » et à ses représentants, pour les efforts qu’ils déploient en faveur du retour à la démocratie, la gestion de la crise humanitaire et le redressement économique. Il a lancé un appel aux forces armées et au pouvoir judiciaire pour qu’ils reconnaissent le « président légitime du Venezuela ». Le représentant a enfin lancé un appel à la communauté internationale, pour qu’elle facilite la recherche de solutions pour la tenue d’élections démocratiques au Venezuela, et au système des Nations Unies pour qu’il soit mobilisé sur ce dossier.
M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé que le 23 février dernier, alors que le Venezuela traverse la plus grave crise humanitaire de son histoire, que les populations civiles, en particulier les femmes et les enfants, sont intentionnellement ciblées et succombent faute de pouvoir bénéficier de soins et biens de nécessité appropriés, le régime de Maduro a décidé d’interdire l’aide internationale à sa population. Comme si cela ne suffisait pas, « il n’a pas hésité à tuer et à faire plusieurs centaines de blessés lors d’affrontements avec une population désarmée aux abords des frontières ». Pour la France, cette crise politique et humanitaire n’est pas le fruit du hasard. Ses origines sont politiques et institutionnelles, et la solution ne peut donc être que politique. Alors que la situation semble bloquée, l’Union européenne et l’Uruguay ont lancé un Groupe de contact international auquel la France participe. Ce groupe a deux objectifs clairs et d’abord promouvoir une sortie négociée et pacifique à la crise, car « il ne peut y avoir de recours à la force envisagée au Venezuela ». La France insiste sur le fait qu’il ne peut avoir qu’une solution pacifique qui implique l’organisation rapide d’une élection présidentielle démocratique.
Le Groupe de contact entend aussi permettre la livraison d’une aide internationale en accord avec les principes humanitaires internationaux afin de répondre aux besoins urgents du peuple vénézuélien. Pour la France, en bloquant l’aide humanitaire dans le contexte d’une crise sans précédent, le régime porte l’opprobre aux yeux de la communauté internationale et de son propre peuple. À titre national et via l’Union européenne, la France s’est engagée à aider celles et ceux qui en ont cruellement besoin. M. Delattre a aussi appelé le régime vénézuélien à faire preuve d’humanité, et à faciliter l’accès et le travail sur son territoire des agences onusiennes et des ONG ayant pour objectif de soulager les souffrances de la population vénézuélienne. Alors que le Venezuela est aujourd’hui au bord du gouffre, la France souligne qu’il ne faut pas se substituer au peuple, mais plutôt lui redonner la parole afin qu’il prenne en main son destin, et cela passe par la restauration de la démocratie et de l’état de droit au Venezuela.
M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a répété ce qu’il avait déclaré au sein de cette même instance il y a exactement un mois: « La République dominicaine a joué le rôle de médiateur dans le dialogue entre l’opposition et les autorités vénézuéliennes et s’est efforcée de parvenir à un accord pour résoudre la crise politique au Venezuela ». Regrettant que cela n’ait pas pu aboutir, il a affirmé qu’il n’y a pas d’autre solution que la tenue d’élections libres, avec la participation de tous les acteurs politiques. Mais, a-t-il prévenu, cela ne pourra se faire que dans un climat de respect des droits de l’homme et avec la tutelle de la communauté internationale. Les bons offices des Nations Unies sont fondamentaux à cet égard, a-t-il ajouté. M. Singer Weisinger a rappelé que la région a fait preuve de solidarité avec les millions de Vénézuéliens qui ont été obligés d’émigrer, tout en faisant remarquer que cela a un coût très élevé et que cette situation peut menacer la stabilité de la région.
Le représentant a tenu à rappeler qu’on avait accusé son pays de prêter son territoire pour permettre à des pays tiers de mener des activités militaires contre le Venezuela. Ainsi, les autorités cubaines et vénézuéliennes auraient affirmé que des avions étrangers auraient atterri sur une base aérienne proche de Santo Domingo pour y effectuer de telles manœuvres. « Nous avons une position de non-intervention vis-à-vis de la crise vénézuélienne », a martelé le délégué en qualifiant ces allégations de « totalement fallacieuses » et en exigeant des excuses de la part de ceux qui ont promu une telle campagne de désinformation. Enfin, il a regretté la violence survenue à la frontière et lancé un appel à ne pas utiliser la force contre les personnes non armées ni les discours incendiaires. Il a plaidé pour que soient réunies les conditions nécessaires à la résolution de la crise humanitaire et pour une sortie démocratique et pacifique à la crise, dans le respect du droit international.
Pour M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique), la situation au Venezuela constitue une menace manifeste pour la stabilité de la région et les discussions d’aujourd’hui relèvent clairement du mandat que la Charte confère au Conseil de sécurité. Afin d’éviter que la situation ne se dégrade davantage, la Belgique appelle tous les membres de ce Conseil à travailler ensemble pour promouvoir une sortie pacifique des évènements récents, en évitant la violence à tout prix. C’est dans cet esprit qu’elle appelle à la retenue et à la désescalade; qu’elle souligne l’importance d’un accès humanitaire complet et conforme aux principes humanitaires ainsi que la nécessité de lancer dans les meilleurs délais un processus politique pacifique qui ouvre la voie à des élections libres et transparentes, permettant à la population de s’exprimer librement en menant à la réconciliation au Venezuela.
Le représentant est revenu sur le refus du régime de reconnaître l’urgence humanitaire, entraînant une escalade des tensions. La Belgique souligne donc l’importance d’une aide humanitaire qui vise à soulager la souffrance des plus vulnérables sous la direction des organismes des Nations Unies compétents et en pleine conformité avec les principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance. Il est inacceptable que des groupes armés irréguliers intimident les civils et les membres de l’Assemblée nationale qui se sont mobilisés pour distribuer de l’aide, s’est indigné le représentant.
La crise actuelle au Venezuela a des origines politiques, a-t-il poursuivi, affirmant dans la foulée que la solution doit être également politique. L’élection présidentielle de mai dernier n’était ni libre, ni équitable, ni crédible, privant ainsi le Gouvernement Maduro de sa légitimité démocratique. La Belgique, a dit le représentant, soutient M. Juan Guaidó dans sa mission constitutionnelle d’organiser une élection présidentielle libre, équitable et démocratique. Il a rappelé, à son tour, que l’Union européenne a créé un Groupe de contact « en cette période de transition » pour accompagner et appuyer ce processus.
Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a condamné l’escalade des violences au Venezuela, fustigeant l’usage « aveugle et excessif » de la force par les forces de sécurité nationales mais aussi des groupes armés illégaux, contre des manifestants non armés. Elle s’est également élevée contre les violations généralisées des droits de l’homme dans le pays. Après avoir réitéré son soutien à l’Assemblée nationale et à son Président Juan Guaidó comme « seul pouvoir légitime au Venezuela », elle a demandé la tenue, le plus rapidement possible, d’une élection présidentielle libre, transparente et crédible, conforme aux normes démocratiques internationales. S’en prenant ensuite au « régime oppressif de Nicolás Maduro », elle a déclaré qu’en dépit de ses dénégations, la « catastrophe humanitaire » au Venezuela est bien réelle et que ses habitants ont cruellement besoin d’aide. Elle a, en conclusion, souhaité qu’un rôle spécial soit joué par les organisations régionales concernées, en particulier le Groupe de Lima et le Groupe de contact international, dans la recherche d’une solution pacifique durable à la crise.
M. JERRY MATHEWS MATJILA (Afrique du Sud) s’est inquiété du fait que « certains » menacent d’user la force contre l’intégrité territoriale et l’indépendance politique du Venezuela. Cette situation créée un « très mauvais précédent », a-t-il dit, en rappelant l’expérience du continent africain qui a « beaucoup souffert » lorsque des forces externes utilisaient les « outils non démocratiques » du changement de régime pour résoudre les problèmes. Il faut laisser le peuple du Venezuela décider de son propre avenir, a-t-il plaidé. Pour l’Afrique du Sud « qui a su surmonter un des régimes racistes les plus répressifs », le dialogue inclusif demeure l’unique voie de sortie pour la crise politique au Venezuela. Le représentant a averti qu’isoler et vilipender une des parties, et exiger une action précise doit faire craindre un possible recours aux armes. Estimant que la situation au Venezuela ne présente pas une menace à la paix et à la sécurité internationales, il a plutôt appelé le Conseil de sécurité à encourager les parties à trouver une solution négociée par les moyens pacifiques de leur propre choix. Forcer les parties à accepter une prescription pour résoudre leur propre crise, notamment en imposant des ultimatums, ne fera qu’encourager les antagonismes et la division, a-t-il encore alerté.
Le représentant s’est par ailleurs dit profondément préoccupé par la crise humanitaire qui sévit dans le pays et les pertes en vies humaines du week-end dernier. Il a souligné que l’aide humanitaire ne doit pas être utilisée à des fins politiques par les parties et a souhaité qu’elle soit livrée par l’intermédiaire du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) afin d’assurer son humanité, sa neutralité, son impartialité et son indépendance.
M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a réaffirmé l’attachement de sa délégation aux principes de la Charte et a insisté sur l’importance de la diplomatie préventive par le dialogue et la médiation. Le représentant s’est dit préoccupé par l’évolution de la situation au Venezuela et a estimé que les responsables des actes déplorables qui viennent d’avoir lieu doivent être traduits en justice. Il a insisté sur le droit de manifester et de se rassembler et a appelé les parties prenantes à placer la volonté du peuple vénézuélien au cœur de toute action. Pour lui, la « crise migratoire » vénézuélienne est bien une menace à la paix et la stabilité régionales. Il a donc appuyé l’idée que le Secrétaire général de l’ONU déploie ses bons offices pour parvenir à une solution politique au Venezuela et éviter à la région d’autres violences et crises humanitaires.
M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) s’est dit « choqué » par les violents incidents qui se sont produits ce week-end avec l’escalade des tensions découlant du refus de Nicolás Maduro de reconnaître l’urgence humanitaire. Il a condamné l’usage excessif de la force par les forces de sécurité vénézuéliennes et le recours à des groupes armés irréguliers pour intimider les civils qui se sont mobilisés pour distribuer l’aide humanitaire. La solution à la crise doit être politique, a-t-il dit, avant de rejeter catégoriquement « tout recours à la force ou toutes mesures susceptibles de menacer la stabilité du pays et de la région ». Il a appelé au rétablissement de l’ordre constitutionnel par une élection présidentielle « libre, transparente et crédible ». Nous appuyons Juan Guaidó dans la conduite du processus politique comme seul moyen de restaurer la paix et le respect des droits et libertés du peuple vénézuélien, a-t-il déclaré. « Il est temps de lui laisser la chance de choisir librement ses dirigeants. »
Le délégué s’est dit alarmé par la politisation de l’assistance humanitaire, qui va à l’encontre des principes humanitaires, tout en soulignant la nécessité de répondre aux besoins humanitaires du peuple vénézuélien. Nous ne pouvons pas abandonner le peuple vénézuélien à son sort, a-t-il déclaré, ajoutant que cela ne constitue en rien une ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain et ce, pour deux raisons. La première raison est le fait que les 3,4 millions de personnes cherchant refuge dans les pays voisins affectent la région et la communauté internationale, a-t-il argué. La deuxième raison est qu’il n’y a aucun doute que les droits humains ne sont pas une affaire intérieure, a conclu le délégué allemand.
Après avoir rappelé l’attachement de son gouvernement au dialogue, à la réconciliation, et à la négociation, M. MUSHIN SYIHAB (Indonésie) a apporté son soutien au Mécanisme de Montevideo, qui s’efforce de préserver la paix au Venezuela sur la base des principes de non-ingérence et de règlement pacifique des conflits. Compte tenu de la gravité de la crise, il a estimé que l’aide humanitaire doit y être livrée « par des moyens appropriés » par l’ONU, en coopération étroite avec le Gouvernement vénézuélien. Soulignant que le Conseil ne doit pas échouer comme cela a été trop souvent le cas par le passé, le représentant a souhaité que celui-ci soit en mesure de faciliter la mise en place d’un environnement propice à un dialogue politique crédible. « Il est grand temps que ce Conseil joue un rôle clef pour éviter l’aggravation de la situation au Venezuela », a ajouté M. Syihab en conclusion.
M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a déploré les « malheureux » évènements survenus ces derniers jours aux frontières entre le Venezuela, le Brésil et la Colombie, occasionnant des pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériels. Il a appelé toutes les parties à la retenue et les a encouragées à rechercher une solution pacifique par le dialogue sans exclusive. Convaincu qu’il n’y a pas de solution militaire à la crise vénézuélienne, le représentant a exhorté toutes les parties à utiliser toutes les voies légales et pacifiques pour trouver les solutions idoines au conflit institutionnel et politique. À cet égard, il a invité les protagonistes à s’engager résolument dans un processus de négociation pour rechercher les solutions consensuelles aux causes profondes de la crise. Il a également engagé la communauté internationale, notamment les acteurs régionaux, à accompagner le peuple vénézuélien dans ses efforts de sortie de crise, en soutenant toutes les initiatives pacifiques susceptibles de faire baisser la tension.
M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a estimé que le point à l’ordre du jour de cette séance aurait dû être formulé autrement: non pas la situation au Venezuela, mais la situation « autour » du Venezuela. « Pour ceux qui ont raté les détails, permettez-moi de vous rappeler l’épisode précédent », a-t-il ironisé. Dans un pays où un président a été démocratiquement élu, un rival politique se déclare du jour au lendemain président, et bénéficie immédiatement du soutien de Washington. Cette « moquerie » du droit constitutionnel ne trompera aucun juge ou juriste « digne de ce nom ». Pendant ce temps-là, « on ne dit rien » sur les « dégâts économiques » causés au Venezuela par les États-Unis mais on accuse le Président Maduro « de tous les maux » et on tente d’intervenir dans un pays souverain « sous couvert » d’aide humanitaire.
Les forces de sécurité vénézuéliennes, a poursuivi M. Nebenzia, ont pris toutes les mesures nécessaires pour faire respecter l’ordre public. Les images vidéo montrent bien que des manifestants ont lancé des pierres et des cocktails Molotov, se livrant à des actes de violence, sous les yeux des médias occidentaux qui louent leur « héroïsme ». Le 23 février dernier, nous avons assisté à une tentative de franchissement d’une frontière par un convoi « au contenu inconnu ». Il y a quelques années, « un convoi humanitaire » était entré au Nicaragua chargé d’armes. « C’est un sentiment de déjà vu qui domine aujourd’hui », a tranché le représentant.
Pourquoi les Américains, s’est-il demandé, ne passent-ils par l’ONU pour faire livrer l’aide humanitaire au Venezuela? C’est qu’ils ont un autre objectif, celui d’une « alimentation sous la contrainte ». Après « s’être fait la main à Guantánamo », les voilà décidés à « nourrir un pays de force ». Il faut plutôt commencer, a préconisé le représentant, par lever le gel des comptes bancaires du Venezuela aux États-Unis, dont les actifs s’élèvent à 11 milliards de dollars. Le représentant a accusé « Londres et Washington » d’avoir « pillé » un pays souverain et de le jeter dans la pauvreté au nom de principes « non reconnus », comme celui de la « responsabilité de protéger ». Il a mis en garde ceux qui pensent qu’ils ne seront pas les prochains sur la liste des États-Unis. Pourquoi la Colombie, tout juste sortie d’un conflit, a-t-elle décidé de s’associer à cette « aventure contre son voisin » au lieu de s’occuper de ses propres problèmes? s’est demandé M. Nebenzia.
La Fédération de Russie, a affirmé le représentant, est prête à concourir à la recherche d’une solution apaisée, qui s’appuierait sur le Mécanisme de Montevideo. Il n’a pas manqué de fustiger Juan Guaidó pour avoir demandé à ses « soutiens occidentaux » de garder sous le coude un « scénario militaire ». Est-ce que les membres du Conseil de sécurité sont prêts à adopter une déclaration présidentielle comparable à celle qu’ils viennent d’adopter à l’unanimité sur la situation en Haïti « secouée par des troubles similaires »?
M. ZHAOXU MA (Chine) a estimé, à son tour, que le Président Maduro a pris toutes les mesures nécessaires pour maintenir le calme dans son pays. Tous les pays, a-t-il martelé, doivent respecter les principes de base du droit international. Il a réitéré son opposition de principe à toute ingérence dans les affaires intérieures d’un État, à toute instrumentalisation politique de l’aide humanitaire et à toute tentative d’intervention militaire dans un pays tiers.
M. STEPHEN HICKEY (Royaume-Uni) a souligné que l’ordre du jour « est bien la situation au Venezuela », un pays où l’économie s’est effondrée, menaçant la paix et la sécurité dans la région comme en témoigne la plus grande crise migratoire qu’elle connaît. Il est « décevant », a dit le représentant, que la Fédération de Russie ait cherché à ridiculiser « ceux qui s’alarment des souffrances humaines au Venezuela » qui sont pourtant bien réelles. Quel membre du Conseil aurait réagi différemment à une tentative d’acheminer l’aide humanitaire sans autorisation? Mais la majorité d’entre nous, a répondu le représentant, en pariant que personne n’aurait permis à « des voyous à la solde du gouvernement » de tirer à balles réelles sur des civils. Il a condamné la violence à la frontière vénézuélienne, ce weekend et s’est dit « révolté ». La liberté démocratique, s’est-il indigné, n’existe tout simplement pas au Venezuela. Il a remercié le Groupe de Lima pour ses propos sans équivoque et a dit être aux côtés des organisations régionales et de Juan Guaidó.
Nous appelons, a dit le représentant, à une nouvelle élection présidentielle libre et transparente car c’est la seule voie politique de sortie de crise. Il a annoncé que le Royaume-Uni a débloqué une somme de 8,6 millions de dollars d’aide humanitaire pour le Venezuela pour traiter les enfants souffrant de malnutrition, faire des campagnes de vaccination et assurer l’accès à l’eau potable. Il faudra éventuellement envisager, selon le représentant, des sanctions supplémentaires qui frapperaient des membres du régime Maduro car on ne saurait rester les bras croisés face à cette crise.
M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a demandé instamment à toutes les parties impliquées dans la crise vénézuélienne de s’abstenir d’une quelconque initiative qui donne lieu à de nouveaux actes de violence, à des incarcérations et à des morts. La séance d’aujourd’hui est une bonne occasion, selon lui, pour réfléchir à une solution politique, qui doit être une solution négociée entre les Vénézuéliens avec l’intermédiaire d’une partie neutre comme l’ONU. C’est ce que sa délégation avait proposé lors de la séance du 26 janvier, a-t-il rappelé.
Les responsables politiques du Venezuela doivent s’asseoir, négocier et arriver à un accord sur les différends qui menacent la stabilité du pays, a-t-il recommandé, ajoutant qu’il est de la responsabilité du gouvernement constitutionnel, avec l’appui de la communauté internationale, d’instaurer les conditions propices au démarrage d’un dialogue inclusif, dans lequel doit prévaloir l’intérêt national. Enfin, il a exprimé sa reconnaissance aux pays voisins du Venezuela et à d’autres, qui, selon les médias, accueillent chaque jour des milliers de migrants vénézuéliens. Il a aussi salué la solidarité des organismes humanitaires qui appuient les gouvernements de ces pays. Enfin, il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle soit solidaire de ces pays.
Réagissant aux propos de la Fédération de Russie, le représentant des États-Unis a repris la parole pour dire que des efforts sont actuellement déployés à Hanoï pour régler des problèmes qui remontent à la guerre froide, mais qu’aujourd’hui « c’est bel et bien de la rhétorique de la guerre froide » que nous avons entendue. Quant à l’aide humanitaire, nous n’avons fait que répondre à la demande du Président et du Gouvernement « légitimes » du Venezuela et si la Russie est si soucieuse des comptes vénézuéliens, c’est sans doute parce que Caracas lui doit « beaucoup d’argent », un argent qui ne sera pas remboursé en cas d’effondrement de l’économie. Le représentant a « totalement et intégralement » rejeté les accusations d’intervention militaire de la part d’un pays qui occupe illégalement les territoires de la Crimée et de l’Ossétie du Sud. « Je suis scandalisé d’entendre ça au Conseil de sécurité », a-t-il conclu.
« Je n’ai pas l’intention de polémiquer avec mon collègue américain », a rétorqué le délégué de la Fédération de Russie, « mais j’aimerais lui demander qui, exactement, use d’une rhétorique de la guerre froide. Vous allez l’air de dire que la principale préoccupation de la Russie est d’ordre financier, mais pourquoi ne pas imaginer que nous avons d’autres objectifs? « Vos accusations sont ridicules », a-t-il lancé. Il a réitéré sa proposition précédente: est-ce que la délégation américaine est disposée à appuyer le projet de déclaration que la Russie a préparé et qui reprend, mot pour mot, le libellé de celle qu’il a adoptée à l’unanimité tout récemment sur la situation en Haïti, si ce n’est en mettant à la place le nom du Venezuela?
Le Ministre des affaires étrangères du Venezuela, M. JORGE ARREAZA, a accusé certains pays occidentaux d’« arrogance impérialiste » et a affirmé que son peuple et son gouvernement sont victimes d’une « agression internationale ». Les grandes puissances et leurs suiveurs, à savoir les États-Unis et la Colombie plus précisément, ont décidé de se livrer à une ingérence dans les affaires intérieures d’un pays, le Venezuela, en violation flagrante de la Charte des Nations Unies. S’adressant à la Secrétaire générale adjointe, le Ministre l’a accusée d’avoir fait un exposé « biaisé » fondé sur les informations d’une seule source et contraires à ce que sait son gouvernement. Le Ministre a affirmé que ce sont les États-Unis qui ont financé et piloté cette « agression flagrante » contre le Venezuela, une agression qui a commencé dès le premier jour de la révolution bolivarienne, le 2 février 1999, et qui n’a cessé depuis.
Certains pays « amis », a-t-il dévoilé, nous ont fait part de la mobilisation de troupes dans les Caraïbes et d’armes qui seraient acheminées vers le Venezuela pour un soulèvement armé. Ce week-end, une opération soigneusement orchestrée a eu lieu, a poursuivi le Ministre, et « nos forces armées » ont réussi à la contenir sans recourir à des armes létales mais à coup de bombes lacrymogènes. « Ces bandits » qui disent que c’est le régime de Maduro qui aurait utilisé la force mentent, a martelé le Ministre, en brandissant une série de photos pour prouver que le camion en flamme se trouvait bien du côté colombien de la frontière et ne contenait aucune aide humanitaire. La majorité des blessés sont des membres des forces de sécurité, une autre réalité dont les médias ne parlent pas! » s’est indigné le Ministre. Il a également dénoncé l’utilisation du logo du CICR sans son autorisation du côté colombien de la frontière, « là où les cocktails Molotov ont été lancés sur le camion en question ».
Pourquoi, a-t-il demandé, un chef de l’armée américaine s’est entretenu le week-end dernier avec des généraux colombiens? Pour parler d’aide humanitaire?. « Le coup d’État a échoué, et samedi en était le dernier volet! », s’est exclamé le Ministre. L’heure est venue, a-t-il dit, de revenir au droit international et au respect de la Constitution vénézuélienne. Nous lançons, a-t-il dit, une invitation à l’opposition vénézuélienne pour qu’elle revienne à la table de négociation et trouve avec nous une solution de sortie de crise par le dialogue. Nous sommes disposés, a encore affirmé le Ministre, à participer au Mécanisme de Montevideo et nous acceptons même l’hypothèse d’une nouvelle élection, à condition qu’elle vienne de l’intérieur et qu’elle ne soit pas imposée par les États-Unis. Ajoutant un autre signe de la volonté de dialogue de son gouvernement, le Ministre a parlé de sa réunion avec le Groupe de contact de l’Union européenne sur l’assistance technique qu’elle peut apporter, sans imposer le résultat du dialogue national et sans politiser l’aide humanitaire.
Rappelant que le Conseil de sécurité n’a pas vocation à encourager la guerre mais au contraire à garantir la paix et la sécurité internationales, le Ministre a demandé « avec tout le respect qui s’impose », une résolution par laquelle les membres du Conseil condamneraient le recours à la force contre le Venezuela pour que cette option ne soit pas remise sur la table comme n’ont cessé de faire ces derniers jours le Vice-Président Pence et autres personnalités politiques américaines. Quand M. Pence dit que « toutes les options sont sur la table pour libérer mon pays », il sous-entend une option militaire. Il a exigé un libellé qui condamne l’utilisation de la force contre le Venezuela ainsi des sanctions qui lui bloquent l’accès à ses propres ressources, dont l’or dans les banques britanniques ou encore les millions d’euros dans les banques belges. Il a stigmatisé la propagande menée contre son pays, y compris par l’ONU. Est-ce trop vous demander que d’adopter un tel texte?
Il ne fait aucun doute, a poursuivi le Ministre, que la campagne américaine menée contre le Venezuela est en fait « une manœuvre électorale » du Président Trump pour rallier le vote des Cubains-Américains et dans le même temps mettre la main sur le pétrole vénézuélien, comme l’a affirmé lui-même le Conseiller américain à la sécurité nationale, M. John Bolton. « Mon pays a été agressé et les suppôts des États-Unis disent que c’est nous les agresseurs », s’est étranglé le Ministre qui a dénoncé « cette hypocrisie et ce cynisme flagrants » que le Conseil de sécurité ne saurait accepter et encore moins défendre. Hier, le Vice-Président américain et M. Juan Guaidó sont allés voir le Groupe de Lima, « j’ai du mal à le dire parce qu’il devrait s’appeler « Groupe de Washington ». Mais, a affirmé le Ministre, même les membres de ce Groupe se sont opposés à l’usage de la force.
La sortie de cette crise où l’une des cinq branches du pouvoir est en conflit avec les quatre autres, passe par la table de négociation. Mon gouvernement y est disposé, y compris avec l’opposition vénézuélienne qui, avant le refus « orchestré » de l’extérieur de participer aux dernières élections, était engagée dans de telles négociations avec le Gouvernement. Avant de conclure, le Ministre a remercié les États qui cherchent à défendre les principes de la Charte et les membres du Mouvement des pays non alignés. « Aujourd’hui c’est le tour du Venezuela et demain ce sera le tour de qui? »
M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a estimé que la situation que connaît le Venezuela exige l’attention du Conseil de sécurité, parce que les actions qui y ont lieu représentent une très grave menace à la paix et la stabilité de la région. Il a qualifié l’opération d’« aide humanitaire » des États-Unis de « cheval de Troie pour atteindre son objectif politique: le changement de régime au Venezuela ». Malgré la campagne médiatique déployée autour de l’opération d’aide humanitaire, a-t-il observé, ni l’ONU, ni la Croix-Rouge internationale, ni l’Église catholique n’ont permis une telle instrumentalisation, en raison du fait que « cette supposée aide viole les principes d’indépendance, d’impartialité et de neutralité ».
Le représentant a remarqué que de hauts responsables des États-Unis répètent la même chose à propos du Venezuela, à savoir que « toute les options sont sur la table ». Il a demandé de peser la gravité de ces paroles. Cela lui a en effet rappelé tant d’invasions, comme celles en République dominicaine, au Nicaragua, à Panama ou encore à Haïti. Il s’est également remémoré l’opération Condor, l’École des Amériques, les disparitions forcées, les tortures et les meurtres. Il a encore cité l’affaire Irán-Contra qui avait donné lieu à un avis de la Cour internationale de Justice (CIJ) le 27 juin 1986. Celle-ci avait décidé que les États-Unis, en entraînant, armant, finançant et en fournissant d’autres moyens de soutien des activités militaires et paramilitaires au Nicaragua et contre le Nicaragua, avaient agi contrairement aux intérêts du Nicaragua et rompu leurs obligations découlant du droit coutumier de non-intervention dans les affaires d’un autre État. Quand « toutes les options sont sur la table », a encore remarqué le représentant, cela rappelle la doctrine Monroe, celle de la sécurité internationale et celle des ennemis intérieurs. Il a aussi fait le lien avec le soutien à des dictateurs comme Pinochet. Il a relevé que les acteurs les plus importants des agressions précitées sont les mêmes qui jouent un rôle central dans la tragédie actuelle.
Le représentant a rappelé que « l’intervention en Iraq basée sur des mensonges » avait fait un million de morts, et que celle en Syrie en avait causé 500 000, une situation là encore provoquée par la politique de changement de régime. Pour le cas de la Libye, « qui profite des ressources naturelles de ce pays? Y a-t-il la liberté et la démocratie dans ce pays?» Le représentant a dit ne pas vouloir que le peuple vénézuélien connaisse le même sort que le peuple libyen. Le Conseil de sécurité a le devoir d’éviter cela, a-t-il dit. Pour lui, la motivation des États-Unis n’est pas les droits de l’homme et la prospérité du Venezuela, mais plutôt le contrôle géopolitique et le pétrole. « Si nous voulons aider le peuple vénézuélien, nous devons respecter les principes de la Charte des Nations Unies », a-t-il lancé en appelant aussi à appuyer des initiatives visant à un dialogue.
M. FUENTE RAMIREZ (Mexique) a déploré la perte de vies humaines et lancé un appel aux autorités vénézuéliennes pour qu’elles s’abstiennent d’un usage excessif de la force. Il a considéré que le Mécanisme de Montevideo, endossé par 16 États d’Amérique latine, constitue une plateforme de dialogue viable et inclusif et le moyen de parvenir à une solution pacifique et négociée. Si les parties au conflit sont prêtes à envisager un tel dialogue, le Mexique, a-t-il assuré, est prêt à l’appuyer sans ambages et à déployer dans les meilleurs délais les « mécanismes efficaces de la diplomatie » qui ont abouti, par le passé, à la résolution pacifique des conflits.
« Avec la complicité irresponsable d’acteurs et de pays divers et variés, le Gouvernement des États-Unis a ourdi une dangereuse provocation qui prétend violer la souveraineté du Venezuela, en usant de la force et de la pression », a accusé Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba). Elle a estimé que, sous de faux prétextes humanitaires, Washington préparerait une intervention militaire contre un pays souverain en vertu de la doctrine Monroe. À l’appui de ses allégations, elle a cité les propos du Vice-Président des États-Unis, Mike Pence, qui a déclaré hier que « toutes les options sont sur la table ». « Je répète: toutes les options sont sur la table », a martelé la représentante, en affirmant que des raisons similaires avaient servi à justifier des guerres contre la Yougoslavie, l’Iraq ou la Libye. Elle a également mis en cause la « vaste opération de communication et politique » en cours, avec la complicité des grands groupes médiatiques privés.
Elle a réaffirmé la solidarité « inflexible » de Cuba avec le Président « constitutionnel » Nicolás Maduro, avec la « Révolution bolivarienne et chaviste » et avec l’« union civique et militaire » de son peuple. Cuba, qui soutient la mobilisation internationale pour éviter à tout prix une intervention militaire contre le Venezuela, rejette l’idée que se répète au Venezuela la triste et douloureuse histoire des interventions militaires au Mexique, au Nicaragua, en République dominicaine, en Haïti, à Cuba, au Honduras, à Grenade et au Panama ». Mme Abascal a demandé au Mécanisme de Montevideo, en particulier au Mexique, à l’Uruguay, à la Bolivie et à la CARICOM, de n’épargner aucun effort pour rechercher une solution fondée sur le dialogue. Au Conseil de sécurité, la déléguée a demandé qu’il assume sa responsabilité première de maintenir la paix et la sécurité internationales.
M. MILENKO ESTEBAN SKOKNIC TAPIA (Chili) s’est inquiété de la crise profonde qui touche actuellement le Venezuela, affectant ses institutions démocratiques et débouchant sur une détérioration inacceptable des conditions de vie et des droits de ses citoyens, sous le regard d’un gouvernement « autoritaire et répressif ». Il a condamné dans les termes les plus forts les violences commises par les forces policières et parapolicières du « régime illégitime » de Nicolás Maduro dans les zones frontières avec la Colombie et le Brésil pour empêcher l’acheminement de l’aide humanitaire. Après avoir exprimé son plein appui au « Président en exercice » Juan Guaidó, le représentant a appuyé le lancement d’un processus de transition démocratique au Venezuela dans le but de déboucher sur la tenue d’une nouvelle élection présidentielle avec la participation de tous les acteurs politiques. Il a aussi appelé à une sortie de crise « politique, diplomatique et pacifique ».
M. GUILLERMO FERNANDEZ DE SOTO (Colombie) a déclaré que la réunion du Groupe de Lima qui a eu lieu hier à Bogota représente un « excellent exemple » de l’importance du multilatéralisme, puisqu’elle a réuni une cinquantaine d’États Membres qui ont reconnu la légitimité du Président par intérim, Juan Guaidó. Il a déclaré que la crise humanitaire aigue au Venezuela avait conduit 3,4 millions de personnes à fuir et plongé 3,5 millions de Vénézuéliens dans l’insécurité alimentaire entre 2015 et 2017. Dans ce contexte, le Groupe de Lima, avec l’assentiment du Juan Guaidó, a persisté dans la fourniture d’une aide humanitaire, guidé par la Déclaration historique de la onzième réunion des chanceliers du Groupe de Lima, laquelle signale que « la transition vers la démocratie doit être conduite par les Vénézuéliens eux-mêmes, pacifiquement, et dans le respect de la Constitution et du droit international, et sans usage de la force ». Réagissant aux propos tenus par le Ministre des affaires étrangères du Venezuela, le représentant a déclaré que lui aussi pourrait brandir des photos et des chiffres, mais qu’il ne voulait pas faire perdre à ce Conseil un temps précieux. Rejetant les accusations lancées contre son pays, il a recommandé au Chef de la diplomatie vénézuélienne de se lancer dans la « fiction ». La Colombie a elle aussi souffert de la violence et nous continuerons de travailler inlassablement pour atténuer les violences », a déclaré M. De Soto. Il a estimé que les propos de la Fédération de Russie étaient pour le moins « surprenants », avant de rappeler que l’ONU serait associée aux opérations humanitaires en cours. Le Conseil de sécurité ne peut pas ne pas répondre aux aspirations des Vénézuéliens, a-t-il enjoint. « Je m’exprime pour défendre les intérêts de mon pays et de la région », a conclu le délégué.
Pour M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine), la grave crise politique, économique et humanitaire au Venezuela exige une action internationale urgente et concertée. Le Conseil de sécurité a un rôle important à jouer à ce titre, a poursuivi le représentant, pour veiller à la conformité de cette action avec les principes de la Charte et éviter une détérioration de la situation et l’aggravation des souffrances du peuple vénézuélien. Le représentant a reproché au régime Maduro de « bloquer par la force les initiatives humanitaires, multilatérales et pacifiques ». Il a condamné les actes répressifs de ce régime et souligné que le Groupe de Lima, dont l’Argentine est membre, a décidé le 25 février de saisir la Cour pénale internationale (CPI). Le Groupe a déjà unanimement conclu que « Maduro et son régime illégal » représentent une menace sans précédent à la paix et la sécurité de toute la région. Cette situation, s’est expliqué le représentant, a d’ores et déjà provoqué une crise migratoire et de réfugiés sans précédent avec plus de trois millions de Vénézuéliens qui cherchent refuge dans les pays d’Amérique latine et ailleurs. L’Argentine elle-même en accueille 130 000 et continue d’apporter une assistance humanitaire grâce à ses Casques blancs. Les Nations Unies ne peuvent rester indifférents à cette crise, compte tenu de sa gravité et de son ampleur, a estimé le représentant qui a rappelé que le Groupe de Lima avait demandé au Secrétaire général dès octobre 2017 de trouver une solution à cette crise grave et aux violations constantes des droits de l’homme au Venezuela.
M. FREDERICO SALOMÃO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) a indiqué que les évènements du 23 février dernier étaient comme un appel au réveil sur les dangers auxquels la communauté internationale, et précisément les pays d’Amérique latine et des Caraïbes, feront face si la crise vénézuélienne n’est pas rapidement réglée. Ces évènements ont également montré qui était du côté du peuple vénézuélien. Ainsi, les actions du régime, qui a bloqué l’aide humanitaire qui aurait permis de nourrir les affamés et guérir les malades, sont inadmissibles pour « toute norme humaine raisonnable ». Ces actions sont également cruelles et ont coûté la vie à des gens, dont des populations autochtones vivant à la frontière entre le Brésil et le Venezuela. Le représentant a dit que la région a choisi le chemin de la démocratie et du développement. Il a noté que la prestation de serment du Président de l’Assemblée nationale s’est faite en vertu de la Constitution du Venezuela, puisque M. Maduro a truqué les élections, étouffé la voix des Vénézuéliens, et ultimement, usurpé le pouvoir. Il a noté que 50 pays ont déjà reconnu M. Juan Guaidó comme le « président légitime » du Venezuela, jusqu’à ce qu’une élection libre et transparente soit organisée. Le Brésil s’est joint à cette mouvance parce qu’il espère voir un Venezuela démocratique et prospère après cette crise prolongée, a souligné le représentant.
Il a rappelé que le Groupe de Lima s’est réuni hier à Bogota afin de « démontrer la solidarité de l’hémisphère pour les frères et sœurs du Venezuela », ainsi que pour tracer le chemin d’une transition démocratique. Il a précisé que le Groupe de Lima n’a pas la prétention de parler au nom de toute la région, mais sa voix est celle d’un groupe de pays qui, depuis août 2017, assume la responsabilité de rechercher les moyens d’aider les Vénézuéliens dans leur lutte contre l’autoritarisme. Il a rappelé que le Groupe de Lima a soumis la question du Venezuela à la Cour pénale internationale (CPI), notamment la catastrophe humanitaire créée par le régime Maduro contre son peuple. Le Groupe de Lima a aussi décidé d’encourager la nomination d’un expert indépendant ou d’une commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme sur les violations commises au Venezuela. Enfin, le Groupe a demandé au Secrétaire général de l’ONU de faire en sorte que le système des Nations Unies s’occupe de la situation au Venezuela. Le Brésil invite les pays qui ne l’ont pas encore fait à reconnaître le « gouvernement légitime » de Juan Guaidó, a conclu le représentant.
M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a lancé un appel fraternel à tous les États Membres, en particulier ceux d’Amérique latine, pour que cessent les agressions et les hostilités, lesquelles « prétendent soumettre nos peuples, en les condamnant à la pauvreté et aux humiliations ». Il a salué les efforts déployés par le Mécanisme de Montevideo qui, en associant le Mexique, la Bolivie, l’Uruguay, et les pays de la CARICOM, œuvrent à la promotion de solutions fraternelles et justes au Venezuela.
M. OMAR CASTAÑEDA SOLARES (Guatemala), qui fait partie du Groupe de Lima, a plaidé en faveur du retour à l’ordre constitutionnel au Venezuela et a appuyé le Président par intérim, Juan Guaidó. Le représentant a condamné les actions délibérées et violentes commises par « le Gouvernement illégitime de Maduro » qui aggravent une fois de plus la crise humanitaire dans le pays alors que des millions de Vénézuéliens font face à une situation insoutenable et qui représente une menace pour les pays voisins. Il a exigé l’accès sans entrave de l’aide humanitaire internationale et réitéré l’appel de son pays au rétablissement immédiat de l’ordre démocratique par des élections libres, transparentes et justes convoquées par les autorités légitimes, et conformes aux normes internationales. Ces élections doivent se faire avec la participation de toutes les parties prenantes politiques, en présence d’observateurs internationaux et avec un nouveau conseil national électoral.
Le représentant a rappelé que plus de 50 pays reconnaissent désormais le Président par intérim, M. Guaidó. Il a lancé un appel au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour qu’il agisse et résolve le plus rapidement possible la crise au Venezuela. La transition vers la démocratie doit être menée par les Vénézuéliens eux-mêmes, a insisté le représentant qui a condamné toute solution militaire ou menace à recourir à la force et tout autre acte de provocation qui mettrait en cause la paix et la sécurité de la région.
Au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), Mme KITTY SWEEB (Suriname) a souligné que les pays au nom desquels elle parle, n’ont pas choisi un côté contre un autre. Ils ont au contraire fait le choix des principes, ceux qui ont conduit à la création des Nations Unies, qui sont ancrés dans la Charte et qui ont donné naissance à l’article 21 de la Charte de l’Organisation des États américains. Ces principes sont la racine du multilatéralisme, la fondation même de cette « Maison ». L’étouffement économique et l’intervention militaire n’y sont pas seulement contraires mais ils peuvent aussi exacerber les grandes souffrances du peuple vénézuélien. Il faut une solution politique trouvée par les Vénézuéliens eux-mêmes et leurs leaders, a insisté la représentante. Nous appuyons, a-t-elle dit, la voie de la paix forgée non pas avec des menaces mais avec le dialogue, non pas avec l’escalade des tensions mais avoir leur atténuation, non pas des postures de tireurs d’élite mais avec la médiation, non pas avec des sanctions suffocantes mais avec les outils de la diplomatie. C’est dans la poursuite de ces objectifs que les chefs de gouvernement de la CARICOM ont offert leurs bons offices. La représentante a appuyé le Mécanisme de Montevideo et a appelé toutes les parties, à l’intérieur comme à l’extérieur du Venezuela, à, dans l’intérêt de leur peuple, donner au Mécanisme le temps et l’espace qu’il lui faut pour travailler.
Au nom de son pays Mme KITTY SWEEB (Suriname) a expliqué qu’elle suit de près la situation au Venezuela où l’aide humanitaire est distribuée de « manière agressive » à la frontière alors que le pays est stable et tranquille. Il s’agit, a-t-elle dit, d’une situation alarmante qui contrevient aux principes d’indépendance, d’impartialité, de neutralité et de consentement qui devraient régir les opérations humanitaires. Elle a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur des principes du droit international et dénoncé toute agression qui contreviendrait à ces principes. Elle a rejeté la politisation de l’aide humanitaire dans le contexte vénézuélien où cette aide a été offerte sans le consentement du Gouvernement légitime. Elle a appelé à un dialogue inclusif de fond, tel que prévu par le Mécanisme de Montevideo. C’est, a-t-elle conclu, la seule voie possible pour un règlement pacifique et durable du conflit interne au Venezuela.
M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a estimé que « le maintien au pouvoir de Nicolás Maduro et de son régime illégitime entraîne une crise humanitaire qui représente une menace sans précédent à la sécurité, à la paix, à la liberté et à la prospérité du peuple vénézuélien, affectant toute la région ». Il a réitéré son inquiétude vis-à-vis de la détérioration de la situation politique sociale et humanitaire au Venezuela. « Le 23 février, nous avons été témoins d’actes criminels de la part du régime illégitime de Nicolás Maduro, qui a empêché l’arrivée de l’aide humanitaire internationale », a dit le représentant avant de plaider pour que la CPI se saisisse de la grave situation humanitaire au Venezuela, de la « violence criminelle du régime de Nicolás Maduro contre la population civile » et du déni d’acheminement de l’aide internationale, qui sont selon lui constitutifs de « crime contre l’humanité ».
Le représentant a mentionné la présence du Président Mario Abdo Benítez dans la ville colombienne de Cúcuta, à la frontière avec le Venezuela, pour démontrer l’engagement du Paraguay dans la « solidarité avec son peuple frère vénézuélien », dans la défense des valeurs, des principes éthiques et moraux, de l’état de droit, de la protection des droits de l’homme et des libertés publiques. Le Paraguay, a-t-il rappelé, fut le premier à rompre ses relations diplomatiques avec le « régime illégitime de Nicolás Maduro ». Il a réaffirmé son respect et sa reconnaissance de l’Assemblée nationale élue légitimement en décembre 2015 et de « Don Juan Guaidó comme président intérimaire du Venezuela ». Il a aussi soutenu l’Accord pour la promotion du Plan de sauvetage du pays adopté par ladite Assemblée le 29 janvier dernier. Le processus de transition démocratique et de reconstruction institutionnelle, économique et sociale du Venezuela doit être mené par les Vénézuéliens eux-mêmes, de manière pacifique, a-t-il recommandé.
M. LUIS HOMERO BERMÚDEZ ÁLVAREZ (Uruguay) a appelé à la prudence et à la mesure, pour éviter une détérioration de la situation au Venezuela. Le Mécanisme de Montevideo et le Groupe international de contact veulent contribuer à une solution pacifique et négociée au conflit, a-t-il observé. Il a encouragé à explorer ces voies et à redoubler d’efforts pour avancer dans la recherche d’une solution en faveur de la stabilité, du bien-être du peuple vénézuélien et de la restauration de la paix. « L’Uruguay réaffirme sa position selon laquelle il n’y a pas d’autre solution que celle qui sera déterminée librement par les Vénézuéliens eux-mêmes. »
M. Bermúdez Álvarez a assuré que son pays continuerait ses efforts en faveur du dialogue et du respect des conditions d’entrée de l’aide humanitaire sur le territoire vénézuélien. Une aide qui doit être apportée dans le strict respect des principes d’humanité, d’impartialité et de neutralité, a-t-il précisé. Il a aussi appelé au respect du droit international et des principes de règlement pacifique des différends, d’égalité souveraine des États, de non-intervention et de respect des droits de l’homme. L’Uruguay appuiera toujours le dialogue et la concertation, a-t-il assuré, avant d’exhorter les parties impliquées à faire baisser les tensions et à agir conformément aux principes du droit international.
M. GARETH BYNOE (Saint-Vincent et les Grenadines) a réaffirmé l’engagement sans faille de son gouvernement en faveur des principes fondamentaux du droit international, se disant préoccupé par les « mesures coercitives unilatérales et extraterritoriales prises par des pays tiers » et qui sont à l’origine des tensions dans la sous-région. Il ne fait aucun doute que l’asphyxie économique et militaire ne fera que déboucher sur des conséquences humanitaires au mépris flagrant des principes des Nations Unies et de tous ses États Membres », a-t-il mis en garde. Selon lui, il ne faut pas « sacrifier prématurément » le Mécanisme de Montevideo, « catalyseur d’une solution politique » de la crise au Venezuela, au profit d’un « accès soudain de militarisme » ou de toute autre « action unilatérale regrettable ». Les archives de cette Organisation, a poursuivi M. Bynoe, révèleront que les « architectes » des « résolutions grandiloquentes » ont souvent par le passé négligé la lettre et l’esprit de ces documents « avant même que l’encre n’ait séché », pour se mettre « frénétiquement » à la quête de solutions militaires. Le représentant a estimé en conclusion que les États-Unis devraient faire preuve à l’égard du Venezuela des mêmes qualités constructives qu’ils ont démontrées ces dernières années vis-à-vis de la « Corée du Nord », par exemple.
« Que ce soit bien clair: le Venezuela est sous le contrôle d’une dictature capable de laisser son peuple mourir de faim au lieu de céder un iota de son pouvoir », a affirmé M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada). Mentionnant la réunion qu’a tenue hier le Groupe de Lima, auquel son pays appartient, le délégué a indiqué que « le maintien au pouvoir de Nicolás Maduro et de son régime illégitime représente une menace sans précédent pour la sécurité, la paix, la liberté et la prospérité dans l’ensemble de la région. » L’ élection présidentielle de mai 2018 était indubitablement frauduleuse, a-t-il déploré, en accusant M. Maduro d’avoir, dès son mandat initial, « exercé la répression, trempé dans la corruption et porté gravement atteinte aux droits de la personne ».
Il a indiqué que la reconnaissance par le Canada et plus de 50 pays démocratiques du monde entier, dont la plupart sont situés dans les Amériques, de Juan Guaidó comme « président intérimaire légitime du Venezuela » est strictement fondée sur la Constitution du Venezuela. Selon son article 233, en l’absence d’un président légitime, Juan Guaidó, au titre de Président de l’Assemblée nationale, doit assumer la fonction de Président par intérim, a expliqué M. Blanchard. « Dans cet esprit, nous répétons que nous prions le régime de Maduro de céder le pouvoir immédiatement. » Le Groupe de Lima a exprimé son soutien à une transition pacifique et démocratique, ainsi que son rejet du recours à la force, a poursuivi M. Blanchard. En conclusion, le délégué canadien a invité la communauté internationale à soutenir le peuple vénézuélien, « qui cherche à libérer son pays de la dictature de Maduro ».
Mme LOIS MICHELE YOUNG (Bélize) a demandé que la communauté internationale s’assure que la paix demeure « la seule option pour le peuple vénézuélien ». Elle a rappelé qu’au second Sommet de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) en 2014, les dirigeants avaient proclamé leur région « Zone de paix » et promis de gérer pacifiquement tous les différends. La représentante a donc invité le Conseil de sécurité à respecter cet engagement en « dissuadant toute action qui mènerait à une conflagration militaire au Venezuela ». Elle a dit craindre que les bonnes intentions humanitaires de certains ne cachent des intentions infâmes. L’assistance humanitaire, a-t-elle souligné, doit se faire par les institutions telles que les agences de l’ONU ou encore la Croix Rouge et le Croissant-Rouge. Le représentant a fait le choix du dialogue entre le Gouvernement vénézuélien et l’opposition, sans menace de recourir à la force.
M. GALLEGOS CHIRIBOGA (Équateur) a appelé à une solution rapide de la crise au Venezuela, dénonçant l’usage de la force par les forces publiques et les groupes paramilitaires contre des manifestants pacifiques, notamment des membres de la communauté autochtones Pemón. Il a demandé que l’on identifie des canaux de coordination de l’aide humanitaire. Il a insisté sur l’importance qu’il y a à conclure d’urgence un accord pour la tenue d’élections libres, transparentes et neutres. L’Équateur, a-t-il dit, accueille plus de 240 000 Vénézuéliens et organisera, les 8 et 9 avril 2019, la troisième réunion régionale sur les problèmes créés par la migration de trois millions de Vénézuéliens. Il s’est opposé à toute intervention militaire au Venezuela et a souligné qu’une solution à la crise doit être trouvée par le dialogue et la concertation.
Notre région doit rester une zone de paix, a demandé M. GLENTIS THOMAS (Antigua-et-Barbuda) qui a rappelé les années d’ingérence qui ont brisé cette région. « Nous ne pouvons pas et ne devons pas revenir au passé. » Le règlement des conflits interne est une affaire interne qui ne saurait souffrir d’ingérence extérieure, a souligné le représentant. Là où il y a un besoin d’aide humanitaire, c’est l’ONU qui doit faciliter les choses. L’aide doit être prémunie contre toute influence politique et toute condition préalable. Le représentant a invoqué l’Article 2 de la Charte des Nations Unies, une règle qui a été écrite pour une bonne raison: pour empêcher les États de recourir à la force, soit unilatéralement, soit par un petit nombre choisi par eux-mêmes. La diplomatie, le dialogue et les négociations doivent être encouragés car l’histoire nous a appris que la diplomatie est plus efficace. Au Venezuela, a poursuivi le représentant, la déclaration unilatérale de soutien à une partie contre une autre est une ingérence flagrante et une influence illégitime dans les affaires intérieures d’un pays souverain. Les sanctions internationales et le gel des avoirs financiers sont des pratiques qui affectent les populations les plus vulnérables. « Nous devons renoncer à utiliser les institutions internationales comme des armes de guerre », a plaidé le représentant.
M. RUBÉN ARMANDO ESCALANTE HASBÚN (El Salvador) a fait part de sa préoccupation face aux développements récents au Venezuela, « qui ne sont guère favorables à la recherche d’une sortie pacifique de la crise ». Il a réitéré la position que son pays a défendue il y a un mois, à savoir que c’est au Gouvernement et aux forces politiques internes vénézuéliennes de trouver des solutions à leurs différends, par le dialogue et des moyens pacifiques, conformément à la Constitution et au droit international. « En tant que pays responsable », El Salvador, a dit le représentant, demande à la communauté internationale de veiller au respect des principes de la Charte de l’ONU, la souveraineté nationale, la non-ingérence dans les affaires intérieures des États et l’interdiction de recourir à la force ou de menacer d’y recourir. En tant que membres de la communauté internationale, « nous devons demander une solution pacifique par le dialogue. Le représentant a appuyé l’initiative diplomatique des pays qui souhaitent promouvoir et contribuer à un règlement pacifique de la crise au Venezuela.
Mme MARY ELIZABETH FLORES (Honduras) a fait part de sa solidarité avec le « Président Juan Guaidó » pour faire parvenir une aide humanitaire, créer un gouvernement de transition et entamer un processus électoral libre et juste. Elle a dénoncé les violations des droits de l’homme et les actes « barbares » commis par une « dictature cruelle ». Elle a indiqué que le 10 janvier, le Conseil permanent de l’Organisation des États américains a adopté une résolution qui ne reconnait pas la légitimité du nouveau mandat de Nicolás Maduro. La représentante a souligné que les dynamiques internes au Venezuela sont une source de préoccupation pour les Amériques et pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.
Mme ISBETH LISBETH QUIEL MURCIA (Panama) a fermement condamné l’usage de la force contre le peuple vénézuélien et les actes violents de la semaine dernière. Elle a indiqué que son pays s’était joint à plus de 50 autres dans leur reconnaissance du Président par intérim Juan Guaidó. Elle a appelé le « régime illégitime » à autoriser un processus de transition démocratique et la tenue d’élections justes. Elle a en outre lancé un appel au plus haut niveau pour que l’on veille à ce que la crise politique, économique et humanitaire que vivent plus de 27 millions de Vénézuéliens ne se transforme pas en conflit géopolitique. Le seul objectif de ma délégation, a-t-elle ajouté, est de faire en sorte que le Venezuela regagne la voie de la démocratie, de la liberté et de la prospérité. La représentante a affirmé que les préoccupations suscitées par la situation ne doivent en aucun cas être interprétées comme une ingérence dans les affaires intérieures du Venezuela.
M. CARAZO ZELEDON(Costa Rica) a appelé à une solution à la crise qui veille au bien-être de l’ensemble des Vénézuéliens, insistant sur l’importance des mécanismes de règlement pacifique des conflits, de la diplomatie et du dialogue. Il a dénoncé l’usage de la force sous l’autorité de Nicolás Maduro contre un peuple qui souffre des plus graves conséquences du régime. Il a plaidé pour l’acheminement de l’aide humanitaire, appelant par ailleurs les organismes pertinents de l’ONU à coordonner leurs efforts avec le Gouvernement de transition de Juan Guaidó. Il a appelé à la tenue d’élections libres, justes, transparentes et ouvertes afin de rétablir l’ordre démocratique et constitutionnel au Venezuela, jugeant par ailleurs que le scrutin du 20 mai 2018 ne réunissait pas les conditions nécessaires pour être considéré comme légitimes.
Mme LOREEN RUTH BANNIS-ROBERTS (Dominique) a fermement défendu les principes de non-ingérence dans les affaires intérieures de tout État souverain. « Nous continuons de promouvoir et de soutenir l’article 21 de la Charte de l’Organisation des États américains, a réitéré la représentante. Pour résoudre pacifiquement et durablement la situation au Venezuela, il doit y avoir un dialogue constructif et un effort diplomatique entre toutes les parties afin de réaffirmer le droit du peuple du Venezuela à la paix et à la démocratie. Tout doit être mis en œuvre pour aider à construire la paix, promouvoir la réconciliation et trouver une solution à l’amiable et durable à la situation, a estimé la représentante. Elle a soutenu le Mécanisme de Montevideo qui prévoit quatre phases: le dialogue, la négociation, l’engagement et la phase de mise en œuvre. Avec cette approche, il y aura une résolution pacifique et durable à la situation au Venezuela, a-t-elle estimé.
Reprenant la parole, le Ministre des affaires étrangères du Venezuela a félicité le Conseil de sécurité pour avoir pris à bras-le-corps la question de « l’agression » contre son pays. Le Gouvernement de M. Maduro, a-t-il affirmé, travaille avec les Nations Unies pour faire des progrès. En septembre dernier, M. Maduro a d’ailleurs rencontré le Secrétaire général de l’ONU et un mécanisme a été mis en place avec l’ONU pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire et technique pour que le Venezuela, victime de sanctions américaines depuis quatre ans, puisse fonctionner. C’est la raison, a souligné le Ministre, pour laquelle mon pays bénéficie de l’aide de pays amis et des Nations Unies. Le Ministre a insisté pour que le Conseil de sécurité et les autres organismes de l’ONU fassent tout leur possible pour éviter une guerre contre le Venezuela et pour que les sanctions qui frappent son « cœur » soient levées, indiquant au passage le gel de 30 milliards de dollars d’avoirs. Il a également demandé au Conseil d’obtenir de toutes les parties qu’elles reviennent à la table de négociation et travaillent à la paix. Hélas, a-t-il noté, les États-Unis n’ont toujours pas écarté l’option militaire. Le Conseil doit veiller au respect de la Charte des Nations Unies et en particulier au principe du non-recours à la force. Rappelant que la délégation russe a présenté un texte « très simple » en ce sens, le Ministre a reproché à la délégation américaine d’avoir immédiatement annoncé leur opposition. Il a rappelé que les pays de sa région, même ceux qui ne reconnaissent pas le régime Maduro, ont tous condamné l’idée de recourir à la force. Cette séance, a conclu le Ministre, est donc avant tout la victoire de la paix, même si ce n’était pas l’objectif de la délégation qui l’a convoquée.
Le représentant du Pérou s’est dit en désaccord avec la description des faits par le Ministre des affaires étrangères du Venezuela, mais d’accord sur le point selon lequel tous les pays du continent sont opposés à l’usage de la force. Un « élément central » ressort, selon lui: l’exode de la population vénézuélienne, « le plus grave jamais observé sur le continent », et « pas un mot » du Ministre sur ce point précis, ce qui est bien la preuve de « la catastrophe humanitaire de votre régime ».
Le Ministre des affaires étrangères du Venezuela a contesté le chiffre de 3,4 millions de réfugiés, qu’il a jugé « absurde », tout en reconnaissant que des Vénézuéliens avaient bel et bien quitté le pays. Mon gouvernement, a-t-il dit, est prêt à s’assoir avec le Pérou, l’Équateur et d’autres pour faire « cadrer » les chiffres.
Le représentant de la Fédération de Russie a constaté que la délégation des États-Unis avait, « avant même la fin de la réunion », réussi à « tuer notre projet de déclaration présidentielle » sur le Venezuela. Réagissant à ces propos, son homologue des États-Unis a jugé nécessaire que le Conseil de sécurité y souligne l’importance du processus démocratique au Venezuela. En réponse, le Ministre des affaires étrangères du Venezuela a répété que son pays avait simplement demandé aux États-Unis qu’ils rejettent l’idée d’exercer des violences contre les forces bolivariennes.