En cours au Siège de l'ONU

Soixante-quatorzième session,
41e séance plénière – matin
AG/12223

Assemblée générale: Adoption de deux résolutions, dont une qui demande à la Russie de s’abstenir d’étendre sa juridiction aux installations et matières nucléaires en Crimée

L’Assemblée générale a adopté, aujourd’hui, deux résolutions, dont une* qui demande à la Fédération de Russie de « s’abstenir de tout acte » visant à étendre sa juridiction aux installations et matières nucléaires en Crimée.  L’autre texte porte sur l’édification d’un monde pacifique grâce au sport, à la veille des Jeux olympiques de Tokyo de 2020**.

Comme la militarisation de la péninsule de Crimée se poursuit sans répit, selon l’Ukraine, l’Assemblée générale a adopté par 63 voix pour, 19 voix contre et 66 abstentions une résolution qui condamne le renforcement de la présence militaire de la Fédération de Russie, les actes d’intimidation auxquels elle soumet les navires commerciaux et les restrictions qu’elle impose au transport international dans certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov.  Elle condamne également la construction et l’ouverture par la Fédération de Russie du pont du détroit de Kertch, facilitant la poursuite de la militarisation et empêchant les navires d’une certaine taille d’accéder aux ports ukrainiens de la mer d’Azov. 

L’Assemblée demande à la Fédération de Russie de s’abstenir de tout acte visant à étendre sa juridiction aux installations et matières nucléaires en Crimée et, à tous les États, de coopérer avec l’ONU afin de promouvoir et d’appuyer les efforts visant à mettre fin le plus rapidement possible à l’occupation russe de la Crimée et de s’abstenir de tous rapports avec la Fédération de Russie concernant la Crimée qui seraient incompatibles avec cet objectif.  Les États, les organisations internationales et les institutions spécialisées doivent s’abstenir de se rendre en Crimée sans l’accord de l’Ukraine. 

Cette résolution n’a pas pour but d’alimenter la confrontation et la politisation, a rassuré l’Ukraine, en présentant le texte.  Il s’agit plutôt d’une question de grande importance pour tous les États Membres qui doivent soutenir les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies.  L’Ukraine s’est particulièrement inquiétée du fait que la Fédération de Russie prenne des mesures pour installer des armes nucléaires en Crimée.  Compte tenu de la situation stratégique de la péninsule et de son adhésion au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaire (TNP), l’Ukraine a prévenu que les activités russes constituent une grave menace au régime de non-prolifération et exigent une riposte adéquate de la communauté internationale, au risque de donner lieu à d’autres « aventures agressives » par ceux qui hésitaient jusqu’ici. 

Cette résolution, a rétorqué la Fédération de Russie, est fondée sur « un mensonge éhonté ».  Elle a d’ailleurs dit avoir du mal à comprendre l’Ukraine.  Avant la réunion du « format Normandie »*** aujourd’hui même à Paris, elle cherchait, par tous les moyens, à créer un environnement favorable.  Or, elle présente maintenant un texte dont l’objectif est clairement de porter atteinte au processus.  De qui reçoit-elle ses instructions?  Du peuple ukrainien, résolument engagé en faveur d’un rapprochement avec la Russie ou du « parti de la guerre » qui souhaite maintenir l’Ukraine dans un état de chaos, de guerre civile, de misère et de pauvreté? s’est interrogée la Fédération de Russie, qui a demandé la mise aux voix d’un texte présenté par « l’Ukraine, les pays occidentaux et leurs satellites ». 

L’autre texte**, adopté par acclamation, est intitulé « Édification d’un monde pacifique et meilleur grâce au sport et à l’idéal olympique ».  Il demande à tous les États de s’associer à l’action que le Comité international olympique (CIO) et le Comité international paralympique mènent pour faire du sport un outil de promotion de la paix, du dialogue et de la réconciliation dans les zones de conflit pendant les Jeux olympiques et paralympiques et après.  Il leur demande aussi d’observer la Trêve olympique dans l’esprit de la Charte des Nations Unies, tant individuellement que collectivement, tout au long de la période qui s’étend du septième jour précédant l’ouverture des Jeux de la XXXIIe Olympiade au septième jour suivant la clôture des XVIes Jeux paralympiques, qui se tiendront à Tokyo en 2020.

Les Jeux de Tokyo seront « l’expression la plus éclatante » de l’engagement du CIO en faveur des valeurs communes de la paix, de la santé, de l’éducation et de l’autonomisation des femmes et des objectifs de développement durable, a estimé le Président du Comité international olympique (CIO).  Grâce à l’Agenda olympique 2020, s’est expliqué M. Thomas Bach, l’équilibre entre les sexes y sera pour la première fois atteint, avec un taux de 49% de femmes athlètes, le plus élevé de l’histoire olympique.  Tokyo 2020 tendra aussi à la neutralité carbone, qu’il s’agisse des médailles faites à partir de matériaux recyclés, du recours aux énergies renouvelables ou des véhicules à zéro émission. 

Dans la capitale japonaise, la planète verra des athlètes de 206 comités olympiques et de l’équipe olympique des réfugiés du CIO.  Ces quelque 11 000 athlètes se livreront à la compétition, tout en vivant ensemble dans la paix sous le toit du Village olympique.  Le Président du CIO a appelé les États à la solidarité laquelle exige la neutralité politique et l’autonomie du sport.  Léguons l’Olympisme aux futures générations, a lancé le Président du Comité d’organisation des Jeux de Tokyo, M. Mori Yoshiro.

L’Assemblée générale tiendra une autre séance publique demain, mardi 10 décembre à 10 heures, pour examiner les questions relatives aux océans et au droit de la mer. 

* A/74/L.12/Rev.1
** A/74/L.18
*** Allemagne, Fédération de Russie, France, Ukraine

LE SPORT AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA PAIX: ÉDIFICATION D’UN MONDE PACIFIQUE ET MEILLEUR GRÂCE AU SPORT ET À L’IDÉAL OLYMPIQUE

Déclarations

Présentant le projet de résolution A/74/L.18, M. MORI YOSHIRO, Président du Comité d’organisation des Jeux paralympiques de Tokyo, a rappelé que le pape François 1er était à Hiroshima, il y a deux semaines où il a souligné la nécessité d’une paix durable dans le monde.  Le sport, a-t-il dit, permet de jeter les bases d’un monde sans conflit ne serait-ce que le temps des Jeux olympiques et paralympiques.  L’ancien Premier Ministre a rappelé que lorsqu’il assumait ces fonctions, il avait placé la question du sport au service de la paix au centre de ses priorités.  Bénéficiaire lui-même de l’aide de l’ONU lorsqu’enfant, il vivait dans un camp de réfugiés, le Président du Comité d’organisation a appelé le monde entier à placer la paix au cœur des Jeux olympiques, comme les Grecs.  Léguons l’Olympisme aux futures générations, a-t-il lancé.  Pour le Japon, les Jeux ont d’ailleurs été un moyen de se relever de la Seconde Guerre mondiale.  Il s’est donc félicité que les Jeux viennent à Tokyo en 2020.  M. Yoshiro a indiqué que de nombreux Japonais participent au programme olympique fondé sur l’initiative novatrice « L’unité dans la diversité ». 

Fervent partisan de la neutralité carbone, le Comité d’organisation, a-t-il poursuivi, a décidé que les médailles d’argent et de bronze seront fabriquées à partir de téléphones portables recyclés, et la torche olympique, du plastique et autres matériaux recyclés.  Maintenant que j’ai 82 ans, a-t-il conclu, je suis probablement en train de faire ma dernière déclaration à l’Assemblée.  Je veux saisir cette occasion pour appeler la communauté internationale à faire en sorte que « les petits pays ne soient pas écrasés par les grands ». 

Mme MAHA YAQOOT JUMA YAQOOT HARQOOS (Émirats arabes unis) a insisté sur l’importance du sport pour la concrétisation des objectifs de développement durable et de paix.  Elle s’est dite convaincue qu’il est possible de renforcer les mesures en faveur des personnes handicapées, baptisées aux Émirats « gens déterminés ».  Elle a mis l’accent sur l’importance du Jiujitsu, dont les championnats ont aussi été organisés le mois dernier aux Émirats, avec aussi des équipes féminines, dont celle de son pays qui travaille avec les jeunes pour leur inculquer l’esprit du sport, du partage et de la tolérance et paix. 

Mme LAILA SHAREEF (Maldives) a commencé par adresser ses félicitations au Japon pour l’organisation des Jeux olympiques en 2020, se disant convaincue que cette manifestation sera rassembleur et démontrera la force du sport dans la promotion de la paix, de la tolérance et de la solidarité.  Aujourd’hui, a-t-elle souligné, le mouvement olympique symbolise non seulement les exploits sportifs mais aussi le lien qui unit les communautés et promeut l’intégration sociale.  C’est pourquoi les Maldives sont fières de participer à ce mouvement depuis 1988. 

Depuis son entrée en fonction en 2018, le Président Ibrahim Mohamed Solih a fait du sport une priorité pour promouvoir l’éducation, l’inclusivité et la santé, et ainsi renforcer la tolérance, la concorde et la coopération dans la société, a indiqué la représentante, précisant que son pays poursuit sa politique d’investissements en la matière et a désigné un conseiller en sport dans chaque île de l’archipel.  Ces mesures, a-t-elle assuré, permettront de parvenir à une rémunération égale entre hommes et femmes dans les équipes nationales, d’accroître la participation des femmes dans les épreuves sportives et de contribuer à l’élimination des stéréotypes de genre. 

Dans cet esprit, les Maldives sont honorées d’accueillir la onzième édition des Jeux des îles de l’océan Indien en 2023, a poursuivi la déléguée.  À ses yeux, cette manifestation aidera le pays à promouvoir le sport sur son territoire et réunira les générations, tout en créant un élan de solidarité et de coopération parmi les États participants.  Soucieuses de la santé physique de leurs habitants, comme en atteste la campagne nationale lancée récemment, les Maldives tiennent également à ce que les politiques dans le domaine du sport ne laissent personne de côté.  À cette fin, a-t-elle encore noté, le Gouvernement prévoit de modifier 80% des installations sportives du pays pour les rendre accessibles aux personnes handicapées. 

M. AHMAD SAIF Y. A. AL-KUWARI (Qatar) a affirmé que le sport occupe une place de choix dans son pays comme en atteste le fait que les autorités aient mis sur pied des infrastructures de pointe, permettant l’organisation de grandes manifestations sportives, comme le Championnat mondial d’athlétisme, en octobre dernier.  En 2022, ce sera au tour de la coupe du monde de football, a-t-il rappelé, la première coupe à neutralité carbone.  Tout est mis en œuvre, a souligné le représentant, pour assurer une excellente protection des installations sportives, en particulier contre les attaques terroristes.  C’est dans ce contexte que le Qatar a organisé une manifestation parallèle sur « le sport et l’extrémisme violent » au cours de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale.  Le pays a aussi lancé un programme mondial sur le sport, les jeunes et la lutte contre l’extrémisme violent, en partenariat avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

Mme ISABELLE F. PICCO (Monaco) a dit que d’ici quelques mois, nous vivrons à nouveau au rythme des épreuves et des performances des athlètes olympiques et paralympiques qui nous inspirent tant, aussi bien par les records qu’ils battent que par l’exemplarité qu’ils incarnent.  Le Japon, hôte des Jeux de la trente-deuxième Olympiade et des seizièmes Jeux paralympiques, entend bien associer les jeunes et l’ensemble de la population à cet événement planétaire par excellence.  Par ses programmes « Sport for Tomorrow » et « Host Town Initiative », les Jeux de Tokyo permettront de créer de nouveaux partenariats et des relations entre la population et les athlètes de tous les pays.  Le principe directeur « Faire mieux ensemble pour la planète et l’humanité », fixé par le Comité d’organisation des Jeux de Tokyo, est un signal fort d’ouverture, de rencontre, d’échange et de convivialité qui ira bien au-delà du Village olympique.  Le CIO a pris des mesures afin de rendre les candidatures et les Jeux plus durables pour qu’à long terme les villes hôtes bénéficient de l’élan des Jeux notamment en matière d’infrastructure pour tous les habitants et usagers.  Nous ne pouvons qu’encourager le CIO à continuer son travail en matière de plaidoirie, visant à promouvoir le rôle du sport et des politiques publiques.  Cette entreprise est d’ailleurs proche de nos propres objectifs en tant qu’États Membres et nos actions dans ce domaine se renforcent mutuellement, a ajouté la représentante. 

Égalité homme-femme, intégration, éducation, inclusion sociale, insertion professionnelle, promotion de modes de vie sains: il n’est pas un secteur où le sport ne puisse constituer un vecteur de grand intérêt, a plaidé Mme Picco.  Dans le domaine de la paix et de la sécurité, le sport est aussi un outil pertinent, y compris pour la réconciliation dans des situations post-conflit ou pour la prévention de l’extrémisme violent.  Par son pouvoir rassembleur et en prônant le respect, la compréhension mutuelle et l’interdiction de toute discrimination, le sport offre des plateformes d’échange à des individus et des communautés qui n’auraient, sinon, aucun moyen de se rencontrer.  En parallèle, la sécurité des événements sportifs mondiaux, et en particulier des Jeux olympiques, est l’un des principaux défis que doivent prendre en compte tous les organisateurs.  Le Groupe des Amis du sport pour le développement durable a poursuivi ses activités en tenant des réunions avec la participation récurrente de la Division du développement social inclusif et de la Division de sensibilisation du public.  La contribution du sport a été mise en valeur tout au long de l’année par Monaco en marge des réunions des organes subsidiaires du Conseil économique et social (ECOSOC) ou des réunions d’organes de traités. 

En outre, le sport est aussi un vecteur de sensibilisation pour des enjeux majeurs de sociétés, comme les difficultés rencontrées par les athlètes féminines, même au niveau professionnel, et les écarts de salaires ou de récompenses qui continuent d’être beaucoup trop importants dans bien des disciplines et bien de compétitions, a aussi dénoncé Mme Picco.  Conscients que le sport, comme l’olympisme, est un esprit et une philosophie de vie, cette année encore Monaco a organisé sous le leadership du Docteur Jordan Metzl de l’« Hospital for Special Surgery », auteur et triathlète, deux « Ironstrenght » à l’ONU.  Cette pratique conviviale rencontre un grand succès et permet aux participants de découvrir l’ONU et de se familiariser avec le rôle du sport pour le développement et la paix.  Enfin, le grand succès de la célébration de la Journée internationale du sport pour le développement et la paix, le 3 avril dernier, a aussi permis de souligner que le sport est un outil que nous pouvons tous utiliser: gouvernements, organisations et fédérations sportives et secteur privé.  Avant de terminer, la représentante a réitéré que la Principauté de Monaco place le sport et sa contribution au développement durable au rang de priorité, de l’école primaire à l’âge adulte.

M. GAVIN ANG (Singapour) a indiqué que le sport est un élément important de l’identité nationale de son pays, avant de mentionner l’initiative Vision 2030, lancée en 2012, pour encourager les Singapouriens à vivre mieux grâce au sport.  Aujourd’hui, nous constatons les effets positifs de Vision 2030, a-t-il dit, en pointant l’augmentation des activités physiques chez les habitants de tout âge.  Une majorité d’entre eux a désormais accès à un complexe sportif et récréatif à une distance raisonnable.  Le sport transcende les frontières et joue un rôle crucial pour rassembler les peuples, jeter des ponts et favoriser la compréhension mutuelle, a ajouté M. Ang.  Au moment où nous parlons, plus de 5 000 athlètes sont engagés dans les 56 disciplines sportives des trentièmes Jeux d’Asie du Sud-Est aux Philippines, a-t-il rappelé. 

Mme MARIA THEOFILI (Grèce) a rappelé que le concept de Trêve olympique est né dans l’antiquité et a perduré pendant 1 200 ans, les Grecs considérant les Jeux comme une occasion de faire taire les armes grâce à une compétition amicale.  Dans le monde contemporain, la création de la Fondation internationale pour la Trêve olympique, dans laquelle la Grèce s’est résolument engagée auprès du Comité international olympique (CIO), a procuré un nouveau dynamisme à la poursuite de la paix.  Plus important encore, a poursuivi la représentante, l’intégration de la Trêve olympique à l’ONU par l’adoption de résolutions pertinentes a donné à l’idéal olympique un rôle particulier.  Il faut garder à l’esprit, a estimé la représentante, que dans un monde de différences, d’inégalités et de conflits, même un accord sur une trêve temporaire est un succès pour la communauté internationale. 

M. ZHANG JUN (Chine) a invité tous les belligérants à travers le monde à observer la Trêve olympique.  Les Jeux olympiques, a-t-il poursuivi, sont un moyen d’établir les contacts entre athlètes, mais également entre les peuples qui se rassemblent pour promouvoir la cohésion.  Face à cet idéal, le représentant a dénoncé le fait que le monde soit aujourd’hui confronté au protectionnisme et l’isolationnisme.  Nous sommes à un tournant de l’histoire, a-t-il dit.  « Voulons-nous la coopération ou la confrontation?  Voulons-nous le progrès ou le recul?  Notre position, a dit le représentant, est sans ambiguïté.  Nous sommes fermement attachés au multilatéralisme, à l’équité et à la justice.  Nous entendons promouvoir un avenir commun et défendre l’ordre international. 

En 2022, a-t-il rappelé, Beijing accueillera les Jeux olympiques d’hiver, après les Jeux d’été de 2008.  Nous allons, a promis le représentant, organiser des Jeux « formidables », soucieux de l’environnement.  Les Jeux seront à neutralité carbone et impliqueront toutes les couches de la société, y compris les personnes handicapées.  Le représentant a aussi fait le serment d’une tolérance zéro face au dopage pour que les Jeux de 2022 soient « blancs comme neige ». 

Mme LILIANNE SÁNCHEZ RODRÍGUEZ (Cuba) a affirmé que l’accès à l’éducation physique et à la pratique sportive est un « droit fondamental » pour permettre le développement « harmonieux » de chaque être humain.  Elle a par conséquent appelé à préserver les mécanismes et institutions visant à garantir l’exercice de ce droit, « sans discrimination ni limite ».  La représentante a cependant estimé que beaucoup reste à faire pour permettre aux enfants, aux personnes âgées et aux personnes handicapées de jouir pleinement de leur droit à l’activité physique, notamment en milieu urbain, où « l’élément technologique » dans la pratique sportive se substitue trop souvent, selon elle, à l’interaction sociale. 

La représentante a par ailleurs indiqué que l’amélioration de l’accès au sport a été l’un des grands succès de la révolution cubaine.  Elle a notamment indiqué que ce droit est garanti par la nouvelle Constitution du 24 février dernier.  La culture physique et la formation des athlètes de Cuba sont « internationalement reconnues », s’est enorgueillie la représentante, avant de condamner les tentatives de « politiser le sport » et le « vol des talents sportifs », en particulier les athlètes des pays en développement.  « Cette pratique négative doit cesser », a-t-elle martelé. 

Si l’idéal olympique était mieux défendu, nous aurions moins besoin des Nations Unies, a affirmé d’emblée M. ANDREAS MAVROYIANNIS (Chypre).  La création d’un environnement pacifique, avec l’espoir de voir ses implications aller au-delà de la durée des jeux eux-mêmes, a toujours été consubstantiel à l’idéal olympique.  Après avoir salué l’action du Président du Comité international olympique (CIO), ici présent, pour la promotion des Jeux olympiques, le représentant a rappelé la tradition sacrée de la Trêve olympique, les valeurs communes du sport et sa contribution au développement de la civilisation et de la culture.  Chypre reste déterminée à promouvoir la paix en mettant en avant les vertus de l’humanité.  Cela prouve que « nous avons été créés pour quelque chose de plus noble que les conflits », a-t-il martelé.  Il a exhorté pour finir, à faire de la culture, de la paix et de la sécurité les fondements de la civilisation humaine.

M. SOVANN KE (Cambodge) a insisté sur les valeurs sociales du sport qui aide à bâtir une société saine et en bonne santé, en particulier chez les jeunes.  Le sport joue un rôle important dans le développement de l’enfant, a-t-il rappelé, en promouvant l’entraide, l’esprit d’équipe et la tolérance.  Développer ces valeurs au plus jeune âge soutiendra considérablement les enfants dans leur avenir professionnel car le sport encourage également la confiance en soi et l’égalité des genres.  Enfin le sport est un vecteur de paix entre les peuples et les communautés, sans préjugé politique ou culturel.  Le Cambodge est donc fier d’accueillir les Jeux asiatiques de 2023. 

M. YARON WAX (Israël) a souligné que le sport est un langage universel centré sur les gens.  Il a parlé du programme « Budo pour la paix » qui met cet art martial japonais au service de la tolérance, du respect mutuel et de l’harmonie entre jeunes arabes, chrétiens et juifs.  De même, le Centre israélien du sport pour les handicapés travaille avec les athlètes de toutes les origines.  Le représentant a aussi souligné que l’Alliance pour la paix au Moyen-Orient a été nommée parmi les huit finalistes du très prestigieux prix Prince Albert de Monaco pour la paix et le sport.  Lorsque le public voit ses idoles embrasser la diversité et respecter leurs adversaires, il ne peut qu’à son tour promouvoir la diversité dans la société.  Mais si ces idoles agissent sans grâce et avec hostilité, le public fait de même.  Le représentant a aussi condamné ceux qui politisent les évènements sportifs, notamment les Jeux olympiques.  Il a accusé l’Iran d’empêcher ses athlètes de prendre part à des compétitions contre des Israéliens, préférant qu’ils perdent par forfait.  Il a donc soutenu la Fédération internationale de judo qui a suspendu l’Iran de toutes ses compétitions et salué la décision du Comité international paralympique de retirer l’organisation du Championnat de natation à ce pays parce qu’il refuse l’accès aux athlètes israéliens.  Que le sport sorte vainqueur des Jeux de Tokyo et que la compétition promeuve la paix et le dialogue entre toutes les nations, au lieu du boycott et des tactiques politiciennes, a conclu le représentant. 

M. LAZARUS OMBAI AMAYO (Kenya) a rappelé que son pays est généralement vu comme une nation du sport, grâce aux prouesses de ses athlètes « patriotes et galants » dont les exploits ont défini la marque sportive du Kenya.  Il a invité les pays qui accueilleront les futurs Jeux olympiques et paralympiques à tenir compte, autant que faire se peut, du rôle du sport comme facteur de prévention des conflits et de veiller au respect de la Trêve olympique.  Pour sa part, le Kenya a accordé la priorité à la promotion du sport par une loi de 2013, laquelle a conduit le Gouvernement à offrir des infrastructures et des équipements sportifs modernes aux athlètes et à détaxer périodiquement les revenus des athlètes.  Les personnes handicapées, dont le nombre est de 1,2 million au moins, bénéficient également de programmes spéciaux.  De même, dans les régions pastorales, les autorités ont encouragé les activités sportives comme moyen de renforcer la paix entre voisins. 

Candidat à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période de 2021-2022, le Kenya entend faire du sport un moyen de promotion de l’autonomisation des jeunes et de maintien de la paix et de la sécurité régionales.  Fort du constat que le sport peut éviter la radicalisation et prévenir l’extrémisme violent et la violence, le Kenya se félicite de ce que le 6 avril ait été désigné comme Journée internationale du sport au service du développement et de la paix

M. THOMAS BACH, Président du Comité international olympique (CIO), a remercié le Japon d’avoir soumis la résolution sur l’édification d’un monde pacifique et meilleur, grâce au sport et à l’idéal olympique, un texte qui, selon lui, démontre que la vision de Pierre de Coubertin perdure.  Cette résolution vient aussi rappeler les valeurs sur lesquelles ont été fondés l’ONU et le CIO, a-t-il souligné, relevant que les deux organisations sont guidées par l’universalité, l’égalité, la non-discrimination et l’état de droit, autant de valeurs reflétées dans les objectifs de développement durable, lesquels désignent le sport comme un facteur de promotion de la paix, de la santé, de l’éducation et de l’autonomisation des femmes.  À cet égard, a-t-il dit, les Jeux olympiques de Tokyo en 2020 seront « la plus éclatante expression de l’engagement du CIO en faveur de ces valeurs communes et des objectifs de développement durable en particulier ». 

Grâce à l’Agenda olympique 2020, nous atteindrons l’équilibre entre les sexes pour la première fois à Tokyo, a précisé le représentant, évoquant un taux de 49% de femmes athlètes, soit le plus élevé de l’histoire olympique, ce qui envoie au monde un « signal fort pour l’égalité des sexes ».  Dans le cadre des réformes du mouvement olympique, le Comité d’organisation des Jeux de Tokyo s’emploie à promouvoir le développement durable, a-t-il poursuivi.  Tokyo 2020 tend à la neutralité carbone, qu’il s’agisse des médailles faites à partir de matériaux recyclés, du recours aux énergies renouvelables ou des véhicules à zéro émission.  Ces Jeux, s’est-il réjoui, serviront d’inspiration au développement durable puisqu’il sera suivi par plus de la moitié de la population mondiale.  Des athlètes du monde entier vont unir les peuples et apporter au monde joie et fierté, ce qui ne les empêchera pas de rester humbles face à une expérience qui promeut les valeurs communes de toute l’humanité.

Lui-même ancien champion olympique, l’orateur a estimé que les Jeux olympiques sont le seul événement capable de réunir le monde entier autour d’une compétition pacifique.  À Tokyo, la planète verra des athlètes de 206 comités olympiques et de l’équipe olympique des réfugiés du CIO.  Ces quelque 11 000 athlètes se livreront à la compétition, tout en vivant ensemble dans la paix sous le toit du Village olympique.  Cette universalité ne peut être atteinte que si tout le monde participe, et c’est pour cela qu’il faut appeler à la solidarité, a-t-il ajouté.  Le CIO consacre 90% de ses revenus au bien-être des athlètes et au développement du sport partout dans le monde, ce qui, en monnaies sonnantes et trébuchantes, représente 5 milliards de dollars tous les quatre ans, sans un centime du contribuable.

Créée voilà quatre ans, à l’occasion des Jeux olympiques de Rio, l’équipe olympique des réfugiés apporte une autre illustration de cette solidarité.  « J’aimerais pouvoir vous annoncer que nous n’avons plus besoin d’une telle équipe », a-t-il dit.  « Mais malheureusement, les raisons qui ont présidé à sa création persistent », a commenté le représentant, assurant que cette équipe enverra un message d’espoir à tous les réfugiés et attirera l’attention du monde sur la crise qu’ils traversent. 

Pour atteindre cette solidarité mondiale, le CIO et les Jeux olympiques se doivent d’être neutres politiquement car c’est la seule façon d’accomplir notre mission d’unification du monde, a encore expliqué l’orateur.  Selon lui, cette neutralité va de pair avec l’autonomie du sport, qui a été reconnue par la résolution historique A/RES/69/6 de l’Assemblée générale en 2014.  Toutefois, compte tenu de la fragilité du monde, les valeurs et principes du sport sont eux aussi menacés, qu’il s’agisse de la solidarité ou de l’universalité, a-t-il averti.  Dans ce contexte, le CIO s’engage à renforcer le respect de l’état de droit, la solidarité et la neutralité politique.  « Mais notre engagement ne suffit pas.  Nous dépendons de votre soutien à notre mission et à notre neutralité », a-t-il lancé à l’adresse des gouvernements. 

Droit de réponse

Le représentant de la République islamique d’Iran s’est dit étonné que le régime israélien, connu pour ses politiques discriminatoires contre les Palestiniens, se permette de parler aujourd’hui de discrimination dans le sport.  Alors que les droits fondamentaux des Palestiniens sont violés au quotidien, doit-on vraiment croire ce régime qui prétend leur offrir la possibilité de pratiquer des activités sportives?

PRÉVENTION DES CONFLITS ARMÉS

Déclarations

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a présenté le projet de résolution sur le « Problème de la militarisation de la République autonome de Crimée et de la ville de Sébastopol (Ukraine), ainsi que de certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov » (A/74/L.12/Rev.1).  Défendant un texte qui traite d’une question fondamentale pour son pays, le représentant a rappelé que, depuis février 2014, la République autonome de Crimée et la ville de Sébastopol sont occupées par la Fédération de Russie, une tentative d’annexion rejetée par la communauté internationale, comme en atteste la résolution 68/262 sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine.  Depuis le début de l’occupation, a-t-il alerté, la militarisation de la péninsule de Crimée se poursuit sans répit.  La Fédération de Russie y transfère des systèmes d’armement, y compris des aéronefs et des missiles à capacité nucléaire, des armes, des munitions et du personnel militaire.  L’occupation et la militarisation ont été suivies par le déploiement de navires de guerre et d’aéronefs russes dans la région de la mer Noire et loin au-delà dans le bassin méditerranéen, avec des conséquences sécuritaires dans tout le sud de l’Europe et le nord de l’Afrique et du Moyen-Orient. 

Les multiples exercices militaires des Forces armées russes en Crimée et autour reflètent la politique agressive contre l’Ukraine et les autres pays riverains de la mer Noire.  La Fédération de Russie militarise aussi activement la mer d’Azov, ce qui a un impact sur le commerce maritime et l’approvisionnement de l’Ukraine, tout en posant un défi sécuritaire supplémentaire.  De même, la construction illégale d’un pont sur le détroit de Kertch reliant la Fédération de Russie à la Crimée occupée a facilité la militarisation, y compris l’implication de la marine russe. 

Le représentant a rappelé les actes illégaux de la Fédération de Russie, le 25 novembre 2018, quand trois vaisseaux ukrainiens ont été empêchés d’entrer dans la mer d’Azov par le détroit de Kertch et attaqués et capturés pour de « prétendues violations des frontières russes ».  Cet incident, a estimé le représentant, a souligné l’urgence de la question de militarisation de la Crimée et de certaines parties de la mer Noire et de la mer d’Azov.  Il s’est réjoui de la libération des 24 marins ukrainiens et de leurs navires, mêmes si ces derniers sont inutilisables: sans armes, sans documents et sans une partie des équipements, dont le système sensible de communication. 

Le représentant s’est particulièrement inquiété du fait que la Fédération de Russie prend des mesures pour installer des armes nucléaires en Crimée.  Compte tenu de la situation stratégique de la Crimée et de l’adhésion de l’Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaire (TNP), les activités russes constituent une grave menace au régime de non-prolifération et exigent une riposte adéquate de la communauté internationale, au risque de donner lieu à d’autres « aventures agressives » par ceux qui hésitaient encore jusqu’ici.  Craignant l’ouverture de la boîte de Pandore dans d’autres régions du monde, le représentant s’est dit fier d’un projet de résolution comptant 39 coauteurs et dont le but principal est d’obliger la Fédération de Russie à retirer ses forces militaires de la Crimée, à mettre fin à l’occupation illégale du territoire ukrainien, à cesser le harcèlement des navires commerciaux et à lever les restrictions au commerce international dans la mer Noire et la mer d’Azov.  Le but de la résolution n’est pas d’alimenter la confrontation et la politisation, a rassuré le représentant.  Il s’agit plutôt d’une question de grande importance pour tous les États Membres qui doivent soutenir les principes du droit international et de la Charte des Nations Unies. 

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a commencé par expliquer que généralement l’Assemblée générale se prononce sur trois types de résolutions.  Le premier type est celui des résolutions qui jouissent d’un consensus, fruit d’un travail acharné, d’un rapprochement des positions et d’un compromis souvent difficile.  Mais ce sont des décisions collectives qui envoient un signal fort à laquelle la majorité des résolutions appartiennent.  Le second, ce sont les résolutions qui ne peuvent pas être appuyées par tous les États Membres et, en général, que l’Assemblée essaie d’éviter, car l’absence de consensus menace une mise en œuvre pleine et efficace.  Le troisième type, ce sont les résolutions, moins nombreuses qui se fondent sur un point de vue politique et qui n’ont rien à voir avec la réalité.  Elles sont d’habitude soutenues par environ un tiers des États guidés par « la discipline de bloc ».  La majorité des États Membres, soit s’abstient, soit ne participe pas au vote, montrant son vrai sentiment à l’égard de ce genre de textes.  Ces derniers sont d’ailleurs souvent rédigés sans avoir consulté les experts parce qu’ils ne sont pas là pour mobiliser le consensus ou gagner la majorité.  Non, a expliqué le représentant, ils sont là pour offrir à leurs auteurs l’occasion, juste après le vote, de se mettre à « crier » à propos du soutien international.  Tout le monde sait, a tranché le représentant, que ce genre de textes, dont celui d’aujourd’hui, ne tient pas la route. 

Nous avons effectivement du mal à comprendre, a-t-il avoué, ce que recherchent les coauteurs quand ils insistent pour que nous perdions notre temps à examiner un texte « provocateur et politisé », basé sur « des allégations, des spéculations et une distorsion des faits ».  Le peuple de Crimée a fait son choix depuis longtemps, a martelé le représentant.  Exposé à la menace d’un « bain de sang » par les « nationalistes » au pouvoir en 2014, il a décidé d’une réunification avec la Russie.  C’était bien vu car, quand le peuple du Donbass a osé proposer à Kiev de discuter de certaines questions sur la nouvelle politique d’État, il a été accueilli par des bombes, des obus et des balles.  Le conflit interne en Ukraine a tué et blessé des milliers de personnes et transformé des millions d’autres en réfugiés et déplacés.  Aujourd’hui, rien qu’en Russie, on estime à 3 ou 4 millions le nombre d’Ukrainiens qui y ont fui.  Voici la tragédie nationale que les autorités de Maïdan et leurs soutiens occidentaux essaient de cacher sous le « mythe » de l’agression russe. 

Le projet de résolution, a poursuivi le représentant, est fondé sur un « mensonge éhonté » selon lequel les choses vont mal en Crimée qui languit sous « l’annexion et l’occupation russes ».  Pour éviter que l’on ne découvre l’absurdité de la propagande de Maïdan, un des paragraphes de la résolution suggère même que l’on évite de se rendre en « Crimée russe ».  Évidemment, quiconque se rend là-bas revient avec une conclusion et une évaluation qui feraient tomber le projet de résolution comme un château de cartes, a dit le représentant, ajoutant qu’il suffirait de demander l’avis des sept millions de touristes qui se sont rendus dans la péninsule, en provenance de l’Ukraine.  Ils seraient ravis de donner leur impression.

Même le titre de la résolution est un mensonge, a estimé M. Polyanskiy: il n’y a pas de problème de « militarisation de la Crimée ».  En vertu des accords russo-ukrainiens de 2014, la Fédération de Russie a le droit de déployer jusqu’à 25 000 soldats en Crimée et elle n’en a déployés que 12 000 contre 15 000 pour l’Ukraine.  Le nombre de soldats russes est même en baisse, a-t-il précisé, ajoutant que son pays en a clairement informé la communauté internationale.  Je me sens parfois bizarre dans cette salle où la Mission permette que l’Ukraine se répand dans une propagande « provocatrice, politisée et stupide », a avoué le représentant qui a dit ne pas vraiment comprendre la position de l’Ukraine.  En prévision de la réunion du « format Normandie » aujourd’hui à Paris, la délégation ukrainienne cherchait, par tous les moyens, à créer un environnement favorable, tant dans les faits que dans les mots.  Or, on voit aujourd’hui un projet de résolution dont l’objectif est de porter atteinte au processus de Paris.  Pourtant c’est bien le Président ukrainien, M. Volodymyr Zelensky, qui disait, il n’y a pas longtemps, des choses inspirantes et positives, totalement incompatibles avec les « boniments » que la Mission de l’Ukraine avance devant cette Assemblée. 

De qui cette Mission reçoit-elle ses instructions?  Du peuple ukrainien, résolument engagé en faveur d’un rapprochement avec la Russie ou du « parti de la guerre » qui ne veut absolument pas renoncer à sa position et qui souhaite maintenir l’Ukraine dans un état de chaos, de guerre civile, de misère et de pauvreté?  Ne pouvant répondre à ces questions, le représentant a demandé un vote sur le projet de résolution présenté par « l’Ukraine, les pays occidentaux et leurs satellites ».  « S’il vous plaît, venez-en Crimée.  Venez voir par vous-mêmes.  Ni nous ni les habitants de la péninsule n’avons rien à cacher.  Bien au contraire, beaucoup de choses nous rendent très fiers de nous », a conclu le représentant.

Explications de vote sur la résolution adoptée par 63 voix pour, 19 voix contre et 66 abstentions

Avant le vote, le représentant de la République arabe syrienne a déclaré d’emblée que certains États Membres à l’ONU profitent de la question relative à la prévention des conflits armés pour présenter des projets de résolution politisés, dépourvus de consensus et faisant ainsi fi des mécanismes existants qui prévoient des consultations préalables et la prise en compte des positions des uns et des autres et l’octroi d’un temps raisonnable pour examiner un texte.  Le représentant a déploré les pressions, l’aggravation des tensions et le gaspillage des ressources de l’ONU.  Il s’est demandé comment un tel projet de résolution peut contribuer à la paix, à la sécurité et au développement. 

Une nouvelle fois, le représentant a appuyé les résultats du référendum de 2014 en Crimée qui ont conduit, selon lui, à la stabilisation de la péninsule en tant que « partie intégrante de la Fédération de Russie ».  Il a rejeté un projet de résolution qui ne reflète aucunement les réalités actuelles et ne peut, en conséquence, garantir la stabilité.  Un tel texte ne profitera qu’à certains gouvernements qui veulent exploiter la situation actuelle entre les deux voisins pour exercer davantage de pressions politiques sur Moscou.  Il a parlé en l’occurrence du format Normandie, dont la réunion aujourd’hui à Paris coïncide étonnamment avec la séance de l’Assemblée générale.  Il a exhorté les auteurs du projet de résolution à revenir sur leur position et à « laisser une chance à la diplomatie multilatérale » pour éviter une escalade des tensions entre Moscou et Kiev.  Nous votons contre le projet et appelons les autres à faire de même. 

Après le vote, le représentant de Singapour, petit État, s’est opposé à l’annexion de territoires ou de pays par la force, une violation claire du droit international.  S’il s’est dit préoccupé par certaines parties de la résolution, le représentant l’a tout de même appuyée par principe, notamment le droit à la liberté de navigation, conformément à la Convention sur le droit de la mer. 

Son homologue du Bélarus a jugé impératif le règlement pacifique du conflit.  Il a souligné le rôle de la Mission spéciale d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à laquelle son pays prend part, avant de critiquer cette façon de « surcharger » l’ordre du jour de l’Assemblée avec des questions politisées reprises dans un texte qui ne fait d’ailleurs aucune mention de l’Accord de Minsk.  Il a salué la réunion du format Normandie et espéré qu’elle permettra de faire avancer les choses. 

Le représentant de l’Iran a appelé les parties au dialogue et à des efforts renouvelés pour résoudre les questions reprises dans l’Accord de Minsk.  Il a dit craindre que discuter de ce conflit, dans deux endroits différents, Paris et New York, risque de nuire à la recherche d’un accord négocié. 

Le délégué de l’Indonésie a réaffirmé sa position de principe sur la souveraineté et à l’intégrité territoriale des États.  Une annexion par la force est un acte illégal au regard du droit international.  Le différend, a-t-il dit, doit être résolu par le dialogue et le consensus.  Il a encouragé les parties à faire preuve de la plus grande retenue et à respecter le droit international, tout en s’abstenant d’aggraver la situation. 

Le représentant de l’Union européenne (UE) a fermement appuyé la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues.  L’UE, a-t-il martelé, ne reconnaît pas l’annexion illégale de la République autonome ukrainienne de Crimée et de la ville de Sébastopol.  Elle continue aussi à condamner la violation du droit international et souligne que c’est un défi direct à la sécurité internationale, avec de graves implications pour l’ordre juridique international qui protège l’intégrité territoriale, l’unité et la souveraineté de tous les États.  L’Union européenne, a poursuivi le représentant, demeure pleinement engagée dans cette politique de non-reconnaissance, notamment avec les mesures restrictives, et appelle tous les États Membres de l’ONU à envisager des mesures similaires, conformément à la résolution 68/262 de l’Assemblée générale.  Le représentant a condamné la Fédération de Russie qui, en violation du droit international humanitaire, impose automatiquement la citoyenneté aux résidents de Crimée et les enrôlent dans les Forces armées russes.  La Fédération de Russie accroît aussi dangereusement les tensions dans le détroit de Kertch et la mer d’Azov, a-t-il accusé, en lui demandant de se plier à l’ordonnance du Tribunal international du droit de la mer du 25 mai dernier et en déplorant les informations selon lesquelles les navires ukrainiens ont été démantelés avant d’être restitués à leur « propriétaire légitime ».  Enfin, le représentant a condamné la construction du pont de Kertch sans le consentement de l’Ukraine, ce qui constitue une nouvelle violation de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de ce pays.  Il a espéré que la Russie garantira la libre navigation, conformément au droit international.  Les restrictions illégales ont des répercussions négatives sur les ports ukrainiens et dans toute la région, a-t-il rappelé.   

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