Soixante-quatorzième session,
48e & 49e séances plénières, matin & après-midi
AG/12229

L’Assemblée générale adopte des textes sur l’assistance humanitaire et les secours en cas de catastrophe, dans le contexte d’une augmentation « exponentielle » des besoins

La multiplication des crises dans le monde ayant accru les besoins humanitaires de « manière exponentielle », le Président de l’Assemblée générale a déclaré aujourd’hui qu’« échouer à protéger et à autonomiser ceux qui vivent des tragédies serait un échec pour l’humanité ».  M. Tijjani Muhammad-Bande s’exprimait à la fin du débat sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe fournis par les organismes des Nations Unies, à l’issue duquel l’Assemblée générale a adoptée cinq projets de résolution, dont deux ont fait l’objet de votes séparés à la demande des États-Unis. 

Aujourd’hui, a constaté le Président de l’Assemblée générale, les crises humanitaires sont plus longues et gagnent en taille et en complexité.  Des générations entières grandissent dans les camps de réfugiés.  Quelque 70,8 millions de personnes dans le monde ont été forcées de fuir de chez elles et leur nombre augmente.  En 2018, les plans d’aide humanitaire ont ciblé le nombre record de 97,9 millions de personnes.  Les besoins de financement ont culminé à 25,1 milliards de dollars.  Malgré le montant record de 15,2 milliards de dollars généreusement versés, le déficit de financement a oscillé autour de 40%, comme il le fait depuis cinq ans, dit le Secrétaire général dans son rapport (A/74/81).

Plutôt que de simplement réagir aux conséquences humanitaires des catastrophes et des crises, nous devons consacrer davantage d’énergie et de ressources à la préparation à l’action précoce, a préconisé l’Union européenne.  Investir davantage dans les alertes et financer les prévisions permettra d’agir avant que les catastrophes surviennent ou que les violences gagnent en intensité, a-t-elle fait valoir.  Avec des crises qui touchent plus de personnes sur de plus longues périodes, la communauté internationale doit faire plus même si cela signifie faire différemment, a renchéri le Royaume-Uni, qui a fait part de sa détermination à travailler à une approche nouvelle et plus solide de la gestion des risques de catastrophe « qui n’ont plus rien d’imprévisible ». 

Tout indique, a par exemple confirmé la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, que si la communauté internationale adopte des mesures pour renforcer la résilience à la crise climatique, « nous pourrions réduire le nombre de personnes nécessitant une aide à 70 millions en 2030, et voire à 10 millions en 2050 ».  Mais « il faut agir maintenant ».  Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a attiré l’attention sur trois problèmes « dommageables » à l’aide humanitaire: le déficit de confiance, les populations « indûment privées de leur liberté à cause de leur association avec certains groupes armés » et les conflits en milieu urbain. 

Adoptée par consensus après le rejet de l’amendement des États-Unis opposés aux références à la « santé sexuelle et procréative », la résolution sur la « coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles », a expliqué le Groupe des 77 qui l’a présentée, reconnaît le lien clair entre secours d’urgence, relèvement et développement, et réaffirme que pour garantir une transition sans heurt entre ces trois phases, les secours d’urgence doivent être fournis de manière à appuyer le relèvement à court et à moyen termes pour parvenir, à long terme, au développement.  La résolution met surtout l’accent sur l’impact sur les catastrophes naturelles, leur ampleur et leur envergure croissantes.  Elle souligne l’importance de l’action précoce pour en limiter et minimiser les conséquences. 

En 88 paragraphes sur 20 pages, la résolution encourage aussi une implication plus marquée du secteur privé dans les activités de gestion des risques de catastrophe et d’assistance humanitaire et appelle à la multiplication des efforts pour mobiliser un appui financier prévisible et pluriannuel et des ressources supplémentaires grâce à des approches financières par anticipation.  Abritant à elle seule 18% des réfugiés dans le monde, dont plus de 3,6 millions de Syriens, la Turquie a proposé dans les prochains mois, un débat sur le financement novateur et souple d’une aide humanitaire estimée à 26,8 milliards de dollars en 2020, soit une augmentation « exponentielle », a fait observer la Suède, en présentant le texte sur « le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies » qui a été adopté par consensus et cette fois aussi, après le rejet des amendements américains. 

La résolution au nombre record de 100 coauteurs est la même que l’année dernière.  Plutôt que de changer ses 76 paragraphes, nous avons préféré, a expliqué la Suède, mené une discussion « stratégique » sur les défis humanitaires, « pas ceux d’hier mais ceux d’aujourd’hui et de demain », et sur la manière d’appuyer ensemble et au mieux le système d’assistance humanitaire de l’ONU.  Il en est ressorti, a affirmé la Suède, le sentiment renouvelé d’un « profond engagement » en faveur de l’action humanitaire « ici à l’ONU ».  Nous ne sommes pas toujours d’accord dans cet hémicycle, mais nous le sommes sur les principes humanitaires et sur notre responsabilité partagée à l’égard de ceux qui sont dans le besoin.  C’est « important, rassurant et véritablement inspirant », s’est réjouie la Suède. 

Ce qui l’est moins, c’est certainement l’augmentation du nombre absolu des membres du personnel affectés par des incidents sur le terrain, dont une augmentation du nombre de morts parmi le personnel humanitaire.  Les attaques contre les locaux et les missions médicales de l’ONU ne cessent de s’amplifier, a dénoncé l’Union européenne, en présentant le texte sur la « sûreté et sécurité du personnel humanitaire et la protection du personnel des Nations Unies », adopté par consensus.  La résolution reconnaît une fois encore les menaces diverses et multidimensionnelles auxquelles sont confrontés ces personnels et encourage tous les efforts visant à renforcer les partenariats et les échanges d’informations ainsi que l’évaluation des risques entre l’ONU, ses agences humanitaires et d’autres organisations humanitaires.  Une coopération forte entre acteurs travaillant en vertu des mêmes principes peut mener à une action collective forte en matière de prévention et d’atténuation des risques sécuritaires dans les situations de crise. 

Sans les agents humanitaires, il n’y a pas d’aide possible.  « L’équation est simple » mais sa simplicité cache la tâche la plus complexe et la plus difficile: atteindre les gens dans le besoin tout en garantissant la sécurité du personnel, a martelé l’Union européenne, qui a aussi présenté la résolution sur l’« assistance au peuple palestinien », adoptée par consensus.  Pour un changement « fondamental » à Gaza, le texte appelle toutes les parties à prendre des mesures urgentes, en droite ligne de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, y compris la fin du blocus, l’ouverture totale des points de passage et l’accès humanitaire, tout en tenant compte des préoccupations sécuritaires légitimes d’Israël. 

Quant au Bélarus, il a présenté le texte sur les « conséquences durables de la catastrophe de Tchernobyl » dont le but est de poursuivre la coopération pour aider les pays concernés à réaliser les objectifs de développement durable.  Le texte prend note de la mise sur pied de la nouvelle arche de confinement, financée par plus de 45 pays donateurs au moyen de fonds gérés par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.  Il prie le Président de l’Assemblée générale d’organiser, dans les limites des ressources existantes, une séance extraordinaire commémorative marquant le trente-cinquième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl le 26 avril 2021.

Demain, mardi 17 décembre, dès 10 heures, l’Assemblée générale tiendra une manifestation de haut niveau pour marquer la fin de l’Année internationale des langues autochtones. 

RENFORCEMENT DE LA COORDINATION DE L’AIDE HUMANITAIRE ET DES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHE FOURNIS PAR LES ORGANISMES DES NATIONS UNIES, Y COMPRIS L’ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE

Pour l’examen de cette question, l’Assemblée générale était saisie des rapports du Secrétaire général sur la sûreté et la sécurité du personnel humanitaire et la protection du personnel des Nations Unies (A/74/464), le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies (A/74/81), le Fonds central pour les interventions d’urgence (A/74/138), la coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase des secours à celle de l’aide au développement (A/74/319), l’assistance au peuple palestinien (A/74/89) et les conséquences durables de la catastrophe de Tchernobyl (A/74/461). 

M. VALENTIN RYBAKOV (Bélarus) a présenté le projet de résolution sur les « conséquences durables de la catastrophe de Tchernobyl » (A/74/L.30) et insisté sur une coopération internationale, menée sous l’égide de l’ONU, pour parer aux conséquences de la catastrophe nucléaire survenue à Tchernobyl, il y a 35 ans.  Pays le plus petit de la zone de contamination, le Bélarus, a affirmé le représentant, subit encore ces conséquences sur un quart de son territoire.  Le principe de base du projet de résolution, a-t-il dit, est de poursuivre la coopération pour aider les pays concernés à réaliser les objectifs de développement durable.  Le représentant a signalé que la nouvelle arche de confinement, financée par plus de 45 pays donateurs au moyen de fonds gérés par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, est désormais en place à Tchernobyl.  Il a également mis en exergue d’autres projets, avant d’attirer l’attention sur le fait que le projet de résolution prie le Président de l’Assemblée générale d’organiser une séance extraordinaire commémorative marquant le trente-cinquième anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl le 26 avril 2021.  La santé, le climat et la sécurité écologique sont parmi les axes fondamentaux de l’assistance nécessaire aux régions sinistrées, a conclu le représentant. 

Au nom de l’Union européenne, M. JUKKA SALOVAARA (Finlande) a présenté le texte intitulé « Sûreté et sécurité du personnel humanitaire et protection du personnel des Nations Unies » (A/74/L.32) et a souligné la complexité du paysage humanitaire actuel: le nombre et la magnitude des besoins dépassent très largement les ressources disponibles et les crises sont de plus en plus longues.  Les risques sont plus graves alors que leur nature est de plus en plus imprévisible.  Le travail humanitaire, a insisté le représentant, dépend de ceux qui ont le courage et la détermination de le faire.  Sans les agents humanitaires, il n’y a pas d’aide possible.  « L’équation est simple » mais sa simplicité cache la tâche la plus complexe et la plus difficile: atteindre les gens dans le besoin tout en garantissant la sécurité du personnel.  Cette nouvelle réalité, a reconnu le délégué, n’épargne pas le personnel des Nations Unies et le personnel médical.  La noblesse de leur mission ne les protège même plus. 

L’année dernière, s’est inquiété le représentant, nous avons vu quelques tendances préoccupantes: une augmentation du nombre absolu des membres du personnel affectés par des incidents, dont une augmentation du nombre de morts parmi le personnel humanitaire.  Les attaques contre les locaux et les services médicaux de l’ONU ne cessent de s’amplifier, a dit le représentant.  La redevabilité laisse à désirer, contribuant au sentiment d’impunité et à la répétition d’actes ignobles.  Les lois nationales et internationales offrent des cadres solides mais la redevabilité traîne des pieds.  Nous avons, a insisté le représentant, la responsabilité collective de protéger les personnels onusien et humanitaire et de faire rendre des comptes à ceux qui les mettent en danger.

Le projet de résolution, a expliqué le représentant, reconnaît une fois encore les menaces diverses et multidimensionnelles et encourage tous les efforts visant à renforcer les partenariats et les échanges d’informations ainsi que l’évaluation des risques entre l’ONU, ses agences humanitaires et d’autres organisations humanitaires.  Une coopération forte entre acteurs travaillant en vertu des mêmes principes peut mener à une action collective forte en matière de prévention et d’atténuation des risques sécuritaires dans les situations de crise.  La résolution reconnaît aussi l’importance du droit international dans la lutte contre le terrorisme. 

Le délégué a ensuite présenté le texte intitulé « Assistance au peuple palestinien » (A/74/L.33) et indiqué que la plus grande priorité doit être l’atténuation des tensions afin d’éviter un nouveau conflit à Gaza.  Il est également jugé indispensable d’assurer le retour de l’Autorité palestinienne à Gaza pour améliorer de manière durable les conditions de vie et la situation humanitaire.  Mais pour des résultats à long terme, il faut « un changement fondamental » à Gaza.  C’est pourquoi le texte appelle une fois de plus toutes les parties à prendre des mesures urgentes, en droite ligne de la résolution 2334 (2016) du Conseil de sécurité, afin de changer la situation humanitaire, politique, sécuritaire et économique de Gaza, y compris par la fin du blocus, l’ouverture totale des points de passage et l’accès humanitaire, tout en tenant compte des préoccupations sécuritaires légitimes d’Israël. 

L’Union européenne, a dit le représentant, continuera de soutenir les efforts de l’ONU et de l’Égypte en vue de la réunification de Gaza et de la Cisjordanie sous une seule et légitime Autorité palestinienne.  L’Union européenne compte également poursuivre son soutien au peuple palestinien, y compris les réfugiés.  Le délégué a rappelé que l’Union européenne est le premier donateur de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (l’UNRWA) et qu’elle a été la première à répondre à ses appels pour des fonds additionnels pendant la crise financière « extraordinaire » de ces deux dernières années. 

Présentant le projet de résolution A/74/L.34 au nom d’un nombre record de 100 coauteurs, Mme ANNA-KARIN ENESTRÖM (Suède) a d’abord indiqué que cette année marque le vingt-huitième anniversaire de la résolution historique 46/182 de décembre 1991 qui a jeté les bases du système humanitaire actuel des Nations Unies.  Les besoins humanitaires ont augmenté de manière exponentielle ces dernières années, à cause des guerres, des conflits prolongés, des catastrophes naturelles et de l’impact des changements climatiques.  Mais l’objectif des efforts collectifs reste intact par rapport à 1991: « venir efficacement en aide aux femmes et aux hommes affectés par les crises ».  Cette année, a indiqué la représentante, les négociateurs n’ont pas modifié le texte de la résolution à l’exception de quelques ajustements mineurs techniques.  Le projet de cette année est donc le même que celui de l’année dernière. 

Les délégations ont plutôt mené une discussion « stratégique » sur les défis humanitaires, « pas ceux d’hier mais ceux d’aujourd’hui et de demain », et sur la manière d’appuyer ensemble et au mieux le système d’assistance humanitaire de l’ONU.  Il en est ressorti, a affirmé la représentante, le sentiment renouvelé d’un « profond engagement » en faveur de l’action humanitaire « ici à l’ONU ».  Nous ne sommes pas toujours d’accord dans cet hémicycle, mais nous le sommes sur les principes humanitaires et notre responsabilité partagée à l’égard de ceux qui sont dans le besoin.  C’est « important, rassurant et véritablement inspirant. »  La représentante s’est dite fière de présenter une résolution qui est le fruit du dévouement de beaucoup d’États Membres, petits et grands, de ceux qui fournissent l’assistance humanitaire, qui sont sujets aux catastrophes naturelles et qui ont appris comment les atténuer, qui ont souffert de la violence et d’un conflit armé, forçant les gens à fuir, et de ceux qui accueillent généreusement les personnes en besoin de protection.  Le nombre record de coauteurs, a ajouté la représentante, démontre la véritable nature mondiale de la solidarité humanitaire.  Une adoption par consensus enverrait un message important au système des Nations Unies et au monde entier sur l’engagement collectif à un système effectif de réponse humanitaire.  Il est important d’envoyer ce message ensemble, en tant que « nations unies », a conclu la représentante, qui a appelé à un large appui à cette tradition du consensus humanitaire de 29 ans. 

Également au nom de l’Inde, la représentante a établi les besoins humanitaires à 26,8 milliards de dollars, les crises étant plus graves et plus longues.  Elle a aussi mis l’accent sur la complexité de l’assistance humanitaire dans des crises multidimensionnelles.  Elle a aussi insisté sur la valeur ajoutée d’un financement souple, non préaffecté et prévisible. 

La Suède, a-t-elle souligné, n’a cessé d’augmenter son aide financière au cours des cinq dernières années et la marine indienne a été la première à répondre à la catastrophe provoquée par le passage du cyclone Idai au Mozambique et dans les autres pays.  L’Inde, qui reste déterminée à fournir son aide, a d’ailleurs lancé la « Coalition pour les catastrophes humanitaires ». 

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, M. RIYAD H. MANSOUR, Observateur permanent de l’État de Palestine, a présenté le projet de résolution « Coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase de secours à celle de l’aide au développement » (A/74/L.31).  Il a indiqué que le texte réaffirme l’importance de cette coopération internationale et les principes directeurs du renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies.  La résolution, a-t-il poursuivi, insiste sur la responsabilité première des pays affectés de lancer, organiser, coordonner et mettre en œuvre l’assistance humanitaire sur leurs territoires.  Le texte reconnaît toujours le lien clair entre secours d’urgence, relèvement et développement, et réaffirme que pour garantir une transition sans heurt entre ces trois phases, les secours d’urgence doivent être fournis de manière à appuyer le relèvement à court et à moyen termes pour parvenir, à long terme, au développement. 

La résolution de cette session, a dit le représentant, met surtout l’accent sur les changements climatiques et leur impact sur les catastrophes naturelles.  Elle accueille, à cet égard, avec satisfaction le Sommet Climat 2019 du 23 septembre et prend note des initiatives et des engagements multipartenaires qui y ont été présentés.  La résolution parle aussi de l’ampleur et de l’envergure croissantes des catastrophes naturelles et insiste sur la nécessité de redoubler d’efforts pour renforcer les capacités des communautés en les aidant à se préparer et à répondre aux catastrophes et à s’en relever.  Le texte souligne l’importance de l’action rapide pour limiter et minimiser les conséquences potentielles des catastrophes naturelles.  Elle encourage en outre les États à mettre au point des approches cohérentes pour relever les défis des déplacements et prend note des initiatives pertinentes à ce propos. 

Tout en reconnaissant la contribution importante des écosystèmes sains pour réduire les risques de catastrophe et renforcer la résilience des communautés, la résolution encourage tous les États, les entités des Nations Unies et autres acteurs pertinents à promouvoir des approches fondées sur les écosystèmes et des solutions reposant sur la nature pour la réduction des risques de catastrophe à tous les niveaux et durant toutes les phases de gestion et réduction des risques.  La résolution encourage aussi les efforts accrus et une implication plus marquée du secteur privé dans les activités de gestion des risques de catastrophe et d’assistance humanitaire.  Elle appelle à la multiplication des efforts pour mobiliser un appui financier prévisible et pluriannuel afin de réduire les besoins, les risques et les vulnérabilités, et des ressources supplémentaires grâce à des approches financières par anticipation.  La résolution couvre tout l’éventail des catastrophes naturelles, de l’action rapide aux efforts de reconstruction pour remettre sur pied des communautés fortes et réaliser le développement durable.  Cette année, le texte appelle les États Membres, les organisations humanitaires et autres parties prenantes à assurer un accès à l’eau potable et aux services d’assainissement et d’hygiène à tous, en particulier les femmes et les filles.

L’Observateur palestinien a ensuite commenté le projet de résolution relatif à l’assistance au peuple palestinien (A/74/L.33).  Il a salué le rapport du Secrétaire général qui montre les besoins immenses des Palestiniens et l’impact de l’assistance internationale dans leur vie quotidienne.  L’Autorité palestinienne, a-t-il dit, a élaboré un plan sur les principaux défis de développement et la mobilisation des ressources nécessaires.  À l’exception de l’assistance fournie par l’ONU à l’éducation, qui s’ajoute à celle de certaines nations « fraternelles et amies », il n’y a pas d’aide réelle pour les infrastructures.  L’Autorité palestinienne a été « très pragmatique » mais l’occupation israélienne, sous toutes ses manifestions, demeure l’obstacle principal à l’exercice du droit naturel et inaliénables des Palestiniens au développement, a souligné l’Observateur. 

Mme COURTNEY NEMROFF (États-Unis) a présenté un amendement (A/74/L.35) au projet de résolution relatif à la coopération internationale en matière d’aide humanitaire, et un autre (A/74/L.36), au texte sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire.  Le premier amendement vise à remplacer le paragraphe 62 qui se lit: « Encourage les gouvernements, les autorités locales, les organismes des Nations Unies et les organisations régionales, et invite les donateurs et les autres pays fournisseurs d’aide à prendre en considération les vulnérabilités et les capacités des femmes et des filles en mettant en place des programmes soucieux de l’égalité des sexes, qui tiennent notamment compte de leurs besoins en matière de santé sexuelle et procréative et envisagent des moyens de lutter, pendant des situations d’urgence et après une catastrophe, contre la violence sexuelle et fondée sur le genre et diverses formes d’exploitation, et en allouant les ressources nécessaires aux activités de réduction des risques de catastrophe, aux interventions et aux activités de relèvement qu’ils mènent en coopération avec les gouvernements des pays touchés ».  L’amendement consiste à ajouter « conformément aux lois et aux politiques nationales » après « santé sexuelle et procréative ».

Le deuxième amendement vise à remplacer le paragraphe 58 qui se lit: « Encourage les États Membres à veiller, en coopération avec les organismes humanitaires compétents des Nations Unies, à ce que les besoins humanitaires de base des populations touchées, notamment pour ce qui est de l’eau potable, de l’alimentation, du logement, des soins de santé, y compris en matière de sexualité et de procréation, de l’éducation et de la protection, de l’énergie, de l’informatique et des communications, lorsque cela est possible, soient pris en compte dans l’action humanitaire, notamment en fournissant, en temps opportun, des ressources suffisantes, tout en faisant en sorte que leur mobilisation collective respecte strictement les principes humanitaires ».  L’amendement est le suivant: « Encourage les États Membres à veiller, en coopération avec les organismes humanitaires compétents des Nations Unies, à ce que les besoins humanitaires de base des populations concernées, notamment pour ce qui est de l’eau potable, de l’alimentation, du logement, des soins de santé d’importance vitale, de la promotion de la santé et de la prévention des maladies tout au long de la vie, de l’assistance aux victimes de violence sexuelle et fondée sur le genre, y compris l’éducation sanitaire et la protection, et de l’accès sur demande et en connaissance de cause à des services de planification familiale, ainsi que pour ce qui est de l’énergie, de l’informatique et des communications, lorsque cela est possible, soient pris en compte dans l’action humanitaire, notamment en fournissant, en temps opportun, des ressources suffisantes, tout en faisant en sorte que leur mobilisation collective respecte strictement les principes humanitaires ».

Le paragraphe 50 se lit: « Encourage également les États Membres à veiller, en coopération avec les organismes humanitaires compétents des Nations Unies, à ce que les femmes et les filles bénéficient, dès le début des situations d’urgence, de services de soins de santé de base, y compris d’un accès fiable et sans risque aux services de soins de santé sexuelle et procréative et de soins de santé mentale, et à un soutien psychosocial, estime à cet égard que cette aide protège les femmes, les adolescentes et les nourrissons contre des maladies ou des décès évitables lors des situations d’urgence humanitaire, et demande aux États Membres, à l’Organisation des Nations Unies et aux autres acteurs intéressés d’accorder à ces programmes l’attention qu’ils méritent ».

L’amendement se lit: « Encourage également les États Membres à veiller, en coopération avec les organismes humanitaires compétents des Nations Unies, à ce que les femmes et les filles bénéficient, dès le début des situations d’urgence, d’un accès fiable et sans risque aux soins de santé de base, y compris aux soins de santé mentale et à un soutien psychosocial, estime à cet égard que cette aide protège les femmes, les adolescentes et les nourrissons contre des maladies ou des décès évitables lors des situations d’urgence humanitaire, et demande aux États Membres, à l’Organisation des Nations Unies et aux autres acteurs intéressés d’accorder à ces programmes l’attention qu’ils méritent ».

La représentante a rappelé que son pays est le plus grand contributeur à l’aide, assumant le tiers du total reçu l’an dernier par les agences onusiennes.  Elle a déploré que les besoins humanitaires de certains pays aient été sous-financés l’an dernier, alors que les besoins y sont importants.  Elle a cité le Yémen, la République arabe syrienne, le Soudan du Sud, Haïti, la Somalie et le Venezuela.  La représentante a exhorté les partenaires à augmenter leur contribution, tout en plaidant pour la transparence et le contrôle des dépenses.  Elle a aussi plaidé pour la cohérence entre les efforts humanitaires et de développement.  Les États-Unis, a-t-elle souligné, apportent tout leur soutien aux victimes des violences sexuelles.  Mais, a-t-elle martelé, l’avortement n’a pas sa place dans la santé sexuelle et procréative ni dans la santé mentale. 

Déclarations

Au nom des dix États membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), Mme NOOR QAMAR SULAIMAN (Brunéi Darussalam) a rappelé que l’Asie du Sud-Est a enregistré ces derniers temps quelques-unes des pires catastrophes naturelles: 424 au cours de la seule année 2018, du séisme suivi d’un tsunami à Palu, des éruptions volcaniques à Bali au super typhon Mangkut aux Philippines, en passant par les inondations extrêmes en République démocratique populaire lao, au Viet Nam, au Myanmar et au Cambodge.  Outre les vies humaines, a-t-elle relevé, ces catastrophes naturelles ont coûté 1,2 milliard de dollars en dommages causés aux infrastructures, aux propriétés et à l’agriculture.  Pour la représentante, ces sinistres transfrontaliers nécessitent des réponses coordonnées et transfrontalières.  C’est pourquoi, a-t-elle dit, l’ASEAN a mis en place des dispositifs permettant des actions intégrées et collaboratives, à commencer par l’Accord sur la gestion des catastrophes et les réponses d’urgence (AADMER), qui vise à faciliter la coopération régionale en la matière.  Cet accord a débouché sur la création du Centre de coordination de l’assistance humanitaire de l’ASEAN qui, depuis novembre 2011, a permis d’apporter une réponse à 31 catastrophes majeures dans sept États membres de l’ASEAN, notamment grâce au déploiement de l’Équipe de réponse et d’évaluation de l’ASEAN (ASEAN-ERAT). 

Dans le même temps, a indiqué la représentante, l’ASEAN a continué à œuvrer au renforcement de ses capacités dans le domaine de la gestion des catastrophes.  En mars dernier, son centre d’assistance humanitaire a entrepris un premier examen du contrôle des risques et de la gestion des catastrophes.  L’Association a également fait progresser son système logistique d’urgence (DELSA) en installant des centres satellitaires en Thaïlande et aux Philippines, en plus des installations déjà opérationnelles à Subang, en Malaisie.  Il s’agit de permettre la mobilisation de moyens d’urgence pour les zones affectées par des catastrophes dans le cadre du plan « Une ASEAN, une réponse ».  Enfin, a ajouté la déléguée, l’ASEAN a tenu son cinquième dialogue de politique stratégique sur la gestion des catastrophes, centré cette année sur la résilience régionale, avec pour objectif de développer le programme de travail de l’AADMER pour la période 2021-2025. 

M. SILVIO GONZATO, de l’Union européenne (UE), a constaté que le paysage humanitaire est aujourd’hui confronté à des violations sans précédent du droit international humanitaire, ce qui est particulièrement préoccupant en cette période marquée par le soixante-dixième anniversaire des Conventions de Genève et la trente-troisième Conférence de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.  Dans ce contexte, l’Union européenne entend travailler au renforcement du respect du droit international humanitaire tout en garantissant que les mesures de lutte contre le terrorisme et les sanctions ne fassent pas obstacle à l’assistance humanitaire et se conforme au droit international.  Pour le représentant, refuser l’accès de l’aide humanitaire à des populations civiles et utiliser la faim comme arme de guerre constituent de graves violations du droit international humanitaire et il convient de condamner ces pratiques dans les termes les plus forts.  De même, la redevabilité doit être garantie.  À cette fin, a-t-il dit, des enquêtes complètes, rapides et impartiales doivent être menées, y compris, et en dernier recours, par la Cour pénale internationale (CPI). 

Observant par ailleurs qu’au cours de la seule année 2018, 131 travailleurs humanitaires ont payé de leur vie leur engagement sur le terrain, le représentant a rappelé les obligations de la communauté internationale à leur égard.  Quel que soit leur mode de recrutement, qu’ils œuvrent pour les Nations Unies ou pour le mouvement de la Croix-Rouge ou des ONG, les travailleurs humanitaires méritent notre respect et notre protection, notamment contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, a-t-il affirmé.  Il s’est également déclaré préoccupé par les déplacements forcés, notant que le nombre des personnes affectées dépasse les 70 millions cette année, soit la situation la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale.  Si bon nombre traversent les frontières, la majorité d’entre elles –41 millions- sont déplacées dans leur propre pays, a-t-il signalé, avant de se féliciter de la création d’un groupe de haut niveau sur les déplacements internes, dont la vocation est de fournir des solutions concrètes et sur le long terme à ces questions. 

Face à la nature complexe et durable des crises contemporaines, il importe de renforcer la coordination de tous les acteurs pertinents, ce qui va bien au-delà de l’assistance d’urgence, a encore plaidé le représentant.  Il faut pour cela travailler à des résultats collectifs et considérer ensemble les besoins et les vulnérabilités afin que toutes les parties prenantes puissent contribuer en fonction de leurs capacités.  Soucieuse de rester aux avant-postes de l’assistance humanitaire, l’Union européenne maintiendra son action pour répondre aux crises les plus aiguës, chez ses voisins européens comme au Moyen-Orient, dans la Corne de l’Afrique, au Sahel, en Asie et en Amérique latine, a assuré le représentant. 

Toutefois, plutôt que de simplement réagir aux conséquences humanitaires des catastrophes et des crises, nous devons consacrer davantage d’énergie et de ressources à la préparation à l’action précoce, a préconisé le délégué.  À cet égard, a-t-il souligné, l’Union européenne est déterminée à mieux intégrer les changements climatiques et la préservation de l’environnement dans ses plans d’urgence, tout en s’employant à anticiper plus effectivement les besoins humanitaires.  Investir davantage dans les alertes précoces et financer les prévisions permettra d’agir avant que les catastrophes surviennent ou que les violences gagnent en intensité, a-t-il fait valoir.  Il a enfin estimé que la communauté internationale contribuera à maintenir le consensus international sur le cadre normatif de l’ONU en matière d’action humanitaire en adoptant la résolution soumise par l’Union européenne pour garantir la sécurité des personnels humanitaires ainsi que le texte présenté par le Groupe des 77 concernant les conséquences des catastrophes naturelles. 

L’Ukraine est un pays européen puissant avec une économie développée et des normes sociales plutôt élevées, et pendant près de 70 ans, il n’a pas connu les horreurs de la guerre, a souligné Mme OKSANA KOLIADA, Ministre des territoires temporairement occupés et des personnes déplacées de l’Ukraine.  Elle a mis l’accent sur la situation à Pisky, « une bourgade respectable près de Donetsk », où six familles sont terrées chez elles pour échapper aux tirs quotidiens.  Brandissant une photo récente d’enfants vivant dans ce « territoire occupé », elle a ajouté: cela fait maintenant 2 075 jours que « mon pays souffre de l’agression armée de la Fédération de Russie ».  Elle a avancé le chiffre de 13 000 morts dont 3 345 civils et 298 étrangers - les passagers du vol MH-17 abattu par un missile russe.

La représentante a affirmé que 100 000 enfants ukrainiens vivent à proximité de la zone de conflit où le déminage est impératif alors que 1,4 million de personnes ont été forcées de fuir après l’occupation de la Crimée et des régions de Donetsk et de Louhansk.  Elle a fait état de persécutions contre les civils ukrainiens en Crimée, y compris des arrestations, de la fermeture d’écoles ukrainiennes et de l’anéantissement de l’identité des Tatars de Crimée.  À ce jour, 500 citoyens russes ont été installés en Crimée en 2014 et la militarisation de la péninsule progresse.

« Nous voulons unifier notre pays », a affirmé la représentante, en expliquant que l’objectif initial est de parvenir à « la réintégration mentale » et, dans un deuxième temps, à la récupération des territoires.  Remerciant tous ceux qui apportent un soutien à l’Ukraine durant « ces temps difficiles », et en particulier les 50 organisations humanitaires internationales qui travaillent des deux côtés de la ligne de conflit, la représentante a rappelé qu’en cinq ans, cette aide a représenté 540 millions de dollars dont 3,5 millions d’Ukrainiens ont profité.  Aujourd´hui, a-t-elle estimé, le moment est venu de passer à une transition graduelle de la réponse humanitaire d’urgence à des programmes de développement efficaces.

Pour l’Ukraine, il s’agit maintenant de simplifier au maximum l’accès des résidents des territoires « temporairement occupés » aux services publics de base; de mettre l’accent sur des programmes de développement de ces régions, notamment les infrastructures, et de redéfinir la politique d’information « parce que c’est dans le monde de l’information que l’agression russe a commencé ».  L’Ukraine met également l’accent sur le suivi de la situation, en particulier en Crimée, pour recenser tous les cas de violation des droits de l’homme et y donner suite à travers des mécanismes de réponse efficaces et rapides.  Le Gouvernement ukrainien, conjointement avec le Parlement, a adopté une série de documents réglementaires visant à assurer la protection des droits des prisonniers de guerre, des civils illégalement détenus et des victimes de la persécution politique dans les territoires temporairement occupés, a encore précisé la représentante.

M. TALAL S. S. S. ALFASSAM (Koweït) a demandé le renforcement de la coordination de l’assistance humanitaire, notamment celle fournit par l’ONU.  Il a ensuite souligné que l’aide publique au développement (APD) fournie par son pays a atteint le double de la proportion internationalement agréée, à savoir 0,7% du produit national brut (PNB).  Il a expliqué que 10% de cette aide va aux pays affectés par les catastrophes, principalement par le biais des mécanismes onusiens.  Il a d’ailleurs rappelé les chiffres de la contribution du Koweït aux diverses agences humanitaires de l’ONU pour 2020, tels qu’ils avaient été annoncés en novembre dernier.

Mme MAHA YAQOOT JUMA YAQOOT HARQOOS (Émirats arabes unis) s’est associée à la déclaration de l’Observateur de l’État de Palestine, avant d’insister sur l’assistance ventilée par sexe, groupe d’âge et handicap, dans toutes activités de l’ONU.  Elle a appelé de ses vœux un financement plus prévisible et à une coopération accrue dans l’évaluation des risques pour aider, entre autres, les coordonnateurs résidents à mieux orienter leur travail. 

Mme HANNE MELFALD (Norvège) a expliqué que son pays répond en priorité aux crises de protection qui aggravent les situations humanitaires en République arabe syrienne, au Yémen, au Soudan du Sud ainsi que dans beaucoup d’autres pays en situation de conflit.  La Norvège participe aussi au travail pour briser le cercle vicieux qui a fait des conflits interminables, la norme dans plusieurs régions du monde.  Des efforts particuliers doivent être faits pour éviter que les populations de ces régions soient laissées pour compte.  Dans de tels contextes, l’éducation est la clef, a jugé la Norvège, qui a aussi appelé à redoubler d’efforts pour éviter les déplacements forcés de population. 

Jugeant l’échelle des violences sexuelles et sexistes dans les situations de crise et de conflit « inacceptable », et soulignant que le recours à ce type de violences comme armes de guerre est un problème répandu dans les crises humanitaires, la représentante a rappelé que son pays a accueilli une conférence consacrée à ce problème cette année.  Les États Membres s’y sont engagés à donner 363 millions de dollars au Fonds de prévention des violences sexuelles et sexistes en 2019 et au-delà.  La Norvège, à elle seule, s’est engagée à fournir 115 millions de dollars sur trois ans.  La représentante a regretté que les termes « santé sexuelle et procréative », qui étaient consensuels par le passé, soient désormais attaqués dans plusieurs résolutions.  Derrière ces attaques, a prévenu la représentante, ce sont la sécurité et le bien-être des femmes et des filles, ainsi que ceux des hommes et des garçons, qui sont attaqués.  L’accès universel à l’éducation et à la santé, y compris l’éducation sexuelle, sauve des vies, a-t-elle martelé. 

Mme UMAIRA MOHAMED (Maldives) s’est dite solidaire des petits États insulaires en développement qui ont été frappés par des ouragans et qui souffrent toujours de leurs conséquences.  Elle a parlé de l’ouragan Dorian auquel on fait maintenant référence comme « la tragédie générationnelle » des Bahamas.  Malgré les progrès faits dans l’anticipation, la préparation et la réponse aux catastrophes naturelles, « nous ne sommes pas encore en mesure d’en sortir sans saper nos perspectives de développement à long terme », a constaté la représentante.  Cela est d’autant plus vrai pour les petits États insulaires en développement, comme les Maldives, qui font face à des menaces pluridimensionnelles et qui sont particulièrement vulnérables à l’impact des catastrophes naturelles.

Nation insulaire à faible élévation, les Maldives continuent de combattre les défis posés par les changements climatiques et les catastrophes naturelles.  Il a fallu plus de cinq ans pour reconstruire après le tsunami de 2004 et les habitants de deux îles totalement dévastées ont dû être relocalisés, a expliqué Mme Mohamed.  Elle a confié que « reconstruire » signifie, pour les Maldives, détourner des fonds alloués au développement pour protéger l’environnement et l’océan.  En 2004, un centre national de gestion des catastrophes a été mis en place pour prendre des mesures proactives et éviter et/ou réduire l’impact de ces catastrophes.  Le mandat du centre a été élargi en 2018, lequel est devenu Autorité nationale de la gestion des catastrophes.  Le Gouvernement des Maldives mise également sur des infrastructures résilientes au climat, les énergies renouvelables pour réduire sa dépendance au pétrole importé, les stations de traitement des eaux et l’assainissement ainsi que sur des mécanismes de gouvernance de pointe et alignés sur les avancées technologiques.

La représentante a assuré que les Maldives sont activement engagées dans la Coalition pour une infrastructure résiliente face aux catastrophes.  Ce n’est qu’à travers la coopération que nous pourrons parvenir à des résultats concluants sur les plans international, régional, national et local et atteindre nos objectifs de développement durable, a martelé Mme Mohamed, en exhortant la communauté internationale à honorer les engagements pris dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030, de l’Accord de Paris sur le climat, du Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et des Orientations de Samoa sur les petits États insulaires en développement.  En conclusion, la déléguée a insisté sur l’importance qu’il y à impliquer, à former et à financer les communautés pour en faire des partenaires dans la réduction des risques de catastrophes. 

Mme RAZIYE BILGE KOCYIGIT GRBA (Turquie) a fait remarquer que les conflits armés, la persécution, les catastrophes naturelles et la famine continuent de pousser un nombre important de personnes loin de chez elles, faisant plus de déplacés que jamais et rendant les besoins humanitaires chaque fois plus importants, et ce, à une vitesse galopante.  Elle a mis aussi en avant les souffrances des personnes prises au piège des situations d’urgence complexes et celles du personnel humanitaire qui fait de son mieux pour apporter quelque soulagement aux personnes dans le besoin.  Elle a déploré que le dernier rapport sur la situation humanitaire dans le monde brosse un tableau encore plus sombre du paysage: chaque jour, 37 000 personnes fuient un conflit, la violence ou les violations des droits de l’homme.  Quelque 13,6 millions de personnes ont fui ce genre de situations tandis que les catastrophes naturelles ont jeté sur les routes quelque 17,2 millions de personnes.  Le nombre des réfugiés, quant à lui, a continué à grimper pour atteindre les 25,9 millions début 2019.  À elle seule, la Turquie abrite 18% des réfugiés dans le monde. 

La représentante s’est attardée sur la « pire crise humanitaire du monde », le Yémen, et a condamné les responsables de cette « plus grande catastrophe humanitaire de l’histoire » causée par l’homme.  En dépit des immenses défis, a-t-elle encore dit, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a mené une des plus grandes opérations humanitaires, appuyée concrètement par les agences turques.  De son côté, la tragédie humanitaire en Syrie entame sa neuvième année, avec plus de 13 millions de personnes nécessitant de l’aide, 6,6 millions de déplacés et 5,6 millions de réfugiés éparpillés dans la région.  La Turquie a accueilli plus de 3,6 millions de Syriens dont elle s’efforce d’améliorer les conditions de vie, en facilitant, chaque mois, le passage sécurisé de l’assistance humanitaire.  Les agences humanitaires et de développement turques travaillent aussi en Somalie, au Soudan, à Cox’s Bazar et dans d’autres régions dévastées par les conflits ou les catastrophes naturelles.  La représentante a réitéré l’engagement de son pays à poursuivre ces efforts, en tant que principal donateur, avec 8,4 milliards de dollars d’assistance humanitaire en 2018. 

Elle a pointé la nécessité d’accroître les ressources financières par des idées novatrices et la mobilisation rapide des ressources du Fonds central pour les interventions d’urgence (CERF) et aux fonds de financement commun basés dans les pays, dont l’impact sur le terrain est « fascinant ».  Elle a aussi proposé, dans les prochains mois, un débat sur le financement novateur et souple de l’aide humanitaire.  « N’oublions jamais qu’aucun problème humanitaire n’est local. »  Toutes les crises humanitaires ont des répercussions mondiales, a-t-elle déclaré en conclusion. 

M. AHMAD SAIF Y. A. AL-KUWARI (Qatar) a dit qu’en 2018, le Fonds qatari pour le développement a déboursé la somme de 585 millions de dollars en faveur de plusieurs pays.  Pas moins de 500 millions dollars de contributions pluriannuelles ont été annoncés pour les agences de l’ONU.  Le Qatar reste engagé à soutenir l’assistance humanitaire, notamment le CERF.  L’Émir a d’ailleurs annoncé en septembre dernier une contribution de 100 millions de dollars pour les petits États insulaires en développement et les pays les moins avancés (PMA) confrontés aux effets néfastes des changements climatiques.  Le représentant a également mentionné le milliard de dollars offert aux Palestiniens au cours de ces huit dernières années. 

M. DOMINIQUE MICHEL FAVRE (Suisse) a soutenu l’approche de la Suède, facilitatrice de la résolution humanitaire omnibus de cette année, consistant à « tenir en lieu et place des négociations traditionnelles, des échanges interactifs sur différentes thématiques ».  Il a qualifié cette démarche d’« innovante » et souligné que son pays s’intéresse aux thèmes transversaux tels que la protection des populations civiles, le respect du droit international humanitaire, les enjeux liés au contre-terrorisme ou encore l’impact des conflits dans les contextes urbains.  Concernant les données dans le domaine humanitaire, M. Favre a souligné que la Suisse accueillera en octobre prochain, à Berne, le Forum mondial de l’ONU sur les données.

L’aide humanitaire, a souligné le représentant, doit être fournie conformément aux principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.  Il a jugé primordial que le cadre légal du droit international humanitaire soit respecté par toutes les parties prenantes d’un conflit armé, et que les auteurs de violations du droit international soient poursuivis.  Par ailleurs, l’accès aux personnes dans le besoin doit être assuré, et la protection des travailleurs humanitaires renforcée.  Il est aussi du devoir des États Membres de renforcer la protection des victimes de conflits armés et des missions médicales, conformément aux Conventions de Genève et à leurs Protocoles additionnels. 

La Suisse, a-t-il poursuivi, souligne que les phénomènes de déplacements forcés à la suite de conflits, de catastrophes naturelles ou liés aux changements climatiques nécessitent non seulement une étroite coordination des différents instruments de l’aide humanitaire et du développement, mais également la promotion de la paix et des droits de l’homme.  Jugeant enfin crucial de prêter « toute notre attention » à la question des déplacés internes, M. Favre a salué la création du Groupe de haut niveau sur les déplacements internes, qui sera basé à Genève. 

M. BEN COLLINS (Nouvelle-Zélande) s’est dit très préoccupé par la tendance à prendre pour cible le personnel et les installations médicales pendant les conflits armés actuels.  Le représentant a parlé en particulier de la multiplication par trois des cas de rougeole, cette année.  Dans la région Pacifique, a-t-il indiqué, des jeunes ont perdu la vie à cause de cette maladie entièrement évitable.  Nous devons prendre des mesures proactives pour prévenir la propagation des maladies et œuvrer à leur éradication, a souligné le délégué.  À son tour, il a déploré « les nombreuses attaques » contre les droits à la santé sexuelle et procréative, les droits des femmes et les droits des personnes LGBTI.  Ce sont, a-t-il martelé, des droits universaux qu’il nous revient de respecter et de protéger. 

Le délégué a noté l’ampleur des défis actuels dans un contexte marqué par des besoins qui vont en grandissant et des ressources qui vont en diminuant.  Il a appuyé les approches de financement innovantes, une coopération plus étroite entre partenaires de développement et humanitaires et une appropriation locale des initiatives, en vue d’aboutir à une action humanitaire plus efficace. 

M. BRIAN PATRICK FLYNN (Irlande) a constaté, à son tour, que les besoins humanitaires augmentent dans le monde, que les crises se complexifient et que les travailleurs humanitaires évoluent dans un environnement de plus en plus difficile.  Il a appelé à soutenir le système humanitaire afin qu’il puisse effectuer sa tâche « immense ».  Réduire les besoins humanitaires est d’ailleurs la pierre angulaire de la politique de développement irlandaise, « Un monde meilleur », inaugurée cette année.  L’Irlande s’y engage de nouveau à consacrer 0.7% de son PIB à l’aide publique au développement (APD) d’ici à 2030.  Appelant à redoubler d’efforts pour traiter les causes sous-jacentes des besoins humanitaires, le représentant a souligné que son pays est fermement engagé à consolider la paix et qu’il contribue régulièrement aux effectifs du maintien de la paix depuis 1958.  Si l’Irlande est élue au Conseil de sécurité en 2021-2022, elle fera tout son possible pour traiter les racines des conflits, afin de réduire les besoins humanitaires, a assuré le représentant. 

Profondément inquiet du manque de respect du droit international humanitaire à l’approche du soixante-dixième anniversaire de la Convention de Genève, il a plaidé pour la création et le maintien d’un environnement permettant aux agents humanitaires d’agir sans contrainte.  Pour l’Irlande, les États Membres sont collectivement responsables du respect du droit international humanitaire, et doivent s’assurer que les agents humanitaires ont l’accès et le soutien nécessaires pour aider les populations dans le besoin. 

Le monde fait face à des besoins humanitaires croissants en termes de financement et de personnes à aider, a constaté M. TATSUHIKO FURUMOTO (Japon).  Le nombre des personnes qui auront besoin d’une aide humanitaire et d’une protection étant estimé à 168 millions en 2020, le représentant a souligné qu’il faudra une somme de 28,8 milliards de dollars.  Le Japon a donc décidé de débloquer 98 millions de dollars supplémentaires en 2019 pour les Nations Unies et les autres organisations humanitaires.  Ses équipes sont également à pied d’œuvre au Mozambique, en RDC, à Djibouti et à Samoa, sans compter les contributions en nature qu’il a fait à sept autres pays.

Le délégué s’est attardé sur la situation humanitaire en Syrie, se disant préoccupé par les 11 millions de Syriens qui auront besoin d’une aide humanitaire en 2020.  Il a annoncé « avec fierté » que son pays a fait, la semaine dernière, une contribution supplémentaire de 14 millions de dollars à quatre organisations pour répondre à la crise dans le nord-est syrien.  Une partie de ces fonds est consacrée à ce qui sera une contribution inédite au fonds de financement commun pour la Syrie.

Le Japon est également alarmé par l’écart frappant entre l’intervention humanitaire en situation de conflit et le démarrage des programmes de développement à long-terme.  C’est pourtant au moment où les réfugiés rentrent dans leur pays d’origine qu’il faut avoir les ressources pour consolider la paix.  Dès lors, le Japon reste un fervent défenseur du « lien » humanitaire-développement-paix, un concept ancré dans les travaux de pionniers comme Sadako Ogata, ancienne Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés.  Le représentant s’est félicité du Forum mondial sur les réfugiés qui se tiendra demain à Genève.  Nous avons l’intention d’y faire une contribution significative dans le contexte du « lien », a-t-il annoncé.

Il a aussi insisté sur les applications concrètes de l’innovation et de la technologie pour répondre aux besoins sur le terrain, en citant notamment l’exemple de l’agriculture durable à l’âge du numérique, un thème abordé en marge de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD 7).  Le Japon a d’ailleurs annoncé des initiatives comme l’introduction de marchés virtuels pour les producteurs agricoles au Mozambique ou encore des technologies de l’information et des communications dans les communautés rurales en Tanzanie.

M. AGUSTÍN SANTOS MARAVER (Espagne) a suggéré de renforcer les mécanismes existants pour prévenir et mettre un terme aux violations de la Convention de Genève.  En ce sens, la Cour pénale internationale joue un rôle fondamental et dispose du mandat pour juger les violations les plus graves du droit international humanitaire, à savoir les crimes de guerre.  Dans le même temps, M. Santos Maraver a souhaité mettre en valeur la Commission internationale humanitaire d’établissement des faits, le seul mécanisme permanent créé spécifiquement pour enquêter sur les faits liés aux infractions et violations graves du droit international humanitaire. 

En outre, a-t-il ajouté, l’Assemblée générale pourrait renforcer les mécanismes de collecte et d’analyse de données sur les graves violations du droit international humanitaire et promouvoir les mécanismes d’enquête systématique et exhaustive, et ce de manière impartiale et indépendante.  Le représentant a également conseillé de renforcer et protéger les domaines prioritaires insuffisamment protégés ou facilement attaqués, tels que la santé et l’éducation en période de conflit, sans oublier, a-t-il poursuivi, de garantir l’action humanitaire dans la lutte contre le terrorisme ou dans le contexte de sanctions.  Face au contexte humanitaire actuel, marqué par une hausse exponentielle des besoins, la coordination et l’efficacité dans l’identification des personnes les plus vulnérables et des besoins urgents sont capitales si l’on veut que personne ne soit laissé pour compte, a estimé M. Santos Maraver.  Il faut mieux coordonner les actions humanitaires avec celles du développement. 

M. WU HAITAO (Chine) a insisté sur le fait que l’assistance humanitaire doit se faire dans le respect de la Charte des Nations Unies et la résolution 46/182 de l’Assemblée générale, tout en adhérant aux principes d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.  De même, les activités humanitaires se doivent de respecter la souveraineté des pays hôtes.  Il est hors de question qu’elles s’ingèrent dans les affaires intérieures des États et qu’elles se laissent politiser.  Il nous sera possible, a dit le représentant, de réduire les besoins humanitaires si l’on s’attaque aux symptômes et causes profondes des crises par des politiques intégrées.  La communauté internationale doit bien sûr répondre aux besoins humanitaires à court terme, mais surtout les aider à mettre en œuvre le Programme 2030 et à renforcer leur résilience aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques.  Il faut donc augmenter l’assistance financière et technique, en tenant compte des priorités et besoins des pays affectés.  La Chine, a conclu le représentant, apporte un soutien substantiel aux pays affectés par les crises humanitaires, à la fois de manière bilatérale que multilatérale. 

Mme KAITLYN SHELAGH ELIZABETH PRITCHARD (Canada) a indiqué que son pays continue d’être un fervent partisan d’une action humanitaire prenant en compte la dimension du genre, afin de s’assurer que les besoins des groupes vulnérables soient satisfaits.  Le Canada, a-t-elle dit, est à la tête de l’Appel à l’action pour la protection contre la violence basée sur le genre dans les situations d’urgence, qui vise à prévenir et réprimer ce type de violence sur le terrain au niveau international. 

La représentante a déclaré que son pays a toujours défendu un financement prévisible, flexible et de qualité de l’aide humanitaire, avant de rappeler les 870 millions de dollars donnés en 2018 pour une assistance d’urgence aux populations vulnérables par temps de crise.  Près de 15 millions de dollars ont, dans cette somme, financé une approche holistique pour remédier aux besoins urgents des populations touchées par les conflits et l’épidémie du virus Ebola en République démocratique du Congo.  Depuis 2017, le Canada a fourni 109,21 millions de dollars d’assistance humanitaire au Bangladesh et au Myanmar. 

Enfin, alors que l’ordre international est menacé, la déléguée a indiqué que la priorité de son pays, s’il est élu au Conseil de sécurité pour les années 2020-2022, sera de « promouvoir notre humanité commune et de construire des ponts ». Cela signifie le renforcement du dialogue pour une synergie plus étroite entre aide humanitaire et efforts de maintien de la paix, le maintien des civils au cœur des efforts et une prise en compte toujours plus accrue de la dimension du genre dans la protection des civils, a conclu Mme Pritchard.

M. MOHAMMAD AL HAFIZ MOHD NADZIR (Malaisie) a appelé toutes les parties concernées à garantir la sécurité du personnel humanitaire en appliquant les principes et règles du droit international, y compris le droit international humanitaire et des droits de l’homme.  La Malaisie, a-t-il ajouté, poursuivra son assistance aux communautés et pays qui en ont besoin, en suivant une approche triple: une aide de gouvernement à gouvernement (bilatérale ou multilatérale), un engagement par le biais des ONG et une participation des personnes pour les personnes.

La Malaisie continuera à soutenir les efforts des Nations Unies destinés à améliorer le système d’assistance humanitaire internationale et compte y contribuer en renforçant les compétences des travailleurs humanitaires, a indiqué le représentant.  Il a salué l’OCHA et les autres agences de l’ONU concernées pour leur travail sur le terrain, rappelant la promesse de don de son pays à l’OCHA pour l’aide à différents pays africains et à l’Iraq.  Il a aussi rappelé que la Malaisie abrite un des six entrepôts de fournitures humanitaires des Nations Unies et contribue à son fonctionnement à hauteur de 1 million de dollars par an.

Rappelant que son pays est un des plus touchés par les catastrophes naturelles, Mme KIRA CHRISTIANNE DANGANAN AZUCENA (Philippines) a remercié la communauté internationale pour son aide humanitaire, en particulier l’OCHA.  Les urgences humanitaires, qu’elles soient d’origine naturelle ou humaine, ont augmenté de manière exponentielle, et une part de plus en plus importante des ressources mondiales limitées est consacrée à l’assistance humanitaire, a constaté la représentante.  Pour faire face à cette équation, elle a préconisé une collaboration avec le secteur privé et l’exploitation des sources financières non traditionnelles.  Il faut aussi intégrer l’atténuation et la gestion des risques de catastrophe dans les politiques de développement, a-t-elle pressé. 

M. MOHAMED KAMAL ALI ELHOMOSANY (Égypte) a procédé à une description détaillée des étapes traversées par le peuple palestinien, avec leur lot de souffrances, depuis maintenant des décennies d’occupation étrangère, sans grand espoir d’une solution rapide à cause de l’obstination d’Israël à faire fi des résolutions internationales.  Dénonçant ce cercle vicieux de souffrances, le représentant a estimé que le seul moyen de le briser réside dans une solution juste et globale par l’établissement d’un État indépendant sur la base des frontières d’avant 1967 avec Jérusalem-Est pour capitale.  Il a rappelé la série de résolutions de l’ONU et les processus de paix comme l’Initiative de paix arabe.  En attendant la solution attendue par tous, il est du devoir de la communauté internationale de tendre une main solidaire au peuple palestinien, a dit le représentant. 

Il a salué l’UNRWA compte tenu de son rôle indispensable en faveur des réfugiés palestiniens et le Comité spécial de liaison pour la coordination de l'assistance internationale aux Palestiniens (AHLC) qui contribue entre autres à la reconstruction urbaine dans les Territoires palestiniens occupés, à Gaza plus particulièrement, et au déblayage des débris après des années de destruction par les forces israéliennes. 

M. DMITRY S. CHUMAKOV (Fédération de Russie) a insisté sur le respect de la résolution 46/182 de l’Assemblée générale sur l’aide humanitaire.  Il s’est élevé contre toute politisation de l’assistance humanitaire et a insisté sur le respect de la souveraineté du pays hôte.  Sur le front humanitaire, il n’y a pas de gagnant mais il pourrait y avoir plusieurs perdants, a-t-il prévenu, mettant en garde contre les activités contraires aux normes agréées.  Le délégué n’a pas manqué de dénoncer le fait que l’Ukraine continue de politiser l’aide humanitaire.  Dans ce pays, a-t-il affirmé, les obstacles à l’aide humanitaire sont érigés par le régime de Kiev.  La Fédération de Russie est prête, a-t-il affirmé, à accueillir les délégations étrangères pour qu’elles vérifient par elles-mêmes certaines situations mentionnées par l’Ukraine.  Au sujet des territoires sinistrés par la catastrophe de Tchernobyl, le représentant a indiqué que son pays poursuit les efforts de relèvement avec ses voisins. 

Il a indiqué que cette année, son pays a versé la somme de 50 millions de dollars aux entités humanitaires de l’ONU, et en particulier au Programme alimentaire mondial (PAM) et ses activités en Afrique.  D’autres actions en faveur du continent africain viennent d’être décidées au Sommet Russie-Afrique de Sotchi, a rappelé le représentant.

Mme NERYL LEWIS (Australie) a considéré la référence au Pacte de Marrakech sur les migrations comme « un ajout inutile » dans le texte sur la coopération internationale en matière d’aide humanitaire.  Elle a rappelé les principes de cette aide, appuyé les initiatives prévues en faveur des personnes handicapées et la recherche de solutions politiques aux causes sous-jacentes des crises humanitaires. 

Mme MONRADA YAMKASIKORN (Thaïlande) a déclaré qu’ayant érigé l’assistance humanitaire en priorité de sa politique interne et externe, son pays demeure profondément préoccupé par ces millions de personnes dans le monde qui sont affectées par les conséquences des urgences humanitaires causées par les conflits, les épidémies, les catastrophes naturelles dévastatrices ou encore l’extrême pauvreté.  Ces phénomènes ont pris une ampleur et une intensité sans précédent au cours de ces dernières années et exigent une réponse plus rapide et plus efficace.  La représentante a donc appelé à des efforts concertés pour une assistance « concrète » et à temps.  Elle a attiré l’attention sur le sort des femmes et des enfants, avant de rappeler les principes directeurs de l’aide humanitaire, à savoir l’humanisme, l’impartialité, la neutralité et l’indépendance. 

La préparation aux catastrophes, le renforcement de la résilience et la réponse sont inséparables, a-t-elle estimé, expliquant que le Gouvernement thaïlandais s’applique à promouvoir ces aspects et la réduction des risques de catastrophe conformément au Cadre de Sendai et aux Principes de Bangkok.  La Thaïlande a accueilli, le 21 juin dernier, la troisième Réunion mondiale des équipes médicales d’urgence, à laquelle ont participé 90 pays et quelque 200 organisations humanitaires. 

M. THOMAS RATHMELL WOODROFFE (Royaume-Uni) s’est alarmé des besoins humanitaires dans le monde.  Les prévisions pour 2020 montrent que près de 168 millions de personnes dans 53 pays -soit une personne sur 45 dans le monde- auront besoin d’une assistance et d’une protection.  Dans de nombreux cas, les crises dureront plus de 10 ans.  Nous sommes confrontés à des crises de plus en plus diverses: les conflits armés mettent en danger des millions de vies au Yémen, en Syrie, au Soudan du Sud et au Nigéria.  Ebola continue de menacer le développement en République démocratique du Congo et en Ouganda.  Les changements climatiques ont entraîné des inondations et des cyclones en Afrique australe.  De plus, a ajouté le représentant, la violence contre les travailleurs humanitaires et les violations du droit international humanitaire sont à la hausse.  Pour relever ces défis, il est plus important que jamais de travailler ensemble pour mobiliser « nos ressources et nos idées » afin d’anticiper les défis humanitaires et d’aider ceux qui sont dans le besoin. 

À cet égard, a-t-il rappelé, le Royaume-Uni est le troisième donateur bilatéral des fonds humanitaires dans le monde.  Il a cité pêle-mêle, les financements humanitaires bilatéraux pluriannuels pour faire face à plus de 30 crises et le soutien financier substantiel aux Nations Unies et au Comité international de la Croix-Rouge.  Le Royaume-Uni est à ce jour le plus grand soutien du CERF.  Cependant, avec des crises qui touchent plus de personnes sur de plus longues périodes, la communauté internationale doit faire plus même si cela signifie qu’il faut faire les choses différemment.  En effet, a-t-il poursuivi, bien que les États Membres aient fourni, en 2019, une aide humanitaire record de quelque 16 milliards de dollars, ce montant demeure, toutefois, insuffisant pour couvrir les besoins.  C’est pourquoi, le Royaume-Uni continue d’œuvrer en faveur d’un système humanitaire plus efficace, compte « doubler » le montant de ses versements d’ici à 2025 et travailler avec ses partenaires pour mieux évaluer les besoins et établir les priorités. 

En parallèle, le représentant s’est dit impatient de voir comment les États Membres peuvent donner un nouvel élan aux priorités de la réforme humanitaire, notamment à travers un système plus responsable.  Il a fait part de la détermination de son pays à travailler à une approche nouvelle et plus solide de la gestion des risques de catastrophe qui n’ont plus rien d’imprévisible.  Pour finir, il s’est dit déçu que les États Membres soient contraints d’examiner des amendements.  L’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles doit être au cœur de l’action humanitaire, a-t-il martelé. 

Mme ANAT FISHER-TSIN (Israël) a estimé que la bonne façon de gérer les crises humanitaires est de combiner l’assistance immédiate avec une stratégie à plus long terme.  Des institutions fortes et transparentes, la gouvernance démocratique et l’état de droit permettent également d’éviter les crises ou de mieux y faire face.  Chaque pays peut jouer un rôle pour réduire le nombre de personnes touchées par une crise humanitaire, a argué la délégation, que ce soit par des contributions financières ou par la fourniture d’une assistance coordonnée en hommes ou en matériel, ou encore par le partage de bonnes pratiques de préparation aux crises.  C’est ce que fait Israël, qui envoie régulièrement aux quatre coins du monde des médecins, des infirmiers, des spécialistes en recherche-secours et des ingénieurs pour apporter un répit immédiat et sauver des vies, et ce, quelle que soit la couleur politique du pays concerné, a assuré la délégation.

M. ROBERT MARDINI, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a porté l’attention des délégations sur trois problèmes dommageables à la protection des personnes et à l’octroi de l’aide humanitaire: le déficit de confiance, les populations « indûment privées de leur liberté à cause de leur association avec certains groupes armés » et les conflits en milieu urbain.  Concernant le déficit de confiance, il a rappelé que la confiance entre travailleurs humanitaires est une base sans laquelle il est difficile de fournir l’aide et de protéger les personnes vulnérables.  Les acteurs humanitaires doivent mériter la confiance et en retour les États doivent prouver qu’ils accordent cette confiance, en préservant un espace humanitaire géographique et réglementaire, et en facilitant une action humanitaire impartiale dans le respect du droit international humanitaire.

Le représentant s’est dit inquiet pour les individus privés de leurs droits juridiques à cause de leur association, réelle ou supposée, à certains groupes armés ou désignés comme terroristes.  Des gouvernements maintiennent des individus dans un flou juridique sans leur offrir les protections auxquelles ils ont pourtant droit.  Le droit international humanitaire, a-t-il martelé, s’applique à toute personne affectée par un conflit armé, sans exception.

Le représentant a aussi jugé essentiel que les opérations menées par les autorités en milieu urbain s’effectuent dans le respect de la loi.  Dans un monde à urbanisation rapide, les conflits armés en milieu urbain peuvent avoir des conséquences dévastatrices sur les populations et les infrastructures dont elles dépendent pour vivre.  Le représentant a enfin appelé tous les États Membres et les parties aux conflits armés à s’abstenir d’utiliser des armements explosifs à grand impact dans les zones urbaines fortement peuplées, conformément à la Déclaration conjointe du Président du CICR et du Secrétaire général de l’ONU. 

Une fois de plus, les catastrophes climatiques et météorologiques ont frappé de plein fouet le monde en 2019, avec des conséquences locales catastrophiques, a relevé M. RICHARD BLEWITT, Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.  Il a cité l’ouragan Dorian dans les Caraïbes, les inondations en Sierra Leone, le cyclone Idai en Afrique australe, la sécheresse en Afghanistan, les inondations en Iran et les vagues de chaleur en Europe.  Grâce à ses 14 millions de volontaires dans le monde, la Fédération sait, a-t-il dit, que les phénomènes météorologiques extrêmes sont plus fréquents et plus graves et que leur impact est plus aigu pour les personnes vivant dans des situations vulnérables.  Selon les prévisions de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), plus de 140 millions de personnes pourraient bientôt être obligées de partir de chez elles du fait des effets des changements climatiques, de la pénurie de l’eau, des mauvaises récoltes et de l’élévation du niveau de la mer.  Se référant au rapport que sa Fédération a publié cette année, il a chiffré en milliards de dollars le coût de l’inaction face à la crise climatique et évalué à plus de 200 millions le nombre de personnes par an qui auront besoin d’une aide, contre 108 millions aujourd’hui. 

Le scénario le plus pessimiste indique que le coût financier annuel d’ici à 2030 sera de 20 milliards de dollars, a alerté l’intervenant.  Malgré ces sombres prédictions, tout indique que si la communauté internationale adopte des mesures pour renforcer la résilience à la crise climatique, « nous pourrions réduire le nombre de personnes nécessitant une aide à 70 millions en 2030, et voire à 10 millions en 2050 ».  Mais « il faut agir maintenant ».  À cet égard, il a conseillé aux gouvernements et aux acteurs humanitaires et du développement de réduire la vulnérabilité sur le long terme par des infrastructures plus résilientes.  Il faut aussi anticiper les risques, améliorer l’alerte précoce et renforcer l’intervention d’urgence.  Il faut enfin reconstruire et réparer en prévision de la prochaine urgence.  M. Blewitt est revenu sur la trente-troisième Conférence de la Fédération qui s’est tenue la semaine dernière, à Genève, et à l’issue de laquelle une série de résolutions ont été adoptées sur des questions cruciales pour l’avenir, telles que le respect du droit international humanitaire ou les politiques pour ne laisser personne de côté.  Parmi les autres recommandations, il a cité la nécessité de s’atteler aux maladies mentales et aux besoins psychosociaux des personnes touchées par les conflits armés et les catastrophes naturelles.  Il n’a pas oublié de mentionner l’importance qu’il y a à associer les femmes dans les processus de prise de décisions de sa Fédération. 

Le Président de l’Assemblée générale, M. TIJJANI MUHAMMAD-BANDE, a jugé « crucial » que l’Assemblée générale continue de faire évoluer les politiques et de renforcer les normes pour mieux s’attaquer aux crises humanitaires.  Aujourd’hui, a-t-il constaté à son tour, les crises humanitaires sont plus longues et gagnent en taille et en complexité.  Les inégalités se creusent dans les pays et entre eux; la faim s’aggrave; les maladies infectieuses se répandent; les violations des droits de l’homme et l’exclusion politique et sociale sont toujours là; le nombre des conflits armés augmente; et les acteurs armés non étatiques menacent encore plus la sécurité des pays.  En conséquence, des générations grandissent dans les camps de réfugiés: quelque 70,8 millions de personnes dans le monde ont été forcées de fuir de chez elles et leur nombre augmente.  Nous avons, a rappelé le Président, fait la promesse de ne laisser personne de côté.  Nous devons donc faire plus pour prévenir les crises humanitaires et déployer davantage d’efforts pour traiter les causes sous-jacentes des crises.

L’urgence climatique et la dégradation de l’environnement, a poursuivi le Président, exacerbe les crises.  Huit des crises alimentaires les plus graves aujourd’hui sont liées soit à des conflits soit à des chocs climatiques.  Le Président a d’ailleurs jugé déconcertant que la Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP25) n’ait pu se mettre d’accord sur des questions importantes.  Mais, a-t-il encouragé, nous devons travailler ensemble pour parvenir à la neutralité carbone et maintenir la hausse de la température terrestre à 1,5 degré Celsius.  L’Accord de Paris sur le climat et le Programme 2030 sont tous deux des instruments centrés sur l’homme.  Ils sont un hommage au multilatéralisme.  Dans quelques semaines à peine, a rappelé le Président, nous entrerons dans la Décennie d’action et de réalisations en faveur du développement durable.  Mes priorités pour cette session sont d’ailleurs ancrées dans le Programme 2030: prévention des conflits, élimination de la pauvreté et zéro faim, action climatique, éducation de qualité et inclusion, en particulier des jeunes et des femmes.

Maintenant que nous célébrons le soixante-dixième anniversaire des Conventions de Genève, n’oublions pas, a dit le Président, que les principes humanitaires sont la clef.  Il a rendu hommage au personnel humanitaire cible d’attaques multiples.  La semaine dernière, a-t-il conclu, les États Membres ont « investi dans l’humanité » au cours des annonces de contribution au CERF.  L’approche novatrice du Fonds trouve un écho dans les efforts visant à abandonner le travail en silos.  Nous renforçons, a affirmé le Président, la collaboration entre les organisations humanitaires et celles du développement.  Le système des coordonnateurs résidents doit désormais travailler étroitement avec l’OCHA.  Mais nous devons aussi promouvoir encore plus de synergies, renforcer le nexus humanitaire-développement et rationnaliser le travail.  Comme il est prévu qu’en 2020, 167,7 millions de personnes auront besoin d’assistance humanitaire, il faut, a ajouté le Président, redoubler d’efforts.  Échouer à protéger et autonomiser ceux qui vivent des tragédies serait un échec pour l’humanité. 

Adoption des projets de résolution

Au nom d’un groupe de pays, la représentante du Canada a regretté que l’accès à la santé sexuelle et procréative ait été remis en question dans le libellé de plusieurs textes, alors que la violence sexuelle prend un rythme plus fréquent.  En outre, les bonnes interventions peuvent faire reculer la mortalité infantile et maternelle dans les situations d’urgence humanitaire.  L’accès à ces services est donc « indispensable », a argué la représentante, en appelant tous les États à rejeter catégoriquement les amendements proposés. 

Au nom de l’Union européenne, son homologue de la Finlande a salué le Maroc pour des consultations « ouvertes et transparentes » sur la résolution relative à la coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles.  La représentante a aussi félicité le Maroc pour s’être efforcé de prendre en considération les commentaires de toutes les délégations.  Elle a profondément regretté, à son tour, la décision des États-Unis qui, pour la deuxième fois, ont introduit un amendement sur une résolution aussi importante qui est traditionnellement adoptée par consensus. 

La représentante a rappelé le large accord obtenu durant les négociations pour modifier le paragraphe 59 de la résolution sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies, lorsqu’il est apparu clairement que les efforts « longs et concertés » ne permettraient pas de trouver un libellé acceptable par tous.  Les membres de l’ONU ont toujours eu des vues divergentes sur la santé sexuelle et procréative, mais jusqu’ici, ils sont toujours tombés d’accord sur un libellé « scrupuleusement rédigé et équilibré ».  La représentante a voulu que l’on n’oublie pas que le Programme 2030 reflète l’engagement partagé de la communauté internationale en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles, y compris en termes d’accès universel aux services de soins de santé.  Affaiblir ce libellé, c’est créer un précédent et c’est reculer, et c’est aussi saper les engagements pris par les États Membres.  La coopération internationale exige que l’on agisse de façon responsable et saper le consensus ne peut qu’engendrer des conséquences négatives, avec des répercussions préjudiciables sur les droits les plus fondamentaux des femmes et des filles qui ont besoin d’une assistance humanitaire. 

La représentante de la Suède a rappelé que c’est son pays qui a toujours présenté le texte sur le « renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies ».  Ce texte, a-t-elle insisté, a toujours été adopté par consensus, un consensus qui est un message fort de soutien aux Nations Unies et aux acteurs humanitaires sur le terrain, mais aussi le signe de notre responsabilité collective de soulager les souffrances des populations dans le besoin.  La représentante a donc jugé « dommage » qu’un État ait présenté un amendement sur un libellé qui revient chaque année depuis près de trois décennies.  « Protégez le consensus » en votant contre cet amendement, a-t-elle pressé.

La résolution sur la « coopération internationale en matière d’aide humanitaire à la suite de catastrophes naturelles: de la phase des secours à celle de l’aide au développement » (A/74/L.31) a été adoptée par consensus après le rejet, par 6 voix pour (Colombie, États-Unis, Guatemala, Nicaragua, Qatar et Fédération de Russie), 106 voix contre et 25 abstentions, de l’amendement américain sur le paragraphe 62 (A/74/L.35).  Le paragraphe initial a été adopté par 136 voix pour, l’opposition des États-Unis et les absentions du Guatemala, de la Fédération de Russie, du Soudan et du Togo. 

La résolution sur le « renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies » (A/74/L.34) a été adoptée par consensus après le rejet des amendements américains sur les paragraphes 58 et 59 (A/74/L.36) par 4 voix pour (États-Unis, Guatemala, Nigéria et Qatar), 112 voix contre et 26 abstentions.  Les paragraphes initiaux ont été adoptés par 140 voix pour, l’opposition des États-Unis et du Qatar et les abstentions du Guatemala, du Nicaragua, du Soudan et du Togo. 

Les résolutions sur les « conséquences durables de la catastrophe de Tchernobyl » (A/74/L.30), la « sûreté et sécurité du personnel humanitaire et protection du personnel des Nations Unies » (A/74/L.32) et l’« assistance au peuple palestinien » (A/74/L.33) ont été adoptées par consensus.

La représentante des États-Unis s’est rangée au consensus mais s’est dissociée des paragraphes visés par ses amendements.  Selon notre entendement, a-t-elle précisé, les résolutions de l’Assemblée générale ne sont pas juridiquement contraignantes et ne modifient en rien le droit coutumier international.  Nous rejetons aussi, a-t-elle ajouté, toute référence à la Cour pénale internationale (CPI) et toutes les références à la santé sexuelle et procréative quand elle promeut la pratique de l’avortement.  En ce qui concerne le Programme 2030, l’Accord de Paris et le Pacte de Marrakech sur les migrations, notre position est bien connue, a souligné la représentante.

Son homologue de la Hongrie a aussi rejeté toutes les références au Pacte de Marrakech sur les migrations auquel son pays n’est pas partie. 

Le représentant du Chili a utilisé les mêmes arguments pour rejeter à son tour les références au Pacte mondial sur les migrations. 

Non partie au Pacte, le Brésil a, par la voix de son représentant, regretté des références à un document qui n’a pas sa place dans le contexte de l’assistance humanitaire. 

Le délégué de l’Algérie a, à son tour, souligné qu’aux yeux de son pays le Pacte n’a aucune valeur contraignante et qu’il doit être mis en œuvre en fonction des priorités de chaque État. 

Son homologue de la Libye a avancé les mêmes arguments. 

Le représentant du Qatar a, quant à lui, émis des réserves sur les références à la santé sexuelle et procréative, soutenant une nouvelle fois les amendements américains. 

Pour nous, a dit le représentant de l’Italie, le consensus ne change rien à notre position sur le Pacte de Marrakech sur les migrations auquel nous ne sommes pas parties. 

Commentant en particulier le texte sur la sécurité du personnel humanitaire, le représentant de la Fédération de Russie s’est dissocié des références à la Cour pénale internationale (CPI) et au Statut de Rome.  Dans son état actuel, s’est-il expliqué, la Cour ne peut être considérée comme un outil permettant d’atteindre les objectifs en matière de sécurité. 

Ses réserves ont été partagées par le représentant de l’Arabie saoudite

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.