8460e séance – matin
CS/13697

Conseil de sécurité: appels à ne pas « baisser la garde » face à la menace que Daech continue de poser

Le Conseil de sécurité a entendu, ce matin, de nombreux appels en vue d’un renforcement de la coopération internationale face à Daech, ce dernier demeurant, malgré ses pertes de territoire, le groupe terroriste international le plus à même de lancer une attaque à grande échelle, comme l’a rappelé la Cheffe de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, Mme Michele Coninsx.  « Ne baissons pas la garde », a déclaré la Pologne, résumant le sentiment général.

Premier, avec Mme Coninsx, des deux hauts fonctionnaires de l’ONU à s’être exprimés, le Secrétaire général adjoint au Bureau de lutte contre le terrorisme, M. Vladimir Voronkov, qui présentait le huitième rapport* du Secrétaire général, a indiqué que Daech demeure une menace, malgré une baisse des attaques en 2018.  Daech compterait dans ses rangs entre 14 000 et 18 000 militants, dont 3 000 combattants terroristes étrangers, et aurait accès à des réserves financières d’un montant de 50 à 300 millions de dollars.

Sa structure de commandement centrale garde une influence et joue un rôle important dans l’avancement des objectifs du groupe, a affirmé M. Voronkov.  Le Secrétaire général adjoint a en outre insisté sur le défi des combattants terroristes étrangers, qui sont de retour dans leur pays, relocalisés ou remis en liberté.  En Europe, le nombre de combattants terroristes étrangers qui sont revenus, au cours de la période considérée, est relativement faible, a-t-il précisé, en insistant sur le défi que représente la radicalisation dans les prisons.

Si Daech s’est mué en un réseau plus concentré au niveau local comme en Iraq, en Syrie et ailleurs, ses visées de compromettre les efforts de stabilisation dans les zones de conflit et d’alimenter les tentions sectaires doivent rester une source de préoccupation, a appuyé Mme Coninsx.  « L’héritage destructeur de Daech en Syrie et en Iraq subsiste comme en témoignent les millions de déplacés, les infrastructures endommagées et le tissu social déchiré. »

La Cheffe de la Direction exécutive a insisté sur la question de la détention, dans de nombreux États, d’un certain nombre de suspects et de terroristes, dont les combattants terroristes étrangers et leurs familles.  Les poursuites doivent être envisagées à la lumière des objectifs de réadaptation et de réinsertion et les efforts de réadaptation, en prisons ou ailleurs, doivent être liés aux poursuites et à la réinsertion, a-t-elle expliqué.

À l’instar de nombreuses délégations, Mme Coninsx s’est félicitée de l’adoption par le Comité contre le terrorisme, le 27 décembre 2018, de l’additif aux Principes directeurs de Madrid, qui, selon le rapport précité, fournit aux États Membres des orientations précieuses pour faire face au retour et à la relocalisation des combattants terroristes étrangers et des membres de leurs familles qui les accompagnent.

Les délégations ont été nombreuses à insister sur le défi que représentent ces combattants, la France plaidant pour des mesures de détention, de prise en charge et de suivi des personnes à risque, « via un partage d’informations constant ».  Elle a dit mettre l’accent sur la prise en charge spécifique des enfants, notamment au niveau socio-psychologique et au niveau éducatif, pour favoriser leur réintégration.

« Les enfants doivent être considérés comme des victimes.  Ils ont droit à une protection totale et les alternatives à leur détention doivent être privilégiées chaque fois que possible », a appuyé la Pologne.  L’Afrique du Sud et l’Allemagne ont insisté sur une approche holistique, conjuguant mesures répressives et préventives.

L’Allemagne a également souligné le rôle que jouent les systèmes de renseignements préalables concernant les voyageurs, avant de rappeler que les Pays-Bas ont, à l’automne dernier, mis le leur gratuitement à la disposition des États Membres de l’ONU.  Les systèmes de dossiers passagers sont « particulièrement utiles » pour les gouvernements, ont ajouté les États-Unis. 

Les délégations ont insisté sur l’importance de tarir les ressources financières de Daech, ce groupe étant, selon la Fédération de Russie, constamment en quête de nouveaux moyens de financement, comme en Afghanistan, où il se livre à l’extraction minière.  La France a d’ailleurs indiqué qu’elle présentera bientôt un projet de résolution sur ce sujet.

Enfin, les délégations, dont celles du Koweït ou encore de la Pologne, ont souligné la nécessité de réprimer les crimes commis par Daech.  Mme Coninsx a salué, à cet égard, le travail de l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes.  La Belgique et le Pérou ont néanmoins regretté qu’aucun membre de Daech n’ait été poursuivi pour crime sexuel, en dépit des preuves accumulées.

*S/2019/103

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME

Déclarations

M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint au Bureau de lutte contre le terrorisme, a présenté le huitième rapport du Secrétaire général sur « la menace que représente Daech pour la paix et la sécurité internationales et sur l’action menée par l’Organisation des Nations Unies pour aider les États Membres à contrer cette menace ».  Il a indiqué que Daech, en tant qu’organisation internationale dotée d’une structure de commandement centralisée, demeure une menace, malgré une baisse des attaques dans le monde en 2018.  « La menace se précise avec le retour des combattants terroristes étrangers. » 

Daech, qui a son centre de gravité en Iraq et en Syrie et compte dans ses rangs entre 14 000 et 18 000 militants, dont 3 000 combattants terroristes étrangers, a continué d’évoluer en un réseau clandestin opérant au niveau local, dans le but de saper toute tentative de stabilisation sur le terrain, a-t-il dit.  Malgré la nature plus dissimulée et localement enracinée des cellules de Daech, la structure de commandement centrale garde une influence et joue un rôle important dans l’avancement des objectifs du groupe.  Le Secrétaire général adjoint a indiqué que cette situation est exacerbée par le défi des combattants terroristes étrangers, qui sont de retour dans leur pays, relocalisés ou remis en liberté.  Dans ce contexte, la radicalisation dans les prisons est un véritable défi en Europe et en Iraq.

Certains « voyageurs frustrés », qui n’ont pas pu se rendre au cœur de la zone de conflit, ont été redirigés ailleurs par Daech ou sont partis de leur propre chef, aggravant encore la menace, comme cela a été observé en Europe et en Asie du Sud-Est.  Daech, malgré ses pertes de territoires, aurait toujours accès à des réserves financières d’un montant de 50 à 300 millions de dollars.

La menace résiduelle posée par Daech en Iraq émane des restes locaux de l’organisation et des combattants qui franchissent la frontière avec la Syrie.  En Afrique, Daech constitue une menace pour la Libye et cible commissariats et installations pétrolières.  En Europe, le nombre de combattants terroristes étrangers qui sont revenus, au cours de la période considérée, est relativement faible.  Environ 1 000 combattants ont quitté les Balkans occidentaux pour se rendre dans la zone de conflit en Iraq et en Syrie.  Parmi eux, 100 auraient été tués et 300 seraient revenus.  En Afghanistan, Daech contrôlerait certains camps d’entraînement et aurait créé un réseau de cellules dans diverses villes, dont Kaboul.  Les responsables locaux entretiennent des contacts étroits avec la structure centrale en Syrie et en Iraq.

Face à cette menace, le Secrétaire général adjoint a parlé du Comité contre le terrorisme et de sa Direction exécutive.  Mon Bureau, a-t-il souligné, est un forum d’échanges de bonnes pratiques et d’expertise pour mieux coordonner la réponse aux besoins des États.  M. Voronkov a aussi rappelé le lancement par le Secrétaire général, en décembre 2018, du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme, visant à renforcer l’initiative commune à l’échelle du système des Nations Unies.

Malgré les succès engrangés contre Daech et ses affiliés, la menace posée par le retour et la réinstallation des combattants terroristes étrangers, ainsi que par les personnes « inspirées » par eux, demeure élevée et a une portée mondiale, a affirmé M. Voronkov.  Enfin, le Secrétaire général adjoint a plaidé pour une coordination des efforts face à la menace éminemment « complexe » du terrorisme.

Mme MICHELE CONINSX, Cheffe de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, s’est également appuyée sur le huitième rapport du Secrétaire général sur « la menace que représente l’EIIL (Daech) pour la paix et la sécurité internationales et sur l’action menée par l’Organisation des Nations Unies pour aider les États Membres à contrer cette menace ».

Malgré le rétrécissement des territoires qui offraient à Daech des ressources importantes et une base à partir de laquelle planifier et lancer des attaques, les défis demeurent nombreux et complexes, a prévenu la Directrice exécutive.  Les changements intervenus ont en effet forcé Daech à s’adapter et à se muer en un réseau plus concentré sur le niveau local comme c’est le cas en Iraq, en Syrie et ailleurs.  Mais Daech est toujours le groupe terroriste international le plus à même de lancer une attaque à grande échelle.  Ses plans pour compromettre les efforts de stabilisation et de reconstruction dans les zones de conflit et alimenter les tentions sectaires doivent rester une source de préoccupation. 

En Iraq et en Syrie, a poursuivi la Directrice exécutive, l’héritage destructeur de Daech subsiste comme en témoignent les millions de déplacés, les infrastructures endommagées et le tissu social déchiré.  Il faudra pour réparer ces torts, l’engagement et l’implication des acteurs locaux, nationaux, régionaux et internationaux, a-t-elle prévenu.  Pour faire avancer la justice et l’établissement des responsabilité, il est fondamental de collecter et de préserver les preuves, en recourant dans les zones à haut risque, à l’armée.  Les États, a suggéré la Directrice exécutive, devraient peut-être créer des organes spéciaux d’enquête et de poursuites pour appuyer les efforts de justice pénale.  Elle s’est d’ailleurs félicitée du travail de l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes.

Elle s’est ensuite attardée sur la question de la détention, dans de nombreux États, d’un certain nombre de suspects et de terroristes, dont les combattants terroristes étrangers et leurs familles.  La Directrice exécutive a insisté sur la protection des droits de l’homme, appelant à la cohérence des programmes « poursuites, réadaptation et réinsertion (PPR) ».  Les poursuites, s’est-elle expliquée, doivent être envisagées à la lumière des objectifs de réadaptation et de réinsertion et les efforts de réadaptation, en prisons ou ailleurs, doivent être liés aux poursuites et à la réinsertion.  La Directrice exécutive a aussi prévenu que les groupes terroristes, y compris Daech et ses affiliés, n’ont cessé de prouver leur faculté à exploiter les nouvelles technologies et à rechercher des moyens novateurs de contourner les obstacles à leurs capacités financières, techniques et de recrutement.  La Directrice exécutive a cité l’autre source de préoccupation qu’est la fabrication et l’utilisation par ces groupes d’engins explosifs improvisés.

Elle s’est tout de même félicitée de quelques faits encourageants dont l’additif aux Principes directeurs de Madrid, adopté par le Comité contre le terrorisme le 27 décembre 2018.  Elle a aussi parlé d’un projet conjoint avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le Bureau de lutte contre le terrorisme, sur le renforcement « ciblé » des capacités du personnel pénitentiaire et autres parties prenantes.  En outre, l’ONUDC, la Direction exécutive et l’Association internationale des procureurs et poursuivants ont travaillé à l’élaboration d’un guide pratique sur les demandes de preuves numériques entre États.  Enfin la Direction exécutive et le Bureau de lutte contre le terrorisme ont décidé de déployer régulièrement en Iraq un consultant qui contribuera au développement d’une stratégie globale et intégrée de lutte contre le terrorisme.

Nous devons, a conclu la Directrice exécutive, continuer à travailler ensemble, avec les États Membres, les organisations régionales et internationales, la société civile et le milieu universitaire pour se doter d’une approche holistique des circonstances que des groupes comme Daech exploitent.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) s’est félicité des victoires remportées sur plusieurs fronts contre Daech, y compris le financement de ses opérations terroristes et militaires.  La coalition, a-t-il dit, aide les forces de sécurité iraquiennes dans leur offensive et dans le déminage des territoires autrefois occupés par l’organisation terroriste.  Cependant, a mis en garde le représentant, il reste encore beaucoup à faire, Daech ayant varié ses modes opératoires et sévissant dans de nouveaux théâtres de conflit, comme en Afghanistan.  Il a appuyé les efforts de la Direction exécutive qui aide les États Membres à s’acquitter de leurs obligations en vertu des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, notamment dans la mise en place des systèmes de dossiers passagers « particulièrement utiles » pour les gouvernements.  Le représentant a également encouragé ces derniers à faciliter la réinsertion des anciens combattants et à assurer le respect des droits de l’homme.  Nous ne pouvons pas ralentir nos efforts dans la lutte contre l’État islamique, a prévenu M. Cohen.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a reconnu la grave menace que représente le retour de combattants terroristes étrangers et de leurs familles, notant l’importance des directives pour détecter et empêcher les déplacements de terroristes.  Les systèmes nationaux de justice pénale doivent jouer un rôle important pour éviter notamment que les prisons se transforment en espaces de radicalisation, a dit le représentant avant de plaider pour que la lutte contre le terrorisme inclue la perspective genre et se préoccupe de l’impact du terrorisme sur les enfants.

Concernant le financement de l’État islamique, il a réitéré l’importance de disposer de systèmes de renseignement financier.  Il a également recommandé d’approfondir les connaissances sur la nature du financement du terrorisme.  Il faut, a-t-il ajouté, empêcher les groupes terroristes, en particulier Daech, de bénéficier du trafic de patrimoine culturel, conformément à la résolution 2347 (2017).  Enfin, il a demandé de faire en sorte que les crimes commis ne restent pas impunis, se désolant que, jusqu’à présent, aucun membre de Daech n’ait été poursuivi pour crime sexuel alors qu’on a constaté que la violence sexuelle était utilisée comme tactique terroriste.

M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a invité à « ne pas baisser la garde » face à Daech même s’il a perdu le contrôle de territoires, en rappelant les attaques odieuses qui ont frappé l’Afghanistan, le Kenya et les Philippines.  Il a invité les États Membres à accroître leurs efforts pour geler les avoirs des individus et entités inscrites sur les listes des sanctions frappant Daech et Al-Qaida.  Le délégué a indiqué que les femmes et enfants associés à des combattants terroristes étrangers qui sont de retour ou sont relocalisés doivent recevoir une « assistance spéciale ».

Le représentant a demandé d’appliquer l’additif aux Principes directeurs de Madrid pour bien mesurer les conséquences des activités terroristes sur les droits des enfants.  « Les enfants doivent être considérés comme des victimes.  Ils ont droit à une protection totale et les alternatives à leur détention doivent être privilégiées chaque fois que possible. »  Enfin, le délégué a appelé à des efforts accrus en vue de traduire en justice les éléments terroristes, saluant à ce titre les efforts de l’Équipe d’enquêteurs des Nations Unies chargée de concourir à amener Daech/État islamique d’Iraq et du Levant à répondre de ses crimes.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a repris à son compte plusieurs évaluations figurant dans le rapport du Secrétaire général.  Une fois de plus, nous soulignons que toute interaction avec des individus ou des entités impliqués dans les agissements de Daech est contraire aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, a-t-il déclaré.  Perdant du terrain, les militants de Daech s’efforcent aujourd’hui de nouer des synergies avec d’autres organisations terroristes, a observé le représentant.  Il a rappelé que la Russie contribue à la normalisation des relations entre la Syrie et l’Iraq, et qu’il importe de travailler en coopération avec les Gouvernements de ces deux États Membres.

Sa délégation s’est dite préoccupée par les problèmes persistants posés par le retour dans leur pays d’origine de combattants étrangers.  En outre, selon la Russie, les agissements de l’État islamique en Afghanistan démontrent que Daech dispose encore d’un pouvoir de nuisance.  Le représentant a également noté que, à l’automne dernier, les combattants terroristes de cette organisation se sont emparés de gisements en Syrie, dont ils ont tiré des revenus conséquents.  Les attaques de l’État islamique sont financées non seulement par la vente de minerais et d’hydrocarbures, mais aussi par les produits de la pêche, les jeux en ligne, les fraudes du commerce électronique, ou la contrefaçon, a souligné M. Nebenzia.  Ce groupe est constamment en quête de nouveaux moyens de financement, comme en Afghanistan, où il se livre à l’extraction minière, a-t-il insisté.  Il a souhaité attirer l’attention sur l’enquête menée par la Fédération de Russie dans le cadre du Groupe d’action financière (GAFI), redisant la volonté de Moscou d’un dialogue constructif avec toutes les parties intéressées. 

M. WU HAITAO (Chine) a déclaré que le terrorisme est « l’ennemi commun » de l’humanité et qu’aucun pays ne peut faire « cavalier seul ».  Les efforts contre ce fléau doivent s’inscrire dans la Charte des Nations Unies, dont le respect de la souveraineté nationale.  Le représentant a souligné l’importance qu’il y a à tarir les ressources financières des groupes terroristes et à renforcer les capacités des pays en développement.  Il a plaidé pour une bonne mise en œuvre de l’additif aux Principes directeurs de Madrid pour bien gérer le retour et la relocalisation des combattants terroristes étrangers.

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a déclaré que la lutte contre Daech continue de constituer une priorité pour son pays, en raison des moyens d’action dont dispose toujours cette organisation.  Le représentant a rappelé que Londres avait invité la Direction exécutive du CTC à venir évaluer la situation au Royaume-Uni, le Gouvernement britannique espérant pouvoir partager ses pratiques optimales, tout en se disant disposé à tirer parti des leçons apprises d’autres États Membres.  Pour le représentant, il est nécessaire de redoubler d’efforts pour que la riposte soit à la hauteur des défis.

Il a ensuite dénoncé l’exploitation dont les femmes sont victimes pour mener des attaques, quand elles ne sont pas visées elles-mêmes par de telles attaques.  Sa délégation a toutefois souligné que les femmes sont aussi des partenaires clefs dans la mobilisation et dans l’élaboration des réponses.  Si les États Membres sont les premiers à devoir s’acquitter des obligations découlant des résolutions du Conseil de sécurité, il n’en reste pas moins que « nous devons travailler de concert pour parvenir à des résultats tangibles », a ajouté M. Allen en conclusion.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a constaté que, malgré la perte de son ancrage territorial, Daech demeure le groupe terroriste le plus ambitieux.  Il a appelé à la poursuite de l’action de la Coalition internationale contre Daech, en appui de la mise en œuvre de solutions politiques pluralistes et inclusives en Syrie et en Iraq, « seule réponse durable pour empêcher la réémergence de Daech sous d’autres formes ».  Les crimes commis par Daech doivent être réprimés, a-t-il réclamé, en plaidant notamment pour une coopération judiciaire internationale solide.  « La lutte contre le financement du terrorisme est une priorité de mon pays », a-t-il poursuivi, en ajoutant que la France a décidé de présenter un projet de résolution sur ce sujet.

Face au défi de la gestion du retour des combattants terroristes, M. Delattre a plaidé pour des mesures de détention, de prise en charge et de suivi des personnes à risque, « via un partage d’informations constant ».  Dans son dispositif national, la France met l’accent sur la prise en charge spécifique des enfants, notamment au niveau socio-psychologique et au niveau éducatif, pour favoriser leur réintégration.  Le représentant a aussi insisté sur l’importance de la prévention de l’utilisation d’Internet par les groupes terroristes.  « Nous comptons sur le Bureau de lutte contre le terrorisme et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme pour continuer à porter, comme leurs mandats le prévoient, des questions plus transverses telles que le respect et la promotion des droits de l’homme ou la prise en compte de la dimension du genre. »

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a estimé que les situations en Iraq et en Syrie exigent de la vigilance.  Il a prôné une approche holistique contre les terroristes, prévoyant des mesures à la fois répressives et préventives.  Pour les combattants terroristes étrangers et leurs familles « rapatriés », les mesures judiciaires et pénales sont tout aussi importantes que celles pour la déradicalisation dans les prisons et la réinsertion.  Après avoir souligné le rôle que jouent les systèmes de renseignements préalables concernant les voyageurs, le représentant a rappelé qu’à l’automne dernier, les Pays-Bas ont mis le leur gratuitement à la disposition des États Membres de l’ONU.  Il s’est aussi félicité de l’initiative de la France de présenter une résolution sur la lutte contre le financement du terrorisme.  M. Schulz a soutenu le Groupe d’action financière qui définit les normes internationales en matière de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a noté le nombre important de combattants terroristes étrangers qui quittent les zones de conflit, retournent chez eux ou sont libérés de prison.  Il a appelé à tarir les ressources financières de Daech, qui aurait toujours accès à des réserves financières d’un montant de 50 à 300 millions de dollars.  Nous devons également lutter contre la propagande terroriste, a-t-il affirmé, en appelant à la mise en œuvre des résolutions pertinentes.  Il a insisté sur la nécessité d’établir au mieux les responsabilités s’agissant des crimes commis par Daech, avant de louer les efforts de l’Iraq face à Daech.  Si la Coalition internationale a engrangé des succès contre Daech, ce dernier, qui est doté d’une structure de commandement centrale, demeure une menace pour la paix et la sécurité internationales, a conclu le délégué du Koweït.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud) a déclaré que l’ONU joue un rôle clef dans la coordination des efforts de la communauté internationale face à Daech.  Le délégué a plaidé pour une approche holistique contre le terrorisme, jugeant que les mesures de prévention sont tout aussi importantes que les mesures sécuritaires.  Il a appuyé l’additif aux Principes directeurs de Madrid et mentionné les efforts de son pays dans la lutte contre le financement du terrorisme.  Les mesures prises pour combattre la menace posée par Daech doivent respecter le droit international, a-t-il précisé.  Enfin, préoccupé par les activités des groupes terroristes en Afrique subsaharienne, ayant des liens avec Daech, M. Matjila a insisté sur les efforts menés pour que la « présence destructrice » de Daech ne s’enracine pas dans la région.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a estimé que, malgré les revers subis, Daech demeure une réelle menace à la paix et à la sécurité internationales, grâce à sa capacité d’adaptation, à l’attrait de la propagande terroriste et à sa forte réserve financière, d’un montant compris entre 50 et 300 millions de dollars américains.  Dans ce contexte, seule une approche holistique de la part de la communauté internationale permettra de relever les défis qui continuent de se poser, a préconisé le représentant.  Sur le plan national, les États doivent prévenir la radicalisation par l’amélioration de la coordination entre les services de renseignements et de répression.  Dans cette optique, a poursuivi M. Ipo, ils devront élaborer des stratégies en vue de la gestion et du contrôle des flux de combattants étrangers.  De même, le renforcement des mesures de sûreté aériennes s’avère indispensable, passant par une meilleure sensibilisation aux risques et par un partage des dossiers passagers.  En outre, des mécanismes de coopération solides entre secteurs public et privé doivent être mis en place en vue de lutter contre le financement du terrorisme.  S’agissant enfin du rôle de l’ONU, le représentant s’est félicité du travail accompli par le Comité contre le terrorisme et sa Direction exécutive, qui a permis d’aboutir à l’adoption, le 27 décembre 2018, des additifs aux Principes directeurs de Madrid de 2015 en vue d’aider les États Membres à faire face au retour et à la relocalisation des combattants terroristes étrangers et de leurs familles.  Il s’est aussi réjoui du lancement, le 6 décembre dernier, du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme.

M. MARC PECSTEEN DE BUYRSWERVE (Belgique) a constaté que, bien que Daech, comme entité territoriale, ait été quasiment vaincu et se soit transformé en réseau international clandestin, son impact négatif sur la sécurité internationale reste substantiel, en attirant certains individus, y compris en Europe.  Dans ce contexte, la Belgique, a-t-il expliqué, a opté pour une approche holistique pour lutter contre la radicalisation, axée non seulement sur la répression mais aussi sur la prévention et la réintégration dans la société, et qui s’applique aussi aux combattants terroristes étrangers et leurs familles qui reviennent dans leur pays d’origine.  Parallèlement, Bruxelles reconnaît ses obligations internationales en matière humanitaire et de respect des droits de l’homme, a assuré la délégation, qui a souligné la priorité accordée par son pays au retour des enfants âgés de moins de 10 ans. 

M. Pecsteen de Buyrswerve a souligné que l’additif aux Principes directeurs de Madrid, récemment adopté, est très utile dans la mise en œuvre de la résolution 2396 (2017) du Conseil de sécurité.  Le représentant s’est dit ensuite très favorable à la nouvelle résolution sur le financement du terrorisme annoncée par la France, avant de rappeler que la promotion de la justice et la lutte contre l’impunité sont primordiales aux yeux de son gouvernement.  Il s’est dit toutefois préoccupé de constater qu’en dépit des preuves d’actes de violences sexuelles commis par Daech, aucune poursuite contre ces crimes n’a été ouverte jusqu’à présent.

M. JOSÉ MANUEL TRULLOLS (République dominicaine) a appelé à un renforcement de la coopération entre États face à Daech, dont il a noté la forte capacité d’adaptation.  Près des 20% des combattants terroristes étrangers seraient des femmes et des enfants, a-t-il dit, en notant le degré de coercition exercé sur ces femmes et ces enfants.  « Nous devons reconnaître cette situation et coopérer. »  Le représentant s’est félicité de l’adoption de l’additif aux Principes directeurs de Madrid, pour faire face au retour et à la relocalisation des combattants terroristes étrangers.  Enfin, il a appelé à tarir les ressources financières des groupes terroristes, en particulier la cybermonnaie, en plaidant, là encore, pour une coopération internationale efficace.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a attiré l’attention sur la menace posée par le terrorisme en Asie du Sud-Est.  En effet, « la défaite de Daech en Syrie a été suivie d’un transfert de ses activités dans notre région », a observé le représentant, en faisant état de propagande, de radicalisation et de recrutement.  Il s’est dit également préoccupé de l’accent mis sur les femmes et les enfants par les organisations terroristes, et du désœuvrement des candidats au départ pour la Syrie, qui n’ont pas pu quitter leur territoire national, et sont susceptibles à tout moment de se retourner contre leurs pays d’origine.

Compte tenu de la nature protéiforme et évolutive du défi terroriste, les États Membres doivent élaborer une approche innovante et concrète, a préconisé M. Djani, en mettant l’accent sur la coopération internationale.  À cet égard, la promotion du dialogue, de la tolérance et de la modération reste le meilleur moyen de mettre en échec la haine et d’éviter les conditions propices à l’expansion du terrorisme, a estimé la délégation.  Toutes les mesures prises dans le cadre de la lutte contre le terrorisme doivent l’être dans le respect du droit international humanitaire, des droits de l’homme et de la Charte des Nations Unies, a-t-elle ajouté.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) s’est lui aussi félicité de l’adoption, en décembre 2018, par le Comité contre le terrorisme, de l’additif aux Principes directeurs de Madrid.  Il a souligné à cet égard l’importance de la formation et de l’assistance technique pour que les États soient en mesure de mettre en œuvre les 17 Principes, en particulier ceux relatifs aux contrôles aux frontières.  La lutte contre le financement du terrorisme constitue aussi un des outils stratégiques les plus importants dans lequel les États Membres doivent s’impliquer à l’avenir, a estimé le représentant.  En Afrique, Daech est surtout présent au Nord, en Afrique de l’Est et de l’Ouest.  Mais il est aussi nécessaire de recenser et de neutraliser les « loups solitaires », qui représentent une menace de plus en plus difficile à prévoir.  Il est fondamental que les efforts déployés s’accompagnent de mesures dans le domaine du développement durable, a dit le représentant, avant de réitérer la nécessité de fournir aux États Membres qui en ont besoin une assistance technique pour mettre en œuvre les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

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